mercredi, août 26, 2009

Réincarnation & politique

En raison d’enjeux politiques et financiers importants, la reconnaissance officielle de la réincarnation d’un hiérarque du lamaïsme ne peut exclure les intrigues. Ce sujet, brièvement évoqué dans le précédent post, est développé dans un article qui dénonce le complot du régent Réting, maître du Tibet durant les années 1930, pour écarter le véritable tulkou du 13ème Dalaï-lama qui serait né dans la famille d’un rival politique, le ministre Langdoun. Le texte émane d’une organisation de bouddhistes adeptes du culte de Shougdèn, la Western Shugden Society, considérée comme hérétique par le Dalaï-lama. A cause de l’intolérance du prélat tibétain, les sectateurs de ce culte sont victimes d’un ostracisme qui génère toujours autant de haine et de violence. Nous sommes loin de la sagesse du bouddhisme himalayen que la propagande lamaïste et les maîtres d’œuvre du nouveau spiritualisme mondial veulent nous faire gober. http://www.westernshugdensociety.org/

Lama Réting : Comment il a choisi le faux Dalaï-lama


Lama Réting était un lama tibétain du monatère de Réting. Il était aussi l’un des lamas les plus importants du monastère de Séra djé.

Après la mort du 13ème Dalaï-lama en 1933, Lama Réting devint le régent du Tibet. Quelques années plus tard, un membre de la famille du 13ème Dalaï-lama, un ministre important du gouvernement, appelé Langdoun, dit à Lama Réting et aux autres ministres que le fils d’un membre de sa famille était la réincarnation du 13ème Dalaï-lama, et il fournit des preuves évidentes. 

Lama Réting et Langdoun n’entretenaient pas de bonnes relations. Réting refusa les affirmations de Langdoun, comme quoi le fils d’un membre de sa famille était la réincarnation du 13ème Dalaï-lama. La majorité des ministres soutenaient Langdoun. Réting devint ainsi très inquiet pour sa position parce que, si le fils de la famille de Langdoun était reconnu comme étant la réincarnation du 13ème Dalaï-lama, il perdrait bientôt sa position et son propre pouvoir. 

Pour résoudre ce problème et assurer sa position, Réting fit des plans avec un ami très proche, Lama Ketsang, un autre lama du monastère de Séra djé. Ils prirent trois décisions : 

1 - la réincarnation du Dalaï-lama doit être choisie dans une place très éloignée, dans la région de l’Amdo Koumboum, près de la frontière chinoise ; 

2 - Réting devrait aller près du lac sacré de la déité Shridévi, prétendre avoir eu des visions des lettres AH KA MA dans l’eau du lac et mettre cela ensuite noir sur blanc, par écrit. Les lettres AH KA MA indiqueraient que la réincarnation du 13ème Dalaï-lama apparaîtrait dans l’Amdo (AH), Koumboum (KA) pays natal de la réincarnation (MA) ; 

3 - après cette deuxième préparation, Ketsang irait dans l’Amdo Koumboum et choisirait un garçon qui conviendrait pour être la réincarnation du 13ème Dalaï-lama. 

Ils mirent ensuite leur plan à exécution. Lorsque Ketsang et ses deux assistants arrivèrent dans l’Amdo Koumboum, ils commencèrent immédiatement à chercher un garçon qui conviendrait. 

Un jour, Ketsang rencontra un vieux moine du monastère de Koumboum à qui il expliqua qu’il était à la recherche d’un garçon qui conviendrait pour être reconnu en tant que réincarnation du 13ème Dalaï-lama. Il demanda au moine s’il pouvait faire une recommandation et le vieux moine répondit que dans cette région il y avait une famille du village de Taktsèr qui avait un fils très intelligent et qu’il pourrait lui présenter, si Ketsang était intéressé. 

Le vieux moine était en fait un membre de cette famille du village de Taktsèr et il proposa donc de guider Ketsang vers sa propre famille ! Taktsèr était un village musulman. Deux jours plus tard, Ketsang rendit visite à cette famille avec le vieux moine qui montra le garçon à Ketsang : « C’est le garçon que je vous recommandais. » Ketsang montra à l’enfant de nombreux objets différents qui avaient appartenu au 13ème Dalaï-lama, mais en réalité le garçon ne manifesta aucun plaisir en voyant ces objets, et ceci même lorsque Ketsang donna un objet au garçon, en disant « C’est à vous », le garçon le jeta immédiatement. 

Ketsang trouva cependant que le garçon était très charmant et pensa qu’il serait suffisamment bien. Par la suite, Ketsang a menti au sujet des résultats de cet examen (comme cela a été expliqué en détail dans L’Océan de la vérité expliquée). 

Quelques jours plus tard, Ketsang rendit à nouveau visite à la famille et dit aux parents du garçon : « Nous sommes les représentants du gouvernement tibétain et, si vous êtes d’accord, nous voulons faire reconnaître que votre fils est la réincarnation du 13ème Dalaï-lama. » Les parents acceptèrent avec joie. Après avoir fait ces préparations, Réting informa les ministres du gouvernement tibétain puis annonça publiquement que lui-même et Lama Ketsang avaient trouvé la réincarnation indubitable du 13ème Dalaï-lama. En disant cela, il mentit publiquement. Les ministres du gouvernement tibétain furent mécontents d’avoir à accepter une réincarnation du 13ème Dalaï-lama venant d’une culture religieuse non bouddhiste. 

Toutefois, certains monastères soutenaient Réting et en particulier l’abbé du monastère de Séra Djé menaça avec force les ministres, en disant que, s’ils n’acceptaient pas la réincarnation choisie par Réting, il y aurait une guerre civile. Réting avait également un grand pouvoir politique, et finalement les ministres ont dû accepter tout ce qu’il disait, sans avoir le choix. Le garçon reçut le nom de Lhamo Dhonedoup et afin de recevoir la permission que Lhamo Dhonedoup ne fasse plus partie de la communauté musulmane, Réting demanda au gouvernement tibétain de donner 400 000 pièces en argent au dirigeant musulman de Taktsèr, appelé Ma Pou-fang. De cette manière, le garçon musulman, Lhamo Dhonedoup, fut finalement emmené à Lhasa, avec ceux qui étaient venus le chercher, sa propre famille et un grand nombre de marchants musulmans. 

Réting organisa une grande cérémonie de bienvenue pour l’arrivée du garçon à Lhassa. Plus tard, le moment fut venu pour Lhamo Dhonedoup de recevoir les vœux d’ordination. Il aurait dû les recevoir du régent lui-même, mais Réting ne se sentait pas confiant pour accorder les vœux d’ordination, car il avait lui-même un sérieux problème de discipline morale. De nombreuses personnes savaient qu’il avait une relation sexuelle avec la femme de son frère et il effectuait de nombreuses autres actions incorrectes pour un moine. À cause de cela il fit la requête à son propre enseignant, Taktra Rinpotché, alors âgé, de prendre la position de régent pendant trois ans afin qu’il enseigne le mode de vie bouddhiste à Lhamo Dhonedoup et lui accorde ensuite les vœux de l’ordination. Taktra accepta cette requête. Lorsque Taktra devint le régent, il essaya de prendre soin du garçon et de lui donner des enseignements. Mais il remarqua que Lhamo Dhonedoup était très différent des garçons tibétains. Quand Taktra lui enseignait comment pratiquer le mode de vie bouddhiste, le garçon n’acceptait jamais et il ne manifestait aucun intérêt pour la pratique spirituelle. Il était souvent en colère et parlait souvent violemment à Taktra lui-même. Taktra était très déçu et dit un jour à ses proches disciples : « Ce garçon, Lhamo Dhonedoup, n’a aucune bonne empreinte du mode vie bouddhiste. Je suis inquiet pour notre pays et pour ce qui va se passer à l’avenir. » 

Taktra désigna deux autres enseignants pour le garçon, Ling Rinpotché et Tridjang Rinpotché. Plus tard, Taktra reçut de nouvelles informations qui montraient clairement que Réting avait une relation sexuelle avec une femme et qu’il effectuait de nombreuses autres activités incorrectes. Il devint encore plus déçu. D’une manière générale, au début, de nombreux ministres du gouvernement, et Langdoun lui-même, avaient compris que Réting avait menti lorsqu’il affirmait avoir reçu une vision des trois lettres AH KA et MA dans le lac sacré de la déité Shridévi (ce qui aurait indiqué que la mère de la réincarnation du 13ème Dalaï-lama vivait dans la région de Koumboum). Ils l’avaient compris parce qu’un des assistants de Réting dit un jour à un ami que Réting avait menti. Cette information passa ensuite aux ministres du gouvernement. Lorsque la période de régence fut presque terminée pour Taktra, le gouvernement Kashag (ou cabinet des ministres) reçu de nombreux rapports venant de différentes personnes disant que Réting et Ketsang avaient choisi une fausse réincarnation du 13ème Dalaï-lama. Pour cette raison et d’autres encore le gouvernement envoya des soldats au monastère de Réting pour arrêter Réting et le faire venir à Lhassa. 

Alors qu’il était en prison, Réting fut emmené un jour sous bonne garde dans la salle de réunion du Kashag. Le premier ministre demanda à Réting de dire la vérité au sujet de sa vision des lettres AH KA et MA sur l’eau du lac sacré de la déité Shridévi. Très effrayé, Réting admit alors qu’il avait menti, et il fit une confession complète. Il mourut peu de temps après en prison. Certains disent qu’il fut exécuté par ordre du gouvernement tibétain. 

Le gouvernement annonça alors publiquement que toute personne qui avait reçu une position spéciale sur ordre Réting, Lhamo Dhonedoup y compris, perdrait sa position. 

À ce moment-là, il y avait cependant trois choses qui se produisaient au Tibet : 

(1) les Tibétains avaient de plus en plus peur que l’armée chinoise arrive bientôt à Lhassa, 

(2) de nombreuses personnes deviendraient très mécontentes en comprenant que Lhamo Dhonedoup devra quitter sa position, et 

(3) Lhamo Dhonedoup avait apparemment commencé à améliorer ses qualifications grâce aux soins spéciaux et aux enseignements de Tridjang Rinpotché et de Ling Rinpotché. 

Pour ces trois raisons, Taktra Rinpotché, Tridjang Rinpotché et Ling Rinpotché firent des requêtes pressantes au gouvernement, lui demandant de remettre à plus tard le retrait de Lhamo Dhonedroup de sa position de Dalaï-lama. Grâce à l’aide de Taktra, les souhaits de Tridjang Rinpotché et de Ling Rinpotché ont été exaucés. 

Peu de temps après, lama Taktra Rinpotché, alors âgé, mourut et l’armée chinoise entra à Lhassa. Le gouvernement tibétain perdit alors son rôle, et finalement en 1959 Lhamo Dhonedoup, ou Tenzin Gyatso, s’est enfui en Inde.

En Inde, ce faux Dalaï-lama créa le gouvernement en exil par lui-même. Ce gouvernement en exil a caché toutes les vraies informations au sujet du Tibet et, pendant quarante ans, il n’a fait connaître que de fausses informations en exagérant les qualités de ce faux Dalaï-lama partout dans le monde. En réalité, ils mentent. Leur politique de mélange de religion avec la politique est la cause d’un endommagement sérieux de la réputation du bouddhisme en général.

