jeudi, novembre 22, 2012

Mourir en bonne santé




« Mourir en bonne santé c'est le vœu le plus cher de tout bon vivant bien portant. »
Pierre Dac



J'ai été et je suis encore, je crois, un homme vigoureux avec, mes amis me le disent tous, une grande capacité de résistance et beaucoup d 'énergie. La guerre me l'a à moi-même prouvé et écrivant Au Nom de tous les Miens, revivant les épisodes tragiques et violents que j'avais traversés, je m'étonnais moi-même d'avoir eu assez de force pour survivre. Mes parents m'avaient légué un magnifique « capital-santé » et mon père, les traditions de mon peuple qui m'avaient donné un « capital-énergie psychique ». Chacun de nous possède cet héritage plus ou moins important mais que trop souvent on gaspille. 

Après la guerre, quand j'ai rejoint les États-Unis, j'ai dû à nouveau me lancer dans de dures batailles que j'ai racontées aussi. Ici je veux dire que j'ai senti jour après jour que ma santé, mon énergie psychique s'épuisaient. Je vivais mal dans la grande ville agitée et comme c'est souvent le cas, pour résister à la fatigue, à l'usure nerveuse, je mangeais trop, je buvais trop, sans même réfléchir à ce que j'avalais. Je choisissais les plats les plus épicés, les viandes les plus rouges. J'avais besoin, imaginais-je, d'énergie, de force. Alors les digestions étaient lourdes. Je buvais des excitants pour me réveiller : alcool, café.

Un jour, quand j'ai connu ma femme, j'ai pris conscience de ce gaspillage que j'étais en train d'accomplir. Gaspillage irrémédiable puisque c'était celui de ma santé. Ma femme, elle aussi, était prise dans le même engrenage : vie trop rapide, ville trop dure, repas hâtivement avalés et le travail immédiatement après, nourriture choisie parce que nous croyions qu'elle nous apportait des calories que nous brûlions dans notre course. Quand nous nous sommes connus nous étions l'un et l'autre à ce moment où les jeux se décident. Nous avons eu de la chance. Je suis entré en clinique. J'ai commencé sous surveillance médicale un jeûne de trente-huit jours et j'ai maigri de 17 kilos. Ma femme a, elle aussi, suivi ce même régime. Et, alors que nous ne réussissions pas à avoir d'enfants, elle s'est trouvée rapidement enceinte.

Plus tard, dans ma maison, j'ai vécu avec la préoccupation de donner aux miens un « capital-santé-énergie-psychique » qui serait le plus beau des héritages. J'ai alors beaucoup réfléchi aux problèmes de l'alimentation de l'homme. J'ai lu les ouvrages de l'école hygiéniste américaine du Dr Herbert McGolphin Shelton et je me suis décidé à appliquer une stricte discipline alimentaire. J'ai compris que ce qui compte, ce sont les COMBINAISONS d'aliments au cours d'un repas. J'ai compris que la plupart des maladies sont moins provoquées par des microbes que par les toxines qui sont dans notre corps. Et ces toxines sont souvent le résultat d'une très mauvaise alimentation. Par la suite, après mon drame, j'ai été contraint de partiellement abandonner cette règle de vie.

Je ne veux pas la défendre ici. Elle est trop stricte pour vous — pour moi maintenant — parce que vous travaillez et vivez dans la ville, qu'il est difficile d'adopter un régime parfait auquel je crois, mais dont je sais qu'il est très malaisé de l'appliquer pour des raisons pratiques, financières et sociales. […]

J'ai voulu que vous sachiez que j'ai éprouvé dans ma chair, expérimenté, la suralimentation et le jeûne, que je sais la satisfaction que donne un bon repas, un alcool qui réchauffe. Tout cela paraît procurer la gaieté mais je connais aussi l'agilité de l'esprit, la légèreté, le sentiment de puissance intellectuelle et d'énergie qu'apporte une alimentation contrôlée, la purification de soi que représente un jeûne.

J'ai choisi entre la satisfaction d'une alimentation selon mon goût, selon l'humeur ou la mode et le plaisir vrai, profond, durable d'une alimentation réfléchie. J'en ai tiré profit. Je voudrais que vous partagiez cette expérience. Je voudrais réussir à vous convaincre ou à confirmer vos choix. […]

LE PREMIER PRINCIPE à appliquer est simple en apparence : NE JAMAIS MANGER QUE SI ON A VRAIMENT FAIM. Simple, pensez-vous. Mais réfléchissez : laissez-vous la faim vous prendre, ne consommez-vous des aliments que si elle est présente en vous, joyeuse de savoir qu'elle va être satisfaite ? Le plus souvent, il vous suffit de vous observer, de regarder autour de vous, pour découvrir que manger ne résulte pas seulement de la faim mais de l'habitude, du plaisir qu'il y a à consommer des aliments qui sont préparés, présentés pour exciter votre appétit.

Or, l'appétit n'est pas la faim. La faim — j'en ai connu d'extrêmes — c'est le vrai désir, le vrai besoin. C'est, en soi, une sorte de joie qui est présente dans le corps, une joie naturelle qui sait qu'elle va être satisfaite. L'appétit ce n'est que la bouche satisfaite. Écoutez-moi : je ne veux pas que vous vous disiez : « Mais à quoi bon vivre si peu à peu nos plaisirs disparaissent, s'il faut se refuser le plaisir de l'appétit, de la dégustation d'un mets de qualité. La vie n'est pas faite que de ce qui est seulement nécessaire. Le plaisir, celui de manger, cela compte dans une existence. »

Vous avez raison de penser cela. Il faut simplement que vous ayez conscience que vous devez établir un contrôle sur votre alimentation. N'oubliez pas que dans notre monde tout est tourné vers la vente. On cherche à aiguiser votre appétit, votre soif. On fait naître vos besoins, parfois de faux besoins, pour vous transformer en consommateurs, en acheteurs réguliers.

Ne vous laissez pas transformer en « machine consommatrice ». Ne soyez pas de simples appendices d'une chaîne qui vend et qui ne se préoccupe pas de savoir si ce qu'elle vous force à consommer est bon pour vous.

Prenez du plaisir Mais sachez où est le vrai, le profond, le durable plaisir. Il est dans la simplicité, dans la vérité des aliments. Dans leur combinaison, car notre estomac est comme une usine chimique et certaines associations d'aliments provoquent des réactions favorables ou défavorables à l'organisme. Quel est celui d'entre vous qui sait — et quel médecin le lui a dit ? — qu'associer les féculents et les protéines dans le même repas provoque des toxiques et rend difficile la digestion ?

Ceci dit, sachez vous donner des fêtes, régulièrement, mais ne devenez pas des esclaves d'habitudes alimentaires qui vous sont néfastes. Or, selon les derniers avis médicaux, l'homme occidental mange — quantitativement — de trois à cinq fois plus qu'il n'a besoin. Son corps est surchargé en poids, en calories. Ce corps est transformé en usine d'élimination. Il y a des surplus, des déchets qui peu à peu s'accumulent dans lês artères, qui deviennent des graisses sur le corps et dans le sang.

Comment s'étonner alors de ces nouvelles maladies qui durcissent les artères, qui provoquent des tensions trop élevées ? L'homme soumis à une civilisation brutale qui le force à accélérer les rythmes de sa vie, « consomme », charge de calories sa machine, s'alourdit, cherche dans les plaisirs de la table la fuite et de bien faciles satisfactions.

Car vous savez bien que souvent l'angoisse et l'inquiétude vous poussent à consommer. Manger, boire, être avide : c'est notre façon d'échapper à ce qui nous tourmente. Et cela exprime trop souvent notre « grande peur de manquer », cette terreur qui vient peut-être du fond des âges ; alors nous mangeons. Alors nous croyons avoir faim et ce n'est que de l'appétit. Nous imaginons que la soif nous tenaille et ce n'est que notre habitude de boire un « apéritif ». Combien de mes amis, sans raison aucune, dès qu'ils trouvent un prétexte, se servent une boisson, veulent que, en acceptant de boire avec eux, on leur donne une occasion de boire encore. On parle des drogues dures et on a raison, mais combien d'entre nous qui se « droguent » sans même le savoir : cigarettes, boissons alcoolisées régulièrement consommées et aussi pilules de toutes sortes : somnifères, tranquillisants, aspirine !

