« Les
Protocoles identifient la force agissante du Nouvel Ordre Mondial à
un groupe puissant de dirigeants Juifs extrêmement chauvins,
manipulateurs et dominateurs. Ces dirigeants – selon les Protocoles
toujours – méprisent les membres ordinaires de la communauté
[juive] ; ils
se servent de l’antisémitisme comme d’un moyen qui leur permet
de conserver en esclavage leurs « frères mineurs », les gens du
peuple, d’origine juive. »
Les Protocoles de « l’Anonyme »
par
Israël Shamir
Dans
cette essai, nous nous efforcerons de trouver pourquoi les "Protocoles
des Sages de Sion" refusent obstinément de disparaître.
Nous
nous garderons soigneusement d’aborder la fameuse question : « qui
les a écrits ? »
Leur
réel auteur reste inconnu, et il est difficile d’imaginer cette
personne, car les Protocoles sont un palimpseste littéraire. Dans
les temps anciens, un scribe écrivait généralement son texte sur
un morceau de vieux parchemin, et pour ce faire, il effaçait,
auparavant, un texte déjà écrit sur ce même parchemin.
L’effacement était rarement total, et un lecteur pouvait se voir
gratifier d’une version intégrale de l’Ane d’Or lorsqu’il
voulait lire les Fioretti de Saint-François d’Assise. Dans les
Protocoles, il y a des couches de vieilles histoires, et même
d’histoires très anciennes, et cela interdit toute quête
raisonnable d’en trouver l’auteur avec quelque certitude.
En
réalité, si nous savions que les Protocoles comportent
effectivement un brouillon des écrits de certaines élites juives,
nous tiendrions notre réponse. Mais les Protocoles ont été publiés
à la fin du dix-neuvième, sous la forme de texte « découvert »,
comme un texte apocryphe. Ils sont devenus un énorme best seller et
le sont toujours aujourd’hui, bien que dans certains pays (en
particulier en Union soviétique) le simple fait d’en posséder une
copie était passible de la peine de mort.
L’auteur
Anonyme des Protocoles décrit un plan magistral pour une vaste
restructuration de la société, créant une nouvelle oligarchie et
entraînant l’assujettissement de millions d’êtres humains. Le
résultat final n’est pas très éloigné de celui décrit dans un
texte contemporain, "The Iron Heel" (le Talon d’Acier), de Jack
London. Toutefois, London envisageait un grand coup, très dur,
tandis que la manière dont l’Anonyme (l’auteur des Protocoles,
dans la suite du texte) voit l’assujettissement s’accomplir nous
entraîne dans des manipulations à la Machiavel et à un contrôle
des âmes à la mode orwellienne de « 1984 ». (L’hommage
rendu par Orwell aux Protocoles est beaucoup plus frappant qu’on ne
le relève généralement).
La difficulté des
Protocoles réside dans une dissonance étrange entre leur langage
imprudent et leur profonde pensée religieuse et sociale. « C’est
un compte-rendu parodique d’un plan satanique, subtil et très bien
conçu, écrit le Prix Nobel de littérature Alexandre Soljenitsyne
dans son analyse des Protocoles, écrite en 1966 et publiée
seulement en 2001 :
« Les Protocoles exposent
le plan d’un (nouveau) système social. Son dessein se situe bien
au-dessus des capacités d’une âme ordinaire, y compris celle de
son auteur. Il s’agit d’un processus dynamique en deux étapes,
de déstabilisation, d’augmentation des libertés et du
libéralisme, qui trouve son apogée dans un cataclysme social, au
premier stade ; la seconde étape voyant se mettre en place une
nouvelle hiérarchisation de la société. Ce qui est décrit est
plus complexe qu’une bombe nucléaire. Il pourrait s’agir d’un
plan volé et gauchi, formé par un esprit de génie. Son style
putride de brochure antisémite en obscurci(rai)t
(intentionnellement) la grande force de pensée et la vision
pénétrante ».
