mardi, mai 03, 2011

La grande parodie spirituelle




L'assassinat de ben Laden ravive des scénarios conspirationnistes autour du thème de la dictature mondiale, mélange de collectivisme stalinien et d'élitisme nazi. Or l'avènement du nouvel ordre mondial sera fondé sur une imposture spirituelle. C'est ce qu'affirme René Guénon dans ses écrits où le Nouvel Ordre Mondial est nommé « contre-tradition ».

Par tout ce que nous avons déjà dit, il est facile de se rendre compte que la constitution de la «contre-tradition» et son triomphe apparent et momentané seront proprement le règne de ce que nous avons appelé la «spiritualité à rebours» qui, naturellement, n’est qu’une parodie de la spiritualité, qu’elle imite pour ainsi dire en sens inverse, de sorte qu’elle paraît en être le contraire même; nous disons seulement qu’elle le paraît, et non pas qu’elle l’est réellement car, quelles que puissent être ses prétentions, il n’y a ici ni symétrie ni équivalence possible.
Il importe d’insister sur ce point car beaucoup, se laissant tromper par les apparences, s’imaginent qu’il y a dans le monde comme deux principes opposés se disputant la suprématie, conception erronée qui est, au fond, la même chose que celle qui, en langage théologique, met Satan au même niveau que Dieu, et que, à tort ou à raison, on attribue communément aux Manichéens; il y a certes actuellement bien des gens qui sont, en ce sens, «manichéens» sans s’en douter, et c’est là encore l’effet d’une «suggestion» des plus pernicieuses.
Cette conception, en effet, revient à affirmer une dualité principielle radicalement irréductible ou, en d’autres termes, à nier l’Unité suprême qui est au delà de toutes les oppositions et de tous les antagonismes; qu’une telle négation soit le fait des adhérents de la «contre-initiation», il n’y a pas lieu de s’en étonner, et elle peut même être sincère de leur part puisque le domaine métaphysique leur est complètement fermé; qu’il soit nécessaire pour eux de répandre et d’imposer cette conception, c’est encore plus évident, car c’est seulement par là qu’ils peuvent réussir à se faire prendre pour ce qu’ils ne sont pas et ne peuvent pas être réellement, c’est-à-dire pour les représentants de quelque chose qui pourrait être mis en parallèle avec la spiritualité et même l’emporter finalement sur elle.
Cette «spiritualité à rebours» n’est donc, à vrai dire, qu’une fausse spiritualité, fausse même au degré le plus extrême qui se puisse concevoir; mais on peut aussi parler de fausse spiritualité dans tous les cas où, par exemple, le psychique est pris pour le spirituel, sans aller forcément jusqu’à cette subversion totale; c’est pourquoi, pour désigner celle-ci, l’expression de «spiritualité à rebours» est en définitive celle qui convient le mieux, à la condition d’expliquer exactement comment il convient de l’entendre.
C’est là, en réalité, le «renouveau spirituel» dont certains, parfois fort inconscients, annoncent avec insistance le prochain avènement, ou encore l’«ère nouvelle» dans laquelle on s’efforce par tous les moyens de faire entrer l’humanité actuelle (1), et que l’état d’«attente» générale créé par la diffusion des prédictions dont nous avons parlé peut lui-même contribuer à hâter effectivement.
L’attrait du «phénomène», que nous avons déjà envisagé comme un des facteurs déterminants de la confusion du psychique et du spirituel, peut également jouer à cet égard un rôle fort important, car c’est par là que la plupart des hommes seront pris et trompés au temps de la «contre-tradition», puisqu’il est dit que les «faux prophètes» qui s’élèveront alors «feront de grands prodiges et des choses étonnantes, jusqu’à séduire, s’il était possible, les élus eux-mêmes (2) ». C’est surtout sous ce rapport que les manifestations de la «métapsychique» et des diverses formes du «néo-spiritualisme» peuvent apparaître déjà comme une sorte de «préfiguration» de ce qui doit se produire par la suite, quoiqu’elles n’en donnent encore qu’une bien faible idée; il s’agit toujours, au fond, d’une action des mêmes forces subtiles inférieures, mais qui seront alors mises en œuvre avec une puissance incomparablement plus grande; et quand on voit combien de gens sont toujours prêts à accorder aveuglément une entière confiance à toutes les divagations d’un simple «médium», uniquement parce qu’elles sont appuyées par des «phénomènes», comment s’étonner que la séduction doive être alors presque générale ?
C’est pourquoi on ne redira jamais trop que les «phénomènes», en eux-mêmes, ne prouvent absolument rien quant à la vérité d’une doctrine ou d’un enseignement quelconque, que c’est là le domaine par excellence de la «grande illusion» où tout ce que certains prennent trop facilement pour des signes de «spiritualité» peut toujours être simulé et contrefait par le jeu des forces inférieures dont il s’agit; c’est même peut-être le seul cas où l’imitation puisse être vraiment parfaite, parce que, en fait, ce sont bien les mêmes «phénomènes», en prenant ce mot dans son sens propre d’apparences extérieures, qui se produisent dans l’un et l’autre cas, et que la différence réside seulement dans la nature des causes qui y interviennent respectivement, causes que la grande majorité des hommes est forcément incapable de déterminer, si bien que ce qu’il y a de mieux à faire, en définitive, c’est de ne pas attacher la moindre importance à tout ce qui est «phénomène», et même d’y voir plutôt a priori un signe défavorable; mais comment le faire comprendre à la mentalité «expérimentale» de nos contemporains, mentalité qui, façonnée tout d’abord par le point de vue «scientiste» de l’«antitradition», devient ainsi finalement un des facteurs qui peuvent contribuer le plus efficacement au succès de la «contre-tradition» ?
Le «néo-spiritualisme» et la «pseudo-initiation» qui en procède sont encore comme une «préfiguration» partielle de la «contre-tradition» sous un autre point de vue : nous voulons parler de l’utilisation, que nous avons déjà signalée, d’éléments authentiquement traditionnels dans leur origine, mais détournés de leur véritable sens et mis ainsi en quelque sorte au service de l’erreur; ce détournement n’est, en somme, qu’un acheminement vers le retournement complet qui doit caractériser la «contre-tradition» (et dont nous avons vu, d’ailleurs, un exemple significatif dans le cas du renversement intentionnel des symboles); mais alors, il ne s’agira plus seulement de quelques éléments fragmentaires et dispersés, puisqu’il faudra donner l’illusion de quelque chose de comparable, et même d’équivalent selon l’intention de ses auteurs, à ce qui constitue l’intégralité d’une tradition véritable, y compris ses applications extérieures dans tous les domaines. On peut remarquer, à ce propos, que la «contre-initiation», tout en inventant et en propageant, pour en arriver à ses fins, toutes les idées modernes qui représentent seulement l’«antitradition» négative, est parfaitement consciente de la fausseté de ces idées, car il est évident qu’elle ne sait que trop bien à quoi s’en tenir là-dessus; mais cela même indique qu’il ne peut s’agir là, dans son intention, que d’une phase transitoire et préliminaire, car une telle entreprise de mensonge conscient ne peut pas être, en elle-même, le véritable et unique but qu’elle se propose; tout cela n’est destiné qu’à préparer la venue ultérieure d’autre chose qui semble constituer un résultat plus «positif», et qui est précisément la «contre-tradition».
