mardi, février 24, 2015

Trois Traités



Vertou, lundi 23 février 2015


Chers Amis dans le DHARMA,


Composés aux IIe et IIIe siècles de notre ère, le Traité du Milieu de Nâgârjuna, celui des Douze portes (de la doctrine), qui lui est également attribué, et les Cent stances de son disciple et successeur Âryadeva, furent traduits du sanskrit en chinois, entre 404 et 409, sous la direction de Kumâraja. La réunion de ces trois traités donna bientôt naissance, à l'école éponyme : SAN-LUN, donc École des Trois Traités. En 625, un religieux coréen introduisit cette école chinoise au Japon, où elle devait conserver son appellation d'origine : SANRON, en japonais.


Le Traité du milieu de Nâgârjuna inaugure la "Voie médiane" du Madhyamaka, l'un des deux principaux courants du bouddhisme mahâyâna ; Âryadeva jouera aussi un rôle important dans le développement de cette "doctrine". À ce titre, maître et disciple sont respectivement considérés comme le quatorzième et le quinzième Patriarche du chan, avant l'arrivée en Chine, vers 520, de cette école plus connue en Occident sous son nom japonais de zen. Cette forme de bouddhisme gagna l'Empire du Soleil Levant par vagues successives, du VIe au XIIIe siècle - ainsi de la branche Tendaï, adaptation nippone de l'amidisme chinois, que la tradition fait également remonter à Nâgârjuna - et s'est également transmise au Vietnam et en Corée... Mais, de tous les pays d'obédience mahâyâna, c'est peut-être au Tibet que les débats théoriques, portant sur l'interprétation et l'évolution du Madhyamaka proprement dit, furent les plus âpres entre les différentes écoles.


Les Trois Traités s'adressent aussi aux "Anciens", dans la mesure où la plupart des critiques formulées par Nâgârjuna & Âryadeva sont dirigées à leur encontre. Vus sous cet angle, ces textes fondateurs font donc peu ou prou partie du corpus de toutes les traditions bouddhiques de la "Voie du Milieu" en Asie de l'Est. Pourtant, il faudra attendre 1995, pour que paraisse, en France, la première traduction intégrale du Traité du Milieu ; elle est l'oeuvre de Georges DRIESSENS, à partir d'une version en tibétain. Puis, en 2002, paraît, à titre posthume, celle de Guy BUGAULT, sous le titre Stances du milieu par excellence de Nâgârjunâ, qui, elle, est la première version intégrale établie à partir du sanscrit. Enfin, en 2008, à l'occasion d'une visite du Dalaï-lama, qui souhaite en expliciter quelques chapitres, Patrick CARRÉ supervise, en s'appuyant sur une recension tibétaine, l'ultime traduction connue à ce jour des Stances fondamentales de la Voie médiane.


N'étant ni sanscritiste, ni sinologue et encore moins tibétologue, j'ai utilisé le travail de ces vénérables prédécesseurs, de manière à obtenir une nouvelle version débarrassée de tout commentaire (d'abord sous forme manuscrite à mon seul usage), afin de restaurer dans sa pureté originelle : "un usage du langage au summum de son utilisation pour faire surgir L'INTUITION METAPHYSIQUE", selon l'heureuse formulation de mon ami P. S. J'ai également emprunté des "bonheurs d'expression" à des traductions partielles antérieures, toujours en français : un chapitre figurant dans le Traité de l'acte de Vasubandhu traduit par Etienne LAMOTTE (1936) ; Cinq chapitres de la Prasannapadâ, dans l'ouvrage du même titre publié par J.W. De JONG (1949) ; enfin, douze chapitres extraits du Commentaire limpide au Traité du Milieu de Candrakîrti, par Jacques MAY (1959).
 

Ces trois auteurs ayant eu le bon goût de ne pas empiéter sur le domaine défriché par leurs pairs, je disposais donc de quatre versions différentes pour dix-huit des vingt-sept chapitres que comporte le Traité - soit les deux tiers - et de trois traductions récentes pour les neuf restants. Professeur certifié de lettres modernes, en établissant mon propre texte- qui, de fait, tient plus du "démarquage" que du plagiat - j'ai privilégié, dans la mesure du possible, la "leçon" qui m'apparaissait la plus à la portée d'un lecteur contemporain qui, sans être spécialiste de logique en tant que discipline, devra néanmoins - dans l'idéal - entretenir une certaine familiarité avec les notions clés du bouddhisme.
 

À ma connaissance et sauf erreur de ma part, mais vous me direz si je me trompe (?), les deux autres traités n'avaient jamais encore été traduits en français. Pour qu'un public francophone non expert puisse s'en faire une petite idée, je me suis donc rabattu sur deux versions de ces oeuvres dans une traduction anglaise.

