dimanche, juin 16, 2013

Les dangers du spiritisme et du channeling





Tout d’abord, notons qu’il y a des dangers purement physiques, « qui, dit René Guénon, s’ils ne sont pas les plus graves ni les plus habituels, ne sont cependant pas toujours négligeables ; nous en donnerons pour preuve ce fait qui a été rapporté par le Dr Gibier :

« Trois gentlemen, dans le but de s’assurer si certaines allégations spirites étaient exactes, s’enfermèrent un soir sans lumière dans la chambre d’une maison inhabitée, non sans s’être engagés par un serment solennel à être absolument sérieux et de bonne foi. La pièce était complètement nue et, avec intention, ils n’y avaient introduit que trois chaises et une table autour de laquelle ils prirent place en s’asseyant. Il fut convenu qu’aussitôt que quelque chose d’insolite se passerait, le premier prêterait de la lumière avec des allumettes-bougies dont chacun s’était muni. Ils étaient immobiles et silencieux depuis un certain temps, attentifs aux moindres bruits, aux plus légers frémissements de la table sur laquelle ils avaient posé leurs mains entrelacées. Aucun son ne se faisait entendre ; l’obscurité était profonde, et peut-être les trois évocateurs improvisés allaient-ils se lasser et perdre patience, lorsque soudain un cri strident de détresse éclata au milieu du silence de la nuit. Aussitôt un fracas épouvantable se produisit et une grêle de projectiles se mit à pleuvoir sur la table, le plancher et les opérateurs. Rempli de terreur, l'un des assistants alluma une bougie ainsi qu’il était convenu, et, quand la lumière eut dissipé les ténèbres, deux d’entre eux se trouvèrent seuls en présence et s’aperçurent avec effroi que leur compagnon manquait ; sa chaise était renversée à une extrémité de la pièce. Le premier moment de trouble passé, ils le retrouvèrent sous la table, inanimé et la tête ainsi que la face couvertes de sang. Que s’était-il donc passé ? On constata que le manteau de marbre de la cheminée avait été descellé d’abord et qu’il avait été projeté ensuite sur la tête du malheureux homme et brisé en mille pièces. La victime de cet accident resta près de dix jours sans connaissance, entre la vie et la mort, et ne se remit que lentement de la terrible commotion cérébrale qu’elle avait reçue ». Papus, qui reproduit ce récit, reconnaît que « la pratique spirite conduit les médiums à la neurasthénie en passant par l’hystérie », que « ces expériences sont d’autant plus dangereuses qu’on est plus inconscient et plus désarmé », et que « rien n’empêche les obsessions, les anémies nerveuses et les accidents plus graves encore » ; et il ajoute : « Personnellement, nous possédons une série de lettres très instructives, émanées de malheureux médiums qui se sont livrés de tout leur pouvoir à l’expérimentation et qui sont aujourd’hui obsédés dangereusement par les êtres qui se sont présentés à eux sous de faux noms et en accaparant les personnalités de parents décédés ».

Eliphas Lévi avait déjà signalé ces dangers et prévenu que ceux qui se livrent à ces études, même par simple curiosité, s’exposent à la folie ou à la mort ; et un occultiste de l’école papusienne, Marius Decrespe, a écrit également : « Le danger est certain ; plusieurs sont devenus fous, dans d’horribles conditions, pour avoir voulu pousser trop loin leurs expériences… Ce n’est pas seulement son bon sens qu’on risque, c’est sa raison tout entière, sa santé, sa vie, et quelquefois même son honneur… La pente est glissante : d’un phénomène on passe à un autre et, bientôt, l’on n’est plus maître de s’arrêter. Ce n’est pas sans motif que, jadis, l’Eglise défendait toutes ces diableries ».

De même, le spirite Barthe a dit : « N’oublions pas que nous nous mettons par ces communications sous l’influence directe d’êtres inconnus parmi lesquels il en est de si rusés, de si pervers, qu’on ne saurait trop s’en méfier… Nous avons eu plusieurs exemples de graves maladies, de dérangements du cerveau, de morts subites causés par des révélations mensongères qui ne devinrent vraies que par la faiblesse et la crédulité de ceux auxquels elles étaient faites ».

A propos de cette dernière citation, nous devons attirer l’attention sur le danger spécial des prédictions contenues dans certaines « communications », et qui agissent comme une véritable suggestion sur ceux qui en sont l’objet ; du reste, ce danger existe aussi pour ceux qui, en dehors du spiritisme, ont recours aux « arts divinatoires » ; mais ces pratiques, si peu recommandables qu’elles soient, ne peuvent être exercées d’une façon aussi constante que celles des spirites, et ainsi elles risquent moins de tourner à l’idée fixe et à l’obsession. Il est des malheureux, plus nombreux qu’on ne pourrait le croire, qui n’entreprendraient rien sans avoir consulté leur table, et cela même pour les choses les plus insignifiantes, pour savoir quel cheval gagnera aux courses, quel numéro sortira à la loterie, et ainsi de suite. Si les prédictions ne se réalisent pas, l’ « esprit » trouve toujours quelque excuse ; les choses devaient bien se passer comme il l’avait dit, mais il est survenu telle ou telle circonstance qu’il était impossible de prévoir, et qui a tout changé ; la confiance des pauvres gens n’en est point ébranlée, et ils recommencent jusqu’à ce qu’ils se trouvent finalement ruinés, réduits à la misère, ou acculés à des expédients malhonnêtes que l’ « esprit » ne se fait pas faute de leur suggérer ; et tout cela aboutit d’ordinaire à la folie complète ou au suicide. Parfois, il arrive encore que les choses se compliquent d’une autre façon, et que les victimes, au lieu de consulter elles-mêmes le prétendu « esprit » par lequel elles se laissent diriger aveuglément, s’adressent à un médium qui sera fortement tenté d’exploiter leur crédulité ; Dunglas Home lui-même en rapporte un remarquable exemple, qui s’est passé à Genève, et il raconte l’entretien qu’il eut, le 5 octobre 1876, avec une pauvre femme dont le mari était devenu fou à la suite de ces événements :

« C’est en 1853, dit-elle, qu’une nouvelle assez singulière vint nous distraire de nos occupations ordinaires. Il s’agissait de quelques jeunes filles qui, chez un ami commun, avaient développé la faculté étrange de médiums écrivains. Le père aussi, disait-on, avait le don de se mettre en rapport avec les esprits, par le moyen d’une table… J’allai à une séance, et, comme tout ce qui s’y faisait me parut de bon aloi, j’engageai mon mari à y venir avec moi… Donc, nous allâmes chez le médium, qui nous dit que l’esprit de Dieu parlait par sa table… La table finit pas nous donner à entendre que nous devions sans plus tarder installer chez nous le médium et sa famille, et partager avec eux la fortune qu’il avait plu à Dieu de nous donner. Les communications faites par la table étaient censées venir directement de Notre Sauveur Jésus-Christ. Je dis à mon mari : « Donnons-leur plutôt une somme d’argent ; leurs goûts et les nôtres sont différents, et je ne saurais vivre heureuse avec eux. » Mon mari alors me reprit, disant : « La vie de Celui que nous adorons fut une vie d’abnégation, et nous devons chercher à l’imiter en toutes choses. Surmonte tes préjugés, et ce sacrifice prouvera au Maître la bonne volonté que tu as à le servir. » Je consentis, et une famille de sept personnes s’ajouta à notre maison. Aussitôt commença pour nous une vie de dépenses et de prodigalités. On jetait l’argent par les fenêtres. La table nous commanda expressément d’acheter une autre voiture, quatre autres chevaux, ensuite un bateau à vapeur. Nous avions neuf domestiques. Des peintres vinrent décorer la maison du haut en bas. On changea plusieurs fois l’ameublement pour un mobilier chaque fois plus somptueux. Cela dans le but de recevoir le plus dignement possible Celui qui venait nous voir, et d’attirer l’attention des gens du dehors. Tout ce qu’on nous demandait, nous le faisions. C’était coûteux, nous tenions table ouverte. Peu à peu, des personnes convaincues arrivèrent en grand nombre, jeunes gens des deux sexes pour la plupart, auxquels la table prescrivait le mariage, qui se faisait alors à nos frais, et si le couple venait à avoir des enfants, on nous les confiait pour les élever. Nous avons eu jusqu’à onze enfants à la maison. Le médium à son tour se maria, et les membres de sa famille s’accrurent, si bien que nous ne tardâmes pas à compter trente personnes à table. Cela dura trois ou quatre ans. Nous étions déjà presque à bout de ressources. Alors la table nous dit d’aller à Paris, et que le Seigneur aurait soin de nous. Nous partîmes. Sitôt arrivé dans la grande capitale, mon mari reçut l’ordre de spéculer à la Bourse. Il y perdit le peu qui nous restait. C’était la misère cette fois, la misère noire, mais nous avions toujours la foi. Nous vivions je ne sais comment. Bien des jours, je me suis vue sans nourriture, sinon une croûte et un verre d’eau. J’oubliais de vous dire qu’à Genève nous avions été enjoints d’administrer le saint sacrement aux fidèles. Or il y avait parfois jusqu’à quatre cents communiants et communiantes. Un moine d’Argovie quitta son couvent, ou il était supérieur, et abjura le catholicisme pour se joindre à nous. Ainsi, nous n’étions pas seuls dans notre aveuglement. Enfin, nous pûmes quitter Paris et revenir à Genève. C’est alors que nous réalisâmes toute l’étendue de notre malheur. Ceux avec qui nous avions partagé notre fortune furent les premiers à nous tourner le dos. »

Et Home ajoute en manière de commentaire : « Voilà donc un homme qui, devant une table, débite une série de blasphèmes à l’appel lent et difficile de l’alphabet, et c’est assez pour jeter une famille pieuse et honnête dans un délire d’extravagance dont elle ne revient que lorsqu’elle est ruinée. Et alors même qu’ils sont ruinés, ces pauvres gens n’en restent pas moins aveugles. Quant à celui qui a causé leur ruine, il n’est pas le seul que j’aie rencontré. Ces êtres étranges, moitié fourbes, moitié convaincus, qu’on rencontre à toutes les époques, tout en illusionnant les autres hommes, finissent par prendre au sérieux leur rôle d’emprunt, et deviennent plus fanatiques que les personnes qu’ils abusent ».