Soljénitsine
est conscient des failles des Protocoles. « Leur style est celui
d’un mauvais pamphlet, la puissante ligne de pensée est brisée,
fragmentée, mêlée d’incantations nauséabondes et de grossières
maladresses psychologiques. Le système qui y est décrit n’est pas
nécessairement relatif aux Juifs ; il pourrait s’agir d’un
système purement maçonnique, ou autre ; en même temps, son
orientation fortement antisémite n’est nullement une composante
fondamentale du projet [qui y est décrit] ».
Soljenitsyne procède à une
expérimentation textuelle : il supprime les mots « Juifs », «
Goyim » et « conspiration », et il aboutit à nombre d’idées
dérangeantes. Il conclut : « Le texte démontre une clarté de
vision impressionnante en ce qui concerne les deux systèmes
sociétaux : le système occidental et le système soviétique. Si un
puissant penseur, en 1901, pouvait prédire le développement de
l’Occident avec quelque vraisemblance, comment aurait-il pu
entrevoir le futur soviétique ? »
Soljenitsyne
a bravé le régime soviétique, il a osé écrire et publier son
mammouth, l’Archipel
du Goulag,
implacable condamnation de la répression soviétique, et pourtant,
même lui, il a calé : il n’a pas publié sa recherche sur les
Protocoles. Il a demandé que cette étude ne soit publiée qu’après
sa mort. C’est contre sa volonté qu’elle fut imprimée en un
nombre très réduit d’exemplaires, en 2001. Suivons le
développement de la pensée de Soljenitsyne et
plongeons le regard dans la boule de cristal des Protocoles, tout en
écartant pour le moment leur « ligne juive » et en nous
concentrant sur l’idée de la création d’un nouveau système,
pas nécessairement dominé par les Juifs, donc. Le plan-maître
commence par la reconstruction de l’esprit humain :
« Les esprits des gens
doivent être détournés (de la contemplation) vers l’industrie et
le commerce : dès lors, (les gens) n’auront plus le temps de
penser. Les gens se consumeront à la poursuite de l’argent. Ce
sera une poursuite vaine, car nous bâtirons l’industrie sur une
base spéculative : les richesses tirées de la terre par l’industrie
glisseront entre les mains des travailleurs et des industriels et se
retrouveront entre celles des financiers.
« La lutte – intensifiée
– pour la survie et la supériorité, accompagnée de crises et de
chocs, créera des communautés froides et sans cœur, avec une forte
aversion envers la religion. Leur seul guide sera celui de Mammon,
auquel ils voueront un véritable culte ».
Le caractère visionnaire
d’Anonyme est époustouflant : aux jours de la publication des
Protocoles, l’Homme était encore la mesure des choses, et il
faudra que quatre-vingts ans se passent, avant que Milton Friedman et
son Ecole de Chicago n’intronisent les dieux Marché et Profit en
seuls flambeaux guidant le Monde.
L’outil pour
l’asservissement des esprits, ce sont les médias, écrit
l’Anonyme. « Il est une puissante force qui crée le mouvement de
la pensée, dans le peuple : cette force, ce sont les journaux. C’est
dans les journaux que le triomphe de la liberté de parole trouve son
incarnation. Au moyen de la Presse nous avons conquis le pouvoir
d’influencer les esprits tout en demeurant inaperçus. Nous
éradiquerons de la mémoire des Hommes les faits historiques dont
nous ne désirons pas qu’ils les connaissent, et nous ne laisserons
perdurer que ceux qui nous conviennent. »
Des
années s’écouleront, depuis la publication (de ces Protocoles)
avant qu’un petit groupe de personnes qui contrôlent notre
discours tout en demeurant dans l’ombre, les seigneurs des médias,
n’émergent de l’ombre. La libre contestation des barons des
médias, Berlusconi et Black, Maxwell et Suzberger, Gusinsky et
Zuckerman, est bannie des médias qu’ils possèdent, tandis que
leur affinité coopérative demeure impressionnante. La liberté de
parole survit là où des médias indépendants (des magnats des
médias) existent encore. Il y a cent ans, cette force était bien
plus faible que de nos jours, et il est étonnant que l’Anonyme en
ait reconnu les virtualités.
