dimanche, mai 16, 2010

Le végétarisme et les Jaïns


Par Marie-Claude Mahias

Le Jaïnisme est une religion indienne non orthodoxe et athée, qui refuse l’autorité des Védas. La tradition jaïniste évoque 24 maîtres ou Tirthankara, également appelés Jaina (littéralement « les conquérants »). Le dernier maître de cette longue série fut Mahâvîra, contemporain du Bouddha. C’est lui qui fonda la religion jaïniste.

Les Jaina ne croient pas en Dieu. Leur religion leur enseigne l’existence d’un principe divin inhérent à l’âme individuelle et leur prescrit l’adoration des âmes parfaites qui sont l’esprit suprême. La délivrance s’obtient par la Croyance droite, la Connaissance droite et la Conduite droite. Cette religion insiste particulièrement sur le respect des êtres vivants.

L’attitude des Jaina vis-à-vis de leur alimentation se caractérise essentiellement par le végétarisme. Ils sont même, précisent-ils fièrement, de « purs végétariens » (suddh sakahari). Ce ne sont pourtant pas les seuls Indiens à l’être, loin de là ; cette affirmation semble même une banalité dans le contexte hindou. En effet, ainsi que le note L. Dumont :

« Le végétarisme s’est imposé à la population indienne tout entière comme forme supérieure de l’alimentation et constitue dans l’Inde contemporaine une des normes essentielles relatives à l’alimentation et au statut. »

Pourtant, si les Indiens reconnaissent le végétarisme comme régime alimentaire valorisé, comme signe d’une supériorité rituelle et sociale, on estime que seulement 25% d’entre eux ont effectivement adopté et pratiquent cette forme d’alimentation. Ce sont principalement des brahmanes, des castes ou segments de castes qui l’utilisent comme un moyen tactique pour s’élever dans la hiérarchie sociale en suivant un modèle brahmanique et en se dissociant de pratiques alimentaires dévalorisées, et enfin, des groupes liés au mouvement sectaire « vaisnava » qui ne rendent un culte qu’à des divinités végétariennes et les imitent dans leur comportement quotidien. Il n’est pas inutile de s’attarder sur cette notion de végétarisme pour en saisir la signification et les implications pour les Jaina.

Histoire du végétarisme

Je m’inspirerai de L. Dumont et de D.D. Kosambi pour esquisser quelques traits de cette histoire, nécessaires pour situer le jaïnisme dans un contexte global. Il n’est pas facile de retracer l’évolution du végétarisme et on est souvent réduit à des hypothèses vraisemblables, construites à partir de données de textes classiques, interprétés en fonction de valeurs sociologiques fondamentales et permanentes.

Les aryens védiques, peuples de pasteurs nomades, devaient accorder une importance considérable au bétail, encourageant la protection des troupeaux, et limitant l’abattage des bêtes et la consommation de viande à des circonstances exceptionnelles et d’ordre religieux. C’est dans des sociétés de ce type que les sacrifices se développèrent. Quand les animaux exigés par les grands sacrifices védiques s’ajoutèrent à ceux que requéraient les cultes aux dieux et aux ancêtres, la réquisition de bêtes en nombre toujours plus grand devint une charge insupportable à la population d’éleveurs et d’agriculteurs. Les brahmanes, seuls habilités à célébrer les rites, étaient seuls aussi à profiter grassement de la viande et des bêtes sacrifiées et des dons obligés. C’est en partie en réaction contre les abattages rituels excessifs et contre le pouvoir croissant des brahmanes que plusieurs mouvements dissidents, liés au renoncement, apparaissent vers le 6ème siècle avant J.-C. Le développement spéculatif le plus remarquable est le fait de deux sectes contemporaines qui deviendront le bouddhisme et le jaïnisme.

Parallèlement, s’élabore la notion d’ahimsa (non-violence), présente dans la spéculation indienne tout au long de son évolution. S’opposant aux sacrifices animaux et à la consommation de viande, elle n’entraîne pas immédiatement la suppression du régime carné, mais se développe dans les mouvements sectaires jusqu’à devenir incompatibles avec les pratiques sacrificielles. La contradiction est en partie résolue dans l’hindouisme par la dissociation des actes de sacrifier et de tuer.

Par ailleurs, la vache, symbole de prospérité économique, est élevée au rang de symbole cosmique, dès la période védique. D’animal sacrificiel par excellence, elle laisse progressivement la place à d’autres bêtes à cornes ; elle devient précieuse pour ses produits, à la suite d’un renversement de valeurs qui fait de toutes ses sécrétions des éléments bénéfiques et purificateurs, eux-mêmes offrandes sacrificielles. La notion de pureté justifie l’assimilation du meurtre de la vache, pourvoyeuse des moyens matériels de purification, au meurtre du brahmane, garant de la pureté rituelle et de la hiérarchie sociale fondée sur l’opposition du pur et de l’impur. La vénération de la vache semble donc, d’emblée, liée à la reconnaissance de la supériorité du brahmane et, indirectement, à celle du rôle du sacrifice dont le brahmane est le maître.

La non-nuisance, qui exige le respect du bétail, est active dans la transformation de l’attitude vis-à-vis de la vache. Ce sont toutefois deux notions distinctes qui aboutissent d’une part au végétarisme, d’autre part à la vénération de la vache et du brahmane. Si ces deux attitudes sont étroitement mêlées dans l’hindouisme, aucune n’est nécessaire au développement de l’autre. Dans l’hindouisme même, l’importance accordée à la vache semble avoir incarné presque toute la dimension de l’ahimsa, ou peut-être l’a-t-elle même éclipsée. A côté, le végétarisme fait figure de parent pauvre puisque seuls les brahmanes l’ont récupéré.

Diffusion du végétarisme : le rôle des renonçants

La prohibition de viande et d’alcool, idéal des renonçants, s’imposa à la société par leur intermédiaire. Cette application pratique de l’ahimsa est inégale selon les sectes. Alors que le bouddhisme s’essouffle rapidement dans cette voie puisqu’il n’interdit pas la consommation de viande – pas même aux moines, sous réserve que la bête n’ait pas été tuée à leur intention – le jaïnisme la poussera jusqu’à ses conséquences extrêmes. Cependant, les Jaina eux-mêmes auraient anciennement mangé de la viande et du poisson. La pénétration du végétarisme dans la société fut certainement assez lente. Quand Ashoka monte sur le trône impérial en 270 avant J.-C., « on vend encore de la viande de bœuf sur les marchés, aussi ouvertement que la chair de n’importe quel animal » (Kosambi). Sa conversion au bouddhisme, la protection qu’il accorde à toutes les religions ainsi que la transition nécessaire d’une économie pastorale à une société agraire, donnèrent une impulsion décisive au végétarisme. « C’est l’empereur qui, dans son propre palais, donne l’exemple du « végétarisme » ; il réduit à presque rien la consommation de viande de boucherie et de gibier. Le yajña est aboli par décret… » (Kosambi).

Mais le rôle des renonçants est certain et leur influence ne saurait être minimisée. D.D. Kosambi distingue, à partir des Upanishad, deux sortes de savants. D’une part, les successeurs des anciens brahmanes yajurvédiques continuent de pratiquer des sacrifices par lesquels ils s’enrichissent et reçoivent des dons dont ils se montrent toujours fort avides. D’autre part, apparaît dans les régions orientales, une nouvelle sorte de « docteurs » qui rejettent les rituels traditionnels et adoptent un mode de vie radicalement différent. Qui sont exactement ces docteurs sectaires ? Le portrait que l’auteur en donne est bien à l’image des renonçants actuels qui se placent eux aussi « au-dessus de toute espèce de rituel » :

« Les chefs des diverses sectes nouvelles et les moines, leurs adeptes, (…) vivaient principalement d’aumônes (…). Ils ne tuaient point, et prenaient aux végétaux toute la nourriture dont ils avaient besoin. Il n’y avaient que le sel que ces ascètes extrêmes se permissent de prendre de mains humaines. Voués au célibat, sans propriété, ces nouveaux docteurs étaient beaucoup plus économiques, dans une société d’accumulation, que les prêtres du feu, si avides ». (Kosambi)

Quelle que soit l’explication donnée de ce phénomène, il constitue alors une figure fondamentale de l’hindouisme postérieur, dont le contraste avec l’opulence des brahmanes ne pouvait manquer d’impressionner profondément la population indienne. Elle contraignit les brahmanes à se transformer en assimilant certaines pratiques de ces renonçants qui menaçaient leur autorité, et des notions comme celle de l’idéal ascétique ; celle-ci fut agrégée dans la théorie des âshrama de la littérature orthodoxe, comme le quatrième et ultime stade de la vie. Cette évolution est en accord avec l’analyse que L. Dumont fait du renoncement et rend compte du caractère artificiel de cette théorie :