On dira sans doute que de pareilles mésaventures ne peuvent arriver qu’à des esprits faibles, et que ceux que le spiritisme détraque devaient y être prédisposés ; cela peut être vrai jusqu’à un certain point, mais, dans des conditions plus normales, ces prédispositions auraient pu ne jamais se développer ; les gens qui deviennent fous à la suite d’un accident quelconque avaient aussi de telles prédispositions, et pourtant, si cet accident n’était pas survenu, ils n’auraient pas perdu la raison ; ce n’est donc pas une excuse valable. D’ailleurs, les personnes qui sont assez bien équilibrées pour être assurées de n’avoir rien à craindre en aucune circonstance ne sont peut-être pas très nombreuses ; nous dirions même volontiers que nul ne peut avoir une telle assurance, à moins d’être garanti contre certains dangers par une connaissance doctrinale qui rend impossible toute illusion et tout vertige mental ; et ce n’est pas chez les expérimentateurs qu’on rencontre d’ordinaire une telle connaissance. Nous avons parlé des savants que les expériences psychiques ont amenés à accepter plus ou moins complètement les théories spirites, ce qui, à nos yeux, est déjà chez eux l’indice d’un déséquilibre partiel ; l’un d’eux, Lombroso, déclara à des amis après une séance d’Eusapia Paladino : « Maintenant il faut que je m’en aille d’ici, parce que je sens que je deviendrais fou ; j’ai besoin de me reposer l’esprit ». Le Dr Lapponi, citant cette parole significative, fait remarquer avec raison que « des phénomènes prodigieux, lorsqu’ils sont observés par des esprits non préparés à certaines surprises, peuvent avoir pour résultat un dérangement du système nerveux, même chez des sujets suffisamment sains ».

Le même auteur écrit encore ceci : « Le spiritisme présente pour la société et pour l’individu tous les dangers, comme aussi toutes les conséquences funestes de l’hypnotisme ; il en présente mille autres plus déplorables encore… Chez les individus qui remplissent le rôle de médium, et chez ceux qui assistent à leurs opérations, le spiritisme produit ou bien l’obnubilation ou bien l’exaltation morbide des facultés mentales ; il provoque les névroses les plus graves, les plus graves névropathies organiques. C’est chose notoire que la plupart des médiums fameux, et bon nombre de ceux qui ont assidûment suivi les pratiques spirites, sont morts fous ou atteints de troubles nerveux profonds. Mais outre ces dangers et ces maux, qui sont communs à l’hypnotisme et au spiritisme, celui-ci en présente d’autres infiniment plus fâcheux… Et que l’on ne prétende point que le spiritisme puisse du moins présenter, en échange, quelques avantages, tels que celui d’aider à la reconnaissance et à la guérison de certaines maladies. La vérité est que, si parfois les indications ainsi obtenues se sont trouvées exactes et efficaces, presque toujours, au contraire, elles n’ont fait qu’aggraver l’état des malades. Les spirites nous disent bien que cela est dû à l’intervention d’esprits bouffons ou trompeurs ; mais comment pourrions-nous être prémunis contre l’intervention et l’action de ces esprits malfaisants ? Jamais donc le spiritisme, dans la pratique, ne saurait être justifié, sous quelque prétexte que ce fût ».

D’autre part, un ancien membre de la « Société des recherches psychiques » de Londres, M. J. Godfrey Raupert, après avoir expérimenté pendant de longues années, a déclaré que « l’impression qu’il a rapportée de ces études est celle du dégoût, et l’expérience lui a montré son devoir, qui est de

mettre en garde les spirites, particulièrement ceux qui demandent aux êtres de l’autre monde des consolations, des conseils, ou même des renseignements. Ces expériences, dit-il, aboutissent à envoyer des centaines de gens dans les sanatoria ou les asiles d’aliénés. Et cependant, malgré le terrible danger pour la nation, on ne fait rien pour arrêter la propagande des spirites. Ceux-ci sont peut-être inspirés par des motifs élevés, par des idéals scientifiques, mais, en définitive, ils mettent les hommes et les femmes dans un état de passivité qui ouvre les portes mystiques de l’âme à des esprits mauvais ; dès lors, ces esprits vivent aux dépens de ces hommes, de ces femmes à l’âme faible, les poussent au vice, à la folie, à la mort morale ». Au lieu de parler d’ « esprits » comme le fait M. Raupert (qui ne semble d’ailleurs pas croire qu’il s’agisse de « désincarnés »), nous parlerions simplement d’ « influences », sans en préciser l’origine, puisqu’il en est de fort diverses, et que, en tout cas, elles n’ont rien de « spirituel » ; mais cela ne change aucunement les terribles conséquences qu’il signale, et qui ne sont que trop réelles.

Nous avons cité ailleurs le témoignage de Mme Blavatsky et des autres chefs du théosophisme, qui dénoncent spécialement les dangers de la médiumnité (Le Théosophisme, histoire d'une pseudo religion) ; nous reproduirons cependant encore ici ce passage de Mme Blavatsky, que nous avions seulement résumé alors :

« Les meilleurs, les plus puissants médiums, ont tous souffert dans leur corps et dans leur âme. Rappelez-vous la fin déplorable de Charles Foster, qui-est mort de folie furieuse, dans un asile d’aliénés ; souvenez-vous de Slade, qui est épileptique, d’Eglinton, le premier médium d’Angleterre en ce moment, qui souffre du même mal. Voyez encore quelle a été la vie de Dunglas Home, un homme dont le cœur était rempli d’amertume, qui n’a jamais dit un mot en faveur de ceux qu’il croyait doués de pouvoirs psychiques, et qui a calomnié tous les autres médiums jusqu’à la fin. Ce Calvin du spiritisme a souffert, pendant des années, d’une terrible maladie de l’épine dorsale, qu’il avait prise dans ses rapports avec les « esprits », et il n’était plus qu’une ruine lorsqu’il mourut. Pensez ensuite au triste sort de ce pauvre Washington Irving Bishop. Je l’ai connu, à New-York, lorsqu’il n’avait que quatorze ans ; il n’y a pas le moindre doute qu’il était médium. il est vrai que le pauvre homme joua un tour à ses « esprits », qu’il baptisa du nom d’ « action musculaire inconsciente », à la grande joie de toutes les corporations de savants et érudits, et au grand bénéfice de sa bourse qu’il remplit de cette façon. Mais… de mortuis nil nisi bonum ! Sa fin fut bien malheureuse. Il avait réussi à cacher soigneusement ses attaques d’épilepsie (le premier et le plus sûr symptôme de la véritable médiumnité), et qui sait s’il était mort ou s’il était en « transe », lorsqu’eut lieu l’autopsie de son corps ? Ses parents disent qu’il vivait encore, à en croire les dépêches télégraphiques de Reuter. Voici enfin les sœurs Fox, les plus anciens médiums, les fondatrices du spiritisme moderne ; après plus de quarante ans de rapports avec les « Anges », elles sont devenues, grâce à ces derniers, des folles incurables, qui déclarent à présent, dans leurs conférences publiques, que l’œuvre et la philosophie de leur vie entière n’ont été qu’un mensonge ! Je vous demande quel est le genre d’esprits qui leur inspirent une conduite pareilles… Si les meilleurs élèves d’une école de chant en arrivaient tous à perdre la voix, par suite d’exercices forcés, ne seriez-vous pas obligé d’en conclure qu’ils suivent une mauvaise méthode ? Il me semble que l’on peut en conclure autant des informations que nous obtenons au sujet du spiritisme, du moment que ses meilleurs médiums sont victimes d’un même sort ».

Mais il y a mieux encore : des spirites éminents avouent eux-mêmes ces dangers, tout en cherchant à les atténuer, et en les expliquant naturellement à leur façon. Voici notamment ce que dit M. Léon Denis : « Les esprits inférieurs, incapables d’aspirations élevées, se complaisent dans notre atmosphère. Ils se mêlent à notre vie, et, uniquement préoccupés de ce qui captivait leur pensée durant l’existence corporelle, ils participent aux plaisirs ou aux travaux des hommes auxquels ils se sentent unis, par des analogies de caractère ou d’habitudes. Parfois même, ils dominent et subjuguent les personnes faibles qui ne savent résister à leur influence. Dans certains cas, leur empire devient tel, qu’ils peuvent pousser leurs victimes jusqu’au crime et à la folie. Ces cas d’obsession et de possession sont plus communs qu’on ne pense ».