Nous pouvons voir que toutes les bonnes circonstances de la vie de Lhamo Dhonedoup proviennent de la bonté suprême de ses deux enseignants, Ling Rinpotché et Tridjang Rinpotché, et pourtant comment a-t-il rendu leur bonté ? Dans L’Océan de vérité expliquée, il est dit : « Plus tard à Dharamsala, en Inde, Ling Rinpotché mourut d’une crise cardiaque parce que le Dalaï-lama refusait sa requête lui demandant de cesser d’encourager les guélougpas à pratiquer la tradition nyingma. Et Tridjang Rinpotché mourut d’une crise cardiaque parce que le Dalaï-lama refusait sa requête lui demandant de cesser d’interdire la pratique de Dordjé Shougdèn. »


Source : http://shugdensociety.wordpress.com/2008/10/02/how-the-14th-dalai-lama-was-chosen/



Photographie : le 5ème Résing, Thupten Jampel Tishey Gyantsen (1911 –1947), accusé de conspiration et de tentative d’assassinat contre un autre régent, Taktra Rinpoché, il fut enfermé dans la prison de Sharchen Chog à Lhassa où il est

vendredi, août 21, 2009

Les états posthumes


Le père François Brune étudie depuis des années un grand nombre de témoignages de survie de l’âme. Il pense que « la vision bouddhiste de l’au-delà ne tient pas devant les faits (1) ».

Les bouddhistes d’obédience lamaïste acceptent les idées contenues dans le Bardo Thödol ou Livre tibétain des morts. Selon ce texte, le défunt ne séjourne pas plus de 49 jours dans l’au-delà, le Sidpaï Bardo des Tibétains. Les lamas prétendent que le principe conscient prend renaissance dans le monde humain ou dans un autre monde au terme de sept semaines (7 x 7 jours). Cette période est généralement démentie par les témoignages examinés par François Brune. Mais c’est surtout la doctrine bouddhique du non-soi (anatta) qui est contestée par les explorateurs occidentaux de l’au-delà.

En réalité, le lamaïsme et d’autres écoles bouddhistes ont revu la doctrine de l’inexistence d’un Soi. Ils pouvaient difficilement la concilier avec le karma et la réincarnation. Les révisionnistes les plus critiqués par les bouddhistes orthodoxes sont les Sammitîya ou Pudgalavâdin, « Tenants de la croyance en un individu », un Pudgala (individu permanent) qui serait une réalité évidente, ni identique aux Skandha (2) ni différente d’eux. Par ce moyen les Pudgalavâdin tentèrent de contourner le problème de la rétribution des actes (karma). « A travers les siècles, écrit Edward Conze, l’orthodoxie ne s’est jamais lassée d’accumuler argument sur argument pour réfuter cette acceptation d’un Soi par les Pudgalavâdin. Mais plus on essaie avec ténacité et persistance d’extraire quelque chose de son esprit ou d’un système de pensée, plus cette chose y pénètre sûrement. Les orthodoxes, à la fin, furent forcés d’admettre la notion d’un ego permanent, non pas ouvertement, mais sous divers déguisements, caché dans des concepts particulièrement obscurs et abstrus, comme le « continuum de vie subconscient » (bhavânga) des Théravâdin, l’«existence continuée d’une Conscience très subtile » des Sautrântika, la « Conscience-radicale des Mahâsanghika, etc. La « Conscience-de-réserve des Yogâcârin est conçue dans le même esprit. (3) »

Le lamaïsme en créant l’institution des tülkous, qui permet de garantir la continuité politique et spirituelle des institutions monastiques, accorde aux chefs religieux le droit de renaissance consciente. Les facultés mémorielles du jeune tülkou ne doivent pas être altérées afin de pouvoir identifier des objets, personnes, parents de sa précédente incarnation. Bien entendu, la reconnaissance d’un tülkou n’est pas dénuée d’arrières pensées et de cabales qui visent à assurer la suprématie d’un clan ou d’une famille. Ainsi, la réincarnation d’un maître peut semer la zizanie dans une secte. Au Sikkim et à Delhi, les Indiens assistèrent à des pugilats mémorables entre lamas tibétains partisans des deux candidats à la succession du 16ème Karmapa (4). Le 14ème dalaï-lama est par la suite parvenu à calmer les esprits des deux camps en déclarant : « une double réincarnation est possible » (5).

Les différents courants du bouddhisme n’expriment pas une compréhension particulièrement claire des états posthumes. Pour les uns, le Soi n’existe pas ; sa survie est donc impossible en tant qu’individualité. Au terme de la vie, les éléments qui composaient la personnalité se désagrègent. Dans ce cas, la rétribution des actes (karma), une autre doctrine fondamentale du bouddhisme, devient contestable. « Ici, écrit Walpola Rahula, une question se pose naturellement : s’il n’y a pas d’Atman, ou Soi, qui reçoit le résultat du karma (des actions) ? Personne ne peut répondre à cette question mieux que le Bouddha lui-même. Lorsqu’un bhikkhu lui pose cette question, le Bouddha dit : « Je vous ai enseigné, ô bhikkhu, à voir la conditionnalité partout et en toute chose (6) ». Cette réponse ne devait pas satisfaire les bouddhistes qui ne se lassaient pas de spéculer sur l’existence d’un principe transmigrant qui peut parfois, selon le dalaï-lama, renaître dans plusieurs corps.

Les expériences de mort imminente (EMI) ne sont pas méprisées par les spiritualistes soucieux d’aborder la question des états posthumes.
Le Dr Jean Jacques Charbonier a écrit plusieurs livres sur les NDE (EMI). Il parle de l’expérience de mort imminente de Pamela Reynolds :

http://www.omegatv.tv/video/1755342351/sensdelavie/mortetau-dela/mort-imminente--l-exemple-de-Pamela-Reynolds-.php

La biographie du Dr Charbonier
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Charbonier

Son site :
http://jean-jacques.charbonier.fr/

Autre étude :
La mort transfigurée, recherches sur les expériences vécues aux approches de la mort.
http://pagesperso-orange.fr/iands-france.org/Lamortransfig/indexMT.html#plan

Contrairement au bouddhisme, la tradition hermétique occidentale a plusieurs points communs avec les expériences de mort imminente étudiées par les scientifiques.

« Quand survient l’arrêt du cœur, le moi traverse un évanouissement, celui-ci précédé d’un phénomène cinématographique : il revit toute son existence, mais en fonction d’une autre dimension du temps, car le film est instantané, quoique complet ! Au bout de quelques jours, l’évanouissement cesse : le moi s’est fondu dans le double (7) – première métamorphose. C’est comme une nouvelle naissance. Mais, en s’élargissant, le conscient brise le moi et, par conséquent toute attache avec l’ombre (8). Celle-ci, déboussolée, errera puis déclinera, avant de se dissoudre. Cette première métamorphose sous-entend évidemment un changement de dimension : la communication avec l’ancien contexte de vie quotidienne n’est plus possible. Toutefois, il arrive que le mort se manifeste par son double dans les rêves des proches, en sommeil très profond, quand ceux-ci rôdent aux frontières de ce plan parallèle des doubles. Mais ils auront du mal à enregistrer au réveil la confrontation. L’ombre, elle, se manifestera par des bruits divers (coups d’ongle sur une vitre, meubles qui craquent), si elle dispose encore des ressources dynamiques du double éthérique ; la décomposition rapide de cette entité para-physique mettra fin à toute manifestation. Au moment de l’agonie, quand le moi est déjà entre deux états, il peut percevoir son double qui va l’absorber ; en général, il le prend alors pour une entité étrangère à lui, tout en ressentant un lien ; il croit donc être confronté avec un parent décédé ou un ange… Une voyante particulièrement douée décrivit le spectacle de la mort, tel que ses antennes le lui faisaient percevoir : du corps expirant, se dégageait en se soulevant (comme un couvercle) une forme diaphane, très raide, qui brusquement se retrouva debout au pied du cadavre : le double ; en même temps, une entité sombre, tortueuse, se dégageait du même corps, mais comme rampante disparaissant par la gauche.

Après l’absorption par le double, de durée indéterminée, sans doute variable, se produira une seconde métamorphose. La conscience sera absorbée par un autre état d’existence, plus proche de l’esprit abstrait, et le double périclitera, se désagrégeant. L’essence de l’être n’est bien sûr ni dans le moi, ni dans le double, l’ombre et le double éthérique, autant d’entités qu’elle baigne simplement comme ferait un rayon. Et la seule immortalité est dans ce rayon spirituel qui se retire peu à peu, de métamorphose en métamorphose. Cette conception de la mort, hautement philosophique et naturelle, s’oppose à celle du spiritisme qui confond le moi avec l’esprit abstrait. »

Ces lignes sont extraites du livre de Jean Louis Bernard « Les archives de l’insolite », éditions du Dauphin. L’auteur ajoute quelques considérations sur l’ombre :

« Reflet obscur du double et du moi durant la vie, l’ombre joue encore un rôle après le décès parce que solidaire du cadavre. Elle se décomposera à peu près en même temps que lui. Le moi, entre-temps, s’est fondu dans le double et évolue en fonction surréelle, lointaine par rapport au quotidien. Déboussolée, déséquilibrée par manque de contrepoids (le moi), l’ombre n’est plus alors qu’un satellite partant à la dérive et sombrant dans la folie, celle-ci forme dynamique de la mort. Elle s’accrochera désespérément au corps et aux lieux familiers du défunt – par instinct de lutte contre sa propre décomposition, son sort naturel pourtant, et hantera parents ou amis, afin de prélever sur eux de la vitalité (par osmose), en vue de cette lutte contre le néant. Les médiums du spiritisme incorporent volontiers des ombres mortes, les prenant pour le défunt lui-même (9). Il est vrai que, fréquemment, quand le moi n’a pas réussi encore son absorption dans le double, il reste « collé » à l’ombre durant quelques jours, voire quelques semaines. L’ombre morte est donc une ombre coupée de l’être profond et de toute spiritualité, par manque de relais vers l’esprit (au vrai sens). Les éléments du psychisme concret, issus du moi, s’éteindront sur elle : elle sera comme le domestique s’emparant des habits hors d’usage de son maître ! »


(1) François Brune, « L’homme doit-il être sauvé », éditions Petite Renaissance.

(2) Les Skandha sont les cinq groupes ou « agrégats » composant la « personnalité » (la corporéité, la perception, la conscience, le concept ou l’action, la connaissance). Le processus de la mort est pour les bouddhistes une désagrégation des cinq Skandha.

(3) Edward Conze, « Le bouddhisme dans son essence et ses développements », Petite Bibliothèque Payot.

(4) Ursula Gauthier, « Du rififi chez les lamas, Le Nouvel Observateur : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p1865/dossier/a47423-du_rififi_chez_les_lamas.html

(5) Tibetdoc http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article126

(6) Walpola Rahula, « L’enseignement du Bouddha », éditions du Seuil.