C’est pourquoi on voit déjà s’esquisser notamment, dans des productions diverses dont l’origine ou l’inspiration «contre-initiatique» n’est pas douteuse, l’idée d’une organisation qui serait comme la contrepartie, mais aussi, par là même, la contrefaçon, d’une conception traditionnelle telle que celle du «Saint-Empire», organisation qui doit être l’expression de la «contre-tradition» dans l’ordre social ; et c’est aussi pourquoi l’Antéchrist doit apparaître comme ce que nous pouvons appeler, suivant le langage de la tradition hindoue, un Chakravartî à rebours (3).
Ce règne de la «contre-tradition» est en effet, très exactement, ce qui est désigné comme le «règne de l’Antéchrist»: celui-ci, quelque idée qu’on s’en fasse d’ailleurs, est en tout cas ce qui concentrera et synthétisera en soi, pour cette œuvre finale, toutes les puissances de la «contre-initiation», qu’on le conçoive comme un individu ou comme une collectivité; ce peut même, en un certain sens, être à la fois l’un et l’autre car il devra y avoir une collectivité qui sera comme l’«extériorisation» de l’organisation «contre-initiatique» elle-même apparaissant enfin au jour, et aussi un personnage qui, placé à la tête de cette collectivité, sera l’expression la plus complète et comme l’«incarnation» même de ce qu’elle représentera, ne serait-ce qu’à titre de «support» de toutes les influences maléfiques que, après les avoir concentrées en lui-même, il devra projeter sur le monde (4). Ce sera évidemment un «imposteur» (c’est le sens du mot dajjâl par lequel on le désigne habituellement en arabe), puisque son règne ne sera pas autre chose que la «grande parodie» par excellence, l’imitation caricaturale et «satanique» de tout ce qui est vraiment traditionnel et spirituel; mais pourtant, il sera fait de telle sorte, si l’on peut dire, qu’il lui serait véritablement impossible de ne pas jouer ce rôle. Ce ne sera certes plus le «règne de la quantité», qui n’était en somme que l’aboutissement de l’«antitradition»; ce sera au contraire, sous le prétexte d’une fausse «restauration spirituelle», une sorte de réintroduction de la qualité en toutes choses, mais d’une qualité prise au rebours de sa valeur légitime et normale ; après l’«égalitarisme» de nos jours, il y aura de nouveau une hiérarchie affirmée visiblement, mais une hiérarchie inversée, c’est-à-dire proprement une «contre-hiérarchie» dont le sommet sera occupé par l’être qui, en réalité, touchera de plus près que tout autre au fond même des «abîmes infernaux».
Cet être, même s’il apparaît sous la forme d’un personnage déterminé, sera réellement moins un individu qu’un symbole, et comme la synthèse même de tout le symbolisme inversé à l’usage de la «contre-initiation» qu’il manifestera d’autant plus complètement en lui-même qu’il n’aura dans ce rôle ni prédécesseur ni successeur; pour exprimer ainsi le faux à son plus extrême degré, il devra, pourrait-on dire, être entièrement «faussé» à tous les points de vue, et être comme une incarnation de la fausseté même (6). C’est d’ailleurs pour cela même, et en raison de cette extrême opposition au vrai sous tous ses aspects, que l’Antéchrist peut prendre les symboles mêmes du Messie mais, bien entendu, dans un sens également opposé (7) ; et la prédominance donnée à l’aspect «maléfique», ou même, plus exactement, la substitution de celui-ci à l’aspect «bénéfique» par subversion du double sens de ces symboles, est ce qui constitue sa marque caractéristique.
De même, il peut et il doit y avoir une étrange ressemblance entre les désignations du Messie (El-Mesîha en arabe) et celles de l’Antéchrist (El-Mesîkh) (8) ; mais celles-ci ne sont réellement qu’une déformation de celles-là, comme l’Antéchrist lui-même est représenté comme difforme dans toutes les descriptions plus ou moins symboliques qui en sont données, ce qui est encore bien significatif. En effet, ces descriptions insistent surtout sur les dissymétries corporelles, ce qui suppose essentiellement que celles-ci sont les marques visibles de la nature même de l’être auquel elles sont attribuées, et effectivement elles sont toujours les signes de quelque déséquilibre intérieur; c’est d’ailleurs pourquoi de telles difformités constituent des «disqualifications» au point de vue initiatique, mais en même temps on conçoit sans peine qu’elles puissent être des «qualifications» en sens contraire, c’est-à-dire à l’égard de la «contre-initiation».  Celle-ci, en effet, allant au rebours de l’initiation, par définition même, va par conséquent dans le sens d’un accroissement du déséquilibre des êtres dont le terme extrême est la dissolution ou la «désintégration» dont nous avons parlé; l’Antéchrist doit évidemment être aussi près que possible de cette «désintégration», de sorte qu’on pourrait dire que son individualité, en même temps qu’elle est développée d’une façon monstrueuse, est pourtant déjà presque annihilée, réalisant ainsi l’inverse de l’effacement du «moi» devant le «Soi» ou, en d’autres termes, la confusion dans le «chaos» au lieu de la fusion dans l’Unité principielle; et cet état, figuré par les difformités mêmes et les disproportions de sa forme corporelle, est véritablement sur la limite inférieure des possibilités de notre état individuel, de sorte que le sommet de la «contre-hiérarchie» est bien la place qui lui convient proprement dans ce «monde renversé» qui sera le sien. D’autre part, même au point de vue purement symbolique, et en tant qu’il représente la «contre-tradition», l’Antéchrist n’est pas moins nécessairement difforme: nous disions tout à l’heure, en effet, qu’il ne peut y avoir là qu’une caricature de la tradition, et qui dit caricature dit par là même difformité; du reste, s’il en était autrement, il n’y aurait en somme extérieurement aucun moyen de distinguer la «contre-tradition» de la tradition véritable, et il faut bien, pour que les «élus» tout au moins ne soient pas séduits, qu’elle porte en elle-même la «marque du diable».
Au surplus, le faux est forcément aussi l’«artificiel», et à cet égard, la «contre-tradition» ne pourra pas manquer d’avoir encore, malgré tout, ce caractère «mécanique» qui est celui de toutes les productions du monde moderne dont elle sera la dernière; plus exactement encore, il y aura en elle quelque chose de comparable à l’automatisme de ces «cadavres psychiques» dont nous avons parlé précédemment, et elle ne sera d’ailleurs, comme eux, faite que de «résidus» animés artificiellement et momentanément, ce qui explique encore qu’il ne puisse y avoir là rien de durable; cet amas de «résidus» galvanisé, si l’on peut dire, par une volonté «infernale», est bien, assurément, ce qui donne l’idée la plus nette de quelque chose qui est arrivé aux confins mêmes de la dissolution.
Nous ne pensons pas qu’il y ait lieu d’insister davantage sur toutes ces choses; il serait peu utile, au fond, de chercher à prévoir en détail comment sera constituée la «contre-tradition», et d’ailleurs ces indications générales seraient déjà presque suffisantes pour ceux qui voudraient en faire par eux-mêmes l’application à des points plus particuliers, ce qui ne peut en tout cas rentrer dans notre propos.
Quoi qu’il en soit, nous sommes arrivés là au dernier terme de l’action antitraditionnelle qui doit mener ce monde vers sa fin; après ce règne passager de la «contre-tradition», il ne peut plus y avoir, pour parvenir au moment ultime du cycle actuel, que le «redressement» qui, remettant soudain toutes choses à leur place normale, alors même que la subversion semblait complète, préparera immédiatement l’«âge d’or» du cycle futur.
René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».



