lundi, octobre 22, 2012

Les sociétés secrètes, le Tibet & Hitler



La guerre de Shambhala

Dans une vidéo intitulée « La vérité sur Adolf Hitler », le néonazi Vincent Reynouard dit : « Hitler était un génie du bien. (…) Le national-socialisme : un paradis... » ( La vidéo est censurée par You Tube mais pas par Dailymotion.) Reynouard participe à l'entreprise de relèvement du nazisme qui touche l'édition, une certaine presse et surtout Internet.

Depuis des décennies, des individus répandent l'idée qu'Hitler était un maître spirituel, un authentique initié. Savitri Devi, de son vrai nom Maximine Portas, voyait en lui le terrible Kalki annoncé par les textes sacrés hindous. Kalki est l'incarnation guerrière du dieu Vishnou qui doit mettre fin à l'actuel cycle de décadence et rétablir l'âge d'or en exterminant les ennemis de la « bonne loi ». Ce thème guerrier est au cœur de l'initiation de Kalachakra délivrée par le dalaï-lama lui-même. Pour les initiés de l'école tibétaine, Kalki devient Raudra Chakrin et c'est le vingt-cinquième roi de Shambhala.

Selon plusieurs auteurs, des sociétés secrètes, notamment une mystérieuse loge tibétaine, ont déterminé le destin de l'Allemagne et de l'Europe durant la première moitié du 20e siècle. Aujourd'hui, ces société secrètes influencent-elles l'Union européenne ? Nous voyons bien que l'Europe actuelle évoque d'avantage un ordre synarchique qu'une construction démocratique.

Mais revenons au 20e siècle. « Nous sommes à Paris en 1929, écrit Jean-Michel Angebert, au n° 36 de l'avenue Junot. Montons l'escalier de ce bel immeuble et arrêtons-nous au palier du premier étage. Nous voici dans l'appartement qui tient lieu de temple et de sanctuaire initiatique à la mystérieuse et très restreinte Société des Polaires, dont le nom rappelle curieusement les préoccupations hyperboréennes d'un certain parti extrémiste d'outre-Rhin.

Que recouvre au juste ce nom étrange, et d'abord, quelle peut être l'origine de ce groupe occulte ? Pour expliquer la genèse de cette troublante affaire qui nous entraînera fort loin, il faut remonter à l'année 1918, la même qui vit Adolf Hitler se lancer dans l'agitation politique.

A cette époque, un certain M. A... d'origine italienne, très versé dans l'ésotérisme, et de son métier directeur d'une importante firme industrielle, fit la connaissance d'un mystérieux personnage dont il vaut mieux taire le nom. La rencontre eut lieu en Égypte, terre prédestinée aux échanges magiques, s'il en fut.

Voici ce qu'apprit M. A... : lors d'un séjour en Italie, en 1908, notre personnage, que nous appellerons pour plus de commodité M. X..., eut la chance de rencontrer, dans un petit village de la région de Viterbe, un envoyé de la « Grande Loge blanche » du Tibet, plus connu dans le pays sous le nom de « père Julien ». Cet ermite peu orthodoxe vivait en marge des habitants du village avec qui il frayait peu et se faisait remarquer en n'allant pas à la messe... et pour cause, ajouterons-nous ! Cet homme, par son origine, disposait de grands pouvoirs. Il se présenta comme un envoyé de la Fraternité d'Héliopolis, cette confrérie de sages composée d'authentiques Rose-Croix, c'est-à-dire d'hommes ayant atteint le degré suprême dans la hiérarchie spirituelle. Ce « maître » eut tellement confiance dans son interlocuteur qu'il alla jusqu'à lui confier une méthode secrète de communication avec les maîtres de sagesse du Tibet groupés dans la loge de l'Agartha, cette cité mystique située au cœur de l'Himalaya, à l'abri de toutes investigations des profanes, et guidant les « grands» de ce monde dans leur tâche écrasante auprès des peuples de la Terre.

Cette méthode, M. X... avoua l'avoir expérimentée avec succès : il s'agissait d'une forme de communication télépathique transmise par le biais de l'écriture : véritable code cryptographique analogue à celui qu'utilisent les services secrets. Les messages ainsi transmis devaient, pour devenir intelligibles, être traduits au moyen d'une « clé » chiffrée dévoilée par le père Julien. Le nom de ce procédé éclairera peut-être le lecteur féru de sciences occultes, puisqu'il s'intitulait ORACLE DE FORCE ASTRALE. Le premier essai de communication révéla que le « maître » Rose-Croix « avait regagné son couvent de l'Himalaya ». Pressé de questions, l'oracle voulut bien dévoiler que le « centre ésotérique rosicrucien de l'Himalaya)) jugeait opportun de voir se constituer « l'avènement de l'esprit sous le signe de la rose et de la croix ». A cette fin devait se reconstituer la vieille FRATERNITE DES POLAIRES.

Les Polaires sont les continuateurs de la tradition boréale. A travers les siècles, ils se sont divisés en trois branches qui ont pris trois noms différents. Pendant un certain temps, le vieux tronc a continué à vivre, dédaignant tout pouvoir, toute évolution. Les derniers Polaires Rose + Croix furent obligés de se retirer en Asie. Maintenant, les POLAIRES SE REFORMENT ET REVIENNENT SUR LA SCENE DU MONDE.

Or, que se passe-t-il en Allemagne en 1929 ? Hitler, le « favori » du groupe Thulé, le disciple de Hörbiger et de ses théories de la GLACE, est en train de remporter un immense succès auprès des foules, et, bientôt, le 14 septembre 1930, cent sept députés nazis entrent au Reichstag. La croix gammée étend son ombre sur l'Allemagne, centre de l'Europe et pôle mystique d'innombrables sociétés secrètes. Mais, pour les Polaires, il s'agit de faire vite :

« Car les temps sont proches, disent encore les sages, où les verges de feu frapperont à nouveau certains pays de la Terre, et il faudra alors reconstruire tout ce que la soif de l'or et l'égoïsme de l'homme auront contribué à détruire. »

On pense immédiatement à la Seconde Guerre mondiale et à son cortège de catastrophes, et cette prédiction n'est pas la moins inquiétante.

Les sages qui dictent ces conseils sont, selon leurs propres dires, au nombre de trois. Ils s'intitulent eux-mêmes les « trois petites lumières », par rapport aux grandes lumières que sont les BODHISATTVA et qui participent de l'illumination suprême du Soleil noir. A la tête de ces « trois lumières » serait placé un « chevalier sage », un Occidental — retenons bien ce mot — qui s'appelle lui-même CELUI QUI ATTEND... Le pouvoir temporel, sans doute (estimerons-nous), afin de réunir dans ses mains le glaive de l'action et le glaive de l'esprit. Hitler, en tout cas, n'agira pas autrement, en se proclamant le chevalier de la nouvelle Allemagne destiné à instaurer un règne de mille ans.