Titulaire d'un baccalauréat littéraire, avec anglais comme première langue vivante, j'ai en effet étudié la langue de Shakespeare à un niveau universitaire, durant deux ans en classes préparatoires (lettres supérieures et khâgne à Nantes). Puis, après l'université, j'ai passé une année scolaire en Angleterre, au College of Education de Lancaster, un équivalent de nos I.U.F.M. Enfin, au fil de mes affectations successives, si mon passeport était français, l'anglais m'a souvent servi de visa dans mes relations et mes déplacements. En particulier, pendant six ans (de 1988 à 1994), j'ai dirigé l'Alliance française de Lahore (PAKISTAN), c'est-à-dire aux portes de l'ancien royaume du Gandhara, dont le bouddhisme a vu la naissance du mahayana et influença de manière importante celui d'Extrême-Orient par ses premiers missionnaires et traducteurs actifs, à une porté de voix - ou presque - de l'actuelle Dharamsala. Ainsi, pendant six ans, j'ai utilisé l'anglais au quotidien, dans ma vie professionnelle comme dans des contacts d'ordre privé et puis donc revendiquer une certaine compétence en la matière.


Pour le Traité des douze portes (de la doctrine) j'ai utilisé la traduction du chinois en anglais établie par Hsueh-li CHENG, du Département de philosophie et d'études religieuses à Hilo (Université de HAWAÏ), publiée en 1982 et consultable sur la Toile. J'ai également traduit en français les commentaires des stances qui figurent dans l'ouvrage et sont, eux aussi, traditionnellement attribués à Nâgârjuna en personne. Cette paternité est cependant remise en question, en particulier par le spécialiste Chr. LINDTNER pour qui le traité en question serait dû à un certain "Piṅgala" (= reconstitution d'une forme sanscrite d'après un terme tibétain) qui aurait compilé Traité du milieu et un autre texte de Nâgârjuna, les Soixante-dix vers sur la vacuité, dont sont issus tous ceux qui composent les stances de ces Douze portes de la doctrine, finalement un peu à la manière dont j'en ai cavalièrement usé avec celles des versions françaises du Traité du milieu ! Maintenant, on peut aussi se ranger à l'avis de P. S., pour qui : "Il faut bien que les
universitaires remettent tout en cause. C'est aussi leur travail ! … Sont-ils sur la Voie du Dharma du Buddha? Ce n'est pas certain, alors … Ce qui est important, c'est le contenu Dharmique d'un texte et les textes signés d'un Nâgârjuna sont irréfutables."


Par contre, je n'ai pas touché à l'introduction rédigée par Bimal Krishna MATILAL, ni à la préface de Hsueh-li CHENG lui-même ni à celle d'un commentateur chinois du Ve siècle ou à sa table des matières. J'ai également passé sous silence les COMMENTaireS épars dans le texte, au fil des paragraphes, intrusions signalées par le symbole " ȼ- -" précédant donc les propres compléments d'information du traducteur en anglais qui également, en universitaire scrupuleux, y recense méticuleusement tous les renvois aux emprunts que je viens de signaler. Par contre, quand ils ne présentaient pas - à mes yeux - un caractère trop savants, j'ai intégré à ma traduction en français (en italiques et entre parenthèses) les quelques éclaircissements supplémentaires indispensables à la compréhension, numérotés comme des notes en bas de page, mais que Hsueh-li CHENG, lui, a préféré regrouper à la fin de son texte, les classant alors par chapitres.


Je rappelle que je me situe dans la perspective pédagogique d'un vulgarisateur, soucieux de diffuser des connaissances autant que de partager une émotion, position que je ne saurais mieux formuler que ne l'a fait Georges DRIESSENS avant moi : "Nous ne possédons ni le savoir ni les compétences des savants ayant travaillé sur la philosophie du Milieu. Ce livre est destiné avant tout aux personnes lassées de l'interminable errance dans le cycle, en quête du chemin menant à la plénitude." (préface à L'entrée au milieu - Madhyamakâvatâra - de Chandrakirti,
Editions DHARMA, 1985).


Enfin, en ce qui concerne les Cent stances d'Âryadeva (en fait, seulement la première partie fut traduite par Kumaräjîva qui exclut la seconde comme pas très utile pour ses compatriotes), donc pour les dix premiers chapitres de l'oeuvre complète - chaque chapitre réunissant cinq strophes -, je me suis tourné vers la traduction en anglais figurant parmi les Pre-Diṅnāga Buddhist Texts on Logic, from Chinese sources réunis par Giuseppe TUCCI, dès 1929, et publiés par l'Institut Oriental de Baroda dans l'État du Gujarat, en INDE dont Diṅnāga (480-540) fut un célèbre réformateur fondateur de la nouvelle logique bouddhique, disciple de Vasubandhu, le célèbre demi-frère d'Asanga, natif comme lui de l'actuelle Peshawar (capitale de l'ancienne Province de la Frontière du-Nord-Ouest du PAKISTAN d'aujourd'hui), mais en qui "Il Professore", en rupture avec les traditions chinoise et tibétaine à ce sujet, hésitait quelque peu à voir le mystérieux "Vasu" censé être l'auteur du commentaire qui accompagne les Cent stances, vers après vers, et que j'ai également traduit.


