vendredi, août 19, 2016

Le principe de Lucifer

Les « mèmes », fragments du néant, vont d’esprit en esprit.




par Howard Bloom






"Chaque « mème » [mélodie, concept scientifique, croyance, idée politique] saute d'un cerveau à un autre, se copiant frénétiquement dans le nouvel environnement. Mais les « mèmes » qui comptent le plus sont ceux qui assemblent de grandes quantités de ressources pour en faire de nouvelles formes stupéfiantes. Ce sont les mèmes qui construisent les super-organismes sociaux… Les « mèmes » sont aux super-organismes ce que les gènes sont à l'organisme… Les « mèmes » étirent leurs vrilles dans le tissu de chaque cerveau humain, nous amenant ainsi à nous coaguler en ces masses coopératives que sont les familles, les tribus et les nations. Et les « mèmes », travaillant ensemble dans les théories, les visions du monde et les cultures, peuvent rendre un super-organisme très affamé".




Les humains s’accrochent aux idées parce qu’elles les unissent à des groupes d’autres humains qui sont d’accord avec eux. Elles offrent le confort de l’amitié et de l’aide mutuelle. C’est une des façons dont les « mèmes » entraînent les hommes dans leur pouvoir. Quelles sont les autres façons ?


Les « mèmes » dominent l’esprit humain en offrant aux hommes et aux femmes, qui sont le fer de lance de leur cause une vie plus riche. Fidel Castro, qui découpa une tranche du Nouveau Monde pour nourrir le mème marxiste-léniniste, a acquis une demi-douzaine de maisons à son entière disposition, une flotte de limousines Mercedes, des jeeps russes Gazik, des hélicoptères luxueux avec tableau de bord en bois, une villa de pêche, des bateaux, des repas gastronomiques, du très bon whisky et ce qui est sans doute le luxe suprême : un chef cuisinier personnel. Les « mèmes » rendent souvent la tentation de richesse et de pouvoir encore plus douce en déguisant la poursuite de ces prix en idéalisme altruiste, en dévotion ascétique à une cause. Castro, après tout, n’était pas un homme avide mais un « idéaliste » dévoué. Les « mèmes » nous séduisent également par l’illusion de contrôle, en poussant nos hormones à la vitesse supérieure et en augmentant la vigueur de notre système immunitaire. De plus, les aperçus et les technologies qu’ils produisent nous aident parfois à réellement contrôler les forces insaisissables de notre destin.


Ces attraits sont quelques-unes des raisons pour lesquelles les hommes embrassent le « mème ». Mais pourquoi un « mème » s’accroche-t-il à des êtres humains ? Afin de pouvoir utiliser un groupe social comme outil d’auto-expansion, de mener un super-organisme comme un char d’assaut […]. Les « mèmes » ont une ambition suprême : s’accaparer de gros morceaux du monde et le restructurer selon leur forme.


Il peut sembler étrange de dire d’un « mème » qu’il est ambitieux, mais c’est justement la forme d’un « mème » couronné de succès qui définit son attitude possessive. En fait, la course à l’évolution entre concepts garantit que ceux qui développent les attraits les plus ingénieux ont plus de chances de survivre. Prenons, par exemple, les « mèmes » religieux qui intègrent la notion d’enfer. Ceux qui ne mordent pas à l’hameçon avec enthousiasme sont assurés de connaître un destin affreux. Qui le dit ? Le « mème ». Le non-croyant se prépare soi-disant un moment chaud après sa mort. Le « mème », qu’il soit chrétien ou musulman, offre de nombreuses images vivantes d’un poêlon infini dans lequel les malavisés finiront en sauté pour l’éternité. (Le Bouddhisme traite le problème différemment : si vous ne suivez pas les préceptes de la foi, vous risquez de vivre votre prochaine incarnation sous la forme d’un cafard sextaplégique).


Ces visions d’horreur fonctionnent à merveille. Des dizaines d’êtres humains terrifiés laissent des concepts improbables prendre résidence dans leur crâne. Après tout, s’accrocher au « mème » est le seul moyen d’éviter de finir roussi et croustillant. Et ces adeptes qui doutent parfois de l’honnêteté totale du « mème » religieux ? Ou ceux qui sont tentés de soumettre le « mème » à la lumière hostile de la logique ? Le « mème » prospère, comme tout parasite, possède des caractéristiques visant à empêcher le prétendu rationaliste de le supprimer de son système. Seuls ceux qui ont la foi, dit le « mème » religieux, seront sauvés. Et qu’est-ce que la foi ? C’est une conviction aveugle et inconditionnelle, une volonté absolue d’héberger le « mème » pour toujours, de ne jamais tenter de le déloger de son gosier. Crache-moi, dit le « mème », et tu risqueras un destin pire que la mort. Non, les « mèmes » ne préparent pas leurs conquêtes. Comme tous les vrais réplicateurs, les « mèmes » refaçonnent automatiquement tout ce qu’ils peuvent prendre de ce modeste monde et ont pour cela un allié inestimable.