Je veux vous aider à retrouver votre équilibre. Et, au fond de vous-même, vous savez bien que vous le pouvez. Il ne faut pas que vous cédiez à la pression des autres, des habitudes. Il faut que vous vous repreniez en main et que vous ayez conscience que votre vie se joue aussi à la façon dont vous mangez. A la manière dont vous associez les aliments dans un même repas. Car vous ne pouvez mêler dans votre estomac, l'eau et le feu.

Ne dites pas : cela est ridicule.

Ne dites pas : mais alors .1a vie n'est plus qu'une suite de continuelles attentions, il faut veiller à chaque instant de son existence, où est le plaisir de vivre ?

Ne dites pas : je préfère faire ce que je désire et tant pis pour les risques.

Réfléchissez. Il faut que vous réussissiez à ajouter de la « vie aux années » et non pas des « années à la vie » comme le disait le Dr Alexis Carrel. Et cela vaut que vous preniez des attentions, que vous soyez conscient des risques que vous courez quand, de façon régulière, vous faites des excès alimentaires. Il faut, c'est le DEUXIEME PRINCIPE, que vous vous leviez de table sans avoir cette impression d'étouffement satisfait que donne le repas surabondant. IL NE FAUT PAS QUE VOUS MANGIEZ A SATIETE, jusqu'à cette lourdeur que certains appellent le plaisir des bons repas et qui est si néfaste pour la santé. Il faut, TROISIEME PRINCIPE, que LE REPAS ne soit pas un moment sans importance, il FAUT QUE VOUS LE PRENIEZ DANS LE CALME. Mieux vaut parfois ne pas manger qu'avaler trop vite des aliments incertains. Il faut, QUATRIEME PRINCIPE, que LA DIGESTION qui exige une immense dépense d'énergie nerveuse SOIT ENTOUREE DE REPOS. Il faut que vous sachiez, CINQUIEME PRINCIPE, SAUTER UN REPAS si vous avez mangé abondamment au repas précédent. Il faut, SIXIEME PRINCIPE, que vous n'oubliiez jamais que l'homme a besoin de FRUITS et de LEGUMES VERTS et, si vous le pouvez, commencez votre journée par une consommation de fruits.


Martin Gray, Les forces de la vie.



mercredi, novembre 21, 2012

Vous allez adorer la fin du monde !





Ouragan dévastateur, invasion extra-terrestre ou virus destructeur : dès aujourd'hui, "Vous allez adorer la fin du monde !", promettent le bouquet Canalsat et la chaîne de science-fiction Syfy. Les partenaires lanceront vers midi une chaîne éphémère 100% fin du monde, destinée à disparaître le 21 décembre. La Chaîne de la Fin du Monde diffusera en un mois "plus de 35 films", des séries, des documentaires et un magazine hebdomadaire présenté par Justine Fraioli.

La chaîne, accessible aux abonnés Canalsat et Canal+, s'ouvrira sur le canal 18, a précisé à Sipa la société NBC Universal, dont dépend la chaîne du câble Syfy. Quatre soirées cinéma thématiques viendront rythmer le mois spécial Apocalypse. Une "Soirée Virus" ouvrira le bal le 21 novembre, suivie notamment de soirées "Catastrophes", "Seuls au monde" ou encore "Invasion extra-terrestre".

André Manoukian "apocalyptiquement rock".

Chaque vendredi, dès le 23 novembre, Justine Fraioli sera aux commandes du Magazine de la Fin du Monde : 90 minutes de "conseils et techniques de survie" pour "résister à l'Apocalypse à travers des sujets et enquêtes inédits", précise la chaîne dans un communiqué de presse. André Manoukian y tiendra sa propre rubrique, Apocalyptiquement rock, "pour savoir quelle chanson écouter au moment ultime", précise avec humour un communiqué de la chaîne. Parmi les invités déjà annoncés, l'écrivain Bernard Werber et l'astrologue Elizabeth Teissier.

Chaque week-end, la programmation laissera place aux séries Survivors de Adrian Hodges et Invasion de Shaun Cassidy. Les prime-time du jeudi seront quant à eux réservés aux mini-séries Tommyknockers et Le Fléau, deux adaptations des célèbres œuvres de Stephen King.

Pour coller aux supposées prédictions du calendrier Maya annonçant la fin du monde, la chaîne éphémère s'éteindra dans la soirée du vendredi 21 décembre. Dernier pas vers l'Apocalypse à 20h45 avec Bugarach : L'ultime prime-time, présenté par l'humoriste et chroniqueur Mathieu Madenian et le show man Thomas VDB.

Chaque nuit pendant l'interruption des programmes, un compte à rebours s'affichera sur les écrans. Jusqu'à ce que mort s'en suive...

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mardi, novembre 20, 2012

Le Catholicisme face à l’homoconjugalité et l'homoparentalité


La double question de l'homoconjugalité et de l'homoparentalité déstabilise radicalement l'ordre socio-symbolique que le catholicisme a imprimé dans la culture de trois façons au moins.

— La première concerne la relativisation qu'elle opère des notions de «couple », de « mariage », et de « famille » reçues comme allant de soi dans notre société. Certes, Pierre Centlivres est fondé à souligner que l'anthropologie, loin de découvrir des lois universelles et invariantes qui gouverneraient, en leur principe, les rapports humains, « peut en revanche nous rendre attentifs à la très grande diversité des attitudes et des institutions qui organisent les relations entre les humains dans le monde ». « Elle permet ainsi, note-t-il, de relativiser des notions qui "vont sans dire", tels le mariage, la famille, l'amour même, ainsi que les rapports que ces notions ont — ou n'ont pas — entre elles : l'approche anthropologique fait éclater des entités qui sont en réalité des assemblages de valeurs et d'usages divers. » Mais cette relativisation anthropologique — elle-même «relativisée » par le puissant sentiment de supériorité que les sociétés occidentales ont d'elles-mêmes ! — opère de l'extérieur de notre propre société, en référence à des sociétés « différentes », mais lointaines, et aucunement menaçantes, en fin de compte, pour nos évidences partagées. La reconnaissance publique des couples homosexuels fait au contraire travailler cette relativisation à l'intérieur même de ces évidences. Elle fait voler en éclats la « naturalité » du couple hétérosexuel et de la « famille naturelle », et fait apparaître cette « naturalité » même pour ce qu'elle est : une construction sociale, politique et culturelle, qui a fourni au modèle catholique du mariage (longuement reconduit, sous une forme séculière, dans le droit civil) le dispositif de « sacralisation » (d'absolutisation) qui lui a permis de s'imposer comme la forme exclusive et universelle de l'institution du mariage.