(7) « Le double du moi, dit aussi moi des profondeurs, quoique distinct de l’âme et de l’esprit. C’est le ka des Egyptiens. » J. L. Bernard

(8) « En égyptien l’ombre est nommée « shout » (comparer à l’allemand « shatten »). L’ombre s’explique en fonction du double (ka) dont elle est le contrepoids : une prise de terre ; elle se relie au tellurisme, force souterraine du globe ; le double se relie, lui au magnétisme, force aérienne. » J. L. Bernard

(9) Jean Louis Bernard a écrit son livre au début des années soixante-dix, bien avant la mode des « channels » et des étranges entités qui les utilisent.


Esotérisme politique

Les Slaves (et leurs alliés orientaux) finiront-ils par mettre un terme à la domination anglo-saxonne ? Un guerrier initié, guidé par le génie (1) du légendaire Ram gallo-celtique, vaincra-t-il l’empire pervers dont le noyau pourri se trouve à la City de Londres ? « Le prochain Ram serait russe ! », écrit Jean Louis Bernard, un spécialiste de l’ésotérisme.

Eva, journaliste indépendante, fait un carton sur Internet avec plus de 300 000 lecteurs. Elle dénonce régulièrement la mafia politico-financière qui dirige l’empire anglo-américain. Son article sur la préparation d’une attaque de l’OTAN contre la Russie n’augure rien de bon pour l’humanité :
http://r-sistons.over-blog.com/article-34715910.html

(1) Un génie est une entité de nature divine qui téléguide un être exceptionnel dans sa destinée.

Le soufi méconnu

René Guénon était un véritable soufi. Il avait quitté la France en 1930 et vivait humblement son expérience intérieure au Caire où il décéda en 1951. Son adhésion à l’Islam ésotérique dérange toujours les esprits chagrins.

Tantôt classé parmi les Orientalistes tantôt parmi les philosophes, parfois décrié et bien souvent incompris, René Guénon fut l’un des derniers grands pèlerins de l’Orient, non pas entendu dans son sens géographique, mais comme le lieu des connaissances spirituelles immuables transcendant tout déterminisme historico-social. Au travers de ses nombreux travaux de recherche consacrés aux spiritualités hindoue, chrétienne et musulmane, il s’efforça toute sa vie de revivifier un héritage oublié et d’éveiller les consciences à l’existence d’une tradition au sens vrai menant à une redécouverte d’un fond commun unissant l’Orient et l’Occident…Lire la suite dans « La revue de Téhéran »
http://www.teheran.ir/spip.php?article248

« Le porteur de savoir », ce site, signalé par un lecteur, est consacré au soufisme :
http://leporteurdesavoir.fr/textes/biographie_chadhili.htm

lundi, août 03, 2009

Réflexions sur la sagesse et la révolte

Par Georges Vallin

Il y a une ambiguïté fondamentale de la révolte. […] La sagesse orientale nous met en présence d’une forme de négation dont il nous faut dégager certaines implications. Le sage refuse ici l’adhésion à l’ordre au nom d’une adhésion à l’Unité dont l’ordre n’est qu’un reflet ou un symbole. Cette adhésion à l’unité est corrélative de l’adhésion à la négativité qui apparaîtra comme la suite nécessaire de cette unité. Au-delà de la puissance créatrice et conservatrice (à quoi se réduit le Dieu de notre monothéisme judéo-chrétien), le sage discerne au niveau même de l’Universel ou du divin une puissance destructrice ou transformatrice : « Dieu », en tant qu’il se manifeste se « nie » ou se « sacrifie » en un sens lui-même, et toute « manifestation » apparaît comme devant être nécessairement niée à son tour pour que s’exprime la rigoureuse infinité de l’Absolu : la manifestation n’est qu’un reflet essentiellement identique à son principe ; la destruction apparaît alors comme l’instrument métaphysique de retour à l’Unité. Tel est le sens profond de la mythologie du « Dieu méchant » qui fait souffrir et qui détruit le héros tragique innocent : le « destin » apparemment aveugle, implacable et cruel, n’est ici qu’une expression de cette puissance du négatif qui ramène la détermination séparative à son essence véritable, par-delà l’oubli et l’affirmation de soi dans lesquels elle avait tendance à s’enfermer.

Sans doute cette négation peut-elle revêtir des aspects différents : le Védanta a montré que Maya, puissance de manifestation de et d’attraction vers l’Unité, pouvait apparaître aussi comme puissance de l’éloignement et d’obnubilation : l’égoïsme et la volonté de puissance, par lesquels l’individu tend à se poser illusoirement dans sa réalité autonome et séparée, apparaissent comme une conséquence naturelle et lointaine de la négation originelle qui est posée au cœur même de l’Absolu.

Cela signifie que, selon l’optique métaphysique de la sagesse orientale, la négation qui est corrélative de l’affirmation de l’individualité et qui s’exprime au plus haut point dans la révolte satanique, apparaît comme enveloppée dans la négation métaphysique par laquelle s’exprime la réalité de l’Unité infinie de l’être. Le révolté par excellence, ou Satan, c’est-à-dire le mouvement de négation qui tend à se poser comme séparé, comme substantiel, ne saurait s’opposer réellement à l’Unité, à l’Un ou au Soi.

Son acte de révolte exprime encore à sa manière l’unité de l’être. C’est ce que n’avait pas compris le Zeus stoïcien campé par Sartre dans « Les Mouches », lorsqu’il accule Oreste le révolté à dire qu’il est sa liberté. L’apparente négation d’exclusion, par laquelle le révolté par excellence s’oppose à l’Etre, concerne en réalité les formes limitées de l’Etre et des valeurs auxquelles son expérience le confronte, et dont la violence rageuse et destructrice de sa négation ne fait que dévoiler la fondamentale précarité et le caractère finalement illusoire. La révolte satanique, qui apparaît comme le noyau de toutes les autres formes de révolte ou d’anti-sagesse, peut apparaître secrètement apparentée avec le sommet de la sagesse dont elle exprime, sans le vouloir et comme en y étant contrainte (d’où l’étonnante profondeur de la formule sartrienne selon laquelle l’homme est condamné à être libre), mais comme en creux et sous une forme peut-être plus caricaturale que symbolique, le détachement à l’égard des apparences et des fausses harmonies empiriques.

Mais, le révolté qui s’insurge contre toute forme d’ordre, et partant, contre la Justice même ou la Nature, n’est pas fondamentalement « injuste » aux yeux du sage : d’abord, sa négation violente qui exclut toutes les formes d’ordre, en tant qu’elles semblent une aliénation de sa puissance de vouloir, est une expression et comme un instrument de la négation d’intégration qui est au cœur de la sagesse (le sage nie l’ordre apparent, mais pour l’inclure ou l’intégrer à son essence, c’est-à-dire à l’unité). Ensuite, cette négation n’est point gratuite, mais consécutive à un vide qui tend à s’exprimer. Le révolté ne se révolte que parce qu’à tort ou à raison il se sent opprimé, limité, aliéné. Il y a comme une justice élémentaire dans l’injustice apparemment foncière de son mauvais vouloir radical.

Aussi, la révolte, même satanique ou prométhéenne, apparaît-elle ambiguë : la révolte contre les dieux apparaît comme « injuste » et « méchante » dans la mesure où l’on s’arrête à l’aspect « positif » et « bénéfique » de ces « dieux », mais non plus en tant qu’on décèle dans leur affirmation de soi comme une forme d’orgueil ou de volonté de puissance pharisienne et propriétaire.

Prométhée peut sembler, au nom même de la sagesse, avoir raison de contester l’ordre de Zeus, dans la mesure où cet ordre est corrélatif d’une négation d’exclusion qui emprisonne l’homme dans des limites dont il peut légitimement chercher à s’évader, en raison de cette puissance de négation qu’il porte en lui et qui s’identifie avec sa liberté. Zeus peut apparaître légitimement puni par l’acte de révolte de Prométhée qui, par son larcin, devient l’instaurateur d’un nouvel ordre et de la civilisation, de même qu’Adam, par le péché, inaugure, par son refus de l’innocence pré-réflexive, le temps de l’histoire. Le châtiment de Prométhée apparaît d’abord comme une juste punition de sa révolte contre Dieu, mais plus profondément, ainsi que l’a bien vu S. Weil, comme une figure de la passion du Christ, ou du Juste crucifié, c’est-à-dire, comme une figure de retour métaphysique à l’unité, par-delà toute évaluation simplement éthique.

Ceci nous éclaire sur la justification de la révolte en général : elle peut toujours apparaître comme la contre-partie nécessaire et légitime de l’affirmation d’un ordre contingent qui voudrait échapper à toute contestation. Peut-être « Dieu » lui-même avait-il comme « besoin » de se voir rappelé à… l’ordre par la révolte de Satan. La divinité « essentielle » de Dieu exige pour ainsi dire cette négation ou ce dépassement des limites ultimes dans lesquels la conscience pharisienne, pour se justifier, éprouve le besoin d’enfermer le divin ou l’être en général (cf. la confusion entre l’être et l’étant que dénonce Heidegger).

Et la sagesse de Maître Eckkart qui « prie Dieu de le délivrer de Dieu » se heurte naturellement au pharisaïsme de l’Eglise triomphante auquel s’attaquait également Ivan Karamazoff dans l’admirable récit du « Grand inquisiteur ». Alors même que la révolte apparaît « égoïste », centrée sur l’individuel, le pouvoir de contestation qu’elle met en jeu apparaît comme un frein ou une menace salutaire à l’égard du pouvoir qui prend en charge la conservation de l’ordre, quel qu’il soit (divin ou humain, monarchique ou démocratique, socialiste ou libéral).

A plus forte raison lorsqu’elle s’adosse plus ou moins implicitement à une norme universelle, au nom de laquelle elle conteste la précaire légitimité des pouvoirs établis, telle Antigone qui, au nom des lois non écrites, se révolte contre l’ordre que Créon se croit obligé de faire régner sur Thèbes.

Et sans doute, en un sens, toute révolte peut-elle apparaître absurde et illégitime aux yeux de la sagesse, dans la mesure où elle est liée à l’affirmation de l’individu, consécutive à l’ignorance qui nous maintient en étant d’obnubilation, (et non en tant que l’affirmation de l’individu est corrélative d’une négation légitime de l’ordre qui prétend se refermer sur soi ou se prolonger indéfiniment, à contre courant de l’histoire ou de la justice).

La sagesse traditionnelle de l’Orient, dans un premier moment, est tentée de condamner sans appel l’humanisme prométhéen de l’homme moderne fondé sur une révolte contre Dieu et la « tradition ». mais elle sait aussi, dans un mouvement ultérieur et plus essentiel, comprendre la nécessité de cette révolte (ou de ce que Camus appelle la révolte historique).

Il arrive un moment où l’homme se sent comme vide devant Dieu, parce que Dieu lui-même avait déjà subi une mutilation préalable (cf. le Dieu seulement créateur et moral, destitué de ses dimensions métaphysiques et de sa fonction « destructrice », auquel s’est peut-être légitimement attaquée la révolte athéiste de Nietzche). Dieu devient alors l’Autre qui m’aliène et la révolte répond à une nécessité intérieure en ce sens que l’homme ne peut pas se sentir aliéné par un Dieu qui devient de plus en plus exclusivement transcendant ; sa révolte apparaît alors comme une tentative d’échapper à cette aliénation. Mais cette révolte qui débouche progressivement sur le vide d’une subjectivité de plus en plus délestée d’être et même d’avoir, amènera peut-être l’homme, par-delà la négation des valeurs et de toutes les formes d’ordre auxquelles sa moderne aventure le confronte, à retrouver ce sens de l’Unité qui se profile inéluctablement derrière toutes les formes et au terme de ses révoltes les plus extrêmes.