Un siècle avant l’avènement
de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, les
Protocoles notaient que les prêts sont le meilleur moyen pour
déposséder des pays de leurs richesses ; que les marchés
financiers, avec leurs multiples produits dérivés, ponctionnent la
richesse et l’accumulent entre les mains des prêtres de Mammon ;
que le gain (« les forces du marché ») est la seule mesure du
succès de toute stratégie. Oui, l’intérêt des Protocoles n’a
pas disparu : en effet, le plan qui y est décrit, consistant à
instaurer un régime oligarchique (non nécessairement juif) est en
train d’être mis en vigueur, en temps réel ; cela s’appelle le
Nouvel Ordre Mondial.
On qualifie parfois les
Protocoles de pamphlet d’extrême-droite. Toutefois, il expose
largement le discours de gauche autant que le discours de droite. Un
écrivain de droite bénirait le renforcement de la Loi et de
l’Ordre, mais la prédiction suivante de l’Anonyme pourrait être
écrite, de nos jours, par un libertaire de gauche, comme par exemple
Noam Chomsky, témoin de l’actuelle transition vers le Nouvel Ordre
Mondial : « La course aux armements et le renforcement des forces
répressives amèneront à une société dans laquelle coexisteront
les masses – énormes – du prolétariat, quelques millionnaires
et beaucoup de policiers et de militaires. »
Toutefois, la pensée la
plus pénétrante de l’Anonyme se situe dans la sphère spirituelle
:
« La Liberté pourrait être
inoffensive et trouver sa place dans l’économie de l’Etat sans
porter atteinte au bien-être du peuple, pour peu qu’elle reste
cantonnée à la foi fondamentale en Dieu, bien supérieure et
excluant la foi en la Fraternité humaine. C’est la raison pour
laquelle il est indispensable, pour nous, de saper toute foi,
d’extirper des esprits des gens le principe divin lui-même et
l’Esprit, et de le remplacer par les calculs arithmétiques et les
besoins matériels. »
L’Anonyme établit un
rapport entre la Foi et l’idée de Fraternité humaine. Saper la
Foi ruine la Fraternité. La Liberté, d’état d’esprit désirable
et beau, se mue en tendance destructrice lorsqu’elle est
déconnectée de la Foi. En lieu et place de la Foi, l’Ennemi
propose l’adoration de Mammon.
Lorsque
nous lisons, aujourd’hui, les philippiques de l’International
Herald Tribune (16.11.2002) contre les prêtres et les sœurs
homosexuels, on ne peut que se souvenir de ce passage des Protocoles
: « Nous avons pris soin de discréditer les prélats catholiques et
de ruiner leur mission, qui pourrait faire obstacle à la réalisation
de nos plans. De jour en jour, leur influence sur les gens du peuple
tombe plus bas. L’effondrement final de la chrétienté est proche.
»
Nous sommes témoins de la
mise en application de ce plan : la religion est déconsidérée, le
néolibéralisme (culte de Mammon) la remplace, tandis qu’avec la
déstabilisation du socialisme, nous assistons à l’effondrement
d’une tentative courageuse de fraternité non fondée sur la
religion, qui laisse un énorme vide idéologique.
Cette observation a fait
pousser les hauts cris à certains de mes lecteurs : « Le véritable
planificateur du plan-Maître est notre vieil ennemi, le Prince de
l’Univers (Satan), dont le but ultime est l’élimination de la
Présence Divine et la perdition de l’Homme ». C’est vrai, mais
le Prince de l’Univers ne peut agir directement. Il a besoin
d’agents libres de leurs mouvements, qui choisissent d’accepter
son projet. Ces agents indispensables et leurs alliés probables,
d’après le pamphlet, sont les capitalistes financiers et les
Maîtres du Discours, qui en sont « l’Esprit ».