Dans un autre ouvrage du même auteur, nous lisons ceci : « Le médium est un être nerveux, sensible, impressionnable ;… l’action fluidique prolongée des esprits inférieurs peut lui être funeste, ruiner sa santé, en provoquant les phénomènes d’obsession et de possession… Ces cas sont nombreux ; quelques-uns vont jusqu’à la folie… Le médium Philippe Randone, dit la Medianità, de Rome, est en butte aux mauvais procédés d’un esprit, désigné sous le nom d’uomo fui, qui s’est efforcé, plusieurs fois, de l’étouffer la nuit, sous une pyramide de meubles qu’il s’amuse à transporter sur son lit. En pleine séance, il s’empare violemment de Randone et le jette à terre, au risque de le tuer. Jusqu’ici, on n’a pu débarrasser le médium de cet hôte dangereux. En revanche, la revue Luz y Union, de Barcelone (décembre 1902), rapporte qu’une malheureuse mère de famille, poussée au crime sur son mari et ses enfants par une influence occulte, en proie à des accès de fureur contre lesquels les moyens ordinaires étaient restés impuissants, fut guérie en deux mois par suite de l’évocation et de la conversion de l’esprit obsesseur, au moyen de la persuasion et de la prière ». Cette interprétation de la guérison est plutôt amusante ; nous savons que les spirites aiment à tenir aux prétendus « esprits inférieurs » des discours « moralisateurs », mais c’est là véritablement « prêcher dans le désert », et nous ne croyons point que cela puisse avoir la moindre efficacité ; en fait, les obsessions cessent quelquefois d’elles-mêmes, mais il arrive que des impulsions criminelles comme celles dont il vient d’être question soient suivies d’effet. Parfois aussi, on prend pour une obsession véritable ce qui n’est qu’une autosuggestion ; dans ce cas, il est possible de la combattre par une suggestion contraire, et ce rôle peut être rempli par les exhortations
adressées à l’ « esprit », qui alors ne fait qu’un avec le « subconscient » de sa victime ; c’est probablement ce qui a dû se passer dans le dernier fait rapporté, à moins qu’il n’y ait eu simplement coïncidence, et non relation causale, entre le traitement et la guérison. Quoi qu’il en soit, il est incroyable que des gens qui reconnaissent la réalité et la gravité de ces dangers osent encore recommander les pratiques spirites, et il faut être vraiment inconscient pour prétendre que la « moralité » constitue une arme suffisante pour se préserver de tout accident de ce genre, ce qui est à peu près aussi sensé que de lui attribuer le pouvoir de protéger de la foudre ou d’assurer l’immunité contre les épidémies ; la vérité est que les spirites n’ont absolument aucun moyen de défense à leur disposition, et il ne saurait en être autrement, dès lors qu’ils ignorent tout de la nature des forces auxquelles ils ont affaire.

Il pourrait être, sinon très intéressant, du moins utile, de rassembler les cas de folie, d’obsession et d’accidents de toutes sortes qui ont été causés par les pratiques du spiritisme ; il ne serait sans doute pas bien difficile d’obtenir un bon nombre de témoignages sérieusement contrôlés, et, comme nous venons de le voir, les publications spirites elles-mêmes pourraient y fournir leur contingent ; un tel
recueil produirait sur beaucoup de gens une impression salutaire. Mais ce n’est pas là ce que nous nous sommes proposé : si nous avons cité quelques faits, c’est uniquement à titre d’exemples, et l’on remarquera que nous les avons pris de préférence, pour la plupart, chez des auteurs spirites ou ayant tout au moins des affinités avec le spiritisme, auteurs qu’on ne saurait donc accuser de partialité ou d’exagération dans un sens défavorable. A ces citations, nous aurions sans doute pu en ajouter bien d’autres du même genre ; mais ce serait assez monotone, car tout cela se ressemble, et celles que nous avons données nous paraissent suffisantes.

Pour résumer, nous dirons que les dangers du spiritisme sont de plusieurs ordres, et qu’on pourrait les classer en physiques, psychiques et intellectuels ; les dangers physiques, ce sont les accidents tels que celui que rapporte le Dr Gibier, et ce sont aussi, d’une façon plus fréquente et plus habituelle, les maladies provoquées ou développées chez les médiums surtout, et parfois chez certains assistants de leurs séances. Ces maladies, affectant principalement le système nerveux, sont le plus souvent accompagnées de troubles psychiques ; les femmes semblent y être plus particulièrement exposées, mais ce serait une erreur de croire que les hommes en soient exempts ; d’ailleurs, pour établir une proportion exacte, il faut tenir compte du fait que l’élément féminin est de beaucoup le plus nombreux dans la plupart des milieux spirites. Les dangers psychiques ne peuvent pas être entièrement séparés des dangers physiques, mais ils apparaissent comme bien plus constants et plus graves encore ; rappelons ici, une fois de plus, les obsessions de caractère varié, les idées fixes, les impulsions criminelles, les dissociations et altérations de la conscience ou de la mémoire, les manies, la folie à tous ses degrés ; si l’on voulait en dresser une liste complète, presque toutes les variétés connues des aliénistes y seraient représentées, sans compter plusieurs autres qu’ils ignorent, et qui sont les cas proprement dits d’obsession et de possession, c’est-à-dire ceux qui correspondent à ce qu’il y a de plus hideux dans les manifestations spirites.

En somme, tout cela tend purement et simplement à la désagrégation de l’individualité humaine, et y atteint parfois ; les différentes formes de déséquilibre mental elles-mêmes ne sont là-dedans que des étapes ou des phases préliminaires, et, si déplorables qu’elles soient déjà, on ne peut jamais être sûr que les choses n’iront pas plus loin ; ceci, d’ailleurs, échappe en grande partie, sinon totalement,
aux investigations des médecins et des psychologues. Enfin, les dangers intellectuels résultent de ce que les théories spirites constituent, sur tous les points auxquels elles se réfèrent, une erreur complète, et ils ne sont pas limités comme les autres aux seuls expérimentateurs ; nous avons signalé la diffusion de ces erreurs, par la propagande directe et indirecte, parmi des gens qui ne font point de spiritisme pratique, qui peuvent même se croire très éloignés du spiritisme ; ces dangers intellectuels sont donc ceux qui ont la portée la plus générale. Du reste, c’est sur ce côté de la question que nous avons le plus insisté dans tout le cours de notre étude ; ce que nous avons voulu montrer surtout et avant tout, c’est la fausseté de la doctrine spirite, et, à notre avis, c’est d’abord parce qu’elle est fausse qu’elle doit être combattue. En effet, il peut y avoir aussi des vérités qu’il serait dangereux de répandre, mais, si une telle chose venait à se produire, ce danger même ne pourrait nous empêcher de reconnaître que ce sont des vérités ; du reste, cela n’est guère à craindre, car les choses de ce genre sont de celles qui ne se prêtent guère à la vulgarisation. Il s’agit là, bien entendu, de vérités qui ont des conséquences pratiques, et non de l’ordre purement doctrinal, où l’on ne risque jamais, en somme, d’autres inconvénients que ceux qui résultent de l’incompréhension à laquelle on s’expose inévitablement dès lors qu’on exprime des idées qui dépassent le niveau de la mentalité commune, inconvénients dont on aurait tort de se préoccuper outre mesure. Mais, pour en revenir au spiritisme, nous dirons que ses dangers spéciaux, en s’ajoutant à son caractère d’erreur, rendent seulement plus pressante la nécessité de le combattre ; c’est là une considération secondaire et contingente en elle-même, mais ce n’en est pas moins une raison d’opportunité que, dans les circonstances actuelles, il n’est pas possible de tenir pour négligeable. »

René Guénon, L'erreur spirite.



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jeudi, juin 13, 2013

Shambhala, centre occulte du futur gouvernement mondial ?



Message télépathique de Shambhala : Méditez... Ne luttez pas... Soumettez-vous...

par Leek Osov

Qu'est-ce que Shambhala d'un point de vue ésotérique ? Connaître les véritables légendes tibétaines et mongoles permet déjà de se sortir des fantasmagories du New Age qui voudrait en faire un paradis de coton, alors que les descriptions authentiques en font un point de force majeur de la planète qui serait plutôt lié à l’élément Feu. Toutefois, tant qu'on en reste a une compréhension "mythique", on ne va pas beaucoup plus loin que les innombrables "chercheurs de Shambhala" qui se sont lancés à pied ou à dos d’âne dans l’Himalaya avec l’espoir de tomber sur le "Royaume perdu" au détour d'une vallée. Non, il faut une approche ésotérique qui nous permettrait de comprendre précisément sa place et son rôle exacts dans l'organisme énergétique qu'est la planète Terre.

