mercredi, novembre 30, 2016

Bouddhisme tibétain, DANGER !



"Le Tantrayana présente des dangers et est réservé à de rares pratiquants dont le comportement prouve qu’ils respectent parfaitement l’Ethique (Sila), sous le contrôle vigilant d’un véritable Instructeur éveillé. Si ce n’est pas le cas, vous risquez de subir des dégâts psychologiques irréparables, de tomber dans un libertinage imprévu au programme, en résonance, peut-être, avec des tendances subconscientes latentes (samskara et vasana) de tomber dans une boulimie par tous vos sens, une obésité physique, une obésité et une dilatation égotiste psychique, voire des états démentiels, sans compter les souffrances que vous infligerez à votre famille et à vos proches qui s’inquiéteront à juste titre de vous voir décliner, si perturbé."



Vajrayana, Mantrayana, Tantrayana



Point de vue d'un bouddhiste de longue date.



Le Dharma du Bouddha arrive au Tibet au 8e siècle, puis, plus tard, vers les 10e et 11e siècle de notre ère, c’est-à-dire entre 1250 à 1450 ans après la mort du Bouddha. Les textes
les plus importants, Sutra, Sutta et Sastra, étaient depuis longtemps écrits en Pali, en Sanskrit et en Chinois. Parmi les textes essentiels, ceux du Mahayana existaient déjà en Sanskrit et en Chinois, et les Tibétains les “récoltèrent” et les traduisirent. Puis, ils écrivirent leurs propres Sastra. Des textes Sanskrits ont été perdus mais des traductions en Tibétain les ont sauvegardés.


Lorsque ce Dharma est arrivé au Tibet, il s’est greffé sur une culture ou plutôt des cultures de peuplades dispersées sur un vaste territoire, sous tutelle de ce qui deviendra une théocratie et sous tutelle de pratiques religieuses imprégnées de magie, de superstitions, de croyances, de fables entretenues, et de sorcellerie. Le Dharma du Bouddha dans sa grande tolérance a toujours accepté et respecté les cultures locales de tous les peuples. Mais le drame est qu’avec les siècles ce n’est plus tant le Dharma du Bouddha qui est enseigné car les cultures locales recouvrent abondamment d’irrationnel un enseignement qui dès l’origine est rationnel vers une métaphysique éprouvée, un Transrationnel par la Prajña (Intuition métaphysique ou Connaissance Suprême ou Connaissance Transcendante), et non pas sagesse ou wisdom, traductions occidentales vagues et imprécises.

La majorité des peuples a besoin de rites, de cérémonies, de croyances, de superstitions pour compenser la peur. Le Dharma du Bouddha est difficile d’accès pour conduire vers la compréhension du coeur de la Doctrine ‘sans aucunes croyances’. Le doute stérile (vicikitsa), est un lien puissant qui maintient dans l’errance (samsara), et qui empêche l’éveil de la Prajña, cette Connaissance qui est “au-delà” (Paramartha satya), de la connaissance-conscience intellectuelle (vi-jñana) relative à son contenu (Samvritti satya). Le doute scientifique est un “garde-fou” qui permet de ne pas croire sans avoir vérifié par soi-même, en développant les facultés d’adaptation, d’analyse et de synthèse (samadhi)

Le Dharma n’est surtout pas un moyen pour compenser les frustrations, les déceptions sentimentales, les espoirs inassouvis, les échecs existentiels et mondains vécus comme tels, etc. Il n’est compréhensible qu’à ceux qui ont atteint un niveau de maturité suffisant et nécessaire, à ceux qui sont capables de réfléchir par eux-mêmes et de vérifier par eux-mêmes, pour ne pas se laisser embarquer dans des délires hallucinatoires.

La culture Tibétaine est très riche de mythologies, de panthéons de Dieux et de Bodhisattvas, de rituels, de cérémonies, qui jouent un rôle social, etc. dont une partie importante est aussi d’influence Hindou. Cela fascine et attire beaucoup d’occidentaux déçus des monothéismes Abrahamiques, les égare parfois, les mystifie souvent s’ils ne peuvent pas décrypter le sens de la symbolique pour sa compréhension.

D
emeurer subjugué par des enseignements éloignés du Dharma du Bouddha de la Tradition Primordiale est dommageable, et la complexité exotique qui continue d’envahir l’Occident ne propose souvent que des irrationnels à bon marché qui confinent et peuvent conduire aux pires aberrations, les receveurs demeurant anesthésiés, fascinés, dominés, et parfois conduits vers un état pire que celui qu’ils vivaient antérieurement avant de se lancer dans une telle aventure. 