C'est pourtant à Paris que se noue l'intrigue. De hautes personnalités bien connues des milieux ésotériques mordent à l'hameçon et s'enthousiasment pour les Polaires et leur « oracle de force astrale ». Parmi ces occultistes distingués, on retrouve les noms de René Guénon, champion de la GRANDE TRADITION HYPERBORÉENNE, Jean Marqués-Rivière et Fernand Divoire, alors directeur d'un très grand quotidien parisien. Si l'on ajoute à ce triumvirat le nom de Maurice Magre, l'écrivain inspiré et le chantre de l'épopée cathare, nous aurons fait un panorama complet des personnages plus ou moins compromis avec le groupe qui nous intéresse.

Les choses ne devaient pas en rester là, puisque M. A... décida de révéler dans un livre une partie du message des Polaires. A cette fin, il adopta le pseudonyme de Zam Bothiva et publia, sous le titre significatif d'Asia mysteriosa, le contenu de ses méditations. Fernand Divoire, Jean Marqués-Rivière et Maurice Magre fournirent tous les trois d'élogieuses préfaces. Il est intéressant d'en citer quelques extraits :

Pour Maurice Magre :

« L'existence de cette confrérie qu'on a appelée tour à tour l'Agartha et la Grande Loge blanche est connue depuis bien longtemps, sans qu'elle soit cependant prouvée par ces « preuves matérielles » dont est avide l'esprit occidental. C'est pour l'atteindre qu'Apollonius de Tyane (cet initié du Soleil) se rend dans l'Inde, dans ces montagnes « où les arbres ont des pommes de couleur bleue, comme le calice de l'hyacinthe ». C'est d'elle qu'il reçoit la mission pour laquelle il parcourt les rivages de la Méditerranée et qui lui fait dire : « Je me souviens toujours de mes maîtres et je voyage à travers le monde, enseignant ce que j'ai appris d'eux. » Christian Rosenkreutz, dont on ne sait presque rien, si ce n'est qu'il est allé chercher en Orient le message de vérité, semble ne s'être mis en marche de son monastère d'Allemagne que pour communiquer avec les maîtres, dont il connaissait l'existence par une ancienne tradition et dont il rencontra les envoyés à Damas. »

Et Jean Marques-Rivière déclare pour sa part au sujet du retrait des « maîtres en Orient » et de leur retour possible :

« Il est dit par une tradition constante que les derniers représentants de ces centres occidentaux, dont l'aspect extérieur a été souvent décrit sous le nom de ROSE+CROIX, s'enfuirent en Orient à cette époque XVIIIe siècle) ; il est dit également qu'ils s'établirent en Asie centrale abandonnant « pour un temps », l'Europe à sa misère. »

Et l'écrivain s'interroge : « Le temps est-il révolu ? »

Asia Mysteriosa paraît en 1929. A la même date s'installe à Berlin un moine tibétain surnommé « l'homme aux gants verts », par allusion à l'énigmatique « Société des Verts » à laquelle il aurait appartenu. Ce lama, qui rencontra plusieurs fois Hitler, annonça avec une étonnante précision le nombre de députés nazis devant être élus au Reichstag. « L'homme aux gants verts », chuchotait-on parmi les « initiés » hitlériens, était un envoyé de l'Agartha. Le réseau qui devait couvrir l'Europe commence dès lors à se tisser. [..]

Les Polaire doivent travailler activement à préparer la venue de l'ENVOYÉ : « Travaillez avec acharnement et ténacité jusqu'à ce que vous connaissiez « Celui qui attend »... Aujourd'hui il est inconnu et lointain, mais demain ce sera un GRAND de par la volonté du Très-Haut. » (En 1925, Hitler, inconnu en France, purge une peine de prison dans la forteresse de Landsberg.)

« Il ne pouvait pas y avoir de doutes possibles, affirme Zam Bothiva : l'homme envoyé par l'Inconcevable et Celui qui attend » étaient deux définitions de la même entité. »

Zam Bothiva et ses amis brûlaient de connaître « homme providentiel ». Il leur fut répondu simplement : « Beaucoup et beaucoup de lunes passeront avant que vous ne rencontriez Celui qui attend.» Évidemment, ON NE POUVAIT PAS DÉVOILER L'IDENTITÉ DU MAÎTRE.

Les « trois petites lumières » du Tibet voulurent bien préciser, toutefois, que Celui qui attend ne serait pas le futur MANU de l'humanité. Expliquons-nous : en théosophie le MANU est « l'intelligence qui doit présider au prochain cycle humain et lui donner sa loi » et qui, dans aucun cas, ne saurait être un homme.

Il ne s'agirait donc que d'une « petite lumière », terme qui s'applique exactement à l'« initié » Adolf Hitler, « guide de la race aryenne pour le présent cycle ». [...]

Après la publication de ce livre (Asia Mysteriosa), il ne restait plus qu'à organiser la « secte » autour de la révélation oraculaire : ce qui fut fait.

Zam Bothiva devint le chef du groupe très fermé des Polaires, les douze articles des statuts véritables restèrent secrets « à cause de leur caractère ésotérique ». Pour être Polaire, il fallait être possesseur des « vibrations rouges », seules susceptibles d'établir la communication avec l'oracle du Tibet, c'est du moins ce que laissait croire le guide de la « Fraternité ».

On choisit également, ainsi le voulait l'oracle, un grand maître de l'ordre secret... Le premier à occuper ce poste fut un prélat de haut rang, camérier secret de Pie XI et Polaire de la première heure. Cet ecclésiastique peu orthodoxe eut une très belle carrière, puisqu'il finit à la Curie romaine. Ce que l'histoire officielle ne dit pas, c'est qu'il portait, sous l'habit rouge de cardinal, une croix gammée en sautoir.

Lui succéda un évêque de l'Église cathare et gnostique et enfin un prince cambodgien très versé dans la magie.

Ajoutons, pour en terminer, que Zam Bothiva, très porté vers le catharisme, explora le château de Montségur dans l'espoir secret d'y retrouver le Graal ; il était accompagné d'une dame affiliée à l'Église gnostique, descendante de l'albigeoise Esclarmonde de Foix. Le fondateur de la Fraternité des Polaires rencontra-t-il Otto Kahn, cet envoyé du sacré collège hitlérien », lors de son voyage dans le pays cathare ? Nous ne saurions l'affirmer, quoique la chose n'ait rien d'invraisemblable si l'on songe que Rahn était un ami de l'instituteur Gadal, spécialiste du catharisme ésotérique, et membre de la Rose+Croix (2), initiation dont se réclamaient les Polaires. Les Pyrénées et le château de Montségur auraient été dans ce cas un lieu de rencontres mystérieuses entre les diverses mailles du filet occulte qui se resserrait sur l'Europe sous le signe de la croix gammée. »

Jean-Michel Angebert


(1) "La « Rose + Croix d'or », pour être précis, affiliée à la Golden Dawn britannique", ajoute Jean-Michel Angebert.