Dans cette perspective, la seule source valable sont les écrits d'Alice Bailey (1880-1949), dans lesquels se sont décrits non seulement les différentes hiérarchies invisibles de la planète mais aussi leur plan pour l'humanité dans les prochains siècles. Inconvénient majeur, ces informations viennent directement par channeling, de celui qu'on nomme... le Tibétain, alias Djwahl Khul qui, naturellement, a un certain parti pris pour les Mongols, étant lui-même (il l'admet) de cette race-là.

Tous les écrits d'Alice Bailey ne sont en fait qu'un gigantesque appel pour que des âmes viennent participer au Plan mis au point par ces forces-là — forces qui, comme nous l'avons compris en ce qui concerne le lamaïsme, agissent magiquement sur le monde, mais sont arrivées à un point où elles ont aussi besoin d'acteurs conscients. Ou plutôt semi-conscients, car en politique les enjeux réels restent cachés, surtout lorsqu'ils sont peu avouables... L'enjeu de l'époque est  la mise en place d'un gouvernement mondial garantissant une paix durable afin que les entités invisibles entourant la Terre puissent continuer à parasiter tranquillement l'humanité. Elles-mêmes ne se considèrent. bien sûr, pas comme des parasites mais comme des acteurs utiles de l'économie énergétique planétaire. Elles croient surtout avoir atteint un haut niveau spirituel alors qu'elles n'ont fait qu'hypertrophier, par des exercices occultes, certains aspects de leur être au détriment des autres. Pour dire les choses simplement : ceux qui se prennent pour des bodhisattvas alors qu'ils sont bloqués depuis des éons dans les royaumes des morts — sont les pires ennemis de la liberté sur Terre.

Quoique menant une vie antinaturelle, hors de l'harmonie universelle, ces entités sont organisées hiérarchiquement. Ce que nous apprenons en lisant l'ouvrage d'Alice Bailey Extériorisation de la Hiérarchie (duquel nous avons extrait les citations ci-dessous), c'est qu'il y a trois centres de force majeurs dans la hiérarchie planétaire.

Ces trois centres s'occupent actuellement de la mise en place du Nouvel Ordre Mondial à différents niveaux. En commençant par le plus bas, il y a le "troisième rayon" qui s'occupe de mettre au point la civilisation future d'un point de vue technique. Tout ce qui concerne l'industrie et la technologie prend forme, nous dit-on, grâce à ce centre. Son pouvoir est celui de l' intellect, c'est-à-dire de l'intelligence pratique. Le groupe qui s'occupe de cet aspect est simplement mentionné par Alice Bailey comme étant "l'Humanité".

Le deuxième rayon est celui dit de "l'amour-sagesse". C'est le centre qui s'occupe de mettre au point la future religion mondiale, notamment en développant l’œcuménisme et en atténuant tout ce qui pourrait constituer un obstacle à cette prochaine fusion. Djawhl khul est directement lié à ce centre, les Tibétains étant, bien entendu, des experts en ce qui concerne la manipulation des émotions. Le groupe qui s'occupe de ce rayon se nomme simplement "la Hiérarchie" - c'est la hiérarchie des "maîtres de sagesse" auxquels se réfère presque exclusivement le New Age. Ce sont les parasites les plus proches de notre sphère de conscience.

Finalement, nous arrivons au premier rayon, celui de la volonté. C'est là que se décide la politique mondiale future. Et ce qui va nous intéresser, c'est que ce centre occulte-là est constamment mentionné dans la littérature néo-théosophique sous le nom de Shambhala.

UN MYSTÉRIEUX CENTRE DE LA VOLONTÉ

Nous allons nous rendre compte que Shambhala est encore plus mystérieux qu'il n'y paraît au premier abord, car même Djwhal Khul - qui parle pourtant ouvertement de nombreux aspects du monde invisible - évoque ce centre comme quelque chose qu'il ne connaît pas vraiment - quelque chose qu'il doit toutefois suivre car lui-même est inféodé à cette hiérarchie occulte. Ainsi explique-t-il : « Le problème de l'obscurité apparemment impénétrable de l'intention de Shambhala (...) est une situation à laquelle la Hiérarchie doit s'adapter au moyen de l'alignement » (p. 535).

Dans le vocabulaire de Djwhal Khul, la Hiérarchie représente le deuxième rayon qui doit faire le lien entre l'humanité (troisième rayon) et Shambhala (premier rayon). Elle doit assurer l'équilibre, ce qui n'est pas toujours facile car les impulsions volontaires provenant de Shambhala sont parfois très violentes. Djwhal Khul poursuit :

« À votre modeste échelle, vous vous adaptez à la Hiérarchie en construisant le pont qui unit l'humanité à la Hiérarchie (...) De son côté, la Hiérarchie travaille à établir des fils entre elle-même et Shambhala (...) La tâche qui attend ceux qui travaillent dans l'alignement par l'adaptation est en quelque sorte d'électrifier ce pont, produisant une interconnection complète entre ces trois centres, de sorte que le poids de la Volonté de Sanat Kumara puisse progresser sans entrave de sphère en sphère et de gloire en gloire ».

Pour utiliser un vocabulaire plus explicite, le but ultime de tout ce travail dit "spirituel" serait donc que Sanat Kumara - chef de Shambhala dans le vocabulaire néo-théosophique - puisse imposer sa volonté sans entrave à l'humanité, que cette dernière lui soit totalement soumise. Et le but de la Hiérarchie dont Djwhal Khul fait partie est uniquement d'harmoniser par tous les moyens ces deux groupes de nature différente. Pour Djwhal Khul, la volonté de Shambhala est bien évidemment la volonté de Dieu, mais compte tenu de ce que nous savons des Tibétains, ne se pourrait-il pas que ce que l'on appelle "Dieu" soit un groupe de lamas, ou autres êtres, qui ont surdéveloppé leurs pouvoirs psychiques ?

Djwhal Khul nous explique qu'un changement est survenu depuis le milieu du l9 siècle :

« Shambhala peut maintenant atteindre l'humanité directement. Il y a donc deux points de contact, le premier via la Hiérarchie, comme c'est le cas depuis longtemps, et le second conduisant en ligne directe l'énergie de Shambhala vers l'humanité. (...) Quand cette ligne directe d'énergie spirituelle. Électrique, fit son premier impact sur Terre, elle éveilla la pensée des hommes de manière nouvelle, produisant de grandes idéologies : socialisme, communisme, hitlérisme. Elle éveilla leur désir de masse mais rencontra de l'obstruction sur le plan physique. » (p. 586)

Ce que Djwhal Khul affirme ici, c'est que l'émergence des grandes idéologies totalitaires est le résultat d'un « afflux direct de la force de Shambhala » (p.126), qui agit sur la volonté des masses (il dit le « libre-arbitre des masses ») sans passer comme auparavant par le centre régulateur de la Hiérarchie spirituelle. Alors, le désir des masses s'est exacerbé dans le sens d'un désir d'une « amélioration des conditions de vie ». Ce désir « s'est concentré, exprimé, est devenu créateur sous l'influence de la force de Shambhala ».

Mais comme ces "idéaux" — globalement socialistes — n'ont pas immédiatement pu se réaliser sur le plan physique. cette situation a dégénéré dans les deux guerres mondiales que nous connaissons. Le feu de cette volonté mal contrôlée — sans doute parce que dirigée essentiellement vers un désir égocentrique de mieux-être — s'est donc retourné sur lui-même.

« L'énergie de Shambhala étant un aspect du rayon destructeur se mit à consommer dans les feux de la destruction tous ses obstacles. Ceci fut la cause profonde de la guerre mondiale (1914-1945) - l'anéantissement bénéfique de ce qui gênait le libre écoulement de l'énergie spirituelle vers le troisième centre. » (p.586)

Ce qu'il y a de révoltant dans cette déclaration, c'est que toute cette boucherie n'est perçue que comme une étape — difficile mais nécessaire — vers un plus grand bien. Du point de vue de la Hiérarchie, il y a toujours une évolution positive. C'est « l'adaptation par l'alignement ».

CONSTITUTION DE L'ORDRE MONDIAL

Dès 1945, sans s’apitoyer sur ce qui s'est passé, les "maîtres de sagesse" se préparent à la suite du Plan :

« Une puissante activité du premier rayon entre actuellement en action. Le Christ a donné tout pouvoir à Shambhala pour éclairer, si possible, les divers corps législatifs nationaux (...) afin que le cycle de conférences dont les hommes d'État prennent actuellement l'initiative puisse être guidé directement par ceux qui. dans la Chambre du Conseil de Shambhala, connaissent la Volonté de Dieu. » (p.446)

Djwhal Khul évoque les conférences qui ont donné naissance aux Nations Unies, organisation au sein de laquelle la Hiérarchie sera tant impliquée.