— À ce pouvoir de déconstruction qui s'attache à la manifestation publique de l'existence d'une conjugalité homosexuelle, revendiquant d'être reconnue comme telle, s'ajoute une autre dimension qui touche à la « modernité » spécifique du couple homosexuel. Le couple homosexuel, dans la mesure même où il est complètement dépourvu de cette « évidence naturelle » que porte en elle-même la potentialité procréative (deux hommes, ou deux femmes, ne feront jamais un enfant ensemble), ne correspond, pour les deux personnes qui le constituent, à aucun destin inscrit dans leur physiologie. Il est tout entier, et exclusivement, du côté du désir et du choix d'un individu pour un autre. Le couple homosexuel pousse à la limite, si l'on peut dire, la définition moderne et même ultramoderne du lien conjugal comme pur consentement, continuellement renouvelable, qui vaut contrat entre deux sujets. On peut porter, sur cette contractualisation montante du lien conjugal, le regard que l'on veut : le problème ici n'est pas d'évaluer, mais d'identifier des tendances sociales. La reconnaissance des couples homosexuels s'inscrit dans une réorganisation globale de la conjugalité et du mariage, qui est une nouvelle donne de notre culture. Comme le souligne encore P. Centlivres, « dans l'Occident postmoderne, le mariage apparaît comme s'étant vidé de son "plein", peut-être trop plein : procréation, sexualité légitime, amour romantique, sociabilité conjugale sont disjoints. L'amour, après avoir intégré le mariage dans l'idéal des classes moyennes s'en sépare à nouveau dans de nombreux cas de figure ; il déborde le couple vers le multiple, le varié et l'exotique ; il se déterritorialise, en quête de l'exaltation de soi par la diversité, loin de l'attachement-contrainte. » Contrairement à ce qu'un courant catastrophiste, alimenté par la nostalgie d'un monde en ordre, ne cesse pas d'annoncer, cela ne signifie pas la fin des valeurs et l'anomie sociale, pas plus d'ailleurs que cela ne marque nécessairement un accomplissement de l'humanité. C'est une donnée de fait, susceptible de faire émerger des tendances sociétales contradictoires, qu'il faut identifier, évaluer et qualifier en termes politiques et éthiques. Ce qui nous intéresse ici concerne uniquement l'implication majeure de cette nouvelle donne culturelle dans le processus de l'exculturation du catholicisme.

— Cette exculturation se manifeste, de façon encore plus éclatante, avec la revendication des couples homosexuels d'accéder à la parentalité. Là encore, cette revendication heurte un familialisme catholique qui associe strictement la légitimité du désir d'enfant à la possibilité de procréer, dans le cadre seul autorisé du mariage. Cette problématique traditionnelle s'étaye du côté psychanalytique, de la démonstration de l'immaturité supposée de la demande homoparentale. Certes, il y a toutes les raisons d'interroger de façon critique la revendication actuelle d'un « droit à l'enfant », qui instrumentalise l'enfant à naître pour la satisfaction d'un pur désir d'accomplissement de soi et/ou d'ostentation sociale. Mais cette critique vaut aussi bien pour des couples hétérosexuels, non seulement dans les cas « d'acharnement procréatif », mais également dans des situations tout à fait ordinaires, qui témoignent néanmoins que l'enfant n'est pas voulu d'abord pour lui-même, mais pour la satisfaction narcissique des parents. Du fait de son caractère général, l'invalidation de la revendication homoparentale relève d'un autre type d'évaluation, qui prend en compte non le contexte psychologique et relationnel concret dans lequel s'exprime, au cas par cas, la demande d'enfant, mais les caractéristiques physiologiques, considérées comme déterminantes par elles-mêmes, des membres du couple. La démonstration ne peut donc pas dissimuler le simplisme biologique de la représentation de la différence des sexes qui la sous-tend. Elle manifeste, en même temps, la pauvreté de la conception de l'individu que cette biologisation induit. La revendication homoparentale est condamnée, dit-on, par « l'amour du même» qui unit ceux qui la formulent. Cette proposition suggère (et même affirme) que deux hommes qui s'aiment, ou deux femmes qui s'aiment, sont assignés — par leur constitution physiologique — à une irréductible «mêmetude » (si l'on peut s'autoriser cet affreux néologisme !).

Du point de vue de la définition, psychologique aussi bien que philosophique et politique, de l'individu comme sujet, ce point de vue mérite, à tout le moins, discussion. Mais il est curieux qu'il fasse l'objet d'un aval aussi immédiat, du côté des évêques instruits par leurs experts, au regard de la reconnaissance chrétienne de la singularité irréductible de tout individu, « créé homme et femme » (quoi qu'il en soit de son identité sexuelle biologique et anatomique) : l'affirmation de l'attention absolument spécifique que Dieu réserve à tout individu absolument singulier s'accorde mal — c'est le moins qu'on puisse en dire — avec la réduction biologisante (et in fine profondément matérialiste) de l'identité individuelle qu'implique l'argument avancé contre l'homoparentalité. Là encore, la question n'est pas de prendre parti en un sens ou un autre, mais de s'étonner de la fermeture a priori du débat théologique sur ce point, autant d'ailleurs que de la clôture dogmatique qui entoure les reprises séculières de cette négation de la singularité irréductible de tout individu, dont la notion de « sujet » est pourtant porteuse. En tout état de cause, le principal effet de la revendication homoparentale est, sur ce terrain comme sur celui de la définition du couple, d'obliger tous les couples à pousser dans toutes ses conséquences, la découverte proprement moderne que — quoi qu'il en soit de la manière dont on les fait (« naturellement», par procréation médicalement assistée ou par adoption légale) — les enfants ne sont nôtres que pour autant que nous les adoptons. Dans la mesure où la génération (physiologique) se trouve, dans le cas du couple homosexuel, radicalement disjointe de l'engendrement, la revendication homo-parentale manifeste ce fait majeur, qui trouve également toute sa portée dans la perspective du développement des procréations médicalement assistées : en matière de paternité et de maternité, la « reconnaissance » (comme choix et comme engagement) prime sur la biologie. [...]

On fera remarquer, non sans raison, qu'en campant sur ses positions traditionnelles en ces matières, le catholicisme, loin de s'automarginaliser, demeure au contraire en affinité avec les réflexes dominants d'une société qui manifeste, sur la question de l'homoparentalité, des résistances extrêmement fortes.

Danièle Hervieu-Léger, Catholicisme, la fin d'un monde.


L'androgynie sacrée



La photographie représente sainte Wilgeforte (XVIe siècle), église Saint-Etienne, Beauvais. Vierge portugaise crucifiée ; elle porte une épaisse barbe qui lui serait poussée après qu'elle eut implorée la Vierge de la préserver d'un mariage païen ! Cette fable rassurante ne masque-t-elle pas la représentation de l’androgynie du Christ ?

Jean Louis Bernard écrit : « L'Androgyne est un être fabuleux, fils d'Hermès et d'Aphrodite, réunissant les deux sexes. [...] Dans son sens profond, la fable désignait l'initié qui, s'identifiant à Hermès, épousait intérieurement la féminité cosmique ou divine, celle-ci mi-abstraite car n'existant que sur le plan de l'énergie – l'Aphrodite céleste. Par l'introversion (et non l'inversion), la force d'Eros reconvertirait son être intérieur, sublimant son anima ».


Catholicisme,la fin d'un monde
de Danièle Hervieu-Léger 

Dire que le catholicisme est en crise aujourd'hui en France apparaît comme une banalité. Et l'on invoque souvent pêle-mêle, à titre de description comme d'explication, les méfaits de la sécularisation, l'ostracisme des médias et le poids de l'histoire. Mais si cette crise n'était pas seulement due aux aléas de l'histoire et des temps ? S'il s'agissait d'une crise profonde, inéluctable, qui touche le catholicisme au cœur en ôtant toute légitimité à son discours sur l'homme, la nature, la vie en société ?
Après de nombreuses années passées à enquêter sur la religion et à proposer divers modèles d'explications des comportements religieux contemporains, Danièle Hervieu-Léger expose avec rigueur la conclusion de son analyse : Quoi que nous puissions dire ou penser, le catholicisme ne fait plus aujourd'hui partie des références communes de notre univers culturel français. Ses références et ses valeurs, ses représentations et son personnel sont sortis - ou en train de sortir - du champ social. Les conséquences de cette « exculturation » du catholicisme sont immenses. Danièle Hervieu-Léger nous fait prendre la mesure de cet événement historique majeur et interroge en finale les réactions - souvent peu appropriées du monde catholique à ce séisme culturel.