Ils promeuvent aux plus
hautes destinées des « politiciens qui, en cas de désobéissance à
nos instructions, devront faire face à des charges criminelles ou
devront disparaître. Nous arrangerons les élections en faveur de
candidats dont le passé est entaché de sombres méfaits, encore
cachés. Ceux-là seront pour nous des agents à la fidélité à
toute épreuve, par crainte d’être démasqués. » Voilà qui nous
semble familier, à nous, les contemporains du Watergate et de Monika
Lewinsky…
« L’aristocratie tirait
profit du travail des ouvriers, et elle était intéressée à les
voir bien nourris, en bonne santé, et forts. Le peuple a anéanti
l’aristocratie, et il est tombé entre les griffes d’impitoyables
scélérats brasseurs de fric. »
En des termes moins
émotionnels, la nouvelle bourgeoisie a écarté les vieilles élites,
avec le soutien du peuple, tout en promettant la liberté et en
critiquant leurs privilèges. Après sa victoire, elle s’arrogea
les privilèges (de l’aristocratie) pour elle-même, et s’avéra
aussi mauvaise (sinon pire) pour le peuple que les seigneurs féodaux.
Marx fit allusion à cette plainte émanant de l’aristocratie dans
l’un des nombreux addenda au Manifeste Communiste, en la
considérant futile, bien que partiellement justifiée. Toutefois, il
ne vécut pas assez longtemps pour assister à un processus
similaire, qui se produisit durant les derniers jours de l’Union
soviétique. La nouvelle bourgeoisie naissante prit le contrôle du
discours, convainquit le peuple de la nécessité de combattre les
privilèges de la Nomenklatura, en vue de la liberté et de
l’égalité. Après sa victoire, elle s’arrogea ces privilèges,
qu’elle multiplia, rejetant aux oubliettes égalité et liberté.
Les
Protocoles prédisent l’apogée de la Nouvelle Bourgeoisie –
l’apogée des adorateurs de Mammon, partisans de la mondialisation,
viscéralement hostiles aux Anciennes Elites, à l’Esprit, à la
religion, aux gens ordinaires. Durant très longtemps, ils furent les
moteurs de la gauche, des mouvements aspirant à la démocratie :
jusqu’à ce que leur objectif soit atteint - après quoi, ils
négocièrent leur grand virage en épingle à cheveux, direction :
l’oligarchie.
Le gradient de ce virage
radical peut se mesurer à l’aune des taux d’imposition sur les
transmissions et les propriétés foncières en Angleterre : tandis
que la bourgeoisie financière et les Maîtres du Discours
combattaient les anciennes classes dirigeantes, les taux étaient
élevés – ils finirent par en démanteler le pouvoir ; après la
victoire (de la bourgeoisie), les taux baissèrent, permettant la
consolidation des nouvelles classes dirigeantes. Il est fort possible
que l’Ordre Ancien ait eu lui aussi quelques avantages. C’est une
quasi certitude : la transition à partir de l’Ordre Ancien aurait
pu être différente si les gens du peuple avaient eu conscience des
intentions de l’ennemi. Mais le cours de l’histoire ne saurait
être inversé, et il est complètement inutile de rêver au retour
des bons et généreux seigneurs et des chefs de Parti dévoués.
Ainsi, on le voit, les
Protocoles (expurgés de toute référence aux Juifs et aux
conspirations) sont utiles, en ceci qu’ils décrivent le plan du
Nouvel Ordre Mondial, aidant ses adversaires à tracer une stratégie
défensive contre les desseins de l’Ennemi. Mais les références
aux Juifs n’en constituent pas moins une partie non négligeable -
et donc importante – de ce texte.
Les Juifs et les Protocoles
Les Protocoles identifient
la force agissante du Nouvel Ordre Mondial à un groupe puissant de
dirigeants Juifs extrêmement chauvins, manipulateurs et dominateurs.
Ces dirigeants – selon les Protocoles toujours – méprisent les
membres ordinaires de la communauté [juive] ; ils se servent de
l’antisémitisme comme d’un moyen qui leur permet de conserver en
esclavage leurs « frères mineurs », les gens du peuple, d’origine
juive. Les dirigeants (juifs) sont décrits comme des psychopathes
détestant les goyim, voués à la destruction de la culture et des
traditions des autres nations, tout en préservant soigneusement les
leurs propres. Leur objectif est de créer un gouvernement mondial
leur permettant un monde homogénéisé et globalisé.