Et ce dernier de préciser : « Au cours des âges, les hommes d'État ont répondu de temps en temps à l'influence de a Conseil spirituel suprême. Mais il s'agissait de la réceptivité individuelle du disciple. (...) Aujourd'hui, l'effort spirituel est de les faire passer, en tant que groupes actifs, sous l'impact direct de l'énergie de Shambhala. » (p.447)

Autrement dit, selon le point de vue de la Hiérarchie, l'énergie brûlante du premier rayon a eu pour effet de « détruire la civilisation ancienne et dépassée » pour ensuite permettre la mise en place d'un gouvernement directement sous l'influence de Shambhala : c'est le Nouvel Ordre Mondial, dont les organes n'ont cessé de se renforcer depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Nicolas Rœrich, ardent théosophe et mondialiste avant l'heure, dont les nombreux voyages au Tibet l'avaient familiarisé avec Shambhala, considérait la Cité comme « le siège du gouvernement planétaire ». De là est coordonné une armée d'agents qui opèrent sur Terre au nom du royaume caché. La planète entière est recouverte par un réseau de membres, assistants et contacts du « gouvernement international » qui n'attendent qu'un signe de Shambhala pour se révéler au grand jour.

Selon Rœrich, le gouvernement de Shambhala a le pouvoir de pénétrer télépathiquement dans la conscience de chaque citoyen de la Terre, sans que celui-ci ne réalise d'où viennent ses idées. « Comme des flèhes, les transmissions du gouvernement entrent dans les cerveaux de l'humanité ».

Toutes ces interventions magiques n'ont au final, pour Rœrich, comme pour Djwhal Khul, qu'un seul but : préparer la venue du futur Bouddha-Maitreya dont le nom est synonyme d'après Rœrich, de celui du Ruda Chakrin, le « furieux tourneur de la roue » du Kalachakra Tantra. Car, bien entendu, pour que Shambhala puisse être reconnu et accepté par les masses humaines comme un gouvernement légitime, il va falloir qu'il soit reconnu de « droit divin ». Un messie est donc indispensable pour permettre cette « extériorisation de la hiérarchie ».

Et « cette réapparition est une préoccupation majeure » (p.660) des maîtres du second rayon auquel Djwhal Khul appartient. Il explique dans d'innombrables détails les difficultés que rencontre son groupe pour mettre en place la supercherie planétaire que sera la « venue du sauveur » et s'assurer qu'elle sera acceptée par suffisamment de monde.

LE MAL A UN NOM...

Au final, sommes-nous plus éclairés sur ce que représente Shambhala d'un point de vue ésotérique ? Nous nous rendons compte qu'il est lié à une forme de mal très perverse, qui met tout en œuvre — tromperie, destruction, manipulation télépathique — pour s'imposer à la volonté les masses. Mais qui représente-t-il ? Où est-il ?

Pour nous aider à nous repérer, nous avons encore un indice de Djwhal Khul... « Shambhala est aussi le centre où la Volonté la plus élevée du Logos solaire est imposée à la Volonté de notre Logos planétaire qui n'est, comme vous le savez, qu'un centre de son grand corps de manifestation ».

Shambhala est donc sur une dimension bien plus élevée que les divers "maîtres de sagesse" de la Hiérarchie invisible qui, agissant généralement depuis le plan astral ou mental, ne sont que les bas fonctionnaires d'une hiérarchie aux dimensions solaires.

Et là, nous ne pouvons manquer de faire remarquer que, dans la littérature ésotérico-gnostique, le Soleil est considéré symboliquement comme le "trône de Satan". Des ésotéristes plus récents ont par ailleurs localisé Satan sur le plan bouddhique, c'est-à-dire un plan bien plus élevé que les plans astraux ou mentaux où flottent les "maîtres de sagesse".

Autre indice concordant : le Roi de Shambhala est aussi désigné sous le nom de "Roi du Monde". Or dans la tradition chrétienne, c'est souvent sous l’appellation "Prince de ce monde" que l'on évoque Satan alors que Jésus, lui s'identifie à un "royaume qui n'est pas de ce monde". N'y a-t-il pas d'ailleurs un parallèle troublant entre les noms "Satan" et "Sanat Kumara", le roi de Shambhala ?

Nous n'aimons pas les raccourcis trop faciles qu'emploient les chrétiens fondamentalistes pour dénoncer tout ce qui ne leur plaît pas. Mais les pistes semblent toutes indiquer que le "Dieu" auquel obéit la Hiérarchie de Djwhal Khul n'est autre que Satan, dont la nature de feu – solaire, volontaire - inquiète les entités de l'au-delà mais à laquelle ils doivent se soumettre car leur propre survie en dépend.

La "Grande Babylone". visible et invisible, est comme ça : chaque entité a peur de ce qui se trouve au-dessus d'elle, mais elle a plus peur encore de perdre sa sécurité et c'est pourquoi elle est prête à tous les compromis. Djwhal Khul le dit et le répète : la méthode principale de la Hiérarchie est "l'adaptation par l'aligne-ment-. Il ne faut donc pas réfléchir sur le bien fondé de ce qui est entrepris, mais seulement se soumettre à l'insondable volonté de Shambhala. C'est pourquoi Djwhal Khul émet un soutien inconditionnel à l'explosion de la bombe A sur Hiroshima, voulue - dit-il - par ses supérieurs de Shambhala.

Sa "spiritualité" est une spiritualité d'esclaves - et nous retrouvons cette mentalité chez ces peuplades mongoles qui ont toujours vécu sous la tyrannie de roi-dieux qu'ils finissaient, comme Gengis Khan, par "aimer". Si les Mongols et les Tibétains ont un lien si direct avec Shambhala, c'est parce qu'ils ont suivi cette voie depuis très longtemps (selon Max Heindel. les Mongols constitueraient l'une des sous-races de l'Atlantide).

Cependant ce serait une grave erreur de penser que le Roi de Shambhala ne les influence qu'eux seuls et qu'il faudrait désormais les diaboliser comme des ennemis externes.

Car, en cette fin des temps, et surtout depuis les deux guerres mondiales, le feu de Shambhala s'est répandu partout. De même que Gog et Magog — longtemps tenus à l'écart derrière des murs — vont nécessairement se répandre aux "quatre coins de la Terre" lorsque le temps sera venu, cette forme du mal contenue à l'écart du monde va envahir — a envahi — toutes les sphères de notre existence.

Nous vivons à une époque de jugement, une époque où toutes les forces antagonistes reviennent et s'affrontent impitoyablement. On ne peut les fuir car c'est notre conscience même qui est le champ de bataille... Choisirons-nous de nous "adapter" — comme le promeut Djwhal nul et ses enseignements New Age tellement à la mode — ou aurons-nous le courage de regarder le mal en face, de dire "non" autant aux forces noires qu'aux forces soi-disant blanches qui ne font, en fait, que blanchir le Mal pour le rendre plus présentable ?

Leek Osov, V.I.T.R.I.O.L.

Le C.R.O.M. diffuse un dossier complet intitulé « Tibet, la guerre occulte ».

Dambijantsan, le lama assoiffé de sang




Dambijantsan ou Ja-lama, le lama vengeur, était pour les Mongols l'incarnation du terrible Mahakala du panthéon lamaïste. La vidéo évoque le livre de d'Andrei Znamenski, Shambhala Rouge : Magie, prophétie et géopolitique dans le cœur de l'Asie.

Quelle cruauté le tantrisme bouddhique peut conduire en temps de guerre ? Cela est montré par l'histoire du " lama vengeur ", un moine du nom de Dambijantsan qui avait été emprisonné en Russie pour activités révolutionnaires.

« Après une fuite mouvementée, écrit Robert Bleichsteiner, il alla au Tibet ou il fut initié a la magie tantrique. Dans les années 1890, il commença ses activités politiques en Mongolie. Chevalier errant, démon des steppes et tantrika, il éveillait de vagues espoirs chez certains, de la peur chez d'autres, ne reculait devant aucun crime, sortait indemne de tous les dangers, de sorte qu'il était considérait comme invulnérable, bref, il tenait tout le désert de Gobi sous son emprise. »

Dambijantsan croyait être l'incarnation du héros guerrier de la Mongolie de l'Ouest, Amursana. Durant de longues années, il réussit a commander une armée nombreuse et a exécuter une quantité remarquable d' actions militaires victorieuses. Pour cela, il reçut de hauts titres religieux et nobles de la part du Khutuktu d'Ourga.

La forme de guerre de Dambijantsan était d'une cruauté calculée, qu'il considérait néanmoins comme un acte de vertu religieux. Le 6 août 1912, après la prise de Khobdo, il massacra les prisonniers chinois selon un rite tantrique. Comme un prêtre aztèque en pleine majesté, il leur ouvrit la poitrine avec un couteau et leur arracha le cœur avec sa main gauche. II le plaça avec des morceaux de cervelle et d'entrailles dans des crânes faisant office de coupes afin de les offrir en sacrifice aux dieux de terreur tibétains. Bien qu'étant officiellement un gouverneur du Khutuktu, il se conduisit comme un autocrate en Mongolie de l'Ouest et tyrannisa un immense territoire par un règne de violence « au-delà de toute raison et mesure ». Sur les parois de sa yourte, il aimait suspendre la peau écorchée de ses ennemis.

Sa fin fut tout aussi sanglante que le reste de sa vie. Les bolcheviques dépêchèrent un prince mongol qui prétendit être un envoyé du Khutuktu et put ainsi entrer sans mal dans le camp. Devant le « lama vengeur » sans méfiance, il tira six coups de revolver. II arracha ensuite le cœur de sa victime et le dévora devant les yeux de toutes les personnes présents, afin de terrifier - comme il le dit plus tard - ses partisans. II réussit ainsi à s'échapper. Mais le fait « d'arracher et de manger le cœur » n’était pas seulement un terrible moyen de répandre la terreur, cela faisait aussi partie du culte traditionnel de la caste guerrière mongole, qui était déjà pratiqué sous Gengis Khan.