Danièle Hervieu-Léger, sociologue, dirige le Centre d'études interdisciplinaires des faits religieux à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. Ses ouvrages sur les mutations du phénomène religieux dans la société contemporaine font largement autorité.




lundi, novembre 19, 2012

Israël, État paria




« Un document supposé être confidentiel, élaboré par le Centre de recherche politique du ministère israélien des Affaires étrangères, a fait l'objet de fuites, en octobre 2004. Son contenu était explosif et remettait profondément en cause la poursuite de l'occupation des territoires palestiniens ou d'une partie d'entre eux en comptant sur le soutien américain.

D'après le rapport en question, cette stratégie conduit Israël dans une impasse. Les auteurs estiment, en effet, que l'État hébreu pourrait à terme entrer en confrontation avec l'Union européenne et devenir un véritable « État paria », comme le fut l'Afrique du Sud de l'Apartheid si le conflit avec les Palestiniens n'est pas résolu de façon satisfaisante et juste. Les analystes du ministère israélien appuyaient leur raisonnement sur l'hypothèse d'une montée en puissance, dans le concert international, de l'Europe alors que, simultanément, les États-Unis verraient leur influence internationale décroître. Acceptons-en l'augure. Si les vingt-sept pays membres de l'Union dépassent leurs divisions internes, et parlent d'une seule voix, leur influence globale pourrait s'accroître considérablement et se proportionner à leur puissance économique.

Les spécialistes israéliens en question ont paradoxalement une conscience plus fine et avisée des capacités d'intervention de l'Union européenne que de nombreux responsables européens eux-mêmes. Jusqu'ici, l'Europe s'est divisée sur les sujets de politique étrangère, comme, par exemple, la guerre d'Irak. Les chercheurs du ministère israélien des Affaires étrangères prédisent que, si elle fait entendre sa voix de façon plus accordée, elle pourra sans doute demander à Israël un plus grand respect des conventions internationales et limiter sa liberté d'action dans le conflit avec les Palestiniens.

Israël pourrait également payer le prix d'une compétition plus serrée entre les États-Unis et l'Union européenne. Si cette dernière et Israël ont des relations profondes et étroites dans le domaine du commerce et de la recherche scientifique, elles ont des opinions très différentes concernant les Palestiniens. Jusqu'ici, Israël a réussi à tenir l'Europe en dehors du volet stratégique et a préféré construire une alliance unique avec les États-Unis. Mais mettre tous ses œufs dans le panier américain pourrait conduire à son isolement. L'Europe ne peut plus être seulement considérée, au Proche-Orient et ailleurs, comme un grand marché avec lequel on fait des affaires. Et, même si l'Europe est le principal partenaire commercial d'Israël (40 % des importations d'Israël viennent de l'Union européenne, qui absorbe 30 % de ses exportations), les pays de l'Union n'accepteront plus longtemps d'être cantonnés dans un rôle de soutien financier ou technique. Ils ont un rôle à jouer dans la stabilisation du Proche-Orient et veulent le jouer. »

Pascal Boniface, Vers la 4e guerre mondiale.


Quelques années après la fuite de 2004, la crise financière et économique a terrassé l'Europe. L'Union européenne ne risque pas de s'opposer à l'État hébreu qui poursuit en toute impunité sa guerre contre la population de Gaza.



Vers la 4e guerre mondiale


En 2005, Pascal Boniface s'interrogeait sur cette 4e Guerre mondiale. Véritable guerre à mort contre le terrorisme planétaire que les néoconservateurs américains entendaient mener, au nom du monde civilisé, réuni sous leur bannière. 

Quatre ans après, le recadrage proposé par Pascal Boniface a montré toute sa pertinence et justifie qu'on s'y intéresse à nouveau dans cette édition mise à jour. 

Le Proche-Orient est plus dangereux et instable que jamais. Le fossé entre le monde occidental et le monde musulman s'est creusé. 
L'avenir de la sécurité internationale se joue toujours dans le conflit israélo-palestinien, dans cette zone devenue l'épicentre d'un éventuel choc des civilisations. Or rien n'est inéluctable. Il est encore temps d'arrêter l'engrenage qui menace de conduire le monde à la ruine. 

Un temps, l'élection de Barack Obama a redonné espoir au monde entier. Mais le nouveau président américain pourra-t-il résister au choc de la guerre de Gaza et réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué ?





Pascal BONIFACE est directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris, iris-france.org) et enseignant à l'institut d'études européennes (Université Paris 8).



samedi, novembre 17, 2012

France, immolation par le feu d'un moine bouddhiste



Photo de Jacques M.

Il y a 48 heures, un moine lamaïste d'origine britannique s'est immolé par le feu le jour où le Parti communiste chinois a annoncé la composition de la nouvelle équipe appelée à diriger la Chine (le 15 novembre 2012).

David Alain était le nom de naissance du moine âgé de 38 ans qui, après s'être aspergé la tête et les vêtements d'essence, s'est transformé en torche humaine dans les jardins du monastère de l'ordre Guéloug (bouddhisme tibétain) de Nalanda à Labastide-Saint-Georges dans le Tarn.

Jacques M. (voir le post précédent) connaissait bien le jeune moine, il le décrit ainsi : « J'avais effectué la retraite de YAMANTAKA en sa compagnie. Il était charmant, drôle comme savent l'être les sujets de sa Gracieuse Majesté britannique, vraiment génial. Pendant la retraite, il s'occupait des offrandes avec une profonde dévotion ; il en connaissait tout le rituel sur le bout des doigts et le respectait à la lettre." 

Pour les lecteurs de Bouddhanar, Jacques a communiqué une photographie qui montre David Alain (à droite) lors d'une puja du feu. Le feu est censé purifier les adeptes du bouddhisme tibétain de tous leurs actes nuisibles.

Quelles sont les relations entre Nalanda, où s'est suicidé le jeune moine, et l'institut Vajra Yogini ?

« C'est la même école, explique Jacques, la même affiliation à la FPMT . Le monastère (= ancienne bastide) et l'institut ( = château) sont distants d'à peine 10 km à vol d'oiseau de part et d'autre de Lavaur.

Au début, Nalanda se voulait un monastère (du grec monos = seul,) effectivement réservé strictement aux hommes tandis que Vajra Yogini accueillait les laïcs. Maintenant le "monastère" il convient maintenant d'ajouter des guillemets - sans doute pour amortir les frais de fonctionnement d'un temple à l'architecture japonisante (l'architecte a défroqué son chef-d'œuvre terminé) - accueille le public, dont des femmes, pour de longues sessions d'enseignement (elles doivent seulement résider à l'extérieur).

La différence est davantage entre un Institut franchouillard et un monastère plus ouvert sur l'international (le lama résident va parfois enseigner en Espagne, Ah, elles sont mignonnes les Espagnoles avec leur accent à faire sauter les boutons de braguette), à dominante néerlandaise (à commencer par l'Abbé : Tendar et la cuisine) ; l'anglais y est la langue officielle.

Les relations entre les deux sont moins harmonieuses, parfois les programmes se chevauchent (concurrence ?) ou on comprend mal leur localisation ici plutôt que là-bas. »


Tibet, près de 70 immolations par le feu




vendredi, novembre 16, 2012

26 personnes pour sauver le monde





Tel Jason enrôlant de courageux héros, le journaliste argentin Jorge Lanata a parcouru la planète pour trouver 26 Argonautes modernes. Il leur demande de venir au secours de l'humanité. Et, coquerico, l'un de ces héros est Français !

Notre gloire nationale vit à Katmandou dans un monastère où la tsampa et le chaï remplacent le pain et le vin. Plébiscité par Jorge Lanata, le moine le plus médiatisé de l'ordre Nyingma du bouddhisme tibétain, l'illustre Matthieu Ricard a répondu présent. A jour J moins 33, la grande peur du 21 décembre 2012 est désormais effacée, Matthieu est arrivé...