Comme avec Hsueh-li CHENG, j'ai intégré au fil de ma traduction, toujours (en italiques et entre parenthèses), une sélection des quelques notes que Giuseppe TUCCI fournit en annexe, écartant celles s'adressant visiblement à des spécialistes ayant accès aux textes anciens dans leur langue originelle et en mesure d'entreprendre des études comparatistes réservées aux seuls initiés. Le texte est en lui-même assez ardu, par la qualité d'attention qu'il suppose et la gymnastique mentale qu'il impose, pour s'épargner de l'encombrer de ces références supplémentaires qui cautionnent le sérieux du travail d'interprétation entrepris par le chercheur dans l'élaboration de son texte.


Voilà, celui des TROIS TRAITES est prêt, faisant respectivement


- 45 pages pour les Stances racines de la Voie du Milieu de Nâgârjuna ou MADHYAMAKAKĀRIKĀS ;

- 43 pages pour son Traité des douze portes (de la doctrine), DVĀDAŚANIKĀYAŚĀTRA ;

- 72 pages pour les Cent stances d'Âryadeva ou ŚATAŚĀSTRA (prononcer "Shata Shastra").
 

Soit 160 pages au format A4 (recto 21X28) - compter près du double au format poche - qui n'attendent plus qu'un éditeur pour devenir le bréviaire que tout bouddhiste digne de ce nom aura pour compagnon dans ses méditations et amené à tenir désormais lieu de crâne sur la table de chevet des cellules monastiques... C'est dans cette intention que je vous contacte, car il ne me reste plus qu'à corriger les épreuves, qui sont déjà imprimées, pour y supprimer les coquilles, apporter quelques ultimes améliorations au style et vérifier la fidélité du contenu des notes, par exemple, en allant à la Médiathèque de NANTES consulter un dictionnaire sanskrit-français.

Par ailleurs, il y a maintenant près d'un an et demi, afin de m'approprier leur contenu (et même si je les oublie l'un après l'autre après les avoir appris), je me suis lancé la gageure qui consiste à mémoriser, à mon rythme, le contenu des vingt-sept chapitres du Traité du milieu que, dans cette intention, j'ai classé par ordre croissant du nombre de versets (il y en a 448 en tout) ; pour l'instant, j'en suis à 60,5 % mais les cinq ou six chapitres qu'il me reste à couvrir sont bien sûr les plus longs... Or, j'aimerais bien en avoir terminé avant la parution des TROIS TRAITÉS. Ensuite, dès l'obtention d'un accord de principe, je préparerai une courte préface, ne serait-ce que pour rendre hommage aux auteurs dont j'ai utilisé les productions, auxquelles je renverrai pour approfondir ce premier contact avec chacun des TROIS TRAITÉS, et de qui il sera à nouveau question dans une brève notice bibliographique. Pour le reste, les commentaires adjoints aux Douze portes et aux Cent stances apportent a posteriori suffisamment d'éclairage au Traité du milieu pour en baliser l'approche ; une École, dont ils constituent le socle, a même pu s'ériger à partir des échanges que les trois textes réunis entretiennent entre eux, en un fascinant jeu d'échos et de mise en abyme.


Donc cela laisse un peu de temps devant nous... Néanmoins, je souhaiterais savoir à quoi m'en tenir, de manière à me tourner vers les éditeurs spécialisés institutionnels pour leur soumettre ma proposition. Autrement dit, et quelle que soit votre décision, merci de me répondre pour m'indiquer si, oui ou non, vous retenez mon travail en vue de le publier. En cas de refus, les motivations qui ont guidé votre choix m'intéressent également, donc, avis attendu même si négatif plutôt que fin de non recevoir et "Noble" Silence, peu digne de bodhisattvas en herbe.


Sachez aussi que je suis en mesure d'intervenir dans le Centre que vous animez, dans le cadre d'une présentation de Nâgârjuna et de son oeuvre, dont que je suis devenu familier depuis près de cinq ans que je la fréquente d'assez près, elle et ses exégètes (Guy BUGAULT en tête) ; en fait, depuis que le Dalaï Lama a attiré l'attention de son auditoire sur le Traité du Milieu, au terme de la conférence publique prononcée lors de sa venue à Toulouse, en août 2011, prenant bien soin de mettre en garde contre le caractère abrupt de ce traité de logique car, si les paradoxes proprement vertigineux qui s'y déploient avec brio, peuvent effectivement apporter une aide précieuse dans la résolution des kôans les plus abscons, cependant, il faut bien le reconnaître, cela ne se lit pas
comme un roman policier, quoique ?


