jeudi, octobre 21, 2010

Le « coup de gueule » de Nan Huai-chin


Nan Huai-chin (né en 1918) est un enseignant bouddhiste particulièrement respecté. Il n’hésite pas a qualifier d’égarements les conceptions philosophiques et religieuses de beaucoup de personnes, des fétichistes de la vacuité aux maniaques des codes religieux en passant par les « mystiques » adeptes de la drogue.

Egarements bouddhiques

Les égarements de la vue, dit Nan Huai-chin : ce sont les perturbations mentales relatives aux idées et aux conceptions. Ce sont aussi des perturbations qui affectent la vue de la terre de l’esprit. Dans l’Abhidharmakosa sâstra, les égarements de la vue sont classés en quatre-vingt-huit attachements. Ils vous enchaînent comme une corde que l’on ne peut délier. Les gens qui étudient le bouddhisme ont sur leurs lèvres le mot « vacuité », mais ils ne sont absolument pas capables de délier les attachements de leur esprit. […]

Voici quelques exemples d’égarements de la vue :

La vue du corps : c’est l’attachement à notre corps physique, auquel il faut ajouter toutes les souffrances que le corps subit. Laozi a écrit "« Si j’ai des malheurs, c’est à cause de mon corps. » Nous nous affairons toute notre vie auprès de ce corps, mais celui-ci finira par pourrir et deviendra une flaque de pus. Qui n’aime pas son corps ? La plupart des souffrances viennent de ce que nous ne sommes pas parvenus à nous libérer de la vue du corps.

Les vues partielles : toutes les idées philosophiques appartiennent à la catégorie des vues partielles.

Les vues dépravées : de nombreux courants de pensée, tels les hippies américains et plus récemment le mouvement de libération sexuelle, sont de la catégorie des vues dépravées. Les vues dépravées sont des vues déformées.

Les vues accrochées à la discipline : ce sont les déviation qui surviennent quand on s’accroche à quelque chose ou que l’on rejette autre chose sous prétexte de la discipline.

Les vues accrochées aux vues : les opinions subjectives auxquelles chacun est attaché diffèrent selon les individus.

Le scepticisme : c’est ne pas croire autrui. L’arrogance et scepticisme se rejoignent. Globalement, l’état d’esprit dans lequel on croit que l’on a soi-même raison et que les autres ont tort, c’est l’arrogance sceptique. Chacun est comme cela.

Je passe sur les vues telles que la convoitise, la haine et la stupidité. […]

La terre de l’esprit

Notre pratique consiste à examiner notre propre état d’esprit, c’est-à-dire à voir la terre de l’esprit. Si notre mental ne fonctionne pas bien, il est impossible de modifier la façon dont nous nous comportons envers les gens et dans nos activités ; de la sorte l’acquisition d’une certaine maîtrise n’est d’aucune utilité, tout au plus est-on une tortue aveugle dans un océan. […]

Egarement de pensée

Par égarement de la pensée, on entend tout développement de la pensée. Prenons l’exemple d’une personne ayant écrit sur le bouddhisme un ouvrage superbe et très fouillé : il n’en reste pas moins un produit des égarements de la pensée, ce qui revient à dire que sa pensée n’a pas été clarifié. De même, lorsque quelqu’un assis en méditation rencontre fortuitement le samâdhi et se dit : « Oui ! c’est sans doute cela, l’éveil ! », eh bien cette petite pensée est justement un égarement de pensée.

***

Lady Di : « assassinée parce que convertie à l’islam » ?


mercredi, octobre 20, 2010

La continence


Devenir des « êtres terriblement divins »

Parmi les enseignants spirituels exigeant la continence sexuelle, Samaël Aun Weor (1917 - 1977) était l’un des plus déterminés. Il affirmait : « L’énergie sexuelle est l’énergie créatrice du Troisième Logos ; lorsque nous faisons retourner l’énergie du Troisième Logos vers l’intérieur et vers le haut, nous devenons des créateurs dans les mondes supérieurs. Lorsque nous faisons retourner l’énergie du Troisième Logos vers l’intérieur et vers le haut, nous nous transformons en Dieux ineffables, en des êtres terriblement divins (1). Tout le secret, la seul clé, c’est d’opérer la connexion sexuelle sans jamais répandre notre sperme (semen), jamais de toute notre vie. » […] « Il ne faut pas répandre son sperme, ni à l’intérieur de la matrice, ni en dehors d’elle. Le désir refréné transmute la liqueur séminale en très subtiles vapeurs séminales qui, à leur tour, se convertissent en énergies solaires et lunaires, positives et négatives. Ces énergies électromagnétiques s’élèvent par deux fins cordons ganglionnaires qui s’enroulent autour de la moelle épinière ; ces énergies montent jusqu’au Calice ; ce Calice, c’est le cerveau. »

La faucheuse ne se laisse pas dompter

Samaël Aun Weor soutenait que la montée des vapeurs séminales jusqu’au cerveau permet de vivre plus longtemps et de vaincre la mort. Mais le gourou, qui se prétendait omniscient, ignorait son triste destin. En effet, Samaël Aun Weor trépassa prématurément à l’âge de soixante ans. Quelle ironie du sort quand on compare la vie du gourou à celle du maréchal Louis François Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu (1696 –1788). Cet aristocrate libertin n'a jamais bridé sa libido durant les 92 années de son existence. Une longévité étonnante à cette époque où les médecins étaient plus redoutables que les maladies. Le duc se remaria à l’âge de 84 ans.

Des métaphores incomprises

Les gourous qui enseignent des techniques ésotériques de transmutation de l’énergie sexuelle sont généralement lecteurs de traités anciens comme « Le Livre de la Cour Jaune ». Or ces traités ne sont pas d’un accès facile. Patrick Carré écrit dans son introduction au fameux traité taoïste « Le Livre de la Cour Jaune » : « Notons, ou répétons, ici que le mot « essence (séminale) », si fréquent dans la « Cour Jaune », a presque toujours le sens de « plaisir sexuel » et non celui, plus médical, de sperme. Car la plaisanterie est connue : s’il suffisait de ne pas éjaculer pour réaliser le Tao, tous les eunuques seraient des immortels. Les Anciens croyaient que l’homme éjaculait la matière même du cerveau ; on comprend alors qu’ils aient chéri la techniques consistant à « renverser l’essence pour réparer le cerveau ». Il n’est là que métaphore cependant. »

(1) Devenir « des êtres terriblement divins », cette expression évoque-t-elle une idéologie inquiétante de nature luciférienne ?

Le Livre de la Cour jaune.
Classique taoïste des IVe-Ve siècles

Présentation de l'éditeur

Quelle est donc cette "cour" bizarrement "jaune" qui a donné son nom à un art aussi ambitieux? La cour est cet espace vide qui s'étend entre les bâtiments disposés sur ses quatre côtés; on y descend généralement par une volée de marches: la cour est un humble vide. Quant à sa couleur, le jaune, c'est la couleur symbolique de l'élément terre, lequel se trouve au centre des quatre autres éléments primordiaux. La Cour Jaune désigne donc un vide central, le vide central de toute chose. Le centre de la chose, son essence, est vacuité: en devenir perpétuel, elle participe du non-être; diluée en métamorphoses incessantes et éphémères, elle éprouve l'absence d'obstacles qu'évoque le mot "vide". Une fois traversée la Cour Jaune, l'instant de vie, de présence, de connaissance se transfigure en unité inqualifiable:"La vacuité est si paisible: simplicité au centre de l'espace." La Cour Jaune est faite pour être traversée et retraversée. Le vide central qu'elle désigne trace dans le corps un chemin libre, une semblance de "canal central" sans paroi, ni dedans, ni dehors, dans lequel le corps entier doit s'engouffrer s'il veut retrouver sa substance réelle. S'y engouffrer en s'élevant comme une flamme et en descendant comme une chute d'eau. La Cour Jaune est la voie du feu et de l'eau. En ce sens, elle commence dans le ventre, un peu plus bas que le nombril, au lieu dit "principe des passes", et "grimpe à des hauteurs vertigineuses" (LE 2, 2-3), jusqu'au sommet du crâne. Ce n'est qu'une voie et, pour connaître les paysages qu'elle traverse et le sublime endroit où elle conduit, il s'impose de la parcourir en entier, d'en devenir un habitué, un expert et un maître, puis de l'oublier.

