mercredi, mars 04, 2015

Autorité spirituelle et pouvoir temporel

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La souveraineté du peuple.
Un sénateur milliardaire : « La démocratie (du grec ancien δημοκρατία / dēmokratía), c'est la souveraineté du peuple ! »

Sarkozy et Hollande sont le Pape et l'Empereur de l'UMPS, la ziggourat politique de la corruption qui contrôle depuis des décennies la fausse démocratie mais véritable ploutocratie française.

« Dante, à la fin de son traité De Monarchia, définit d’une façon très nette les attributions respectives du Pape et de l’Empereur ; voici ce passage important :

« L’ineffable Providence de Dieu proposa à l’homme deux fins : la béatitude de cette vie, qui consiste dans l’exercice de la vertu propre et qui est représentée par le Paradis terrestre ; et la béatitude de la vie éternelle, qui consiste à jouir de la vue de Dieu, à quoi la vertu humaine ne peut pas se hausser si elle n’est aidée par la lumière divine, et qui est représentée par le Paradis céleste. A ces deux béatitudes, comme à des conclusions diverses, il faut arriver par des moyens différents ; car à la première nous arrivons par les enseignements philosophiques, pourvu que nous les suivions en agissant selon les vertus morales et intellectuelles ; à la seconde, par les enseignements spirituels, qui dépassent la raison humaine, pourvu que nous les suivions en agissant selon les vertus théologales, la Foi, l’Espérance et la Charité. Ces conclusions et ces moyens, bien qu’ils nous soient enseignés, les uns par la raison humaine qui nous est manifestée tout entière par les philosophes, les autres par l’Esprit-Saint qui nous a révélé la vérité surnaturelle, à nous nécessaire, par les prophètes et les écrivains sacrés, par le Fils de Dieu, Jésus-Christ, coéternel à l’Esprit, et par ses disciples, ces conclusions et ces moyens, la cupidité humaine les ferait abandonner si les hommes, semblables à des chevaux qui vagabondent dans leur bestialité, n’étaient par le frein retenus dans leur route. C’est pourquoi l’homme a eu besoin d’une double direction suivant sa double fin, c’est-à-dire du Souverain Pontife, qui, selon la Révélation, conduirait le genre humain à la vie éternelle, et de l’Empereur, qui, selon les enseignements philosophiques, le dirigerait à la félicité temporelle. Et comme à ce port nul ne pourrait parvenir, ou il n’y parviendrait que très peu de personnes et au prix des pires difficultés, si le genre humain ne pouvait reposer libre dans la tranquillité de la paix, après qu’auraient été apaisés les flots de la cupidité insinuante, c’est à ce but que doit tendre surtout celui qui régit la terre, le prince romain : que dans cette petite habitation des mortels on vive librement en paix ».

Ce texte a besoin d’un certain nombre d’explications pour être parfaitement compris, car il ne faut par s’y laisser tromper : sous un langage d’apparence purement théologique, il renferme des vérités d’un ordre beaucoup plus profond, ce qui est d’ailleurs conforme aux habitudes de son auteur et des organisations initiatiques auxquelles celui-ci était rattaché. D’autre part, il est assez étonnant, remarquons le en passant, que celui qui a écrit ces lignes ait pu être présenté parfois comme un ennemi de la Papauté ; il a sans doute, comme nous le disions plus haut, dénoncé les insuffisances et les imperfections qu’il a pu constater dans l’état de la Papauté à son époque, et en particulier, comme une de leurs conséquences, le recourt trop fréquent à des moyens proprement temporels, donc peu convenables à l’action d’une autorité spirituelle ; mais il a su ne pas imputer à l’institution elle-même les défauts des hommes qui la représentaient passagèrement, ce que ne sait pas toujours faire l’individualisme moderne.

Si l’on se reporte à ce que nous avons déjà expliqué, on verra sans difficulté que la distinction que fait Dante entre les deux fins de l’homme correspond très exactement à celle des « petits mystères » et des « grands mystères », et aussi, par conséquent, à celle de l’« initiation royale » et de l’« initiation sacerdotale ». L’Empereur préside aux « petits mystères », qui concernent le « Paradis terrestre », c’est-à-dire la réalisation de la perfection de l’état humain ; le Souverain Pontife préside aux « grands mystères », qui concernent le « Paradis céleste », c’est-à-dire la réalisation des états supra-humains, reliés ainsi à l’état humain par la fonction « pontificale », entendue en son sens strictement étymologique. L’homme, en tant qu’homme, ne peut évidemment atteindre par lui-même que la première de ces deux fins, qui peut être dite « naturelle », tandis que la seconde est proprement « surnaturelle », puisqu’elle réside au delà du monde manifesté ; cette distinction est donc bien celle de l’ordre « physique » et de l’ordre « métaphysique ». Ici apparaît aussi clairement que possible la concordance de toutes les traditions, qu’elles soient d’Orient ou d’Occident : en définissant comme nous l’avons fait les attributions respectives des Kshatriyas et des Brahmanes, nous étions bien fondé à n’y pas voir seulement quelque chose d’applicable à une certaine forme de civilisation, celle de l’Inde, puisque nous les retrouvons, définies d’une façon rigoureusement identique, dans ce qui fut, avant la déviation moderne, la civilisation traditionnelle du monde occidental.

