vendredi, juillet 17, 2009

Un grain de folie


Dans des temples peinturlurés aux couleur d’un bouddhisme carnavalesque, les grenouilles de mandala soupirent de bonheur en entendant le froufrou d’une robe de lama. Elles coassent en cœur un charabia tibétain en guise de liturgie. Dans un tel décor et avec de tels acteurs, le bouddhisme occidental pourrait être plus joyeux, comme autrefois quand les gags de P’ou-houa et de Lin-tsi amusaient le sangha :

« P’ou-houa et Lin-tsi avaient été invités à un repas qu’ils jugeaient maigre. Le lendemain ils furent invités de nouveau à un repas qu’ils jugeaient également peu satisfaisant. Alors Lin-tsi demanda : « Ce qu’on nous offre aujourd’hui, comment est-ce comparé à hier ? » Pou-houa renversa d’un coup de pied l’escabeau à manger. Le maître (Lin-tsi) dit « Ca va, grossier personnage ! » Pou-houa dit : « Espèce d’aveugle ! Parle-t-on dans la loi bouddhique de grossièreté et de finesse ? » Le maître alors tira la langue. » (1)

Un jour Milarepa était assis face à un interlocuteur en exhibant librement son pénis. Son interlocuteur lui fit remarquer qu’il se conduisait comme un fou. Milarepa rétorqua :

« Les gens disent : « Milarepa n’est-il pas fou ? »
A mon tour je pense qu’il en est ainsi.
Ecoutez maintenant ma folie :
Père et fils sont fous,
De même la Transmission (du dharma).
Mon arrière-grand-père, le brillant sage Tilopa, lui aussi était fou,
De même mon ancêtre Nâropa le grand érudit.
Fou aussi mon ancêtre Marpa le traducteur.
Fou par conséquent Milarepa. » (2)

L’idée de la folie du sage est connue du bouddhisme Théravada. Dans un recueil de stances les moines des premiers temps parlent de leurs expériences :

« Le sage devrait prendre soin de paraître comme un imbécile ou un fou…
Que celui qui a des yeux soit comme aveugle, qui a des oreilles, comme sourd, qui a la connaissance comme fou… » (3)

Carl Keller écrit :

« L’une des démarches philosophiques fondamentales du bouddhisme mahâyâniste consiste à démontrer qu’aucun système philosophique n’est cohérent et qu’il n’est pas possible de se fier à la raison dite logique. Par conséquent, il n’est pas surprenant que certains de ses représentants ne récusent nullement le reproche de folie puisque, du point de vue de la raison logique habituée à établir le sens et la cohérence des choses, la pratique bouddhiste est effectivement déviante. » (4)



(1) « Entretiens de Lin-tsi ».
(2) « The Hundred Thousands Songs of Milarepa ».
(3) « Theragâthâ ».
(4) « Approche de la mystique dans les religions occidentales et orientales ».
Illustration : Daniel Coble.



***


Le « péril jaune » fait encore recette. Que se passe-t-il dans le Xinjiang ?
par Domenico Losurdo.


Une fois de plus la presse occidentale aborde la Chine qu’elle connaît mal au travers du prisme idéologique de la Guerre froide. Ainsi le conflit ethnico-social entre ouigours et hans donne lieu à une récitation sur l’oppression du « régime » de Pékin. Domenico Losurdo démonte ce préjugé. LIRE LA SUITE : http://www.voltairenet.org/article161018.html


Xinjiang : "Ce n’est pas une manifestation pacifique", selon des Russes.

MOSCOU, 15 juillet (Xinhua). Des magazines et journaux russe ont publié ces derniers jours des récits ou des articles sur les émeutes du 5 juillet à Urumqi, capitale de la région autonome ouïgoure du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), émeutes qui ont fait 192 morts et plus de 1.000 blessés selon le dernier bilan officiel établi mercredi.
Elena Pinko, une enseignante de 23 ans, a raconté dimanche au journal Komsomol Pravda ce qu'elle avait constaté. "Je me rappelle très bien ce qui s'est passé (l'autre jour)", a-t-elle dit.
"Le 5 juillet était un dimanche... Nous sommes sortis pour visiter un parc, faire des achats puis boire un café. Tout est dans le calme comme d'habitude", a rappelé Elena Pinko.
"Quand nous étions prêts à rentrer à la maison avant le déjeuner, nous avons croisé un ami qui a fait l'objet d'une attaque. Il nous a confié que la voiture qui le transportait a été détourné par une foule d'émeutiers, et qu'il avait désespéremment vu un passant battu à mort", a révélé la jeune femme.
Pour sa part, Alina Brazhnik, une étudiante russe, a affirmé lundi dans une interview au journal Izvestia, qu'Urumqi était une bonne ville, où les enseignes de tous les bureaux administratifs et la plupart des magasins sont écrites en langues des Han et des Ouïgours à la fois.
"Les étudiants des Han et des Ouïgours ont des contacts normaux, il n'y a pas de problèmes", a-t-elle indiqué.
Dans la soirée du 5 juillet, elle a révélé avoir constaté, à travers la fenêtre de son appartement, des scènes de terreur où un groupe d'émeutiers traquaient et attaquaient dans la rue tous ceux qui portaient un appareil-photo.
"Ce n'est pas une manifestation pacifique, sans aucun doute", a souligné Alina Brazhnik.
Pour Dmitry Vinogradov, journaliste russe ayant visité à plusieurs reprises la région autonome ouïgoure du Xinjiang, a affirmé que tous les groupes ethniques y vivaient en harmonie.
Dans un article paru dans l'hebdomadaire Russky Reporter, M. Vinogradov a salué la manière dont le gouvernement chinois traite ses ethnies minoritaires.
"Par exemple, Beijing n'applique pas la politique du planning familial aux minorités", a indiqué M. Vinnogradov.
Pour améliorer les conditions de vie de la population du Xinjiang, le gouvernement central chinois a alloué des fonds colossaux pour développer la vaste étendue de l'ouest.
Les habitants de tous les groupes ethniques vivent dans l'harmonie, a noté M. Vinogradov. "A Urumqi, les jeunes femmes des Han se sentent à l'aise lorsqu'elles achètent des habits dans les marchés gérés par les Ouïgours", a-t-il rappelé.
Source : http://www.cctv.com/program/journal/20090716/103306.shtml


mardi, juillet 14, 2009

Asie centrale


Si l’on connaît assez bien les enjeux géopolitiques et économiques de la domination de l’Asie centrale, la géographie sacrée de cette région ne focalise pas l’attention des médias. En revanche, des "initiés noirs" s’intéressent aux emplacements des civilisations oubliées du désert de Gobi, du pays des « Sept Fleuves », situé vers l’Altaï, origine probable de la culture sumérienne et de la chinoise, et des centres reliés à Shambhala, au nord du fleuve Sita, identifié par les chercheurs occidentaux comme le Tarim, dans le Xinjiang.

Les influences spirituelles utilisent des supports pour agir dans notre monde. « Si ces influences spirituelles, écrit Guénon, dans un chapitre consacré aux résidus psychiques, se retirent par la suite, pour une raison quelconque, leurs anciens « supports » corporels, lieux ou objets (et, quand il s’agit de lieux, leur situation est naturellement en rapport avec la « géographie sacrée »), n’en demeureront pas moins chargés d’éléments psychiques, et qui seront même d’autant plus forts et plus persistants qu’ils auront servi d’intermédiaires et d’instruments à une action plus puissante. On pourrait logiquement conclure de là que le cas où il s’agit de centres traditionnels et initiatiques importants, éteints depuis un temps plus ou moins long, est en somme celui qui présente les plus grands dangers à cet égard, soit que de simples imprudents provoquent des réactions violentes des « conglomérats » psychiques qui y subsistent, soit surtout que des « magiciens noirs », pour employer l’expression couramment admise, s’emparent de ceux-ci pour les manœuvrer à leur gré et en obtenir des effets conformes à leurs desseins. » […]

« Une autre considération qui a encore son importance est celle-ci : si l’« adversaire » a avantage à s’emparer des lieux qui furent le siège d’anciens centres spirituels, toutes les fois qu’il le peut, ce n’est pas uniquement à cause des influences psychiques qui y sont accumulées et qui se trouvent en quelque sorte « disponibles » ; c’est aussi en raison même de la situation particulière de ces lieux, car il est bien entendu qu’ils ne furent point choisis arbitrairement pour le rôle qui leur fut assigné à une époque ou à une autre et par rapport à telle ou telle forme traditionnelle. La « géographie sacrée », dont la connaissance détermine un tel choix, est, comme toute autre science traditionnelle d’ordre contingent, susceptible d’être détournée de son usage légitime et appliquée « à rebours » : si un point est « privilégié » pour servir à l’émission et à la direction des influences psychiques quand celles-ci sont le véhicule d’une action spirituelle, il ne le sera pas moins quand ces mêmes influences psychiques seront utilisées d’une tout autre manière et pour des fins contraire à toute spiritualité. » (1)

Des loges gouvernent l’empire anglo-américain, ce n’est pas un secret. Mais l’on ignore que la « contre-initiation » contrôle désormais la plupart des obédiences occidentales. Une franc-maçonnerie, corrompue par les ambitions politiques, l’ivresse du standing social et un élitisme inversé, est entre les griffes de la « contre-initiation ». C’est donc un ésotérisme politique infernal qui inspire les desseins planétaires de l’empire.

En Afghanistan, l’Otan réunit les forces d’une coalition importante (42 pays sont contributeurs). Cette armée se trouve à quelques centaines de kilomètres du bassin du Tarim. Si l’on ne tient pas compte de la date (les prophéties s’accommodent mal des dates), la présence d’une coalition militaire dans une aire géographique rattachée au royaume de Shambhala rappelle la présentation du premier chapitre du « Tantra de Kalachakra » traduit par Sofia Stril-Rever :

« Les prophéties du Tantra de Kalachakra, au livre 1, Livre du Monde, annoncent que trente-deux rois, y compris Suchandra, régneront successivement, cent années chacun, sur le trône de Shambhala. Durant cette période de 3200 ans, les destinées du monde iront en s’assombrissant. L’humanité s’enfoncera dans le matérialisme idéologique et l’ignorance, jusqu’en 2424. A cette date, une superpuissance, dirigée par des incarnations d’êtres démoniaques, fédérera plusieurs pays, à l’issue d’une guerre mondiale de plusieurs années.