Lire en ligne Le règne de la quantité et les signes des temps :





(1) On ne saurait croire à quel point cette expression d'«ère nouvelle» a été, en ces derniers temps, répandue et répétée dans tous les milieux, avec des significations qui souvent peuvent sembler assez différentes les unes des autres, mais qui toutes ne tendent en définitive qu'à établir la même persuasion dans la mentalité publique
(2) Saint Matthieu, XXIV, 24.
(3) Sur le Chakravarti ou «monarque universel», voir L’Ésotérisme de Dante, p. 76, et Le Roi du Monde, pp. 17-18. -  Le Chakravarti est littéralement «celui qui fait tourner la roue», ce qui implique qu'il est placé au centre même de toutes choses, tandis que l'Antéchrist est au contraire l'être qui sera le plus éloigné de ce centre; il prétendra cependant aussi «faire tourner la roue», mais en sens inverse du mouvement cyclique normal (ce que «préfigure» d'ailleurs inconsciemment l'idée moderne du «progrès»), alors que, en réalité, tout changement dans la rotation est impossible avant le «renversement des pôles», c'est-à-dire avant le «redressement» qui ne peut être opéré que par l'intervention du dixième Avatâra; mais justement, s'il est désigné comme l'Antéchrist, c'est parce qu'il parodiera à sa façon le rôle même de cet Avatâra final qui est représenté comme le «second avènement du Christ» dans la tradition chrétienne.

(4) Il peut donc être considéré comme le chef des awliyâ esh-Shaytân, et comme il sera le dernier à remplir cette fonction, en même temps que celui avec lequel elle aura dans le monde l'importance la plus manifeste, on peut dire qu'il sera comme leur «sceau» (khâtem), suivant la terminologie de l'ésotérisme islamique; il n'est pas difficile de voir par là jusqu'où sera poussée effectivement la parodie de la tradition sous tous ses aspects.

(5) La monnaie elle-même, ou ce qui en tiendra lieu, aura de nouveau un caractère qualitatif de cette sorte puisqu'il est dit que «nul ne pourra acheter ou vendre que celui qui aura le caractère ou le nom de la Bête, ou le nombre de son nom» (Apocalypse, XIII, 17), ce qui implique un usage effectif, à cet égard, des symboles inversés de la «contre-tradition».

(6) C'est encore ici l'antithèse du Christ disant : «Je suis la Vérité», ou d'un walî comme El-Hallâj disant de même: «Anâ el-Haqq».

(7) «On n'a peut-être pas suffisamment remarqué l'analogie qui existe entre la vraie doctrine et la fausse ; saint Hippolyte, dans son opuscule sur l'Antéchrist, en donne un exemple mémorable qui n'étonnera point les gens qui ont étudié le symbolisme : le Messie et l'Antéchrist ont tous deux pour emblème le lion» (P. Vulliaud, La Kabbale juive, t. II, p. 373). - La raison profonde, au point de vue kabbalistique, en est dans la considération des deux faces lumineuse et obscure de Metatron ; c'est également pourquoi le nombre apocalyptique 666, le «nombre de la Bête», est aussi un nombre solaire (cf. Le Roi du Monde, pp. 34-35).

(8) Il y a ici une double signification qui est intraduisible: Mes'kh peut être pris comme une déformation de Mesîha par simple adjonction d'un point à la lettre finale ; mais en même temps, ce mot lui-même veut dire aussi «difforme», ce qui exprime proprement le caractère de l’Antéchrist.