Leurs
objectifs et intentions sont exprimés en des termes extrêmement
antithétiques et péjoratifs. Soljenitsyne en conclut qu’aucune
personne sensée ne présenterait ses idées favorites d’une
manière aussi avilissante et aussi vouée à l’échec. « Nous
extrayons l’or de leur sang et de leurs larmes », «
notre pouvoir est fondé sur la faim des travailleurs », « nos
instruments humains sont les révolutionnaires », « les esprits
grossiers des Goyim » sont, pour Soljenitsyne, des propos assignés
aux Juifs par leurs ennemis. Un Juif préférerait exprimer de telles
idées de manière biaisée, pensait-il.
Cet argument ne tient pas la
route. Certaines personnes, certes, s’expriment indirectement, mais
d’autres sont très directes, dans leurs propos. Un Arménien de
Bakou, la capitale de l’Azerbaïdjan, m’avait dit il y a bien
longtemps – c’était en 1988 – « Les Azéris sont nos bestiaux
; sans notre intelligence, à nous les Arméniens, leur pays
s’effondrerait en l’espace de quelques jours – ce ne sont que
des ânes bâtés ». (Quelques mois plus tard, une explosion de
violence des indigènes azéris chassa d’Azerbaïdjan les Arméniens
– tellement intelligents – et, depuis lors, les Azéris s’en
tirent remarquablement bien tout seuls : merci pour eux !)
David
Ben Gourion, le premier dirigeant de l’Etat juif, avait frappé du
coin de son indicible arrogance une maxime du même acabit : « Ce
que disent les Goyim, qui s’en préoccupe ? Seul importe ce que les
Juifs font ! » Cette phrase, on la dirait directement extraite des "Protocoles des Sages de Sion"…
Les Protocoles font dire aux
Sages : « Chaque victime juive, aux yeux de Dieu, vaut un millier de
Goyim ». Cette phrase, quintessence de l’arrogance, n’est pas la
vaine invention d’un antisémite. Deux ministres du gouvernement
Sharon, Uri Landau et Ivet Lieberman, ont demandé qu’un millier de
goyim palestiniens soient tués pour chaque victime juive. Un
extrémiste juif, lors d’une manifestation pour la reconstruction
du Temple Juif sur le Mont du Temple a appelé chaque Juif à tuer un
millier de Goyim palestiniens. Apparemment, certaines idées des
Protocoles ne semblent pas étrangères à certains Juifs…
Le
regretté penseur israélien Israël Shahak et l’écrivain juif
américain Norton Mezvinsky citent, dans leur ouvrage commun Jewish
Fundamentalism in Israël une pléthore de propos de rabbins qui
ne dépareraient pas les Protocoles. « La différence entre une âme
juive et les âmes de non-Juifs est plus grande et plus profonde que
celle qui existe entre l’âme humaine et celle des bestiaux ».
Shahak et Mezvinsky ont
montré que la haine des Juifs chauvins n’établit pas de distinguo
entre Palestiniens, Arabes et Goyim en général. En d’autres
termes, tout ce qui a pu arriver aux Palestiniens peut très bien
arriver demain à toute communauté de Gentils qui viendrait à se
trouver en travers du chemin des Juifs.
En fait, si les Protocoles
n’avaient aucun lien avec la réalité, ils n’auraient pas la
popularité qui est la leur. Les Juifs sont suffisamment puissants
pour rêver de domination, et certains le font. Apparemment,
certaines idées juives ont trouvé place dans ce texte. D’autres
pensées sont attribuées aux Juifs sur la base du « qui bono » [à
qui profite le crime ? ].
L’idée sans doute la
moins acceptable des Protocoles est la supposition qu’une
conspiration extrêmement ancienne de Juifs a pour but de s’emparer
du pouvoir sur le monde entier. Une opinion philo-sémite extrême
dénie aux Juifs leur capacité à agir ensemble et les présente
comme des individus très sur leur quant-à-soi, qui ne s’unissent
que pour prier. Cette opinion n’est pas celle des Juifs, et elle
contredit le sens commun.