Pour Jorge Lanata, le moine français est l'homme le plus heureux du monde. L'art du bonheur de Matthieu Ricard sauvera-t-il l'humanité ? Qui en douterait ? Certainement pas Jorge Lanata, le journaliste le plus farceur du monde.

Liste des « Argonautes » : 

Eduardo Galeano - Mario Vargas Llosa - Zygmunt Bauman - Martin Amis - Lucy Hawking - John Carr - Carter Emmart - Jeffrey A. Hoffman - Matthieu Ricard - Manuel Lozano - Robert Gupta - Zachary Dellinger - Steve Lopez - Jimmy Wales - Juan Jose Millas - Andrea Fassina - Emmanuel Jal - Nicholas Negroponte - Miguel Brechner Frey - Abel Albino - Rosario Quispe - Boris Izaguirre - Nigel Townson - Sofia Roa - Fabio Gándara - Howard Gardner - Étienne Klein. Ils sont 27, il y a peut-être un Judas !




jeudi, novembre 15, 2012

Joyeuse conspiration






Auteur du texte intitulé « Les contes de fée du Tibet », une dénonciation du lamaïsme largement diffusée sur internet, Joël Labruyère traite dans cet article de la conspiration. Les médias officiels n'ont de cesse d'associer le mot « paranoïa » à celui de conspiration. Ils répandent ainsi l'idée que les personnes qui dénoncent les réseaux occultes œuvrant à l'avènement du nouvel ordre mondial ne peuvent être que des malades.

Propos en forme de sermon

Si l'on est sincère, on peut admettre sans difficulté que nous ne savons pas grand-chose de fondamental sur l'organisation du monde. La raison de cette ignorance repose sur notre déconnexion de l'univers. Nous sommes Out ! C'est là le grand secret qu'on veut nous cacher et dont sans relâche, des sages ont tenté de nous avertir au cours des âges. Mais il semble que nous soyons trop obtus ou que le tintamarre de la propagande nous empêche d'entendre la voix de nos Vrais Amis dont nous préférons adorer l'image plutôt que de suivre les judicieux conseils. Mais les faits sont tenaces. Pour ne citer que deux grandes figures Christ et Bouddha. Que sont-ils venus nous dire ? De nous libérer ! Radicalement.

Il n'est donc pas inutile de se rappeler que nous sommes coupés de la source de la vérité universelle. Nous ne captons plus. Si ce n'était pas le cas, nous n'aurions pas besoin de Messagers Divins pour nous remettre sur la voie. Aussi, toute démarche spirituelle digne de ce nom devrait avoir pour but de nous reconnecter à cette source de vérité.

En termes religieux, on appelle la rupture originelle la « chute », et au delà des mythes, c'est la raison pour laquelle nous sommes privés des informations essentielles et, par conséquent, du contact avec la source pure. Nous sommes débranchés du Vrai et livrés au Mensonge qui s'en donne à cœur joie.

Nous avons perdu la mémoire de notre origine, mais grâce au ciel, nous conservons encore la nostalgie d'une vie parfaite, d'un amour suprême et d'une sagesse insondable. Si nous aspirons à cette perfection, c'est parce qu'elle a sa racine en nous. Il y a donc un espoir.

Nous souffrons d'un manque et nous sommes poussés à le combler par des activités qui nous donnent l'illusion d'une vie authentique.

Nous souffrons beaucoup dans ce combat incessant qui va du berceau à la tombe. Nous recevons des coups et en donnons, alors que nous préférerions être remplis d'amour. Nous faisons ce que nous ne voulons pas.

Lorsque notre conscience s'éveille, on réalise que notre misère existentielle découle de nos propres erreurs, et que les ennemis extérieurs sont la projection de nos « démons » subconscients. C'est souvent pénible à admettre car il est difficile de comprendre comment nous nous sommes mis dans de telles difficultés, alors que nous désirons le Bonheur. Parfois, cela semble si inextricable qu'il est inutile d'en rechercher la cause dans le passé car on risque d'oublier que la vie nous offre une grâce salutaire dans l'instant.

Nous avons toujours le pouvoir de modifier la trajectoire de la destinée. Tout peut changer. Cela passe par une démarche intérieure : la vie spirituelle. Nous en avons tous une certaine pratique, quand bien même nous serions sur des chemins différents, sans référence avec une religion répertoriée dans l'annuaire. Nous sommes tous en chemin.

Certains cherchent l'absolu, la perfection et l'immortalité. D'autres, beaucoup plus nombreux, se contentent d'un art de vivre, sans se soucier de l’Éternité. Chacun fait ce qu'il peut à la mesure de la foi qui l'anime.

Nous sommes tous confrontés aux mêmes difficultés : névroses, résistances et illusions. Si les uns pensent que la solution est de reprendre contact avec le divin, les autres se contentent du train-train de plaisirs doublés d'inévitables revers. Et ils en redemandent.

Il y a des obstacles sur le chemin du bonheur, qu'il soit spirituel ou matériel — si toutefois le bonheur terrestre est possible dans un monde où tout ce qui naît doit mourir.

L'obstacle à notre émancipation réelle provient de la densité qui règne ici-bas, car la pesanteur nous oblige à des efforts disproportionnés par rapports aux résultats. Cela use le moral, rend malade et consomme toute notre énergie. Et la mort y met un terme. Les amoureux de la terre et de la matière aiment bien ce jeu, alors que les tempéraments « mystiques » s'y sentent mal à l'aise. Ils en souffrent même beaucoup.

Lorsque nos difficultés intérieures sont plus ou moins maîtrisées, on réalise que le monde environnant nous oppose une résistance énorme pour nous empêcher de sortir du cercle de ses limites. Le système nous tient. Il ne sert à rien de se faire passer pour un sage lorsqu'on est dans les chaînes de l'illusion. Il ne sert à rien de se mentir à soi-même, en s'imaginant être sauvé parce qu'une brise céleste nous a effleuré dans un moment de répit, alors que nous sommes plongés dans l'illusion des apparences.

Il faut apprendre à se connaître intimement, mais il faut aussi comprendre le milieu dans lequel nous vivons. Et cela est assez difficile.

Si l'on ne dispose pas de données exactes sur la situation dont on veut s'extraire, on risque de se tromper sur les issues de secours, car celles-ci pourraient n'être que des trappes au fond d'une impasse. C'est pourquoi, il est indispensable d'étudier le rapport des forces en présence. Hélas, notre éducation nous procure peu d'informations sur le monde et l'univers. Le système nous maintient dans les limites auxquelles notre ego s'identifie. Combien de fables ne nous a t-on pas racontées sur l'histoire de l'humanité ! Mais il faut malgré tout comprendre comment marche ce foutu monde.

Nous ne savons rien d'essentiel sur les hiérarchies qui entretiennent l'évolution de la planète, hormis les notions du catéchisme et les images d’Épinal de l'histoire officielle.

On ne nous apprend pas comment le monde fonctionne derrière les apparences. Sans aller jusqu'à évoquer la métaphysique, on ne sait à peu près rien sur la société ou les corps de l'état, et ce n'est qu'à l'occasion d'un drame que le citoyen découvre avec effarement où il a mis les pieds. Alors, il referme le couvercle. Les secrets de l'existence nous sont cachés. Seuls quelques rares chercheurs transmettent des informations intéressantes, mais qui y a accès ? Les braves gens ne supportent pas les informations sulfureuses, et il traitent ces « prophètes » d'oiseaux de mauvais augure, alors qu'ils creusent des galeries au risque de leur vie.

Toutefois, depuis quelques décennies, un courant d'information souterrain commence à émerger. Il se situe en dehors du contrôle officiel et, n'étant pas inféodé à une idéologie, il ne peut pas être récupéré aussi facilement. La recherche d'informations secrètes est née d'un besoin d'échapper à l'abrutissement de la pensée unique. Mais la vérité est difficile.

Étant comprimé, il est normal que le « conspirationisme » explose parfois en alertes apocalyptiques maladroites. Il faut trier.