Illustration :



lundi, mai 02, 2011

René Guénon en quête de la tradition primordiale




La tradition, dans son intégralité. forme un ensemble parfaitement cohérent, ce qui ne veut point dire systématique[...]. Si l'exposition peut suivant les époques, se modifier jusqu'à un certain point dans sa forme extérieure pour s'adapter aux circonstances, il n'en est pas moins vrai que le fond reste toujours rigoureusement le même et que ces modifications extérieures n'affectent en rien l'essence de la doctrine.

René Guénon, « L'homme et son devenir selon le Védanta ».



René Guénon naquit à Blois le 15 novembre 1886, dans une famille de catholiques fervents, et mourut au Caire le 7 janvier 1951, dans l'islam, sous le nom de 'Abd al-Wâhid Yahyâ (Jean [Baptiste] serviteur de l'Unique). Ce parcours inscrit dans l'espace l'orientation (au propre et au figuré) fondamentale de la doctrine exposée par Guénon : une quête de la réalisation spirituelle dans le cadre de ce qu'il appelait la métaphysique traditionnelle.

L'orientation métaphysique

Lue diachroniquement, l'œuvre écrite de cette éminente figure du courant ésotérique « traditionaliste » ou « traditioniste » (ou encore, de l'anglais, « pérennialiste ») recoupe les principales étapes de la vie de son auteur. De 1905 à 1909-1910, il fréquenta les milieux occultistes, puis, quand il se rapprocha des milieux catholiques, jusqu'en 1928, il entreprit de réfuter, d'une part, les interprétations néo-spiritualistes de l'ésotérisme et, d'autre part, les déviations modernes. Ensuite, pendant sa « période catholique » et les premières années de sa vie cairote, il exposa les éléments doctrinaux propres à réveiller la conscience de l'homme moderne occidental et à l'ouvrir à des dimensions supérieures. Enfin, jusqu'à sa mort, alors qu'il s'immergeait totalement dans l'islam (auquel il aurait peut-être été rattaché dès 1911 ou 1912 dans le cadre de la lignée Shâdhiliyya), il présenta les voies normales de rattachement à la tradition et de réalisation spirituelle - ce qui correspond à autant de thèmes majeurs de la métaphysique guénonienne : la tradition, la doctrine des états multiples de l'être et l'initiation.

La tradition primordiale apparaît comme l'exact contraire d'une modernité qui nie tout principe supérieur à l'individualité humaine. On y accède par l'ésotérisme (voie vers la connaissance pure et cette connaissance elle-même) présent au cœur des traditions authentiques.

La doctrine des états multiples de l'être, que René Guénon aborda particulièrement dans les termes du non-dualisme védantin, lui permit d'articuler métaphysique et cosmologie et de préciser le statut et la méthode de la réalisation spirituelle. La connaissance réalise par identification les degrés de réalités, jusqu'au suprême, le Non-Être, à partir duquel se déploient les différents modes et degrés de la manifestation.

L'initiation est alors ce processus réglé et rituel par lequel une influence spirituelle, force attractive vers la divinité, descend l'axe de la hiérarchie des états de l'être pour déposer en l'initié une virtualité de réalisation, qu'un travail intérieur devra ensuite actualiser.

La fonction de René Guénon et sa réception

Face aux obstacles que le monde moderne oppose à la réalisation, Guénon a appelé de ses vœux la constitution d'une élite intellectuelle occidentale, stimulée et vivifiée, au sein de sa propre tradition, par des apports orientaux. C'est dans cette perspective que se situe la seule mission qu'il se soit reconnue: éveiller par ses écrits les Occidentaux à la nécessité de retrouver la tradition obscurcie par la modernité. À ce titre, il s'est toujours défendu d'avoir ou de vouloir des disciples. Il n'en reste pas moins que la rencontre de l'œuvre de Guénon fut pour plusieurs de ses contemporains « l'événement majeur de leur existence » (Jean Reyor), qui les a conduits à vouloir mettre en pratique les orientations doctrinales qui y étaient exposées.

La question de la qualité initiatique du christianisme fut ici cruciale. En effet, dès lors que Guénon refusait tout caractère initiatique aux sacrements tels que nous les connaissons et qu'il soulignait la nécessité d'un rattachement à une organisation initiatique, des catholiques se tournèrent vers le groupement hermétique chrétien de la Fraternité du Paraclet, peut-être d'origine médiévale ou renaissante, rétabli en 1938 et mis en sommeil en 1951. Quelques-uns rentrèrent dans la franc-maçonnerie, où une loge d'inspiration guénonienne, la Grande Triade, fut constituée en 1946. Toutefois, Guénon ayant relevé des insuffisances de ces organisations occidentales, certains, parfois encouragés par Guénon lui-même, rejoignirent l'islam où l'articulation nécessaire de l'ésotérisme et de l'exotérisme semblait plus naturelle. Dès les années 1940, des turuk (confréries initiatiques) occidentales souvent imprégnées par la pensée de 'Ibn Arabî furent mises sur pied. Dans l'ensemble de ces courants, catholiques, maçonniques et musulmans, la réception des exposés de Guénon fut diverse, de la simple référence parmi d'autres, quoique privilégiée, et sujette à la critique, à la conception que les écrits de Guénon sont l'aune infaillible à laquelle mesurer la validité traditionnelle de toute doctrine.

L'influence de Guénon ne s'est pas limitée à cette mouvance quantitativement faible et essentiellement occidentale ; plusieurs historiens de l'art (Ananda Kentish Coomaraswamy) ou des religions (Mircea Eliade), ainsi que des philosophes (Georges Vallin et Jean Borella), des écrivains (Artaud, Breton, Daumal, Bosco, Paulhan), des politiques furent marqués par le traditionalisme, quitte à n'en retenir que certains aspects (critique de la modernité, symbolisme, réévaluation de l'Orient). En revanche, la doctrine guénonienne n'a que peu pénétré les milieux ecclésiastiques (signalons toutefois ici les abbés Gircourt, Châtillon et Boon, et le trappiste « Elie Lemoine »), la plupart des critiques catholiques lui reprochant d'être anhistorique et gnostique.

Jérôme Rousse-Lacordaire, « Le livre des sagesses ».