Soljenitsyne ne croit pas à
l’existence des Sages de Sion, bien que « le rassemblement et la
coordination d’activités juives en vue de leur promotion ait pu
amener de nombreux auteurs (à commencer par Cicéron) à imaginer
qu’il puisse exister un centre unique de commandement qui coordonne
leurs offensives. » « Sans un tel centre mondial, sans
conspiration, les Juifs se comprennent entre eux, et ils sont
capables de coordonner leurs actions. »
Les
Juifs sont certes parfaitement capables de coordonner leurs actions,
mais je doute que des êtres humains, qu’ils soient juifs ou
anglais, russes ou chinois, soient capables de former des plans à
l’échelle mondiale valables durant plusieurs siècles et sur
plusieurs continents. Personne n’a jamais pu prouver qu’un tel
complot existât. Généralement, les « antisémites » (les gens
qui mettent en doute, ou dénient, la bienveillance intrinsèque des
Juifs vis-à-vis de la société des Gentils) plaident en faveur de
l’authenticité des Protocoles, comme le fit Henry Ford. Ce roi de
l’automobile a en effet déclaré : « le seul jugement que je
porterai, sur les Protocoles, c’est qu’ils s’appliquent
parfaitement à ce qui est en train de se passer. » En effet, « ils
collent point pour point à la réalité », s’exclama quant à
lui, Victor Marsden, traducteur des Protocoles du russe vers
l’anglais…
Toutefois, cela ne prouve en
rien qu’un quelconque complot juif existe bien. Nous pouvons
parvenir aux mêmes résultats en écartant radicalement
l’interprétation par le complot, en appliquant le concept
d’intérêt propre à la communauté juive existante, telle qu’elle
a été remarquablement décrite par Shahak-Mezvinsky. Nous allons
démontrer que le concept de la Main Cachée ou des Sages de Sion est
superflu et inutile.
La communauté juive
traditionnelle avait une structure de « pyramide renversée »,
d’après l’expression même des théoriciens sionistes : elle
comportait beaucoup de gens aisés, cultivés et dirigeants, et très
peu d’ouvriers. Cela ne surprendra pas, si l’on sait que les
sionistes considèrent, artificiellement, que les Juifs sont divorcés
de la société dans laquelle ils vivent. La « pyramide inversée »
des Juifs ne pouvait pas exister sans une pyramide, bien à l’endroit
sur sa base, quant à elle, des Gentils des classes inférieures. Les
Juifs sont en compétition avec les élites indigènes des sociétés
des Gentils, pour l’acquisition du droit à exploiter les
travailleurs et les paysans Gentils. Le modus operandi des deux
compétiteurs diffère. Tandis que les élites indigènes
partageaient certaines valeurs avec leurs classes inférieures et
garantissaient généralement une certaine mobilité permettant
l’ascension sociale, la communauté juive avait sa propre structure
et ses propres valeurs.
Economiquement, elle était
en faveur de l’exploitation capitaliste ou pré-capitaliste des
indigènes, tandis qu’idéologiquement la communauté déclarait sa
loyauté à ses propres dirigeants, le rejet d’une commune humanité
avec les indigènes, un ethnocentrisme extrême, un sentiment de
supériorité raciale et religieuse sur les indigènes. Il s’agissait
d’une communauté marginale, ne contractant aucun lien, ni de
mariage, ni d’amitié, avec les autochtones. En tant que communauté
marginale, les Juifs étaient émancipés des considérations
(morales), se perdant dans la nuit des temps, qui pouvaient être
celles des autochtones.
Ainsi, par exemple, la
communauté juive d’Ukraine, au dix-septième siècle, représentait
une cohorte de collecteurs d’impôts sur les fermes et de
financiers. Ils extorquaient à chaque autochtone SIX fois plus de
taxes et d’intérêts que ne le faisait leur propriétaire gentil,
a écrit un historien juif ukrainien éminent, Saul Borovoy, dans un
ouvrage paru récemment à Jérusalem. Les communautés juives, au
Maghreb, soutenaient le pouvoir colonial contre leurs voisins, etc.
Leurs traditions interdisaient toutes relations normales avec les
autochtones.
Supposons maintenant qu’une
communauté ainsi faite œuvre dans ses seuls intérêts égoïstes.