« Le chef de la coalition des Etats victorieux, connaissant l’existence du royaume de Shambhala, sera tenté de le faire passer sous sa domination. Une nouvelle guerre éclatera alors. Elle ne sera pas limitée à notre planète puisque des forces non terrestres interviendront dans les combats. Les massacres et les destructions dépasseront en horreur tout ce que nous avons connu jusqu’à présent . » (2)

Il est utile de rappeler que le Dalaï-lama délivre les initiations de Kalachakra associées au royaume de Shambhala. « D’après une vision du lama tibétain Kamtrul Rinpoche, le Dalaï-lama lui-même réincarné conduira, en chef courroucé (Rudra Chakrin), les armées bouddhistes dans la bataille du Shambhala afin de prendre le pouvoir sur “tout le Mal de l’univers” (3). Beaucoup de personnes croient que les initiés de Kalachakra combattront l’empire du mal. En réalité, le lamaïsme présente de graves anomalies (scandales, implication dans des services secrets, persécution religieuse, cacophonie des deux karmapas…) qui indiquent que cette voie, au terme d’une décadence de plusieurs siècles, est désormais noyautée par la « contre-initiation » (3) et sert les desseins de l'empire malfaisant.

La dégénérescence d’une civilisation traditionnelle est envisagée par René Guénon en ces termes :

« (Ce cas) celui d’une civilisation traditionnelle qui se survit pour ainsi dire à elle-même, en ce sens que sa dégénérescence a été poussée à tel point que l’« esprit » aura fini par s’en retirer totalement ; certaines connaissances, qui n’ont en elles-mêmes rien de « spirituel » et relèvent que de l’ordre des applications contingentes, pourront encore continuer à se transmettre, surtout les plus inférieures d’entre elles, naturellement, elles seront dès lors susceptibles de toutes les déviations, car elles aussi ne représentent plus que des « résidus » d’une autre sorte, la doctrine pure ayant disparu. Dans un pareil cas de « survivance », les influences psychiques antérieurement mises en œuvre par les représentants de la tradition pourront encore être « captées », même à l’insu de leurs continuateurs apparents, mais désormais illégitimes et dépourvus de toute véritable autorité ; ceux qui s’en serviront réellement à travers eux auront ainsi l’avantage d’avoir à leur disposition, comme instruments inconscients de l'action qu'ils veulent exercer, non plus seulement des objets dits « inanimés », mais aussi des hommes vivants qui servent également de « supports » à ces influences, et dont l’existence actuelle confère naturellement à celles-ci une bien plus grande vitalité. » (4)

Le déclin du lamaïsme a été dénoncé par le célèbre hiérarque tibétain Chögyam Trungpa (1939 – 1987), maître de Fabrice Midal. Auteur du livre « La pratique de l’éveil de Tilopa à Trungpa », Midal dit de son maître :

« Il chercha à réformer un bouddhisme qui avait dégénéré. De ce point de vue, il considérait l’implantation du bouddhisme en Occident comme une chance qui lui permettrait de subsister. Malgré le respect et l’amour profond qu’il avait pour son pays et la tristesse de le voir détruit, il ne gardait aucune nostalgie pour le Tibet de son enfance, n’hésitant pas à affirmer que « plus personne ne pratiquait réellement, c’était une grosse arnaque. Pas étonnant que les communistes aient décidé de prendre le pouvoir, ils avaient raison de ce point de vue […] En fait, je pense que la destruction du royaume du Tibet a été une grande chance pour le bouddhisme (5). »

Chögyam Trungpa ne parvint pas à réformer le lamaïsme car, comme d’autres hiérarques tibétains, ses ailes furent brûlées par les feux de l’argent, du sexe et l’alcool. Des maîtres du Vajrayana sont incapables d’échapper aux pièges d’un adversaire particulièrement puissant en Occident.

Le lamaïsme et Shambhala :
http://bouddhanar.blogspot.com/2008/12/les-secrets-du-lamasme.html




(1) René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».
(2) « Tantra de kalachakra », traduction de Sofia Stril-Rever.
(3) http://bouddhanar-2.blogspot.com/2009/07/la-contre-initiation-les-textes-de-rene.html

(4) René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».
(5) Chögyam Trungpa Rinpoché, « The Embodiment of all the Siddhas », séminaire ayant eu lieu à Karmé Chöling, septembre 1975 (non publié).

dimanche, juillet 12, 2009

Lamaïsme et « contre-initiation »


Tant que faire se peut, il est souhaitable de respecter toutes les croyances religieuses.

Le bouddhisme tibétain, qui est au confluent de pratiques archaïques, de plusieurs courants ésotériques et philosophiques ainsi que d’une idéologie politique, peut-il être considéré comme une croyance uniquement préoccupée de l’éveil spirituel de l'humanité ?

Le bouddhisme tibétain avait séduit des auteurs de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle au regard de l’idée de l’unicité des traditions authentiques. Les doctrines du Mahayana, codifiées au 2ème siècle de notre ère au Cachemire, véhiculent des éléments empruntés au shivaïsme qui serait enraciné dans la Tradition primordiale. Plus tard, vers le milieu du premier millénaire, ces éléments reprennent une nouvelle vigueur dans le Vajrayana.

En théorie, le bouddhisme tibétain se présente comme une école de Libération réunissant plusieurs voies graduelles et directes, non-dualistes (Madhyamaka, Mahamoudra, Dzogchen). Mais dans la réalité, le Tibet était soumis à une impitoyable dictature religieuse. Des hiérarques du Vajrayana étaient plus soucieux de pouvoir temporel que de libération spirituelle. Le Tibet était sous la férule de religieux insensibles aux souffrances du peuple réduit à la misère et au servage (plus de 90 % de la population). Les belles théories du Vajrayana étaient mises à mal par les rivalités incessantes entre les différentes écoles et les complots internes de prétendus initiés et de hiérarques avides de pouvoir.

Le renversement des influences spirituelles est probablement à l’origine de nombreuses anomalies qui marquaient le despotisme des lamas. Ces anomalies se retrouvent dans la diaspora tibétaine où un véritable centre, capable d’harmoniser et de concilier les diverses tendances du lamaïsme, fait défaut.

Les Occidentaux constatent la dysharmonie qui règne entre les partisans des deux karmapa. La proscription du culte de Dorjé Shougden illustre la vieille intolérance des prélats tibétains. Une vidéo montre que le dalaï-lama est particulièrement intraitable à l’égard des fidèles de cette pratique considérés comme des hérétiques :





Le comportement scandaleux de certains lamas a été dénoncé en 1994, par le Gyalwang Drukpa lui-même. Le hiérarque répond à la question de Thierry Truillet de la Revue 'Sangha' :

Comment voyez-vous le bouddhisme en Europe en l'an 2000 ?

« Je ne sais pas ! Des améliorations devraient survenir, surtout un perfectionnement intérieur très profond des pratiquants. Mais cela dépend totalement de l'environnement et surtout des maîtres, des lamas résidant en Occident, ceux qui sont venus du Bouthan, du Tibet, de l'Inde, ceux qui prétendent être réellement des maîtres. Aucune importance s'ils sont qualifiés où non, ils sont ici pour être lama. Ils ont à accomplir les actions justes, montrer le vrai chemin, dire les paroles justes, sans aucune altération. J'ai écouté des enregistrements de certains enseignements qui sont de simples lectures de livres. Ils ne tiennent pas vraiment compte de ce que les pratiquants occidentaux ont besoin. Imaginons, par exemple, que je suis un médecin, que vous êtes malade et que je ne tiens pas compte de votre maladie, ni de ses symptômes, mais que je vous donne simplement de bons médicaments très coûteux. Quel que soit ce que vous avez, je vous dit de les consommer et de suivre mes prescriptions. Ce n'est pas suffisant, bien que je sois un médecin compétent et que je vous prescrive de bons médicaments. Ce n'est pas une bonne chose parce que je ne tiens pas compte de ce dont vous avez besoin. Je fais mon travail, mais incomplètement. Certains maîtres agissent ainsi. De plus, certains maîtres dont j'ai entendu les enregistrements ou dont j'ai lu les livres font encore pire : ils donnent de mauvais conseils et enseignent avec une volonté de manipulation afin de s'assurer une réputation ... lucrative. Ils programment de grandes initiations, proposent des activités alléchantes et font beaucoup de publicité afin d'obtenir de l'argent, d'être célèbres, d'acquérir du pouvoir. Tout cela est très superficiel et très négatif. Les meilleurs sont ceux qui donnent de bons médicaments. Si vous êtes un bon étudiant, un bon patient, vous devez vérifier, avec les indications des médicaments, ceux dont vous avez réellement besoin. Les pires sont ceux qui cherchent à manipuler, ils vous détruisent et vous privent de toute votre énergie simplement par amour propre. Les Européens ont vraiment besoin de maîtres authentiques. Bien sûr, il y en a beaucoup. Malheureusement, des Occidentaux, mais aussi des Orientaux, je ne sais pas pourquoi, se sont engagés dans une mauvaise direction. Montrer un mauvais chemin incite beaucoup de gens à s'y engager. C'est un comportement que je ne comprends pas et c'est vraiment dommage. Peut-être est-ce le signe de notre époque sombre. On peut le vérifier aux USA. Montrer le chemin authentique n'attire personne mais se mettre en valeur ou exagérer un peu, essayer de manipuler, font se précipiter les foules. »


Les scandales, les rivalités et les conflits observés dans le lamaïsme révèlent une dissolution qui est la marque de la « contre-initiation ».