On l'appelle conspirationisme car il postule que le monde est contrôlé par des puissances qui complotent dans notre dos. Qui peut le nier ?

Qu’est-ce que le conspirationnisme 

Issu de la mouvance alternative des années 60, le conspirationnisme est un antidote aux fausses évidences du « nouvel âge ».


Si quelqu’un vous parle de la conspiration mondiale pour vous vendre une solution miracle, c’est que vous avez affaire à un charlatan. Car il n’y a qu’un remède. Si l’on veut connaître la paix de l’esprit, on doit changer de conscience !

S’il y a un salut pour le monde, il réside uniquement dans notre capacité de mutation. Mais nul ne le fera pour nous, ni messie, ni avatar, ni extraterrestres, ni maîtres ascensionnés, ni pape ou grand lama…

Face à l’angélisme et à l’idéalisme, le conspirationnisme oppose des constats implacables. C’est à prendre ou à laisser.

L’idée d’une conspiration mondiale n’est pourtant pas nouvelle. On en trouve le modèle dans le Protocole des Sages de Sion qui, à la fin du 19ème siècle, exposait le plan d’un groupe « d’initiés » en vue de faire main basse sur la planète.


La Konspiration ?

La conspiration n’est-elle pas l’essence de la politique ? Si le plan de bataille n’est pas tenu secret, la guerre est perdue d’avance.


Toute entreprise de conquête – commerciale ou politique – nécessite une stratégie secrète, et une révolution a besoin de conspirateurs.

En politique, rien n’arrive au hasard, mais tout se prépare sur le long terme. Les habiles politiciens qui amusent la galerie en façade ne sont que des marionnettes. Cette assertion est l’une des plus importantes du conspirationnisme pour lequel les autorités sont les médiums des « forces noires ».


Etant donné l’état du monde et de la société, on constate que ces puissances n’ont pas en vue le bonheur de l’humanité, mais qu’elle l’exploitent depuis toujours. Cela nous est raconté par des mythes venus du fond des temps. Pour les anciens grecs, « l’homme est le bétail des dieux ». Dans le christianisme, Satan est le « prince de ce monde ». Pour les hindous, c’est l’illusion de Maya qui nous égare. Le « Prince » accorde des privilèges à ses régents et récompense ses serviteurs, les puissants de ce monde. Quoi de plus logique ? N’est-ce pas ainsi que les choses fonctionnent depuis toujours ? Comment est-il possible que nous ne l’ayons pas compris, et qu’à chaque élection truquée, nous faisions comme si c’était pour du vrai ? Nous avons la mémoire courte et une confiance naïve en l’autorité.

Nous avons besoin de déléguer notre pouvoir intérieur à une autorité, fut-elle corrompue et méprisable. Pourquoi ce culte de l’autorité ?

Pour notre défense, admettons que nous avons été conditionnés à nous soumettre par la violence et dans la terreur. Et les choses n’ont guère évolué. La terreur est aujourd’hui scientifique.
Comment ne pas voir que les maîtres du jeu décident de la paix et de la guerre, de la prospérité et de la famine ? Y a-t-il un seul d’entre nous qui aurait eu l’idée de greffer une cellule de scorpion sur un grain de riz ?

On n’a pas besoin d’être prophète pour deviner que le pouvoir terrestre est partagé par quelques groupes exclusifs. Celui qui a des yeux pour voir le comprend dès qu’il est en âge de réfléchir. Mais ce n’est pas facile à cause de la peur atavique qu’on nous a implanté dans une lointaine antiquité.

Les puissants qui s’agitent sous les projecteurs du monde, ont été choisis pour leur personnalité séductrice. On ne les prendrait pas pour des manipulateurs cyniques, adeptes de rites sataniques abjects. La corruption affairiste de façade nous cache le pire. Parfois, le masque des grands de ce monde tombe, mais les masses continuent à les protéger, car ce sont des divinités modernes. Les célébrités remplacent les dieux que le scientisme a évacués du ciel. Voyez l’adoration des stars, qu’on appelle des étoiles en raison de leur charisme luciférien.

Comme le temps bouleverse constamment la stabilité de leur empire, les maîtres du monde doivent s’organiser pour se maintenir durant les cycles de renouvellement des civilisations. Alors, ils inventent des stratégies pour assurer leurs arrières. Ils s’organisent, et vous en feriez autant. Ils négocient avec leurs rivaux.

Les hiérarchies qui contrôlent l’évolution terrestre ne sont concernées que par la survie des systèmes politiques, religieux et culturels. Elles les aménagent régulièrement afin d’en conserver le contrôle. Les maîtres du jeu maintiennent les choses en mouvement en alimentant un conflit perpétuel entre deux camps faussement opposés : les blancs et les noirs. La gauche et la droite. Diviser pour régner. Rien n’arrive au hasard. Tout est politique. L’histoire est scellée par l’exigence de survie des puissances parasitaires qui dominent le monde. Survivre ! C’est le cri qui résonne de haut en bas des plans visibles et invisibles.

C’est hiérarchies doivent se battre pour maintenir leur pouvoir. Or, cela ne leur coûte que notre sang et notre sueur. Et ils en disposent à volonté.

Aujourd’hui, c’est le nouvel ordre mondial qui les mobilise, et l’on entend le cri de ralliement des vautours de Babylone : « Paix et Sécurité ! Démocratie et Progrès ! » Ce sont les grenouilles de l’Apocalypse.

La situation sur notre terre est une anomalie. Des milliards de cœurs aspirent à un bonheur toujours inaccessible. Les maîtres du jeu l’ont compris. C’est pourquoi l’organisation de la civilisation est orientée pour stimuler cette soif de bonheur mais sans jamais y parvenir, bien évidemment. Car les conditions de la matière et de la dualité terrestre ne peuvent pas générer un ordre parfait. Depuis ces derniers siècles, les autorités ont lancé un programme de propagande fondé sur le mythe du « progrès » perpétuel. Avec le rêve du progrès, ils peuvent nous tenir longtemps en haleine. Toutefois, nous disposons encore de notre libre arbitre, bien qu’il soit prévu de nous transformer progressivement en robots. Dans ces conditions, on comprends qu’il n’est pas question d’imaginer un miracle ni un bouleversement qui modifierait radicalement les conditions terrestres.

Voilà pourquoi il est très important que chacun travaille à son émancipation individuelle car la mutation de la conscience est la seule manière de renverser l’oppression. Lorsque nous comprenons que nous devons changer de conscience, la force du changement est là.

Ce qu’il faut bien appeler l’incarcération terrestre nous est rendue acceptable par notre éducation qui nous cache le sens véritable de la vie. Or, dans l’univers éternel, la souffrance et la mort sont des anomalies.

Notre espérance réside dans la guérison de ces conditions morbides. Cela relève d’une révolution de la conscience et non d’une idéologie ou d’une utopie terrestre. Tous les maux et les problèmes trouvent une solution lorsqu’on se tourne vers la vie spirituelle.

On a vaincu le mal quand on a compris que la racine de la souffrance est en nous. Alors, on peut regarder le monde et ses dangers avec sérénité. Ce n’est certes pas joli à contempler lorsqu’on sait ce qu’ils font avec les OGM, mais cela devrait décupler notre désir d’élévation spirituelle. Si nous ne changeons pas intérieurement, rien ne changera, et si nous ne le faisons pas personnellement, personne ne le fera. Face aux conspirateurs du nouvel ordre mondial, devenons des conspirateurs célestes.  



mercredi, novembre 14, 2012

Comment Dieu disparut de Jorwerd




D’innombrables ouvrages ont été rédigés sur la transformation de la vie au village. Mais la manière dont « les forces du marché commencèrent à pénétrer dans la société civile et réduisirent à néant le domaine privé » (Barber) n’a peut être jamais décrite d’une manière aussi saisissante que dans l’ouvrage de Geert Mak, « Comment Dieu disparut de Jorwerd » (1996, traduit en allemand en 1999) un ouvrage entre temps devenu un classique.