Au vu des terribles tortures dont l'armée chinoise était accusée, et de l'impitoyable boucherie par laquelle répondaient les forces mongoles, une forme de guerre extrêmement cruelle fut ainsi la règle en Asie Centrale, dans les années 1920. Dans ce contexte, la vie et les actions du « lama vengeur » ont été glorifiées par le peuple mongol.

Source : V.T.R.I.O.L. N° 17

mercredi, juin 12, 2013

Les Böns sont-ils bons pour la santé ?



Shenten Dargye ling, Blou.

En France, les lamas Böns (on prononce « beun » ; chez les britanniques les buns sont des petits pains bourrés de gluten) mènent la vie de château à Blou (49) où ils ont acheté la belle demeure seigneuriale de la Modetais.

En cet an de grâce et de vaches maigres, les lamas Böns ont décidé de révéler les secrets de la médecine traditionnelle tibétaine aux Français appauvris ne possédant plus de mutuelle ou ne pouvant payer les dessous de table exigés par des médecins toujours plus avides.

Cet été au château de la Modetais, un Amchi (guérisseur) Bön du nom de Nyima Samphel enseignera les techniques de santé des Tibétains.
 
« La médecine tibétaine, précisent les lamas, se base sur l'équilibre des trois humeurs du corps : bile, vent et flegme. Selon ce système, la cause des maladies est à rechercher dans le déséquilibre de ces trois humeurs et la guérison s'obtient par le rétablissement de cet équilibre. Le traitement principal consiste en la prise de médicaments à base de minéraux et végétaux, mais d'autres soins peuvent également s'y ajouter tels que la moxibustion, l'acupuncture, la saignée ou le massage. »

Un siècle avant l'invasion chinoise à une époque où la vie du peuple tibétain était dirigée par le saint Dharma lamaïste, la doctrine sacrée du toit du monde, le prêtre chrétien Evariste Huc dépeint un tableau très différent de la propagande des lamas.

Dans son livre Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et le Thibet, Evariste Huc écrit :

« La crainte que les Thibétains ont de la petite vérole est inimaginable. Ils n’en parlent jamais qu’avec stupeur, et comme du plus grand fléau qui puisse désoler l’espèce humaine. Il n’est presque pas d’année où cette maladie ne fasse à Lhassa des ravages épouvantables ; les seuls remèdes préservatifs que le gouvernement sache employer, pour soustraire les populations à cette affreuse épidémie, c’est de proscrire les malheureuses familles qui en sont atteintes. Aussitôt que la petite vérole s’est déclarée dans une maison, tous les habitants doivent déloger et se réfugier, bon gré mal gré, loin de la ville, sur le sommet des montagnes ou dans les déserts. Personne ne peut avoir de communication avec ces malheureux, qui meurent bientôt de faim et de misère, ou deviennent la proie des bêtes sauvages. Nous ne manquâmes pas de faire connaître au régent la méthode précieuse usitée parmi les nations européennes pour se préserver de la petite vérole. Un des motifs qui nous avaient valu la sympathie et la protection du régent, c’était l’espérance que nous pourrions un jour introduire la vaccine dans le Thibet. Le missionnaire qui aurait le bonheur de doter les Thibétains d’un bienfait si signalé, acquerrait certainement sur leur esprit une influence capable de lutter avec celle du talé lama lui-même. L’introduction de la vaccine dans le Thibet, par les missionnaires, serait peut-être le signal de la ruine du lamaïsme, et de l’établissement de la religion chrétienne parmi ces tribus infidèles.

Les galeux et les lépreux sont en assez grand nombre à Lhassa. Ces maladies cutanées sont engendrées par la malpropreté, qui règne surtout dans les basses classes de la population. Il n’est pas rare, non plus, de rencontrer parmi les Thibétains des cas d’hydrophobie. On est seulement étonné que cette maladie horrible n’exerce pas de plus grands ravages, quand on songe à l’effrayante multitude de chiens affamés qui rôde incessamment dans les rues de Lhassa ; ces animaux sont tellement nombreux dans cette ville, que les Chinois ont coutume de dire ironiquement que les trois grands produits de la capitale du Thibet sont les lamas, les femmes et les chiens, lama, ya-téou, kéou.

Télécharger gratuitement Souvenirs d’un voyage dans la Tartarie et le Thibet :



mardi, juin 11, 2013

Lanza Del Vasto : la violence, la colère et le monde.




La violence

La violence des voleurs, des assassins, des violeurs de femmes, ce n'est pas du tout celle-là qui nous intéresse et que nous combattons. La violence, ce n'est pas des coups de poing ou des coups de pied, ni même des coups de mitraillette. C'est tout ce qui dérange l'ordre harmonieux des choses en commençant par le viol de la vérité, le viol de la justice, le viol de la confiance d'autrui. Je dirai que ce qui nous inquiète le plus, c'est la violence légitimée, celle qui est couverte par les lois, qui est préméditée et systématique.

L'agressivité

Je considère que l'agressivité est tout à fait nécessaire, mais qu'elle a besoin, comme l'amour, d'être convertie. Je dirai que la conversion de la colère, c'est la non-violence ; sans colère, il n'y a pas de non-violence. L'agressivité est indispensable à la conservation de la vie, c'est à partir d'une indignation que le non-violent commence à vivre.

Le monde moderne

Je le condamne parce que je ne le crois pas libérateur. C'est au contraire tout un monde d'esclavage, et puis c'est un monde qui épuise la planète entière. Il produit, sans doute, mais c'est surtout une pompe. La prospérité, vous l'admirez, mais les neuf dixièmes de la production mondiale passent dans quelques pays. Je ne crois pas que ce soit juste ni bon. Si nous essayons de mettre tout le monde à ce rythme, il croulera sous l'abondance de la camelote. L'ambition du tiers monde est de participer à cette aventure de la modernité, mais c'est justement l'un des maux contre lesquels Gandhi a lutté. Je crois que l'ambition légitime de tous les hommes, c'est de vivre d'une vie épanouie, et il n'y a pas besoin d'avoir une telle abondance de moyens pour le faire. Je crois que, par la surabondance des moyens et l'oubli des fins, on oublie les « pourquoi ». A quoi sert la richesse ? A quoi servent la vitesse, la puissance ? Est-ce que ça sert à vivre ? En a-t-on besoin ?

Propos tenus par Lanza Del Vasto le 8 février 1975 à « L'invité de l'autre monde », émission de la deuxième chaîne de télévision.


lundi, juin 10, 2013

John Todd & les nouveaux alchimistes


"Je suis optimiste parce que en théorie on peut réduire de 90% notre impact sur la planète." (John Todd)

Dans le documentaire Visionnaires planétaires, "le jeune éco-militant québécois Mikael Rioux, rencontre le vieux sage mythique Christian de Laet, le charismatique président de la plus grande ONG de développement alternatif au monde, l'Indien Ashok Khosla, le brillant oncologue devenu gourou du développement durable, le Suédois Karl-Henrik Robèrt. C'est aussi la chance de voir les projets du designer écologique John Todd, nommé par le MIT comme un des 35 plus grands inventeurs du 21ème siècle ; d'entendre sa compagne Nancy Jack Todd nous raconter les débuts de leur mouvement d'avant-garde, Les nouveaux alchimistes. C'est également un voyage au cœur de la capitale mondiale de la finance, Zurich, avec l'économiste-humaniste Peter Koenig; un dialogue avec Marilyn Melhman, force tranquille du mouvement Global Action Plan. Et un tête-à-tête avec la grande dame du Kenya, Wangari Maathai, Prix Nobel de la paix et fondatrice du Green Belt Movement".


Les nouveaux alchimistes 

« Il s'agit, dit John Todd, de trouver de nouvelles façons de vivre en remplaçant les machines dévoreuses d'énergie et les objets sophistiqués dont la société industrielle nous encombre par des processus d'inspiration naturelle. De telles technologies "douces" permettront le développement d'un type entièrement nouveau de société que j'appelle "implosive", en ce sens qu'elle vise un élargissement de l'être humain. Cela s'oppose diamétralement à la croissance purement matérielle de cette société explosive qui se contente de l'avoir. 


Je vois un monde qui ne ressemble pas à celui où nous vivons aujourd'hui, un monde où des systèmes de style biologique, conçus dans une harmonieuse globalité par l'intelligence humaine, contrôlés par des micro-calculateurs, alimentés par des sources d'énergie indéfiniment renouvelable, fourniront ce qu'il faut pour réussir une vie bien remplie parce que créative. Ce genre d'alternative implique une totale transformation de la société actuelle. De l'exploitation autoritaire des ressources et de la possession égoïste d'objets, il faudra se tourner vers la symbiose avec la Nature et les activités de l'intelligence et de la connaissance. Cela implique un nouveau paradigme, réalisant la synthèse des savoirs et de la philosophie. Il existe d'ailleurs, dans l'Histoire, des modèles de ce paradigme. Je citerai juste l'hermétisme et le taoïsme. »

Au cours d'un voyage aux États-Unis, Lucien Gérardin a visité l'« Arche alchimique » de John Todd.