Quatrième de couverture

« Il y avait si longtemps que je voulais traduire le Livre de la Cour Jaune en français... Amateur de poésie chinoise et d'errance taoïste, j'ai d'abord vu dans la Cour Jaune un poème cryptique à la gloire du corps humain où les dieux et les Immortels, les guerriers du feu et les filles de jade circulaient comme en leur mythique Capitale de Jade, quelque part au-delà de l'espace et du temps. J'ignorais que, entre la religion extérieure et l'innommable Voie, les taoïstes cultivaient un monde visionnaire ancré dans le corps et ses organes, dont les merveilles jaillissaient d'un acte parfait combinant le "renversement", qui est l'une des qualités essentielles de l'Inconcevable, et l'un des instants centraux, sinon le plus central, de l'existence humaine: le plaisir génésique, appelé "essence séminale". » Patrick Carré


mardi, octobre 19, 2010

Actualité de Proudhon


Rejet de l’individualisme

Proudhon (1809 – 1865) a été l’un des premiers à lutter contre l’atomisme et l’individualisme bourgeois. Toute son œuvre est fondée sur la solidarité, les rapports de coopération qu’implique nécessairement la division sociale du travail. Mais peut-on concevoir des atomes distincts et sans autonomie ? S’ils sont sans autonomie, c’est qu’ils constituent donc un tout, une molécule.

Eradiquer la spéculation

Chez Proudhon, la société n’est plus une somme d’individualités, mais un concert de groupes sociaux interdépendants, solidaires, en rapport de réciprocité, de mutualité, organisés dans une structure commune, fondée sur la fédération politique et la fédération économique, régis au plan économique par la stricte application de la loi de la valeur travail, c’est-à-dire par fixation des prix des produits et des services par un organisme central de statistique, de budgétisation et de planification, et régis, au plan économique, par l’appropriation du pouvoir par l’ensemble des groupes sociaux fédérés, de la base au sommet. […]

Réalisme social

Il faut souligner ici l’immense réalisme de Proudhon, qui ne réduit pas le fonctionnement de la société, l’évolution historique, à la simple résolution des contradictions économiques entre deux classes sociales. Il y aura toujours, dans toutes les sociétés, multiplicité groupale, chaque groupe poursuivant ses fins propres et ayant tendance à monopoliser à son profit la plus grande partie possible de l’ensemble social. Toutefois, Proudhon, contrairement à ce que lui ont prêté Marx et ses successeurs, ne nie pas l’irréductibilité du conflit qui oppose la classe du capital à celle du salariat. L’antinomie est de celles que Mao Tsé-toung a qualifiées de contradictions antagoniques, c’est-à-dire qui ne peuvent se résoudre que par un dépassement.

S’unir contre les groupes bancocratiques

Par contre, il existe, il peut se présenter dans la réalité sociale des contradictions non antagoniques, c’est-à-dire susceptibles d’équilibre, mais qui n’en restent pas moins à l’origine du mouvement social dans la société globale. C’est pourquoi Proudhon a pu penser longtemps, et cela correspondait à une analyse conséquente de la réalité sociale française, que le prolétariat et la classe moyenne (artisans, paysans, commerçants…, etc.) avaient une certaine communauté d’intérêts et étaient donc susceptibles de faire alliance pour s’opposer aux visées de la féodalité financière et industrielle, supervisée par les groupes bancocratiques. Mais, aux yeux de Proudhon, le premier travail de la révolution sociale était bel et bien de supprimer la domination du capital sur le travail, de faire disparaître la classe exploiteuse, détentrice du capital, et cela, au besoin, radicalement.

Une autre société

Mais une fois le système capitaliste détruit, il ne s’agit pas d’aboutir à un autre type de société, qui présenterait des travers importants ; c’est pourquoi, dans ses constructions positives, le problème essentiel qu’essaiera de résoudre Proudhon sera de définir les conditions auxquelles le mouvement social pourrait conserver sa spontanéité et son effervescence. D’autre part, il s’agissait d’empêcher qu’un groupe social, tel que l’Etat ou les capitalistes, puisse confisquer, au détriment des autres, l’ensemble de la réalité sociale, en la faisant tourner à son profit, ce qui a pour effet d’orienter dans un seul sens la vie de la société. Or la vitalité sociale provient de la confrontation entre groupes supports d’intérêts et donc de politiques différentes. D’autre part, il fallait définir des conditions organisationnelles qui maintiennent le système ouvert.

La réalisation de la personne humaine

Insister sur l’autonomie propre des groupes sociaux n’est pas nier l’autonomie de la personne. Si l’individu, qu’il le veuille ou non, qu’il en ait conscience ou non, appartient de fait à un groupe de référence qui lui a, en particulier, inculqué une bonne part de ses valeurs via l’éducation reçue dans son groupe d’appartenance, il n’en reste pas moins une individualité plus ou moins autonome. Le groupe social préexiste à l’individu qui n’y peut pas grand-chose, mais celui-ci est en relation dialectique avec son groupe, avec les autres groupes, avec la société qui risque plus ou moins d’étouffer son autonomie. Une donnée du problème est alors pour Proudhon de sauvegarder les intérêts de la personne, l’indépendance de l’être humain dans le vaste concert social.

Proudhon donne ainsi la primauté à la personne humaine, la finalité de la société n’étant que de favoriser la réalisation des personnes.

Jacques Langlois, « Défense et actualité de Proudhon ».


Qu'est-ce que la propriété ?

Ce texte, publié en 1840, rendit célèbre Pierre-Joseph Proudhon grâce à une impérissable formule « La propriété, c'est le vol. » Pour Proudhon, le capitalisme est l'apothéose d'une extorsion invisible. Le rassemblement productif des travailleurs dégage une force collective supérieure à la somme des forces de ces travailleurs pris isolément. Or la propriété privée des moyens de production autorise le capitaliste à rémunérer le travailleur sur la seule base individuelle de ce qu'il aurait produit s'il avait été placé hors de la force collective de production. Le propriétaire du capital empoche la différence ; ce surplus est le profit capitaliste, que Proudhon appelle l'aubaine. Toute la question économique de la justice est de répartir cette plus-value sans accaparement ni spoliation. En notre temps de crise du capitalisme, est-il question plus urgente ? La lecture du texte provocateur de Proudhon nous en prouve l'actualité. Saurons-nous y répondre mieux que lui ?



lundi, octobre 18, 2010

Sexualité & bouddhisme


L’interdit sexuel

Venons-en à la faute majeure, l’acte sexuel (mal)proprement dit. Le Vinaya indien n’est pas avare de détails sur ce chapitre et la sexualité, interdite en principe, en tout cas sérieusement restreinte par un arsenal de règles. Outre la transgression de la règle de chasteté, qui entraîne l’exclusion de la communauté, divers cas de pénitence relèvent de cette rubrique – parmi lesquels : l’onanisme, les attouchements, les propos grivois, l’amour « platonique ».

La bestialité moins répréhensible que l’hétérosexualité

La première faute « pârajika » pour les moines est définie comme suit : « Quand un moine… a des rapports charnels avec un être du sexe féminin, à quelque espèce qu’il appartienne, il est expulsé de la communauté. » L’acte hétérosexuel est donc strictement prohibé, « même avec un animal ». La bestialité semble à vrai dire moins répréhensible que les rapports hétérosexuels. On fait remonter cette clause au cas d’un moine qui avait apprivoisé une guenon, et dont le vice fut découvert quand celle-ci s’offrit en toute candeur à d’autres moines. Les rapports homosexuels entre hommes, par contre, sont étrangement passés sous silence.