« Il semble que l’ont ait voulu ici d’une part absorber le sannyâsa comme un moment de la vie du Brahmane en réservant plus ou moins le renoncement à cette classe, de l’autre reléguer le renoncement à un âge avancé de l’homme, après que ses obligations mondaines (perpétuer les ancêtres, etc.) ont été accomplies. On perçoit ici, outre l’agrégation habituelle, la prétention de limiter le renoncement par rapport aux états mondains et en fin de compte une opposition sourde au renoncement. »

Le jaïnisme est aussi, à l’origine, un mouvement de renonçants. Initialement, l’état laïc n’a droit à aucune considération. Les textes canoniques, qui régissent la conduite des religieux dans le détail de tous les actes et de tous les instants, ne s’en préoccupent guère. Ce n’est que tardivement, dans les textes de la période médiévale (6ème – 13ème siècle) qu’une doctrine est élaborée à l’intention des laïcs. Par transfert à la vie des hommes de règles originellement destinées aux renonçants et par incorporation de coutumes locales, se forge une sorte de code moral et rituel visant à encadrer les pratiques sociales. Les devoirs des laïcs – dont certains l’assimilent temporairement à l’ascète – apparaissent comme un compromis entre les règles extrêmes de l’ascète et les exigences de la vie en société. Ils constituent une préparation plus ou moins longue dont l’état religieux est l’accomplissement logique, puisqu’il est seul à permettre le respect intégral des règles de vie. En contrepartie, un mouvement inverse se dessine : la pression des laïcs dont il est à la fois le modèle, l’idéal et la justification, contraint le renonçant à une ascèse toujours plus rigoureuse.

L’ouverture du jaïnisme et son extension dans le monde à partir des renonçants est donc assez tardive. Si cela se fait au prix d’un assouplissement de certaines règles, il en est une sur laquelle les Jaina ne transigent pas : le régime végétarien est imposé à tous, moines et laïcs. L’ahimsa en est le principe fondamental que les règles multiples ne font que préciser, expliquer contraindre ou aider à respecter.

"Délivrance et convivialité: le système culinaire des Jaina", par Marie-Claude Mahias :

La grande ancienneté du jaïnisme (envoyé par Victor)

L’histoire ancienne de l’Inde rapporte qu’il y avait trois religions majeures dans le pays : le Brahmanisme, le Bouddhisme et le Jaïnisme (Nirgranthas). Des recherches récentes et des fouilles à Mohenjodaro et à Harappa ont montré que le Jaïnisme existait déjà il y a cinq mille ans. Toutefois, les Jaïns croient que leur religion est éternelle.

« Il y a du vrai, dans la pensée jaïne, que cette religion a une très lointaine existence. L’ancienneté en question, pré-aryenne, est appelée dravidienne et attestée par la découverte d’une série de cités remontant à l’âge de pierre, dans la vallée de l’Indus, datant du troisième peut-être même du quatrième millénaire avant J.C » (Professeur Zimmer, dans « Myths and symbols in Indian art and civilisation »).

Revendication d’éternité.

Naturellement, les adeptes de chaque religion prétendent qu’elle a sa source dans l’antiquité. Les Jaïns ne font pas exception à la règle. Leurs traditions et leurs récits légendaires disent que le Jaïnisme est éternel et que vingt-quatre Tirthankaras font sans cesse connaître le Jaïnisme, dans chaque période cyclique de l’univers. Ils divisent l’étendue du temps en deux cycles égaux, appelés : utsarpin et avasarpin. Durant l’utsarpin, la situation morale et physique de l’univers progresse graduellement, dans l’avasarpin, c’est tout le contraire, la situation décline graduellement. Chacun des deux cycles est subdivisé, à son tour, en six ères qui s’étendent, chacune, de vingt-deux mille ans à des crores d’années. Les demi-cycles se succèdent éternellement et des êtres humains, comme nous, apparaissent, à intervalles réguliers, pour être des Tirthankaras. Ils pratiquent, eux-mêmes, les principes éternels du Jaïnisme, atteignent l’omniscience (kevalajnna), prêchent et exposent la même doctrine.

Les racines pré-aryennes.

Presque tous les érudits sont d’accord pour reconnaître que, dans l’histoire culturelle de l’Inde, le Jaïnisme a des racines pré-aryennes. Comme le Dr A. N. Upadhye l’a fait remarquer « Les origines du Jaïnisme remontent aux temps pré-historiques. On les trouve dans la vallée fertile du Gange où ses adeptes se sont épanouis dans le passé, avant même l’arrivée des Aryens avec leur religion sacerdotale. C’était une société d’ermites qui mettaient l’accent sur l’effort individuel, sur la pratique d’un code moral et de diverses austérités, comme moyens de parvenir au Summum Bonum » (Dr A. N. Upadhye « A Cultural History of India », Clarendon Press, Oxford, p.100.)

Dans la même veine, Joseph Campbell a fait ce commentaire « Le Sankhya et le Yoga sont une sophistication psychologique postérieure des principes conservés dans le Jaïnisme. Tous deux sont la théorie et la pratique d’une même philosophie » (Prof. Zimmer « Philosophies of India », édité par Joseph Campbell, voir l’éditorial, p.60.)

D’autres savants, comme le Prof. Bulher, Hermann Jacobi, J.G.R. Forlong, le Dr Hoernle, le Pt Sukhalalji, le Prof. Vidyalankara, l’crya Tulsi, le Prof. G.C. Pandey, et d’autres, pensent que le Jaïnisme et un système religieux très ancien qui prévalait, en Inde, dans les populations non-aryennes de la civilisation de la vallée de l’Indus. (Prof. Buhler « Indian sect of Jainism »).

Dans l’écrit bouddhiste « Majjima Nikaya », Bouddha, lui-même, parle de sa vie ascétique et de ses prescriptions, qui sont en conformité avec le code de conduite du moine jaïn. Il dit : « Ainsi, Sari Putta, ma pénitence n’était-elle pas trop grande ? J’allais sans vêtements. Je léchais ma nourriture de mes mains. Je ne prenais pas la nourriture qui m’était apportée ou qui était spécialement préparée pour moi. Je n’acceptais pas d’invitation à un repas ».

Mme Rhys Davis a aussi observé que Bouddha a trouvé ses deux maîtres, Alara et Uddaka, à Vaisali et qu’il a débuté sa vie religieuse comme un Jaïn.

Dans le « Samanna Phal Sutta », les quatre vœux de Parshvanth (qui a vécu 250 ans avant la libération de Mahvira) sont mentionnés. Attakatha dans l’ « Anguttara Nikaya » fait référence à Boppa Sakya, un résident de Kapilvastu qui était l’oncle de Bouddha et qui suivait la religion des Nigganthas, c’est-à-dire des Jaïns.

Une étude critique comparée fait ressortir que plusieurs mots, comme « srava », « samvara » etc, employés par les Jaïns dans leur sens originel, sont mentionnés, dans la littérature bouddhiste, dans leur sens figuré. Sur la base de ces mots, le Dr Jacobi a conclu que le Jaïnisme était beaucoup plus ancien que la religion de Bouddha et que, par conséquent, il n’était pas exact de le considérer comme une branche du Bouddhisme. (Diwakar S. C. « Glimpse of Jainism »).

Certains historiens pensent que le Jaïnisme existait, sans aucun doute, bien avant le Bouddhisme, et que c’est une croyance protestante qui s’est révoltée contre les sacrifices du culte védique. Les recherches avancées montrent que cette affirmation n’est pas fondée. Les livres sacrés, respectables et sérieux, des Hindous eux-mêmes, affirment la nature bien antérieure de la pensée jaïne. Le « Rigveda », le livre sacré le plus ancien des Hindous, cite le Seigneur Rishabhadeva comme du fondateur du Jaïnisme. Il mentionne, aussi, l’incarnation de Vaman qui est la 15 ème sur 24. Le nom de Rishabha apparaît avant les incarnations de Vaman ou du nain Ram, de Krishna et de Bouddha. Par conséquent, il est très clair que Rishabha a dû vivre longtemps avant la composition du « Rigveda».

Le grand érudit, le Dr S Radhakrishnan, ex-Président de l’Union indienne, observe, dans son «India Philosophy », que « La tradition jaïne attribue l’origine du système à Rishabhadeva, le premier Tirthankara. Il ne fait aucun doute que le Jaïnisme existait avant Vardhaman ou Parsvanth.