Dans la limite de mes modestes moyens, je suis donc tout disposé à accompagner dans leur marche d'approche, les quelques téméraires qui voudraient se risquer à gravir les flancs escarpés de l'un ou l'autre des ouvrages qui composent le massif des TROIS TRAITÉS. Je tiens également à leur disposition une version originale en français d'un autre écrit issu de la plume de Nâgârjuna : la VIGRAHAVYĀVARTANĪ que Patrick CARRÉ rend par Réponse aux objections. En effet, dans ce petit ouvrage, qui en est comme le prolongement, le philosophe indien anticipe, sous forme d'un dialogue aux allures socratiques, les critiques que ne manquera pas de formuler tout sophiste à la lecture du copieux manuel de logique Madhyamaka. Ces différentes objections - portant principalement sur l'épistémologie : "les moyens de connaissance juste" - sont exposées en une vingtaine de stances tandis que Nâgârjuna décline sa riposte, répliquant point par point, en une cinquantaine de strophes qui présentent ses contre-arguments. Comme pour le Traité, j'ai élaboré mon propre texte à partir des traductions déjà existantes : deux en français (Susumu YAMAGUCCHI, 1929, et Prajnâmitra, 1982) et quatre en anglais (Giuseppe TUCCI, 1929, Frederick J. STRENG, 1967, Kamaleswar BHATTACHARYA, 1978, et Jan WESTERHOFF, 2010).


Resterait également à en rédiger le commentaire – à partir des quatre versions différentes déjà traduites au brouillon – mais, en attendant de fixer ces étais pour consolider la version écrite* de l'ouvrage, je suis d'ores et déjà prêt à guider de la voix un groupe d'aventuriers décidé à emprunter ce tunnel qui mène droit au coeur de la pensée du Maître indien, à franchir, en quelque sorte cette treizième " Porte " d'accès donnant sur la non-doctrine, c'est-à-dire, ni plus ni moins, à son absence.
 

Je vous quitte, dans l'attente d'une prompte réponse, vous remerciant de votre attention (!) et en vous souhaitant un bon début de semaine (A SUIVRE). Voici mes coordonnées :


moisanjacques@yahoo.fr


* dont la sortie peut attendre l'accueil réservé aux TROIS TRAITÉS "à la source du Zen"...

mardi, février 17, 2015

Les couleurs spirituelles





Stephen Jourdain qualifie ces couleurs de spirituelles, car elles ne relèvent pas du domaine sensoriel, bien qu'elles le gouvernent, leur règne étant universel : « Ces entités qualitatives » habitent « le dedans » et « ce qu'on appelle « le dehors ». Elles habitent « Partout ». 
 
Il ne les voit pas avec ses yeux physiques, mais avec son moi spirituel. Il en parle comme s'il s'agissait d'entités qui lui sont aussi intimes que ses êtres les plus chers mais dont l'identité réelle et la compréhension échappent à l'intelligence humaine : « ne me demandez pas qui elles sont », « je les connais comme je connais mon épouse, mes enfants ». 
 
Ces lumières lui semblent si intimes qu'il hésite à en parler, comme par pudeur, essayant de se justifier comme il peut, sans vraiment convaincre. Il ne voit pas en quoi ces renseignements pourraient nous être utiles et craint de faire des erreurs dans leur interprétation, alors qu'il les considère comme primordiales et qu'il les connaît mieux que sa femme et ses enfants.

Une autre raison de son hésitation est peut-être la peur de choquer son interlocuteur : 

« Je vais vous dire des choses qui vont vous paraître choquantes. Inacceptables. » 
 
ou de se faire passer pour une personne déséquilibrée : 

« Vous allez penser : « Est-il devenu fou ?! » . S'agit-il d'une crise de folie... ?», tant la révélation de leur secret dépasse l'entendement. 
 
Ces couleurs déclenchent des émotions qui dépassent en intensité et en qualité celles que l'on a pu connaître jusqu'alors et élèvent l'être au-dessus du marasme des soucis les plus graves car elles sont ressenties « comme un coup de poignard de joie pure. ». 
 
Ces « mères-couleurs » sont considérées comme des déesses créatrices qui engendrent tout ce qui existe sur les plans matériel et spirituel, qu'elles gouvernent et maintiennent dans leurs états. L'être, la « Conscience », « Esprit » et même l'« Ultime » sont engendrés par ces « matrices » maternelles. Elles sont à l'origine de tout. elles sont premières « A TOUT » et avant tout, au-delà des concepts « elles sont antérieures à l'existence et à l'inexistence ». « Elles sont les mères du Un ».

Les couleurs spirituelles jouent donc un rôle primordial dans l'expérience spirituelle de Stephen Jourdain puisqu'elles sont l'origine et le ciment de tout ce qui existe, y compris l'être auquel elles se sont assimilées car « elles sont l'être ». 
 
Une de leurs fonctions est de permettre à l'être d'accéder à sa véritable nature, de se réaliser. L'Éveil ne s'obtient donc pas par une volonté délibérée de l'individu, mais s'octroie à titre de faveur délivrée par ces médiatrices d'illumination.

Elles sont aussi porteuses de sens. Elles sont appelées « les matrices du sens ». Pour Stephen Jourdain le sens n'est pas le fruit d'une acquisition naturelle, il relève du « miracle » accompli par ces matrices. 
 
Ces couleurs sont tellement essentielles que si elles étaient appelées à se retirer d'une personne, celle-ci mourrait immédiatement. Elles sont donc indispensables, vitales et Stephen Jourdain leur voue un culte dévotionnel. passionnel, « Un amour sans borne, une reconnaissance sans borne, une soumission absolue ».