Le Bouddha était misogyne

La règle contre le commerce avec l’autre sexe trouve son origine dans le cas de Sutina, un disciple de Bouddha qui avait quitté ses parents et sa jeune épouse pour se faire moine. A la mort de son père, sa mère vint le supplier de rentrer chez lui, ou du moins de donner à sa femme le fils qui pourrait continuer la lignée familiale. Après quelques atermoiements Sutina finit par céder, et remplit ses devoirs filiaux et conjugaux. Le Bouddha, ayant eu vent de l’affaire, le réprimanda sévèrement sans tenir compte des circonstances atténuantes : « Mieux vaudrait, imbécile, que ton sexe pénètre dans la bouche du serpent venimeux et terrible, plutôt que de pénétrer dans celui d’une femme ! Mieux vaudrait, imbécile, que ton sexe pénètre dans une fournaise, que de pénétrer dans celui d’une femme ! » Sutina fut finalement expulsé de la communauté, et le Bouddha édicta la règle en question pour éviter qu’un cas semblable se reproduise.

Le sexe, idée fixe des religieux

Un commentaire comme la « Samantapâsâdikâ » définit l’acte sexuel comme une « faute grave, au terme de laquelle on doit utiliser de l’eau (pour se laver) », et qui « se pratique en un lieu secret par deux personnes » ; plus précisément, « lorsque la partie externe de l’organe masculin est inséree, ne fût-ce que dans la mesure d’un grain de sésame, dans l’organe féminin – la région humide où le vent lui-même n’atteint pas ». L’acte comprend quatre phases : l’introduction du pénis, la durée de l’étreinte, la séparation, la période qui suit l’étreinte. Si le moine éprouve du plaisir à l’un quelconque de ces quatre moments, il est coupable ; sinon, il est innocent !

Mais les précisions ne s’arrêtent pas là, Le commentaire, soucieux de clarifier l’identité des partenaires possibles, dénombre « trois sortes de femelles », deux types de « neutres » (pandaka, subdivisés chacun en trois sortes), et trois sortes de mâles – soit au total douze sortes d’individus avec lesquels on peut commettre une faute pârâjikâ. On notera que les partenaires mâles sont rajoutés dans le commentaire, alors qu’ils étaient omis dans l’énoncé de la règle elle-même – qui par contre envisageait toutes les catégories de femelles. Quoiqu’il en soit, par un savant calcul fondé sur le principe que certaines de ces catégories d’êtres (femelles et hermaphrodites humains, non-humains, et animaux) possèdent trois "voies", alors que d'autres ("neutre" et mâles humains, non-humains, et animaux) n’en possèdent que deux, on parvient à un total de trente « voies », par où l’intromission – « ne fût-ce que dans la mesure d’un grain de sésame » - constitue une faute possible d’exclusion.

Un délire taxinomique

La catégorie animale, comme si elle n’était pas en soi assez évidente, fait l’objet de précisions dont le raffinement confine au délire taxinomique : ainsi, parmi les animaux inférieurs, avec ou sans pattes (serpents, poissons, poulets, chats et chiens), la classe des serpents comprend tout ce qui rampe, notamment les mille-pattes ; celle des poissons comprend également les tortues, les iguanes et les crapauds. Comme celui des chats, chiens, et autres animaux, le corps de ces créatures présente trois parties, dont la moindre pénétration constituerait une faute pârâjika. A une exception près toutefois : le commentateur observe en effet que, quoique la gueule d’un crapaud soit très large, y introduire son pénis n’entraînerait guère de plaisir ( à la différence sans doute du mille-pattes ou du serpent ?) et ne constituerait donc qu’une faute passible de pénitence. De même, lorsqu’on pratique l’acte sexuel dans la trompe d’un éléphant, ou dans d’autres paries – non génitales – d’animaux domestiques comme le cheval, la vache, l’âne, le chameau ou le buffle.

Bernard Faure

Bernard Faure est professeur d'histoire des religions d'Asie à l'université Stanford en Californie. Il a publié une quinzaine d'ouvrages en anglais et en français sur le bouddhisme, notamment le zen et le bouddhisme tantrique japonais, parmi lesquels : « Bouddhismes, philosophies et religions » et « Bouddhisme et violence ».



Le bouddhisme passe généralement pour une religion tolérante. Les figures médiatiques du Dalaï-lama et du moine vietnamien Thich Nath Hanh, évoquent dans les esprits une doctrine pacifique, qui a fait de la compassion son idéal. Il est vrai que le bouddhisme passe pour l'enfant sage de la famille des grandes religions. Chez lui, point de croisades ou de guerres saintes. Pourtant, des moines de Shaolin aux Tigres tamouls, les contre-exemples ne manquent pas. Et, précisément parce que les bouddhistes ont fait de la non-violence leur marque déposée, le rapport compliqué (et parfois ambigu) de cette religion à la violence pose question. Loin du bouddhisme véhiculé par le dogme de la compassion bien-pensante, Bernard Faure livre dans cet ouvrage une fine analyse d'une tradition vivante, faite de contradictions et d'ambiguïtés.


dimanche, octobre 17, 2010

2012, l’année des révélations ?


Carl J. Calleman, un biologiste suédois, chargé de cours universitaires et passionné de culture Maya, a tenu une conférence publique à Damanhur http://www.damanhur.org/ sur le thème du calendrier maya et des prophéties de 2012.

Il a expliqué qu'il y a deux lectures différentes des «prophéties». La première parle essentiellement d'événements catastrophiques à la fin de 2012. La seconde affirme que, durant l'automne de 2011, un changement de conscience se manifestera dans l’humanité et il y aura une transition vers une nouvelle conception de la vie.

Le Professeur Calleman est un partisan de cette seconde théorie, qui voit 2012 comme un moment où les fausses valeurs s'effondrent et cèdent la place à la redécouverte de la valeur de la vie et de la croissance spirituelle.

La crise économique et le Calendrier Maya

Carl J. Calleman est convaincu que l’actuelle crise économique fait partie d’un plan divin enregistré par le Calendrier Maya :

« Je crois que ce qui se passe dans l’économie mondiale est quelque chose de beaucoup plus profond et fondamental qu’une récession temporaire et que c’est une conséquence directe de la transformation particulière de la conscience que le Mouvement Ondulatoire Galactique’Inframonde Galactique apporte avec lui. Comme je l’explique dans mon nouveau livre, « The Purposeful Universe », la conscience est avant tout une relation à l’Arbre du Monde qui existe à de nombreux différents niveaux du cosmos et provoque des changements synchronisés avec ces différents niveaux. Ce que cela signifie est que les transformations de la conscience apportant les nouvelles directions à nos vies affecteront directement le monde et la société dans son ensemble ainsi que la manière dont nous vivrons ceci.

Une transformation de la conscience n’est donc pas quelque chose qui se passe uniquement dans nos têtes, mais aussi exprimés par des changements dans nos relations. Nos rapports économiques sont donc aussi sujets à des changements de conscience et à l’évolution. Nous devrions alors nous attendre à une autre fuite des valeurs abstraites quand la Sixième Nuit va commencer, un changement dont on peut s’attendre à ce qu’il touche particulièrement sévèrement l’économie occidentale des Etats-Unis et du Royaume uni, qui demeurent les centres financiers mondiaux contrôlant la majorité des activités bancaires. Actuellement ces nations, et particulièrement les Etats-Unis, sont tellement endettées qu’il n’y a véritablement aucun besoin de présenter une explication quant à l’éventualité d’une autre chute dans leur économie.

Tout ce qui est nécessaire est quelque chose qui va déclencher ce qui va arriver d’une manière ou d’une autre. Bien que beaucoup de choses peuvent déclencher une telle chute, et que les médias mettront toute l’attention sur le déclencheur, les raisons plus profondes de cette chute sont à mon avis plus compréhensibles à partir du calendrier Maya, puisqu’il explique les raisons sous-jacentes pour lesquelles l’esprit humain est influencé par les changements de l’énergie cosmique. Du point de vue du Calendrier Maya, le déclin continuel de la croissance économique reflète une adaptation progressive à la fin des cycles économiques qui peuvent être associés à la date de fin du Calendrier Maya (ou si vous préférez à la date du commencement d’un nouveau monde).

