dimanche, juillet 10, 2011

L’État Naturel




« L’esprit a la substance de l'espace. Il peut tout contenir, mais il n’est pas ce qu’il contient. Comme l’espace, il est dépourvu de toute particularité. Réaliser la nature de l’esprit par le samâdhi est donc saisir, dans un bond fulgurant de l’intuition, que l’espace est notre substance même, et en faire l'expérience immédiate. C’est dans ce sens que lien et libération sont des fictions produites par l’ego car l’esprit fondamentalement n’a jamais été lié. Il n’y a rien d’autre à réaliser et c’est la tâche la plus ardue parce que trop simple. »
Daniel Odier


Le retour à la Nature

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché ;
Et comme un œil naissant couvert par ses paupières,
Un pur esprit s'accroît sous l'écorce des pierres ! »
(Gérard de Nerval, Vers Dorés)


« Son esprit doit être comme un vajra (éclair) capable de pénétrer tous les dharma. Son esprit doit être comme une montagne : imperturbable dans toutes les situations".
(Nâgârjuna, Bodhisambhâra, 117)

"L’Esprit Universel pénètre tout dans l’Univers, mais il n’est pas aussi reconnaissable dans les objets inanimés qu’il ne l’est dans les choses animées. Seul un être réalisé peut voir avec sa vision spirituelle, l'esprit omnipénétrant dans les rochers, les minéraux. Il sait précisément que le monde des êtres sensibles et des êtres insensibles, n'existe pas en dehors de l'illusion des ignorants, qui prennent l'Esprit Suprême pour le monde irréel." (Bhagavan Nityananda).

« yastu sarvâni bhûtânyâtmanyevânupashyati sarvabhûtesu câ smânam tato na vijugupsate »
(Ishâvâsyôpanisad, Yajur Veda blanc)

Celui qui voit (pashyati) toutes choses (sarva bhûta) dans l’Atman seul (eva), et l'Atman en toutes choses ne méprise pas (jugupsanam, blâme, censure, dégoût).
Comment voir le Quatrième État (Atman = Turiya) dans visvam, l'état de veille ? Notamment, par la Bhairavî Mudrâ, qui "éveille" du samâdhi sans "rompre" le samâdhi ; il s'agit de fixer une chose, en ayant l'attention absorbée dans le crépuscule de la veille et du sommeil ; la chose est "vue" et non plus regardée ; elle est translatée du monde extérieur (bahis : bahu signifie multiple, nombreux : l'extérieur est associé à la multiplicité) au monde "intérieur", (amtar, qui est amta, fin et mort) – de visvam, ou jagrat, à taijasa, ou svapna - pour être "annihilée" dans Turiya, le non-état. La chose est ainsi dépouillée de sa réité, et le monde est aboli, parce que l'état de veille est résorbé, ou aboli. Le monde aboli, signifie que la surimposition seule, le "discours", est aboli. Le monde ôté du monde, "reste" le monde tel qu'en lui-même la vacuité ne le change pas. Cette "non-perception" est aussi l'abolition du "dialogue intérieur" facteur d'ahamkâra, de "moi". L'état naturel est un état "ante natum", et "ante ego" - "pré", c'est-à-dire purva, ancien. La nature est "avant" tout commencement, parce qu'il n’y a pas de commencement - A ne peut être l'initium, car il doit être précédé d’un autre "moment". C’est aussi l'"état" préperceptif, car la perception est une affaire de "nom" (nâman), mais elle n’a aucune "réalité. Pour qu’il y ait perception, il faudrait qu’il y ait concomitance du percevant, de la perception, et du perçu (vijnâna apparaît en dépendance d’un objet de perception, vyneya, et le sujet de conscience, vijnatr, est ainsi aussi codépendant ; comme les trois temps, les trois éléments de la perception sont vides, c’est-à-dire mutuellement dépendants, anyonyâshraya, et ainsi en inexistence mutuelle, anyonyâbhâvah). La perception "extérieure" ou "objective" de l’état de veille, et "intérieure" ou "subjective" de l'état de rêve, n’est qu’un mirage, car perception, percevant et perçu n’ont aucune nature propre, aucune existence.

« Sarvam ca ujyate tâsyâ shûnyatâ yasya yujyate », qui est en connexion avec la vacuité est en connexion avec tout, dit Nâgârjuna.

Ceux qui croient en la substantialité de la "conscience" (vijnâna), du "mental" (citta) ne sont pas "partout" - ils ne sont que dans leur minable petite sphère "humaine", qui n'est qu’une surimposition. Ressortissant au mental, ils ont peur de la nature, de leur nature, car ils ne "contemplent"  que leur condition. Ils ont ainsi édifié une "société" (samgah) "humaniste", c'est-a-dire retranchée de la nature, donc de l'esprit - ainsi, "surimposée". Ils ne voient pas que les dharma, les "choses", les "phénomènes" (ce qui apparaît), n’ont aucune réalité en soi, ni pour soi, etc ; que la nature des trois natures (parikalpita, illusoire, n'ayant pas de "fundamentum in re" ; paratantra, relative, mondaine, conventionnelle - Samvrtti Satya, Vyavahara Satya ; parinispana, suprême, "absolue"- paramârtha satya) est la vacuité - asvabhavatva, la non-substantialité, la non-entité, la non-identité, la non-différence, l'inexistence du tout et de la partie, l'inexistence de l'inexistence. Ils confondent la surimposition mentale avec le "fond sans fond". L'espace n’a pas de base, le temps n’a pas de base, ces deux données sont contradictoires, "conventionnelles", et sont les récipients vides d’un univers (idam) dépendant de la connaissance, laquelle dépend de l'univers. Ils ne voient pas que la nature "de citta, du mental, est Mâyâsvabhava, illusoire. Fixés à un monde, englués dans l'être et le non-être, ils prennent leur discours pour la réalité. Mais la réalité n'a pas de discours.
Bernard Dubant, « L’État Naturel ».



L'État Naturel


L'essence de l'hindouisme, du Sanatana Dharma, n'est pas une connaissance spéculative ; c'est « l’État Naturel », le « Quatrième État », auquel les trois états d'ignorance – veille, rêve, sommeil – se surimposent.





Illustration :

jeudi, juillet 07, 2011

Les deux mythes de la spiritualité roumaine



Manole, le rite sacrificiel des bâtisseurs

Toute culture a son mythe essentiel qui se révèle et que l’on retrouve dans toutes les grandes créations de celle-ci. La vie spirituelle des Roumains a été dominée par deux mythes qui expriment, avec une parfaite spontanéité, leur vision spirituelle sur l’Univers et sur la valeur de l'existence. Le premier est la légende du contremaître Manole qui, selon la tradition, aurait édifié la superbe cathédrale de Curtea de Arges. La légende dit que tout ce que Manole et son équipe construisaient le jour s’écroulait pendant la nuit. Pour rester debout, l'édifice avait besoin d’une âme, ce qui n’était possible qu’en sacrifiant un être humain. Après avoir compris la cause pour laquelle leur œuvre était caduque, Manole et ses ouvriers décidèrent de murer vivante la première personne qui s’approcherait de l’endroit où ils travaillaient. Le lendemain, au petit matin, Manole aperçut au loin sa femme qui portant leur enfant dans ses bras, venait leur apporter le repas. Manole pria alors Dieu de déclencher une tempête pour que sa femme rebrousse chemin. Mais les rafales de la pluie, que Dieu avait provoquée sur sa prière, ne purent pas arrêter l’épouse prédestinée. Le contremaître Manole fut donc obligé de murer, lui-même, vivants, sa femme et son fils pour respecter son serment et réussit ainsi à achever la magnifique église qui ne s’écroula jamais depuis.