Cette armée de couleurs significatives se diversifie en fonction de leur tâche à accomplir en une variation de signes créateurs, caractérisés par une couleur spécifique qui leur est propre et pouvant effectuer différents travaux : La couleur qui caractérise le versant de l'éveil correspondant à « une certitude infinie d'être » et coïncide avec la « couleur » - signe « vert-émeraude ». Si cette couleur n'est pas présente « La certitude infinie d'être » n'existe pas; La couleur « rouge-violet » est celle de « l'Imaginaire », elle entrouvre « les portes de la vraie dimension spirituelle ».

Mondes de lumière, transcrit par A.K. Edwards relate l'expérience spirituelle de prisonniers d'opinion incarcérés dans des mines de sel en Sibérie. Éprouvés par des conditions de vie extrêmes, implorant la grâce divine, ils eurent la révélation d'une Voie de Lumière. Dans cet état de conscience modifié, ils y décrivent comme S. Jourdain, un univers de couleurs significatives qualifiées de couleurs-tonalités. La radiation bleue se révèle à leur âme comme la couleur-tonalité créatrice. Bleu est l'essence qui soutient l'être, il est la fondation sous-jacente à toute manifestation. 
 
Un certain type de « « couleur »-signe » accompagne l'être pendant un certain temps, puis lorsqu'une évolution ou un changement doit s'opérer, passe le relais à une autre « « couleur »-signe », afin de mener à bien la mission en cours pour préparer la prochaine étape, une matrice engendre la Conscience, une autre l'Etre, et ainsi de suite pour l'Esprit, la Créature.

Ce lien d'amour qui existe entre la créature et ces couleurs semble les unir pour toujours de façon indéfectible. « Entre l'Impression d'Enfance et ces « couleurs » - signes, il y a continuité, consubstantialité ». Ce lien devient perceptible si l'être retrouve cet esprit de réceptivité et d'ouverture qui caractérise la perméabilité du cerveau de l'enfance et comme nous le rappelle S. Jourdain : « Quand vous étiez enfant, vous vous trouviez près des portes de leur royaume». 
 
Pour retrouver cette sensitivité pré pubertaire, il faut redécouvrir le chemin intérieur qui mène à l'habitat, où résident ces « couleurs spirituelles ». Ainsi, faisant acte d'une présence vigilante, au seuil de leur demeure, leurs radiations colorées finiront par rayonner par l'entrebâillement de la porte de l'esprit où existe un « Irréel Pur (...) l'habitat des « couleurs spirituelles » créatrices ».

Stephen Jourdain part du postulat que l'étendue obscure de l'« en-deçà des yeux » fermés appartient au monde de « l'Imaginaire », c'est-à-dire de « l'Esprit », qui est « de nature METAPHYSIQUE ». C'est donc par une observation attentive avec les yeux invisibles de l'esprit dirigés vers l'amont des paupières closes que l'on accède à cet univers immatériel. Petit à petit, de la surface noire de notre espace mental, se distingueront des anfractuosités et se développeront des formes géométriques. Les matrices de couleurs chatoyantes seront précédées par des « vagues blancheurs » de lumière diffuse ou une « volée de phosphènes », avant de se déployer et se répandre dans l'espace illimité. Ainsi, le lien jusqu'alors invisible avec les « mères-couleurs » aura été rétabli. 
 
Le docteur Francis Lefebure (1916-1988) avait effectué des études très intéressantes sur les phosphènes. Il avait attribué à ces sensations lumineuses subjectives (c'est-à-dire non créées par un rayon lumineux direct), des propriétés énergétiques qu'il pensait être à la base d'expériences parapsychologiques ou les effets concomitants d'une recherche spirituelle. Les lecteurs intéressés par les surprenants résultats de ses travaux pourront les compulser dans ses nombreux ouvrages. 
 
D'autre part certains aspects lumineux de l'expérience spirituelle de Stephen Jourdain ressemblent aux effets obtenus par la pratique du yoga. Dans son livre, Yoga, méthode de réintégration, Alain Daniélou explique que des régions du corps, correspondant à des centres nerveux réels, sont des foyers d'énergie importants qui peuvent être stimulés par des exercices de concentration de l'attention. Lorsqu'ils sont ainsi réveillés, ils se mettent en mouvement et s'éclairent libérant leur énergie. C'est alors qu'ils révèlent leurs couleurs et leurs pouvoirs particuliers.

Il y a une similitude avec les renseignements donnés dans le livre cité ci-dessus et la description que fait Stephen Jourdain concernant le phénomène qui s'est développé au niveau de son plexus solaire. Il parle d'une lumière inconnue qui se développe dans sa poitrine, sous la forme d'une fleur et qui l'envahit jusqu'à l'intérieur de sa tête. Cet éblouissement dépassait son intériorité et inondait le monde extérieur.

Dans le yoga, ce centre d'énergie a pour nom « Le centre du son spontané (anâhata chakra) ». il a une couleur « rouge flamboyant » et ces centres sont aussi représentés sous la forme d'une fleur ...de « lotus ». 
 