Le « Yajurveda » cite les noms de trois Tirthankaras : Rishabha, Ajitnth et Arishtanemi. Le « Bhagvat Pkrana » adopte, aussi, l’idée que Rishabha a été le fondateur du Jaïnisme (Vol. II, p.286)

Les fouilles, faites à Mohenjodaro et à Harrapa, montrent que le Jaïnisme existait, il y a cinq mille ans, parce que les statues debout, sur les sceaux de l’Indus, ressemblent à celle de Rishabha, trouvée à Mathura. Le sentiment de détachement qui caractérise l’image debout, sur trois de ces cinq sceaux, avec un taureau en premier plan, peut être le prototype de Rishabha (Modern Review, août 1932, Sindha Five Thousand Years Ago).

Le poète Jinasena parle, dans son « Mahpkrana », de Rishabha comme d’un « Yogishwara ». Par conséquent, les matériaux extraits de la vallée de l’Indus établissent, de façon éclatante, que le fondateur du Jaïnisme vivait à la période pré-védique. La statue jaïne nue, de 320 avant J.C, au Musée de Patna, nous aide à défendre cette thèse (Diwakar S. C « Glimpse of Jainism »).

Les recherches du savant renommé, le Prof A. Chakravarty, ont mis à jour des éléments matériels inestimables qui prouvent la nature plus ancienne de la pensée jaïne. Lorsque les envahisseurs aryens sont arrivés en Inde, les Dravidiens, qui habitaient le pays, se sont opposés véhémentement, à eux. Les penseurs aryens du « Rigveda » parlent de ces Dravidiens, anti-Aryens, comme des ennemis et, par conséquent, ils les affublent de termes peu flatteurs. Ils sont qualifiés de « Dasyus ». Le dieu aryen Indra est appelé « Dasyusharya » (le massacreur des Dasyus). Ces ennemis sont nommés « Ayajvan » (qui ne font pas de sacrifices), « Akraman » (qui n’ont pas de rites), « Adevaya » (qui sont indifférents aux dieux), « Anyavrata » (qui suivent d’étranges pratiques) et « Devapya » (qui injurient les dieux ). Ils sont décrits comme étant noirs de peau et « anas » (le nez retroussé). L’autre épithète est « Mridhravas » (aux paroles inintelligibles). Des savants orientaux sont de l’avis, probablement exact, que ces Dasyus, opposés aux Aryens, étaient les Dravidens qui habitaient le pays, lorsque ceux-ci l’envahirent. Ils sont, aussi, appelés « Sisnadevas » parce qu’ils vénèrent l’image de l’homme nu.

L’étude critique de certains hymnes védiques, comme le « Nadsiya sukta », montre qu’il a du y avoir un courant de pensée particulier, durant la période pré-védique, qui a influencé les « Vedas ». Le Dr. Mangaldeva a estimé que « la philosophie jaïne pouvait être une branche du courant de pensée pré-védique. Certains termes jaïns, comme « pudgala» (matière) confortent ce point de vue » (Diwakar S.C. « Glimpse of Jainism).

Un coup d’œil, sur le glorieux passé du Jaïnisme, montre que les vies de Rishabhadeva, et des trente-trois Tirthankaras qui lui ont succédé, ont profondément marqué la culture du monde. Lorsque Alexandre a envahi l’Inde, il est tombé, à Taxila, sur une horde d’ascètes jaïns nus que les auteurs grecs appellent des «Gymnosophes ». Ce mot grec signifie : philosophes nus. Un groupe mystique d’Israël, celui des Esséniens, a été très influencé par ces « Gymnosophes » qui prêchaient le message d’Ahims, la vérité centrale du Jaïnisme, au peuple d’Alexandrie, en Egypte. Des vestiges historiques nous disent que les Grecs ont été très influencés par les idées jaïnes. Alexandre avait emmené dans son pays un ascète jaïn qui s’appelait Calanes (Diwalkar S.C « Glimpse of Jainisme »). Il faut noter, à ce sujet, que les Esséniens d’Israël étaient des ascètes qui suivaient les principes de non-violence. Ils avaient une grande emprise sur le peuple et une grande influence en Palestine. Jean-Baptiste était un maître ascète de cette école. Jésus-Christ, le fondateur du Christianisme, a été très influencé par ce groupe non-violent de Jean et par d’autres maîtres esséniens. En 600 avant J.C ce groupe avait progressé au-delà de la Syrie et de la Palestine.

Les enseignements jaïns ont aussi influencé Pythagore, le philosophe de la période pré-socratique, qui est né en 532 avant J.C et qui a mené une vie de non-violence. C’est durant cette période que vivait le Seigneur Mahvira, que les ignorants ont appelé le fondateur du Jaïnisme. Peut-être ses enseignements ont-ils eu une influence sur les peuples de pays lointains ? (Diwakar S.C. « Glimpse of Jainism »).

Dans son livre « The Magic of numbers » (La magie des nombres), p. 87, E.T. Bell raconte que Pytagore vit, un jour, un citoyen qui battait son chien avec un bâton. Sur ce, le philosophe miséricordieux cria « Arrêtez de battre ce chien! Dans ses hurlements de souffrance, j’ai reconnu la voix d’un ami. Par ce péché que vous commettez, il est maintenant le chien d’un méchant maître. Dans son prochain tour, la roue de la naissance peut faire de lui le maître et vous le chien. Puisse-t-il être plus miséricordieux envers vous que vous l’êtes pour lui ! C’est seulement ainsi qu’il pourra échapper à la roue. Au nom d’Apollon, mon père, arrêtez ou je serais obligé de dire sur vous les dix malédictions de Teteractyas ! ». Cela montre l’effet du Jaïnisme (Diwakar S. C. « Glimpse of Jainism »).

Processus de synthèse

Evidemment, avec l’émergence de la période des Upanishads (vers 800 avant J.C et plus tard) le processus de synthèse des cultures shramanes (non-aryennes) et védique (aryenne) a démarré. L’interaction sociale, économique et politique entre les colons aryens et leurs opposés non-aryens, plus avancés, a enrichi la connaissance des premiers. Ils ont commencé à interpréter leurs « Vedas » à la lumière de cette connaissance accrue.

A ce stade, une récapitulation de la division de l’histoire ancienne de l’Inde, en périodes, serait de quelque intérêt pour comprendre le long processus d’intégration des cultures non-aryennes et aryennes.

En gros, la période qui correspond de 3500 à 1500 avant J.C est considérée comme celle de la Civilisation de la Vallée de l’Indus des races non-aryennes. Elle coïncide avec les civilisations sumériennes et acadiennes du Moyen Orient, qui ont prospéré aux alentours de 2500 avant J.C. (elles aussi étaient des civilisations de vallées de rivières) et la civilisation minoenne de Crète. Ainsi, la période qui correspond à plus de deux mille ans peut être considérée comme la Civilisation des Vallées de Rivières qui couvrait les parties nord et ouest de l’Inde jusqu’au Saurastra au Gujarat. C’est une histoire d’il y a cinq à six mille ans (Mehta.T.U « The Path of Arhat . A religious democracy » édité par « Parsvanth Sodhapitha »).

L’invasion aryenne de l’Inde date approximativement de 1500 avant J.C, c’est-à-dire il y a trois à quatre mille ans, et coïncide pratiquement avec l’invasion hellénique de la Grèce. Elles semblent avoir apporté avec elles quelques parties du « Rigveda » et des autres « Vedas », de 1500 à 800 avant J.C- période qui, pendant de 700 ans environs, peut être appelée védique et ensuite brahmanique.

Les « Brahmanas » ont précisé les règles et les détails de l’emploi des mantras ou des hymnes dans les divers rites sacrificiels. Il en a résulté que la classe des prêtres, qui avait seule et exclusivement le droit de faire les rites, a pris une trop grande importance et a dominé pratiquement la société. Durant cette période, les Aryens s’étaient complètement installés et avaient totalement vaincu les races non-aryennes. Les non-Aryens avaient été absorbés dans leur structure sociale, principalement comme Dasyus (la classe des travailleurs), et traités comme des citoyens de seconde classe. Cependant, les Aryens avaient d’extraordinaires capacités d’absorber et d’assimiler toutes les nouvelles choses de la vie. Ils adoptèrent non seulement beaucoup de pensées culturelles et philosophiques de leurs opposants non-Aryens, mais ils les enrichirent, aussi, par leurs propres pensées originales. Ils comprirent qu’au-delà de cette existence terrestre, après la vie, il y avait quelque chose de distinct. Pour atteindre ce « quelque chose » la propitiation des dieux par les sacrifices et les offrandes d’êtres vivants n’était pas la voie qui convenait.