L’extrême révolte apparaît ainsi justifiée par l’extrême sagesse dont elle prépare involontairement la voie et dont elle illustre la leçon sur l’être et l’unité.



Georges Vallin, « Lumière du non-dualisme », Presses universitaires de Nancy.

Des deux ouvrages essentiels que Georges Vallin publia en 1958 ("La perspective métaphysique", 2ème édition Dervy-Livres, 1977) et en 1959 ("Etre et individualité", P.U.F.), le premier jette les bases d’une nouvelle manière de philosopher en Occident, tandis que le second en produit une application à un problème particulier, celui de l’anthropologie de l’homme moderne. Cette nouvelle manière de philosopher consiste à sortir brutalement du cadre des habitudes spéculatives de la tradition européenne – qui remonte à la révolte anti-platonicienne d’Aristote – et à « repenser » cette tradition à la lumière de la métaphysique orientale, principalement celle du Vedanta shankarien.

Biographie :
http://jean.borella.neuf.fr/georges_vallin.htm



illustration : Jean Delville, Prométhée. Réalisée en 1907, cette œuvre symboliste est exposée au sein de la Bibliothèque des Sciences Humaines de l'Université Libre de Bruxelles. Elle illustre la victoire de la Lumière de la Raison sur l'obscurantisme dogmatique, rappelant par là même le principe fondateur de l'Université: le Libre Examen.

dimanche, juillet 26, 2009

Le Libre-Esprit des taoïstes aux rastas


L’hermétisme d’Israël, qui a vraisemblablement pris naissance dans les temples de la vieille Egypte, nous familiarise avec la doctrine kabbaliste et les secrets de la merkabah (1). Ne nous faisons pas trop d’illusions, les véritables dépositaires de ces secrets sont peu nombreux. En effet, la décomposition des traditions spirituelles se confirme chaque jour d’avantage. Des religieux ne se contentent plus d’être les complices des puissants, ils s’acoquinent aussi avec le milieu du crime organisé. La presse avait révélé que des rabbins, des politiciens et la mafia du New Jersey sont impliqués dans un réseau de trafic d’organes, d’extorsion de fonds et de blanchiment d’argent...

Les personnes soumises aux hiérarchies religieuses ou aux gourous ne saisissent pas le sens de la véritable spiritualité. Elles se complaisent dans une sorte d’euphorie qui leur fait ignorer les déviations, les mensonges et les contradictions d’une grande partie du spiritualisme contemporain..

Les autorités spirituelles ont délaissé la recherche de l’Ultime pour s’enrichir et manipuler les populations. Mais en s’écartant des églises officielles ou des sectes officieuses, il est possible de renouer avec d’antiques traditions mystiques.

En Occident, ces traditions furent impitoyablement persécutée par l’Inquisition. Le Mouvement du Libre-Esprit (2) était trop libertaire pour échapper à la haine des prélats catholiques. Pourtant le christianisme et le judaïsme n’ignoraient pas une sorte d’anarchisme sacré. Un sacerdoce spontané, nommé « naziréat » chez les Hébreux, permettait aux hommes et aux femmes de se séparer de la société pour se vouer à la quête de l’Absolu. Contrairement aux renonçants, les naziréens développaient toute la puissance de la vitalité de l’existence et de la spiritualité. Cette vitalité sacrée était représentée par l’abondante chevelure des naziréens. Samson était consacré au naziréat. L’apostolat non-conformiste du Christ dénonçant les marchands du temple et l'hypocrisie des maîtres de la loi, rappelle la simplicité et la pureté du naziréat. Jésus dit « le nazaréen » serait en fait « naziréen ».

Tout au long de l’histoire du christianisme, les autorités religieuses persécutaient inlassablement tous ceux qui tentaient d’incarner l’ancien naziréat. Au début du 20ème siècle le déclin de la chrétienté est irréversible, le mouvement rastafari se dit alors inspiré par le mode de vie des naziréens. Les rastas n’ont pas de chef, ne boivent pas d’alcool et sont végétariens. Mais ils consomment de la marijuana (la « ganja ») croyant pouvoir atteindre ainsi l’Ultime.

L’Islam, la troisième grande religion monothéiste, a aussi ses libertaires mystiques, ce sont le plus souvent des soufis. Les malâmatîya, les hâksâr, les qualandar, les majdhûb se définissaient comme des hommes affranchis du ciel et de la terre.

En Orient, la philosophie taoïste est ouvertement libertaire.

« Dans une société étatique, comme l’était la société chinoise, le taoïsme ne pouvait être qu’une doctrine individuelle, réservée à une élite qui se retirait souvent loin du monde, pour vivre dans des montagnes ou des forêts profondes.

Le modèle du taoïste véritable est l’immortel. Or, comme le dit Isabelle Robinet : « L’immortel est un rebelle qui ne s’élève pas contre les lois de la société ni contre les discours des maîtres, mais qui s’en délivre hors de la société ou dans une société sans maîtres, comme celle de Lao Tseu. »

Finalement, le taoïste est très proche de « l’anarque » dont parle Ernst Jünger. Pour l’anarque, tout pouvoir en tant que tel est mauvais en soi. Mais attaquer le pouvoir comme le font les anarchistes, c’est se lier à lui, dépendre de lui. Alors que « l’anarque » est un solitaire. Il se contente d’un regard détaché. Il est un contemplateur qui assiste, lucide, aux jeux du pouvoir sans s’en mêler.

Lorsque le taoïsme devint une religion d’état (ce qui est une contradiction dans les termes), notamment au 5ème siècle, grâce à la protection dont il jouissait de la part de l’empereur du Nord, Tai Wou Wei (424-452), ce fut un taoïsme dégradé, une religion populaire, institutionnelle, emplie de pratiques rituelles, de fêtes, de rites expiatoires, d’incantations. Les prêtres pratiquaient le commerce des charmes, des amulettes, des talismans, l’exorcisme des malades, la divination. […]

La religion est d’ailleurs considérée par Lao Tseu comme l’ultime dégradation conséquente à l’oubli du Tao. « Après la perte de la voie vient la vertu. Après la perte de la vertu vient l’amour. Après la perte de l’amour vient la justice. Après la perte de la justice viennent les rites », écrit-il (3). Et il ajoute que le « rite est la source du désordre »…

En fait les vrais taoïstes ont toujours été peu nombreux.

C’était souvent des êtres non conformistes, des poètes, des artistes en constante rébellion contre les convenances et la morale confucéenne.» (4)

(1) Les " new-agers " se sont entichés d’un concept de l’antique tradition ésotérique concernant le véhicule de lumière nommé " merkabah "… LIRE LA SUITE : http://bouddhanar-8.blogspot.com/2008/05/corps-de-gloire-merkabah-embryon-de.html


(2) Le Libre-Esprit désigne la simplicité intérieure. L’esprit libéré de ses illusions peut s’ouvrir à la Voie (Tao ou l’Ultime). Maître Eckart incite à « se libérer de Dieu même ».

(3) Lao Tseu, « Tao-Te-King ».

(4) Erik Sablé, « Sagesse libertaire taoïste ».








samedi, juillet 18, 2009

Les larmes du Bouddha

Le mercantilisme occidental a fait du bouddhisme un produit assez lucratif. Des opportunistes savent réaliser de petits et de grands profits grâce à la mode du bouddhisme magique du Tibet ou du zen transmis par un alcoolique japonais. Des livres prétendent enseigner l’art du bonheur en deux cents pages. Des universitaires publient des traductions de textes secrétissimes et deviennent des propagateurs de pratiques religieuses aliénantes. L’Occident bouddhiste se prosterne devant des magiciens et se soumettent (samaya) à des margoulins. Les bouddhistes occidentaux ont pris l’habitude d’offrir des festins (tsoks) aux entités du lamaïsme, ils soudoient régulièrement les démons gardiens de la doctrine avec du saucisson, des chips, du Coca-Cola…

D'un autre côté, depuis quelques années, les internautes francophones perçoivent les échos d’une contestation qui remet radicalement en question l’imaginaire bouddhique de l’Occident.

La violence des attaques du couple Trimonti contre les grands initiés de Kalachakra et leur hiérophante suprême, le dalaï-lama lui-même, fit rapidement s’effondrer le mythe du bouddhisme pacifique. La charge était imparable, les Trimondi connaissent parfaitement les arcanes les plus occultes du lamaïsme. http://www.iivs.de/~iivs01311/francais/Part-II-10.htm

http://www.iivs.de/~iivs01311/francais/articles.fr..htm

De son côté, Christian Pose témoigne de son expérience monastique tout en dénonçant le cynisme de la diaspora tibétaine, celle des riches hiérarques corrompus. http://linked222.free.fr/cp/ChristianPose.html


Les travaux de l’anthropologue Marc Bosche sont dénués d’agressivité, mais le constat est sans appel : "Notre hypothèse est que le néo bouddhisme est en réalité une industrie, régie par des lois économiques plutôt que morales ou spirituelles, mettant en œuvre une technologie de l’assujettissement des personnes au travers d’un système de moyens subtils, issus d’une antique expérience religieuse. Cet assujettissement passerait par des effets spéciaux agréables rendant les adeptes dépendants de sensations psychosomatiques souveraines, obtenues au contact de ces groupes, de leurs figures d’autorité et de leurs mises en scène spirituelles." http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/wsb3911575201/1.html


Des auteurs font état de la rencontre du bouddhisme et du totalitarisme :

- Brian Victoria, « Le zen en guerre », Seuil 1997 :
- le couple Trimondi, « L’ombre du Dalaï-lama, sexualité, magie et politique dans le bouddhisme tibétain », Düsseldorf, 1999, et « Hitler, Buddha, Krishna, Eine unheilige Allianz vom dritten Reich bis heute, Ueberreuter, 2002 ;
- Elisabeth Martens « Histoire du Bouddhisme tibétain, La compassion des Puissants », l’Harmattan, 2007 ;
- Etc.

Ces auteurs dénoncent la mascarade d’un bouddhisme politique. Mais leurs pertinentes observations et les conclusions qui les accompagnent malmènent l’authentique spiritualité libératrice. Ils jettent le bébé avec l’eau du bain en quelque sorte.