Cette légende n’est pas une création du peuple roumain. On la retrouve dans tous les pays du sud-est européen. En essence, la légende est la formule mythique et épique de l’un des plus populaires rituels connus au monde, en particulier «les rituels de construction», qui supposent la croyance que tout édifice, pour durer, doit être «animé» par le sacrifice d’un être vivant, homme ou animal.

Dans l’opinion des folkloristes, la légende du contremaître Manole est pourtant la plus complète, la plus belle et la plus riche en significations spirituelles. L’inspiration poétique populaire a créé sur ce thème un chef-d’œuvre que l’on peut comparer aux plus belles créations de la poésie populaire universelle. Mais ce qui nous intéresse est le fait que les Roumains ont choisi ce thème mythique et lui ont donné une expression artistique et morale incomparable. S’ils l’ont choisi, c’est parce que l’âme roumaine se reconnaît dans le mythe du sacrifice suprême qui fait durer une œuvre construite par l’homme, qu’elle soit cathédrale, patrie ou chaumière. S’ils ont chanté. En d'innombrables vers le sacrifice du contremaître Manole, c’est qu’ils ont eu l'intuition qu’ils chantaient ainsi leur propre vie historique, leur constant sacrifice. L’option des Roumains pour cette légende est significative en soi. Ils n’auraient pas mis en valeur tout leur génie poétique et l’ensemble de leurs ressources spirituelles pour refaire un mythe, s’il n’avait pas éveillé des résonances profondes dans la conscience collective.

La mort, des noces mystiques avec le Tout

Plus que dans la légende du contremaître Manole, les Roumains se reconnaissent dans la superbe poésie populaire Miorita, que l’on rencontre partout dans d’innombrables versions. On l'appelle «poésie populaire» mais, comme toutes les grandes créations de génie d’un peuple, elle présente des affinités avec la religion, la morale et la métaphysique. C’est l'histoire simple et sincère d’un berger qui, averti par une brebis sur le danger imminent d’être tué par deux compagnons jaloux de ses moutons, au lieu de prendre la fuite accepte la mort. Cette sérénité devant la mort, cette modalité de la considérer comme des noces mystiques avec le Tout, connaît dans Miorita des accents inégalables. C’est une vision originale sur la vie et la mort – cette dernière conçue comme une jeune mariée promise au monde entier - qui n’est pas exprimée en termes philosophiques mais sous une forme lyrique admirable.

Une culture, de même qu’un individu, se révèle non seulement par sa manière d’interpréter la vie, mais aussi par son attitude envers la mort. La valeur attribuée à la mort est d’une importance considérable pour comprendre une culture ou un individu. Miorita est l’une des créations populaires qui reflète le mieux l’attitude de l’âme. Roumaine envers l’acte de la mort. On ne la considère pas comme une disparition - dans le néant, ni comme une pseudo-existence larvaire dans l'enfer souterrain, mais comme des noces mystiques qui réintègrent l’homme à la nature. La mort n’est pas un déclin de l’être humain mais, au contraire, une élévation, prise naturellement dans le sens métaphysique. L’homme ne doit pas fuir devant la mort et encore moins se lamenter quand elle survient; c’est un fait de dimensions cosmiques qu’il faut accepter avec sérénité, avec une certaine joie même, car c’est grâce à elle que l’individu s’affranchit de ses limites. Il ne s’agit pas d’une espèce lyrique de panthéisme, même si, dans cet acte de réintégration, la nature est présente, car la nature ne s’identifie pas à Dieu, mais elle est Sa création. Par l’acte de la mort, l’âme est réintégrée dans la grande famille cosmique qui est, dans sa totalité, l’œuvre du Créateur.

Cette vision sur la mort est accentuée et complétée par d’autres nombreuses créations populaires roumaines. Cette même conception apparaît dans les poésies de Mihai Eminescu, l’un des plus grands écrivains du XIXe siècle. On la rencontre aussi dans l’ensemble du folklore roumain ainsi que dans ses cérémonies funéraires. Il s’agit probablement d’une conception héritée des ancêtres géto-daces, ou bien d’une interprétation originale du christianisme qui, ne l’oublions pas, a conféré une valeur positive à la mort. Il subsiste le fait que les Roumains attribuent à la mort une signification mise en harmonie avec leur conception chrétienne de l'existence ; celle-ci est fondée, comme nous l'avons déjà vu, sur la croyance en un ordre cosmique établi par Dieu et sur la certitude que, finalement, le bien triomphera du mal.

Les deux mythes - celui du contremaître Manole et celui de Miorita - sont d’autant plus intéressants que les Roumains ne peuvent pas être considérés, en général, comme des «mystiques». C’est un peuple croyant, mais à la fois humain, naturel, vigoureux, optimiste, qui rejette la frénésie et l'exaltation que l'idée de «mysticisme» suppose. Le bon sens est la forme dominante de sa vie spirituelle.

Mircea Eliade, « Les Roumains ».


Les Roumains
Précis historique

Les Roumains descendent de deux grands peuples de l’Antiquité: les Géto-Dacese et les Romains. Les Gètes, appelés Daces par les Romains, font partie de la grande famille thrace, profondément enracinée dans l'histoire antique et dans les très anciennes religions de l’Hellade. Ils sont apparus dans les régions comprises entre les Carpates et le Danube à la fin de la période néolithique, il y a environ deux mille ans avant Jésus-Christ.




Photo :

***


Le trésor de Sai Baba aiguise les appétits

Depuis la disparition du célèbre gourou, mort le 24 avril 2011, rebondissements et tensions se multiplient autour de son juteux héritage, sur fond de soupçons de malversations financières... Lire la suite : 

mercredi, juillet 06, 2011

Les animaux & les sages


La nouvelle est tombée ce matin, le tribunal correctionnel de Bergerac a ordonné mardi la confiscation de Zouzou, un renardeau apprivoisé, à sa famille adoptive qui devra payer 300 euros d'amende pour "détention sans autorisation d'un animal non domestique".

Les animaux sauvages auraient un sens particulièrement affûté pour reconnaître un homme vrai ; cet l'homme vrai que cherchait Diogène en parcourant les rues d'Athènes avec une lanterne allumée en plein jour, signifiant ainsi que l'humanité est dans l'âge de l'obscurité (Kali-Yuga).