Jorwerd est un petit village agricole de la province de la Frise, dans le Nord des Pays-Bas. Jusqu’à il y a quarante, cinquante ans, les fermiers contrôlaient le domaine central de l’économie, même si cette économie montrait une faible productivité. Cela commençait déjà au niveau de la famille :

« Les familles nombreuses classiques de paysans n’avaient pas la vie facile, mais elles avaient un gros avantage par rapport aux familles en ville : elles disposaient habituellement de leurs propres légumes produits sur place, de leur propre viande, de leur propre lait, beurre, fromage, œufs, pommes de terre, et pouvaient donc ainsi subvenir elles-mêmes à leurs besoins vitaux. » (p.23).

Ce qui devait être acheté en surplus (par exemple le café, le thé, le sucre, le savon) ne représentait pas une grosse dépense. Mais surtout, l’achat se décidait à partir du besoin bien déterminé. Et pourtant cela se modifia : « Jusque dans les années soixante, beaucoup de fermiers n’entraient jamais eux-mêmes dans un magasin. La situation de classe moyenne était chez elle. » Lors d’un entretien avec des villageoises plus âgées, celles-ci déclaraient: « Nous inscrivions dans un peut livre de comptes, ce dont nous avions besoin, mais pas plus. Le café, le thé, le savon qu’il fallait. Pour toute la famille, je n’achetais alors jamais plus que pour vingt marks par semaine. » (p.24). Ce système disparut irrémédiablement dans les années soixante-dix. les gens devinrent mobiles, la classe moyenne disparut à Jorwerd, la publicité et les bas prix des supermarchés dans la ville – désormais accessibles en voiture – modifièrent complètement les comportements d’achat.

Cela se produisit du côté de la consommation. Mais aussi, eu égard à la production, le contrôle s’en déplaça également vers l’extérieur. Car le progrès technique fit son entrée dans la ferme agricole. D’abord, surgirent les machines à traire et le tracteur remplaça le cheval. Ces investissements n’étaient pas encore de gros obstacles pour le fermier. Mais dans les années soixante-dix, cela aussi changea. Le réservoir à lait devint par exemple un standard : « les fermiers durent s’offrir de gros réservoirs à lait. Avant cela, on travaillait avec les bidons de lait démodés, qui étaient déposés le matin et le soir au bord de la route, afin que le camion de lait puisse facilement les prendre, une opération accompagnée du bruit et du claquement caractéristiques, pour les emporter vers les innombrables petites laiteries. » (p.94).

Le contrôle sur les circuits économiques se déplaça bien loin de la communauté locale. Des facteurs en provenance de l’extérieur, en particulier des découvertes techniques, jouaient désormais un rôle décisif. En outre, le fermier tombait dans la dépendance vis-à-vis des banques. Chez les fermiers de Jorwerd, l’acceptation du crédit amena dans les années soixante un changement de mentalité : « Pour beaucoup, les visites à la banque commencèrent déjà avec le premier tracteur, vers la fin des années cinquante. La plupart des fermiers ne pouvaient absolument pas payer comptant cet engin. Mais on eut besoin de plus en plus d’argent : pour des machines, des étables, pour des installations toujours nouvelles. Et lorsque, à partir de 1975, environ, l’argent de la laiterie, par l’intermédiaire du transporteur de lait, n’arriva plus sur la table de la cuisine (…) la banque prit une grande ampleur dans la vie des fermiers. » (p.95).

Les habitants de Jorwerd s’en remettaient de moins en moins les uns aux autres, mais de plus en plus à des gens extérieurs au village. Ce fut par exemple le cas du forgeron.

Le forgeron de Jorwerd était, comme les nombreux forgerons de village, un généraliste authentique. Il ferrait les chevaux, réparait les gouttières, posait les poêles, et même les réparations générales du tracteur ne lui posaient pas de difficultés particulières. Sur maintes voies ferrées de la Frise, circulaient encore par-ci par-là des Renault 4 réformées, qu’il avait astucieusement transformées en balayeuses des voies. Même sa Harley Davidson transformée en moto-balayeuse fut l’un de ses succès les plus exemplaires. Il aimait la technique de sa propre initiative, et cependant la technique se détacha finalement de lui. » (p.161 et suiv.).

« Chaque forgeron de village pouvait réparer sans problème les outils agraires les plus importants d’une ferme de 1970 : tracteurs, moissonneuses, outillages de traite, épandeurs à fumier et beaucoup d’autres encore. Pour les tracteurs et machines à traire qui apparurent sur le marché après 1970, cela ne valait plus. Elles étaient tellement bourrées d’électronique et de technologies, que seules des personnes jeunes pouvaient encore s’en sortir avec elles. Un forgeron ordinaire de l’ancienne trempe ne pouvait plus s’en tirer. Là aussi, les fermiers se retrouvèrent dans une dépendance toujours plus intense des forces économiques du monde extérieur. » (p.163). « Ainsi disparut à Jorwerd quelque chose qui, pendant des centaines d’années, avait fait corps d’une manière décisive à l’existence du fermier : sa propre économie à lui, à l’intérieur d’une plus grande. Les frontières entre les deux s’évanouirent, la digue de fidélités et de traditions se rompit de plus en plus, et tout d’un coup, le village fut entraîné et balayé comme s’il n’avait jamais existé. » (p.164).

Au moyen d’un contrôle modérateur sur l’économie, aussi bien sur le marché comme sur la production, l’État intervint en régulant – exactement comme le décrit Barber. Pour les fermiers de Jorwerd et ailleurs, l’introduction des contingents de lait fut une intervention extraordinairement couronnée de succès. En 1984, les ministres de l’agriculture européens décidèrent de limiter la production de lait. Chaque fermier ne fut plus autorisé qu’à produire une quantité déterminée. Chaque litre de lait, qui dépassait cette quantité, devait être sanctionné par une amende considérable. Il en ressortit des affaires de spéculation sur les quota de lait. Un fermier, à qui était permis une production de 250 000 litres de lait, obtenait de ce fait une droit de production d’un montant de 450 000 €, qu’il pouvait revendre. Par la suite, il y eut des quotas sur le fumier d’étable. Les éleveurs ne furent plus autorisés à dépasser une certaine quantité de fumier. Le marché spéculatif s’agrandit. Les éleveurs de cochons furent prêts à payer pour avoir le droit d’épandre leur excédent de fumier sur le terrain d’une autre ferme (p.105). Pour l’ensemble des relations sociales, il est très important dans ce contexte, qu’il s’agisse d’interventions qui n’ont pas la moindre influence sur le fermier particulier, mais qui agissent d’une manière décisive sur sa vie et en font de plus en plus une réalité virtuelle. Un fermier a récapitulé les effets de ces manœuvres de la manière suivante : « On n’est plus fermiers, on est producteurs. »

Cette perte, dans le contrôle de sa propre vie, ne fut pas compensée par plus de démocratie. La volonté de la population, de configurer sa propre communauté de vie, ne fut ni reconnue ni honorée. « L’État » veut une tutelle, même si cela est vraiment plus cher: « Alors que les journaux et la politique débordaient d’histoires « d’autonomie » et « d’entraide », la communauté utilisait d’une manière particulièrement rare, les possibilités, que le sens social villageois offrait encore dans la pratique. La plupart des grands changements à Jorwerd – le remblayage du port, la reconstruction – remontaient presque toutes à des suggestions des habitants eux-mêmes. Par la suite, c’est à peine si de telles initiatives se manifestèrent. Ainsi la route vers le champ « Kaat » n’était qu’un gros bourbier, mais un jour, Willem Osinga proposa de la remettre en ordre avec quelques volontaires en une paire de samedis après-midi – il y avait encore quelques pavés disponibles, et la communauté n’eût besoin que de livrer un charretée de sable —, mais cela ne se fit pas de cette façon. Plus tard, la communauté s’en est elle-même acquittée. Coût: trente mille Florins. « Avec cet argent, on aurait pu faire une foule de choses dans le village », bougonna Osinga. » (p.225 et suiv.).