Lorsque les Aryens connurent les théories non-aryennes d’austérités, de non-violence, de karma et d’âme, ils comprirent ce « quelque chose » et que le but de leur recherche pouvait être satisfait en travaillant sur ces théories. Cela se manifeste dans le « Chhdogya Upanishad » quand le Rishi Aruni explique à son fils le nouveau secret qui a été trouvé de la vraie nature de soi, non enseigné au cours du long terme d’éducation dans les « Vedas » existants (réf. au dialogue entre Aruni et son fils Svetaketu, dans le chapitre sur l’ « Ontologie de l’Atman » dans ce livre). Nichiketa dans le « Kathopanishad » va chez Yama (le dieu de la mort) pour apprendre la science de l’Atman (de l’âme) en lui posant la question « Lorsqu’un homme meurt, existe-t-il encore ou non ? ».

Ainsi il y a eu un mouvement intellectuel fervent dans la période post-brahmanique quand les Risis des « Upanishads» ont commencé à mettre en question l’inutilité des rites sacrificiels et à appliquer leurs esprits objectivement aux enseignements des traditions shramanes de l’Inde ancienne. Cette tendance a commencé longtemps avant la période dite des « Upanishads », mais elle a progressé seulement durant la période du trente-troisième Tirthankara Parsvantha, reconnu, maintenant, comme un personnage historique, qui a vécu de 872 à 772 avant J.C, époque où les « Upanishads » battaient leur plein. Comme son successeur Mahvira, Parsva avait une grande capacité d’organisateur. Il organisa l’ordre shramanique et exposa le caturyama des quatre principes que sont la non-violence (himsa), la sincérité (satya), l’honnêteté (asteya) et la restriction des possessions (aparigraha). Ses enseignements shramanes ont eu une grande influence sur la pensée contemporaine et, avec l’arrivée de Mahvira (527 avant J. C.), le temps devint mûr pour l’assaut final et décisif contre la culture brahmanique des rites et des sacrifices violents.

Mahvira et son contemporain Bouddha (563 avant J. C.) ont mené, tous les deux, une croisade implacable contre les maux sociaux et culturels qui prévalaient à cette époque. Cette croisade a continué, avec vigueur, jusqu’au VIII ème siècle après J.C, mais, sans l’arrivée du grand Sankara, qui a assimilé les idées shramanes du Bouddhisme dans son brillant exposé du « Vedanta », la culture védique aurait été pratiquement balayée de toute l’Inde.

Maintenant, les idées shramanes de non-violence, de karma et d’âme sont devenues tellement identifiées avec la culture védique, qu’il n’y a absolument pas de différence entre l’attitude d’un Jaïn et d’un Hindou, envers les problèmes individuels et sociaux de la vie. Ces attitudes sont si semblables que, à moins que l’on vous dise que c’est un Jaïn, on ne peut pas, par sa conduite, se rendre compte qu’il est un non-Hindou, par sa religion. (Mehta T. U. « The Path of Arhat. A religious democracy” édité par « Parsvanth Sodhapitha »).


Photo :
Un moine Jaina dîgambara, « vêtu d’air », donc nu. Quand un ascète est totalement nu, les Indiens interprètent cette attitude comme un signe de sa complète libération de l’attachement au sexe.

lundi, mai 10, 2010

Oligarques et marouts


Un autre volet des signes des temps

Des personnalités parviennent au sommet du pouvoir en étant dépourvues de tout sens moral. Les puissants sont-ils organisés en une confrérie internationale ne cooptant que des êtres malfaisants ?

De dangereux larrons, nommés « marouts » dans la tradition ésotérique, ont-ils pris le contrôle des Etats, des multinationales et des institutions internationales comme l’OMS, l’ONU, l’OTAN, etc. ?

« Marout » est un terme sanscrit ou dravidien de même racine que « Morigu » (en gallo-celtique) et mort. « Le marout, dit Jean Louis Bernard, est un être à l’âme morte, au psychisme mort quant à son essence, quoique susceptible de donner des apparences de vie à ce faux vivant ou mort-vivant. Notion mystérieuse, troublante ! Dans la légende hindoue, les marouts seraient les instruments (les marionnettes) du dieu védique Roudra qui se servirait d’eux et de leur poison morbide pour répandre les épidémies. C’était l’opinion du sage Apollonius de Tyane, selon son historiographe. Une épidémie grave ravageant Ephèse, le thaumaturge y mit fin en faisant lapider à mort un marout ayant l’apparence d’un mendiant. Le dieu hindou Roudra, très ambigu car régentant à la fois la maladie et la médecine et déchaînant ouragans et tempêtes cosmiques, s’est peu à peu fondu dans Shiva, le destructeur divin des religions, nations ou grandes familles, mortes en essence, et des civilisations épuisées. Or la notion de marout est l’un des tragiques arcanes de l’ésotérisme politique, celui-ci se comprenant mieux sous l’optique shivaïte que chrétienne. Les brahmanes disent que lorsque Shiva (= la Providence, le Destin) veut rabaisser une nation, caste ou famille régnante, il place à la tête de cette nation, caste ou famille, un marout qui en deviendra le chef ou l’épouse du chef. Ne possédant par nature qu’une âme pourrie, cet être hybride contaminera les hautes sphères de la société par exemple, ou les arts ou la religion, et le déclin deviendra inéluctable si des hommes n’extirpent à temps le marout. Les Tibétains nomment ces marouts « cadavres vivants ». […] Notre temps de fin d’âge noir et de veille d’Apocalypse a donné la vedette à un petit nombre de marouts, directement ou indirectement politiques, barrant en tout cas la route aux hommes forts et l’ouvrant aux écroulements. »

Depuis 1971, l’année de parution du livre de Jean Louis Bernard, « Les archives de l’insolite », d’où sont extraites ces lignes, tout indique que les marouts sont plus nombreux et constituent en grande partie l’oligarchie mondiale. Ils imposent partout des pratiques agricoles, industrielles, commerciales mortifères qui sont à l’origine de la pollution chimique, radioactive et génétique (OGM) et de la destruction du tissu social (chômage et paupérisation).

jeudi, mai 06, 2010

L’air du temps


Hissa Hilal, « Le chaos des fatwas »

Hissa Hilal, une mère de famille saoudienne, a rencontré un franc succès en lisant son poème « Le chaos des fatwas » lors d’un concours de poésie diffusé sur Abu Dhabi TV. Elle a dénoncé publiquement les ordonnances religieuses (fatwas) promulguées par de prétendus maîtres spirituels.

Longtemps avant Hissa Hilal, Mahomet lui-même avait annoncé la décadence de l’Islam et mis en garde contre les maîtres spirituels incompétents : « Les gens prendront pour guides des ignorants qu’ils interrogeront et qui leur donneront des fatwas sans aucune autorité ; ils les égareront en s’égarant eux-mêmes ».

En Occident, la décadence religieuse est entrée dans sa phase ultime. Le catholicisme ne se relèvera pas du scandale des prêtres pédophiles. Quant au protestantisme, il génère de plus en plus de sectes dirigées par des pasteurs hurleurs et fanatiques. Les exégètes fantaisistes de ces gourous du Livre produisent des aberrations comme le mouvement charismatique ou l’Evangile de la prospérité.

Le bouddhisme et l’hindouisme n’échappent pas à la décadence et sont gangrenés par des maîtres spirituels autocrates, concupiscents et cupides.

La déliquescence des grandes religions permet à de nouveaux courants spiritualistes de s’épanouir « comme les fluorescences qui se manifestent lors de la décomposition d’un cadavre, disait Evola ». Ces courants spiritualistes sont imprégnés de nécromancie spirite, c’est le channeling invocatoire des prétendus maîtres ascensionnés de Shamballa.

Himanshu Kumar, le « gourou » des pauvres

« Activiste au Chhattisgarh depuis près de 20 ans, écrit Antoine Guinard, Himanshu Kumar connaît mieux que quiconque la situation des populations tribales de cet Etat pauvre de l’est de l’Inde, où a eu lieu l’attaque maoïste la plus meurtrière jamais perpétrée contre les forces de sécurité il y a un mois.

Gênant pour les autorités dont il dénonce les abus, il a récemment été contraint de fuir la région pour s'installer à New Delhi. Il n'a pas pour autant abandonné son combat, dans l'ombre de la version officielle de la lutte contre la "terreur rouge". »

Entretien :

Qu'est-ce qui vous a décidé à aller travailler au service des populations tribales au Chhattisgarh ?