De nombreuses hagiographies du moyen-âge, mentionnent la mystérieuse attirance des animaux sauvages pour les mystiques. Au début du XXe siècle, ce phénomène est observé par des personnes qui fréquentent Ramana Maharishi, un ermite indien vivant dans une grotte.


Il est intéressant de noter que les cavernes de la montagne ont toujours été une résidence favorite des Yogis et des ermites. Les Anciens les consacraient souvent à un de leurs dieux ; Zoroastre, prophète des Parsis, accomplissait ses méditations dans une caverne et c'est dans une caverne aussi que Mahomet reçut ses révélations. Les Yogis indiens ont d’autres raisons encore de préférer les cavernes à tout autre séjour, c'est qu’ils y sont abrités contre les inclémences de la mousson et les brusques changements de température au lever et au coucher du soleil. Leur ombre et leur silence sont favorables à la méditation. L'air raréfié atténue les besoins du corps et réduit au minimum les soins indispensables.

Peut-être la beauté du site avait-elle aussi séduit Ramana. D'un éperon adjacent on jouit d'une vue splendide sur la petite ville étendue au pied de la colline et sur son temple gigantesque. A l'extrémité de la plaine une ligne de collines doucement estompée ferme l'horizon.

Ramana vécut plusieurs années dans cette caverne, abîmé dans la méditation et souvent même dans l'extase. Il n'était pas Yogi au sens propre du mot puisqu'il n'avait pas étudié le Yoga ni pratiqué ses exercices sous la direction d'un maitre. Il suivait individuellement la voie qui conduit à la connaissance de soi-même, guidé par l'appel intérieur d'un maître divin.

En 1905, la peste fit son apparition dans la localité, apportée sans doute par un pèlerin. Elle fit de tels ravages parmi la population que presque tous les habitants quittèrent la ville et cherchèrent un refuge dans la campagne. Des tigres et des léopards sortis de leur repaire erraient en liberté dans les rues abandonnées. Ces fauves en descendant de la montagne passaient devant la caverne ; on conseilla au Maharishi de la quitter : il refusa et resta aussi calme et indifférent que d'habitude.

A cette époque le jeune anachorète avait dû s’accommoder de la présence d'un disciple s’était spontanément attaché à sa personne et pourvoyait a ses besoins. Cet homme est mort maintenant mais il a transmis cette légende aux autres disciples : chaque nuit un tigre de grande taille entrait dans la caverne et léchait les mains de Ramana qui lui répondait en caressant son épaisse fourrure. Le fauve restait a ses pieds toute la nuit et ne partait que le matin. C'est une croyance enracinée aux Indes que les Yogis et les fakirs, quand ils ont acquis un degré de perfection suffisant, peuvent vivre dans la jungle sans avoir rien à craindre des lions, des tigres, des reptiles et des divers fauves qui la hantent. Il court une autre histoire au sujet de Ramana : on raconte qu’un jour qu’il était assis à l'entrée de sa demeure un grand cobra se glissa parmi les rocs et vint se poser devant lui. Il dressa la tête et sortit ses crochets sans que l'ermite fit un mouvement. L'homme et la bête restèrent ainsi face à face, les yeux dans les yeux, pendant quelques minutes. Puis le reptile se retira sans lui avoir fait le moindre mal.

Paul Brunton, « L’Inde secrète ».




Illustration :

Colomban, ermite irlandais de Luxeuil, entouré d'animaux sauvages.

Le véritable enseignement du Bouddha




Il en est de l'enseignement du Bouddha comme de l'histoire de sa vie, nous ne pouvons en saisir, avec une certitude suffisante, que quelques traits fondamentaux. De même que les Évangiles qui sont actuellement aux mains des fidèles, ont été reconnus comme ayant été rédigés bien après la mort de Jésus et présentent, seulement, un exposé de traditions et d’opinions courantes parmi les Chrétiens contemporains de leur rédaction, les doctrines que nous font connaître les livres canoniques bouddhiques, même les plus anciens, sont simplement, celles que professaient les rédacteurs de ces écrits et leurs contemporains.

Ces doctrines différaient-elles de celles promulguées par le Maître ? L'on peut croire qu'avec le temps, l'enseignement originel avait subi certaines modifications ; la chose est habituelle et normale, mais il serait téméraire de s'aventurer à indiquer la nature de ces modifications. Moins raisonnable, encore, serait-il d'affirmer que Siddhârtha Gautama professait, sur des questions majeures, des opinions opposées à celles sur lesquelles est basé le Bouddhisme tel que nous le montrent les textes jugés les plus anciens s'appuierait-on pour prouver l'existence d’un enseignement « plus authentique » dont il ne demeure aucun document à notre disposition ?

D’ailleurs, toutes les discussions de ce genre sont oiseuses. D'après la déclaration expresse des textes canoniques, la doctrine ne dérive aucune autorité de la personne de celui qui l’a enseignée, elle prétend reposer sur des faits. Il nous est donc loisible de vérifier si ceux qui nous sont signalés sont réels ou non.

Bien que la littérature bouddhique comprenne un nombre énorme d’ouvrages et qu’en termes poétiques, les auteurs bouddhistes parlent d’un « océan de doctrines », toute cette littérature ne constitue, en réalité, qu’un gigantesque commentaire, constamment amplifié au cours des siècles, d’une doctrine très simple et de quelques directives dont l'énoncé peut trouver place sur deux pages ainsi que le montre le tableau ci-après.

Sur le thème présenté par ce tableau, des milliers de penseurs ont, pendant vingt-cinq siècles, exercé leur raisonnement et leur imagination, Ainsi, ont été greffées sur lui de très nombreuses théories qui, parfois, s’écartent considérablement des données dont elles prétendent être le développement et, d’autres fois, sont même en contradiction complète avec elles.

Pour étayer ce nouveau Bouddhisme formé en marge d’un autre plus rationnel, les auteurs de maints ouvrages ont fait exprimer leurs propres idées au Bouddha, dans des discours qu’il est censé tenir devant des auditeurs mythiques :dieux ou autres. Néanmoins, même dans ces discours imaginaires, les sujets traités se rapportent toujours, directement ou indirectement, à l’un des points fondamentaux dont j'ai dressé le tableau. L'on peut donc en conclure que ceux-ci constituent bien la base de la doctrine bouddhique et que, vraisemblablement, les premiers disciples de Gautama les tenaient de leur maître.

Il est indispensable à quiconque désire étudier le Bouddhisme de commencer par se bien pénétrer de la doctrine exposée, ici, sous forme de table, afin de montrer la relation de ses différents enseignements entre eux. Faute de la bien connaître, la lecture des auteurs bouddhistes, spécialement celle des philosophes mahâyânistes, est propre à produire de la confusion dans l'esprit du lecteur et à lui faire concevoir des opinions totalement erronées concernant la véritable pensée de ces auteurs.