Les « mèmes » se déploient sur toute la planète, portés par des hôtes extrêmement rusés. Ces êtres humains qui recherchent l’idéalisme, le gain, le courage ou la gloire, répandent le « mème » avec une vigueur et un enthousiasme tels que la façon dont Johnny Appleseed plantait ses arbres fruitiers aurait des airs de fainéantise en comparaison. Les Romains conquirent les Gaulois et transformèrent la Gaule entière en province romaine et les « mèmes » Romains bondirent rapidement dans les esprits gaulois. Les Saxons écrasèrent les Bretons d’Angleterre et les transformèrent en paysans dans une nouvelle Angleterre dirigée par une aristocratie saxonne et les « mèmes » saxons s’éparpillèrent dans les cerveaux des tribus soumises. Les Américains s’emparèrent d’Hawaï et la placèrent sous l’autorité de Washington ; ils apprirent aux enfants de l’île les idéaux américains, les « mèmes » américains. Les Soviétiques prirent la Pologne, la Tchécoslovaquie et l’Allemagne de l’Est. Puis, les commissaires du peuple réunirent les travailleurs de ces états « libérés » dans des séances d’endoctrinement politique quotidiennes à la fin de la journée de travail. Ils jetèrent en prison ceux qui n’étaient pas d’accord avec les nouveaux dogmes officiels. Finalement, les envahisseurs soviétiques façonnèrent des nations dépendantes dont les leaders se tournaient vers Moscou pour toutes les questions majeures et dont les biens entraient à flots dans l’économie soviétique tels des cellules sanguines circulant de la main jusqu’au cœur. Les Russes avaient offert des populations entières en pâture à leur « mème ». Et le « mème », en échange, avait offert aux Russes une récompense : une fantastique augmentation de leur prestige et de leur puissance. Au centre de chaque société se trouve un maître autoritaire : le « mème ». Les canonnières de l’Amérique du dix-neuvième siècle, les chars d’assaut de l’Union Soviétique et les armées de l’Islam n’étaient que de simples armes dont se servait un « mème » pour s’emparer de la matière neuve. Elles étaient les mains avec lesquelles le « mème » refaçonne de la substance brute à sa propre manière.






Ce livre bouleverse toutes les idées reçues que le genre humain se fait de lui-même. Il explore les forces qui gouvernent l’histoire, devenant aussi important que “l’origine des espèces” de Darwin. Un livre fascinant, exceptionnel, unique, d’une culture encyclopédique sans égal, serti d’une logique implacable. Personne ne peut sortir intellectuellement indemne après cette lecture dramatique.







Dans le "Cerveau Global", tome 2 du "Principe de Lucifer", Howard Bloom analyse le mécanisme de la sélection individuelle et démontre que l'évolution repose fondamentalement sur la notion de partage de l'information et ce, depuis nos origines.


Ainsi, Howard Bloom explique que nous sommes tous intégralement constitués de bouts d'informations et que c'est notre capacité même à les partager qui nous confère l'intelligence.Tout être humain refusant d'être informé ou de partager l'information, que ce soit sur le plan personnel ou sur celui du bureau, prend le risque d'être éliminé par la société dans laquelle il évolue. Il en est de même au niveau des nations, en passant par les écosystèmes, les gangs de banlieue, les institutions politiques et les forces armées. Dans une démonstration hallucinante, Howard Bloom montre que ce sont les systèmes d'information qui effectuent la sélection individuelle et qui créent les "chefs". Il affirme "qu'une idée, bien qu'invisible, se comporte comme une personne vivante". Il prouve d'ailleurs, que ce sont les idées qui choisissent les hommes (et non l'inverse) ! Avec son style extraordinaire, Bloom nous révèle les mystères de la sélection et un seul sentiment subsiste après la lecture de ce livre : celui d'avoir percé le véritable secret de la Vie.







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