Mon père a œuvré aux côtés de Gandhi et a vécu dans son ashram. Il a participé à sa campagne de redistribution des terres pour les paysans pauvres. Je pense que c'est venu de là, je voulais travailler en milieu rural et je me suis installé au Chhattisgarh en 1992 avec ma femme. Il y avait déjà les mêmes problèmes qu'aujourd'hui à l'époque.

Votre ashram dans le district de Dantewada, qui servait d'ONG, a été détruit par les autorités en mai 2009. Sous quel prétexte ?

Ils nous ont dit que l'ashram était construit sur des terres gouvernementales, ce qui est faux. Ce terrain appartient à la communauté, qui nous l'a donné. La vraie raison est que nous travaillions pour les tribaux et que l'ashram servait à leur donner des conseils juridiques. Les personnes qui étaient attaquées par l'Etat venaient à nous. On a enregistré près de 600 plaintes contre les forces de sécurité, la police et l'administration, accusés de viol, de meurtre, de pillage de destruction de propriétés...Le gouvernement a finalement décidé de mettre fin à nos activités.

Pensez-vous que les causes du mouvement naxalite, la situation des population tribales ont été passées sous silence ?

Oui, les naxalites ont le soutien des populations tribales locales, surtout après la mise en place des milices du Salwa Judum. Les tribaux ont été forcés de se battre pour survivre et cela a étendu et resseré leur liens avec la guérilla naxalite. Le problème c'est qu'à l'indépendance, le pouvoir politique a été monopolisé par les classes urbaines riches, les classes d'affaires, au détriment des populations rurales pauvres. En Inde, le pouvoir politique et économique est entre les mains d'une poignée de gens qui tentent de pousser la population hors de leur terres pour s'emparer de leurs ressources. Les Indiens urbains "mainstream" sont désormais prêts à exterminer les masses pour leurs ressources.

Condamnez-vous l'attaque maoïste qui a causé la mort de 76 membres des forces de sécurité il y a un mois dans le district de Dantewada au Chhattisgarh ?

Ces forces de sécurité sont créées pour protéger la population, or quand elles commencent, à attaquer les gens, à détruire leurs habitations, les représailles sont inévitables. Même si nous leur disons de ne pas riposter, ils n'écouteront pas.

On entend peu parler du Chhattisgarh si ce n'est par le prisme de la lutte contre les naxalites. Avez-vous un rôle de porte-parole auprès des pauvres de cet Etat ?

J'essaye d'attirer l'attention de la société civile, qui est dans le noir complet en ce qui concerne la situation au Chhattisgarh. Les gens pensent que c'est simplement un problème de maintien de l'ordre et que c'est à la police de le régler.

Le Chhattisgarh est-il devenu un Etat policier ?

Je pense que l'Inde en général va dans ce sens. Partout dans le pays les gens tentent de s'accrocher à leur terres, à leurs ressources. Cette situation est créée par les gens qui vivent dans les villes, qui n'ont aucune considération pour ces populations et s'imaginent que la police va régler les problèmes de l'Inde.

L'opération "chasse verte" contre la guérilla maoïste peut-elle réussir ?

Ce sera un échec, mais c'est également une manière de faire taire ceux qui s'opposent à l'installation de grandes multinationales sur leurs terres. Toute personne qui ne fait pas parti du Salwa Judum encourt le risque d'être étiqueté "maoïste" et donc de se faire tuer à Dantewada.

Les naxalites sont eux aussi accusé de violences... est-il possible de rester neutre au Chhattisgarh où il semble que des abus sont commis dans les deux camps ?

C'est tout à fait possible, mais j'ai l'impression que la neutralité n'est pas appliquée par l'Etat . Nous avons reçu des objections de la part des naxalites mais on a discuté avec eux et nos différends ont été résolus. Les naxalites sont plus concernés par la population que ne l'est l'Etat. De nombreux jeunes tribaux ont rejoint la guérilla, car ils veulent se débarrasser des forces de sécurité.

Les naxalites sont souvent accusés d'être anti-développement dans les zones tribales...

Nous nous sommes servis du Right to Information Act (loi qui donne l'autorisation à tout citoyen indien d'accéder aux statistiques et aux dossiers administratifs, n.d.l.r.) pour demander au gouvernement combien de travailleurs sociaux, d'enseignants avaient été tués par les naxalites au Chhattisgarh et la réponse était "zéro". Les écoles qui sont détruites le sont par les tribaux eux-mêmes, afin d'empêcher les forces de sécurité d'y établir leurs quartiers généraux et de maltraiter la population locale.

Etant donné les inégalités sociales qui persistent en Inde, la montée d'un mouvement comme les naxalites était-il inévitable ?

Oui, c'est la preuve que les fruits de la liberté et de l'indépendance n'ont pas profité à l'Inde rurale.

Source :

« Là-bas si j’y suis », l’émission de Daniel Mermet, a consacré un reportage à Himanshu Kumar :


mercredi, avril 21, 2010

L’âge des résidus


Selon le lama Matthieu Ricard, « l’âge décadent, ou « âge des résidus » (snyigs dus) : se caractérise par les cinq dégradations ou dégénérescences suivantes :
1) une durée de vie plus courte (tshe),
2) une dégradation du karma général (las),
3) des vue métaphysiques erronées (lta ba),
4) le déclin des facultés des êtres (sems can),
5) un accroissement des émotions négatives (nyon mongs).

L’humanité se trouverait dans la dernière phase de l’âge des résidus, du Kali Yuga. Matthieu Ricard ne cache pas au philosophe Jean-François Revel l’intérêt qu’il porte à l’œuvre de René Guénon (Le moine et le philosophe). René Guénon explique le sens de l’expression « l'âge des résidus » :
« Ce qui, suivant la tradition, caractérise l’ultime phase du cycle, c’est, pourrait-on dire, l’exploitation de tout ce qui a été négligé ou rejeté au cours des phases précédentes ; et, effectivement, c’est bien là ce que nous pouvons constater dans la civilisation moderne, qui ne vit en quelque sorte que de ce dont les civilisations antérieures n’avaient pas voulu. Il n’y a, pour s’en rendre compte, qu’à voir comment les représentants de celles de ces civilisations qui se sont maintenues jusqu’ici dans le monde oriental apprécient les sciences occidentales et leurs applications industrielles (1). Ces connaissances inférieures, si vaines au regard de qui possède une connaissance d’un autre ordre, devaient pourtant être « réalisées », et elles ne pouvaient l’être qu’à un stade où la véritable intellectualité aurait disparu ; ces recherches d’une portée exclusivement pratique, au sens le plus étroit de ce mot, devaient être accomplies, mais elles ne pouvaient l’être qu’à l’extrême opposé de la spiritualité primordiale, par des hommes enfoncés dans la matière au point de ne plus rien concevoir au-delà, et devenant d’autant plus esclaves de cette matière qu’ils voudraient s’en servir davantage, ce qui les conduit à une agitation croissante, sans règle et sans but, à la dispersion dans la pure multiplicité, jusqu’à la dissolution finale. » (La crise du monde moderne)

Extraits du Kalki Purâna

Le Kalki Purâna est le Livre de l’Apocalypse des écritures hindoues. Il annonce ce qui se passera à la fin des temps et durant l’âge noir.

12-13. Parmi les histoires sacrées, celles qui ont trait à l’avenir vont vous être racontées. Ecoutez-les attentivement. Le Kali Yuga (l’âge noir) commença lorsque le Seigneur Krishna regagna le séjour céleste.
"D’après la tradition rapportée par Alain Daniélou, le Kali Yuga commence en 3 606 av. J.-C.. La dernière période du cycle aurait débuté en 1939 de notre ère. « La catastrophe finale, écrit Daniélou, aura lieu durant ce crépuscule."

14. A la fin du cycle, Brahmâ, le créateur de l’univers, laissa tomber de son dos les péchés qu’il avait engendrés.
Le démiurge retient le mal qui est le déchet à la création, mais à la fin d’un cycle ce karma cosmique retombe sur la terre et sur l’homme. (*)

15. Ainsi naquit Adharma ; on dit que tous les péchés sont absous par le simple fait d’en entendre parler, de les confesser ou même d’y penser.
Adharma est la privation d’ordre, le chaos. Dans l’âge noir, le mal remonte à la surface. Il doit être démasqué au grand jour, en conscience, pour être transmuté. (*)

16. L’épouse d’Adharma, la belle Mithyâ (le mensonge) aux yeux de chatte, donna le jour à Shamba (la tromperie) son horrible fils ;

17. sa sœur Mâyâ (l’illusion) donna le jour à Lobha (la convoitise), et sa fille Vikriti (la maladie) donna le jour à Krodha (la colère),

18. dont la sœur Himsâ (la violence) donna le jour au Kali Yuga.
La progression des fléaux qui vont se déchaîner dans l’âge noir. La mère du Mensonge Mithyâ aux yeux verts (la beauté luciférienne) amorce le cycle des perversions. Voir l’Evangile où Jésus fustige la caste sacerdotale d’Israël : « votre père le Diable est menteur depuis l’origine ». (*)

19. Ce terrible Kali Yuga s’appuie sur la puissance des aromates sacrés, du mensonge, du vin des femmes et de l’or.
Les « aromates sacrés » symbolisent le détournement des forces spirituelles. Le sexe et l’argent sont les deux tentations dominantes dans l’âge noir, les agents actifs de la décadence de l’exploitation sous toutes ses formes. (*)

20-21. Sa sœur Durkriti (le méfait) donna le jour à un garçon appelé Bhaya (la peur) et à une fille appelée Mrityu (la mort), lesquels créèrent Niraya (l’enfer).
Au stade final, l’âge noir produit l’enfer sur la terre, la civilisation fondée sur la peur.