Jos Verhulst et Arjen Nijeboer



Livre de Jos Verhulst et Arjen Nijeboer Démocratie directe, téléchargement gratuit.



Que sont devenus les paysans ? 

1950-2000, Jorwed, village-témoin 
Geert Mak 


L'agriculture européenne a changé davantage en quelques décennies qu'en vingt siècles auparavant. Sur fond d'exode rural, ce que nous voyons disparaître dans cet ouvrage aussi édifiant qu'essentiel n'est rien de moins qu'un mode de vie, fondé sur des acquis culturels immémoriaux.

Posant un regard attentif et sensible sur les phases successives de l'évolution d'un village du nord des Pays-Bas au cours de la seconde moitié du XXe siècle, Geert Mak nous montre, avec une belle puissance d'analyse et un sens de l'universel, comment la "révolution silencieuse" a consommé le déracinement de la société paysanne tout entière.

Qu'elle soit des Pays-Bas, de France ou d'ailleurs, la paysannerie a vécu partout les mêmes bouleversements technologiques et économiques, la même rationalisation implacable de ses outils de travail et de son imaginaire. Les conséquences de cette mutation, Geert Mak nous les commente sans nostalgie ni folklorisme, ce qui n'exclut pas chez lui une réelle empathie pour les personnages inoubliables qui peuplent son ouvrage, véritable roman historique. Et, page après page, nous ne voyons pas seulement disparaître les paysans, mais une partie de notre monde, un symbole, des valeurs, des souvenirs ; nous voyons, en quelque sorte, s'évanouir l'âme de notre société.




mardi, novembre 13, 2012

La Sagesse du Fou





« Des tibétologues payés par l'Etat et pourquoi pas des connerilogues grassement rémunérés !

« Il y a une école française de tibétologie. Deux chaires sont consacrées aux études tibétaines à l'École pratique des Hautes Études, trois équipes du CNRS comptent des tibétologues, cinq grandes bibliothèques de recherche en France possèdent des fonds tibétains importants. »  

Voici ce qu'a déclaré un de ces tibétologues :

« Nous sommes payés par la République pour enseigner, publier, apporter nos connaissances sur le Tibet et ses populations dont la culture singulière et d'un haut raffinement intellectuel est en danger, conséquence de la politique du gouvernement chinois depuis plus d'un demi-siècle. »

Bravo, s'exclame un internaute, pour le raffinement intellectuel des lamas tibétains ! »

Ce commentaire du post La conspiration cybernétique & le lamaïsme, mis en ligne hier, fait sourire les personnes qui connaissent la composition des pilules des 5 « nectars » (dont l’écœurante recette se trouve dans le Kalachakra Tantra), les pratiques de magie noire du Hevajra Tantra, les perversions sexuelles du Guhyasamâja Tantra, les rituels du 5ème dalaï-lama contenus dans un Vade-mecum diabolique, Le Manuscrit d'Or... Tous ces Tantras, où il est question de sexe, sang, sperme, excréments..., sont, aux yeux des tibétologues qui les traduisent, des textes raffinés...

Le post d'aujourd'hui débute aussi par une note d'humour, une petite histoire drôle proposée par Claude Louis Roudil :

Chez un commissaire priseur, on vend un perroquet aux enchères.

- 100 euros !
- 200 !
- 500 !
- 1000 !
(Etc...)

Au bout d'un moment, un homme emporte les enchères pour un prix exorbitant. Il s'adresse au commissaire priseur :

- Dites, votre perroquet, j'espère qu'il parle, pour ce prix ?

Et le perroquet répond :

- Qui a fait monter les enchères, d'après toi ?

Dans « La Sagesse du Fou », livre écrit par Claude Louis Roudil, le perroquet, le lion, le chat et l'aigle symbolisent quatre paliers d'évolution de l'homme.

Le perroquet. A ce premier stade, l'homme, « par nécessité ou pour sa survie, va reproduire des habitude et des modes de pensée ». […]


Le lion. « Le deuxième stade d'une logique évolution après avoir vécu une certaine accumulation de faits, d'idées, de principes, est « l'opposition » à ce trop plein de fausses évidences, associée à la recherche d'une indépendance », écrit Claude Louis Roudil. […]

Le chat. « A ce niveau on cherche encore l'indépendance mais aussi le calme, la sagesse et l'originalité. […] On ne fait pas faire ce que l'on veut à un chat, il n'obéit pas. » [...]

L'aigle. « Le quatrième niveau symbolisé par l'aigle est le stade ultime de sagesse non-duelle, de détachement et donc de liberté pour l'homme », précise Roudil.

La Sagesse du Fou nous fait sortir des marécages nauséabonds des pratiques magiques lamaïstes pour nous conduire jusqu'au plus haut niveau de la véritable spiritualité, l'espace infini non-duel symbolisé par l'aigle.

Ce livre est un manuel de sagesse qui peut s'ouvrir au hasard et chaque page délivre de précieux conseils inspirés en grande partie par le Ch'an/Zen, c'est-à-dire par un bouddhisme éloigné des sutras et des rites. Les racines du Ch'an/Zen plongent dans la grande simplicité philosophique de Lao Tseu, de Tchouang Tseu et du taoïsme originel.

A propos de conscience

« Pourquoi faut-il étudier la conscience ? Pour au moins trois raisons.

1) Parce qu'on ne peut pas échapper à soi-même. Parce qu'on ne peut fuir sa conscience. Partout où l'on va on l'emmène avec soi. Le naïf garde son innocence qu'il soit à Paris ou à New York. Le craintif traîne son angoisse et sa peur partout où il va. L'intellectuel emporte avec lui son savoir et ses conclusions. L'homme ordinaire traîne avec lui ses opinions et préjugés. Le passionné obéit partout à ses désirs et l'obsédé ne peut se séparer de ses fantasmes. Quant à l'homme simple, il garde sa modestie où qu'il aille.

2) Parce que nous touchons ici au cœur du fonctionnement de notre être. Si nous comprenons comment agit la conscience nous pouvons faire un pas de géant dans la connaissance du monde et de nous même car nous n'en sommes pas distincts. La conscience contient toute l'histoire de l'humanité. Tout phénomène n'a de sens que par la conscience.

3) Enfin, parce que l'action de l'homme dépend de sa lucidité. Lorsqu'il est parfaitement conscient, son action est correcte mais lorsqu'il est leurré par un phénomène mental, il s'égare. C'est par la connaissance de soi donc par la capacité qu'a la conscience de s'observer et de se reconnaître que l'homme peut comprendre l'origine et les motifs de son action. À l'inverse, ignorer sa conscience et son fonctionnement équivaut pour lui à vivre en fermant les yeux, donc à rester dans l'ignorance. »

Claude Louis Roudil, La Sagesse du Fou.



La Sagesse du Fou

Le « Je pense donc je suis. » de Descartes n'est valable que si je m'identifie à mes pensées. Mais si tel n'est pas le cas, alors que suis-je ? Je ne suis rien ? Pas tout à fait puisque l'être est toujours présent. L'être est là, c'est sa fonction ! Qu'est-ce que l'être ? Pour comprendre l'être il suffit de laisser passer ses pensées, sentiments et sensations comme dans la méditation bouddhiste Zen. Si l'on ne s'y accroche pas on réalise la vacuité de la forme. Rien n'existe « en soi » tout est impermanent et interdépendant. L'être est un ciel sans nuages. Il n'est qu'une transparence au-delà des apparences. L'être est cette non-entité toujours présente en nous. "Si tu ne trouves pas la vérité à l'endroit où tu es, où espères-tu la trouver ?" (Maître Dogen)


Editions Charles Antoni, L'Originel


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Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...