Un maître de la Rose-Croix d'Or, Jan van Rijckenborgh (1896-1968), est l'auteur de Lumière sur le Tibet. Lumière sur le Tibet est un texte écrit par un iconoclaste qui n'hésite pas à démolir le mythe du Tibet, pays sacré de prétendus maîtres bienveillants et protecteurs de l'humanité des fables théosophistes. Jan van Rijckenborgh n'est pas un provocateur en mal de publicité. Il est crédité d'une étonnante faculté de clairvoyance, l'éclairage qu'il apporte sur le Tibet semble sincère. Toutefois, Rijckenborgh a recours à une phraséologie ésotérique qui déconcertera les personnes qui ne se sont pas familiarisées avec ce genre d'écrits. En réalité, Lumière sur le Tibet ne s'adresse pas à un large public, c'est un document interne, dactylographié et ronéocopié (le Ronéo est l'ancêtre de la photocopieuse).

Bouddhisme tibétain et nazisme, le cas Jean Marquès-Rivière :

dimanche, octobre 21, 2012

SIAL, mon cancer !




Le Salon international de l'agroalimentaire (SIAL) s'ouvre aujourd'hui à Paris (du 21 au 25 octobre). Il est boycotté par l'Association nationale des industries alimentaires (ANIA) qui ne digère pas une nouvelle taxe sur la bière.

Des scientifiques ont démontré le rôle de l'alimentation dans la genèse de nombreux cancers et de beaucoup de maladies. Ce n'est pas une simple taxe sur la bière qu'il faut imposer aux industriels de l'agroalimentaire, un gouvernement légitime (du peuple par le peuple) leur aurait présenté la facture de toutes les maladies occasionnées par la malbouffe.

Il y a quelques mois, sans doute sous la pression du lobby agroalimentaire, la Commission européenne a proposé de lever partiellement (pour commencer) l'interdiction des farines animales.

Souvenez-vous, les farines animales étaient responsables de la maladie de la vache folle. « Spielberg ou Stephen King n'auraient pas fait mieux, écrit le docteur Frédéric Saldmann. Exercice pratique pour une science-fiction qui tourne au reality show : imaginez un minuscule détail capable de créer une menace qui toucherait tout le monde. Par exemple, tout le monde mange du bœuf. Imaginez une contamination, mortelle pour l'homme, de la viande de bœuf par un agent infectieux virulent. Par exemple, un prion. Faites le lien avec une maladie connue sous un nom savant, Creutzfeld-Jakob. Une maladie horrible, qui transforme notre cerveau en éponge. Une maladie sans traitement ni vaccin. Une maladie que les médecins ne savent même pas détecter avant son apparition. C'est-à-dire avant qu'il ne soit trop tard. Une maladie qui vous condamne à mort sans autre forme de procès.

Évoquez la menace d'un lien probable entre cette maladie et la consommation de viande de bœuf. Entre l'horreur et le quotidien. Racontez alors comment l'homme a rendu les vaches cannibales en les nourrissant de farines animales. Mais, direz-vous, pourquoi rendre ces gentils herbivores complètement carnivores ? Pour une très bonne raison : les protéines des farines animales accroissent la production de lait de la vache. Notre brouteuse d'herbe donnait en moyenne 2 500 kg de lait par an. Elle atteint 5 000 à 7 000 kg de lait par an avec une alimentation complémentée en protéines. Expliquez enfin comment les farines animales sont faites à partir de ce qui reste des carcasses de mouton et de bœuf une fois que le boucher s'est servi. La part de l'équarrisseur qui a trouvé là un moyen judicieux de se rembourser du service qu'il rend gratuitement à la communauté en la débarrassant de ses déchets de boucherie et des animaux morts de vieillesse ou — c'est là où le bât blesse — de maladie. Faites une parenthèse technique pour expliquer que, dans l'idéal, ces farines devraient être chauffées pendant vingt minutes à une température d'au moins 133° C et sous une pression de trois bars, le triple de la pression atmosphérique normale, pour être sûr de les stériliser à fond. Évoquez alors les problèmes de chauffage de nos voisins anglais. Ils ont distribué aux vaches européennes des farines mal chauffées, infectées par les prions de l'ESB, l'encéphalopathie spongiforme bovine, imitation bovine de la tremblante du mouton. Une maladie qui se caractérise par une dégénérescence du système nerveux et que les vétérinaires connaissent depuis deux siècles et demi. Concluez en disant : « C'est ainsi que les vaches sont devenues folles. »

Un trait de génie, ce nom de « vaches folles ». Car, si c'est le bœuf qui nous rendra tous fous, c'est la vache folle qui nous a tous affolés. La brave vache de nos prairies, figure débonnaire et rassurante de notre imaginaire agricole. Celle que nous avons tous gardée ensemble. La vache nourricière qui nous prodigue son lait, nous donne ses veaux, et, un peu plus loin, la viande de bœuf. Car la vache n'est pas un animal d'abattoir. C'est une brave bête que nous n'avons pas besoin de tuer pour obtenir de quoi manger. L'animal écologique par excellence. Et voilà que l'homme l'a rendue malade et folle au risque de devenir malade et fou lui-même. »


Dr Frédéric Saldmann, Les nouveaux risques alimentaires. 









samedi, octobre 20, 2012

La récupération individuelle





Peut-il exister une société vraiment juste ? Je ne sais, je me contente de l'espérer. Ce que je sais, par contre, c'est que la nôtre a érigé l'injustice en système. Comment peut-on oser parler de justice alors qu'il existe des riches et des pauvres et que la loi, ainsi que les tribunaux, s'efforcent de préserver les privilèges des premiers ? Comment peut-on oser punir de prison les menus larcins alors que notre système social et économique repose sur l'exploitation de l'homme par l'homme ? De quel droit appelle-t-on délit le fait de soustraire un objet, et honnête activité le fait de ne pas payer à son prix normal le travail d'un ouvrier ? La sueur de l'homme et son ennui devant la machine vaudraient-ils moins que ce qu'il produit ?

Dois-je avouer que, personnellement, lorsque je lis dans mon journal qu'un cambrioleur d'occasion a réussi à dérober dans un luxueux appartement un tableau de maître, des bijoux et des fourrures, j'ai tendance à penser qu'il n'a fait que procéder à une sorte de récupération ? (La reprise individuelle d'Élisée Reclus) Ce que je n'aime pas, par contre, c'est que les pauvres se volent entre eux, mais, malheureusement, c'est ce qui se produit le plus souvent, car la fortune des riches, comme tout ce qui est mal acquis, est trop bien gardée pour qu'on puisse s'y attaquer.

Que l'on ne vienne pas me faire un mauvais procès en me disant qu'il y a des riches honnêtes, qui ont amassé leur fortune peu à peu, à la sueur de leur front. Personne, par son seul travail, ne peut devenir vraiment et « honnêtement » riche. C'est en faisant trimer les autres et en ne rétribuant pas leur travail au prix qu'il vaut, ou en vendant des produits à un taux nettement supérieur à leur valeur, que l'on peut faire fortune. Comment appeler cela autrement que du vol ou de l'escroquerie ?

Oh, bien sûr, il y a des degrés et c'est sur ces nuances que joue le pouvoir en faisant croire à certains pauvres qu'ils sont riches et qu'ils auraient beaucoup à perdre dans un bouleversement politique. Ceux-ci s'accrochent alors à leur voiture, à leur maison de campagne ou à leur petit bateau que personne ne songe sérieusement à leur arracher.