Oublions un instant le complot, oublions les Anciens de Sion, sages
ou non. Supposons (ce qui est tout à fait concevable) que le seul
but de la communauté est de promouvoir son propre bien-être. Pour
un groupe marginal, cela signifie élargir autant que faire se peut
le fossé qui en sépare les membres de la population autochtone,
tout en minimisant les effets potentiellement dévastateurs d’un
retour de manivelle.
Le groupe va, naturellement,
dans son intérêt propre, soutenir tout mouvement dirigé contre les
élites indigènes, qu’il ait été à l’initiative du roi (comme
le firent les Juifs, avant la Révolution française), ou par les
classes défavorisées en révolte. Ce soutien ne découlera
aucunement de l’amour des Juifs pour la démocratie ou de leur
nature révoltée, mais bien de leur désir d’améliorer leur
propre situation. Une situation idéale serait créée par le
massacre ou l’expulsion des élites autochtones, car les membres de
la communauté pourraient s’emparer de leurs situations et de leur
pouvoir. C’est effectivement ce qui s’est passé dans la Russie
soviétique et dans la Hongrie soviétique à la suite de la Première
guerre mondiale. Le massacre et l’exil des élites nationales
libérèrent les positions de pouvoir et d’influence, les rendant
accessibles aux Juifs, en compétition pour ces positions sociales.
L’intérêt explique
l’engagement des Juifs dans la redoutable Tchéka, service
soviétique de sécurité. Jusqu’en 1937, les Juifs occupèrent les
fonctions dirigeantes dans cet ancêtre du KGB, tandis que des
millions de Russes perdaient la vie ou leur liberté (du fait de
leurs agissements). Objectivement, ces tortionnaires « libéraient »
des places – et des appartements - pour leurs coreligionnaires
Juifs. Après le massacre et l’exil des élites russes, les Juifs
étaient prêts pour l’égalité, car le fils d’un rabbin pouvait
aisément entrer en compétition avec un fils d’ouvrier ou de
paysan russe, alors qu’il n’aurait sans doute pas été capable
de le faire avec un fils (éduqué) de l’aristocratie russe.
De la même manière, les
Juifs garantirent une égalité limitée aux Palestiniens jusqu’en
1966, après avoir confisqué jusqu’à 90 % des terres des
indigènes et avoir expulsé plus de 90 % d’entre eux. Aujourd’hui,
les colons promettent d’accorder l’égalité au reste des
Palestiniens, après qu’ils en auront expulsé la majorité encore
plus loin. Etant donné le soutien énorme dont jouit Israël, il n’y
a aucune raison de supposer que la manière d’opérer des Juifs en
Israël soit intrinsèquement différente des intentions des Juifs
ailleurs dans le monde.
Soljenitsyne écrit : « Les
officiers exécutés (durant la Révolution) étaient Russes, comme
étaient Russes les nobles, les prêtres, les moines, les députés -
assassinés. Dans les années 1920, les ingénieurs et les savants
d’avant la Révolution furent exilés ou tués. Ils étaient Russes
: des Juifs prirent leur place. Dans le meilleur Institut
Psychiatrique de Moscou, les membres dirigeants furent exilés ou
arrêtés – leurs places furent prises par des Juifs. Des médecins
juifs influents bloquèrent l’avancement de la carrière de
chercheurs russes en sciences médicales. Les meilleurs éléments
des élites intellectuelles et artistiques du peuple russe furent
assassinés, tandis que les Juifs croissaient et embellissaient, dans
ces années terribles (pour les Russes…) ».
La nouvelle élite juive ne
s’identifia pas totalement à la Russie ; elle poursuivit une
politique propre. Cela eut un effet décisif en 1991, lorsque plus de
50 % des Juifs (à opposer à peine 13 % des Russes) soutinrent le
coup d’Etat pro-occidental du Président Boris Eltsine. En 1995,
81 % des Juifs votèrent pour des partis pro-occidentaux, et
seulement 3 % pour les Communistes (à opposer à 46 % des Russes),
d’après l’ouvrage d’une sociologue juive, le Dr. Ryvkina, Jews
in Post-Soviet Russia (1996).