Si la chute de l’économie fait partie du processus créant les conditions pour la naissance d’un nouveau monde, une question pertinente à poser est jusqu’à quelle profondeur elle va avoir lieu. Même s’il apparaît clairement que la valeur du papier-monnaie, et surtout du dollar américain, sera touchée, la question reste un tant soit peu ouverte jusqu’où iront les conséquences de ceci. Je pense que ceci ne peut être compris qu’à partir d’une étude de ce qui pourrait être la nature du nouveau monde qui va voir le jour. Quant on en vient à comprendre cela, il apparaît toutefois qu’il n’y a actuellement aucune ancienne source Maya consultable. Les sources Mayas disent simplement que Neuf Inframondes vont se manifester tandis que le calendrier touche à sa fin, mais il n’y a aucune ancienne inscription qui parle de ce qui va suivre après. A cause de ce manque de matériel, je propose que nous nous tournions vers les sources des grandes religions Abrahamiques telles que la Bible ou le Coran, qui elles, s’expriment sur le sujet. Si nous réunissons celles-ci avec notre compréhension du calendrier Maya, je sens que nous pourrions avoir une idée de ce qui est à venir.

Donc, le Coran dit dans le Soûtra 82 :17-19 : « [17] Et qui te donnera une idée du Jugement dernier? [18] Oui, qui te donnera une idée du Jugement dernier? [19] Ce sera le jour où nulle âme ne pourra intervenir en faveur d’une autre âme, car, ce jour-là, toute décision appartiendra à Dieu. » Je crois que cette disparition de la dominance peut faire référence à l’Inframonde Universel qui apporte une conscience d’unité et de transparence à nos êtres entiers et à toutes nos actions passées. Si nous prenons cela sérieusement cela impliquerait que toutes les chaînes nous liant aux personnes dominant les autres doivent être brisées avant que cela n’advienne.

Le dernier livre de la Bible, le Livre de la Révélation 21:4-5 décrit également un
nouveau monde qui va naître : « (21.4) Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. (21.5) Et celui qui était assis sur le trône dit : Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit : Écris; car ces paroles sont certaines et véritables.» Ceci impliquerait apparemment que toutes les chaînes du passé devraient être brisées afin que le nouveau monde puisse voir le jour. Mis ensemble il apparaît que comme préalables de la naissance d’une nouvelle terre, nous aurions besoin de nous libérer des chaînes du passé autant que des chaînes nous liant à d’autres personnes… »

Article en français, document pdf :

Deux livres de Carl J. Calleman sont traduits en français :

Calendrier Maya, la Transformation de la Conscience

Ce livre propose le Calendrier Maya comme un outil spirituel qui permet une meilleure compréhension de la nature de l’évolution consciente à travers l’histoire humaine et comment prévoir les mesures concrètes à prendre pour devenir des voyageurs conscients et actifs pour nous mettre en résonance avec cette évolution vers cette conscience éclairée. Le calendrier prophétique Maya n’est pas la clé du mouvement des corps planétaires. En fait, il fonctionne comme une carte métaphysique de l’évolution de la conscience globale, enregistrant le cours d’un autre temps, le temps spirituel, fournissant une nouvelle "science" du temps. Le calendrier Maya est associé à neuf cycles de créations, dont chacun représente un des neuf niveaux de conscience ou Sous-Monde de la pyramide cosmique Maya. Se basant sur des recherches empiriques, l’auteur démontre comment cette structure pyramidale peut apporter une réponse à des questions aussi diverses que l’origine commune des religions du monde ainsi qu’à cette plainte moderne que (le temps) tout aujourd’hui semble aller plus vite. Les lecteurs apprendront que notre temps connait, comme nous, le même phénomène d’accélération, d’étirement, qui n’est en fait qu’une transition du matérialisme (le Sous Monde Planétaire) qui nous régit aujourd’hui, vers une fréquence plus élevée de conscience (le Sous Monde galactique), préparation à l’ultime niveau Universel d’une conscience globale, transformée, nouvelle, lumineuse, éclairée. Carl Johan Calleman vit en Suède et est titulaire d’un doctorat en biologie. Il a servi en tant qu’expert sur le cancer pour l’Organisation mondiale de la Santé (O.M.S.). Il commence ses études sur le calendrier maya en 1979 et fait aujourd’hui sur ce thème des conférences dans le monde entier. Il est également l’auteur de "Solving the Greatest Mystery of Our Time : The Mayan Calendar" (Résoudre le plus grand mystère de notre époque : le Calendrier Maya).

Cosmologie Maya et théorie quantique : L'origine et l'évolution de la vie

Utilisant de récentes découvertes en cosmologie et sa vaste compréhension du calendrier maya, le biologiste Carl Johan Calleman développe une alternative révolutionnaire à la théorie biologique de l'évolution de Darwin et, au-delà, à la théorie de l'aléatoire qui exerce son emprise sur la science moderne. Il démontre comment la récente découverte de l'Axe Central de l'univers est en corrélation avec l'Arbre de Vie des Anciens. Il dessine un contexte entièrement nouveau à la physique, en général, et aux questions sur l'origine et l'évolution de la vie en particulier. Il utilise ses connaissances scientifiques en biologie et cosmologie pour montrer que l'idée de l'univers porteur d'un dessein est bien réelle et que la vie n'est pas apparue sur Terre par accident. Cette nouvelle théorie de l'évolution biologique a de vastes conséquences en médecine, mais aussi en philosophie et métaphysique. Elle met en évidence que la géométrie sacrée et l'âme humaine ont leur origine dans l'Arbre de Vie. Dans cette nouvelle perspective, l'homme se retrouve au sein d'une hiérarchie de systèmes qui sont reliés entre eux et évoluent de manière synchronisée, et le fossé qui séparait science et religion s'estompe.

Commentaire d’un lecteur de « Cosmologie Maya et théorie quantique » :

En premier lieu il faut savoir que Carl Johan Calleman est un scientifique ayant travaillé pendant plus de 20 ans dans des laboratoires de biologie à la recherche de solutions contre le cancer. En parallèle, l'auteur a tenter de comprendre le fonctionnement des calendriers Maya pendant de nombreuses années. Je pense que l'étude des calendriers Maya par M. Calleman est honnête et logique. Il nous donne un aperçu des connaissances que semblait avoir cette ancienne civilisation, et si l'on fait abstraction de tout les aprioris et préjugés que la science moderne place sur cette civilisation; il en ressort que certaines "coïncidences" entre le calendrier Tzokin et les faits historique deviennent évidente et déroutante.
Ce livre tente d'expliquer l'origine et le but de la vie. D'une logique implacable, tous les éléments, de la création de l'univers, en passant par l'apparition des premières cellules vivantes jusqu'au procédé de division cellulaire et l'évolution mentale de l'être humain y sont abordés.

Le tout avec des phrases et des mots simples, à la portée de tous.
Lire ce livre, ouvre une nouvelle fenêtre sur la vision que nous avons de l'univers, de la vie et de son but. Vous regarderez les choses différemment.

Dernier point. Malgré l'engouement d'actualité sur une hypothétique fin du monde rattachée à la fin du calendrier Maya, cet ouvrage n'aborde à aucun moment ce point, et se borne à expliquer le fonctionnement du calendrier, et les implications qu'il a avec les différentes étapes de la vie sur Terre que nous connaissons.