La plus grande habileté des possédants consiste en effet à faire assurer leur protection par ceux qui sont en fait leurs victimes. (La justice n'est-elle pas d'ailleurs rendue officiellement au nom du peuple français, alors qu'elle s'exerce souvent contre lui ?)

Le respect pour la loi et les tribunaux constitue le stade le plus avancé de cette imposture. Dès le plus jeune âge, on apprend aux citoyens que la loi est toujours juste et que les tribunaux sont tous impartiaux. Or, il suffit d'un peu d'expérience et de réflexion pour s'apercevoir que c'est là une monstrueuse hypocrisie. Pourquoi une société fondamentalement injuste se doterait-elle d'institutions visant à sa disparition ? Pourquoi les privilégiés se suicideraient-ils collectivement ? La fameuse nuit du 4 août 1789 a montré qu'on ne renonce en fait qu'aux privilèges que l'on a déjà perdus.

Alors que faire ? Je pourrais, en tant qu'avocat, disserter longuement sur les réformes souhaitables ; parler, puisque c'est la mode, de la détention préventive, du secret de l'instruction ou de la législation sur les chèques sans provision. Mais je sais que l'on ne corrige ni ne répare une balance qui penche toujours du même côté, parce qu'elle a été construite précisément pour pencher de ce côté.

Mon livre, Les dossiers noirs de la justice française, n'a pas pour but de proposer les solutions qui permettraient d'arrondir les angles et de perpétuer tant bien que mal, quelque temps encore, le système. Il vise simplement à dénoncer ce système par des exemples précis, à dire et à répéter : « Voyez lucidement l'injustice là où elle se trouve, elle a le visage familier de votre vie de tous les jours. » Et si je pouvais ainsi contribuer, tant soit peu, à la montée de la légitime révolte de tous les brimés, de tous les humiliés, de tous les opprimés, j'en serais heureux.

Denis Langlois, Les dossiers noirs de la justice française.



Du 26 octobre au 4 novembre 2012, Denis Langlois participera au Salon du livre francophone de Beyrouth qui fête son vingtième anniversaire.

Le blog de Denis Langlois



vendredi, octobre 19, 2012

Coluche & le Coluchisme





Représentation unique au Gymnase. Le 30 octobre 1980, Coluche donne une « matinée » exceptionnelle, pour un parterre choisi. Il vient de s'asseoir derrière un guéridon posé sur le devant de la scène. Il porte sa salopette, mais pas le nez rouge. Il a ajouté à sa tenue une chemise à carreaux jaunes et noirs, un foulard et des mocassins jaunes. Coluche est en civil.

Il ne propose pas non plus son spectacle habituel. Ce qu'il a à dire aux journalistes, aux équipes de télévision qui occupent les premiers rangs, tient en peu de mots. Il est officiellement candidat à l'élection présidentielle. Il vient « semer la merde ». Précipiter sa « plaisanterie à caractère social » dans le débat national. (...)

A partir de la mi-octobre, la presse a publié les premières déclarations de Coluche. Trop caricaturales encore pour être tout à fait crédibles. « Les hommes politiques, c'est quatre mousquetaires des cinq doigts de la main : un pour tous, tous pourris ! » Le 29 octobre, Cavanna a fait paraître dans Charlie un entretien dans lequel le futur candidat expose ses motivations. « Je me présente pour tous ceux, affirme-t-il, qui subissent la politique, qui bossent toute leur vie, sont exploités jusqu'à la moelle, et n'ont que le droit de regarder de loin comment ça se passe (...). » Son programme ? « Faire un bras d'honneur à tous, aux malfrats de la droite, aux rigolos de la gauche. » Pour l'avoir trop attendue, il en veut d'ailleurs plus à la gauche qu'à la droite. Cavanna s'inquiète qu'on puisse détecter dans la croisade coluchienne des relents poujadistes. Coluche ignore toujours le sens de ce mot, et apprend l'existence, à cette occasion, de Pierre Poujade, parti en guerre, en 1956, contre l'impôt et l’État, avec, précise Cavanna, « un paquet de petits commerçants et de vieux fachos ». Leurs deux noms seront souvent réunis, dans les semaines à venir. Celui du gosse de Montrouge et celui du papetier de Saint-Céré.

« J'en ai rien à foutre, répond Coluche, j'étais pas né. J'ai pas besoin de Poujade pour savoir qu'en France, on ne demande qu'à bosser, mais (...) qu'on en a marre de payer des impôts pour nourrir des flics qui nous regardent comme si on était des étrons de chien et qui nous tapent sur la gueule. » Suit un rêve étrange : « Un flic, ça devrait être un pote qui te ramène à la maison quand il te trouve bourré dans la rue. (...) On devrait se dire : chouette, voilà le gars (...) qui va me dépanner, qui va me sourire et sécher mes larmes. Un flic, ça devrait être la Providence. » Cavanna opine, quand même dubitatif.

Coluche réaffirme qu'il s'adresse aux abstentionnistes, aux non-inscrits, aux mal-aimés du système électoral et social. Il devrait réaliser un score supérieur à 2 %. Au second tour, il conseillera à ses électeurs « d'aller tirer un coup ou d'aller à la pêche ». Il ne se désistera pas. Pas même pour le candidat socialiste. Cavanna s'inquiète encore : ne dit-on pas que cette candidature de la dérision serait « un moyen de diversion, un pipe-voix manipulé en sous-main » ? « Leurs magouilles, rien à foutre, tonne le candidat. Mon seul objectif : leur fourrer le doigt dans le cul à tous ! »

C'est encore un peu court. En dernière page de son numéro, Charlie publie l'appel solennel du candidat. Un « avis à la population », sur fond jaune, encadré de tricolore. « J'appelle les fainéants, les crasseux, les drogués, les alcooliques, les pédés, les femmes, les parasites, les jeunes, les vieux, les artistes, les tau-lards, les gouines, les apprentis, les Noirs, les piétons, les Arabes, les Français, les chevelus, les fous, les travestis, les anciens communistes, les abstentionnistes convaincus, tous ceux qui ne comptent pas pour les hommes politiques à voter pour moi, à s'inscrire dans leur mairie et à colporter la nouvelle. Tous ensemble pour leur foutre au cul avec Coluche ! » Un peu juste, toujours. Plusieurs journaux ont donné l'information, mais cette déclaration tonitruante et très libertaire fait, pour quelques heures encore, figure de blague.

Juste pour quelques heures, car le jeudi 30 octobre 1980, vers 15 heures, Coluche provoque le brusque réveil de la campagne électorale. Il est arrivé dans sa Buick 1956 — l'année du poujadisme — rouge et blanc. Paul Lederman a réuni la presse, des journalistes incongrus au théâtre : les spécialistes de la politique. Chez lui, sur sa scène, l'artiste s'est assis derrière le guéridon qui supporte quelques notes. « Je sais ce que vous voulez savoir: c'est sérieux ou c'est pour rigoler ? Aura ou aura pas les cinq cents signatures ? » Dès son entrée, Coluche fait rire la plus difficile des salles. En coulisses, Paul se frotte les mains. Ça prend !