Le besoin de spiritualité est naturel à condition de l’assouvir sans dépendre de doctrine manipulatrices et de prétendus maîtres. A bien y regarder, les institutions religieuses et le spiritualisme en vogue sont des éteignoirs de nos velléités de libération. Les desseins des religions s’opposent à la réalisation intérieure qui transforme le mouton en lion. La papauté était impitoyable envers les gnostiques parce que ces libertaires de l’Absolu n’acceptaient pas la soumission et la résignation enseignées par l’Eglise complice des puissants et des exploiteurs. Au 7ème siècle, les gnostiques Messaliens (ou Euchites) irritaient l’évêque chrétien Timothée. Il écrit : « L’été, la nuit venue, ils dorment en plein air, hommes et femmes, dans une totale promiscuité, sans que cela tire, d’après eux conséquence. Ils peuvent goûter aux mets les plus savoureux et mener la vie la plus luxurieuse ou la plus débauchée car pour eux, tout cela n’a pas la moindre conséquence. » « Mais ce qui choque le plus ce brave évêque, ajoute Jacques Lacarrière, c’est l’attitude délibérément insoumise de ces vagabonds, leur insolent refus de travailler et leur évidente propension à ne vouloir rien faire : « Ils entendent manger et ne jamais travailler pour cela. Ils mangent donc à leur faim et boivent à leur soif à n’importe quelle heure du jour, sans se soucier d’aucune prescription sur les jeûnes et passent leur temps à ne rien faire et à dormir. » (1)

Prétextant nous conduire à l’Eveil, le bouddhisme régente aussi notre existence. Son moralisme, ses dogmes et ses méthodes annihilent en réalité notre sens inné de la véritable spiritualité. Les Chinois, grâce en partie à l’antique sagesse taoïste, rectifièrent brillamment les erreurs du bouddhisme en matière de pratiques méditatives. L’attitude peu conventionnelle de Hui-neng (le 6ème patriarche du Ch’an) envers la méditation (Dhyana) est illustrée par l’histoire suivante relatée par l’un de ses disciples :

En la onzième année de Kai-yuan (723 de notre ère), il y avait à T’an-chou un maître Ch’an connu sous le nom de Chih-huang, qui avait étudié auprès de Jen, le grand maître. Il était revenu ensuite au monastère de Lu-shan, à Chang-sha, où il se consacrait à la pratique de la méditation (tso-ch'an = dhyana), et il entrait souvent en Samadhi (ting). Sa réputation s’étendait très loin.

Il y avait à cette époque un autre maître Ch’an du nom de Tai-yung. Il vint à Ts’ao-ch’i et étudia pendant trente ans sous la direction du grand maître (Hui-neng). Le maître avait l’habitude de lui dire : « Vous êtes en mesure de faire un missionnaire ». Enfin Yung dit adieu à son maître et retourna dans le Nord. Passant au cours de son voyage par la retraite de Huang. Yung rendit visite à celui-ci et lui demanda respectueusement : « Votre Révérence entre, paraît-il, souvent en Samadhi. A ce moment, faut-il comprendre que votre conscience continue à fonctionner ou bien vous êtes dans un état d’inconscience ? Si votre conscience continue à fonctionner, tous les êtres sensibles, doués de conscience , peuvent entrer en Samadhi comme vous. Si au contraire vous êtes dans un état d’inconscience, les plantes et les rochers peuvent entrer en Samadhi ».

Huang répondit : « Lorsque j’entre en Samadhi, je ne suis conscient ni d’une condition ni de l’autre ».

Yung dit : « Si vous n’êtes conscient ni d’une condition ni de l’autre, c’est là demeurer en un éternel Samadhi, et il ne saurait être question d’y entrer ni d’en sortir ».

Huang ne répondit rien. Il demanda : « Vous dites de venir de chez Hui-neng, le grand maître. Quelle instruction avez-vous reçu de lui ? »

Yung répondit : « Selon son enseignement, la non-tranquilisation, (ting-Samadhi), la non-perturbation, la non-station assise (tso), la non-méditation (ch’an) – voilà le Dhyana du Tathagata. Les cinq Skandhas ne sont pas des réalités ; les six objets des sens sont par nature vides. « Cela » n’est ni calme ni illuminant ; ce n’est ni réel ni vide ; cela ne réside pas dans la voie moyenne ; c’est ne-pas-faire, c’est ne-produire-aucun-effet, et pourtant cela joue avec la plus entière liberté : la nature-de-Bouddha englobe tout ».

Entendant cela, Huang en réalisa instantanément la signification et il soupira : « Ces trente années que j’ai passées assis pour rien ! » (2)



(1) Jacques Lacarrière, « Les gnostiques ».
(2) Dans le Pieh-chuan.

vendredi, juillet 17, 2009

Un grain de folie


Dans des temples peinturlurés aux couleur d’un bouddhisme carnavalesque, les grenouilles de mandala soupirent de bonheur en entendant le froufrou d’une robe de lama. Elles coassent en cœur un charabia tibétain en guise de liturgie. Dans un tel décor et avec de tels acteurs, le bouddhisme occidental pourrait être plus joyeux, comme autrefois quand les gags de P’ou-houa et de Lin-tsi amusaient le sangha :

« P’ou-houa et Lin-tsi avaient été invités à un repas qu’ils jugeaient maigre. Le lendemain ils furent invités de nouveau à un repas qu’ils jugeaient également peu satisfaisant. Alors Lin-tsi demanda : « Ce qu’on nous offre aujourd’hui, comment est-ce comparé à hier ? » Pou-houa renversa d’un coup de pied l’escabeau à manger. Le maître (Lin-tsi) dit « Ca va, grossier personnage ! » Pou-houa dit : « Espèce d’aveugle ! Parle-t-on dans la loi bouddhique de grossièreté et de finesse ? » Le maître alors tira la langue. » (1)

Un jour Milarepa était assis face à un interlocuteur en exhibant librement son pénis. Son interlocuteur lui fit remarquer qu’il se conduisait comme un fou. Milarepa rétorqua :

« Les gens disent : « Milarepa n’est-il pas fou ? »
A mon tour je pense qu’il en est ainsi.
Ecoutez maintenant ma folie :
Père et fils sont fous,
De même la Transmission (du dharma).
Mon arrière-grand-père, le brillant sage Tilopa, lui aussi était fou,
De même mon ancêtre Nâropa le grand érudit.
Fou aussi mon ancêtre Marpa le traducteur.
Fou par conséquent Milarepa. » (2)

L’idée de la folie du sage est connue du bouddhisme Théravada. Dans un recueil de stances les moines des premiers temps parlent de leurs expériences :

« Le sage devrait prendre soin de paraître comme un imbécile ou un fou…
Que celui qui a des yeux soit comme aveugle, qui a des oreilles, comme sourd, qui a la connaissance comme fou… » (3)

Carl Keller écrit :

« L’une des démarches philosophiques fondamentales du bouddhisme mahâyâniste consiste à démontrer qu’aucun système philosophique n’est cohérent et qu’il n’est pas possible de se fier à la raison dite logique. Par conséquent, il n’est pas surprenant que certains de ses représentants ne récusent nullement le reproche de folie puisque, du point de vue de la raison logique habituée à établir le sens et la cohérence des choses, la pratique bouddhiste est effectivement déviante. » (4)



(1) « Entretiens de Lin-tsi ».
(2) « The Hundred Thousands Songs of Milarepa ».
(3) « Theragâthâ ».
(4) « Approche de la mystique dans les religions occidentales et orientales ».
Illustration : Daniel Coble.



***


Le « péril jaune » fait encore recette. Que se passe-t-il dans le Xinjiang ?
par Domenico Losurdo.


Une fois de plus la presse occidentale aborde la Chine qu’elle connaît mal au travers du prisme idéologique de la Guerre froide. Ainsi le conflit ethnico-social entre ouigours et hans donne lieu à une récitation sur l’oppression du « régime » de Pékin. Domenico Losurdo démonte ce préjugé. LIRE LA SUITE : http://www.voltairenet.org/article161018.html


Xinjiang : "Ce n’est pas une manifestation pacifique", selon des Russes.

MOSCOU, 15 juillet (Xinhua). Des magazines et journaux russe ont publié ces derniers jours des récits ou des articles sur les émeutes du 5 juillet à Urumqi, capitale de la région autonome ouïgoure du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), émeutes qui ont fait 192 morts et plus de 1.000 blessés selon le dernier bilan officiel établi mercredi.
Elena Pinko, une enseignante de 23 ans, a raconté dimanche au journal Komsomol Pravda ce qu'elle avait constaté. "Je me rappelle très bien ce qui s'est passé (l'autre jour)", a-t-elle dit.
"Le 5 juillet était un dimanche... Nous sommes sortis pour visiter un parc, faire des achats puis boire un café. Tout est dans le calme comme d'habitude", a rappelé Elena Pinko.
"Quand nous étions prêts à rentrer à la maison avant le déjeuner, nous avons croisé un ami qui a fait l'objet d'une attaque. Il nous a confié que la voiture qui le transportait a été détourné par une foule d'émeutiers, et qu'il avait désespéremment vu un passant battu à mort", a révélé la jeune femme.
Pour sa part, Alina Brazhnik, une étudiante russe, a affirmé lundi dans une interview au journal Izvestia, qu'Urumqi était une bonne ville, où les enseignes de tous les bureaux administratifs et la plupart des magasins sont écrites en langues des Han et des Ouïgours à la fois.
"Les étudiants des Han et des Ouïgours ont des contacts normaux, il n'y a pas de problèmes", a-t-elle indiqué.
Dans la soirée du 5 juillet, elle a révélé avoir constaté, à travers la fenêtre de son appartement, des scènes de terreur où un groupe d'émeutiers traquaient et attaquaient dans la rue tous ceux qui portaient un appareil-photo.
"Ce n'est pas une manifestation pacifique, sans aucun doute", a souligné Alina Brazhnik.
Pour Dmitry Vinogradov, journaliste russe ayant visité à plusieurs reprises la région autonome ouïgoure du Xinjiang, a affirmé que tous les groupes ethniques y vivaient en harmonie.
Dans un article paru dans l'hebdomadaire Russky Reporter, M. Vinogradov a salué la manière dont le gouvernement chinois traite ses ethnies minoritaires.
"Par exemple, Beijing n'applique pas la politique du planning familial aux minorités", a indiqué M. Vinnogradov.
Pour améliorer les conditions de vie de la population du Xinjiang, le gouvernement central chinois a alloué des fonds colossaux pour développer la vaste étendue de l'ouest.
Les habitants de tous les groupes ethniques vivent dans l'harmonie, a noté M. Vinogradov. "A Urumqi, les jeunes femmes des Han se sentent à l'aise lorsqu'elles achètent des habits dans les marchés gérés par les Ouïgours", a-t-il rappelé.
Source : http://www.cctv.com/program/journal/20090716/103306.shtml


mardi, juillet 14, 2009

Asie centrale


Si l’on connaît assez bien les enjeux géopolitiques et économiques de la domination de l’Asie centrale, la géographie sacrée de cette région ne focalise pas l’attention des médias. En revanche, des "initiés noirs" s’intéressent aux emplacements des civilisations oubliées du désert de Gobi, du pays des « Sept Fleuves », situé vers l’Altaï, origine probable de la culture sumérienne et de la chinoise, et des centres reliés à Shambhala, au nord du fleuve Sita, identifié par les chercheurs occidentaux comme le Tarim, dans le Xinjiang.