La métaphore de l'épanouissement d'une fleur est réutilisée pour décrire l'ouverture d'un « œil immatériel » à l'intérieur de son esprit, associée à l'apparition de ses visions. 
 
Dans le yoga, on le nomme « le centre de commande (âjnâ chakra) » et selon les conseils yoguiques, « en concentrant la pensée sur cette lumière, on atteint très sûrement la suprême réalisation ». 
 


***


vendredi, février 13, 2015

Les aspects de Satan







Poèmes de jeunesse de René Guénon :



Satan, vieil Androgyne ! en Toi je reconnais
Un Satyre d’antan que, bien sûr, je croyais
Défunt depuis longtemps. Hélas ! les morts vont vite !
Mais je vois mon erreur et, puisqu’on m’y invite,
J’avouerai qu’à mes yeux ce terrible Satan
D’une étrange façon rappelle le Dieu Pan.
Effroi des bonnes gens, terreur du Moyen Age !
Sans nul doute, le temps t’a changé quelque peu,
Et cependant tes yeux gardent le même feu.
Tes cornes ont poussé et ta queue est plus longue ;
Mais je te reconnais avec ta face oblongue,
Ton front chauve et ridé (tu dois être si vieux !)
Ta solide mâchoire et ta barbe caprine.
Je te reconnais bien, et pourtant je devine
Qu’il a dû se passer certains événements
Qui ne t’ont point laissé sans peines ni tourments.
Qu’est-il donc arrivé ? Qu’y a-t-il qui t’oblige
A éviter le jour de même qu’une Stryge ?
Ton air s’est assombri, toi déjà si pensif
Qu’on voyait autrefois, solitaire et craintif,
Errer dans la campagne en jouant de la flûte
Ou garder tes troupeaux assis devant ta hutte.
Qui donc t’a déclaré la guerre sans merci ?
Qui donc t’a dénoncé comme notre ennemi ?
Je ne l’aurais pas cru, et tu n’y pensais guère
Lorsque tu méditais paisiblement naguère.
Cela est vrai pourtant, ou du moins on le dit,
Et l’on fait là-dessus maint horrible récit.
Traqué de toutes parts, le pauvre Lucifuge
Au porche de l’église a cherché un refuge.

Il faut bien convenir que tu n’es pas très beau,
Tel que je t’aperçois sur ce vieux chapiteau.
Te voilà devenu la hideuse gargouille
Que quelqu’un, ange ou saint, sous ses pieds écrabouille.
Le chrétien te maudit, et le prédicateur
Te montre à chaque instant pour exciter la peur ;
 
Il te dépeint hurlant, t’agitant dans les flammes,
Et sans cesse occupé à tourmenter les âmes.
L’auditoire frémit, et, tout rempli d’effroi,
Redoute de tomber quelque jour sous ta loi...
Aujourd’hui c’est bien pis, et avec impudence,
Ô comble de disgrâce ! on nie ton existence.
Toi qui épouvantais jadis les plus puissants,
Te voilà devenu un jouet pour enfants !
Quelque vieille dévote, à la piété insigne,
Seule te craint encore et à ton nom se signe.
Moi, je sais qui tu es et je ne te crains pas ;
Je te plains de tout cœur d’être tombé si bas !
Je n’éprouve pour toi ni colère ni haine,
J’implore en ta faveur la Bonté souveraine,
Et j’espère te voir, antique Révolté,
Las enfin et contrit, rentrer dans l’Unité !

II

Satan, roi des Enfers et seigneur de l’Abîme,
Que ton empire est triste en son horreur sublime !
Là tu vis morne et seul ; nul autre que la Mort
N’oserait partager ton lamentable sort.
Si cuisante que soit ta douleur immortelle,

Il doit faire bien froid dans la flamme éternelle !
Ils ont donc menti, ceux qui t’ont dépeint, Satan,
Entouré de ta cour, Béhémoth, Léviathan,
Baal-Zéboub, Moloch, Astaroth, Asmodée,
 
Une suite nombreuse et richement parée !
Ce faste convient peu à toi dont la souffrance
Est sans bornes et sans fin, le désespoir immense!
Ton orgueil insensé, tu dois le regretter,
O toi qui à Dieu même as voulu t’égaler !
Ne savais-tu donc pas, quoi qu'il puisse paraître,
Que l’Absolu n’est rien, que l’Etre est le Non-Etre ?
Quoi ! ignorais-tu donc que le haut, c’est le bas ?
Car Dieu est l’Infini, I1 est tout et n’est pas !
Hélas! Tu as payé bien cher ton imprudence,
Et tu as reconnu trop tard ton impuissance !
Tout est-il donc fini ? et faut-il que toujours
Tu passes dans l’Abîme et les nuits et les jours ?
Non! ce n’est pas possible, et ton sort doit quand même
Toucher un jour le cœur de la Bonté suprême !
Ne désespère pas : un jour viendra enfin
Où, après si longtemps, ton tourment prendra fin,
Et alors, délivré de ton sombre royaume,
Tu pourras contempler la clarté du Plérôme !