« Je m'adresse à ceux qui ont voté à gauche pendant trente ans pour rien (...) Je m'adresse aussi à ceux qui ont voté à droite pendant trente ans pour rien non plus. Vous en connaissez, des promesses tenues ? » Il se présente pour « rappeler qu'on existe aux marchands d'espoir et de courants d'air ». Il invite à peu près tous les exclus à le rejoindre. Il sera le candidat « des faiseurs de patins à roulettes, des pédés, des nègres, des vieux qui ont une retraite de merde, des chômeurs qui sont un million et demi, des crasseux, des chevelus, des consommateurs de politique, ceux qui la subissent et pour qui on ne fait rien ». Comme prévu, Coluche brasse au plus large, à gauche, et à droite, loin derrière les partis de gauche et ceux de droite. Effectivement néo-libertaire et populiste, démagogue et généreux. Il renvoie, ce jour-là, tous les camps dos à dos. (...)

La plupart des commentateurs profitent du coup d'éclat de Coluche pour critiquer l'usure des institutions elles-mêmes, la rigidité de ce système présidentiel qui exclut de plus en plus de citoyens, les condamnant à des « candidatures de fantaisie ». Ces dernières sont déjà près d'une trentaine, dûment déclarées, dont celles de Michel Debré et de Marie-France Garaud. Aucune n'a soulevé le moindre intérêt. Le « coluchisme » naît, spontanément, parce que, comme le notera L'Express, « Coluche doit avoir une tête de symptôme ». Il a pointé son gros doigt sur la première tare de la démocratie formelle : son cynisme mathématique. (...)

Comme il est plus représentatif, plus percutant que l'ensemble des « petits candidats » réunis, Coluche sert de pôle à une analyse sans complaisance pour cette Ve République apparemment exsangue. Tous les titres, quelle que soit leur tendance, y vont de leurs éditoriaux. « L'exécutif règne sans partage, écrit Edmond Bergheaud dans Le Figaro. Si bien que le citoyen moyen estime n'avoir d'autre moyen de contester l'omnipotence du pouvoir que de rechercher d'autres intermédiaires, quitte à tomber sur un Coluche. » Dominique Jamet, dans Le Quotidien de Paris : «Malheur aux petits partis en voie de constitution ou d'extinction ! Malheur aux pauvres ! Malheur aux individus ! Est désormais décrété marginal dans la vie politique tout ce qui n'appartient pas aux grandes formations. Tout a été délibérément, froidement, cyniquement organisé pour assurer la perpétuation de la bande des quatre .» (...)

Les experts en communication politique assurent désormais que Coluche, malgré l'intervention du C.I.C. (le Centre d'Intervention Civique hostile à la candidature de Coluche), et les inévitables pressions préfectorales, n'aura aucun mal à recueillir ses cinq cents signatures. D'autant qu'il a été rejoint, dès le début du mois de novembre, par une poignée d'intellectuels et que cela fait aussi quelque bruit dans Landerneau. Maurice Najman a ramené, un soir, rue Gazan, Félix Guattari, l'homme de l'antipsychiatrie, l'auteur, avec Gilles Deleuze, de L'Anti-Œdipe. Le philosophe de l'après-68, sympathisant des « autonomes » italiens jusqu'à l'assassinat d'Aldo Moro, favorable à la dépénalisation du haschisch, trouve immédiatement, à travers Coluche, l'exutoire de ses dernières désillusions politiques. En adhérant spontanément à un phénomène confus, que Coluche croit être encore une plaisanterie, l'intellectuel ne peut s'empêcher de parer cette campagne au nez rouge d'une dimension dialectique.

« Dans ce que j'appelle la révolution moléculaire, explique-t-il, les luttes de désir, comme on voudra, les gens ne se séparent pas forcément en droite et gauche. Les chauffeurs de taxi, le bistrot sont pour Coluche? Le degré zéro du politique n'est pas forcément stupide. Il révèle quelque chose. Déjà, du temps de la gauche prolétarienne, au début des années soixante-dix, les petits commerçants et les révolutionnaires s'étaient retrouvés. Coluche est un homme de média, un professionnel. A côté de lui, Marchais et Mitterrand sont des amateurs. Ce mouvement un peu populiste, il vaut mieux le voir à gauche qu'à droite. Autrement, c'est le fascisme. Aider Coluche, c'est ce qu'on peut faire de moins con. » Les copains de Coluche comprennent de ce raisonnement un peu hautain que le psychanalyste se dévoue pour faire contrepoids à Gérard Nicoud. Renvoyer le plateau de la balance à gauche. Ils sont plutôt pour. Coluche n'a rien à y redire : il est, comme il le répète, « une boîte vide », et la remplit à peu près qui le souhaite. Mais sa première rencontre avec l'intellectuel laissera quelques souvenirs amusés, rue Gazan. « Je pige pas tout ce que tu dis, a répondu Coluche, mais je suis d'accord. Amène tes potes. »

Félix Guattari amène ses potes. Gilles Deleuze, bien sûr, mais aussi le sociologue Pierre Bourdieu, les universitaires Gérard Soulier et Jean Chesneaux ; Maurice Nadeau, Jean-Pierre Faye. Un soir, Yves Lemoine, membre du syndicat de la magistrature, vient dîner lui aussi. « Je n'en reviens pas, lâche Coluche, un juge... qui condamne. » Le juge se lance dans un beau discours : « Coluche, comme d'autres, a vocation de représenter le pays. Tout le problème avec sa candidature est de savoir si le pays réel l'emportera ou non sur le pays légal tel qu'on le trouve notamment dans la réglementation qui préside à l'élection du président de la République .» Les copains, à table, se regardent. Coluche devrait s'énerver, ou pousser son fameux « cri du cochon ». Or, le candidat ne bronche pas. Il opine, gravement, de la tête. Pour l'ironie, il sera toujours temps. Il a décidé de respecter tous ceux qui viennent à lui. Mais les plissements de son front laissent deviner un gros rire intérieur.

Il est aussi flatté, au fond. Lui, l'exclu du certif, le théoricien de l'anticulture, reçoit à sa table le Gotha de l'intelligentsia parisienne. Il vient de s'offrir des conseillers bardés de diplômes, des auteurs de livres qu'il ne lira jamais. Ces déçus des utopies refont, rue Gazan, la révolution, pour se consoler de la défection de Michel Rocard, de l'agonie du P.S.U., de leur jeunesse perdue. Il faut fédérer les comités, assurent.ils, lancer un journal, organiser un gala au Larzac. Pourquoi ne pas servir, clés en main, à Coluche un groupuscule néo-gauchiste ? Celui-ci refrène leur fougue d'adolescents retrouvée.

Philippe Boggio, Coluche.