Carl Johan Calleman : http://www.calleman.com/
Adresse Email : cjcalleman@swipnet.se

Quand la science et la spiritualité se rencontrent, comme sur le site de Calleman, on s’interroge :
« L’homme descend du singe, c’est prouvé et pourtant dieu a créé l’homme… Dieu serait-il un singe ? »

vendredi, octobre 15, 2010

Spiritualité & problème social


Les événements du XXe siècle proclament la faillite des systèmes sociaux, économiques, politiques et religieux. D’innombrables économistes, sociologues, moralistes de toutes tendances s’évertuent à trouver des remèdes, des plans, mais le malaise mondial ne fait qu’empirer. Les réunions internationales multiplient leurs assises dans une inefficacité qui nous ferait sourire si elle n’était pas dramatique. A l’heure où les désastres de la super-pollution et les bombes atomiques basées sur l’antimatière menacent la totalité de la planète, il est d’une urgente nécessité d’établir les bases plus saines d’une civilisation nouvelle.

Vingt siècles de culture occidentale ont abouti à une civilisation où l’égoïsme et l’argent règnent en maître. Si l’homme moderne dispose d’avions supersoniques, de postes de télévision, de radar, de cerveaux électroniques, etc., il possède également les armes de sa propre destruction. Certes, diront certains, les structures juridiques ont évolué depuis deux mille ans, le progrès technique s’est poursuivi au rythme d’une ascension vertigineuse. L’une des causes fondamentales du drame actuel réside peut-être là. Il existe une disparité considérable entre l’évolution technique et l’évolution morale. L’homme moderne, nous disait un philosophe hollandais, n’est qu’un barbare raffiné.

Par « être barbare » nous entendons tout homme en qui les processus d’avidité du moi et toutes les violences qui en découlent sont dans la plénitude de leur expression.

Telles sont les qualités essentielles qui sont actives dans l’homme moyen. Or l’individu est l’élément constitutif du monde.

Toutes nos structures sociales, religieuses, morales sont basées sur la réalité du moi dont elles encouragent l’expression dans tous les domaines. Tel est le drame fondamental de la civilisation judéo-chrétienne.

Considérant dès le point de départ, la réalité absolue du « moi » il était inévitable que celui-ci s’affirme avec les caractères de violence et de cruauté dont nous subissons toutes les conséquences dans les drames actuels, tels les guerres continuelles, les crimes contre la Nature, les génocides, la super-pollution.

En opposition radicale à ce qui précède, la notion de base essentielle du bouddhisme est l’impermanence du « moi » et de toutes choses.

Dans une telle perspective, il était inévitable que les civilisations bouddhiques témoignent de ce caractère hautement pacifique affranchi de la plupart des querelles intestines qu’ont connu et que connaissent encore les peuples actuels. La notion fondamentale de l’impermanence du « moi » achemine l’homme vers une attitude de détachement, tant de lui-même que des biens extérieurs. L’avidité, l’âpreté au gain, la violence, l’esprit de conquête et de domination sont totalement exclus des peuples ayant vécu sous l’influence du bouddhisme entre le cinquième et le deuxième siècle avant notre ère. De plus, la notion de l’impermanence du « moi » limité a pour contre-partie immédiate celle d’une unité fondamentale de la nature, au regard de laquelle les distinctions, les séparations entre les êtres et les choses revêtent un caractère d’importance secondaire. Cette vision d’unité se traduit par un respect infini de la vie dans toutes ses formes, qu’elles soient animales ou humaines. Elle est à la base d’une bienveillance, d’une clarté authentique et d’une mansuétude de tous les instants.

Il est évident que dès l’instant où l’individu se rend compte de l’impermanence de son « moi » et de toutes choses, il tend vers un mode de vie affranchi de l’avidité et des innombrables revendications dont se trouve encombré l’esprit des hommes modernes. L’histoire nous a démontré de façon éloquente ce que peut réaliser une civilisation vraiment pacifique parce que non fondée sur « moi ». Nul ne peut réfuter le caractère hautement social du bouddhisme (1). Il est la seule religion qui n’ait pas engendré la guerre. Car si l’avidité et l’égoïsme désertent le cœur de l’homme en tant qu’individu, ces tendances négatives disparaissent également dans les actes des collectivités constituant la somme de ces individus.

Rarement l’histoire connut un témoignage aussi émouvant que celui que nous offre l’empereur bouddhiste Ashoka. Pendant les trente-sept années de son règne il sut prouver que les valeurs spirituelles les plus dépouillées peuvent servir de levier de commande à toute action politique. L’empereur se mêlait à la foule et interrogeait tous les êtres sans distinction de croyance, de condition sociale. Il s’informait de leurs souffrances, de leurs besoins, de leurs aspirations. Il aida ses sujets, non seulement par son or, mais par la diffusion continuelle qu’il fit lui-même des enseignements du Bouddha. Il constitua un corps de fonctionnaires auxquels il enseigna la signification réelle de leur rôle. Par ceci, il leur précisa qu’ils ne devaient pas se considérer uniquement comme des fonctionnaires mais comme des instructeurs du peuple qui, par le prestige de leur propre exemple vécu, donnaient aux enseignements du bouddhisme leur pleine valeur.

Ashoka fit construire de nombreux amphithéâtres où les masses recevaient l’instruction. il veillait attentivement aux prix de vente des marchandises pour éviter les abus et les profits illicites. Aucune classe privilégiée n’existait. L’empereur donnait lui-même l’exemple constant d’une existence toute faite de simplicité et de service, dont le faste était absent. Respectant pleinement la vie sous toutes ses formes, il interdit la chasse et les combats d’animaux. Il s’attacha spécialement à développer la vie de famille dans une atmosphère de paix.

Sur le plan économique, les problèmes étaient très simples : les conquêtes militaires n’existant plus, les impôts étaient légers et leur montant était dévolu aux progrès de la vie sociale, de l’instruction, de la médecine, à la construction d’hôpitaux ; aux arts. Ceux-ci connurent sous le règne d’Ashoka un essor extraordinaire puissamment influencé par les échanges avec la Grèce.

La plupart des historiens s’accordent à considérer que sous le règne de ce merveilleux empereur, l’Inde connut une gloire sans égale.

Partout, le long des routes, des puits et des réservoirs s’offraient aux voyageurs. Dans les plus modestes villages comme dans les villes la joie régnait. Les crimes, les vols étaient exceptionnels. Il semble que l’empereur ait voulu que se réalise une sorte de paradis sur terre. Les rapports humains étaient empreints de bienveillance, de fraternité et de douceur. L’exploitation étaient inexistante et le travail était une joie. La richesse intérieure qui brillait dans les cœurs délivrait tous les hommes de l’envie, des ambitions démesurées, de l’intrigue et de la violence. Les œuvres architecturales connurent un essor considérable. Les anciennes grottes se transformaient en sanctuaires dont les décors font encore l’admiration du monde entier. Plus de 80 000 édifices de tous genres furent construits.

Pour que son œuvre prodigieuse de régénération sociale puisse se continuer dans le cours des siècles, l’empereur Ashoka fit élever dans tout son empire des piliers et de grandes colonnes sur lesquels furent gravés ses principaux édits.

Robert Linssen


(1) Le cycle du bouddhisme se situe entre 5ème et le 1er siècle avant J.C. Lors de son apogée en Inde, entre le 3 et 2ème siècle avant J.-C., il réalisa la période la plus merveilleuse et plus exceptionnelle de l’histoire. (L’auteur exclu clairement le lamaïsme, cette monstruosité politico-religieuse.)



Les édits de l'empereur Asoka

ASOKA (Ashoka), le petit-fils de Chandragupta, était un des premiers rois de l'époque bouddhiste. On le connaît par ses décrets écrits sur des roches et des piliers partout dans l'Inde. Il fit construire plus de 84.000 stupas (monuments commémoratifs) à travers le monde.

Dans sa jeunesse, on a connu Asoka comme Canda Asoka, Asoka féroce, en raison de sa nature agressive. Après avoir rencontré un moine bouddhiste il est devenu végétarien et a préconisé les plus hautes valeurs morales pour ses sujets. Il a promu la tolérance vers toutes les religions qu'il a soutenues financièrement.

Il a aussi établi beaucoup d hôpitaux pour les gens et les animaux et conféré de nombreux cadeaux pour la Communauté bouddhique convoquant un Conseil de Sangha à Pâtaliputra. Après ce Concile, il a décidé d étendre ses missions vers d'autres pays voisins.