Dante assigne donc pour fonctions à l’Empereur et au Pape de conduire l’humanité respectivement au « Paradis terrestre » et au « Paradis céleste » ; la première de ces deux fonctions s’accomplit « selon la philosophie », et la seconde « selon la Révélation » ; mais ces termes sont de ceux qui demandent à être expliqués soigneusement. Il va de soi, en effet, que la « philosophie » ne saurait être entendue ici dans son sens ordinaire et « profane », car, s’il en était ainsi, elle serait trop manifestement incapable de jouer le rôle qui lui est assigné ; il faut, pour comprendre ce dont il s’agit réellement, restituer à ce mot de « philosophie » sa signification primitive, celle qu’il avait pour les Pythagoriciens, qui furent les premiers à en faire usage. Comme nous l’avons indiqué ailleurs (« La Crise du Monde moderne »), ce mot, signifiant étymologiquement « amour de la sagesse », désigne tout d’abord une disposition préalable requise pour parvenir à la sagesse, et il peut désigner aussi, par une extension toute naturelle, la recherche qui, naissant de cette disposition même, doit conduire à la véritable connaissance ; ce n’est donc qu’un stade préliminaire et préparatoire, un acheminement vers la sagesse, comme le « Paradis terrestre » est une étape sur la voie qui mène au « Paradis céleste ». Cette « philosophie », ainsi entendue, est ce qu’on pourrait appeler, si l’on veut, la « sagesse humaine », parce qu’elle comprend l’ensemble de toutes les connaissances qui peuvent être atteintes par les seules facultés de l’individu humain, facultés que Dante synthétise dans la raison, parce que c’est par celle-ci que se définit proprement l’homme comme tel ; mais cette « sagesse humaine » précisément parce qu’elle n’est qu’humaine, n’est point la vraie sagesse, qui s’identifie avec la connaissance métaphysique. Cette dernière est essentiellement supra-rationnelle, donc aussi supra-humaine ; et, de même que, à partir du « Paradis terrestre », la voie du « Paradis céleste » quitte la terre pour « salire alle stelle », comme dit Dante, c’est-à-dire pour s’élever aux états supérieurs, que figurent les sphères planétaires et stellaires dans le langage de l’astrologie, et les hiérarchies angéliques dans celui de la théologie, de même, pour la connaissance de tout ce qui dépasse l’état humain, les facultés individuelles deviennent impuissantes, et il faut d’autres moyens : c’est ici qu’intervient la « Révélation », qui est une communication directe des états supérieurs, communication qui, comme nous l’indiquions tout à l’heure, est effectivement établie par le « pontificat ». La possibilité de cette « Révélation » repose sur l’existence de facultés transcendantes par rapport à l’individu : quel que soit le nom qu’on leur donne, qu’on parle par exemple d’« intuition intellectuelle » ou d’« inspiration », c’est toujours la même chose au fond ; le premier de ces deux termes pourra faire penser en un sens aux états « angéliques », qui sont en effet identiques aux états supra-individuels de l’être, et le second évoquera surtout cette action de l’Esprit-Saint à laquelle Dante fait allusion expressément1 ; on pourra dire aussi que ce qui est « inspiration » intérieurement, pour celui qui la reçoit directement, devient « Révélation » extérieurement, pour la collectivité humaine à laquelle elle est transmise par son intermédiaire, dans la mesure où une telle transmission est possible, c’est-à-dire dans la mesure de ce qui est exprimable. Naturellement, nous ne faisons que résumer là très sommairement, et d’une façon peut-être un peu trop simplifiée par là même, un ensemble de considérations qui, si l’on voulait les développer plus complètement, seraient assez complexes et s’écarteraient d’ailleurs beaucoup de notre sujet ; ce que nous venons de dire est en tout cas suffisant pour le but que nous nous proposons présentement. »

René Guénon, « Autorité spirituelle et pouvoir temporel »


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