Ô antique serpent, Nahash que connut bien
Moïse, qui se tut et jamais n’en dit rien,
D’où viens-tu ? Nul ne sait ! Qui es-tu ? Un mystère !
Jadis les Templiers t’appelaient notre Père ;
Pourquoi donc ? Je l’ignore ! Et qu’importe, après tout,
A moi qui ne suis rien, perdu dans le grand Tout ?


René Guénon



Note :

Deux cahiers d’écolier tenus par une cordelette rouge tressée contenaient l’un une ébauche de roman La Frontière de l’Autre Monde, l’autre neuf poèmes dont voici les titres : Le Vaisseau fantôme, La Maison hantée, Baal Zeboub, La Grande Ombre noire, La Haute Chasse, Litanies du Dieu noir, Samaël, Les Aspects de Satan, Satan-Panthée. (Source : René Guénon, Les Cahiers de l'Herne)



jeudi, février 05, 2015

Sagesse amérindienne




Aigle Blanc disait :

« Les Indiens d'Amérique sont une ancienne civilisation, et leurs perspectives en ces temps anciens étaient tout à fait différentes de celle de nos contemporains. Je leur ai enseigné à percevoir le monde en tant qu'Un Organisme Entier. J'ai enseigné aux personnes à respecter chaque vie, leur ai enseigné à vivre et à agir parfaitement sur la Terre, ne dérangeant pas l'harmonie, l'équilibre et la beauté de l'environnement. Depuis son enfance, un indien apprenait à écouter afin de comprendre le monde autour de lui — le Soleil, les étoiles, le vent, la forêt, les rivières, les lacs et les animaux... Les Indiens ont appris à suivre les lois de la nature dans leur vie ; ils ont compris qu'en violant ces lois on cause de la douleur inutile à la vie.

Contrairement aux Européens modernes, ils ne se sont pas « emprisonnés » eux-mêmes dans des maisons en pierre, n'étaient pas « enchaîné » par des dogmes au sujet de la structure du monde. Les Indiens estimaient qu'ils étaient une partie intégrale de la nature ; leur maison était la forêt illimitée, les montagnes rocheuses, les lacs bleus et les chutes d'eau. L'état de fusion avec la nature était très naturel pour eux.

Traversant une rivière sur une pirogue, marchant sur des sentiers en forêt, les Indiens se sentaient un avec le vent, l'eau, les montagnes, les oiseaux... Depuis le jeune âge, ils savaient que le corps n'était qu'un petit fragment dans le monde de la matière, qu'il n'était pas plus important que les pins se balançant dans le vent, que les nuages flottants dans le ciel, que les écureuils gambadant dans les arbres ou des poissons nageant dans les eaux. »


Identité et chamanisme des Sioux

Coup de gueule d'une femme sioux

Il est interdit de se faire indien

Génocide des Indiens

La plante qui fait les yeux émerveillés

Révélations d'un chef Lakota

Silence et solitude chez les Indiens




mardi, février 03, 2015

L’homme véritable d'après René Guénon


par ZHOU BIN

« On sait que l’idée de l’Homme Universel est empruntée à l’islam, et que René Guénon l’emploie dans la métaphysique hindoue. Or, les équivalents de l’Homme Universel dans le cadre de la métaphysique chinoise, ce sont, d’après René Guénon, l’homme véritable et l’homme transcendant. En effet, les chinois ne font pas de différence entre les deux, ce qui est montré dans Tchouang-tseu, dont René Guénon les a tirés.