Il a envoyé son fils et sa fille à Ceylan, et leur visite est célébrée au Sri Lanka par des jours fériés encore à notre époque. De ses 13èmes rapports de Décret de Roche sur le Bouddhisme, il a essayé de les étendre aux royaumes d'Antiochus II Roi de la Syrie, à Ptolémée Roi de l'Egypte, à Antigonos de la Macédoine, à la Grèce du Nord et au Nord de l'Afrique. Sous Asoka, presque tout le Continent indien a été unifié pour la première fois dans l histoire.

Le Dharma a signifié pour Asoka, la Loi sacrée : le Canon Bouddhique. Il a modifié beaucoup l'aspect social de son pays par une prise de conscience écologique, une observance de préceptes moraux et une renonciation définitive à la guerre.

Biographie de l'auteur

Le Vénérable Chandaratana Parawahera est né en 1954 au Sri Lanka où il a pris les vœux de novice à l âge de dix ans. En 1986 il obtient une maîtrise d Histoire à l Université de Paris VIII en présentant une thèse qui deviendra ce présent ouvrage. En 1989 il crée le Centre Bouddhique International au Bourget où il réside actuellement. Ce lieu se veut un centre d'étude et de pratique de l'enseignement du Bouddha dans sa forme originelle et sans altération.

L'art de gouverner d'Ashoka :


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Des CRS, au service d’une classe corrompue, n’hésitent pas à blesser des enfants :


jeudi, octobre 14, 2010

La corrida

Convoquant Gandhi, Zola, Victor Hugo ou Marguerite Yourcenar, un pape, des biologistes, le Dalaï-Lama, des imams ou Saint-François d'Assise, Christian Laborde, auteur de « Corrida, basta ! », engage le procès des courses de taureaux par un très rude réquisitoire. Il accuse les hommes et les femmes politiques qui les protègent et s’inquiète de la sexualité des aficionados. S'appuyant sur les écrits de psychologues et d'ethnologues, il démontre la nocivité d'un tel spectacle pour le mental des jeunes comme pour celui des adultes. Enfin, son humour et ses sarcasmes se déchaînent quand il s agit des amateurs, du public des férias, de leurs beuveries et de la musique qu’ils aiment. C'est ainsi que lorsqu'il évoque la beauté, la grâce des taureaux en liberté ou celles des chevaux, il devient un poète sans que jamais son lyrisme ne soit ridicule. Voici un procureur dont le style traduit la fureur et dont l'émotion égale le talent. (4ème de couverture)



Fraudes, manigances et cruautés visant à affaiblir le taureau pour l’empêcher de se défendre lors d’un prétendu combat. Un business de plusieurs milliards soutenu même par la CEE.

L’Espagne a toujours été divisée et de nos jours, elle est en grande partie contre la tauromachie. Les Espagnols savent mieux que n’importe qui que la corrida n’est rien de plus qu’une affaire d’argent qui se dissimule derrière une tradition culturelle, et qu’elle est soutenue par un groupe restreint de personnes qui protègent leurs intérêts : éleveurs de taureaux, transporteurs, vétérinaires, organisateurs et impresarii, bouchers et tous ceux qui travaillent dans les arènes (toreros, picadores, banderillos, valets, etc.). Mais tous ces gens ne sont pas très nombreux : on estime qu’ils ne représentent pas plus de 2 000 personnes pour toute l’Espagne.

Une très petite minorité, mais qui est capable de tenir tout le pays dans son poing étant donné qu’elle possède les bonnes relations au bon endroit, tant dans les milieux politiques que dans les médias.
D’après plusieurs sondages, certains éleveurs gagnent en moyenne l’équivalent de 20 millions de francs suisses par an en vendant des taureaux voués à une mort atroce. Seuls 18 % de la population espagnole s’intéressent encore à la corrida qui devrait fermer boutique si elle n’était pas subventionnée par le gouvernement et par la CEE. Ce sont les touristes qui permettent que de tels spectacles se poursuivent, surtout les touristes français, italiens et japonais.

Beaucoup de psychologues parlent de la tauromachie comme d’un moyen psychologique de libérer ses frustrations sexuelles.

Le propre de la corrida est la simulation.

Quand le torero est censé faire preuve de « courage » en prenant une attitude fière devant le taureau qu’il vient d’assassiner, il sait fort bien que l’animal n’avait aucune chance d’inverser le cours du « combat », sauf peut-être si les picadores n’ont pas fait un « bon travail ».

Chaque picador travaille pour le torero et est à ses ordres. Sa tâche consiste à affaiblir le taureau en plantant sa lance dans l’encolure de l’animal. La position juste se trouve entre la quatrième et la septième vertèbre dorsale, de manière à sectionner les nerfs qui permettent au taureau de relever la tête ; un autre coup de lance, placé entre la quatrième et la sixième vertèbre cervicale, sectionne les ligaments de la nuque. Les picadores travaillent à cheval ; ce sont ces derniers qui se font éventrer par le taureau furieux. De vieux chevaux qui ont travaillé toute leur vie et qui, lorsqu’ils ne servent plus, finissent dans une arène, drogués, les yeux bandés et les cordes vocales sectionnées pour que leurs cris ne dérangent pas le public. Neuf fois sur dix, ils meurent éventrés. S’ils sont jugés récupérables, ils sont sommairement recousus pour être réutilisés dans la prochaine corrida. Avant d’entrer dans l’arène, ils reçoivent généralement des neuroleptiques à base de phénotiazine et de morphine mélangés à un produit de Bayer, le Comben.

Après les picadores, vient le tour des banderilleros, armés de bâtons au bout desquels se trouve un crochet en fer, les banderillas dont les pointes acérées sont plantées sous la peau du taureau au niveau des muscles du cou.

L’animal est pratiquement mourant au moment où le « matador » entre dans l’arène au son de la fanfare, en se pavanant dans son costume brodé tout en se mettant à agiter sa cape rouge ( la muleta) et en exécutant des figures symboliques (faena, veronica, etc) comme s’il jouait avec la mort. Il s’agit en réalité d’une vulgaire supercherie : dans l’état où il se trouve, le taureau ne parvient jamais à encorner le torero. Les rares fois où cela se produit, c’est parce que le matador est incompétent ou parce qu’il commet une grossière erreur. Quoi qu’il en soit, même dans ces cas rarissimes, le taureau finit sa vie dans les coulisses où il est achevé, et sa viande est vendue aux bouchers.
Cette description est le « spectacle » que les gens voient. Ce qu’ils ne voient pas et que la plupart ignorent, c’est ce que nous allons vous raconter maintenant.

Les taureaux sont transportés depuis l’élevage jusqu’aux arènes enfermés dans des caisses de bois renforcées par des armatures en fer et munies de roues. Ces caisses sont très étroites afin de maintenir l’animal debout sans qu’il puisse bouger. Pendant le transport, parfois très long, les taureaux restent sans nourriture et sans eau et reçoivent parfois des coups de bâtons à travers les fentes de la caisse. Avant d’arriver à destination, il y a l’arrêt chez celui qu’on nomme le « barbier », qui pratiquera la première opération visant à rendre l’animal inoffensif : on raccourcit ses cornes (afeitado). Il s’agit d’une pratique illégale mais qui est universellement pratiquée malgré l’interdiction. C’est la première fraude de la corrida, qui consiste à retirer aux taureaux la seule arme dont ils disposent. L’animal reste enfermé dans sa caisse, ses cornes sont tirées à l’extérieur à travers deux ouvertures et sciées ; puis les pointes sont refaçonnées à l’aide de couteaux de cuisine et de marteaux, et revernies d’une couleur qui ressemble à la couleur originale afin de camoufler l’opération. Scier et refaçonner les cornes est extrêmement douloureux parce qu’il faut couper dans la matière vivante et dans la moelle, qui sont très sensibles. Les pertes de sang sont abondantes. Mais personne ne prend garde aux mugissements de douleur de l’animal, au contraire, chaque année, une « égoïne d’or » (scie manuelle) est attribuée à celui qui effectue le meilleur raccourcissement des cornes !