L’Ermite de Duqqi
René Guénon en marge des milieux francophones égyptiens

La vie intellectuelle de la communauté francophone de l'époque est extrêmement développée et le journalisme littéraire est alors encore une parole littéraire forte. Ces articles présentent un grand intérêt, d'une part, en raison des informations qu'ils apportent sur la vie et la personne du Sheikh Abdel Wahed Yahya au Caire : témoignages personnels, récits d'initiatives oubliées qui se sont développées autour de Guénon ; la description de sa bibliothèque. D'autre part, le moment de la mort de Guénon est l'acmé de la vie de cette communauté. Elle atteint, en effet, sa plus grande intensité dans un contexte politique dramatique. Guénon apparaît comme révélateur de cette crise et, d'un autre côté, ce contexte fait apparaître la mort de Guénon comme un signe des temps à un moment charnière pour la question Orient/Occident.



Extrait :

Témoignages de Jean-Louis Michon, Cheikh Abd al-Halim Mahmoud, Martin Lings

Je ressentais un grand désir de rencontrer celui qui, par son œuvre et sa discrète orientation, avait tant contribué à nous frayer un chemin vers la Vérité. La Providence facilita ce dessein en me procurant un poste de professeur d’anglais au Lycée franco-arabe de Damas. Et c’est de là qu’à l’occasion de mes premières vacances scolaires, à Pâques de l’année 1947, je pus me rendre au Caire où Guénon avait accepté de me recevoir. Ce fut mon ami Martin Lings, alors lecteur de littérature anglaise à l’Université Fuad, qui me conduisit chez René Guénon avec lequel il était en contact quasi quotidien. Guénon habitait, dans le quartier de Duqqi, une modeste villa qu’il avait baptisée " Fatima " du nom de son épouse, une chérifa - descendante du Prophète Muhammed -, qui lui avait déjà donné deux filles : Khadija et Layla, alors âgées de 3 et 1 an environ. […]
Le souvenir de cette première visite à la villa Fatima se fond aujourd’hui avec celui de toutes celles que j’ai eu le privilège de lui rendre par la suite, au cours de la même semaine de Pâques, puis durant l’été de la même année 1947, et, plus tard, en mars-avril 1948, et en juillet 1949. Pour en restituer l’atmosphère, je ne puis faire mieux que citer ce que j’écrivais de Damas à mes parents le 5 avril 1947 à mon retour du Caire : " Ce séjour m’a permis de rendre souvent visite à René Guénon, dont la santé est maintenant rétablie et qui est certes un des hommes les plus simplement bienveillants que l’on puisse rencontrer ".
J’ai passé bien des heures, au cours de ces trois années, dans la pièce où travaillait Cheikh Abd al-Wahid, assis dans un fauteuil à la droite du bureau sur lequel il travaillait et qu’il ne quittait à aucun moment, sauf pour aller prier dans le salon voisin aux heures prescrites. Il écrivait de son écriture régulière, légèrement penchée vers l’avant, bien appuyée et sans ratures, ne s’interrompant que pour allumer une fine cigarette tirée de la boîte posée sur sa table ou pour émettre de sa voix sourde, un peu tremblante, quelques réflexions sur l’objet de sa lettre ou sur le sujet de l’article qu’il était en train de rédiger pour le prochain numéro des Études traditionnelles. Parfois, son épouse ou le jeune serviteur attaché à la maison venait lui demander un des menus objets qu’il tenait serrés dans un tiroir de son bureau : des allumettes, une paire de ciseaux, une pelote de ficelle… Son épouse s’adressait à lui avec douceur, l’interpellant avec le titre de " ustadh ", " professeur ". Elle pouvait être accompagnée de l’aînée des fillettes et porter la plus petite dans ses bras. Le Cheikh les accueillait avec tendresse, le visage éclairé d’un grand sourire et il ne manquait pas d’extraire du tiroir à surprises quelque sucrerie dont les fillettes s’emparaient avec ravissement…Ainsi, je me sentais comme faisant partie de la famille, en partageant les préoccupations de René Guénon écrivain et celles du chef de famille. […]
Au temps où je l’ai connu, Cheikh Abd al-Wahid ne sortait plus de chez lui que deux fois par an : une fois en compagnie d’un " frère dans la voie ", Seyyid Ramadan, pour aller prier au tombeau de son maître, le Cheikh Abd ar-Rahman ILLaysh al-Kabir, à qui est dédié Le symbolisme de la Croix. De ce maître soufi, d’origine maghrébine, il m’a un jour montré la photographie : un beau visage de vieillard très basané, drapé dans un Hayk. Quant à la seconde sortie hors de la villa Fatima, il s’agissait d’une partie de campagne où la famille était au complet : tous se rendaient en taxi dans le jardin et la maison de Martin Lings, près des pyramides de Gizeh. J’ai eu le bonheur de participer pendant l’été 1947 à l’une de ces journées où Cheikh Abd al-Wahid, loin de ses préoccupations habituelles, se montrait détendu et attentif à tout ce qui se passait autour de lui. […]
En juillet 1949, au début du mois de Ramadan, je fus invité à venir rompre le jeûne. Je le trouvai étendu sur le divan du salon, et il m’expliqua que le jeûne le fatiguait au point qu’il ne pouvait travailler que la nuit, la journée étant consacrée à la prière et au repos. Dès que retentit le coup de canon annonçant le coucher du soleil, Hajja Fatima nous apporta une tasse de café turc, qui fut bue en même temps que nous allumions une cigarette. Ensuite de quoi, Cheikh Abd al-Wahid accomplit la prière du maghreb, dont je suivis les mouvements derrière lui. Après un excellent repas à l’égyptienne et une paisible veillée, je pris congé du Cheikh et de sa famille. […] Un an plus tard, en novembre 1950, il tombait sérieusement malade, en même temps que ses trois enfants. Tous furent soignés avec un dévouement admirable par Hajja Fatima, pourtant enceinte pour la quatrième fois. Mais son corps déjà affaibli par d’anciens épisodes de maladie et par le manque de mouvement ne résista pas à cette ultime agression…
Jean-Louis Michon (Ali Abd al-Khaliq)