La collusion du lamaïsme « contre-initiatique » avec l’empire « contre-traditionnel » anglo-américain est lourd de menaces pour la civilisation chinoise, la plus ancienne dépositaire de la Tradition primordiale, et aussi pour l’Islam, dernier détenteur de cette Tradition grâce à ses confréries soufis. Ce qui se passe actuellement en Asie centrale indique qu’une phase importante d’un plan impérialiste et aussi « contre-traditionnel » est en cours.

L’Europe est indéniablement soumise à l’empire anglo-américain. Les médias européens participent d’une seule voix à une colossale désinformation. Heureusement, quelques sites proposent un autre son de cloche.

Le site Tibetdoc a mis en ligne un article intitulé « La province du Xinjiang et l’Asie centrale » http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article132

mercredi, juillet 08, 2009

La crise au Xinjiang



La pensée libertaire de Tchouang-tseu n’a pas beaucoup d’affinités avec le matérialisme dialectique mâtiné de capitalisme du parti communiste chinois. Dans des circonstances normales, l’éventualité de la répartition de la Chine ne serait qu’un aléa de l’histoire et ne susciterait pas la réaction des adeptes du libre esprit ou de la libre pensée spiritualiste.

Les derniers hommes libres, ceux qui échappent par miracle à l’apathie généralisée, sont concernés par les risques d’éclatement de la Chine pour plusieurs raisons :
- Ces hommes sont généralement d’authentiques spiritualistes attentifs aux agissements de groupuscules politico-religieux manipulés par la « contre-initiation ».
- L’Asie centrale n’est pas une région ordinaire, son contrôle par les forces de l’empire anglo-américain aboutira rapidement au triomphe mondial de la « contre-initiation ».
- L’empire anglo-américain œuvre au règne absolu de la « contre-initiation ». La « contre-initiation » est derrière la nouvelle religiosité des groupes évangéliques aux islamistes, en passant par la mouvance hétéroclite du Nouvel Age, du faux bouddhisme, de l’ésotérisme mercantile, de l’hindouisme bidon, etc.

La City de Londres, qui est le Saint-Siège de la finance mondiale, et son bras armé (l’OTAN) représentent l’ultime oppression que doit affronter l’humanité. Nous ne devons pas nous tromper d’ennemis. N’acceptons pas la propagande qui dénigre la civilisation chinoise et la culture musulmane.


Xinjiang, Asie centrale, Iran… opération chaos avant le prochain krach.
D’après différents comptes rendus, les émeutes du Xinjiang semblent revêtir d’étranges similitudes avec les émeutes tibétaines de mars 2008.
http://www.solidariteetprogres.org/article5581.html

Le président chinois, Hu Jintao, arrivé en Italie pour participer au sommet du G8, a décidé de repartir pour Pékin à cause des événements de la province du Xinjiang.
L’article de Jean-Paul Desimpelaere, « Xinjiang et Tibet : du pareil au même » permet de mieux comprendre les véritables raisons de la nouvelle crise qui secoue la Chine.

LIRE L’ARTICLE de Jean-Paul Desimpeleare :
http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article129


Photo : http://www.nytimes.com/

mardi, juillet 07, 2009

Les fissures de la Grande Muraille


Quelque loin qu’ait pu être poussée la « solidification » du monde sensible, elle ne peut jamais être telle que celui-ci soit réellement un « système clos » comme le croient les matérialistes ; elle a d’ailleurs des limites imposées par la nature même des choses, et plus elle approche de ces limites, plus l’état qu’elle représente est instable ; en fait, comme nous l’avons vu, le point correspondant à ce maximum de « solidité » est déjà dépassé, et cette apparence de « système clos » ne peut maintenant que devenir de plus en plus illusoire et inadéquate à la réalité. Ainsi avons-nous parlé de « fissures » par lesquelles s’introduisent déjà et s’introduiront de plus en plus certaines forces destructives ; suivant le symbolisme traditionnel, ces « fissures » se produisent dans la « Grande Muraille » qui entoure ce monde et le protège contre l’intrusion des influences maléfiques du domaine subtil inférieur (1). Pour bien comprendre ce symbolisme sous tous ses aspects, il importe d’ailleurs de remarquer qu’une muraille constitue à la fois une protection et une limitation ; en un certain sens, elle a donc, pourrait-on dire, des avantages et des inconvénients ; mais, en tant qu’elle est essentiellement destinée à assurer une défense contre les attaques venant d’en bas, les avantages l’emportent incomparablement, et mieux vaut en somme, pour ce qui se trouve contenu dans cette enceinte, être limité de ce côté inférieur que d’être incessamment exposé aux ravages de l’ennemi, sinon même à une destruction plus ou moins complète. Du reste, en reste, en réalité, une muraille n’est pas fermée par le haut et, par conséquent, n’empêche pas la communication avec les domaines supérieurs, et ceci correspond à l'état normal des choses ; à l’époque moderne, c’est la « coquille » sans issue construite par le matérialisme qui a fermé cette communication. Or, comme nous l’avons dit, la « descente » n’étant pas encore achevée, cette « coquille » ne peut que subsister intacte par le haut, c’est-à-dire du côté où précisément le monde n’a pas besoin de protection et ne peut au contraire que recevoir des influences bénéfiques ; les « fissures » ne se produisent que par le bas, donc dans la véritable muraille protectrice elle-même, et les forces inférieures qui s’introduisent par là rencontrent d’autant moins de résistance que, dans ces conditions, aucune puissance d’ordre supérieur ne peut parvenir pour s’y opposer efficacement ; le monde se trouve donc livré sans défense à toutes les attaques de ses ennemis, et d’autant plus que, du fait même de la mentalité actuelle, il ignore complètement les dangers dont il est menacé.

Dans la tradition islamique, ces « fissures » sont celles par lesquelles pénétreront, aux approches de la fin du cycle, les hordes dévastatrices de Gog et Magog (2), qui font d’ailleurs des efforts incessants pour envahir notre monde ; ces « entités », qui représentent les influences inférieures dont il s’agit, et qui sont considérées comme menant actuellement une existence « souterraine », sont décrites à la fois comme des géants et comme des nains, ce qui, suivant ce que nous avons vu plus haut, les identifie, tout au moins sous un certain rapport, aux « gardiens des trésors cachés » et aux forgerons du « feu souterrain », qui ont aussi, rappelons-le, un aspect extrêmement maléfique ; au fond, c’est bien toujours du même ordre d’influences subtiles « infra-corporelles » qu’il s’agit en tout cela (3). A vrai dire, les tentatives de ces « entités » pour s’insinuer dans le monde corporel et humain sont loin d’être une chose nouvelle, et elles remontent tout au moins jusque vers les débuts du Kali-Yuga, c’est-à-dire bien au-delà des temps de l’antiquité « classique » auxquels se limite l’horizon des historiens profanes. A ce sujet, la tradition chinoise rapporte, en termes symboliques, que « Niu-koua (sœur et épouse de Fo-hi, et qui est dite avoir régné conjointement avec lui) fondit des pierres de cinq couleurs (4) pour réparer une déchirure qu’un géant avait faite dans le ciel » (apparemment, quoique ceci ne soit pas expliqué clairement, en un point situé sur l’horizon terrestre) (4) ; et ceci se réfère à une époque qui, précisément, n’est postérieure que de quelques siècles au commencement du Kali-Yuga.

Seulement, si le Kali-Yuga tout entier est proprement une période d’obscuration, ce qui rendait dès lors possibles de telles « fissures », cette obscuration est bien loin d’avoir atteint tout de suite le degré que l’on peut constater dans ses dernières phases, et c’est pourquoi ces « fissures » pouvaient alors être réparées avec une relative facilité ; il n’en fallait d’ailleurs pas moins exercer pour cela une constante vigilance, ce qui rentrait naturellement dans les attributions des centres spirituels des différentes traditions. Il vint ensuite une époque où, par suite de l’excessive « solidification » du monde, ces mêmes « fissures » furent beaucoup moins à redouter, du moins temporairement ; cette époque correspond à la première partie des Temps modernes, c’est-à-dire à ce qu’on peut définir comme la période spécialement mécaniste et matérialiste, où le « système clos » dont nous avons parlé était le plus près d’être réalisé, autant du moins que la choses est possible en fait. Maintenant (6), c’est-à-dire en ce qui concerne la période que nous pouvons désigner comme la seconde partie des Temps modernes, et qui est déjà commencée, les conditions, par rapport à celles de toutes les époques antérieures, sont assurément bien changées : non seulement les « fissures » peuvent de nouveau se produire de plus en plus largement, et présenter un caractère bien plus grave que jamais en raison du chemin descendant qui a été parcouru dans l’intervalle, mais les possibilités de réparation ne sont plus les mêmes qu’autrefois ; en effet, l’action des centres spirituels s’est fermée de plus en plus, parce que les influences supérieures qu’ils transmettent normalement à notre monde ne peuvent plus se manifester à l’extérieur, étant arrêtées par cette « coquille » impénétrable dont nous parlions tout à l’heure ; où donc, dans un semblable état de l’ensemble humain et cosmique tout à la fois, pourrait-on bien trouver une défense tant soit peu efficace contre les « hordes de Gog et Magog » ?