« L'Institut pour une nouvelle alchimie, dit Lucien Gérardin, n'est pas une communauté fermée de contemplatifs assis en rond aux pieds d'un gourou. Quand on explore de nouveaux modes de vie, on se doit de partir d'une nécessité de base : produire la nourriture matérielle du groupe. Comme le dit John Todd, il faut alors garder présente à l'esprit l'exigence de pouvoir passer ultérieurement à une plus grande échelle. La plus petite échelle est cette taille critique qui s'avère nécessaire à un groupe humain pour fonctionner sous la forme d'une micro-société autogérée, d'une authentique communauté réellement vivante parce que autonome et non parasitaire.

Les grandes organisations actuelles se montrent de plus en plus fragiles. Elles sont presque toujours un peu en panne, car leur solidité n'est que celle de leurs maillons les plus faibles.

On a vu comment se détériore d'une double façon la balance fondamentale entre la production de nourriture et l'énergie consommée pour cela. La seule issue est à la fois de produire beaucoup plus que l'agriculture traditionnelle, tout en n'utilisant comme énergie de base que celle indéfiniment renouvelable du soleil, à l'exclusion de toute énergie fossile.

En quelques mots, il s'agit d'un système très intégré fonctionnant en totale autonomie, d'une « arche » véritable, et c'est effectivement le nom que lui donnent les « nouveaux alchimistes ». Le soleil fournit l'énergie pour la photosynthèse et le chauffage de serres et de dômes où circule lentement une sorte de rivière artificielle. Un moulin à vent pompe l'eau pour la remonter vers le sommet de l'Arche. L'énergie naturelle se trouve utilisée au mieux, car elle est démultipliée par l'intelligence de l'homme. On se trouve bien à l'opposé de la philosophie industrielle actuelle, qui exige que l'on remplace de façon toujours plus dévorante le travail et l'intelligence par du capital et des machines. »



Visionnaires planétaires




samedi, juin 08, 2013

Le tabac




Nous le savons, du détroit de Behring à la Terre de Feu, les Indiens considéraient le tabac comme l'une des plus importantes parmi les plantes médicinales et magiques, et certains d'entre eux s'en servaient comme d'un véhicule pour l'extase. Nous savons aussi que partout et toujours, à peu près sans exception, aux temps préhistoriques et dans les époques historiques plus récentes, son usage était uniquement rituel. La désacralisation qui affecte, de façon croissante, l'usage du tabac parmi les Indiens est un effet de l'influence européenne (l'Europe découvrait le tabac en découvrant l'Amérique avec Colomb). Néanmoins, certaines significations rituelles restent attachées au tabac du lieu : beaucoup de tribus réservent à un emploi rituel ou cérémonielle tabac qu'elles cultivent, ou collectent dans le milieu naturel, tandis que l'on fume librement le tabac de l'homme blanc, ou "tabac de Virginie ", un hybride local du Nicotiana tabacum.

On a de tout temps consommé le tabac de multiples façons; l'acte de le fumer (en cigarettes, en cigares, ou en pipes) est la plus répandue. Il faut y voir le reflet des nombreuses connotations ésotériques de la fumée du tabac dans les rites chamaniques, en particulier dans les rituels de guérison. Zerries souligne que "le pouvoir du chaman est souvent lié à son souffle ou à la fumée du tabac, l'un et l'autre possèdent les vertus purificatives et revigorantes qui jouent un rôle si important dans les rituels de guérison, et dans d'autres pratiques magiques"·

Outre celle de la fumée, la plus connue, les techniques consistent à priser le tabac, le boire, le chiquer, le manger, le sucer et le lécher. Il y a diverses façons de fumer; et donc, différentes significations attachées à l'acte. Le chaman peut expirer la fumée (pour guérir le malade ou nourrir les êtres surnaturels) ou l'avaler (la" manger») en énormes quantités en vue d'induire un état de transe. Par exemple, dans son rituel de guérison, le chaman des Indiens tenetehana, du Brésil, dansera et chantera en agitant ses maracas, s'arrêtant :

... de temps à autre, pour tirer de longues bouffées d'un gros cigare de tabac local roulé dans de l'écorce de tawari. Combinée au rythme du chant et au mouvement de la danse, la fumée l'intoxique bientôt. Cette opération est l'"appel" de l'esprit. L'esprit ne répond qu'à ses chants spécifiques et le chaman n'est prêt à le recevoir qu'après avoir ingurgité de grandes quantités de fumée de tabac ( …) Alors "l'esprit est fort" et le chaman perd conscience. (Wagley et Galvaô, 1949.)

Comme la fumée, la prise peut être inhalée, en vue d'agir sur le psychisme, ou bien exhalée, suivant les besoins et l'effet recherché. Ainsi les chamans tanaca dans les basses terres de Bolivie soufflent dans l'air de la poudre de tabac, en vue de repousser les êtres surnaturels maléfiques qui menacent un patient ou la communauté tout entière.

Parfois l'on se sert du tabac en le combinant à de véritables plantes hallucinogènes telles que le datura, le yagé (Banisteriopsis caapi), ou des cactus psychédéliques. Souvent le tabac joue un rôle essentiel et sacré comme agent de purification, comme épreuve et comme stimulant, au cours de la longue formation initiatique que reçoivent les apprentis chamans. C'est particulièrement le cas des Indiens caraïbes et d'autres groupes indigènes dans les basses terres du nord de l'Amérique latine. Des ethnographes aussi éminents que Theodor Koch-Griinberg nous ont laissé des relations de première main sur ces épreuves initiatiques. Les jeunes chamans indiens sont privés de nourriture normale pendant de longues périodes, au cours desquelles ils maigrissent jusqu'à ressembler à des squelettes (en bien des régions d'Asie et d'Amérique la mort rituelle et la squelettisation sont des éléments majeurs de l'initiation chamanique). En lieu et place de nourriture, on leur fait absorber de grosses quantités de tabac liquide, par voix nasale et buccale, pour induire une transe narcotique. C'est alors que l'apprenti fait sa première montée au ciel pour rencontrer face à face les esprits de l'Autre Monde. Ensuite il commence à utiliser aussi bien d'autres plantes psychédéliques, en particulier le yagé, dans lequel, dit un chaman à Koch-Griinberg, "réside le chaman, réside le jaguar"· Cette identification conceptuelle du chaman au jaguar est commune à toute l'Amérique du Sud et centrale, elle est souvent réalisée à travers l'usage d'hallucinogènes ou de substances psychédéliques. 

Johannes Wilbert, La Chair des dieux, l'usage rituel des plantes psychédéliques, ouvrage dirigé par Peter Furst.

jeudi, juin 06, 2013

Gurdjieff & l'amour-propre

Gurdjieff parle à ses élèves

Le Prieuré, 13 février 1923


La libération mène à la libération. Telles sont les premières paroles de Vérité, non de la vérité entre guillemets, mais de la vérité au vrai sens du terme - la vérité qui n'est pas seulement théorique, qui n'est pas un simple mot, mais qui peut être effectivement mise en pratique.

Le sens caché de ces mots peut être expliqué de la manière suivante.

Par libération, nous entendons cette libération qui est le but de toutes les écoles, de toutes les religions, à toutes les époques.

Cette libération peut être vraiment très grande. Tous les hommes la désirent, tous les hommes s'efforcent de l'obtenir. Mais elle ne peut être atteinte sans une première libération - une petite libération. La grande libération est une libération des influences extérieures. La petite libération est une libération des influences intérieures.

Dans les premiers temps, cette petite libération semble très grande, parce qu'un débutant dépend très peu des influences extérieures. Seul un homme déjà libéré des influences intérieures tombe sous l'emprise des influences extérieures.

Les influences intérieures empêchent l'homme de tomber sous les influences extérieures. Peut-être est ce mieux ainsi.

Les influences intérieures, l'esclavage intérieur, viennent de sources variées ainsi que de nombreux facteurs indépendants. Indépendants, en ce sens qu'il s'agit tantôt d'une chose, tantôt d'une autre, car nous avons beaucoup d'ennemis.

Ces ennemis sont en si grand nombre que la vie ne serait pas assez longue s'il fallait lutter séparément contre chacun d'eux afin de nous en libérer. Il nous faut donc trouver une méthode, une ligne de travail, qui nous permette de détruire simultanément le plus grand nombre possible de ces ennemis intérieurs qui sont à l'origine de ces influences.

J'ai dit que nous avions toutes sortes d'ennemis. Mais les principaux et les plus actifs sont la vanité et l'amour-propre. Il existe même un enseignement qui les qualifie de représentants et de messagers du Diable.

Pour certaines raisons, on les appelle aussi Madame Vanité et Monsieur Amour-propre. Comme je l'ai dit, ces ennemis sont nombreux. Je n'ai mentionné que ces deux-là en raison de leur caractère fondamental. Pour le moment, on aurait du mal à les énumérer tous. Il serait difficile de travailler sur chacun d'eux spécifiquement et de manière directe, et cela prendrait trop de temps puisqu'ils sont si nombreux. Aussi devons-nous agir sur eux indirectement de manière à nous libérer de plusieurs d'entre eux à la fois.