22. Le sacrifice, la mansuétude, l’étude des Véda et des Tantra disparurent, tandis que des infirmités mentales et physiques, vieillesse, misère, désespoir et peur, devinrent les caractéristiques de la vie humaine.
La déchéance découle de l’oubli des lois sacrées concernant le cosmos, l’ordre social et la vie. (*)

23. Le Kali Yuga engendra des hommes à la vie courte, pratiquant l’adultère et adeptes de la décadence généralisée.

24. Les brahmanes devinrent pervers, méchants, homicides, tuant même leurs parents, ignorants des Véda et des écritures, obséquieux et se firent même les serviteurs des shûdra !
Ceux qui sont supposés montrer l’exemple de la sagesse et de la droiture, et guider les âmes, s’abaissent aux activités dégradantes – autrement dit détournent leurs dons innés vers des activités inférieures. (*)

26. tueurs, cruels, avides, débauchés, trompeurs, provoquant la confusion des castes par les mariages mixtes.
Jadis, on considérait que les mariages entre familles étrangères amenaient la perte des pouvoirs ataviques du clan. La clairvoyance s’éteignant par les mélanges sanguins, le clan n’était plus dirigé par les ancêtres et les êtres étaient alors abandonnés à eux-mêmes et aux démons. (*)


25. Ainsi devinrent-ils perfides, inconstants, dégénérés, confondant les dharma, falsifiant le Dharma et les Véda,
Confusion des principes qui fondent l’ordre universel. Inversion volontaire de la vérité. Cela dure déjà depuis plusieurs milliers d’années, et ce n’est que le début ! (*)

27. à courte vie, pratiquant le mal, avilis, se regroupant dans des Matha (monastère, ashram) en compagnie de gens méprisables,

28-29. connaissant le désespoir, ils se querellent et se battent. Ils élaborent des parures pour attirer les riches. Ascètes prônant les dharma du confort, ils calomnient les guru et feignent de prêcher le Dharma pour tromper les innocents.
Les faux prophètes de la « voie large ». (*)

30. Les shûdra (prolétaires)se lancent dans les affaires afin de s’approprier la richesse des autres, ils marient leurs fils et leurs filles selon les envies des uns et des autres, ils préfèrent la fréquentation des pervers plutôt que des vertueux.

31. Ils ignorent l’acte généreux, sont incapables de détachement, se rengorgent de paroles vaniteuses sur le Dharma.

32. Ils considèrent la richesse comme le seul signe de l’intégrité…

34. Deviennent des exploiteurs…

35. Les nuages d’orage grondent et éclatent d’étranges façons, ce qui ne permet pas à la terre de donner de bonnes récoltes. Les percepteurs d’impôts écrasent et maltraitent tous,

36. ceux-ci chargés d’enfants, se réfugient dans les montagnes et les forêts.

37. C’est ainsi qu’à la première époque du Kali Yuga, les calomniateurs du Seigneur Krishna se livrent à la boisson et à la consommation de viande.

38. A la deuxième époque, l’on abandonne la prière. A la troisième époque, la confusion des castes est provoquée par les mariages mixtes, et à la quatrième – tournant le dos aux dieux infaillibles et à l’action juste – l’on se livre à une foi unique, en raison du mélange informe ainsi crée.
On se livre à une foi unique ? De l’abandon des véritables principes spirituels, naît une religion globale, l’inversion de la vérité. Curieuse anticipation de la religion mondiale. (*)

39. L’étude des écritures sacrées, l’offrande de sacrifices et la récitation du Om ayant disparu, toutes les divinités délaissées se rendirent humblement auprès de Brahmâ.

40-44. Les divinités accablées de tristesse, conduites par la Terre-Mère, récitant les Véda…se prosternèrent devant la porte de Brahma, Dieu des trois mondes, qui, trônant au milieu des sages, leur accorda une audience pour exprimer leurs doléances.

Il est alors décidé d’envoyer l’avatar Kalki (avatar de Vishnu) pour restaurer l’âge d’or à la fin du Kali Yuga.
Kalki correspond au Christ glorieux de l’Apocalypse qui revient à la fin de l’âge noir pour transférer la nature entière sur la dimension divine. […] Pendant que l’âge noir suit son cours inexorablement, un âge d’or émerge sur une dimension spirituelle de l’univers interne.
Les « élus » du livre de l’Apocalypse sont les êtres qui, au cœur de l’âge noir, on inversé le cours de la descente pour aller à contre-courant du temps. Ils créent ainsi un espace sacré, un cosmos spirituel qui est réintégré dans l’univers originel interne. (*)

(1) La curiosité pour la technologie et la science modernes de Tenzin Gyatso, le quatorzième Dalaï-lama, est bien connue. Indique-t-elle que le lamaïsme ne possède pas la connaissance d’un autre ordre et la véritable spiritualité ou la véritable intellectualité évoquée par Guénon ?

(*) Commentaires de Joël Labruyère.



Photo : Black Planet de Robert Longo

vendredi, avril 16, 2010

Sortir de la soupe globale

Joël Labruyère

La conscience collective de l’humanité est un champ unifié sur la fréquence du plus grand nombre. Une caste supérieure surnage à la surface grâce à des systèmes de manipulation occulte, mais le taux vibratoire de cette élite planétaire demeure au niveau des masses maintenues dans l’ignorance et la sous conscience.

La bande des Trois Titans.
Un, les classes possédantes détiennent le pouvoir matériel ; deux, les hiérarchies sacerdotales se réservent le pouvoir occulte ; trois, la force d’inertie des masses alimente les deux autres.
Ces trois groupes baignent dans le même champ de conscience. Seuls leurs privilèges et leurs fonctions supérieures ou subalternes les distinguent. Les masses ne sont exploitées que parce quelle ignorent les secrets initiatiques des classes dirigeantes. En réalité, c’est l’apathie de l’humanité ordinaire qui favorise l’exploitation d’où en retour la masse tire sa sécurité. Les trois groupes forment donc une triple unité et sont unis en conscience. C’est la conscience humaine naturelle. Elle est double, bonne et mauvaise. Les bons et les méchants sont sur la même fréquence fondamentale. Ce n’est qu’une question de point de vue. La division entre les classes est exacerbée dans un but de diviser pour régner.

Le révolté, le révolutionnaire ou l’anarchiste ne sortent jamais du circuit.
Le croyant, l’athée, le riche et le pauvre, le sage et le fou, le génie ou le savant, le prince et le prolétaire, sont tous sur la même fréquence de base. Ils ne sont que des particules de la conscience globale.
La conscience collective est un champ qui englobe la terre entière, et qui vibre au rythme du cycle existence/mort dont nul ne peut se soustraire, à moins de s’en dégager par une mutation. Un être qui est sorti du courant collectif est un "libéré". Il est capable d’affecter en profondeur le niveau général à partir de l’extérieur du collectif.
Un groupe d’êtres qui s’extraient du réseau de la conscience globale doit mettre en action une énergie très spéciale pour créer un champ de conscience autonome.C’est pour empêcher ces tentatives d’évasion que certaines loges occultes tentent par des moyens "spirituels" (la séduction de l’âge d’or, par exemple) de maintenir la cohésion de la conscience collective en soudant son niveau vibratoire dans l’unité internationale artificielle. Alors que les médias renforcent et soudent les plans inférieurs, liés à la matière et au bas astral, de son côté, le nouvel âge étend un champ astral plus raffiné, une grille énergétique qui consolide la conscience collective, au non du "bien".
Ainsi, ceux qui ne recherchent pas directement une voie de libération radicale, se verront ramenés dans la conscience globale de l’emprisonnement planétaire.
Il faut choisir. Soit on aménage le camp de concentration, ou bien on s’en échappe.
Encore faut-il être conscient que la conscience globale planétaire (de basse fréquence ou raffinée) est un circuit fermé.
La théorie évolutionniste qui prétend que la conscience progresse sans fin est un leurre. Seule la conscience libérée du circuit peut reprendre le chemin de l’évolution supérieure.
Cette voie difficile implique de sortir du conditionnement collectif. Pour réaliser cette sortie libératrice, il faut une mutation de conscience. Il faut faire un saut hors du système global. Une mutation du corps, de l’âme et de l’esprit.