Ce n’est pas tout encore : ce que nous venons de dire ne représente an quelque sorte que le côté négatif des difficultés croissantes que rencontre toute opposition à l’intrusion de ces influences maléfiques, et l’on peut y joindre aussi cette espèce d’inertie qui est due à l’ignorance générale de ces choses et aux « survivances » de la mentalité matérialiste et de l’attitude correspondante, ce qui peut persister d’autant plus longtemps que cette attitude est devenue pour ainsi dire instinctive chez les moderne et s’est incorporée à leur nature même. Bien entendu, bon nombre de « spiritualistes » et même de « traditionalistes », ou de ceux qui s’intitulent ainsi, sont, en fait, tout aussi matérialistes que les autres sous ce rapport, car ce qui rend la situation encore plus irrémédiable, c’est que ceux qui voudraient le plus sincèrement combattre l’esprit moderne en sont eux-mêmes presque tous affectés à leur insu, si bien que tous leurs efforts sont par là condamnés à demeurer sans aucun résultat appréciable ; ce sont là, en effet, des choses où la bonne volonté est loin d’être suffisante, et où il faut aussi, et même avant tout, une connaissance effective ; mais c’est précisément cette connaissance que l’influence de l’esprit moderne et de ses limitations rend tout à fait impossible, même chez ceux qui pourraient avoir à cet égard certaines capacités intellectuelles s’ils se trouvaient dans des conditions plus normales.

Mais, outre tous ces éléments négatifs, les difficultés dont nous parlons ont aussi un côté que l’on peut dire positif, et qui est représenté par tout ce qui, dans notre monde même, favorise activement l’intervention des influences subtiles inférieures, que ce soit d’ailleurs consciemment ou inconsciemment. Il y aurait lieu d’envisager ici, tout d’abord, le rôle en quelque sorte « déterminant » des agents mêmes de la déviation moderne tout entière, puisque cette intervention constitue proprement une nouvelle phase plus « avancée » de cette déviation, et répond exactement à la suite même du « plan » suivant lequel elle s’est effectuée ; c’est donc évidemment de ce côté qu’il faudrait chercher les auxiliaires conscients de ces forces maléfiques, quoique, là encore, il puisse y avoir dans cette conscience bien des degrés différents. Quant aux autres auxiliaires, c’est-à-dire à tous ceux qui agissent de bonne foi et qui, ignorant la véritable nature de ces forces (grâce précisément encore à cette influence de l’esprit moderne que nous venons de signaler), ne jouent en somme qu’un simple rôle de dupes, ce qui ne les empêche pas d’être souvent d’autant plus actifs qu’ils sont plus sincères et plus aveuglés, ils sont déjà presque innombrables et peuvent se ranger en de multiples catégories, depuis les naïfs adhérents des organisations « néo-spiritualistes » de tout genre jusqu’aux philosophes « intuitionnistes », en passant par les savants « métapsychistes » et les psychologues des plus récentes écoles. Nous n’y insisterons d’ailleurs pas d’avantage en ce moment, car ce serait anticiper sur ce que nous aurons à dire un peu plus loin ; il nous faut encore, avant cela, donner quelques exemples de la façon dont certaines « fissures » peuvent se produire effectivement, ainsi que des « supports » que les influences subtiles ou psychiques d’ordre inférieur (car domaine subtil et domaine psychique sont pour nous, au fond, des termes synonymes) peuvent trouver dans le milieu cosmique lui-même pour exercer leur action et se répandre dans le monde humain.

René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».


(1) Dans le symbolisme de la tradition hindoue, cette « Grande Muraille » est la montagne circulaire Lokâloka, qui sépare le « cosmos » (loka) des « ténèbres extérieures » (aloka) ; il est d’ailleurs bien entendu que ceci est susceptible de s’appliquer analogiquement à des domaines plus ou moins étendus dans l’ensemble de la manifestation cosmique, d’où l’application particulière qui en est faite, dans ce que nous disons ici, par rapport au seul monde corporel.
(2) Dans la tradition hindoue, ce sont les démons Koka et Vokoka, dont les noms sont évidemment similaires.
(3) Le symbolisme du « monde souterrain » est double, lui aussi, et il a également un sens supérieur, comme le montre notamment certaines considérations que nous avons exposées dans « Le Roi du Monde » ; mais ici il ne s’agit naturellement que de son sens inférieur, et même, peut-on dire, littéralement « infernal ».
(4) Ces cinq couleurs sont le blanc, le noir, le bleu, le rouge et le jaune qui, dans la tradition extrême-orientale, correspondent aux cinq éléments, ainsi qu’aux quatre points cardinaux et au centre.
(5) Il est dit aussi au « Niu-koua coupa les quatre pieds de la tortue pour y poser les quatre extrémités du monde », afin de stabiliser la terre ; si l’on se reporte à ce que nous avons dit plus haut des correspondances analogiques respectives de Fo-hi et de Niu-koua, on peut se rendre compte que, d’après tout cela, la fonction d’assurer la stabilité et la « solidité » du monde appartient au côté substantiel de la manifestation, ce qui s’accorde exactement avec tout ce que nous avons exposé ici à cet égard.
(6) Ce texte a été publié pour la première fois en 1945 (note de Bouddhanar
).

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Au printemps 2007, Marc Bosche avait communiqué à Bouddhanar un texte intitulé « Même si la nuit a été bien noire… Sept échos du tantra sont revenus à mon oreille » qui, dans un style plus moderne que celui de René Guénon, évoque les infiltrations des forces négatives :
http://bouddhanar-1.blogspot.com/2007/04/mme-si-la-nuit-t-bien-noire.html


Plus d’un an après la disparition de Marc Bosche, décédé à l’âge de 48 ans, des commentaires signés « No » donnent une suite inattendue à la rubrique « Regards croisés ».
Les travaux de l’anthropologue Marc Bosche ont égratigné l’image du néo-bouddhisme http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/wsb3911575201/1.html le ressentiment qui en découle est compréhensible.

Monsieur No aurait connu Marc Bosche au centre de bouddhisme Dhagpo Kundreul Ling, situé en Auvergne… LIRE LA SUITE http://bouddhanar-4.blogspot.com/2009/07/marc-bosche-dhagpo-kundreul-ling-plus.html


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Xinjiang, Asie centrale, Iran… opération chaos avant le prochain krach.
D’après différents comptes rendus, les émeutes du Xinjiang semblent revêtir d’étranges similitudes avec les émeutes tibétaines de mars 2008.
http://www.solidariteetprogres.org/article5581.html



Le président chinois, Hu Jintao, arrivé en Italie pour participer au sommet du G8, a décidé de repartir pour Pékin à cause des événements de la province du Xinjiang.
L’article de Jean-Paul Desimpelaere, « Xinjiang et Tibet : du pareil au même » permet de mieux comprendre les véritables raisons de la nouvelle crise qui secoue la Chine.

LIRE L’ARTICLE de Jean-Paul Desimpeleare :
http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article129


samedi, juillet 04, 2009

Bouddhisme tibétain et "walk-in"

Des personnes prétendent que leur corps est habité par une autre âme. Selon elles, l’esprit peut quitter (walk-out) prématurément le corps physique afin qu’une entité y entre (walk-in).

Un "walk-in" affirme : "Je suis Noah Shoran, plus connu sous le nom de Noah, je suis un homme et j'ai 60 ans, et je suis un authentique "walk-in" de Véga…".
Un autre dit : "Je suis un "walk-in". La première âme de mon corps a fait walk-out. Je sais qui je suis et pour quelle raison j'ai fait walk-in…". (source : http://kosmic.centerblog.net/3383647-OUVERTURE-DU-BLOG-ouverture-de-la-porte-des-Etoiles-pour-un-voyage-infini-vers-le-cosmos-omniverse
)
S’agit-il de troubles de la personnalité ou de véritables cas de possession ?

Le spiritualisme moderne a promu hâtivement le lamaïsme au rang d’une science de l’esprit. Des lamas tibétains se font fixer des électrodes sur leur crâne tondu. D’après les électroencéphalogrammes des moines, on prétend que la méditation est excellente pour la santé du corps et de l’esprit. Les déclarations de scientifiques convertis au lamaïsme incitent à pratiquer la méditation en méprisant les risques encourus.

La principale méditation enseignée par les maîtres du Vajrayana, le bouddhisme magique du Tibet, est une visualisation élaborée. Cette pratique méditative vise à la totale identification avec la déité personnelle (Yidam) de l’adepte du Vajrayana. "Le Yidam, écrit John Blofeld (1), est généralement choisi de manière à correspondre aux souhaits ou au tempérament du disciple. Par exemple, le choix tombe parfois sur une déité terrible tel le bleu Yamantaka à tête de taureau et aux bras multiples, qui dans une mer de flammes danse sur des cadavres prostrés. […]
Le Yidam est en même temps considéré comme une entité réelle – le Protecteur, le Bien-aimé, et cependant une création mentale de l’adepte, une personnification des forces abstraites de sagesse et compassion, et donc un synonyme de la vacuité de l’Ultime Source. C’est un tour de prestidigitation psychologique et la meilleure preuve de sa valeur est l’attitude et la conduite de ceux qui le font. Il ne serait pas surprenant de voir des psychiatres blâmer en lui un chemin menant directement à l’insanité ; les Tibétains, qui vénèrent presque tous un Yidam, sont pourtant dans l’ensemble un peuple éminemment sain et dépourvu des tensions et des complexes qui font tant de ravages parmi les peuples du monde moderne."

Blofeld a bien conscience des critiques que soulève la visualisation tantrique lorsqu’il évoque un "chemin menant directement à l’insanité", mais il a recours au mythe de la population de sages du Tibet , "peuple éminemment sain" selon lui, pour justifier de la valeur des pratiques lamaïstes. De nos jours, nous connaissons mieux la société tibétaine et la véritable mentalité qui régnait au Tibet. L’affirmation de Blofeld n’est pas crédible. Le récit de voyage du professeur Tucci, pourtant l’ami dévoué des lamas, ne plaide pas en faveur de l’épanouissement de l’ensemble de la population tibétaine :

http://bouddhanar-7.blogspot.com/2007/10/tucci-au-tibet.html
Des écrits de voyageurs objectifs ne manquent pas pour démentir la déclaration de Blofeld.

La méditation du Yidam, l’identification à une déité tantrique, peut-elle favoriser l’entrée (walk-in) dans le corps du méditant d’une entité qui n’est pas une simple création mentale ? Les lamas considèrent que toutes sortes d’entités nous entourent. Dans le petit monastère de Nechung, l’oracle en transe est possédé par une entité qui délivre des prédictions très prisées par les dignitaires tibétains de Dharamsala .