C'est l'histoire d'un môme né en 1944. Déjà, en classe, il fait rire les copains parce qu'il tient tête à l'instituteur.
Ensuite, c'est l'histoire d'un mec qui tire sur tout ce qui dépasse, bouscule les tabous, ridiculise les bourgeois, les beaufs et les princes.
C'est, aussi, l'histoire d'un acteur qui nous fait pleurer avec Tchao Pantin. Bouleversant de vérité, il offre au personnage de Lambert sa propre fragilité, sa souffrance de la drogue et de l'alcool.
C'est, enfin, l'histoire d'un homme qui luttera sans relâche contre l'intolérance et la bêtise. Avec la plus efficace des armes : la dérision. Et parce qu'il n'oublie pas qu'il a connu la dèche, il se lance dans la plus généreuse des aventures : les Restos du Cœur...
Coluchienne de vie ! En juin 1986, un camion le réduit au silence. Mais dans nos cœurs, sa voix résonne encore...

jeudi, octobre 18, 2012

Voter, c'est abdiquer





La personnalité du professeur Choron, « a marqué son temps d'une indélébile empreinte, nul historien sérieux ne le contestera, en tout cas pas devant moi et pas s'il est tout seul », écrit Cavanna . […] « Il n'avait pas six ans quand son sublime Traité des surfaces poisseuses lui valut d'enthousiasme la chaire de mathématiques pathologiques à la Sorbonne. L'année suivante, le prix Nobel de la Guerre Froide couronna son désormais classique De l'attentat à la pudeur considéré comme une science exacte. Se succédèrent alors une série de chefs-d'œuvre dont nous ne citerons que ceux-ci, dont l'influence sur la marche triomphale de l'humanité vers les lendemains où l'on rase gratis fut décisive : Du rôle de la clef anglaise numéro huit emmaillotée de chatterton dans la répartition équitable des richesses. Augmentez vos revenus sans sortir de chez vous par l'élevage des escargots comestibles dans le tiroir de votre table de nuit. Dieu existe, je me le suis fait dans une pissotière. Atlas des maladies répugnantes (en couleurs). Abrégeons... » (Cavanna)

Sans le génial professeur Choron, serait-il possible de comprendre la pensée d'Élisée Reclus qui, dans une lettre adressée à Jean Grave et insérée dans Le Révolté du 11 octobre 1885, déclare : « voter, c'est abdiquer » ?

« Compagnons, écrit Élisée Reclus,

     Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n'est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l'exercice du droit de suffrage.

     Le délai que vous m'accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j'ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.

     Voter, c'est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c'est renoncer à sa propre souveraineté. Qu'il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d'une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu'ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.

     Voter, c'est être dupe ; c'est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d'une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l'échenillage des arbres à l'extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l'immensité de la tâche. L'histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

     Voter c'est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l'honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages  — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l'homme change avec lui. Aujourd'hui, le candidat s'incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L'ouvrier, devenu contre-maître, peut-il rester ce qu'il était avant d'avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n'apprend-il pas à courber l'échine quand le banquier daigne l'inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l'honneur de l'entretenir dans les antichambres ? L'atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s'ils en sortent corrompus.

     N'abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d'autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d'action futur,  agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c'est manquer de vaillance.

     Je vous salue de tout cœur, compagnons »


Sous forme ludique, dans son magistral Les jeux de con du professeur Choron, le génial exégète révèle la signification de « Voter, c'est abdiquer » :


Un jeu pour jouer avec le suffrage universel


Procurez-vous, chez un apiculteur, une bonne vingtaine d'abeilles bien vivantes, enfermez-les dans une petite boîte en fer, percez quelques trous dans le couvercle et rangez le tout dans votre poche. Allez jusqu'à votre mairie en courant de façon à bien secouer les abeilles. Cela les rendra méchantes. Dès que vous êtes dans la mairie, agissez exactement comme pour aller voter. Toutefois, pendant votre passage dans l'isoloir, vous prenez l'enveloppe contenant votre bulletin de vote et vous videz dedans toutes les abeilles de la boîte. Vite, vous cachetez. Déchirez alors un coin de l'enveloppe, bouchez l'ouverture que vous venez de faire en pinçant tout simplement les deux bords entre le pouce et l'index. En maintenant ainsi l'enveloppe, vous allez la déposer dans l'urne.

Attendez que l'on vous dise « A voté » et partez sans vous retourner. Arrêtez-vous quand même à la porte de la salle commune pour regarder. La première abeille qui sortira de l'urne va causer une certaine surprise, mais dès que toutes les autres vont montrer leurs têtes et se mettre à virevolter, la panique deviendra générale. Quand tout le monde se sera sauvé, prenez quand même le risque d'aller voler l'urne, des fois que les abeilles auraient eu le temps d'y faire un peu de miel...
Professeur Choron








mercredi, octobre 17, 2012

Journée Mondiale du refus de la misère




Camarades de misère, quand, énervés par un long chômage, quand, désespérés par des privations de toutes sortes, vous en arriverez à maudire votre situation et à réfléchir aux moyens de vous en assurer une meilleure, attaquez-vous aux vraies causes de votre misère, à l'organisation capitaliste qui fait de vous les machines des machines ; mais ne maudissez pas cet outillage qui vous affranchira des forces naturelles, si vous savez vous affranchir de ceux qui vous exploitent. C'est lui qui vous donnera le bien-être... si vous savez vous en rendre les maîtres. […]

Trop longtemps les sociétés ont été détournées de leur but ; elles doivent revenir au rôle pour lequel elles ont été instituées : apporter plus de bien-être, plus de facilités au développement des individus, plus de liberté en diminuant le temps consacré à la lutte pour l'existence.

Pour arriver à cette société, résultat de l'entente libre des intéressés, nous voulons que tout ce qui est le sol, le sous-sol, immeubles, outillage, tout ce qui est le produit de la nature et du travail des générations passées soit enlevé à ceux qui se les sont appropriés indûment et reviennent à la libre disposition de ceux qui auront à les mettre en œuvre, qu'ils ne soient plus accaparés par des individus ou des groupes les exploitant à leur profit. L'outillage, surtout, ne devant être ni social, compris dans le sens de propriété d'une entité sociale quelconque, ni corporatif, nous voulons qu'il soit à la disposition de qui en a besoin pour produire et le mettre en œuvre par lui-même, soit en tant qu'individu, soit en groupe.

Nous voulons, partout, l'abolition du salaire, puisque chacun aura la libre disposition des produits de son travail ; nous voulons également l'abolition de la monnaie ou de tout autre valeur d'échange, la répartition des produits devant s'opérer directement entre producteurs et consommateurs groupés par besoins et affinités où l'échange des produits ne sera plus qu'un échange mutuel de services.

Nous voulons la disparition de l'État, de tout gouvernement, quel qu'il soit, centralisé ou fédératif, dictatorial ou parlementaire, basé sur un suffrage plus ou moins restreint, plus ou moins élargi par une soi-disant représentation des minorités. Tous les groupements placés au-dessus des individus ayant une tendance fatale à les dominer, à se développer au détriment de leur liberté.

Nous voulons la disparition des armées permanentes parce qu'elles n'ont d'autre objectif que la défense des privilégiés, qu'elles ne sont que des écoles de débauche, d'avilissement et d'abaissement et une menace perpétuelle de guerre entre les peuples.

