dimanche, novembre 06, 2016

Philippe Cornu et l'Institut d'études bouddhiques



Le livre de Marion Dapsance « Les dévots du bouddhisme » ne ménage pas Sogyal Rinpoché, le sulfureux gourou de Rigpa.

Ce gourou tibétain est le maître et le préfacier de Philippe Cornu, auteur de nombreux livres sur le bouddhisme. Comme tous les initiés du bouddhisme tibétain, Philippe Cornu est lié à son maître par des serments tantriques. 
L'initié du varayana prononcent de nombreux vœux : allégeance au maître, défense du lama et de la doctrine (dharma)...

Sa critique de Marion Dapsance dans Le Monde des religions du 2 novembre 2016 était donc prévisible. Mais l'article manque de consistance, et Philippe Cornu frise carrément le ridicule quand il présente l'enseignement du « Longchen Nyingthik » comme une tradition tibétaine authentique.


Les sources du dzogchen ou du « bouddhisme » de Rigpa

En réalité, le « Longchen Nyingthik » est un terma de la tradition du dzogchen, c'est à dire un texte qui fut dissimulé dans le passé et retrouvé par un lama. Or, quand on remonte jusqu'aux sources du dzogchen de l'école des premiers « bouddhistes », les nyingmapa, on arrive au syncrétisme religieux bönpo. Le dzogchen des bönpo (non-bouddhistes) provient, d'une part de Tazig, c'est-à-dire de la Perse antique, et, d'autre part, de Chine, notamment du courant chan qui est une résurgence du taoïsme philosophique, taoïsme subitiste dissimulé sous un vernis bouddhiste (1).

Les adeptes du dzogchen et du mahamoudra étaient accusés de perpétuer la méthode du chan chinois. Le chan était frappé de proscription depuis le 8ème siècle, au terme de la controverse de Lhassa, mais il subsistait dans deux importantes écoles du bouddhisme tibétain. Le chan, même dissimulé derrière une phraséologie tantrique, n’échappa pas à la perspicacité des Tibétains défenseurs de la stricte observance religieuse. Le docte Sakya Pandita, par exemple, dénonçait la survivance du chan dans le dzogchen des nyingmapa et le mahamoudra des kagyupa. De son côté, le grand érudit kagyupa, Padma Karpo, ne niait pas que certains textes des écoles kagyu et nyingma provenaient du maître chinois Mahayana, le défenseur du chan lors de la controverse de Lhassa.



Les marchands de la pagode

L'attaque de Philippe Cornu contre Marion Dapsance est-elle commanditée par son maître Sogyal Rinpoché, ou bien est-ce une réaction de « marchand de la pagode » ulcéré par une éventuelle perte de gains ? Les récentes enquêtes sur la véritable nature du Vajrayana, le bouddhisme magique du Tibet, ne favoriseront pas la prospérité des profiteurs du dharma.

Les revenus de Philippe Cornu ne sont-ils pas générés par le bouddhisme (emploi d'intervenant, vente de livres, animation d'ateliers, séminaires...) ? Philippe Cornu n'est-il pas lié à l'Institut d'Etudes Bouddhiques http://www.bouddhisme-universite.org/ ? Cet Institut (prétendue université selon l'adresse web), malgré son statut d'association à but non lucratif, ne dissimule pas ses différentes formes de commercialisation du bouddhisme (cours, ateliers, séminaires...) qui permettent de rémunérer des intervenants : « Merci d'envoyer vos chèques et vos virements à l'Institut d'Etudes Bouddhiques... » http://www.bouddhismes.net/bulletin-adhesion-inscription



Philippe Cornu et l'Institut d'Etudes Bouddhiques dissimulent-ils le véritable monde occulte des lamas tibétains ?


La critique du bouddhisme tibétain n'est pas récente. Edward CONZE, spécialiste incontesté du bouddhisme, avait dénoncé les pratiques occultes des tantra « supérieurs » :

« On ne s’attend pas, en fait, à ce que les adeptes d’une religion revendiquent comme une sorte de devoir sacré, par exemple, « le commerce sexuel quotidien dans des endroits écartés avec des filles âgées de douze ans, de la caste candâla ». Le Guhyasamâjatantra, l’une des plus ancienne, et aussi des plus sacrées, parmi les Ecritures du Tantra de la Main-gauche, enseigne, semble-t-il, exactement le contraire de ce que soutenait l’ascétisme bouddhique. Il nous dit que nous atteindrons facilement la bouddhéité si « nous cultivons tous les plaisirs des sens, autant que nous pouvons le désirer ». Les rigueurs et les austérités échouent, alors que la satisfaction de tous les désirs » réussit. Ce sont justement les actes les plus immoraux, les plus frappés de tabou qui paraissent avoir particulièrement fasciné les adeptes de cette doctrine. »

Les écrits d'Edward CONZE ainsi que ceux de Robert SAILLET (entre autres) permettent de découvrir les aspects ténébreux du Vajrayana (ou bouddhisme tibétain).

"Un maître, écrit SAILLET, d’origine cachemirienne, Guhyaprajna, dit Marpo, « le Rouge », vint au Tibet occidental. Il semble que son enseignement sur les tantra ait été teinté de Shivaïsme. On lui reproche, ainsi qu’à des maîtres du même genre, d’avoir répandu que le yoga consistait dans l’union sexuelle avec des femmes et que pour accéder à la délivrance, il fallait mettre à mort des êtres vivants. De pareilles conceptions furent en tout cas mises en application par un groupe de « moines-brigands », qui enlevaient des femmes et des hommes pour les sacrifier au cours de cérémonies tantriques (ganachakra puja : le rite de l’orgie collective)."

Même Alexandra DAVID-NEEL l'avait reconnu :

"Tous les rites tibétains sont à tendances magiques. Il en est de très naïfs et il en est de très subtils... Contraindre le Dieu ou le démon est un acte de magie. C'est se mesurer avec lui, essayer d'en faire son serviteur. Cela ne ressemble pas à la prière, cela n'a rien de religieux... Une grande quantité de rites tibétains ont donc pour but d'obtenir d'une manière ou d'une autre, pour un bénéfice personnel d'abord, puis éventuellement altruiste, le concours de personnalités extra-humaines. Tout au moins, c'est ainsi que le commun des tibétains comprend ces rites.

Tous les tibétains se disent bouddhistes et croient qu'ils le sont, quelles que soient les déformations qu'ils ont pu faire subir à la doctrine du Bouddha et alors même qu'ils professent des opinions et s'adonnent à des pratiques formellement condamnées par le Bouddha... »



Note :

1) Malgré de nombreuses similitudes et la présence d’un patriarche du nom de Darma Bode parmi les six Shen des six principes (don-drug gi gshen-po rnam-pa drug), les « tibétologues », qui sont souvent les disciples de dignitaires tibétains xénophobes, ne parlent pas de l'influence du chan chinois sur le dzogchen du Zhangzhung. Pourtant, le nom de Darma Bode a fait dire à Samten Karmay, né dans une famille Bönpo du Tibet et directeur de recherche au CNRS : « Il nous rappelle Bodhidharma, le patriarche de la tradition chan/zen ».


Révélations d'un lama dissident

Le lama tibétain Kelsang Gyatso (1931-2022) était un enseignant important parmi les guélougpa restés fidèles à des pratiques proscrites ...