Dans une Amérique en
expansion constante, les Juifs n’eurent pas besoin de tuer ou de
supplanter les élites autochtones ; ils en devinrent une composante
importante, contrôlant le discours et conquérant une puissance
financière considérable. Ils ne s’identifient toujours pas avec
l’Amérique goy : chaque année, ils forcent le Congrès et
l’Administration à envoyer cinq milliards de dollars à leur
rejeton américain, et ils s’efforcent de pousser l’Amérique,
aujourd’hui, à faire leur guerre à l’Irak, à leur place. Ils
se retiennent (pour eux, c’est difficile, mais ils le faut)
d’exercer une quelconque discrimination à l’égard des autres
Américains, car s’ils le faisaient, ils risqueraient de ne pas
pouvoir conquérir les 60 % des médias qui ne sont pas encore entre
leurs mains.
Les Juifs de France ne
s’identifient pas non plus à la France. « Leur identification à
l’Etat d’Israël est extrême ; elle efface leurs liens avec le
pays dans lequel ils vivent », écrit Daniel Ben Simon dans le
quotidien israélien Ha’Aretz. « Cette double loyauté m’a été
expliquée sans détour par un médecin juif de Nice : « Si je dois
choisir (un jour) entre Israël et la France, cela ne fait pas
question : je me sens plus proche d’Israël », m’a dit ce
médecin, sans la moindre hésitation. « Né en France, il a été
formé en France, il a étudié la médecine en France ; ses patients
sont Français, il parle français avec sa femme et ses enfants. Mais
dans les profondeurs de son cœur, il ressent une plus grande
affinité avec l’Etat juif. »
En Palestine, les Juifs
n’ont aucune compassion pour les indigènes. Ils roulent
exclusivement sur des routes réservées, ils font leurs études dans
des écoles ségréguées, tandis qu’un Juif consomme dix fois plus
d’eau qu’un goy, et bénéficie de revenus sept fois supérieurs.
Ainsi, la ségrégation juive demeure un fait vécu pour la plus
grande partie des communautés juives.
Pour leur propre bien-être,
les Juifs doivent dissimuler leur position privilégiée tant en
matière de fortune que de pouvoir, par les moyens suivants : ne
jamais cesser de parler de l’Holocauste afin de lutter contre
l’envie des autres ; dans une société monoethnique, les Juifs
sont le seul corps étranger à se distinguer et à attirer
l’attention, tandis que dans une société multiculturelle, c’est
à peine si on les remarque. C’est pourquoi les Juifs encouragent
l’immigration provenant de pays non-Européens - la présence des
immigrés estompant la marque de l’exclusivisme juif ; le
Politiquement Correct est un moyen supplémentaire d’interdire tout
débat au sujet de l’influence des Juifs ; la lutte contre le
christianisme et l’Eglise est dans l’intérêt bien compris d’une
communauté non-chrétienne : si l’Eglise était puissante, les
Chrétiens préféreraient leur propre élite, l’élite chrétienne
; la mondialisation est un développement historique naturel pour un
peuple réparti dans le monde entier (ce qui est le cas des Juifs),
pour peu qu’ils n’accordent une importance qu’extrêmement
limitée au mode de vie du pays où ils vivent (ce qui est aussi le
cas des Juifs) ; l’appauvrissement des indigènes n’est que le
revers de la médaille de l’enrichissement des communautés juives.
En résumé, une grande
partie (pas la totalité, toutefois) des projets prêtés aux Juifs
par les Protocoles sont en effet les idées utiles ou nécessaires
pour le bien-être communautaire des Juifs, sans qu’il soit besoin
d’une quelconque haine extrême à l’encontre des Gentils ni de
la supervision d’on ne sait quels Sages de Sion. Il ne faut pas
aller chercher plus loin le succès jamais démenti des Protocoles.
Paradoxalement, c’est l’apartheid israélien qui met ces faits en
lumière. Sans lui, sans cet apartheid israélien trop voyant, ces
faits resteraient invisibles pour les communautés humaines qui
abritent des Juifs en leur sein.
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Le
3 novembre 2005, la LICRA a obtenu des tribunaux l'interdiction du
livre de Israël Shamir « L'autre Visage d'Israël ».