Nous voulons que les groupes et individus se tenant en relations constantes entre eux règlent eux-mêmes, sans suffrages ni délégations, les questions d'intérêt général, comme ils auront su régler, au sein de leurs groupes, les questions d'intérêts privés. [...]

Nous voulons l’affranchissement complet, intégral de l’individu. Nous voulons son affranchissement économique le plus absolu.


Jean Grave, Ce que nous voulons.

Télécharger gratuitement Résistances, le journal du refus de la misère :


Ceque nous voulons
de Jean Grave

Fils d’un communard blanquiste, Jean Grave (1854-1939) travaille très jeune comme cordonnier à Paris : fréquentant les cercles ouvriéristes, proche d’Élisée Reclus et de Pierre Kropotkine, il a crée Les Temps nouveaux en 1895, qui devient la tribune pour ses idées. 

En 1914, celui qui déploie depuis plus de trente ans une « propagande de brochures » fait paraître Ce que nous voulons, manifeste du projet libertaire, condensé virulent de l’idéal anarchiste : « Nous voulons l’affranchissement complet, intégral de l’individu. Nous voulons son affranchissement économique le plus absolu. »

Dans la « société future » seront abolis le salaire, la monnaie, la propriété individuelle, l’armée, la démocratie représentative, l’État et ses gouvernements. Dans trois textes antérieurs, Grave détaille sa critique du régime de la IIIe république et de la société industrielle : le machinisme (1898), la colonisation (1912) et préconise l’usage de la révolution (1898).

mardi, octobre 16, 2012

La « prophétie » de Michel Serrault





Quand un comédien semble plus lucide que les politiciens, il ne faut pas croire que ceux qui gouvernent sont des incapables ou des idiots. Non, ce sont des calculateurs sans scrupules et des criminels !

Chaos en Irak & djihad contre l'Occident

« 14 avril 2003, écrit Michel Serrault, la guerre en Irak bat son plein. George Bush me fait peur. Les scènes de bombardement de Bagdad à la télévision me glacent le sang. Cette guerre plus longue que prévu par les « experts » multiplie les morts de part et d'autre dans un but clairement identifié : s'emparer du pétrole irakien. Assez de naïveté à cet égard. Qui peut croire aux prétendus élans humanistes de l'Amérique et de la Grande-Bretagne voulant « libérer » la population ? L'a-t-on consultée ? Lui a-t-on annoncé le désordre qui va suivre inévitablement cette intervention ? La guerre civile, peut-être, le chaos, le sang, les règlements de comptes... Tout cela, comme toujours, sur le dos des plus faibles. Quand tous les musulmans seront remontés définitivement contre l'Occident, il faudra se souvenir de la responsabilité historique de George Bush. Quelle inconscience !

Et ce sentiment d'impuissance devant la télévision qui montre les dégâts humains et matériels de plus en plus lourds. »

Michel Serrault, Les pieds dans le plat.


Les pieds dans le plat

« Je ne suis pas un écrivain, encore moins un philosophe ou un moraliste, tout au plus un comédien un peu perdu, parfois, dans ce siècle tourmenté. Les journalistes me demandent souvent ce que je pense de tel ou tel événement qui surgit dans l’actualité. Une pirouette me sert presque toujours de réponse. Pourquoi se prononcer ou pousser un cri ? A quoi bon exprimer une opinion définitive sur un sujet changeant quand on n’a pas le pouvoir de modifier le cours des choses ? Mais l’année dernière, j’ai éprouvé le besoin de fixer un peu mes idées. Depuis décembre 2002, je note, sur des feuilles volantes, tout ce qui me passe par la tête, à la faveur d’une rencontre, d’une émission de télévision, d’une pièce de théâtre, d’une déclaration de George Bush au journal télévisé ou d’une apparition du Pape au balcon du Vatican. On trouvera dans ce journal ce qui me réjouit et m’agace, ceux que j’admire depuis toujours et ceux que je déteste provisoirement, des gens célèbres ou des inconnus, des commerçants de mon quartier, des moines perdus dans leur thébaïde et des metteurs en scène plus ou moins inspirés. Dans mon métier de comédien, je prétends que la « présence », indéfinissable, est déterminante. Sur scène, je veux que mon cœur pénètre au fond des âmes. Ce ne sont pas les mots qui comptent mais l’intention derrière les mots. Mon métier est un métier de croyance et de foi. Comment expliquer le mystère du comédien puisque ce qu’il fait de mieux, souvent, lui échappe ?



Il en va de même dans ce journal : beaucoup de remarques, de pensées, de critiques, d’applaudissements aussi, se sont échappés sur le papier et je ne les ai pas censurés. Me jugera-t-on avec indulgence ? Je l’espère car c’est avec sincérité et une bonne foi très relative que je réponds aux évènements quotidiens, heureux ou malheureux, cocasses ou inattendus, qui s’offrent à mon regard de comédien et à mon cœur de chrétien.

Mettre « les pieds dans le plat » a deux sens très voisins d’après les dictionnaires. Soit commettre involontairement un impair, soit faire exprès de susciter un effet de scandale ou de mettre ses interlocuteurs dans l’embarras en les atteignant ouvertement. Je ne sais plus ce qui relève de l’impair, dans les pages qui suivent, ou de l’attaque volontaire. A moins que l’ensemble ait échappé à mon raisonnement sous le coup de l’émotion, de la colère, d’un éclat de rire ou de l’émerveillement. »
Michel Serrault
(1928-2007)







lundi, octobre 15, 2012

Une bouffonnerie oligarchique




Le Comité Nobel norvégien vient de nommer l'Union Européenne prix Nobel de la Paix.

L’Europe nobélisée c'est la nouvelle bouffonnerie imaginée par les maîtres du monde !

En réalité, l'Europe de 2012 évoque la ferme des animaux de George Orwell. Pour Orwell, l'idéal républicain est perverti, il ne profite qu'à quelques individus. « Tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d'autres », écrit-il.

Dans la réédition de 2006 de La ferme des animaux, la petite biographie consacrée à George Orwell précise ceci :

« Orwell est mort à Londres en janvier 1950, peu après avoir publié son très célèbre ouvrage, 1984. Tout le monde connaît cette peinture d'un monde totalitaire, prophétique jusque dans les détails : l'omniprésent visage à la moustache noire, avec pour légende « Big Brother vous regarde », les hélicoptères qui surveillent les gens par la fenêtre, la Police de la Pensée, la torture, la rééducation, la toute-puissance de l’État. Aujourd'hui que la véritable année 1984 est arrivée, on peut voir hélas le modèle imaginé par George Orwell s'étendre sur la carte du monde. »

La démocratie n'existe pas en Europe, le peuple, notamment grâce aux réseaux sociaux de l'Internet, en prend de plus en plus conscience. Et l'oligarchie, avec la complicité du Comité Nobel, en vient à jouer son va-tout : la peur des guerres et l'éloge de la « Pax Romana » des pays asservis par Bruxelles, la Rome de l'ordre totalitaire marchand européen. 





samedi, octobre 13, 2012

Karma, nirvana, blablabla




Quelques années avant son décès (2008), Marc Bosche a écrit :

« J'ai passé le réveillon avec des amis, trois couples ayant chacun vingt à vingt-cinq années de pratique du bouddhisme. [...]