Cliquer sur le tableau pour l'agrandir

Alexandra David-Néel, « Le Bouddhisme du Bouddha »


Le Bouddhisme du Bouddha

Né prince, fils d'un souverain de la puissante tribu des Sakya, au VIe siècle avant Jésus-Christ, il vécut dans le luxe et l'opulence avant de tout quitter pour partir sur les routes, seul, à la recherche de la sagesse. Il avait vingt-neuf ans, il s'appelait Siddharta Gautama, il allait devenir le Bouddha. Alexandra David-Néel a été l'une des premières Occidentales à pénétrer au Tibet et à comprendre la spiritualité orientale. Nul mieux qu'elle ne pouvait écrire cette présentation du "bouddhisme du Bouddha" en étant totalement fidèle au message et parfaitement accessible aux lecteurs occidentaux.


Illustration :

lundi, juillet 04, 2011

Mably, l'abbé de la communauté des biens




Gabriel Bonnot de Mably, pour qui la propriété privée est la source de tous nos maux et qui prône la mise en commun des biens, n'a rien d'un exalté. Ses conclusions découlent d'une recherche libre de tout préjugé.

Né dans une famille d'ecclésiastiques, d’abord chanoine, il s'oriente vers la diplomatie. En 1743, il négocie avec l'ambassadeur de Prusse un traité contre l'Autriche. Tirant les leçons de cette expérience, il rédigera et publiera, cinq ans plus tard, le Droit public de l'Europe fondé sur les traités conclus jusqu'en l'an 1740.

Homme de salon et critique lucide de la société

La diplomatie ne le passionne pas. Il abandonne la carrière qui s’ouvrait devant lui, en 1746, et il devient un habitué des salons parisiens. Il commence par s'intéresser à l’Antiquité (Parallèles entre les Romains et les Français, Observations sur les Romains, 1751.) Mais il se tourne bien vite vers la société de son temps.

Entretiens de Phocion sur la morale et la politique (1763), Doutes proposés aux philosophes économistes sur l'ordre naturel et essentiel des sociétés politiques (1768), De la législation ou Principes des lois (1776), etc., mais surtout ses Droits et devoirs du citoyen (écrit en 1758 mais publié seulement en 1788) : Mably se montre, dans ses ouvrages, un observateur lucide, averti, critique de la société de son temps. Il tire de ses observations une philosophie générale bien en avance sur son époque.

La propriété est la « principale source » de tous nos malheurs

Les passions sans frein ni raison génèrent, selon Mably, le goût de la propriété. Celle-ci devient alors un besoin impérieux, une drogue... Mably écrit que la propriété est « la principale source de tous les malheurs qui affligent l'humanité. »

La propriété partage les hommes en deux camps ennemis : les riches et les pauvres. Les premiers, ajoute Mably, inclinent vers la paresse ; les seconds sont infériorisés, humiliés. La solution ? Mably la trouve dans la communauté des biens. Mais, comme « aucune force humaine ne pourrait tenter aujourd’hui de rétablir l'égalité sans causer de plus grands désordres que ceux que l’on voudrait éviter », cette communauté ne reste qu’un concept opératoire. Il faut réformer la société, il faut limiter les injustices par la force de la loi et le sentiment moral.
André Nataf


Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale et de la politique 

On ne peut comprendre l’œuvre de Mably « dans l’abstrait ». Frappé par la crise qui ébranle la monarchie française, Mably voua un véritable culte à la République parfaite de Platon et rêva du civisme à l’antique. Les Entretiens de Phocion, publiés en 1763, un an après Le Contrat social de Rousseau, se présentent comme un dialogue socratique : le vieux sage de Lacédémone y explique au jeune Aristias en quoi la politique et l’éthique sont solidaires : sagesse et vertu requièrent toujours, en effet, un amour de la patrie qui s’élargit en amour de l’humanité. Selon Mably, une politique sans éthique porte en elle les germes du malheur.



Cliquer sur la vignette pour feuilleter le livre


Illustration :

samedi, juillet 02, 2011

Comment on devient immortel ?



On fait de Strauss-Khan un nouveau Dreyfus ou un Edmond Dantès rescapé de son château d'If new-yorkais à plus de 30 000 euros par mois. DSK, victime d'une menteuse, retrouvera un rôle de premier plan pour se servir des Français, peuple qui donne facilement le pouvoir à des hommes sans moralité, parfois condamnés par la justice (Balkany, Bédier, Bernardini, Cuvilliez,  Dugoin, Emmanuelli...), mais célèbres.

Il y a quelques années, Joël Labruyère a analysé, selon des considérations ésotériques peu connues, le phénomène des célébrités et des immortels :

Comment on devient immortel ?

Il y a deux façons de procéder. La première est de suivre la voie régulière qui permet à l’âme de retrouver ses facultés divines originelles. La seconde est la voie anormale qui pousse un être à se hisser dans les degrés supérieurs de la hiérarchie qui contrôle la dimension terrestre.

Sur la première voie, celle du Retour au cœur du Père, on sort définitivement du système des dimensions déconnectées de l’Univers interne, alors que sur la voie irrégulière, on prend un titre de Maître ou de demi-dieu qui ne dure que le temps d’un cycle, après quoi, on retourne à la case départ. Les vrais spirituels empruntent la voie régulière, ils sortent du circuit de l’incarnation et de la souffrance, alors que les initiés des basses hiérarchies entretiennent la roue du monde, perpétuant l’exploitation et la douleur ici-bas.

Qui sont ces initiés irréguliers ?

On le devient lorsqu’on veut s’élever par la volonté, la recherche du pouvoir, la célébrité et la gloire en ce monde. On peut emprunter une voie de fausse sainteté comme les initiés de la « main droite » qui ont cultivé une personnalité raffinée, ou au contraire - mais cela revient au même – on peut prendre la voie de la « main gauche » en développant la puissance qui vous hisse au dessus de l’humanité ordinaire. Dans les deux cas, si l’on va assez loin dans le développement choisi, on peut s’octroyer un poste dans la hiérarchie terrestre, au service d’un égrégore.

Peut-on devenir un immortel irrégulier par l’art ou la science ?

Tout à fait. Depuis le développement de la médiatisation, un être qui devient célèbre au plan international prend naturellement, grâce à son charisme, une place de choix dans la hiérarchie planétaire. C’est ainsi que des chanteurs de rock ou des vedettes de cinéma ont gagné une promotion sur une dimension invisible. L’artiste peut être totalement dépravé, ou bien au contraire, il peut s’agir d’un grand humanitariste. Le résultat est sensiblement le même car grâce à son charisme médiatique, la personnalité est devenue si lumineuse sur le plan astral, qu’elle règne sur la portion de l’humanité accordée à sa fréquence. Ici, bien et mal ne sont que les deux faces du jeu de la dualité terrestre. Mais, bien entendu, les humains qui se sont hissés au rang de demi-dieux grâce à leur talent ou leur action, sont aux yeux des masses des êtres divins. Le système politique les identifie par des médailles, des décorations, des prix, afin d’authentifier leur pouvoir occulte. Ainsi, lorsqu’un personnage de la scène médiatique reçoit une décoration au niveau national ou international, cela symbolise sa promotion dans la hiérarchie invisible. Ces décorations ont une fonction magique, à l’image des titres ronflants qu’on confère aux initiés de la hiérarchie ecclésiastique ou maçonnique. Chaque grade maçonnique symbolise un degré atteint dans les basses hiérarchies invisibles, mais il faut avoir fait preuve de ses mérites au service du « prince de ce monde » pour gagner une place de choix dans son administration.