Ces représentants du Diable se tiennent constamment sur le seuil qui nous sépare de l'extérieur et empêchent aussi bien les bonnes que les mauvaises influences extérieures de pénétrer en nous. De sorte qu'ils ont à la fois un bon et un mauvais côté.

Pour un homme qui veut faire un choix entre les influences qu'il reçoit, c'est un avantage d'avoir ces gardiens. En revanche, celui qui veut accueillir toutes les influences, quelles qu'elles soient – car il est impossible de ne retenir que les bonnes – doit se libérer du plus grand nombre de ces gardiens, et pour finir les éliminer complètement.

Pour cela, il y a de nombreuses méthodes, et un grand nombre de moyens. Personnellement, je vous conseillerais de tenter de vous libérer, et cela sans échafauder de théories inutiles, mais à l'aide d'une simple réflexion, d'une réflexion active.

Par une réflexion active, la chose est possible. Mais pour celui qui n'y arrive pas, qui ne parvient pas à ses fins par cette méthode, il n'y aura pas d'autre moyen d'aller plus loin.

Prenons, par exemple, l'amour-propre qui occupe pratiquement la moitié du temps de notre vie. Si, du dehors, quelqu'un ou quelque chose a blessé notre amour-propre, la force du choc reçu ferme toutes les portes, nous coupant ainsi de la vie, non seulement au moment même, mais pour très longtemps.

Lorsque je suis en relation avec l'extérieur, je vis. Si je ne vis qu'à l'intérieur, ce n'est pas la vie. Mais tout le monde vit de cette manière. Quand je m'observe, je me relie à l'extérieur.

Par exemple, je suis assis ici. M ... est là, ainsi que K ... - nous vivons ensemble. M ... m'a traité d'idiot, je suis offensé. K ... m'a regardé de travers... Je suis offensé. Je « considère », je suis blessé, et je ne retrouverai pas mon calme ni mon équilibre avant longtemps.

Nous sommes tous aussi susceptibles, nous passons tous sans cesse par des expériences semblables. A peine une épreuve commence-t-elle à s'atténuer qu'une autre, de même nature, a déjà pris sa place.

Notre machine est ainsi faite qu'elle ne comporte pas d'aires distinctes pour des expériences simultanées.

Nous n'avons qu'une seule place pour nos expériences psychiques. De sorte que si cette place est occupée par des épreuves comme celles dont je viens de parler, il n'est pas question pour nous d'avoir les expériences que nous désirons. Car ces expériences, auxquelles devraient nous faire accéder certains comportements intérieurs, ne pourront pas avoir lieu, tant que les choses resteront ce qu'elles sont.

M... m'a traité d'idiot. Pourquoi serais-je offensé ? Je ne me sens pas offensé, de telles choses ne m'atteignent pas. Non que je n'aie pas d'amour-propre, j'en ai peut-être plus que n'importe qui. C'est peut-être cet amour-propre lui-même qui m'empêche d'être offensé.

Je réfléchis, je raisonne exactement à l'opposé de la manière habituelle. Il m'a traité d'idiot. Et lui, qui est-il donc ? Un sage ? Peut-être est-il un idiot ? ou un fou ? On ne peut pas attendre d'un gamin qu'il soit un sage. Je ne peux donc pas exiger de lui qu'il soit un sage. Son raisonnement était stupide. Quelqu'un lui aura parlé de moi, ou bien il s'est forgé lui-même l'idée que j'étais un idiot. Tant pis pour lui. Je sais bien que je ne suis pas un idiot, donc cela ne m'offense pas. Qu'un idiot m'ait traité d'idiot, cela ne m'affecte pas intérieurement.

Mais si, à un moment donné, je me suis comporté comme un idiot, et que quelqu'un me traite d'idiot, je ne suis pas blessé non plus puisque ma tâche est de ne pas en être un – je suppose que c'est là le but de chacun. Ce quelqu'un me rappelle donc mon but, il m'aide à voir que je suis un idiot et que j'ai agi comme un idiot. J'y réfléchirai, et peut-être que la prochaine fois je n'agirai pas
comme un idiot.

Ainsi, ni dans un cas ni dans l'autre, je ne suis blessé.

K ... m'a regardé de travers. Cela ne m'offense pas ; au contraire, j'ai pitié de K ... J'ai pitié de lui à cause du sale regard qu'il m'a lancé. Pour un sale regard il doit y avoir un motif. Quel motif peut-il bien avoir ?

Je me connais. Je peux juger d'après cette connaissance que j'ai de moi.

Quelqu'un a pu lui dire quelque chose qui lui a donné une fausse opinion de moi. Je le plains d'être esclave au point de ne me regarder qu'à travers les yeux d'autrui. Cela prouve qu'il n'est pas. C'est un esclave, donc il ne peut pas me blesser.

Tout cela comme un exemple d'une certaine manière de réfléchir.

En réalité, la cause secrète de toutes ces réactions réside dans le fait que nous ne nous possédons pas nous-mêmes et que nous ne possédons pas non plus de véritable amour-propre. L'amour-propre est une grande chose. Si l'amour-propre, tel que nous le considérons d'habitude, est une chose répréhensible, le vrai amour-propre, que par malheur nous ne possédons pas, est désirable et nécessaire.

L'amour-propre ordinaire est le signe d'une haute opinion de soi-même. Qu'un homme ait cet amour-propre, cela montre ce qu'il est.

Comme nous l'avons déjà dit, l'amour-propre est un représentant du Diable ; c'est notre pire ennemi, le frein principal à nos aspirations et à nos accomplissements. L'amour-propre est l'arme maîtresse du représentant de l'Enfer.

Mais l'amour-propre est un attribut de l'âme. A travers l'amour-propre on peut entrevoir l'esprit. L'amour-propre indique et prouve que l'homme est une parcelle du Paradis. L'amour-propre est Je, et Je est Dieu. Par conséquent, il est désirable d'avoir un amour-propre.

L'amour-propre est enfer, et l'amour-propre est paradis. Tous deux portent le même nom ; extérieurement ils sont semblables, et cependant totalement différents et opposés dans leur essence. Mais si nous regardons superficiellement, nous pourrons les regarder toute notre vie sans jamais les distinguer l'un de l'autre.

Selon une sentence très ancienne, « Celui qui a de l'amour-propre est à mi-chemin de la liberté». Pourtant, si nous prenons ceux qui sont ici, chacun d'eux est plein d'amour-propre à en éclater. Et en dépit du fait que nous regorgeons d'amour-propre, nous n'avons pas encore obtenu la moindre bribe de liberté. Notre but doit être d'avoir de l'amour-propre. Si nous avons de l'amour-propre, par cela seul nous serons libérés de quantité d'ennemis. Nous pourrons même nous rendre libres de ces deux ennemis majeurs – Monsieur Amour-propre et Madame Vanité.

Comment distinguer une sorte d'amour-propre de l'autre ? Nous avons dit qu'extérieurement c'était très difficile. La distinction est déjà très difficile à faire quand nous regardons les autres, et quand nous nous regardons nous-mêmes, c'est encore plus difficile.

Dieu merci, nous qui sommes ici, nous sommes à l'abri de toute confusion entre l'une et l'autre sorte d'amour-propre... Nous avons de la chance ! Le vrai amour-propre manque totalement, de sorte qu'aucune confusion n'est possible.

Au début de cet entretien, j'ai employé le terme de « réflexion active ».

La réflexion active s'apprend par la pratique. Il faut la pratiquer pendant longtemps et sous des formes très diverses.

George Gurdjieff



4ème de couverture :

Le nom de Gurdjieff est aujourd'hui reconnu comme celui d'un grand maître spirituel, tel qu'il en apparaît dans l'histoire de l'humanité, à des époques de transition. Voyant la direction que prenait la civilisation moderne, Gurdjieff s'était donné comme tâche d'éveiller ses contemporains à la nécessité d'un développement intérieur qui leur ferait prendre conscience du sens réel de leur présence sur terre. Les notes rassemblées dans cet ouvrage se rapportent à quelques-unes des réunions qui se tenaient chaque soir autour de Gurdjieff, quelles que soient les circonstances. Ces textes ne sont pas une transcription directe. En effet, Gurdjieff ne permettait pas à ses élèves de prendre des notes au cours des réunions. Quelques auditeurs prévoyants, doués d'une mémoire exceptionnelle, s'efforçaient ensuite de reconstituer ce qu'ils avaient entendu. Sans chercher à présenter une synthèse des idées développées par Gurdjieff - comme P. D. Ouspensky l'a tenté avec maîtrise dans Fragments d'un enseignement inconnu - ces notes, si incomplètes soient-elles, ont été reconnues par ceux qui avaient assisté aux réunions comme aussi fidèles que possible à la parole de leur maître. Ces comptes rendus sont précédés de trois autres textes de caractère différent. Lueurs de vérité, datant de 1914, est le récit que fait un élève russe de sa première rencontre avec Gurdjieff, près de Moscou, avant la Révolution. Les deux autres textes, datant respectivement de 1918 et de 1924, sont des conférences données par Gurdjieff.

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...