En échangeant avec eux j'ai évoqué les limites que je voyais au message même du bouddhisme : 1) la vérité de la souffrance, 2) le karma, 3) le nirvana et 4) les vies successives. Voici les quatre objections que j’ai soulevées, et un peu plus loin la réaction intéressante de ces amis..


1) La vie en tant qu’opportunité

En un mot la vérité de la souffrance n'est peut-être pas correctement formulée dans le bouddhisme, puisque en réalité la vie si elle est souffrance, certes, est surtout opportunité d'une expérience consciente unique. Sans la vie nous ne serions sans doute pas, et donc vivre n'est pas une maladie ni une fatalité douloureuse, mais plutôt un tremplin précieux et un cadeau inestimable.


2) Le karma a bon dos

Quant au karma, le bouddhisme nous dit que les souffrances d'aujourd'hui résultent d'actes non vertueux d'hier et que les bonheurs d'aujourd'hui résultent d'actes vertueux accomplis par le passé. Or, nous le voyons bien, beaucoup d'innocents souffrent (les victimes du Tsunami par exemple), d'enfants innocents meurent. Nous ne pouvons pas moralement affirmer que c'est à cause d'actes négatifs antérieurs, ce serait victimiser deux fois ces personnes, leur faire porter une deuxième fois le poids de destinées que rien ne peut justifier.

En revanche des dictateurs coulent de vieux jours paisibles. Des tortionnaires ou des aigrefins passent de paisibles retraites semblant ne pas souffrir particulièrement de cette fameuse "loi du karma". Mr Papon libéré de prison pour raison de santé, coule des jours heureux. Mr Crozemarie bénéficie paraît-il d'un jacuzzi dans sa confortable maison de retraite. Mr Pinochet n’a qu’assez récemment été inquiété par la justice de son pays. Mr Saddam Hussein est toujours vivant à l'heure de son procès (au 28 mars 2006 date à laquelle nous bouclons l’édition de ce livre), alors que de nombreux Irakiens innocents, des femmes, des enfants, des jeunes gens sont morts. La loi du karma du bouddhisme paraît un vœux pieux plus qu'une réalité.

L’idée de maturation des graines karmiques est nécessaire pour rendre plausible la théorie du karma, mais cela fonctionne-t-il vraiment comme cela ? La durée de la vie humaine permet-elle cette "maturation" ? Probablement non, et alors il faut absolument croire à cette idée de vies successives pour que la rétribution karmique ait la moindre chance de se produire et donc d'exister. Or rien n'est moins sûr que ces chapelets de vies successives pour vous et moi. Il y a donc au moins deux hypothèses, pour le moins hasardeuses, indispensables ici pour fonder cette théorie du karma.


3) La promesse vague, plurielle et contradictoire du nirvana

Quant au nirvana, qui peut vraiment compter dessus, en faire le projet de sa vie ? Honnêtement ?

Et puis, ce serait intéressant de découvrir aussi si l'union "vacuité-félicité" qui est pour les tantrikas du vajrayana le coeur de l'éveil spirituel correspond au nirvana de leurs amis Theravadin...

Chez les kagyu où l'influence Dzogchen et plus généralement Nyingma est présente (la lignée kagyu emprunte beaucoup aux enseignements et aux maîtres nyingma) le nirvana est un peu réservé... aux maîtres, aux détenteurs de lignée. Pour les disciples, il s'agit plutôt, de vie humaine en vie humaine, de réaliser progressivement des terres pures au moment de chaque mort successive et d'avancer ainsi de la première vers la dixième terre pure (ou treizième selon les systèmes), vers la libération du cycle des renaissances. Je crois que c'est à ce point qu'on peut alors parler de nirvana selon ce système tantrique.
Il y a aussi les cas de ces yogis qui réalisent le corps d'arc-en-ciel au moment de leur mort, il s'agit d'une manière de libération également, mais je ne peux dire si selon ce modèle de l'illumination c'est l'ultime et définitif, c'est à dire le nirvana. Comme ces atteintes successives (des terres pures, ou même du corps d'arc-en-ciel) correspondent de toute évidence à un raffinement de plus en plus grand de la conscience : "Dans le dzogchen tibétain, la nirvana est également assimilé à la conscience fondamentale, qualifiée de grande perfection naturelle. Il faut reconnaître la nature de l’esprit, vide, lumineuse, sensible et au delà de la mort."Alors, un nirvana pour tous, ou divers nirvana promis selon les diverses écoles ? Les promesses engagent surtout ceux qui y croient. Un maître Soto Zen (Kodo Sawaki, le maître de Taisen Deshimaru) disait quant à lui que le nirvana c'était "l'endommagement ultime"... Que voulait-il dire par là ? Et puis il y a les NDE, les near death experiences, ces expériences au seuil de la mort que racontent nos contemporains qui les ont vécues, en particulier en Occident. Sont-elles une expression de ce "nirvana", de cet éveil spirituel ? Est-ce le même éveil que chez les bouddhistes, est-ce encore une autre forme de conscience ou d'expérience ?


4) La fiction possible des vies successives

Pour ce qui est des vies successives, rien ne montre que cela se passe comme le dit le bouddhisme, c'est à dire qu'un courant de conscience se réincarne (ou passe) encore et encore dans différents plans possibles d'existence, nous donnant au passage ici et maintenant cette vie humaine.

D'autres possibilités sont tout aussi crédibles : dispersion ou cessation de la conscience fondamentale au moment de mort, réintégration ou réabsorption de celle-ci dans une autre dimension ou une autre réalité spirituelle, combinaison de facteurs dynamiques de la conscience appartenant à plusieurs êtres pour composer la conscience d'un nouveau-né. Etc. etc. Bref la théorie des vies successives est aussi un conte simple et séduisant, mais ne présente aucune présomption de sa réalité.

Après avoir présenté mes modestes élucubrations, l'une des personnes présentes au réveillon m'a dit : "je pense comme vous, je suis d'accord." Je lui ai fait remarqué : "Alors vous n'êtes pas bouddhiste". Elle m'a répondu avec un sourire : "je me présente comme bouddhiste, mais je ne crois pas, en effet, à cela." Un autre participant à la soirée a ajouté, en substance : "oui, il faut toujours dire qu'on est bouddhiste aux autres qui le sont, pour ne pas créer de difficultés ou de problèmes avec eux, mais c'est vrai on ne croît pas vraiment à ces choses". J'ai donc réalisé que ces amis qui ont vingt à vingt cinq ans de dharma, qui sont pour la plupart végétariens et ont adopté une hygiène de vie et une éthique très attentive, qui pratiquent la méditation au quotidien, ne croient pas un mot du dogme fondamental qui définit le bouddhisme. Mais ils se disent toujours "bouddhistes". »

Marc Bosche, Neo bouddhisme, quand le Bouddha ne sourit plus.





Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...