Aussi, lorsque vous rencontrez un enseignement spirituel, examinez attentivement le programme qu’on vous propose. Si on vous demande de participer à un effort planétaire pour une conscience unifiée - où la "paix" et "l’amour inconditionnel" servent d’appâts - vous risquez de tomber tout cru dans la gueule de la Bête. L’écologie et les thérapies alternatives servent également d’appâts. Tout est récupéré, manipulé. Il faut en être conscient quoi qu’on fasse.
Tout enseignement qui ne vous propose pas une mutation pour sortir du jeu planétaire, n’a pas de caractère libérateur. On peut chercher à s’élever - ce que le new age appelle "évolution personnelle" - mais on demeure une particule prisonnière de la grille planétaire.

Un être libéré ne se distingue ni par son aura magique, ni par son charisme personnel, car il s’est transféré sur une dimension qui n’a aucun rapport avec nos critères terrestres. Ceux que le new age appelle des "êtres de lumière" sont des agents occultes au service des hiérarchies qui contrôlent la grille planétaire.
Examinez les mots utilisés dans les enseignements si généreusement répandus aujourd’hui. Il s’agit à 99 % d’une propagande démagogique déguisée en spiritualité – ce qui ne met pas en cause la sincérité des instructeurs et des adeptes.
Ils sont ignorants de participer au renforcement d’un système d’emprise, au nom du "bien". (La "tyrannie du bien" si arrogante dans la pensée unique et le politiquement correct)

L’Internationale sera le genre inhumain

Depuis des millénaires, on a l’habitude de considérer les êtres qui ont l’apparence humaine comme des "hommes".
L’indo-européen MAN désigne un être pensant (manas). L’A-DAM biblique signifie que le germe de conscience (A) est noyé dans le sang (dam). On constate que l’antiquité a identifié l’être humain en terme de conscience. Etre ou ne pas être conscient, voilà la question si l’on veut savoir ce qu’est un être humain véritable.
Sur cette planète étrange, on croise divers types d’êtres vivants d’apparence humaine/humanoïde, mais que rien ne distingue au plan de la conscience. On se base sur l’apparence physique mais celle-ci est un voile trompeur.
La conscience d’un être - son âme et son esprit - demeure invisible, inconnaissable. Seuls son apparence et son comportement le caractérisent sur le plan physique. Ainsi, on croit que tous les êtres d’apparence humaine sont des hommes issus d’une même race primordiale.
Les théories scientifiques et les dogmes religieux sont d’accord pour considérer qu’il n’y a qu’une humanité – celle qui s’est scindée dans les races humaines que nous connaissons, lesquelles ne présentent en réalité que des nuances.
Cette vision matérialiste de l’humanité a donné naissance à la philosophie humaniste qui affirme que tous les êtres d’apparence humaine sont semblables et égaux. Il est interdit de faire une distinction par la race, ce qui est évidemment un progrès par rapport à la cruelle discrimination des époques passées. Il n’y pas de race supérieure ou inférieure. S’il y a des différences, elles se situent à un autre niveau que les catégories définies par les idéologues racistes.
La pensée matérialiste hiérarchise les espèces vivantes mais refuse d’admettre les différences entre les races – c’est un racisme inversé. Pourtant, ce sont ces différences qui font la richesse de l’ensemble. Nous respectons les différences, nous acceptons toutes les races et les espèces qui vont sous le soleil.
Parce que nous savons que l’harmonie dépend des différences, nous rejetons l’ordre mondial et la pensée unique.
Toutefois, le débat sur les races terrestres n’offre aucun intérêt. Nous sommes intéressés par d’autres entités que le spécimen classé dans le genre humain.
Il existe aussi des races dont l’origine est extra planétaire et extra galactique. Rien ne les distingue pendant l’incarnation, à l’exception de traits de caractère, considérés comme atypiques.
Nous ne ferons pas l’inventaire de ces races dont l’origine se trouve hors du système solaire.
Il s’agit de races fabuleuses dont la mythologie a conservé la mémoire.
Nous ne cherchons pas à les identifier, car ce qui importe pour nous c’est de retrouver notre origine – en tant qu’étrangers déportés au sein d’une humanité si différente, cruelle, soumise et répressive.
Pendant un demi siècle, j’ai observé ceux que je croyais être mes semblables, et ma première impression de jeunesse était la bonne : je ne suis pas comme eux.
Globalement, je n’aime pas ce qu’ils aiment, et je ne veux rien de ce qu’ils convoitent. Leurs idéaux bornés, leurs philosophies spéculatives, leurs religions superstitieuses, leur science barbare et leurs amusements ridicules ne me concernent pas. On m’y a plongé de force.
Par conformisme, à cause du lavage de cerveau que l’on subit dès l’école maternelle, j’ai essayé de me diriger dans la vie en fonction de leurs valeurs et de leurs croyances, mais cela a échoué.
Ne trouvant pas de nourriture pour mon âme dans leurs idéaux, j’ai renoncé à croire et à penser comme eux, et je n’en ressens aucun complexe. Les valeurs artistiques ou spirituelles qui me touchent encore s’avèrent ne pas provenir de la terre, mais ont été apportées par des demi dieux, des héros antiques ou d’une époque plus récente. Tout ce qui m’émeut encore dans la civilisation n’est pas terrestre mais céleste. Ainsi, ce que j’aime n’est pas originellement humain, et j’avoue que tout ce qui me révulse est l’apanage du genre inhumain.

Les gnostiques de l’antiquité avaient défini trois groupes humains :
les hyliques (matériels),
les psychiques (l’être mondain cultivé)
et les spirituels (d’origine céleste).
Ces derniers ont conservé la mémoire d’un monde originel qu’ils veulent retrouver.
Les psychiques, aussi intelligents soient-ils, vivent dans leur monde et s’en contentent, quoique désirant une certaine évolution. Ils peuvent croire en un principe supérieur mais ils ne cherchent pas un absolu hors du contexte planétaire.
Quant aux hyliques, ils aiment la matière, et pour eux il n’y a rien en dehors de la dimension terrestre.
Selon cette classification, c’est l’homme de type spirituel/céleste qui est une référence pour celui qui ne se sent pas appartenir au monde conforme.
Le Spirituel est un être qui a la nostalgie d’un autre monde. S’il pousse sa démarche à fond, en se libérant des préjugés humanistes et du lavage de cerveau culturel, il se demande qui il est en réalité.
Alors, diverses possibilités s’offrent à lui, dont deux principales : soit il se considère comme un humain dont l’âme est d’essence céleste, ou bien, comme un esprit incarné dans une forme humaine.
La plupart des mystiques authentiques se sentent être des humains dotés d’une âme divine, et leur projet est de redonner la première place à leur essence divine.
Il veulent redevenir des êtres divins ainsi que l’enseignent les traditions initiatiques.
Il y a encore une autre voie, plus secrète car terriblement hérétique : c’est de ne plus s’identifier au genre humain, mais de se percevoir comme appartenant à une race différente, étrangère à ce monde.
Dans cette perspective, il faut savoir quelle est cette race et comment un individu identifié au genre humain, pourrait retrouver sa véritable origine ?
Nous ne parlons pas des races malveillantes incarnées clandestinement dans des corps humains, et de cette catégorie de démons qui se dissimulent comme des parasites dans notre subconscient. A travers nous, à cause de notre ignorance et de notre lâcheté, ces démons ont fabriqué cette civilisation où ils trouvent des corps et un champ pour les créations de leur intelligence démoniaque.
Nous voulons comprendre si derrière notre désir d’absolu, nous ne serions pas d’une autre espèce, issus d’une race qui garde dans le cœur la nostalgie d’un univers merveilleux ? C’est ce que je ressens.
A chacun son espèce. Pour ma part - et cela n’engage que l’auteur de ces lignes - j’ai demandé ma mutation hors de cette engeance humaine où je suis incarné contre ma volonté. Oui, je veux muter sans retour.