Ma thèse de doctorat soutenue, je quittais Paris pour rentrer en Égypte. Dès mon arrivée au Caire, je n’eus rien de plus pressé que de me rendre dans la banlieue de Dokki à la recherche de Cheikh Abd al-Wahid Yahia. A la rue Nawal, je frappai à la porte de la villa Fatima […] et demanda à la bonne de prier le Cheikh de me recevoir. Quelques instants après, la bonne apparut de nouveau portant un banc en bois d’aspect bien modeste et me pria de m’y asseoir et d’attendre un moment. J’attendis à la porte, presque dans la rue. Les minutes passèrent et je commençais à trouver l’attente longue. La bonne faisait des apparitions dans l’entrée, et dès que je la voyais, je me levais de mon siège, croyant qu’elle venait m’introduire auprès de son maître. Quelque temps après, elle vint me demander de retourner le lendemain à onze heures du matin. Je quittais la maison, non sans un sentiment de surprise et de honte, mais avec l’attention bien arrêtée de voir ce Cheikh qui faisait attendre ses visiteurs dans la rue et qui les congédiait en leur demandant de retourner le lendemain.
Je fus le jour suivant exact au rendez-vous, mais pas plus heureux que la fois précédente. Le Cheikh me fit prier par sa bonne de lui écrire ce que j’avais à lui demander ; il me répondrait aux questions que je lui poserais. Je me retirais après l’échec de cette seconde tentative. Je ne lui écrivis pas. Les réponses qu’il pouvait faire aux questions que je lui aurais posées ne m’intéressaient pas autant que sa rencontre. […]
Nous prîmes un jour la résolution, M. Madero, le ministre de l’Argentine au Caire, et moi, de forcer le barrage que le Cheikh Abd al-Wahid avait élevé entre lui et le monde. Je me souviendrais toujours de ce jour où nous étions allés frapper à la porte de la villa Fatima. Un vieillard, haut de taille, le visage illuminé, l’allure imposante, les yeux brillants, nous ouvrit. Après l’échange traditionnel de salut, il nous demanda l’objet de notre visite. Le ministre lui transmit les salutations d’un ami. A peine le vieil homme eut-il entendu le nom de ce dernier, qu’il nous invita à entrer chez lui. Il garda durant notre visite le silence, et sans la diplomatie du ministre, nous nous serions trouvés dans une situation bien embarrassante. M. Madero rompit en effet le silence en rendant un vif hommage aux opinions du Cheikh Abd al-Wahid. Mais celui-ci ne se départit pas pour autant de son mutisme. Avant de nous retirer, nous lui demandâmes s’il nous permettait de lui rendre une autre visite, ce qu’il accepta fort aimablement. […]
Nos visites au Cheikh se suivirent par la suite. Il nous parla longuement et tint surtout à nous signaler que seuls les importuns qui ont du temps à perdre dans les propos personnels et futiles, croient qu’il se confine dans la solitude. Nous fûmes flattés de l’entendre dire qu’ayant perçu chez nous le désir sincère de comprendre, nous pouvions venir le voir à n’importe quel moment.
Par la suite, nous parvînmes à le sortir de son gîte et à l’accompagner à la mosquée du Sultan Abul-Ala où nous organisions des cérémonies pour la récitation du nom d’Allah. On le voyait, au cours de ces réunions, murmurer d’abord des mots inintelligibles et pris de légères secousses. Puis les mots qu’il prononçait devenait plus nets et les secousses plus fortes, pour faire place ensuite à un profond recueillement . Quand il m’arrivait de lui rappeler que l’heure du départ était venue, il se réveillait en sursaut comme s’il revenait de régions bien lointaines.
Le temps passa. Le ministre quitta l’Égypte et le Cheikh mourut, me laissant les plus beaux souvenirs.

Cheikh Abd al-Halim Mahmoud


Je pense que vous avez déjà reçu la nouvelle de la mort de Cheikh Abd al-Wahid qui j’en suis certain repose dans la Grâce de la Bénédiction Divine. Tout ceci a été pour nous inattendu. Après la visite de Abd as-Sabur, je l’ai persuadé de voir un docteur. Il a tout à fait refusé de faire analyser son sang, mais cependant il s’est entièrement soumis à un traitement médical. Sa jambe qui lui avait causé de grandes douleurs paraissait de nouveau se rétablir et quatre jours avant sa mort le docteur paraissait penser qu’il était hors de danger. Il semble être rentré dans le coma vingt-quatre heures avant sa mort qui est due, pense le docteur, moins à quel qu’affection particulière qu’à une déficience générale de différents organes, une espèce de sénilité corporelle prématurée, conséquence d’une complète sédentarité combinée avec une diététique inopportune.
Sa dernière maladie a duré un mois. Pendant ce temps, il fut tout à fait inapte à écrire et il ne lut pratiquement rien, ne paraissant prendre aucun intérêt à son courrier. Pendant les derniers jours, il eut évidemment conscience qu’il était perdu et le dernier soir - il mourut vers deux heures dans la nuit du 7 au 8 janvier 1951- il fit entièrement un violent dhikr (soutenu par les bras de sa femme et de sa parenté) qui l’épuisa d’autant qu’il l’était auparavant. On dit que sa sueur avait le parfum des fleurs durant ce jour. Vers la fin, il leur demanda la permission de mourir comme s’il pouvait choisir le moment de sa mort, mais comme ils le suppliaient de rester encore un peu de temps, finalement il dit à sa femme : " Je dois mourir maintenant ; j’ai suffisamment souffert " et il dit " avec la protection d’Allah " et il mourut immédiatement après deux invocations.
Son chat, apparemment en parfaite santé, commença à gémir et quelques heures après, il mourait aussi.
J’ai oublié de dire que le cheikh Abd al-Wahid le jour de sa mort déconcerta sa femme en lui disant qu’après sa mort elle devait tout laisser dans sa chambre exactement comme c’était. Personne ne devait toucher à ses livres et à ses papiers. Il dit qu’autrement il ne serait plus capable de la voir, ni ses enfants, mais que si sa chambre n’était pas dérangée il pourrait toujours les voir bien qu’eux ne le verraient point.