Le Dharma du Bouddha est fait pour se comprendre, pour apprendre à se connaître, afin de pouvoir “rejoindre la Vue Profonde des choses telles qu’elles” (Vipashyana), et pouvoir expérimenter la parfaite tranquillisation du corps et du mental (Samatha). Fait pour éteindre la souffrance (duhkha) par Nirodha et Pratinisarga, il n’est pas fait pas pour l’augmenter et fabriquer des troubles psychologiques qui relèveront tôt ou tard de la médecine psychiatrique, développement de névroses sinon de psychoses.

Etude et Pratique du Dharma demandent un équilibre intérieur, une certaine santé mentale stable, pour opérer une connaissance de soi, avant de pouvoir aller plus loin dans la Compréhension de la Doctrine. Si vous brûlez des étapes, si vous êtes mystifié par la fascination d’une soi-disant Voie abrupte mal expliquée, si votre instructeur ne vous guide pas correctement, c’est vous même que vous brûlez intérieurement et il vous sera bientôt difficile sinon impossible d’éteindre l’incendie lorsque les symptômes des dérangements physiques et psychiques apparaîtront. Vous pouvez vous retrouver en hôpital psychiatrique pour une durée indéterminée ou quitter très énervé et brusquement cet enseignement, avec beaucoup d’amertume, de colère, de rancoeur, de haine, d’exacerbation de vos désirs par convoitise frustrée si loin d’être apaisée en retournant chez vous en piteux état.


Vajrayana, Mantrayana, Tantrayana ?

Ils sont dans les faits des enseignements précis, mais ne devraient normalement être enseignés que de Maître à Disciple, si possible oralement au cours d’une transmission privée et confidentielle. Il faut qu’il y ait résonance entre le Maître et le Disciple. Il faut que le Maître, encore appelé Guide ou Guru ou Instructeur, soit authentique, et qu’il connaisse bien sûr les pièges dans lesquels vous pouvez tomber. Il faut aussi que vous puissiez être un disciple
authentique dont les qualités et les capacités doivent être vérifiées par le Maître véritable qui a le droit de vous refuser comme élève, si vous ne possédez pas ces qualités et ces capacités requises. Si ce Maître n’opère pas comme il se devrait de le faire, il vous faut mieux vous en aller… car, vous aussi, vous pouvez refuser ce maître non-éveillé, si vous avez été capable de vérifier des incohérences. 

Comment pouvez-vous savoir qu’il est authentique ou pas si vous demeurez subjugué et fasciné par ce qui ne correspond pas vraiment au coeur des enseignements du Bouddha, à moins que, peut-être, cette difficulté vienne de votre incompréhension ?

Vajrayana, Mantrayana, Tantrayana sont qualifiés de 3e véhicule par ceux qui les considèrent supérieurs au Bouddhisme de la Tradition Primordiale et au Bouddhisme du
Mahayana. Ce qualificatif de supérieur n’est pas justifié car il est un non-sens. 

Pour nous, le Bodhisattvayana n’est qu’un upaya, un moyen habile très subtil qui met en évidence les 4 aspects de l'Amour Bouddhique sans-sujet-sans-objet pour toutes les existences : Maitri, Karuna, Mudita, Upeksa ! Ne pas oublier que la 7e terre (bhumi) du Bodhisattva, est aussi la terre de l’Arhat, voire même la 8e !

Le Vajrayana est dit le véhicule du diamant. Il rejoint aussi le Mantrayana par les paroles, Mantra, de forces (bala) qui peuvent vous être transmises. 

Quant au Tantrayana il mobilise l’énergie sexuelle des six sens, la ‘libido’ globale, [libido vient du sanskrit lobha : désir, convoitise] et pas seulement sexuelle, d’une façon telle qu’elle se doit d’être conduite et parfaitement contrôlée, maîtrisée, vers un devenir sublimé pour l’abandon des attachements (upadana). Un équilibre psychique et une connaissance parfaite du Coeur (Hridaya) de la Doctrine bouddhique sont nécessaires pour savoir vers quoi et vers où on va… 

Le Tantrayana présente des dangers et est réservé à de rares pratiquants dont le comportement prouve qu’ils respectent parfaitement l’Ethique (Sila) sous le contrôle vigilant d’un véritable Instructeur éveillé. Si ce n’est pas le cas, vous risquez de subir des dégâts psychologiques irréparables, de tomber dans un libertinage imprévu au programme, en résonance, peut-être, avec des tendances subconscientes latentes (samskara et vasana) de tomber dans une boulimie par tous vos sens, une obésité physique, une obésité et une dilatation égotiste psychique, voire des états démentiels, sans compter les souffrances que vous infligerez à votre famille et à vos proches qui s’inquiéteront à juste titre de vous voir décliner, si perturbé. 