Le taureau ne dispose pas de suffisamment de temps pour s’habituer à la nouvelle longueur de ses cornes et pour mesurer sa charge en conséquence. Il reste plongé dans sa douleur physique, que le matador et les autres refusent catégoriquement d'atténuer avec des calmants, puisque la douleur réduit aussi les facultés psychiques. L’animal qui entre dans l’arène est pratiquement un zombie. Après le raccourcissement des cornes, le taureau est introduit dans les cellules souterraines de l’arène où il a droit à d’autres traitements :

- Ses yeux sont enduits de vaseline pour limiter son champ de vision et pour qu’il ne puisse pas distinguer ce qui se passe. On le garde dans l’obscurité afin qu’il soit aveuglé quant il pénètre dans l’arène en pleine lumière.

- Un quart d’heure avant l’entrée dans l’arène, il reçoit une injection tranquillisante ; des sprays hypnotiques et paralysants sont vaporisés sur son museau, destinés à altérer sa vue (inflammation des globes oculaires) et à provoquer des tremblements de son système locomoteur.

- Le taureau reçoit parfois des coups de pique dans les jarrets.

- Avant l’entrée dans l’arène, des sacs de sable d’un quintal sont jetés sur les reins du taureau immobilisé. Cela se fait une trentaine de fois de suite afin d’affaiblir l’animal.

- Ses sabots sont limés et parfois fendus. Et il arrive que des épines de bois soient plantées dans les ongles.

- Des aiguilles sont plantées dans les testicules pour l’empêcher de s’asseoir.

- Du coton est enfoncé dans ses narines jusqu’à la gorge pour rendre la respiration difficile.

- Il reçoit des coups de pieds sur le dos et dans les reins, etc.

Tout cela démontre clairement que la corrida n’est rien d’autre qu’une vulgaire escroquerie dans laquelle le prétendu combat entre l’homme et le taureau est une utopie.

Les fraudes commencent dans les élevages. Bien que la CEE l’ait interdit, des anabolisants sont ajoutés au fourrage des taureaux afin d’obtenir des animaux plus musclés. L’objectif est aussi de faire entrer dans les arènes des taureaux paraissant puissants, sains et combatifs.

En effet, les toreros et leurs collègues se couvriraient de ridicule si le public savait qu’il a sous les yeux un animal blessé, souffrant et inspirant la pitié.

Chaque année en Espagne, 40 000 taureaux sont tués dans les corridas et lors de très nombreuses fêtes populaires où les animaux sont massacrés dans les rues.

Au terme de son exhibition, le matador doit planter une lance de 85 centimètres de longueur dans le taureau jusqu’aux poumons, mais il n’y parvient pas toujours. Il est parfois obligé de s’y reprendre plusieurs fois, et il doit recourir à une épée plus courte afin de pouvoir sectionner la moelle épinière. Quand le taureau s’écroule, il a gagné.

Alors, le torero coupe les oreilles et la queue, mais souvent l’animal est encore vivant : il est seulement paralysé parce que sa moelle épinière à été sectionnée. Et il est généralement vivant quand on le traîne hors de l’arène. Le public applaudit sans se rendre compte qu’il vient d’assister à une énorme supercherie et à un acte d’une cruauté aberrante que l’on montre même aux enfants.
En Espagne les écoles de tauromachie sont ouvertes aux enfants dès huit ans, tout d’abord avec de faux taureaux puis, dès l’âge de treize ans, avec de véritables jeunes taureaux. Il a été démontré que les enfants qui ont fréquenté des cours de tauromachie et torturé des animaux deviennent de dangereux délinquants une fois adultes.

Fredeli G / Orizzonte

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Email de Paul : Réédition d’un écrit de Krishnamurti

Bonjour à toutes et tous.

Je voulais vous tenir informer, de la réédition d'un très beau livre de J.Krishnamurti. " Le journal " édité d'abord chez Buchet-Chastel, vient de ressortir dans la collection Pocket.

Voici leur présentation ci-dessous, bonne lecture/étude à tous.

Amicalement, Paul .

Jiddu Krishnamurti se dévoile dans cet ouvrage écrit de sa propre main.
Généralement, les ouvrages de Krishnamurti reproduisent ses différents entretiens et sont donc la transcription de ses paroles, non de ses écrits. Très rares sont les livres rédigés de sa propre main. C'est le cas ici et cette lecture revêt ainsi une importance capitale pour quiconque s'intéresse à l'homme et à sa doctrine.
Ce Journal s'étend sur une période de six semaines en 1973 et d'un mois en 1975. Au fil des pages, Krishnamurti parle de lui-même et nous livre quelques souvenirs d'enfance. Cet ouvrage nous montre également à quel point son enseignement est inspiré par son rapport étroit avec la nature et combien est aigu son sens de l'observation.
Beaucoup plus que ses autres livres, ce Journal nous parle surtout de Krishnamurti en personne et c'est ce qui le rend exceptionnel.



mercredi, octobre 13, 2010

La Révolution du silence


Krishnamurti

Durant des décennies, de l’Inde à l’Amérique, en passant par l’Europe, Krishnamurti n’a cessé de dénoncer l’illusion de ces « drogues dorées » que sont les religions, les doctrines politiques aussi bien que la consommation matérielle, également impuissantes à répondre aux besoins spirituels de l’homme.
Dans ce livre, paru en 1970 et d’une actualité toujours brûlante, il nous incite une fois de plus à nous libérer des discours ou des morales préétablis, à écouter notre silence intérieur et celui de la nature.
« Ce qui est créateur est toujours destructeur », affirmait-il. En menant une critique radicale des formes modernes de l’asservissement, son œuvre dégage des perspectives dont la ruine actuelle des grandes idéologies ne fait que souligner la pertinence.


Ce qui est important, dans la méditation, c’est la qualité de l’esprit et du cœur. Ce n’est pas ce à quoi on est parvenu, ni ce que l’on dit avoir atteint, mais plutôt la qualité d’un esprit innocent et vulnérable. Au-delà de la négation, existe un état positif. Simplement accumuler des expériences – ou vivre dans un état d’expérience – c’est méconnaître la pureté de la méditation. La méditation n’est pas un moyen en vue d’une fin. C’est à la fois le moyen et la fin. L’esprit ne peut jamais être rendu innocent par l’expérience. C’est la négation de l’expérience qui engendre l’état positif d’innocence, état que la pensée ne peut pas cultiver. La pensée n’est jamais innocente. La méditation met fin à la pensée, mais non par l’action de celui qui médite, car celui qui médite n’est autre que la méditation. Ne pas méditer c’est être comme un aveugle dans un monde de grande beauté, de lumière, de couleur.

Déambulez donc au bord de la mer, et laissez cette qualité méditative venir à vous. Si elle vient, ne la poursuivez pas. Ce que l’on poursuit sera la mémoire de ce qui a été, et ce qui a été est la mort de ce qui est. Ou, si vous vagabondez parmi les collines, que tout vienne vous dire la beauté et la souffrance de la vie, afin que vous vous éveilliez à votre propre douleur, et à sa fin. La méditation est la racine, la plante, la fleur et le fruit. Ce sont les mots qui créent une séparation entre le fruit, la fleur, la plante et la racine. En cette séparation, l’action n’est pas bénéfique. La vertu est perception totale. […]

Si l’on entreprend de méditer de propos délibéré, ce n’est pas de la méditation. Si l’on se propose d’être bon, la bonté ne fleurira jamais. Si l’on cultive l’humilité, elle cesse d’être. La méditation est comme la brise qui vient lorsqu’on laisse la fenêtre ouverte ; mais si on la laisse ouverte délibérément, si délibérément, on invite la brise, elle n’apparaîtra jamais.