Un reportage montre la transe de l’oracle de Nechung. (Au début, une petite prophétesse hindoue, Sambhavi, prédit le retour du dalaï-lama au Tibet en 2012.)



source :
http://www.france24.com/fr/20090529-tibet-reporters-jeunesse-oracle-bouddhisme-dalai-lama-chine-religion


Le contexte cultuel des tibétains, les méditations et les visualisations tantriques sont propices aux phénomènes de "walk-in" ou de possession. Mais ce ne sont certainement pas des esprits évolués qui prennent possession des corps des méditants.

Depuis plusieurs siècles, depuis que les hiérarques tibétains se sont entichés de politique et ont asservi le peuple, le lamaïsme véhicule des influences psychiques ambiguës. L'importation en Occident de pratiques magiques décadentes n’est pas sans danger.


Les personnes qui se réclament du lamaïsme sont sous l’emprise d’une doctrine qui porte atteinte à leur identité et à leur liberté. Elles sont assujetties au gourou par de nombreux serments (samaya). Elles se livrent à des pratiques addictives (2) et croient volontiers qu’une déité ou qu'un maître invisible peut prendre le contrôle de leur vie et de leur corps. Tout cela est très éloigné du message libérateur du Bouddha.



(1) John Blofeld «Le bouddhisme tantrique du Tibet», éditions du Seuil.
(2) Le bouddhisme peut-il se révéler addictif et créer de nouvelles dépendances ? http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/wsb3911575201/9.html


Photo : sirensongs.blogspot.com


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dimanche, juin 28, 2009

Au loin, la Liberté

En recoupant de nombreuses informations, des internautes curieux et perspicaces peuvent comprendre que l’oligarchie financière internationale contrôle le pouvoir politique.

Un journaliste d’investigation, Jean Montaldo, dénonce la conspiration criminelle des banquiers dans une "Lettre ouverte aux bandits de la finance" aux éditions Albin Michel.
Montaldo était l'invité de RTL. Son intervention de quelques minutes est percutante :
http://www.rtl.fr/fiche/5457521/la-lettre-ouverte-aux-bandits-de-la-finance-de-jean-montaldo.html


Les bandits de la finances ne seront jamais poursuivis, ils ont obtenu que les lois soient modifiées en leur faveur.

La conspiration criminelle des banquiers et la crise économique qui en découle visent-elles à l’instauration d’un gouvernement mondial ? Cela augure-t-il aussi de l’élévation au pouvoir suprême d’un Chakravartin à rebours. En Orient, le Chakravartin ou "monarque universel" est celui qui fait tourner la roue du dharma. Le représentant du pouvoir mondial qui semble se mettre en place n’aura pas les qualités spirituelles d’un "Roi du Monde", législateur primordial et universel. Au contraire, il sera le support de toutes les influences maléfiques, un antidharma en quelque sorte, qu’il projettera sur le monde.

Le "Chakravartin à rebours" est désigné par le mot arabe dajjâl qui signifie "imposteur", "puisque, écrit René Guénon (1), son règne ne sera pas autre chose que la "grande parodie" par excellence, l’imitation caricaturale et "satanique" de tout ce qui est vraiment traditionnel et spirituel…".

Notre temps est celui de l’occultation, de la nuit de la véritable spiritualité. Et de nombreux périls menacent à la faveur de cette nuit. Le spiritualisme moderne est contrôlé par les agents (conscients ou inconscients) de l’organisation contre-initiatique qui prépare l’avènement du Dajjâl, c’est-à-dire de l’Antéchrist annoncé par la Bible. Le prétendu renouveau spirituel, qui culminera durant le règne du grand imposteur, conduira des hommes au néant.

Il est dangereux d’attendre le retour d’un prophète dispensateur de chimères, c’est une attitude irresponsable. Il est plus prudent et plus efficace de concevoir la spiritualité comme une véritable intériorisation. Sans être soumis à un gourou, il est possible de percevoir la réalité (Chhos-Nyid en tibétain) par soi-même. "La réalité, disait Orgyen Jigme Chökyi Wangpo, 1808-1887 (2), est comme le ciel, une "spaciosité" au-delà de la pensée. La réaliser, c’est l’état inexprimable de la cognition primordiale, l’équanimité naturelle sans activité ni calcul. C’est la compréhension de tous les bouddhas des trois temps.
"La réalité absolue est comme l’enfant d’une femme stérile, il n’y a rien de concret, rien à quoi penser dans cet état originel ordinaire. Sujet et objet relatifs sont fusionnés en tant qu’illusion et peuvent être utilisés sans acceptation, rejet ou désir. C’est la pratique de la compréhension de Bouddha.
"Jusqu’à ce que votre esprit acquière le pouvoir de cette compréhension, vous devez éviter l’attachement à toutes les formes de richesses ou de possessions. Demeurez dans les montagnes comme des cerfs sauvages et restez sur la voie sans dévier ni rechuter.
"Vis-à-vis de toutes les situations extérieures ou intérieures, qu’elles soient agréables ou désagréables, soyez sans joie ni tristesse, désir ni aversion. Le meilleur ami sur la voie, c’est d’avoir le soutien de la nature innée.
"La sagesse est la réalisation que l’esprit est comme le ciel et que la compassion n’abandonne pas les êtres sensibles illusoires. En agissant conformément à la vue qui incorpore leur union, on obtiendra rapidement la cognition primordiale qui ne demeure nulle part."

A quelque chose malheur est bon. Durant cette fin de cycle, une conjoncture cosmique permet de sortir plus facilement de la narcose collective dans laquelle se trouve l’humanité durant l’âge noir (Kalî Yuga). Cette période facilite une prise de conscience émancipatrice. Une partie de l’humanité s’éveille tandis qu’une autre sombre dans un sommeil encore plus profond.

Autrefois, les enseignants bouddhistes classaient leurs élèves en deux catégories (très doués et moins doués). Les paroles d’Orgyen Jigme Chökyi Wangpo (ci-dessus) s’adressent aux plus doués. De nos jours, les lamas reconnaissent toujours deux catégorie d’élèves, ceux qui payent le tarif normal pour participer aux enseignement et les riches donateurs qui ne regardent pas à la dépense.

En fait, les personnes ayant des capacités pour la pratique directe (Chig-Chhar) ne fréquentent pas les centres du soi-disant dharma. Leur intuition les aide à percevoir la réalité et à comprendre le sens de certains textes. Il est amusant de constater qu’une invraisemblable confusion a inversé la valeur des textes spirituels. Des sornettes prétentieuses sont révérées comme de profondes vérités ; en revanche, la vérité dans sa déconcertante simplicité est souvent méprisée.

Des événements nous contraindront peut-être à plus de mobilité, une petite bibliographie à l’usage des intuitifs itinérants se limite à trois ouvrages (moins d’un kg) :

«Soi l’expérience de l’absolu selon l’Ashtâkra-gîtâ», traduction de Jacques Vigne.
Le docteur Jacques Vigne a traduit en français un traité de l’Advaita. Ce petit texte, «Ashtâkra-gîtâ», avait été remarqué par Alexandra David-Néel. Elle l’avait traduit en français avec l’Avadhuta-gîtâ. Les notes d’Alexandra David-Néel sont intéressantes. La traduction de Jacques Vigne est plus sobre, mais elle est suivie des commentaires de Swami Shantânanda.
J’avais rencontré Jacques Vigne en 1997 à Hariward, une des sept ville saintes de l’Inde. Le French doctor est un spiritualiste respecté en Inde. Sa simplicité ne parvenait pas à dissimuler sa grande érudition car Jacques Vigne donnait des réponses très approfondies aux questions que je lui posai. Sa traduction de l’Ashtâvakra-gîtâ est aussi le fruit d’une approche sincère du Vedanta et de l’hindouisme.

«Le Secret de la Fleur d’or» a été malmené par la mauvaise traduction de Wilhelm et les élucubrations de Jung. Heureusement, Thomas Cleary a restitué la véritable dimension de ce manuel de clarification de l’esprit. Ce petit texte offre un moyen non négligeable de l’obtention de l’éveil par soi-même.

Plotin, « Traité 9 ». L’Occident a perdu depuis longtemps son identité spirituelle, pourtant au cours des siècles des mystiques occidentaux renouèrent avec la métaphysique de Plotin. Pierre Hadot a traduit et commenté les traités de Plotin. Le «Traité 9» (édition de poche) captive aussi bien des chrétiens, des musulmans et des philosophes de la non-dualité.

Ainsi muni, avec un peu de persévérance et beaucoup de solitude, "on obtiendra rapidement, dit Patrul Rinpoché, la cognition primordiale qui ne demeure nulle part". La cognition primordiale annihile la perception discriminante et immunise contre les peurs. Qu’importe alors la criminalité des oligarques, la dictature mondiale, l’Antéchrist…




(1) René Guénon, "Le règne de la quantité et les signes des temps".
(2) Alias Patrul Rinpoché, "Instructions sur la vue du Mahayana qui éclaire sur les deux vérités".

mardi, juin 23, 2009

Islam méconnu


Les Français ont le Bonaparte qu’ils méritent. Napoléon Bonaparte a trahit la révolution française, mais il gagnait des batailles...

Le journaliste Alain Duhamel dit au sujet du bonapartisme de Sarkozy : "Concentration du pouvoir, personnalisation du pouvoir, stratégie du mouvement, réformes tous azimuts, réactivité. Disons qu'il manque une petite chose : ce sont les victoires. Et les victoires, ce serait soit le recul du chômage, soit le financement des déficits, et là, disons que le soleil d'Austerlitz ne s'élève pas encore."

Général sans victoire, César sans génie, la magnificence de Versailles n’efface pas le tas de fumier sur lequel chante le coq hongrois. Les discours vides du roi des conservateurs français ne sont pas dignes d’une grande nation. Le fumier du sarkozysme dégage l’odeur nauséabonde des fermentations cérébrales de la petite bourgeoisie française. La suffisance, l’égoïsme, l’ethnocentrisme, le cynisme puent !