Un chanteur de rock, par exemple, peut-il obtenir cette gratification ?

Prenons les exemples célèbres, comme Mick Jagger, Paul Mc Cartney ou Bob Dylan - sans oublier Elvis Presley qui est une idole qui reçoit un culte religieux. Ainsi, aujourd’hui, lorsqu’un américain sait qu’il va mourir, il dit qu’il va rejoindre Elvis !

Mick Jagger, le provocateur des Rolling Stones qui chantait « sympathie pour le diable » a été décoré du titre de Lord d’Angleterre. Symboliquement, c’est recevoir en héritage un domaine sur la face invisible de l’empire britannique. (Idem pour le Beatle Paul Mc Cartney)

Bob Dylan, le prince des poètes de la génération rock, a été promu à un rang élevé par les autorités maçonniques américaines et internationales. On se souvient de son accolade avec Jean-Paul II, après que Dylan soit d’abord passé à la synagogue de Rome. Nombre de pays l’ont décoré du titre de chevalier des arts et des lettres, ce qui témoigne de l’honneur qui lui est accordé sur la dimension occulte.

Ces artistes médiatisés et idolâtrés ont travaillé pour gonfler certains égrégores, et chaque travail reçoit son salaire. Rien n’est laissé au hasard. Que l’on s’appelle Mère Térésa ou Madonna, c’est le même combat professionnel pour la promotion dans la hiérarchie luciférienne. Il n’y a qu’une faible nuance entre la bonté ostentatoire des grands humanitaristes, et la sensualité des stars. Il faut avoir rendu de bons et fidèles services aux basses hiérarchies, que l’on en soit conscient ou pas. A un certain moment, l’initié sait qu’il est un élu car les pouvoirs qui lui sont octroyés en ce monde sont exorbitants – célébrité, richesse, honneur, pouvoir. Toutefois, l’élu qui ne marche pas droit risque d’être jeté aux oubliettes.

Qu’arrive t-il aux célébrités assassinées ou qui meurent prématurément ?

Généralement, elles sont expédiées de l’autre côté pour être utilisées comme médiums afin de transmettre aux loges occultes des informations sur le futur. Tout a un sens dans l’économie des hiérarchies planétaires. Comme on dit : « chaque cheveu est compté ».

Un élu du système hiérarchique planétaire est un être qui dispose de qualités spirituelles particulières. Il a signé un pacte pour obtenir son pouvoir, son talent, et sa fortune anormale. Il s’est engagé à être un serviteur. Il peut focaliser l’énergie de millions d’êtres afin de redistribuer cette énergie astrale sur d’autres dimensions, au bénéfice des basses hiérarchies.

L’immortalité des grands personnages est donc factice et relative ?

Oui, elle ne dure que le temps d’un cycle, et seulement si l’entité qui a été élue est capable de gérer habilement sa « carrière magique ».
Le fantôme d’Elvis Presley ne sera pas éternellement une idole à laquelle l’Amérique rendra un culte. D’autre part, il n’est pas certain que l’entité Elvis Presley soit capable de diriger consciemment sa carrière magique dans l’au-delà. Son image est utilisée, mais l’entité n’avait pas atteint un niveau de maîtrise occulte suffisante. C’est un instrument. Peu à peu l’image astrale s’estompe et disparaît.

Quoi qu’il en soit, la fonction ésotérique de la gloire en ce monde c’est de constituer autour de personnalités charismatiques des foyers d’alimentation énergétique. Les stars sont des esclaves de la Grande Babylone. Les grands personnages politiques sont au dessus des célébrités dans la hiérarchie car les stars ne sont que leurs serviteurs, leurs bouffons, éventuellement leurs prostituées. C’est pourquoi, aucune célébrité du show business n’attaque le système qui la fait vivre, et qui pourrait la faire mourir. Certaines vedettes jouent les révoltés dans un cadre contestataire délimité, mais jamais ils ne dévoileront les secrets initiatiques - à condition qu’ils comprennent comment ça fonctionne !

Le système est protégé. Un artiste peut prendre un profil de rebelle avant d’accéder au succès, mais dès qu’il est célèbre, il joue le jeu comme un enfant obéissant, ou il est renvoyé en bas.

Brigitte Bardot a égratigné le système, mais pas jusqu’aux responsabilités supérieures, car elle en est un produit, dès avant sa naissance.

Elle dispose d’un certain égrégore, et possède une petite niche de « sainteté » dans la hiérarchie, quoique seulement pour le reflet astral de ses années glorieuses. Elle est donc dans le coup, même si le système l’épingle pour ses positions politiquement incorrectes, lesquelles ne lui vaudront pas un titre d’éternelle comme d’autres stars conscientes des mécanismes ésotériques, et qui sont des initiés. Bardot est protégée pour son image astrale, encore vivace mais qui s’effrite.

Pour tenir un égrégore, il faut avoir développé une conscience luciférienne puissante au service de l’ordre mondial. Bardot sera récupérée après sa mort si elle ne choisit pas de sortir du système.
Ces entités peuvent-elles échapper un jour au désir de briller et d’être reconnues ? Accède t-on au plus haut niveau de la célébrité si on ne le désire pas depuis de nombreuses incarnations ?

Et les grands noms du passé ?

Ces êtres dont la gloire fut posthume n’étaient pas médiatisées de leur vivant, et seule leur image astrale peut être utilisée par les entités occultes qui gèrent la circulation énergétique à leur profit.

C’est comme de racheter les droits d’un auteur en faisant fructifier la valeur commerciale de son nom. Certains égrégores exercent un droit d’exploitation sur l’image de tel saint ou personnage historique et captent ainsi les sentiments attachés à son nom, mais l’âme du personnage n’est plus dans ce circuit.


Par exemple, François d’Assise aurait refusé de servir de stimulant pour entretenir un culte de sa personnalité, mais cela n’empêche pas l’égrégore catholique romain d’utiliser son image de sainteté pour vampiriser les adorateurs du « poverello ».

Cette organisation de vampirisation astrale est la « Grande Babylone », avec ses dieux et ses héros. C’est une mafia occulte qui gère les images des grands personnages mondiaux, lesquels ne sont pas impliqués dans ce syndicat, soit qu’ils sont sortis définitivement du circuit des renaissances, ou sont incarnés à nouveau sur la terre dans le plus grand anonymat.

Par exemple, lorsque Platon s’est réincarné pour la dernière fois, c’est dans la personnalité d’un écrivain du 19° siècle totalement inconnu. Les grands rôles ne sont pas obligatoirement ceux que l’histoire enregistre. Tout ceci est très aléatoire. Par exemple, Vincent van Gogh est mort pauvre et inconnu. Or, l’une de ses peintures est la plus chère du monde. Dès lors, on parle beaucoup de lui, et l’on a construit un mythe autour de son image, sans qu’il soit impliqué dans ce cirque.