On vous a dit que tout est vacuité, que tout était vide (Sunyata) ? Et depuis lors vous voici à penser : “Et bien” : “profitons-en” !!!

Si on ne vous a pas enseigné précisément la Telléité, la Quiddité des choses
(Tathata) [qui curieusement est traduit par certains par absolu, ce qui est totalement faux] inséparable de Sunyata, vous pouvez aller vers une agitation désordonnée et grotesque, au lieu d’aller vers l’apaisement (prasrabdhi) en équanimité (Upekesa).

D’une certaine façon, Vajrayana, Mantrayana et Tantrayana se rejoignent.

Leur transmission prudente doit être juste, cohérente.

Le Bouddhisme Tibétain est fait pour les Tibétains, mais voilà que des Français veulent devenir Tibétains et se persuadent qu’ils le sont ; il serait raisonnable qu’ils puissent y réfléchir sans que cela les empêche d’ailleurs de continuer intelligemment sur cette Voie.

Le Bouddha commence son ascèse à 29 ans en suivant les enseignements de deux Maîtres en Yoga, Alara Kalama et Udraka Ramaputra, qui lui enseignent les techniques des dhyana et la conservation du prana
(prana-ayama) comme dans un ‘authentique’ Tantrayana. Pourquoi ?

Parce qu’au bout du compte il est question d’extinction des obnubilations
(avarana), des méprises (viparyasa), des trois racines défavorables, les mula : désir, haine, stupidité (lobha, dvesa, moha), des purulences ou flux toxiques (asrava), de la soif des désirs (trishna), des cogitations (prapañca), des souillures (klesha), etc. Le Bouddha réussit l’essentiel des enseignements de ses deux Maîtres, mais il les quitte car il est toujours insatisfait. Il pratique alors des mortifications avec cinq autres ascètes pendant six années, puis, là-aussi, il comprend que c’est une perte de temps et il met un terme à ses pratiques extrêmes.

Peu de temps après il découvre la Voie du Milieu : Madhyamapratipad “au-delà” des extrêmes. Il expose ainsi à ses premiers disciples :

1. La Chaîne en Co-production Conditionnée, encore appelée “Chaîne des Origines Interdépendante”,
2. Les 4 Nobles Vérités,
3. Le non-moi.
4. Il expose aussi clairement la 4e des Nobles Vérités à ses premiers disciples…
… Le Noble Sentier Octuple…
5. De même que plus tard il enseigne les 37 auxiliaires de la Bodhi, de l’éveil.

Ceux qui ne connaissent pas correctement ces enseignements fondamentaux ne peuvent se dire bouddhistes, car sans cette connaissance et sa compréhension il est quasi impossible d’accéder au reste du Coeur de la Doctrine, de même que ce n’est pas seulement le fait de réciter le Sutra du Coeur
(Hridaya Sutra) qui fait comprendre le Sutra du Coeur.

Que ce soit le Mantrayana ou le Tantrayana, l’ensemble était connu du Bouddha. On en trouve aussi les traces à Sri Lanka par le canon Sanskrit qui y arriva, nommant le Bodhisattva Arya-Avalokiteshvara, avant l’arrivée des textes du canon Pali.

Le Vajrayana, quant à lui, est spécifiquement tibétain par sa mythologie, sa symbolique très compliquée [cum-plicare : avec des plis], ses rituels élaborés, ses cérémonies particulièrement codifiées. Si les symbolismes qui s’y retrouvent très prégnants sont des moyens, ce ne sont que
des moyens. Ne pas s’attarder sur les moyens, car les moyens ne sont pas le but…


Attention ! 

Une psychopathologie prouvée et vérifiée des pratiques religieuses et mystiques incomprises existe par incompréhension et/ou non-respect des recommandations reçues.


S’il vous est demandé de l’argent d’une façon anormale et inconsidérée,
Si vous ressentez un malaise réel du fait d’être abusé pour d’autres raisons,
N’oubliez-pas de “réfléchir par vous-même” pour “vérifier par vous-même”.



Anonyme



Note :

Il n'a pas été possible de respecter la translittération des mots en sanskrit.


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