Quand on connaît l’électorat du coq hongrois, quand on sait que son 18 brumaire était un minable hold up électoral (le détournement des voix du Front National), sa dénonciation du voile intégral a immédiatement une résonance islamophobe chez des Dupont Lajoie toujours prompts à la ratonnade virtuelle ou réelle.

En France, l’image de l’islam est tronquée. Par exemple, on ignore que cette religion est moins intolérante que le christianisme ou le bouddhisme à l’égard de la sexualité.

Le docteur Dalil Boubaker, recteur de la grande mosquée de Paris, a préfacé un livre intitulé "La médecine du Prophète". Il écrit : "Le chapitre consacré à l’éthique sexuelle, à la thérapeutique et à la prévention des maladies prend aujourd’hui une résonance et une actualité particulière. Le bon sens n’est jamais pris en défaut dans toutes les sentences prophétiques où la réflexion s’inspire de principes vrais."

La médecine du prophète, extraits du paragraphe quatrième :

"La cohabitation sexuelle était dans les habitudes et les principes de vie des envoyés ou messies." […]

"Le coït, s’il ne dépasse pas dans l’usage les règles de la modération, revivifie la chaleur naturelle, réjouit, dispose à prendre de la nourriture, dissipe les tristes pensées, les préoccupations mélancoliques, moroses, sombres. Plus d’une fois, la continence a amené des maladies. Le coït est donc une des causes conservatrices de la santé. Mais le coït immodéré engendre les tremblements, les paralysies, épuise les forces, affaiblit la vue." […]

"Un appelé Abou-Râfi rapporte ceci : "Un jour j’étais chez notre saint Prophète ; j’étais assis ; et voilà qu’il se passa la main sur la tête et dit : "Faites usage du maître cosmétique colorant : le henné ; le henné raffermit la peau, stimule le coït ". "Teignez-vous avec le henné, a dit Anas ; il rajeunit, il embellit, il pousse à la copulation". Couper les poils excite aussi les désirs sensuels." […]

"Le Prophète a dit : "Ce que j’aime dans votre monde, ce sont les femmes et les parfums ; puis, je vais rafraîchir mes yeux et ma pensée par la prière ; les parfums sont les aliments qui réveillent l’esprit, et l’esprit est la monture ou dromadaire coureur des forces de l’homme. Rien, rien n’est meilleur, n’est plus salutaire que les parfums après la copulation."

La communauté musulmane est la deuxième communauté religieuse de France avec plus de six millions de personnes. Le nombre de femmes qui portent le voile intégral (niqab) reste très marginal. La crise politique de l’Iran pourrait expliquer la nouvelle campagne de stigmatisation de l’Islam. La France, la voix de son maître(1), aboie beaucoup après les mollahs ces derniers temps...

Quoi qu’il en soit, ceux qui ont besoin d’une croyance devraient s’enquérir de la tradition originelle de leur religion. De nos jours, les traditions religieuses sont dénaturées. Le véritable sens des textes est peu connu (2). Abd al-Muttalib rapporte ces propos du Prophète : "Viendra un temps où les gens liront le Coran pour demander aussitôt après l’avoir lu :
- Y a-t-il quelqu’un qui lit mieux que moi ? Y a-t-il quelqu’un de plus savant que moi ?"


(1) L'empire anglo-américain.

(2) Par exemple, la lecture de l’œuvre de Henry Corbin permet d’avoir une idée de la véritable dimension philosophique et métaphysique de l’Islam.

dimanche, juin 21, 2009

Seconde religiosité


En Occident, les centres lamaïstes proposent un grand choix d’enseignements, d’initiations et de transmissions de pouvoir (wang).

L’enseignement de techniques ésotériques a toujours assuré aux hiérarques du Vajrayana d’importants revenus. Mais ces maîtres ont dissimulé la simplicité de la véritable voie. "Lorsque, écrit Daniel Odier, le grand maître tibétain Marpa rencontra au Cachemire le Siddha Tilopa, celui-ci lui transmit, après quelques épreuves, les enseignements absolus de Mahâmudrâ. Marpa rentra au Tibet et se mit à enseigner cette simplicité immédiate qui renvoie à la trappe toutes les pratiques, tous les intermédiaires, toute la classe des prêtres. Les autres maîtres s’inquiétèrent de voir révélé directement un enseignement aussi anarchique. Ils demandèrent à Marpa de se calmer et de réserver ces enseignements à ceux qui avaient franchi toutes les étapes de la voie formelle. C’est ainsi que ce que les siddha révélaient d’emblée devint l’enseignement le plus secret." (1)

Après avoir dissuadé Marpa de rejeter aussi radicalement les techniques ésotériques du Vajrayana, les lamas tibétains ont continué à concevoir des programmes spirituels de plus en plus complexes qui rendent la présence d’un gourou indispensable. En outre, chaque lama prétend enseigner la meilleure méthode. Cette rivalité entre lamas est à l’origine d’un célèbre proverbe tibétain relevé par Sir Charles Bell : "Chaque région a son propre dialecte. Chaque lama a sa propre doctrine." (2)

Les ambitions politiques des prélats, l’attrait pour la magie, et l’enseignement de techniques ésotériques ambiguës avaient entériné la dégénérescence spirituelle du Tibet. En Occident, le lamaïsme fait maintenant partie de ce que Oswald Spengler, dans son principal ouvrage, désigne comme la "religiosité seconde" parodique et sectaire qui accompagne le déclin des sociétés. Ce phénomène, qui s’est considérablement répandu et touche toutes les traditions, augure-t-il la nouvelle religiosité mondiale ouverte aux influences du domaine subtil inférieur ?

Des chrétiens austères, qui naguère dénonçaient ces influences d’une manière quasiment paranoïaque, se comportent comme des possédés :

Toronto blessing




Le port de la burqa (ou du niqab) est significatif de cette deuxième religiosité qui produit aussi des courants fondamentalistes. Selon une traduction de Dominique Penot, les oulémas, les savants musulmans, ne posséderont plus la connaissance traditionnelle. Makhûl avait coutume de dire : "Viendra un temps pour les hommes où les savants seront plus puants que des charognes d’ânes." (3) Il est donc prudent de fuir les docteurs en religion malodorants des curés aux lamas en passant par les oulémas, rabbins, chamans...

(1) Daniel Odier, "Le grand sommeil des éveillés".
(2) Sir Charles Bell, "Grammar of Colloquial Tibetan".
(3) Dominique Penot, "Les signes de la fin des temps d'après des sources traditionnelles musulmanes".

dimanche, juin 14, 2009

Péril jaune et mentalité moderne



Traverser les USA en djellaba est certainement plus dangereux que de parcourir une partie de la Chine (les états du Yunnan, Sichuan, Lanzhou) avec des vêtements religieux tibétains. La tenue monastique de l’école Bönpo n’est pas très différente des vêtements des moines des écoles orthodoxes du bouddhisme tibétain. Un occidental ainsi accoutré peut être perçu comme un partisan du séparatisme tibétain, un ennemi du peuple chinois. Or, la police ne m’a jamais importuné et les Chinois étaient plus aimables et plus tolérants que les habitants du village du Languedoc où je résidais à l’époque.

Dans ce village, la présence d’un moine de tradition orientale dérangeait. Des villageois languedociens contrôlent difficilement de vieux réflexes pétainistes quand ils se trouvent confrontés à une autre culture. Ils comprennent mieux la devise du maréchal : Travail, Famille, Patrie que la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité, nettement plus abstraite. Le sarkozysme serait-il une adaptation du pétainisme ? Le pays des droits de l’homme et du citoyen a élu des représentants peu soucieux d’égalitarisme et de fraternité. Une idéologie de l’intolérance s’est répandue parmi les Français et a porté au pouvoir une clique peu avenante, soumise à Washington et flirtant avec le lamaïsme politique.

Une amusante illustration chinoise

En France, des personnes ne sont pas favorables à l’égalitarisme. Elles revendiquent aussi le complexe de supériorité de l’empire colonial français. Cet empire commence en 1534, avec la colonisation du Canada, et se termine le 30 juillet 1980, avec l’indépendance du Vanuatu. Durant plus de quatre siècles, les français ont appartenu aux nations conquérantes et dominatrices qui ont bouleversé l’ordre du monde par la force ou la ruse (1).

La fable de la supériorité de l’Occident et de sa mission «civilisatrice» n’est pas morte. Au contraire, elle reprend de la vigueur avec le néocolonialisme et les multinationales avides de toujours plus de profits. La supposée supériorité occidentale conduit à penser que des peuples sont inférieurs. Les Chinois ne peuvent décemment pas être dépeints comme des sauvages sans culture. C’est donc le mythe du péril jaune qui sert à alimenter l’imaginaire agressif des occidentaux de la fin du 19ème siècle jusqu’à aujourd’hui. Ce mythe a repris de la vigueur depuis que le Chine est devenue la deuxième puissance mondiale.

La grotesque victimisation des seigneurs et des prélats du Tibet féodal n’est pas étonnante. Elle est insufflée aux médias par l’oligarchie de l’empire anglo-américain qui a des prétentions sur la Chine. Le Tibet permet à la presse occidentale de faire du tapage anti chinois, remake bruyant du vieux péril jaune et prétexte à la reprise de la conquête de la Chine qui fut stoppée sous le règne de l’impératrice Tseu hsi. Le dalaï-lama a reçu le prix Nobel de la paix le 5 octobre 1989, quelques mois après Tienanmen et l’échec de la prise de pouvoir de Zhao Ziyang (soutenu par la CIA) . Ce n’est pas un hasard, l’opération "free Tibet" du lauréat du prix Nobel de la paix s'est amplifiée après le coup d’état manqué de Zhao Ziyang, elle vise à la balkanisation de la Chine et à la mainmise de l’empire anglo-américain sur cette partie du monde.