Les influences spirituelles utilisent des supports pour agir dans notre monde. « Si ces influences spirituelles, écrit Guénon, dans un chapitre consacré aux résidus psychiques, se retirent par la suite, pour une raison quelconque, leurs anciens « supports » corporels, lieux ou objets (et, quand il s’agit de lieux, leur situation est naturellement en rapport avec la « géographie sacrée »), n’en demeureront pas moins chargés d’éléments psychiques, et qui seront même d’autant plus forts et plus persistants qu’ils auront servi d’intermédiaires et d’instruments à une action plus puissante. On pourrait logiquement conclure de là que le cas où il s’agit de centres traditionnels et initiatiques importants, éteints depuis un temps plus ou moins long, est en somme celui qui présente les plus grands dangers à cet égard, soit que de simples imprudents provoquent des réactions violentes des « conglomérats » psychiques qui y subsistent, soit surtout que des « magiciens noirs », pour employer l’expression couramment admise, s’emparent de ceux-ci pour les manœuvrer à leur gré et en obtenir des effets conformes à leurs desseins. » […]

« Une autre considération qui a encore son importance est celle-ci : si l’« adversaire » a avantage à s’emparer des lieux qui furent le siège d’anciens centres spirituels, toutes les fois qu’il le peut, ce n’est pas uniquement à cause des influences psychiques qui y sont accumulées et qui se trouvent en quelque sorte « disponibles » ; c’est aussi en raison même de la situation particulière de ces lieux, car il est bien entendu qu’ils ne furent point choisis arbitrairement pour le rôle qui leur fut assigné à une époque ou à une autre et par rapport à telle ou telle forme traditionnelle. La « géographie sacrée », dont la connaissance détermine un tel choix, est, comme toute autre science traditionnelle d’ordre contingent, susceptible d’être détournée de son usage légitime et appliquée « à rebours » : si un point est « privilégié » pour servir à l’émission et à la direction des influences psychiques quand celles-ci sont le véhicule d’une action spirituelle, il ne le sera pas moins quand ces mêmes influences psychiques seront utilisées d’une tout autre manière et pour des fins contraire à toute spiritualité. » (1)

Des loges gouvernent l’empire anglo-américain, ce n’est pas un secret. Mais l’on ignore que la « contre-initiation » contrôle désormais la plupart des obédiences occidentales. Une franc-maçonnerie, corrompue par les ambitions politiques, l’ivresse du standing social et un élitisme inversé, est entre les griffes de la « contre-initiation ». C’est donc un ésotérisme politique infernal qui inspire les desseins planétaires de l’empire.

En Afghanistan, l’Otan réunit les forces d’une coalition importante (42 pays sont contributeurs). Cette armée se trouve à quelques centaines de kilomètres du bassin du Tarim. Si l’on ne tient pas compte de la date (les prophéties s’accommodent mal des dates), la présence d’une coalition militaire dans une aire géographique rattachée au royaume de Shambhala rappelle la présentation du premier chapitre du « Tantra de Kalachakra » traduit par Sofia Stril-Rever :

« Les prophéties du Tantra de Kalachakra, au livre 1, Livre du Monde, annoncent que trente-deux rois, y compris Suchandra, régneront successivement, cent années chacun, sur le trône de Shambhala. Durant cette période de 3200 ans, les destinées du monde iront en s’assombrissant. L’humanité s’enfoncera dans le matérialisme idéologique et l’ignorance, jusqu’en 2424. A cette date, une superpuissance, dirigée par des incarnations d’êtres démoniaques, fédérera plusieurs pays, à l’issue d’une guerre mondiale de plusieurs années.

« Le chef de la coalition des Etats victorieux, connaissant l’existence du royaume de Shambhala, sera tenté de le faire passer sous sa domination. Une nouvelle guerre éclatera alors. Elle ne sera pas limitée à notre planète puisque des forces non terrestres interviendront dans les combats. Les massacres et les destructions dépasseront en horreur tout ce que nous avons connu jusqu’à présent . » (2)

Il est utile de rappeler que le Dalaï-lama délivre les initiations de Kalachakra associées au royaume de Shambhala. « D’après une vision du lama tibétain Kamtrul Rinpoche, le Dalaï-lama lui-même réincarné conduira, en chef courroucé (Rudra Chakrin), les armées bouddhistes dans la bataille du Shambhala afin de prendre le pouvoir sur “tout le Mal de l’univers” (3). Beaucoup de personnes croient que les initiés de Kalachakra combattront l’empire du mal. En réalité, le lamaïsme présente de graves anomalies (scandales, implication dans des services secrets, persécution religieuse, cacophonie des deux karmapas…) qui indiquent que cette voie, au terme d’une décadence de plusieurs siècles, est désormais noyautée par la « contre-initiation » (3) et sert les desseins de l'empire malfaisant.

La dégénérescence d’une civilisation traditionnelle est envisagée par René Guénon en ces termes :

« (Ce cas) celui d’une civilisation traditionnelle qui se survit pour ainsi dire à elle-même, en ce sens que sa dégénérescence a été poussée à tel point que l’« esprit » aura fini par s’en retirer totalement ; certaines connaissances, qui n’ont en elles-mêmes rien de « spirituel » et relèvent que de l’ordre des applications contingentes, pourront encore continuer à se transmettre, surtout les plus inférieures d’entre elles, naturellement, elles seront dès lors susceptibles de toutes les déviations, car elles aussi ne représentent plus que des « résidus » d’une autre sorte, la doctrine pure ayant disparu. Dans un pareil cas de « survivance », les influences psychiques antérieurement mises en œuvre par les représentants de la tradition pourront encore être « captées », même à l’insu de leurs continuateurs apparents, mais désormais illégitimes et dépourvus de toute véritable autorité ; ceux qui s’en serviront réellement à travers eux auront ainsi l’avantage d’avoir à leur disposition, comme instruments inconscients de l'action qu'ils veulent exercer, non plus seulement des objets dits « inanimés », mais aussi des hommes vivants qui servent également de « supports » à ces influences, et dont l’existence actuelle confère naturellement à celles-ci une bien plus grande vitalité. » (4)

Le déclin du lamaïsme a été dénoncé par le célèbre hiérarque tibétain Chögyam Trungpa (1939 – 1987), maître de Fabrice Midal. Auteur du livre « La pratique de l’éveil de Tilopa à Trungpa », Midal dit de son maître :

« Il chercha à réformer un bouddhisme qui avait dégénéré. De ce point de vue, il considérait l’implantation du bouddhisme en Occident comme une chance qui lui permettrait de subsister. Malgré le respect et l’amour profond qu’il avait pour son pays et la tristesse de le voir détruit, il ne gardait aucune nostalgie pour le Tibet de son enfance, n’hésitant pas à affirmer que « plus personne ne pratiquait réellement, c’était une grosse arnaque. Pas étonnant que les communistes aient décidé de prendre le pouvoir, ils avaient raison de ce point de vue […] En fait, je pense que la destruction du royaume du Tibet a été une grande chance pour le bouddhisme (5). »

Chögyam Trungpa ne parvint pas à réformer le lamaïsme car, comme d’autres hiérarques tibétains, ses ailes furent brûlées par les feux de l’argent, du sexe et l’alcool. Des maîtres du Vajrayana sont incapables d’échapper aux pièges d’un adversaire particulièrement puissant en Occident.

Le lamaïsme et Shambhala :
http://bouddhanar.blogspot.com/2008/12/les-secrets-du-lamasme.html




(1) René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».
(2) « Tantra de kalachakra », traduction de Sofia Stril-Rever.
(3) http://bouddhanar-2.blogspot.com/2009/07/la-contre-initiation-les-textes-de-rene.html

(4) René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».
(5) Chögyam Trungpa Rinpoché, « The Embodiment of all the Siddhas », séminaire ayant eu lieu à Karmé Chöling, septembre 1975 (non publié).

dimanche, juillet 12, 2009

Lamaïsme et « contre-initiation »


Tant que faire se peut, il est souhaitable de respecter toutes les croyances religieuses.

Le bouddhisme tibétain, qui est au confluent de pratiques archaïques, de plusieurs courants ésotériques et philosophiques ainsi que d’une idéologie politique, peut-il être considéré comme une croyance uniquement préoccupée de l’éveil spirituel de l'humanité ?

Le bouddhisme tibétain avait séduit des auteurs de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle au regard de l’idée de l’unicité des traditions authentiques. Les doctrines du Mahayana, codifiées au 2ème siècle de notre ère au Cachemire, véhiculent des éléments empruntés au shivaïsme qui serait enraciné dans la Tradition primordiale. Plus tard, vers le milieu du premier millénaire, ces éléments reprennent une nouvelle vigueur dans le Vajrayana.

En théorie, le bouddhisme tibétain se présente comme une école de Libération réunissant plusieurs voies graduelles et directes, non-dualistes (Madhyamaka, Mahamoudra, Dzogchen). Mais dans la réalité, le Tibet était soumis à une impitoyable dictature religieuse. Des hiérarques du Vajrayana étaient plus soucieux de pouvoir temporel que de libération spirituelle. Le Tibet était sous la férule de religieux insensibles aux souffrances du peuple réduit à la misère et au servage (plus de 90 % de la population). Les belles théories du Vajrayana étaient mises à mal par les rivalités incessantes entre les différentes écoles et les complots internes de prétendus initiés et de hiérarques avides de pouvoir.

Le renversement des influences spirituelles est probablement à l’origine de nombreuses anomalies qui marquaient le despotisme des lamas. Ces anomalies se retrouvent dans la diaspora tibétaine où un véritable centre, capable d’harmoniser et de concilier les diverses tendances du lamaïsme, fait défaut.

Les Occidentaux constatent la dysharmonie qui règne entre les partisans des deux karmapa. La proscription du culte de Dorjé Shougden illustre la vieille intolérance des prélats tibétains. Une vidéo montre que le dalaï-lama est particulièrement intraitable à l’égard des fidèles de cette pratique considérés comme des hérétiques :





Le comportement scandaleux de certains lamas a été dénoncé en 1994, par le Gyalwang Drukpa lui-même. Le hiérarque répond à la question de Thierry Truillet de la Revue 'Sangha' :

Comment voyez-vous le bouddhisme en Europe en l'an 2000 ?

« Je ne sais pas ! Des améliorations devraient survenir, surtout un perfectionnement intérieur très profond des pratiquants. Mais cela dépend totalement de l'environnement et surtout des maîtres, des lamas résidant en Occident, ceux qui sont venus du Bouthan, du Tibet, de l'Inde, ceux qui prétendent être réellement des maîtres. Aucune importance s'ils sont qualifiés où non, ils sont ici pour être lama. Ils ont à accomplir les actions justes, montrer le vrai chemin, dire les paroles justes, sans aucune altération. J'ai écouté des enregistrements de certains enseignements qui sont de simples lectures de livres. Ils ne tiennent pas vraiment compte de ce que les pratiquants occidentaux ont besoin. Imaginons, par exemple, que je suis un médecin, que vous êtes malade et que je ne tiens pas compte de votre maladie, ni de ses symptômes, mais que je vous donne simplement de bons médicaments très coûteux. Quel que soit ce que vous avez, je vous dit de les consommer et de suivre mes prescriptions. Ce n'est pas suffisant, bien que je sois un médecin compétent et que je vous prescrive de bons médicaments. Ce n'est pas une bonne chose parce que je ne tiens pas compte de ce dont vous avez besoin. Je fais mon travail, mais incomplètement. Certains maîtres agissent ainsi. De plus, certains maîtres dont j'ai entendu les enregistrements ou dont j'ai lu les livres font encore pire : ils donnent de mauvais conseils et enseignent avec une volonté de manipulation afin de s'assurer une réputation ... lucrative. Ils programment de grandes initiations, proposent des activités alléchantes et font beaucoup de publicité afin d'obtenir de l'argent, d'être célèbres, d'acquérir du pouvoir. Tout cela est très superficiel et très négatif. Les meilleurs sont ceux qui donnent de bons médicaments. Si vous êtes un bon étudiant, un bon patient, vous devez vérifier, avec les indications des médicaments, ceux dont vous avez réellement besoin. Les pires sont ceux qui cherchent à manipuler, ils vous détruisent et vous privent de toute votre énergie simplement par amour propre. Les Européens ont vraiment besoin de maîtres authentiques. Bien sûr, il y en a beaucoup. Malheureusement, des Occidentaux, mais aussi des Orientaux, je ne sais pas pourquoi, se sont engagés dans une mauvaise direction. Montrer un mauvais chemin incite beaucoup de gens à s'y engager. C'est un comportement que je ne comprends pas et c'est vraiment dommage. Peut-être est-ce le signe de notre époque sombre. On peut le vérifier aux USA. Montrer le chemin authentique n'attire personne mais se mettre en valeur ou exagérer un peu, essayer de manipuler, font se précipiter les foules. »


Les scandales, les rivalités et les conflits observés dans le lamaïsme révèlent une dissolution qui est la marque de la « contre-initiation ».