Il s’est formé un culte autour de l’image astrale de van Gogh. Il est peu probable qu’il découvre qu’il n’a été durant son périple ici-bas qu’un peintre raté, mystérieusement devenu le plus cher du monde ! Tout cela est très occulte. Pourquoi un homme qui n’aurait pas vendu une croûte de son vivant, devient-il un mort richissime ? Le monde invisible détourne à son profit les œuvres puissantes. On pourrait citer Mozart et nombre de génies, maudits durant leur existence, mais que le système récupère pour son ambiance culturelle qui sinon serait stérile et creuse.

Certains médiums racontent aux gens qu’ils ont été tel personnage du passé. Selon les modes, c’est un prêtre égyptien ou une princesse celtique. C’est de la sottise. Il faut se souvenir que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute.

Qui gère le circuit de la célébrité  ?

Des entités irrégulières se sont octroyées une place dans les basses hiérarchies grâce à un développement occulte qui leur permet de ne pas revenir en incarnation. Ces entités sont organisées en concessions exploitant les réserves énergétiques de l’âme humaine. Ce commerce malsain remonte à une très haute antiquité. Ces entités ont parfois usurpé l’identité et même l’apparence des dieux qui coiffent au le circuit du système solaire. Ces faux dieux et ces entités irrégulières forment les basses hiérarchies planétaires. C’est un circuit fermé rejeté hors du monde divin.

Il s’entretient par la récupération de l’énergie de l’âme humaine qui seule peut synthétiser la force universelle fondamentale. C’est pourquoi, la méthode privilégiée pour capter l’énergie de l’âme demeure les rites et la prière. Du fait que les religions ont perdu le monopole du culte des divinités, il s’est développé un système médiatique international qui pompe une énergie énorme quoique d’un taux vibratoire déprécié. Ce système permet donc aux célébrités d’accéder au statut de demi dieux aux yeux des foules qui veulent des idoles à adorer à la place des divinités démodées.

Cette crise nécessitera au final de faire apparaître un personnage messianique qui se présentera comme le sauveur, l’avatar divin descendu sur la terre. Les loges orientales et occidentales se disputent à ce sujet, sans compter le messianisme juif qui voudrait imposer son roi David.

Un consensus sera adopté, si ce n’est déjà fait. Que le spectacle commence !

Nous avons parlé de la pseudo immortalité des « maîtres » de la hiérarchie planétaire. Nous voyons que pour parvenir à s’élever dans ces degrés il faut avoir développé un pouvoir occulte spécial. Ce pouvoir est lié à la kundalini inférieure, et ne présente aucun caractère libérateur au sens spirituel. Dès lors, comment un être qui n’emprunte pas ce chemin de puissance, peut-il sortir du circuit terrestre ?

La condition pour sortir du circuit c’est de ne pas s’y enchaîner d’avantage. Par conséquent, il faut comprendre que le développement de nos pouvoirs naturels – comme le recommande l’occultisme - est une entrave plutôt qu’une aide.

Nous n’avons pas à rechercher plus de pouvoir si nous voulons sortir d’un circuit planétaire où l’on se hisse précisément en développant une puissance anormale.
Si l’on ne recherche ni la célébrité, ni les pouvoirs occultes, ni la gloire, ni la fortune en ce monde, alors, on est déjà à moitié sorti d’affaire, car nous n’intéressons plus les basses hiérarchies qui vivent de l’exploitation des ambitions mondaines. On nous considèrera alors comme des créatures sans importance, des minables, des ratés, ce qui est tout à notre avantage, car les entités lucifériennes qui surveillent le circuit planétaire, ne peuvent imaginer qu’on puisse rechercher une autre lumière que celle qui illumine leur univers d’illusion.

On devient intérieurement des petits enfants, et l’air de rien, on sort du bac à sable sans se faire remarquer. Bien entendu, il faut couper les liens avec les séductions de la Grande Babylone, ses passions, ses tentations et ses illusions – tout ce qui mobilise les hommes ordinaires.

Ce n’est évidemment pas facile lorsqu’on a une personnalité développée, car celle-ci veut devenir toujours plus grande, plus intelligente, plus forte, plus douée, etc…

Il faut traverser et vaincre les trois tentations dans le désert : l’orgueil, le pouvoir et l’attachement aux richesses. C’est dire qu’il faut prendre le chemin inverse de ceux qui deviennent importants, et qui sont dès lors récupérés par les basses hiérarchies qui les tentent avec l’appât de la gloire, du pouvoir et de la richesse.

Comment un être doté d’une personnalité développée peut-il se libérer ? Celui qui brille d’un certain charisme, qui est ambitieux, peut-il échapper à la tentation de la célébrité, du pouvoir et de la richesse ?

Il doit prendre conscience que le développement de ses pouvoirs personnels le conduiront à pactiser avec des puissants - au plan visible ou invisible - qui pourraient faire de lui leur allié ou un serviteur, s’ils détectent en lui un potentiel. Les monastères et les loges maçonniques sont remplis d’esclaves qui plient l’échine, à cause de l’orgueil spirituel ou mondain qui les dévore.

Si l’on a une personnalité ambitieuse, volontaire ou téméraire, il est évident qu’on ne doit pas refouler ce que l’on est. Il faut convertir nos défauts en vertus en restituant à l’univers l’essence de nos pouvoirs individuels. Que celui qui a le sens de l’organisation, trouve sa place dans un groupe spirituel de bonne foi où il pourra faire profiter les autres de ses capacités. Que celui qui est ambitieux recherche un but spirituel élevé à la mesure de son désir. Que celui qui est un meneur, aide les autres à avancer vers la lumière, en montrant l’exemple du dévouement et de l’ardeur. Alors, celui qui a des défauts liés à l’orgueil, le goût du pouvoir ou le désir d’expansion, les mettra au service de son désir de vérité et de libération.

Les serviteurs de la vérité ne sont ni indécis, ni dénués de volonté. Leur volonté ardente est convertie en volonté de servir.

Sur la voie spirituelle régulière, on agit avec volonté et détermination, mais on ne cherche pas de profit personnel, alors que sur la voie irrégulière, on recherche uniquement le pouvoir pour soi-même.

Les deux immortalités, la vraie et la fausse, découlent de deux attitudes inverses : servir Dieu ou servir le monde.

Les idées new age, confuses et complaisantes, ainsi que la religiosité mondaine, tentent de conjuguer ces tendances inconciliables. Mais il n’y a qu’une voie d’immortalisation, c’est sortir du circuit de la mort.

Alors, comment devient-on immortel ?

Sur la voie régulière, il faut le désir sincère et conscient de revenir à notre origine - pour autant que l’on ait conservé la nostalgie de ce paradis perdu.