Le film de Jean Yanne, "Les Chinois à Paris" (1974), est une adaptation humoristique de la vieille peur des occidentaux d’être surpassés par les asiatiques.


On ne dit pas assez que l’avidité des Britanniques est à l’origine des guerres de l’opium. En 1842, les Chinois, devant la puissance de feu des canonnières de sa gracieuse majesté, sont contraints de capituler et les Britanniques imposent leur abject commerce de l’opium. Quelques décennies plus tard, en 1900, une expédition internationale, les forces réunies de l’Europe, du Japon et de l’Amérique, aurait découpé et colonisé la Chine sans l’habileté diplomatique de l’impératrice douairière Tseu hsi. George Soulié de Morant, auteur d'une biographie de l’impératrice, écrit :

"L’importance de la civilisation chinoise dans l’histoire du monde n’est peut-être pas suffisamment comprise de l’Europe orgueilleuse, et la vie de l’impératrice Tseu hsi est encore trop près de notre temps pour que la valeur de ses actes et de son influence soit aisément perçue ; mais à mesure que les années s’écouleront, sa figure énergique se détachera plus belle et plus puissante."



(1) D’après le Lingä Purênä : "Ce sont les plus bas instincts qui stimulent les hommes du Kali Yugä. […] Les hommes seront sans morale, irritables et sectaires."
Des sources traditionnelles musulmanes disent : "Viendra un temps où les hommes consacreront toute leur énergie à remplir leur estomac ; leurs biens constitueront la plus grave de leurs préoccupations ; ils prendront leurs femmes pour qibla et le dinâr et le dirham pour religion."



Concordances :

"A l’heure du bicentenaire d’une des majeures tentatives eurasiatiques, alors conçue sur les bords de la Seine, l’Europe occidentale doit pour son salut se libérer à jamais du mythe de son appartenance à l’Occident prétendu "libre et civilisé". Il est notamment à souhaiter que ses dirigeants politiques cessent de se couvrir de ridicule en prétendant, lors de leurs visites à Beijing, donner des leçons en matière de "Droits de l’Homme" alors qu’en France il est question de ‘traiter au Kärcher’, pourquoi pas au napalm ou au Zyklon B, les populations que l’exclusion socio-ethno-religieuse ont poussées à la révolte, que, sous prétexte d’attentats commis par des membres de sectes faussement dites "islamiques" et créées par les services américano-saoudiens, nos compatriotes sont condamnés à être fichés, filmés, répertoriés et tenus en laisse à longueur de vie, que les grands maîtres en démocratie, enfin, sont en train de légaliser les enlèvements et la torture de leurs opposants à travers le Monde."
LIRE L’ARTICLE "TAO et ISLAM, achèvement d’un cycle" : http://www.voxnr.com/cc/ds_tradition/EkkpZpApFpxulbAZqv.shtml

mercredi, juin 10, 2009

Lulu Wang


La photo de la célèbre romancière d'origine chinoise Lulu Wang illustre ce post parce que la Chine a, comme cette belle femme, des qualités. Qualités que l’Occident ignore, il a choisi de diaboliser la grande civilisation asiatique. Cette attitude déconcerte de nombreux Chinois. Lulu Wang livre ses réflexions dans sa lettre ouverte à propos de la visite du dalaï-lama.
LIRE LA LETTRE de Lulu Wang http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article120



En réalité, l’Asie est confrontée aux spadassins (OTAN) et aux éminences grises (CIA) de l’empire de la honte.

Les américains lorgnent vers le Tibet depuis des décennies. Les ambitions étasuniennes en Asie s’appuient sur la collaboration de riches hiérarques du bouddhisme tibétain et aussi de Chinois. Domenico Losurdo écrit :

« Il y a 20 ans, Zhao Ziyang tentait de prendre le pouvoir en Chine avec l’appui de la CIA. Ce qui devait être la première « révolution colorée » de l’Histoire échoua. Dans une présentation totalement tronquée, la propagande atlantiste a imposé l’image d’un soulèvement populaire écrasé dans le sang par la cruelle dictature communiste. La presse occidentale en célèbre aujourd’hui l’anniversaire en grande pompe pour mieux dénigrer la Chine populaire, devenue seconde puissance économique du monde. »
LIRE LA SUITE


A défaut du Tibet revendiqué par le dalaï-lama (un tiers du territoire chinois) ou de la totalité de la Chine, l’empire anglo-américain a jeté son dévolu sur l’Afghanistan. Le 11 septembre a fourni le prétexte de l’occupation de ce pays. Cet attentat soulève toujours autant d'interrogations.

De timides sursauts démocratiques se produisent sporadiquement aux Etats-Unis (1). Le dernier en date est provoqué par 41 anciens responsables états-uniens de l’anti-terrorisme et du renseignement qui mettent en cause la version officielle du 11 Septembre.
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(1) Une nation qui voue un culte à l’argent n’est certainement pas une véritable démocratie, le pouvoir est contrôlé par l'oligarchie financière.


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Les Jonangpa, d’aimables hérésiarques… LIRE LA SUITE : http://bouddhanar-1.blogspot.com/2009/06/les-jonangpa-daimables-heresiarques.html


Auto-entrepreneuriat et vie érémitique... LIRE LA SUITE : http://bouddhanar-3.blogspot.com/2009/06/auto-entrepreneuriat-et-vie-eremitique.html


Le chant du dragon ou le persiflage du fripon… LIRE LA SUITE : http://bouddhanar-8.blogspot.com/2009/06/le-chant-du-dragon-ou-le-persiflage-du.html

mardi, juin 09, 2009

Ce qui reste, cet Un, Shiva, le Délivré, Je le suis



"Je suis tombé par terre, c'est la faute à Voltaire,
le nez dans le ruisseau, c'est la faute à Rousseau", chante le Gavroche de Victor Hugo fauché par une balle des contre-révolutionnaires.

Des sites Internet accusent et harcèlent des personnalités au pouvoir avec une telle hargne que de nombreuses crapules passent pour des victimes. Cette traque devient totalement contre-productive. Les campagnes de haine lassent l’opinion et finissent par décerner l’auréole de martyr à la canaille. Pour preuve, les électeurs européens viennent de renouveler leur confiance aux partis de droite responsables en grande partie de la crise du capitalisme. Cherchons l’erreur !

Que pouvons-nous espérer de sempiternels dénonciations des fautes des puissants et des institutions ? Il n’est pas interdit de faire un petit effort pour être un peu plus conscients de nos propres fautes. Est-il normal qu’un humain accepte de se laisser traiter comme une sorte d’esclave alors qu'il n’a pas d'autres chaînes que ses peurs ? Nous sommes devenus des pleutres et des geignards. Nous ne pouvons pas vivre sans patrons, leaders politiques, gourous, divinité... Les dogmes religieux anciens et le néo-spiritualisme moderne exploitent aussi nos peurs.

La divinité populaire n’est qu’une caricature de principes métaphysiques. Au 17ème siècle, le grand advaitin bengali Madhusûdana Sarasvatî rappelle le sens profond d’une divinité comme Shiva et nous ramène à notre propre vérité sans fables ni intermédiaire religieux :

Ni la terre ni l’eau ni le feu ni l’air ni l’espace ni les organes des sens ni l’agrégat de tout ceci : toutes ces choses sont incertaines. Ce qui demeure présent dans l’état de sommeil profond, ce qui reste, cet Un, Shiva, le Délivré, Je le suis (tadeko vashistah shiva kevalo ham).

Les castes, les observances, les devoirs attachés au système des castes et aux diverses phases de l’existence ne sont pas faits pour moi, ni la concentration d’esprit, la méditation ou le yoga. La surimposition du je et du mien établie sur le non-être a été abolie. Ce qui reste, cet Un, Shiva, le Délivré, Je le suis.

Ni en haut ni en bas ni au-dehors ni au-dedans ni au centre ni au travers ni à l’est ni à l’ouest. Pénétrant toutes choses comme l’espace dépourvu de parties, Ce qui reste, cet Un, Shiva, le Délivré, Je le suis.

Ni blanc ni noir ni rouge ni jaune ni bossu ni gras ni court ni long, sans forme comme la lumière, Ce qui reste, cet Un, Shiva, le Délivré, Je le suis.

Ni maître ni enseignement ni disciple ni étude ni toi ni moi ni cet univers. La conscience de la réelle nature du Soi n’admet pas de différenciation. Ce qui reste, cet Un, Shiva, le Délivré, Je le suis.

Pour moi, point d’état d’éveil, de rêve ou de sommeil profond. Ces trois états faisant partie de l’inscience, je suis le quatrième (turîya). Ce qui reste, cet Un, Shiva, le Délivré, Je le suis.

Parce que le Soi est considéré comme le bien suprême, parce qu’il est établi par lui-même, qu’il ne dépend de rien, tout cet univers est insignifiant. Ce qui reste, cet Un, Shiva, le Délivré, Je le suis.

Il n’est pas le premier. Comment peut-il y avoir un second qui soit autre ? Il n’est pas plus isolé que non-isolé, pas plus le vide que le non-vide, car il est sans dualité. Comment puis-je décrire Cela qui est démontré dans toutes les Upanishad ? …

dimanche, juin 07, 2009

La constipation transcendantale


Des phénomènes mystérieux parsèment les biographies d’authentiques mystiques. Ces phénomènes ne sont jamais recherchés, ils sont plus subis que montrés. L’abstinence alimentaire de longue durée, nommée inédie, figure parmi les faits surprenants de la vie de certains extatiques.

De nos jours, des personnes sont persuadées qu’il est possible d’échapper aux lois de la nature et au transit intestinal qui se termine dans ce modeste lieu d’aisance où l’on peut encore lire de vieux Spirou, Pif, Pilote... Ce soulagement quotidien, parfois trop sonore, mortifie-t-il des âmes en cours d’ascension ? Toujours est-il, des néo-spiritualistes, intégristes de la suprématie de l’esprit et adorateurs de grands maîtres ascensionnés, ne veulent plus faire caca…

Quand les banques doivent être renflouées et que le chômage frappe une partie importante de la population, faut-il proscrire l’usage du tube digestif pour être moins dans la merde ?