La collusion du lamaïsme « contre-initiatique » avec l’empire « contre-traditionnel » anglo-américain est lourd de menaces pour la civilisation chinoise, la plus ancienne dépositaire de la Tradition primordiale, et aussi pour l’Islam, dernier détenteur de cette Tradition grâce à ses confréries soufis. Ce qui se passe actuellement en Asie centrale indique qu’une phase importante d’un plan impérialiste et aussi « contre-traditionnel » est en cours.

L’Europe est indéniablement soumise à l’empire anglo-américain. Les médias européens participent d’une seule voix à une colossale désinformation. Heureusement, quelques sites proposent un autre son de cloche.

Le site Tibetdoc a mis en ligne un article intitulé « La province du Xinjiang et l’Asie centrale » http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article132

mercredi, juillet 08, 2009

La crise au Xinjiang



La pensée libertaire de Tchouang-tseu n’a pas beaucoup d’affinités avec le matérialisme dialectique mâtiné de capitalisme du parti communiste chinois. Dans des circonstances normales, l’éventualité de la répartition de la Chine ne serait qu’un aléa de l’histoire et ne susciterait pas la réaction des adeptes du libre esprit ou de la libre pensée spiritualiste.

Les derniers hommes libres, ceux qui échappent par miracle à l’apathie généralisée, sont concernés par les risques d’éclatement de la Chine pour plusieurs raisons :
- Ces hommes sont généralement d’authentiques spiritualistes attentifs aux agissements de groupuscules politico-religieux manipulés par la « contre-initiation ».
- L’Asie centrale n’est pas une région ordinaire, son contrôle par les forces de l’empire anglo-américain aboutira rapidement au triomphe mondial de la « contre-initiation ».
- L’empire anglo-américain œuvre au règne absolu de la « contre-initiation ». La « contre-initiation » est derrière la nouvelle religiosité des groupes évangéliques aux islamistes, en passant par la mouvance hétéroclite du Nouvel Age, du faux bouddhisme, de l’ésotérisme mercantile, de l’hindouisme bidon, etc.

La City de Londres, qui est le Saint-Siège de la finance mondiale, et son bras armé (l’OTAN) représentent l’ultime oppression que doit affronter l’humanité. Nous ne devons pas nous tromper d’ennemis. N’acceptons pas la propagande qui dénigre la civilisation chinoise et la culture musulmane.


Xinjiang, Asie centrale, Iran… opération chaos avant le prochain krach.
D’après différents comptes rendus, les émeutes du Xinjiang semblent revêtir d’étranges similitudes avec les émeutes tibétaines de mars 2008.
http://www.solidariteetprogres.org/article5581.html

Le président chinois, Hu Jintao, arrivé en Italie pour participer au sommet du G8, a décidé de repartir pour Pékin à cause des événements de la province du Xinjiang.
L’article de Jean-Paul Desimpelaere, « Xinjiang et Tibet : du pareil au même » permet de mieux comprendre les véritables raisons de la nouvelle crise qui secoue la Chine.

LIRE L’ARTICLE de Jean-Paul Desimpeleare :
http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article129


Photo : http://www.nytimes.com/

mardi, juillet 07, 2009

Les fissures de la Grande Muraille


Quelque loin qu’ait pu être poussée la « solidification » du monde sensible, elle ne peut jamais être telle que celui-ci soit réellement un « système clos » comme le croient les matérialistes ; elle a d’ailleurs des limites imposées par la nature même des choses, et plus elle approche de ces limites, plus l’état qu’elle représente est instable ; en fait, comme nous l’avons vu, le point correspondant à ce maximum de « solidité » est déjà dépassé, et cette apparence de « système clos » ne peut maintenant que devenir de plus en plus illusoire et inadéquate à la réalité. Ainsi avons-nous parlé de « fissures » par lesquelles s’introduisent déjà et s’introduiront de plus en plus certaines forces destructives ; suivant le symbolisme traditionnel, ces « fissures » se produisent dans la « Grande Muraille » qui entoure ce monde et le protège contre l’intrusion des influences maléfiques du domaine subtil inférieur (1). Pour bien comprendre ce symbolisme sous tous ses aspects, il importe d’ailleurs de remarquer qu’une muraille constitue à la fois une protection et une limitation ; en un certain sens, elle a donc, pourrait-on dire, des avantages et des inconvénients ; mais, en tant qu’elle est essentiellement destinée à assurer une défense contre les attaques venant d’en bas, les avantages l’emportent incomparablement, et mieux vaut en somme, pour ce qui se trouve contenu dans cette enceinte, être limité de ce côté inférieur que d’être incessamment exposé aux ravages de l’ennemi, sinon même à une destruction plus ou moins complète. Du reste, en reste, en réalité, une muraille n’est pas fermée par le haut et, par conséquent, n’empêche pas la communication avec les domaines supérieurs, et ceci correspond à l'état normal des choses ; à l’époque moderne, c’est la « coquille » sans issue construite par le matérialisme qui a fermé cette communication. Or, comme nous l’avons dit, la « descente » n’étant pas encore achevée, cette « coquille » ne peut que subsister intacte par le haut, c’est-à-dire du côté où précisément le monde n’a pas besoin de protection et ne peut au contraire que recevoir des influences bénéfiques ; les « fissures » ne se produisent que par le bas, donc dans la véritable muraille protectrice elle-même, et les forces inférieures qui s’introduisent par là rencontrent d’autant moins de résistance que, dans ces conditions, aucune puissance d’ordre supérieur ne peut parvenir pour s’y opposer efficacement ; le monde se trouve donc livré sans défense à toutes les attaques de ses ennemis, et d’autant plus que, du fait même de la mentalité actuelle, il ignore complètement les dangers dont il est menacé.

Dans la tradition islamique, ces « fissures » sont celles par lesquelles pénétreront, aux approches de la fin du cycle, les hordes dévastatrices de Gog et Magog (2), qui font d’ailleurs des efforts incessants pour envahir notre monde ; ces « entités », qui représentent les influences inférieures dont il s’agit, et qui sont considérées comme menant actuellement une existence « souterraine », sont décrites à la fois comme des géants et comme des nains, ce qui, suivant ce que nous avons vu plus haut, les identifie, tout au moins sous un certain rapport, aux « gardiens des trésors cachés » et aux forgerons du « feu souterrain », qui ont aussi, rappelons-le, un aspect extrêmement maléfique ; au fond, c’est bien toujours du même ordre d’influences subtiles « infra-corporelles » qu’il s’agit en tout cela (3). A vrai dire, les tentatives de ces « entités » pour s’insinuer dans le monde corporel et humain sont loin d’être une chose nouvelle, et elles remontent tout au moins jusque vers les débuts du Kali-Yuga, c’est-à-dire bien au-delà des temps de l’antiquité « classique » auxquels se limite l’horizon des historiens profanes. A ce sujet, la tradition chinoise rapporte, en termes symboliques, que « Niu-koua (sœur et épouse de Fo-hi, et qui est dite avoir régné conjointement avec lui) fondit des pierres de cinq couleurs (4) pour réparer une déchirure qu’un géant avait faite dans le ciel » (apparemment, quoique ceci ne soit pas expliqué clairement, en un point situé sur l’horizon terrestre) (4) ; et ceci se réfère à une époque qui, précisément, n’est postérieure que de quelques siècles au commencement du Kali-Yuga.

Seulement, si le Kali-Yuga tout entier est proprement une période d’obscuration, ce qui rendait dès lors possibles de telles « fissures », cette obscuration est bien loin d’avoir atteint tout de suite le degré que l’on peut constater dans ses dernières phases, et c’est pourquoi ces « fissures » pouvaient alors être réparées avec une relative facilité ; il n’en fallait d’ailleurs pas moins exercer pour cela une constante vigilance, ce qui rentrait naturellement dans les attributions des centres spirituels des différentes traditions. Il vint ensuite une époque où, par suite de l’excessive « solidification » du monde, ces mêmes « fissures » furent beaucoup moins à redouter, du moins temporairement ; cette époque correspond à la première partie des Temps modernes, c’est-à-dire à ce qu’on peut définir comme la période spécialement mécaniste et matérialiste, où le « système clos » dont nous avons parlé était le plus près d’être réalisé, autant du moins que la choses est possible en fait. Maintenant (6), c’est-à-dire en ce qui concerne la période que nous pouvons désigner comme la seconde partie des Temps modernes, et qui est déjà commencée, les conditions, par rapport à celles de toutes les époques antérieures, sont assurément bien changées : non seulement les « fissures » peuvent de nouveau se produire de plus en plus largement, et présenter un caractère bien plus grave que jamais en raison du chemin descendant qui a été parcouru dans l’intervalle, mais les possibilités de réparation ne sont plus les mêmes qu’autrefois ; en effet, l’action des centres spirituels s’est fermée de plus en plus, parce que les influences supérieures qu’ils transmettent normalement à notre monde ne peuvent plus se manifester à l’extérieur, étant arrêtées par cette « coquille » impénétrable dont nous parlions tout à l’heure ; où donc, dans un semblable état de l’ensemble humain et cosmique tout à la fois, pourrait-on bien trouver une défense tant soit peu efficace contre les « hordes de Gog et Magog » ?

Ce n’est pas tout encore : ce que nous venons de dire ne représente an quelque sorte que le côté négatif des difficultés croissantes que rencontre toute opposition à l’intrusion de ces influences maléfiques, et l’on peut y joindre aussi cette espèce d’inertie qui est due à l’ignorance générale de ces choses et aux « survivances » de la mentalité matérialiste et de l’attitude correspondante, ce qui peut persister d’autant plus longtemps que cette attitude est devenue pour ainsi dire instinctive chez les moderne et s’est incorporée à leur nature même. Bien entendu, bon nombre de « spiritualistes » et même de « traditionalistes », ou de ceux qui s’intitulent ainsi, sont, en fait, tout aussi matérialistes que les autres sous ce rapport, car ce qui rend la situation encore plus irrémédiable, c’est que ceux qui voudraient le plus sincèrement combattre l’esprit moderne en sont eux-mêmes presque tous affectés à leur insu, si bien que tous leurs efforts sont par là condamnés à demeurer sans aucun résultat appréciable ; ce sont là, en effet, des choses où la bonne volonté est loin d’être suffisante, et où il faut aussi, et même avant tout, une connaissance effective ; mais c’est précisément cette connaissance que l’influence de l’esprit moderne et de ses limitations rend tout à fait impossible, même chez ceux qui pourraient avoir à cet égard certaines capacités intellectuelles s’ils se trouvaient dans des conditions plus normales.