La méditation n’est pas dans le processus de la pensée, car la pensée est si rusée qu’elle a d’infinies possibilités de se créer des illusions, mais alors la méditation lui échappe. Comme l’amour, elle ne peut être pourchassée. […]

La méditation n’est ni l’expérience de quelque chose qui se situe au-delà de la pensée et des sentiments quotidiens, ni la poursuite de visions et de délices. Un petit esprit infantile et malpropre peut avoir des visions d’une expansion de sa conscience, et il en a en effet, qu’il reconnaît selon son propre conditionnement. Cet infantilisme est fort capable d’obtenir des succès dans le siècle, d’acquérir une renommée et une notoriété. Les gourous, ses maîtres, ont les mêmes caractères que lui, et la même mentalité. La méditation n’appartient pas à cette catégorie. Elle n’est pas faite pour le chercheur, car le chercheur trouve ce qu’il désire, et le réconfort qu’il en tire est la morale de son inquiétude.

Quoi qu’il puisse faire, l’homme des croyances et des dogmes ne peut pas entrer dans le champ de la méditation. Pour méditer la liberté est indispensable. Il ne saurait être question de méditer d’abord et de trouver ensuite la liberté. La liberté – le rejet absolu de la morale sociale et de ses valeurs – est le premier mouvement de la méditation. Ce n’est pas une entreprise publique à laquelle on puisse participer en y apportant sa prière. Elle se tient à l’écart, toute seule, toujours au-delà des frontières du comportement social. Car la vérité ne réside pas dans les objets de la pensée, ni dans ce que la pensée a assemblé et qu’elle appelle la vérité. La méditation positive est l’absolue négation de toute la structure de la pensée. […]

La méditation est un mouvement perpétuel. Vous ne pouvez jamais dire que vous êtes en train de méditer, et vous ne pouvez pas réserver un temps pour la méditation. Elle n’est pas à vos ordres. Sa bénédictin ne vous est pas octroyée du fait que votre vie est réglée par un système, une routine ou une morale. Elle ne vient que lorsque votre cœur est réellement ouvert. Non pas ouvert avec la clé de la pensée, ni mis en sécurité par l’intellect, mais lorsqu’il est ouvert comme un ciel sans nuages ; alors elle survient à votre insu, sans avoir été invitée. Mais vous ne pouvez jamais la surveiller, la conserver, lui rendre un culte. Si vous essayez de le faire, elle ne reviendra jamais plus ; quoi que vous fassiez, elle vous évitera. Ce n’est pas vous qui importez dans la méditation, vous n’y avez aucune place, sa beauté n’est pas en vous, mais en elle-même. Et à cela vous ne pouvez rien ajouter. Ne regardez pas par la fenêtre dans l’espoir de la capter à son insu, ne vous asseyez pas dans une chambre tamisée afin de l’attendre ; elle ne vient que lorsque vous n’êtes pas là du tout, et sa félicité n’a pas de continuité. […]

Méditer c’est se vider du connu. […]

L’épanouissement de la méditation est espace et innocence. Il n’y a pas d’innocence sans espace. L’innocence n’est pas un état infantile : on peut être à la fois physiquement mûr et innocent. Mais le vaste espace qui accompagne l’amour ne peut pas se produire tant que le psychisme n’est pas libéré des nombreuses cicatrices de l’expérience. Ces cicatrices empêchent l’esprit d’être innocent. La méditation consiste à libérer l’esprit de la constante pression de l’expérience. […]

Un esprit méditatif est silencieux. Ce n’est pas un silence que la pensée puisse concevoir ; ce n’est pas le silence d’un soir tranquille ; c’est le silence total qui se produit lorsque s’arrête la pensée, avec toutes ses images, ses mots, ses perceptions. Cet esprit méditatif est l’esprit religieux – celui dont la religion n’est pas atteinte par les églises, les temples et leurs chants.

L’esprit religieux est l’explosion de l’amour. Cet amour-là ne connaît pas de séparation. Pour lui, le lointain est tout près. En lui il n’y a ni l’individu ni le nombre mais plutôt un état dans lequel il n’y a pas de vision. De même que la beauté, il n’appartient pas au monde mesurable des mots. L’esprit méditatif ne puise son action qu’en ce silence. […]

La méditation n’est jamais une prière. Les prières, les supplications, sont dictées par la commisération que l’on a pour soi-même. On prie lorsqu’on est en difficulté, lorsqu’on souffre. Mais lorsqu’on est heureux, joyeux, on ne supplie pas. Cette compassion envers soi-même, si profondément enfouie dans l’homme est la racine de son isolement. Se séparer des autres, ou se penser isolé, aller perpétuellement à la recherche d’une identification avec une totalité, c’est amplifier la division et la douleur. Du fond de cette confusion, on invoque le ciel, ou un conjoint, ou une divinité inventée. Cet appel peut attirer une réponse, mais cette réponse est l’écho, dans sa solitude, de la compassion que l’on a pour soi-même.

La répétition de mots, de prières, vous met dans un état d’auto-hypnose, vous enferme en vous-même, vous détruit. L’isolement de la pensée est toujours dans le champ du connu, et la réponse à la prière est la réponse du connu.

La méditation est fort éloignée de tout cela. La pensée ne peut pas pénétrer dans son champ qui ne comporte pas de séparation, donc pas d’identité. La méditation est à ciel ouvert, les secrets n’y ont aucune place. Tout y est exposé, tout y est clair ; alors la beauté de l’amour est. […]

La méditation est la fin du langage. Le silence ne peut pas être provoqué par la parole, le mot étant la pensée. L’action engendrée par le silence est totalement différente de celle que provoque le mot. La méditation consiste à libérer l’esprit de tout symbole, de toute image, de tout savoir. […]

L’esprit se libérant du connu ; c’est cela, la méditation. La prière va du connu au connu. Il peut arriver qu’elle produise des résultats ; mais ils ne sont encore que dans le champ du connu, et le connu est le conflit, la misère, la confusion. La méditation est le rejet total de tout ce que l’esprit a accumulé. Le connu est observateur, et l’observateur ne peut voir que le connu. L’image est du domaine du passé et la méditation met un terme au passé. […]

On ne peut jamais entreprendre une méditation ; elle doit se produire sans qu’on la recherche. Si vous la recherchez ou si vous demandez comment méditer, la méthode non seulement vous conditionnera, mais elle renforcera votre conditionnement présent. La méditation, en réalité, est le déni de toute la structure de la pensée. La pensée est structurale, raisonnable ou déraisonnable, objective ou malsaine, et lorsqu’elle essaie de méditer par raison ou à partir d’un état contradictoire et névrosé, elle projette inévitablement ce qu’elle est, et prend sa structure pour une grave réalité. C’est comme le croyant qui médite sur sa propre croyance : il renforce et sanctifie ce qu’il a créé lui-même, poussé par sa peur. Le mot est l’image ou le tableau, objet d’une idolâtrie qui devient la pensée essentielle.

Le bruit construit sa propre cage sonore. Il en résulte que le bruit de la pensée provient de la cage, et c’est ce mot et sa sonorité qui séparent l’observateur et l’observé. Le mot n’est pas seulement un élément du langage, il n’est pas un simple son, c’est aussi un symbole, le rappel de tout souvenir susceptible de déclencher le mouvement de la mémoire, de la pensée. La méditation est l’absence totale de ce mot. La racine de la peur est le mécanisme du mot. […]

Chez l’animal, l’instinct de suivre et d’obéir est naturel et nécessaire à la survivance, mais chez l’homme il devient un danger. Suivre et obéir, pour l’individu, deviennent imitation et conformisme, en fonction de quoi il s’adapte aux structures d’une société qu’il a lui-même construite. Sans liberté, l’intelligence ne peut guère fonctionner. Comprendre, en action, la nature de l’obéissance et de l’acceptation, c’est faire naître la liberté. La liberté n’est pas l’instinct de faire ce qui plaît. Dans une société vaste et complexe une telle liberté ne serait pas possible ; d’où le conflit entre l’individu et la société, entre le nombre et l’unité.


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Prix Nobel de la Paix : Une imposture, un scandale

Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...