La réponse à cette question ne fait aucun doute pour une nouvelle espèce de sectateurs, les goulus de l’énergie prânique. Le prâna, c’est le carburant des adeptes qui veulent plus aller aux toilettes, il remplace les grossières nourritures terrestres et «remplit l’existence de bonheur» (sic).

L’Australienne Ellen Greve, alias Jasmuheen, est la prophétesse de la secte des amateurs de pranâ, les respirianistes. J’avais vu cette femme dans une conférence à Avignon. Elle racolait les clients pour ses séminaires particulièrement onéreux tout en colportant le message des maîtres ascensionnés. L’escroquerie ne doit faire aucun doute quand il y a une opération mercantile derrière n’importe quel discours spiritualiste.

A la suite de Jasmuheen, de petits malins se lancent dans la carrière de gourou de la constipation transcendantale (respirianisme). On signale un français ; une vidéo montre un hâbleur, évidemment assis à la mode des gourous orientaux, qui s’efforce de séduire des clients pour ses stages. Images éloquentes sur la méthode de séduction de ce gourou mielleux et abject. Il faut savoir que l’enjeu est de taille et la naïveté des quidams est incommensurable. Jasmuheen est devenue très riche malgré les dangers que présente sa méthode. Plusieurs décès ont pour cause le respirianisme qui est en réalité un conditionnement de nature anorexique. Les personnes qui sont hantées par le désir de s’abstenir de toute alimentation ne sont pas équilibrées, ce sont les victimes désignées de prédateurs sans foi ni loi.

Plus bouddhiste que le Bouddha


Les respirianistes ont vite transformé un jeune bouddhiste népalais, Ram Bahadur Bomjon, en saint capable de se sustenter de prâna.

L’amour du merveilleux rend aveugle, mais les sceptiques, qui voulaient observer le jeune méditant assis au pied d’un arbre, en étaient pour leur frais. En effet, nul ne pouvait approcher Ram Bahadur Bomjon à moins de 50 m, et, du soir à 17 heures au matin à 5 heures, on déployait un écran pour cacher le méditant des yeux du public.

Malgré sa sagesse, le Bouddha ne connaissait probablement pas la saveur du prâna. Il serait mort à cause d’une intoxication alimentaire et de la dysenterie qui s’ensuivit.


La vidéo interdite des adeptes de la constipation transcendantale (lol) :
http://www.dailymotion.com/video/x2v5cy_vostfr-pantman-apprend-a-faire-pipi_events


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dimanche, mai 31, 2009

Profession : sannyâsin itinérant

Dans son livre «Approche de la mystique» Carl Keller (1) écrit :

"Le mystique cherche à atteindre l’Ultime. Il se consacre entièrement à cette tâche avec une détermination parfois presque obsessionnelle. Il veut à tout prix rencontrer son Ultime, l’intégrer à sa propre existence et à son être intime, le connaître, le sentir dans son intériorité et en vivre à tout moment. C’est dire que sa vocation de mystique ne lui laisse guère le loisir de se livrer à une activité autre que la quête de l’Ultime. S’il abandonnait ne serait-ce qu’un instant cette recherche éperdue, il aurait le sentiment d’avoir lâché l’acquis et trahi ce qui donnait sens à son existence. Dans ces circonstances, comment s’occuper encore d’un travail mondain ? Comment se livrer à une activité ressentie comme étrangère à la tâche essentielle ? Engagé dans une quête qui absorbe tout son être, le mystique entretient des rapports très précaires avec la vie active, la sphère économique et les moyens de production de
biens matériels. Cela reste vrai même pour un petit travail manuel qui suffit juste à assurer la subsistance !"

L’hindou est incité à renoncer aux ambitions sociales quand tous les devoirs sont accomplis et après avoir engendré un fils capable de lui succéder. De nombreux textes, notamment les "Lois de Manu" (Mânavadharmashâstra) et les Sannyâsa-Upanishad, traitent des conditions de vie des renonçants et du nomadisme des sannyâsins.

De son côté, le monde chrétien n'accepte pas les renonçants itinérants. La religion, pourtant inspirée par un vagabond révolutionnaire, n’a pas toléré longtemps les mystiques improductifs, nomades et un tantinet libertaires. Les errances des moines gyrovagues furent interdites vers le cinquième siècle. La règle de Saint Benoît condamne formellement le nomadisme religieux alors qu’il est particulièrement honoré en Inde. Les moines des ordres chrétiens soi-disant mendiants ne pratiquent jamais la mendicité dans la rue pour se nourrir. Ils sont choyés par les grenouilles de bénitier et les riches veuves. Ils ignorent tout de la véritable condition des SDF. Le monachisme chrétien est sédentaire et replié sur lui-même.

Les directeurs spirituels occidentaux ont toujours préféré les ouailles dociles et les bigots besogneux aux vagabonds contemplatifs sans le sous. L’Eglise, complice du pouvoir, a permis la persécution des errants. Les articles du code pénal, qui condamnaient le vagabondage et la mendicité, n’ont été abolis qu’en 1994. Jadis le législateur faisait preuve de sévérité et de cruauté. Le vagabond, le SDF valide, était souvent emprisonné et torturé :

"Le vagabond, a dit A. Vexliard (2), est le « délinquant qui au cours de l’histoire a reçu les traitements les plus contradictoires. A certaines époques, les errants sont reçus comme "hommes de Dieu" : on les héberge, en quelque moment qu’ils se présentent et quel que soit leur nombre. A d’autres moments, tous les vagabonds sont déclarés "ennemis publics" ; l’on permet "à toute personne de les tuer, saccager, tailler et mettre en pièces"… Entre ces deux mesures extrêmes… on trouve des peines telles que l’emprisonnement, le bannissement, le fouet, le carcan, la marque au fer rouge, l’essorillement, les galères à temps ou à perpétué, les travaux forcés, la relégation, la déportation, parfois l’estrapade et la roue, sans compter les périodes d’indifférence de la loi pénale à l’égard des gens sans aveu".

Le vagabondage est défini avec précision pour la première fois, en 1666 :

"Seront déclarez gens vagabonds, et gens sans aveu, ceux qui n’auront aucune proffession ny mestier, ny aucuns biens pour subsister, qui ne pourront faire certifier de leurs bonnes vies et mœurs par personnes de probité connues et dignes de foy, qui soient de condition honneste".

Les vagabonds sont des hommes sans aveu, des gens sans territoire, sans propriété, et surtout sans maître. L’Occident a renoncé à persécuter les vagabonds depuis que la carrière professionnelle et la réussite matérielle sont devenus l’alpha et l’oméga de l’existence. Cette idéologie est maintenant profondément enracinée dans l’inconscient collectif. Les rares récalcitrants à la servitude volontaire et à son triste nihilisme sont presque toujours honnis par la famille et l’entourage. Des jeunes, rebelles à cette destinée terne, rencontrent le plus souvent beaucoup d’incompréhension et doivent se soumettre au système et au conditionnement éducatif. Les hindous ont plus de chance, ils peuvent se libérer des devoirs professionnels et sociaux bien avant l’âge de la vieillesse pour se consacrer à la recherche de l’Ultime.

La société indienne traditionnelle encourage et nourrit ses nombreux renonçants itinérants, sadhus, sannyâsins, swamis, rishis, tapasvins, babas… Mais dans des centres du dharma et des ashrams implantés en Occident, des gourous hindous et des lamas tibétains n’approuvent pas du tout l’éventualité de perdre des disciples attirés par le sannyâsa ou la vie érémitique de Milarépa. Si les élèves partent au gré des vents qui financera le grand bazar du spiritualisme contemporain et enrichira les gourous ?

Osho, le gourou aux 91 Rolls, s’opposa habilement à l’anarchisme spirituel des sannyâsins qui se conforment spécialement aux préceptes de l’Avadhuta-gîta. Il développa le concept de néo-sannyâsa :

"Mes néo-sannyâsins, dit Osho, sont entiers, ils ont renoncé, et pourtant ils n'ont pas fui. Ils vivront dans l'amour, mais ils ne s'agripperont pas à l'amour ; c'est cela leur renoncement – ils vivront dans le monde, et ils ne seront pas possessifs. Ils vivront dans l'amour, mais ils ne seront pas jaloux. Ils se serviront des choses, mais ils ne seront pas asservis par elles ; c'est cela leur renoncement. Ils trouveront le créateur dans la création et ils ne diviseront pas le créateur et la création ; ils ne toléreront aucune division. Ils essaieront de trouver l'harmonie dans les opposés."

Osho dit "mes néo-sannyâsins" car il s’agit bien de ses créatures. Elles sont soumises au programme, le vague cursus initiatique, du gourou. Ce sont les antisannyâsins de la parodie spirituelle du Nouvel Age. Ils suivent de nombreuses formations payantes dans divers domaines : tantra, soufisme, bouddhisme, massages et tutti quanti.

Le mystique qui adopte une conduite inspirée par l’Avadhuta-gîta n’est pas un bon client pour les gourous, c’est un sage indépendant. "Le sage, dit Dattâtreya, découvre l’Atman qui n’est perçu ni par l’étude des Védas, les initiations, le rasage de la tête, ni en étant un gourou ou un «chela» (un disciple agréé). De même qu’Il ne peut être perçu en prenant les postures du yoga."


Photo : Christian Fabre est un riche français qui a renoncé à ses millions pour devenir sannyâsin dans la tradition de l’Avadhuta.
http://www.aumnamahshivaya.org.in/new1/french/index.asp


(1) Carl-A. Keller, «Approche de la mystique dans les religions occidentales et orientales, Albin Michel, 1996.
(2) A. Vexliard, «Introduction à la sociologie du Vagabondage», Paris, 1951.

Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...