Martin Lings (Abu Bakr Siraj ad-din), 




Le site soufisme.org a mis en ligne des documents inédits sur René Guénon.
http://www.soufisme.org/site/spip.php?rubrique31





Illustration :
Le livre des sagesses.

dimanche, mai 01, 2011

L'Agartha & la race qui nous exterminera



Dans les années 1960, le journaliste italien Pier Domenico Colosimo (nom d'auteur Peter Kolosimo) mentionne l'existence d'un puits sans-fond situé en Azerbaïdjan. Le journaliste évoque l'existence d'un monde souterrain habité par un peuple mystérieux. S'agit-il de la race décrite dans le livre « La Race à venir, celle qui nous exterminera » du rosicrucien Edward Bulwer-Lytton ?

Ce furent ces phénomènes bizarres, exagérément grandis par la superstition populaire qui conduisirent les savants soviétiques à s'intéresser au « puits sans fond » de l'Azerbaïdjan : d'un trou très profond sortaient, des hurlements épouvantables, des sifflements, des gémissements, des plaintes, et quelquefois une lueur bleuâtre semblait émaner de ses parois.
Les chercheurs savaient très bien que ce genre de phénomène est fréquent et qu'il n'a rien à voir avec le surnaturel. Quelques-uns d'entre eux essayèrent de descendre dans « la cheminée » mais, n'arrivant pas à voir la fin, ils préférèrent en explorer les alentours immédiats avec l'espoir de trouver quelque voie de communication avec le puits lui-même. Ils découvrirent plus qu'ils n'attendaient : un véritable réseau de galeries qui se révélèrent avoir des correspondances avec la Géorgie et toute la région caucasienne.
On crut d'abord qu'il s'agissait de grottes préhistoriques car, tout près des entrées, on trouva des graffiti et des restes d'ossements humains. Un examen plus approfondi démontra que les os étaient très postérieurs aux dessins et il fut tout de suite évident que la majeure partie des grottes ouvraient sur des tunnels creusés au cœur des montagnes. Ils étaient difficilement explorables à cause des éboulements qui les obstruaient. Pourtant, ce qu'on en pouvait visiter apparut stupéfiant : de larges corridors conduisaient à de petites « places » rondes d'où s'éloignaient d'autres chemins, de petites niches vides, des puits, des canaux si minces qu'un enfant n'aurait pu s'y introduire.
La seule grande galerie qu'on put suivre assez longtemps conduisait à une immense salle haute de vingt mètres, certainement construite par des êtres doués d'intelligence. Mais dans quel but ? Il est impossible de formuler aucune hypothèse : la solution du problème gît probablement plus loin, là où personne n'a encore pu pénétrer.
Les entrées principales des galeries du Caucase sont très régulières : leurs murs droits, leurs virages étroits offrent quelquefois un aspect d'une beauté surnaturelle, mais ce qui est le plus étonnant, c'est que ces souterrains rappellent étrangement – sont même presque semblables - les tunnels de l'Amérique centrale.
Dans les grottes qui précèdent souvent les galeries, on observe de curieux graffiti ; curieux surtout parce qu'on les retrouve dans toutes les parties du monde et que leur origine pose des points d'interrogation fantastiques ; on y remarque presque partout le svastika, le signe de l'infini et la spirale.
Par qui ont été creusés ces tunnels et dans quel but ? C'est impossible de répondre. Pour un groupe d'archéologues soviétiques, ils feraient partie d'un gigantesque système d'artères qui se dirige vers l'Iran et qui rejoindrait, non seulement les galeries découvertes dans le voisinage du fleuve Amou-Daria (Turkménistan et frontière russo-afghane), mais aussi les labyrinthes souterrains de la Chine centrale de l'Est du Tibet et de la Mongolie.
L'écrivain naturaliste Ossendowski nous en révéla l'existence, entre 1920 et 1921, en disant qu'elles avaient servi de refuge aux tribus mongoles poursuivies par les hordes de Gengis Khan. Ce qui confirme la croyance illustrée par l'orientaliste Nicolas Rörick que l'Asie cacherait un immense royaume souterrain appelé Shambhala d'où sortira un nouveau messie, le fabuleux Maitreya.
Les Tibétains affirment qu'il s'agit de citadelles, les dernières, ou se cacheraient encore les représentants d'un peuple ayant échappé a un terrible cataclysme. Ces gens mystérieux se serviraient d'une énergie qui, en se libérant, émet une sorte de fluorescence verte ayant les propriétés du Soleil pour faire pousser les végétaux et dotée du pouvoir de prolonger l'existence des hommes.
Notons que les légendes américaines parlent aussi de « lumière verte » et d'hommes vivant dans le sous-sol. En Amazonie, un explorateur, ayant glissé dans un labyrinthe souterrain, dit avoir vu l'endroit où il se trouvait illuminé « comme par un soleil d'émeraude » et que, tout en courant pour échapper à une araignée monstrueuse, il avait aperçu « des ombres pareilles à des hommes » s'agiter au fond d'un couloir.
Les descendants des Incas racontent des histoires effrayantes à propos de leurs ancêtres qui vivaient « au cœur des montagnes », ne sortant rarement, que la nuit pour se promener à la lueur des étoiles. Mais personne ne sait si on parle d'êtres en chair et en os ou de fantômes. Si on en croit Tom Wilson, un guide indien demeurant en Californie, il s'agirait bien de vivants : son grand-père (qui ignorait les légendes sud-américaines) tomba par hasard - il y a une quarantaine d'années - dans une grande ville souterraine et il vécut pendant un certain temps au milieu d'individus « vêtus de quelque chose qui ressemblait à du cuir » (matière plastique en l920 ?) qui parlaient un langage incompréhensible et qui mangeaient des aliments non naturels. Cet homme avait-il rencontré les « immortels de Mu » ? Les adeptes des sciences ésotériques n'hésiteraient pas à répondre par l'affirmative mais nous, nous préférons inviter nos lecteurs à une grande prudence.
Une quinzaine d'années plus tard, un certain White, chercheur d'or, se trouva un jour entraîné dans une nécropole souterraine où un spectacle extraordinaire se présenta à sa vue : au milieu d'un grand espace qui ressemblait à la fois à une salle de réunion et à une place publique, il y avait des centaines de corps momifiés, les uns assis sur des sièges de pierre, les autres allongés par terre dans des poses bizarres comme si la mort les avait touchés à l'improviste. Là aussi, les cadavres portaient des habits ressemblant à du cuir, là aussi la scène était éclairée par une fluorescence verte. Autour des défunts veillaient de gigantesques statues d'or.
Ayant entendu le récit de White, quelques personnes décidèrent de se rendre sur les lieux, mais il fut impossible de retrouver l'endroit précis. Un vieux mineur, qui sur le moment avait été retenu par des craintes superstitieuses, déclara qu'il connaissait cette nécropole et il révéla des détails, pas nouveaux pour White, mais dont il n'avait parlée à qui que ce soit.
Les Apaches des États-Unis rêvent de galeries qui relieraient leur terre à la mythique Tiahuanaco, à travers lesquelles ils seraient restés des années pour accomplir un voyage qui les conduisit au cœur de l'Amérique du Sud.
Tous ces récits nous laissent évidemment assez sceptiques, mais comment ne pas rester perplexes devant les Indiens qui parlent de galeries creusées au moyen « de rayons qui désagrègent le rocher, et d'êtres venant des étoiles »?
En revenant en Asie, nous trouverons, à côté du mythe de Shambhala, celui de l'Agarthi (ou Agartha ou Agharti), un autre royaume qui s'étendrait, lui et son sanctuaire, sous l'Himalaya. D'après Ossendovski l'origine de ce « centre de la sagesse et de l'intelligence universelle » remonterait à 600 000 ans en arrière.
Peter Kolosimo
La Prophétie du Roi du Monde en 1890 