Sur la voie des anormaux des basses hiérarchies, il faut le désir de devenir un dieu en enfer - parce qu’on ne sait plus d’où l’on est venu, et qu’on ne voit pas d’autre façon d’avancer que la fuite en avant.

Entre les deux, il y a les tièdes, ceux qui se demanderont toujours quel chemin est le plus sécurisant, ou pour la majorité, qui ne se demandent rien du tout. 

Joël Labruyère, Undercover n° 16
.


Illustration :

vendredi, juillet 01, 2011

Les guerriers bouddhistes d'Hitler


Au cours de la Seconde Guerre mondiale, pas moins de 8 000 bouddhistes, appartenant à l'ethnie kalmouke de la région semi-autonome de Kalmoukie soviétique, ont rejoint les forces nazies. Les cérémonies religieuses étaient assurées par des lamas qui avaient échappé aux purges de Staline de 1930.

Les Kalmouks sont les descendants de Mongols occidentaux qui émigrèrent durant le XVIIe siècle de différentes régions de l'ouest de la Mongolie, du nord ouest de la Chine et du Kazakhstan dans la région de la basse Volga, au nord de la mer Caspienne. Avec leur longue tradition de bergers et d'artisans habiles, les Kalmouks ont aussi apporté le bouddhisme tibétain de la secte Gelug.


Source :




Qui nous asservit ?




Le bouddhisme dit que c’est nous qui nous asservissons nous-mêmes dans le filet de nos idées, de nos paroles, de nos actes, individuels et collectifs. Ceci s’applique à tous les aspects allant des névroses individuelles aux oppressions des masses, des souffrances que l’on s’inflige à soi-même à celles que l’on inflige à ses voisins. De plus, on a remarqué que ces idées, ces paroles, ces actes, surgissent d’attitudes subtiles ou de postures mentales, qui inconsciemment les renforcent et assurent leur répétition.

Du fait que ces attitudes sont rarement passées au crible de l'examen critique conscient, masquées par leur propre subjectivité, la source de l’asservissement, à partir du développement des inclinations caractéristiques que ces attitudes internes favorisent et encouragent leur renforcement, cela est appelé en terminologie zen : « sans corde, s’attacher soi-même. »

Du point de vue du Zen, le problème sous-jacent aux diverses manifestations d’asservissement est constitué par un état de confusion fondamentale. En terminologie classique zen, on désigne cet état par « prendre le serviteur pour le maître ou prendre l’invité pour l’hôte. » Même des formes d'asservissement évident, comme celles que l’on constate dans les formes d’esclavage politique ou économique, commencent et se développent dans des cycles de répétition provenant de la domination de l’esprit par des idées, des mots ou des actes. La pensée bouddhique reconnaît la susceptibilité de l’esprit à la suggestion et au conditionnement, d’où le proverbe : « Soyez maître de votre esprit, ne le laissez pas devenir votre maître. »

Alors que l’on comprend que l’on ne peut rien dire sur l’absolue objectivité qui, dans sa totalité, se situe au-delà de l’esprit qui la suppose, le bouddhisme, libre des penchants et des préjugés qui dégradent les relations humaines et empêchent l’humanité de se voir telle qu’elle est, s’efforce à la plus grande objectivité possible dans la compréhension de l’humanité. Dans cet objectif, le bouddhisme examine, sous tous les angles possibles, la relation qu’entretiennent la subjectivité et l'objectivité afin d’atteindre les limites de ce qui peut être distingué entre vrai et faux.

Tant que l’on n’a pas atteint le point où se fait ce discernement critique, la réalisation zen n’est pas réellement possible. Certains peuvent se sentir libérés alors que tout ce qu’ils ont connu n’est rien d’autre qu’un changement de leurs intérêts. Certains peuvent se croire légitimés alors qu’ils n’ont fait qu’acquérir la conviction qu’ils ont raison, et il est possible que cela leur suffise. D’autres encore peuvent se sentir dispensés d’avoir des choses à faire, à penser, à discuter, sans que cela les satisfasse réellement ou les nourrisse intérieurement. En terminologie zen, ils sont remplis mais non accomplis. D’aucuns peuvent être incités par leur conscience à agir d’une manière qui ne répond pas à ce qu’ils envisageaient parce qu’ils ne peuvent pas maîtriser la volonté et le savoir dont leurs impulsions sont l’écho. Tous les problèmes de non-authenticité psychologique ou spirituelle sont placés sous l’œil scrutateur du zen. Le Zen conduit à la réelle liberté et non à l’image de la liberté.

Une ancienne observation zen a révélé que tout ce qui stimule ou motive quelqu’un, sur les plans économique, politique, social, psychologique ou religieux, risque en réalité de l'empêcher de combler les véritables besoins et désirs qui ont été à l’origine de la stimulation ou de la motivation. En termes zen, cela ne signifie pas que l’objet en lui-même vient contrecarrer la personne mais que la conception individuelle de l’objet et l’attitude a qu’il inspire sont incapables de combler l’être.

C’est là le point crucial du Zen dans son approche de la libération.

Les chaînes de la pauvreté et de l’oppression sont visibles au regard ordinaire et il n’est pas difficile d’éprouver de la sympathie pour les affligés. Mais souvent, les individus et les peuples, sont pris dans des chaînes qu’en fait ils chérissent comme un trésor. Comme le disait un maître zen : « Il est difficile de voir ce qui ne va pas dans ce que l’on aime et de voir ce qui va bien dans ce que l’on n’aime pas ».

Un autre maître zen a fait remarquer qu’il y a chez les êtres humains une tendance à aimer ce qui est familier. Ce qui signifie que les goûts et les habitudes avec lesquels les gens se sentent à l’aise dans un premier temps, peuvent en fait les priver d’une plus grande capacité de progrès et d’accomplissement.

A l’instar du taoïsme, son prédécesseur, le Zen a depuis longtemps remarqué que le désir pour des résultats visibles et rapides est une attitude de prédilection qui est contraire à un progrès véritable du développement tant social qu’individuel. Des études sans nombre ont montré que les résultats de la précipitation ont les mêmes effets, dans les affaires sociales et politiques que dans les situations psychologiques : dépression, ressentiment, regret et nostalgie, qui risquent de consumer tous les progrès qui avaient pu être faits.

Ce qui reste après tout ce processus, une fois que les émotions sont épuisées, c’est une collection de rationalisations aussi inefficaces en elles-mêmes que les émotions.

On se demande parfois pourquoi, en dépit des excédents économiques et des législations complexes établies par les gouvernements, persistent tant de famine et d’oppression dans notre monde. Pour trouver la réponse à cette énigme, un penseur politique pourrait souligner l’interaction conflictuelle des intérêts matériels des différents pays et l'influence de la corruption. Un sociologue pourrait présenter des théories selon lesquelles les particularités culturelles et historiques expliquent la persistance de schémas de récession. Un observateur zen devra, lui, considérer de manière impartiale, l’ensemble de l’interrelation des conditions, sans isoler un seul élément qui pourrait avoir avec lui une résonance émotionnelle.