D’après René Guénon, « l’homme véritable est considéré comme l’homme réellement normal, parce qu’il possède vraiment la plénitude de la nature humaine, [---], il est parfaitement équilibré sous le rapport du yang et du yin », « il est yang par rapport au cosmos ; c’est ainsi seulement qu’il peut remplir d’une façon effective le rôle ‘central’ qui lui appartient en tant qu’homme ». « L’homme véritable est aussi l’homme primordial, c’est-à-dire que sa nature est celle qui était naturelle à l’humanité à ses origines, et dont elle s’est éloignée peu à peu, au cours de son cycle terrestre, pour en arriver jusqu’à l’état où est actuellement ce que nous avons appelé l’homme ordinaire, et qui n’est proprement que l’homme déchu. Cette déchéance spirituelle qui entraîne en même temps un déséquilibre sous le rapport du yang et du yin, peut être décrite comme un éloignement graduel du centre où se situait l’homme primordial ; un être est d’autant moins yang et d’autant plus yin qu’il est plus éloigné du centre, car, dans la même mesure précisément, l’extérieur l’emporte en lui sur l’intérieur ». En d’autres termes, c’est un être qui possède moins d’éléments solaires que d’éléments lunaires, c’est un être lunaire, c’est tout à fait ce qui convient à des personnages romanesques de Raymond Queneau, par exemple : Pierrot. Et sa restauration de l’état primordial consiste à retrouver ses éléments solaires, c’est-à-dire à fréquenter Mounnezergues, comme le confirme René Guénon : « la restauration de l’état primordial, l’homme est ramené de la condition ‘décentrée’ à la situation centrale qui doit normalement lui appartenir, et rétabli dans toutes les prérogatives inhérentes à cette situation centrale », et « c’est qu’un être tel que l’homme, en tant que ‘microcosme’, doit nécessairement participer des ‘trois mondes’, et avoir en lui des éléments qui leur correspondent respectivement », il cherche donc ce qui lui manque. Et cette action de chercher ne s’effectue qu’à partir de lui-même en tant qu’élément actif : « cette nature individuelle, en effet, procède d’abord de ce que l’être est en lui-même, et qui représente son côté intérieur et actif, et ensuite, secondairement, de l’ensemble des influences du milieu dans lequel il se manifeste, qui représentent son côté extérieur et passif » . Avec cette citation, on a une idée très claire de la position centrale que l’homme prend dans l’univers qui l’entoure, et surtout quand il atteint la réalisation : « l’être se manifestera donc en se revêtant, pour ainsi dire, d’éléments empruntés à l’ambiance, et dont la ‘cristallisation’ sera déterminée par l’action, sur cette ambiance, de sa propre nature interne » , et les éléments tirés de l’ambiance sont utilisés dans la constitution de l’individualité humaine. Une fois cet échange établi, « leur communication (entre le Ciel, la Terre et l’homme) ne pourra s’établir que suivant l’axe qui relie entre eux les centres de tous les états d’existence, en multitude indéfinie, dont l’ensemble hiérarchisé constitue la manifestation universelle, et qui s’étend ainsi d’un pôle à l’autre, c’est-à-dire précisément du Ciel à la Terre ». Et « ce centre, qui est proprement l’Invariable Milieu, est par là même le point unique où s’opère, dans cet état, l’union des influences célestes et des influences terrestres », et qui est le seul lieu « où est possible une communication directe avec les autres états d’existence ». L’homme véritable est celui qui est identique à ce centre où s’opère l’union du Ciel et de la Terre.




L’homme transcendant

L’homme transcendant est celui qui dépasse toutes les conditions limitatives de l’humanité et parvient à s’identifier à l’Homme Universel, en ce sens, l’homme véritable est celui dans lequel se cache virtuellement l’Homme Universel, en revanche, l’homme transcendant est celui qui est l’Homme Universel réellement : « l’homme est parfois assimilé au rayon de la ‘roue cosmique’, dont le centre et la circonférence correspondent respectivement au Ciel et à la Terre. L’homme véritable est proprement la ‘mesure de toutes choses’ en ce monde, et de même l’Homme Universel l’est pour l’intégralité de la manifestation ; [--- ]; la Croix formée par les deux diamètres rectangulaires, et qui équivaut d’une certaine façon à l’ensemble de tous les rayons de la circonférence, c’est le symbole de l’Homme Universel ». Et l’Homme Universel se présente comme le peint Léonard de Vinci, les mains et les pieds à la circonférence alors que le cœur se localise dans le cœur de l’univers : « on doit donc se représenter l’Homme, assimilé au rayon de la roue, comme ayant les pieds sur la circonférence et la tête touchant le centre ; et en effet, dans le ‘microcosme’, on peut dire que sous tous ces rapports, les pieds sont en correspondance avec la Terre et la tête avec le Ciel ».

D’autre part, la différence entre l’homme véritable et l’homme transcendant, d’après René Guénon, peut se comprendre également ainsi : « le centre de l’état humain peut être représenté comme le pôle terrestre (donc, l’homme véritable), et celui de l’Univers total comme le pôle céleste (donc, l’homme transcendant) ; le pôle terrestre est comme le reflet du pôle céleste, ces deux pôles sont joints l’un à l’autre par l’Axe du Monde, suivant la direction duquel s’exerce cette Activité du Ciel ». Mais, pour nous celui qui est parvenu à l’état de l’homme véritable a atteint en même temps l’état de l’homme transcendant. »

Extrait de la thèse de Bin Zhou « Raymond Queneau vers la construction du centre spirituel : Raymond Queneau lu à la lumière de René Guénon ».

Le 5 Décembre 1921, Raymond Queneau fait sa première rencontre avec René Guénon : « j’étudie Guénon (philosophie hindoue) et Leibniz. Guénon m’a profondément étonné ». Plusieurs jours plus tard, il avoue que « je crois que je comprends mieux Leibniz maintenant que j’ai sur la métaphysique des idées plus précises grâce à René Guénon ».

Depuis cette rencontre, Raymond Queneau devient un lecteur des plus dévoués de René Guénon. Il lit « l’Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues », dès sa publication en 1921. Et selon Michel Lécureur, auteur biographique de Raymond Queneau, « de 1922 à 1927, il (Raymond Queneau) relit cinq fois « l’Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues », « le Théosophisme, histoire d’une pseudo-religion et l’Erreur spirite » ; trois fois « Orient et Occident » ; deux fois L’Homme et son devenir selon le Vedânta ». Il s’attaque aussi assidûment aux articles parus dans la revue « le Voile d’Isis » dont René Guénon est un contributeur régulier. 



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