Il y a quelques années, Joël Labruyère dénonçait les aspects occultes du lamaïsme dans son article « Les contes de fée du Tibet ». Il écrit :

« Le but de notre dossier « Les contes de fée du Tibet » dans Undercover n° 6 était de mettre en lumière l’emprise de ce groupe de magiciens sur le monde pour montrer qu’il ne s’agit pas de spiritualité ni du « salut de tous les êtres » comme les pseudo bouddhistes de la hiérarchie lamaïste le prétendent. C’est une guerre occulte pour le contrôle du monde. Dès lors, la sagesse ou l’hypocrisie des lamas n’est qu’une question accessoire. Les personnes ne sont pas en cause. C’est le système magico-rituel tibétain que nous avons tenté de démonter pour le comprendre et s’en protéger. »

Les contes de fée du Tibet :

mercredi, avril 14, 2010

En vrac


L’Inde malade de ses gourous

L'Inde s'est transformée ces dernières années en un théâtre déroutant pour ses milliers de fidèles hindous. Ces derniers ont en effet été contraints d'assister à la montée en flèche du nombre d'affaires criminelles menées par d'influents gourous, guides spirituels de l'hindouisme traditionnel.

Ainsi, alors que le leader religieux Sathya Sai Baba, qui compte des millions de fidèles mais également de nombreux abus sexuels, n'a jamais été envoyé en prison, un de ses semblables n'a récemment pas eu la même chance. Rajiv Ranjan Dwivedi, trente-neuf ans et plus connu sous le nom de Swami Ichadari Sant Swami Bhimanandji Maharaj Chitrkootwale, a en effet été arrêté le 26 février dernier pour une sinistre affaire d'exploitation sexuelle impliquant d'anciennes hôtesses de l'air et de jeunes étudiantes. LIRE LA SUITE :

Les guérilleros indiens contre le grand capital

Le 6 avril 2010, dans l'épaisse jungle de l'Etat de Chhattisgarh (centre-est), les forces gouvernementales chargées d’éradiquer la rébellion rurale des Naxalites (opération Green Hunt) sont tombées dans une embuscade tendue par plusieurs centaines de guérilleros.

Les injustices sociales et l’avidité des multinationales sont à l’origine de la jacquerie Naxalite qui est présente dans deux tiers des districts indiens.

« Historiquement, le naxalisme s’est développé en Inde partout où les droits fondamentaux des populations étaient bafoués au profit des intérêts des grands propriétaires terriens, du grand capital et des multinationales soutenus par l’État indien.

Dans cette stratégie, les régions tribales constituent un terrain particulièrement fertile. Réparties sur les États du centre de l’Inde, ces régions forestières sont extrêmement riches en matières premières (minerai de fer, charbon, bauxite, uranium pour n’en citer que quelques unes) qui constituent pour l’industrie en pleine expansion une manne financière colossale, face à laquelle le sort des tribus ne pèse guère.

En Inde, les populations tribales ou adivasi, qui représentent 8,2% de la population soit 84 millions d’individus, ont toujours été considérées de fait comme des citoyens de seconde zone dont les droits, qui existent en théorie, ne sont guère appliqués. Ainsi, la loi sur la forêt et les tribus (Scheduled Tribes and Other Traditional Forest Dwellers - Recognition of Forest Rights) de 2006 accorde 2,5 hectares de terres à chaque famille tribale. Elle défend leurs droits par rapport aux forêts, à ses produits et à la propriété de leurs terres. Mais elle n’a toujours pas été ratifiée dans les États du Jharkhand, du Chhattisgarh et du Madhya Pradesh où la population tribale est majoritaire ou très importante. Et pour cause, ce sont bien ces richesses que la classe politico-économique dominante a pour dessein de leur ravir. »


Histoire du Naxalisme : Jacqueries et guérillas de l'Inde

« Les cohortes grandissantes de touristes occidentaux qui vont périodiquement faire le plein de spiritualité en Inde ignorent que, depuis trente-six ans, des guérillas clandestines luttent contre le système social et religieux. Tout au plus connaissent-ils l'équipée de Phoolan Devi, cette femme tour à tour bandit et députée, qui fut assassiné en 1998. Lancé à la suite d'une révolte dans un village bengali, le naxalisme a connu son apogée à la fin des années 1970, mais n'a jamais disparu et reste très actif dans le centre-est du pays, malgré les répressions sporadiques. Parfois comparé au sentier lumineux pour ses méthodes expéditives, ce réformisme armé procède par coups de main, redistribuant la terre et brûlant les actes notariés, comme le fît une fois l'anarchiste Malatesta en 1877. Il comble aussi, à l'instar des maoïstes d'avant 1949, certaines lacunes de l'Etat, ne serait-ce qu'en forçant médecins et instituteurs absentéistes à faire leur travail. »


Le Dr André Migot parmi les lamas sorciers du Tibet

« Pour de nombreux lecteurs, le seul nom de Tibet évoque des phénomènes mystérieux et surnaturels, une certaine littérature leur ayant présenté, de ce pays, un tableau romancé où l’on voit, à chaque détour du sentier, un ascète nu faisant fondre la neige autour de lui ou volant à travers l’espace.

Certes, des phénomènes supranormaux existent et j’ai pu en constater quelques-uns au cours des longs séjours que j’ai faits au Pays des Neiges. Mais ils sont rares. Les vrais thaumaturges ne se montrent pas et il faut vivre longtemps dans leur intimité pour connaître leurs pouvoirs.

Par contre, les pratiques magiques y sont très répandues.
Les images que ce texte accompagne se rapportent à l’une des plus curieuses : éloigner la grêle destructrice des récoltes ou au contraire faire tomber la pluie en cas de sécheresse. Dans les deux cas, le rôle du sorcier est d’agir sur les démons maîtres du temps et de les contraindre à lui obéir en pratiquant des rites spéciaux accompagnés de la récitation de formules appropriées. Pour comprendre l’importance de ces cérémonies magiques dans la religion tibétaine, il est nécessaire de dire quelques mots de ses origines. » LIRE LA SUITE :

dimanche, avril 11, 2010

Ascèse et renonciation dans le Chan/Zen


Le Wu Wei, absence d’effort, de souci, d’intention, de contrôle est un concept fondamental dans le Chan/Zen. Il s’agit d’une spontanéité qui s’adapte sans la moindre idée préconçue ni la moindre intention à chaque situation nouvelle. Dans la vie quotidienne, la réflexion et les calculs égotistes imposent une directivité artificielle faisant obstacle à cette spontanéité. Le Wu Wei du taoïsme et du Chan/Zen n’est pas compatible avec les efforts et le contrôle imposés par la renonciation ascétique de la religion.

« L’ascèse est, dans le zen, parfaitement inutile comme « des jambes pour un serpent ». En outre, son projet enveloppe une contradiction : on ne saurait vouloir intentionnellement être dépourvu d’intention, on ne peut s’efforcer à la vie spontanée qui exclut l’effort. Celui qui laborieusement cherche à abolir en lui toute trace de réflexion est comparable à quelqu’un « qui voudrait laver du sang avec du sang ». En fait, nous n’avons pas à faire des efforts pour retrouver la nature (1) car nous ne l’avons jamais quittée. Comme on l’a vu (2), le nirvana nous a déjà été concédé et nous sommes déjà des bouddhas. La vie spirituelle ne consiste pas dans un effort pour devenir autre, mais dans la prise de conscience de ce que nous sommes déjà, de ce que nous n’avons jamais cessé d’être. Et c’est pourquoi Hakuin, quand il atteignit son satori, a pu s’écrier : « Comme c’est merveilleux ! Il n’y a pas de cycle de la naissance et de la mort auquel il faut échapper ni de connaissance suprême à atteindre. »

Tout au plus, la pratique correcte d’un art peut nous aider à retrouver la nature, enfouie au plus profond de nous-mêmes, cachée sous les acquis de l’intelligence objective et du langage social. […] Dans la peinture Sumiye : si la logique ou la réflexion s’interposent entre le pinceau et le papier, tout l’effet est gâché ; « la main qui guide le pinceau au moment précis où l’esprit commence à élaborer des formes a déjà trouvé et réalisé ce qui le hante, et en fin de compte l’élève ignore si c’est la main ou l’esprit qui a combiné l’œuvre. » Ainsi la pratique authentique d’un art nous permet de retrouver la spontanéité perdue de l’animal ou de l’enfant. Elle libère l’action du frein de l’intellect, et restaure le contact avec nos racines naturelles. »

Michel Larroque « Approches occidentales du bouddhisme zen, la spontanéité efficace ».



(1) Note de Bouddhanar : nature de l’esprit ou esprit originel.
(2) Dans « Approches occidentales du bouddhisme zen, la spontanéité efficace », Michel Larroque.

Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...