En vue de comprendre dans la plus claire vérité ce qui est réellement possible dans une situation donnée, celui qui se veut illuminé doit se maintenir à l’écart des idéaux reçus et sacrifier toute compassion sentimentale. C’est un aspect de la « grande mort » par laquelle doivent passer les disciples du Zen, afin de rendre clairs leurs esprits pour être en mesure de voir ce qui est en face d’eux, de manière impersonnelle et impartiale. C’est ainsi qu’ils peuvent mener une vie fraîche, sans porter le fardeau des illusions passées.

Croire que l’on peut acquérir la liberté et la sécurité par le seul fait de systèmes d'organisation gouvernementaux est un mythe populaire et une des illusions les plus entretenues à notre époque.

Alors qu’un système peut, en certaines conditions, se révéler plus efficace qu’un autre, il reste le fait que certains continuent à créer et à faire fonctionner les systèmes, faisant le développement individuel humain critique à tout processus de progrès social. La pensée politique bouddhique admet cela.

L’accent, mis par le bouddhisme sur la libération individuelle, même au sein d’écoles dont le but affirmé est la libération collective, a donné lieu à un contresens selon lequel le bouddhisme serait une religion passive qui encourage l’évasion du monde. Il est un fait que cet encouragement à la fuite et à la passivité sont des aspects bien connus d’une forme de corruption de certaines pratiques. Ces attitudes sont très éloignées de l’esprit du bouddhisme qui considère le bien de tous comme le fait le plus important, même dans les écoles qui soulignent en premier lieu la nécessité de la libération individuelle. La libération de chaque individu fait partie intégrale du bien-être social dans la mesure où elle réduit les sources de conflit et permet à des gens dépouillés d’ambition personnelle de travailler pour le bien des autres.

Selon l'enseignement du bouddhisme, même un acte de générosité n’est pas réellement authentique dans la mesure où il est teinté de sentiments personnels que sont le désir ou la satisfaction de donner.

Cela ne veut pas dire que le bouddhisme n’autorise pas l’action sociale avant d’avoir atteint l’ultime objectivité, mais les bouddhistes ne se servent pas de l’action sociale pour apaiser leurs sentiments humains.

Le bouddhisme se sert plutôt de l’action comme moyen de connaissance et se sert de la connaissance pour guider l’action. Selon Le Livre des Dix Étapes, que l’on trouve dans le soutra de L’Ornementation fleurie, un des textes les plus riches du bouddhisme universel, quand les pratiquants atteignent le stade du perfectionnement de la méditation, ils « pratiquent tout ce qui dans le monde pourrait faire du bien aux êtres vivants ». Parmi les activités mentionnées dans les Écritures, on trouve : écriture, enseignement, mathématiques, sciences naturelles, médecine, pratique des arts, ingénieur, horticulture et psychologie.

L’Histoire montre, en Asie, des traces d’activité bouddhique dans un large éventail d’activités qu’elles soient culturelles, sociales, économiques ou politiques. Les contributions bouddhiques aux beaux-arts et aux arts appliqués, à la littérature, à la philosophie, à la médecine et à l’éducation sont bien reconnues. Les bouddhistes ont aussi joué un rôle dans la revendication et la conservation de la terre, de l’eau, de ressources humaines, tout autant que dans le développement d’activités bancaires, du commerce, de l’artisanat, de l’hôtellerie, des communications, de l’imprimerie et de l’édition. À tous les niveaux, les bouddhistes ont participé aux gouvernements, et particulièrement dans les administrations locales, mais ils sont aussi intervenus de l'extérieur, quelquefois en défendant, avec des groupes d’amnistie, des prisonniers politiques et même en fomentant des rébellions armées contre des régimes oppressifs. Le bouddhisme a également mis au point des moyens acceptables socialement afin que les femmes puissent demander le divorce, ainsi que les premières mesures favorables aux orphelins issus de la politique de clans de l'Asie ancienne.



jeudi, juin 30, 2011

Psychisme & guérison




En médecine, l’action la mieux étudiée du psychisme sur le corps se nomme l’effet placebo. Il est très utilisé en pratique médicale et en recherche pharmacologique pour évaluer l'activité chimique réelle d'un médicament. Le placebo est un faux médicament, une substance inactive administrée à un malade qui croit prendre un vrai médicament, Dans certains cas, le résultat est tel que le placebo soigne de façon satisfaisante, mais induit également les mêmes conséquences indésirables (nausées, vertiges...) que le produit qu'il remplace. Ce phénomène existe, chez les très jeunes enfants, y compris les bébés, et même chez des animaux domestiques. En plus de cet effet spécifique, orienté par le thérapeute qui attend d'une substance inerte un résultat précis, il existe un effet psychique dont l’origine est inconnue, Il fonctionne pour n'importe quelle maladie, c’est la guérison inexpliquée, le miracle. Les placebos antalgiques (antidouleur), le sport, le rire et plus généralement les sources de plaisir stimulent chez l’homme la sécrétion de morphines naturelles - les endorphines -, susceptibles de soulager. Par ailleurs, des expériences prouvent que le psychisme influe sur des paramètres organiques tels que la tension artérielle, l'acidité de l'estomac ou le nombre de globules blancs. Le psychisme aurait même un rôle important, complémentaire des thérapeutiques, en matière de cancérologie. Une de ces expériences consiste à enfermer dans trois cages différentes des rats de la même espèce, à qui une tumeur cancéreuse a été greffée.

Dans la cage n° 1, on laisse évoluer les rats et leurs cancers sans intervenir. Dans la cage n° 2, les rats reçoivent des chocs électriques d'intensité, de durée et de survenue aléatoires, de sorte qu’ils ne savent jamais ni quand ni combien de temps ils vont avoir mal. Dans la cages n° 3, l'expérimentateur envoie les mêmes décharges électriques que dans la cage n° 2, mais les rats ont à leur disposition une manette leur permettant d'interrompre à tout moment le choc, ce qu'ils font très rapidement. Au bout d’un mois, 50 % des rats de la cage n° 1 ont rejeté la tumeur ; dans la cage n° 2, ils sont seulement 34 %. Conclusion : le stress incontrôlable est cancérogène. En revanche, dans la cage n° 3, 64 % des rats rejettent la tumeur : le stress maîtrisé aurait donc, un effet anticancéreux.

En médecine, un des meilleurs facteurs de guérison du cancer du sein semble être la réaction, au diagnostic. Les femmes qui décident rapidement de lutter sont plus nombreuses à guérir que celles qui se croient "fichues". Certains chercheurs pensent que le psychisme commanderait à notre organisme de sécréter massivement des substances anticancéreuses, comme les interférons par exemple. Ces molécules, utilisées en thérapeutique, existent aussi à l’état naturel dans nos cellules. C'est pourquoi de plus en plus d'hôpitaux mettent en place dans les services de cancérologie des psychothérapies ou travaillent en collaboration avec des psychothérapeutes.

Patrick Lemoine, psychiatre, Centre hospitalier spécialisé Le Vinatier, Bron.

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...