Le 
Houtouktou de Narabanchi, écrit Ossendovski, me raconta ceci quand je lui fis une visite à son monastère, au commencement de 1921 :

- Quand le
 Roi du Monde apparut devant les lamas favorisés de Dieu, dans notre monastère, il y a trente ans, Il fit une Prophétie relative aux siècles qui devaient suivre. La voici:

«De plus en plus, 
les hommes oublieront leurs âmes et s'occuperont de leurs corps. La plus grande corruption régnera sur la Terre. Les êtres humains deviendront semblables à des animaux féroces, assoiffés du sang de leurs frères. Le Croissant s'effacera et ses adeptes tomberont dans la mendicité et dans la guerre perpétuelle. Ses conquérants seront frappés par le Soleil, mais ne monteront pas deux fois; il leur arrivera le plus grand des malheurs, qui s'achèvera en insultes aux yeux des autres peuples. Les couronnes des rois, grands et petits, tomberont: un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit... Il y aura une guerre terrible entre tous les peuples. Les océans rougiront... La terre et le fond des mers seront couverts d'ossements... Des royaumes seront morcelés, des peuples entiers mourront... La faim, la maladie, des crimes inconnus des lois, que jamais encore le monde n'avait vus. Alors viendront les ennemis de Dieu et de l'Esprit Divin, qui se trouvent dans l'être humain. Ceux qui prennent la main d'un autre périront aussi. Les oubliés, les persécutés, se lèveront et retiendront l'attention du monde entier. Il y aura des brouillards et des tempêtes. Des montagnes dénudées se couvriront de forêts. La terre tremblera... Des millions d'êtres humains échangeront les chaînes de l'esclavage et les humiliations pour la faim, la maladie et la mort. Les anciennes routes seront couvertes de foules allant d'un endroit à un autre. Les plus grandes, les plus belles cités périront par le feu... une, deux, trois... Le père se dressera contre le fils, le frère contre le frère, la mère contre la fille. Le vice, le crime, la destruction du corps et de l'âme suivront... Les familles seront dispersées... La fidélité et l'amour disparaîtront... De dix milles hommes, un seul survivra... Il sera nu, fou, sans force, et ne saura pas se bâtir une maison ni trouver sa nourriture... Il hurlera comme le loup furieux,dévorera des cadavres, mordra sa propre chair et défiera Dieu au combat... Toute la Terre se videra. Dieu S'en détournera. Sur elle se répandra seulement la nuit et la mort. Alors j'enverrai un Peuple, maintenant inconnu, qui, d'une main forte, arrachera les mauvaises herbes de la folie et du vice, et conduira ceux qui restent fidèles à l'esprit de l'être humain, dans la bataille contre le mal. Ils fonderont une nouvelle vie sur la Terre purifiée par la mort des nations. Dans la centième année, trois grands Royaumes seulement apparaîtront, qui vivront heureux pendant soixante et onze ans. Ensuite, il y aura dix-huit ans de guerre et de destruction. Alors les peuples d'Agarthi sortiront de leurs cavernes souterraines et apparaîtront sur la surface de la Terre.»

Ferdinand Ossendowski, « Bêtes, hommes et Dieux ».

Bêtes, hommes et Dieux

Un livre-culte de la littérature d'aventure vécue. Krasnoïarsk (Sibérie centrale), hiver 1920. L'homme vient d'apprendre qu'on l'a dénoncé aux " Rouges ", et que le peloton d'exécution l'attend. Il prend son fusil, fourre quelques cartouches dans la poche de sa pelisse, sort dans le froid glacial - et gagne la forêt. Commence alors une course-poursuite dont il ne sortira vivant, il le sait, que s'il ose l'impossible gagner à pied l'Inde anglaise à travers l'immensité sibérienne, puis les passes de Mongolie, puis le désert de Gobi, puis le plateau tibétain, puis l'Himalaya... L'itinéraire qu'il suivra sera quelque peu différent, et si possible plus sidérant encore. Mais ce que le livre révèle - et que le lecteur n'attend pas - c'est, parallèle an voyage réel. une étrange odyssée intérieure qui nous introduit au cœur des mystères de l'Asie millénaire. Car Ossendowski, géologue de son état, n'est pas qu'un savant doublé d'un aventurier. C'est un esprit exalté et curieux qui vit sa marche folle à la manière d une initiation...



Le rayon vert

Illustration :
http://www.ufodigest.com/news/0208/aldebaran-mystery2.html


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Les enfants prêcheurs du Brésil



Des sectes évangéliques n'hésitent pas à manipuler des enfants...


Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...