Mais, outre tous ces éléments négatifs, les difficultés dont nous parlons ont aussi un côté que l’on peut dire positif, et qui est représenté par tout ce qui, dans notre monde même, favorise activement l’intervention des influences subtiles inférieures, que ce soit d’ailleurs consciemment ou inconsciemment. Il y aurait lieu d’envisager ici, tout d’abord, le rôle en quelque sorte « déterminant » des agents mêmes de la déviation moderne tout entière, puisque cette intervention constitue proprement une nouvelle phase plus « avancée » de cette déviation, et répond exactement à la suite même du « plan » suivant lequel elle s’est effectuée ; c’est donc évidemment de ce côté qu’il faudrait chercher les auxiliaires conscients de ces forces maléfiques, quoique, là encore, il puisse y avoir dans cette conscience bien des degrés différents. Quant aux autres auxiliaires, c’est-à-dire à tous ceux qui agissent de bonne foi et qui, ignorant la véritable nature de ces forces (grâce précisément encore à cette influence de l’esprit moderne que nous venons de signaler), ne jouent en somme qu’un simple rôle de dupes, ce qui ne les empêche pas d’être souvent d’autant plus actifs qu’ils sont plus sincères et plus aveuglés, ils sont déjà presque innombrables et peuvent se ranger en de multiples catégories, depuis les naïfs adhérents des organisations « néo-spiritualistes » de tout genre jusqu’aux philosophes « intuitionnistes », en passant par les savants « métapsychistes » et les psychologues des plus récentes écoles. Nous n’y insisterons d’ailleurs pas d’avantage en ce moment, car ce serait anticiper sur ce que nous aurons à dire un peu plus loin ; il nous faut encore, avant cela, donner quelques exemples de la façon dont certaines « fissures » peuvent se produire effectivement, ainsi que des « supports » que les influences subtiles ou psychiques d’ordre inférieur (car domaine subtil et domaine psychique sont pour nous, au fond, des termes synonymes) peuvent trouver dans le milieu cosmique lui-même pour exercer leur action et se répandre dans le monde humain.

René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».


(1) Dans le symbolisme de la tradition hindoue, cette « Grande Muraille » est la montagne circulaire Lokâloka, qui sépare le « cosmos » (loka) des « ténèbres extérieures » (aloka) ; il est d’ailleurs bien entendu que ceci est susceptible de s’appliquer analogiquement à des domaines plus ou moins étendus dans l’ensemble de la manifestation cosmique, d’où l’application particulière qui en est faite, dans ce que nous disons ici, par rapport au seul monde corporel.
(2) Dans la tradition hindoue, ce sont les démons Koka et Vokoka, dont les noms sont évidemment similaires.
(3) Le symbolisme du « monde souterrain » est double, lui aussi, et il a également un sens supérieur, comme le montre notamment certaines considérations que nous avons exposées dans « Le Roi du Monde » ; mais ici il ne s’agit naturellement que de son sens inférieur, et même, peut-on dire, littéralement « infernal ».
(4) Ces cinq couleurs sont le blanc, le noir, le bleu, le rouge et le jaune qui, dans la tradition extrême-orientale, correspondent aux cinq éléments, ainsi qu’aux quatre points cardinaux et au centre.
(5) Il est dit aussi au « Niu-koua coupa les quatre pieds de la tortue pour y poser les quatre extrémités du monde », afin de stabiliser la terre ; si l’on se reporte à ce que nous avons dit plus haut des correspondances analogiques respectives de Fo-hi et de Niu-koua, on peut se rendre compte que, d’après tout cela, la fonction d’assurer la stabilité et la « solidité » du monde appartient au côté substantiel de la manifestation, ce qui s’accorde exactement avec tout ce que nous avons exposé ici à cet égard.
(6) Ce texte a été publié pour la première fois en 1945 (note de Bouddhanar
).

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Au printemps 2007, Marc Bosche avait communiqué à Bouddhanar un texte intitulé « Même si la nuit a été bien noire… Sept échos du tantra sont revenus à mon oreille » qui, dans un style plus moderne que celui de René Guénon, évoque les infiltrations des forces négatives :
http://bouddhanar-1.blogspot.com/2007/04/mme-si-la-nuit-t-bien-noire.html


Plus d’un an après la disparition de Marc Bosche, décédé à l’âge de 48 ans, des commentaires signés « No » donnent une suite inattendue à la rubrique « Regards croisés ».
Les travaux de l’anthropologue Marc Bosche ont égratigné l’image du néo-bouddhisme http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/wsb3911575201/1.html le ressentiment qui en découle est compréhensible.

Monsieur No aurait connu Marc Bosche au centre de bouddhisme Dhagpo Kundreul Ling, situé en Auvergne… LIRE LA SUITE http://bouddhanar-4.blogspot.com/2009/07/marc-bosche-dhagpo-kundreul-ling-plus.html


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Xinjiang, Asie centrale, Iran… opération chaos avant le prochain krach.
D’après différents comptes rendus, les émeutes du Xinjiang semblent revêtir d’étranges similitudes avec les émeutes tibétaines de mars 2008.
http://www.solidariteetprogres.org/article5581.html



Le président chinois, Hu Jintao, arrivé en Italie pour participer au sommet du G8, a décidé de repartir pour Pékin à cause des événements de la province du Xinjiang.
L’article de Jean-Paul Desimpelaere, « Xinjiang et Tibet : du pareil au même » permet de mieux comprendre les véritables raisons de la nouvelle crise qui secoue la Chine.

LIRE L’ARTICLE de Jean-Paul Desimpeleare :
http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article129


samedi, juillet 04, 2009

Bouddhisme tibétain et "walk-in"

Des personnes prétendent que leur corps est habité par une autre âme. Selon elles, l’esprit peut quitter (walk-out) prématurément le corps physique afin qu’une entité y entre (walk-in).

Un "walk-in" affirme : "Je suis Noah Shoran, plus connu sous le nom de Noah, je suis un homme et j'ai 60 ans, et je suis un authentique "walk-in" de Véga…".
Un autre dit : "Je suis un "walk-in". La première âme de mon corps a fait walk-out. Je sais qui je suis et pour quelle raison j'ai fait walk-in…". (source : http://kosmic.centerblog.net/3383647-OUVERTURE-DU-BLOG-ouverture-de-la-porte-des-Etoiles-pour-un-voyage-infini-vers-le-cosmos-omniverse
)
S’agit-il de troubles de la personnalité ou de véritables cas de possession ?

Le spiritualisme moderne a promu hâtivement le lamaïsme au rang d’une science de l’esprit. Des lamas tibétains se font fixer des électrodes sur leur crâne tondu. D’après les électroencéphalogrammes des moines, on prétend que la méditation est excellente pour la santé du corps et de l’esprit. Les déclarations de scientifiques convertis au lamaïsme incitent à pratiquer la méditation en méprisant les risques encourus.

La principale méditation enseignée par les maîtres du Vajrayana, le bouddhisme magique du Tibet, est une visualisation élaborée. Cette pratique méditative vise à la totale identification avec la déité personnelle (Yidam) de l’adepte du Vajrayana. "Le Yidam, écrit John Blofeld (1), est généralement choisi de manière à correspondre aux souhaits ou au tempérament du disciple. Par exemple, le choix tombe parfois sur une déité terrible tel le bleu Yamantaka à tête de taureau et aux bras multiples, qui dans une mer de flammes danse sur des cadavres prostrés. […]
Le Yidam est en même temps considéré comme une entité réelle – le Protecteur, le Bien-aimé, et cependant une création mentale de l’adepte, une personnification des forces abstraites de sagesse et compassion, et donc un synonyme de la vacuité de l’Ultime Source. C’est un tour de prestidigitation psychologique et la meilleure preuve de sa valeur est l’attitude et la conduite de ceux qui le font. Il ne serait pas surprenant de voir des psychiatres blâmer en lui un chemin menant directement à l’insanité ; les Tibétains, qui vénèrent presque tous un Yidam, sont pourtant dans l’ensemble un peuple éminemment sain et dépourvu des tensions et des complexes qui font tant de ravages parmi les peuples du monde moderne."

Blofeld a bien conscience des critiques que soulève la visualisation tantrique lorsqu’il évoque un "chemin menant directement à l’insanité", mais il a recours au mythe de la population de sages du Tibet , "peuple éminemment sain" selon lui, pour justifier de la valeur des pratiques lamaïstes. De nos jours, nous connaissons mieux la société tibétaine et la véritable mentalité qui régnait au Tibet. L’affirmation de Blofeld n’est pas crédible. Le récit de voyage du professeur Tucci, pourtant l’ami dévoué des lamas, ne plaide pas en faveur de l’épanouissement de l’ensemble de la population tibétaine :

http://bouddhanar-7.blogspot.com/2007/10/tucci-au-tibet.html
Des écrits de voyageurs objectifs ne manquent pas pour démentir la déclaration de Blofeld.

La méditation du Yidam, l’identification à une déité tantrique, peut-elle favoriser l’entrée (walk-in) dans le corps du méditant d’une entité qui n’est pas une simple création mentale ? Les lamas considèrent que toutes sortes d’entités nous entourent. Dans le petit monastère de Nechung, l’oracle en transe est possédé par une entité qui délivre des prédictions très prisées par les dignitaires tibétains de Dharamsala .

Un reportage montre la transe de l’oracle de Nechung. (Au début, une petite prophétesse hindoue, Sambhavi, prédit le retour du dalaï-lama au Tibet en 2012.)



source :
http://www.france24.com/fr/20090529-tibet-reporters-jeunesse-oracle-bouddhisme-dalai-lama-chine-religion


Le contexte cultuel des tibétains, les méditations et les visualisations tantriques sont propices aux phénomènes de "walk-in" ou de possession. Mais ce ne sont certainement pas des esprits évolués qui prennent possession des corps des méditants.

Depuis plusieurs siècles, depuis que les hiérarques tibétains se sont entichés de politique et ont asservi le peuple, le lamaïsme véhicule des influences psychiques ambiguës. L'importation en Occident de pratiques magiques décadentes n’est pas sans danger.


Les personnes qui se réclament du lamaïsme sont sous l’emprise d’une doctrine qui porte atteinte à leur identité et à leur liberté. Elles sont assujetties au gourou par de nombreux serments (samaya). Elles se livrent à des pratiques addictives (2) et croient volontiers qu’une déité ou qu'un maître invisible peut prendre le contrôle de leur vie et de leur corps. Tout cela est très éloigné du message libérateur du Bouddha.



(1) John Blofeld «Le bouddhisme tantrique du Tibet», éditions du Seuil.
(2) Le bouddhisme peut-il se révéler addictif et créer de nouvelles dépendances ? http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/wsb3911575201/9.html


Photo : sirensongs.blogspot.com


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Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...