Ils ne massacrent pas que la faune
Dimanche 9 janvier 2011, vers 16 h 30,
Francis Collet conduit son fourgon sur l'autoroute A31, en Côte-d'Or.
Il rentre avec les quatre autres membres de son groupe de rock,
Ashtones, après avoir donné un concert à Marseille. Alors
que la camionnette longe un bois, en bord d'autoroute, il reçoit une
balle en pleine tête. Plus jamais il ne jouera de guitare.
Dimanche 23 décembre 2007, un jeune
couple trouve un coin romantique dans la forêt d'Andelot
(Haute-Marne) et s'enlace tendrement. Mais le jeune homme meurt
foudroyé d'une balle dans la tête. Une balle destinée à un
renard, qui met un terme tragique à une belle histoire d'amour.
Le dimanche 26 octobre 2008, Fabio
Butali s'adonne à son loisir préféré, le VTT, sur la commune de
Lagorce en Ardèche. Mais il ne termine pas sa randonnée. Un
chasseur participait à une battue au sanglier à proximité... La
vie de Fabio s'arrête net, une balle dans le dos. Il a vingt-quatre
ans. Dans cette même commune, quelques années plus tôt, un autre
accident de chasse mortel avait eu lieu. Dans le même temps, nos
députés légifèrent à nouveau sur la chasse. Et abandonnent aux
chasseurs les règles de sécurités de la chasse...
Ce ne sont que quelques exemples.
Chaque année en France, la chasse provoque plusieurs dizaines
d'accidents, dont un nombre bien trop élevé s'avère être mortel
(sans compter les meurtres dus à la possession d'une arme de chasse,
dont les faits-divers regorgent). La chasse est un loisir exclusif
qui ne laisse pas de place aux autres usagers de la nature. Cette
source d'insécurité permanente se pratique avec des armes à feu
puissantes, capables d'atteindre plusieurs centaines de mètres,
voire deux kilomètres pour certaines carabines, dans des espaces
ouverts à tous. Les instances de la chasse ont tendance à minimiser
ces chiffres, de crainte de se faire de la mauvaise publicité.
Les chasseurs à l'origine de tels
accidents ne sont que très légèrement sanctionnés par la justice,
démunie de textes réglementaires. On assiste parfois à des
situations totalement scandaleuses, tel ce danger public qui tua un
de ses compagnons de chasse le 25 novembre 2006 à Besse-sur-Issole
dans le Var. L'auteur du coup de feu mortel n'en n'était pas à son
premier homicide. En 1985, le récidiviste avait tué de trois coups
de chevrotine un adolescent de quatorze ans. Âgé de quarante et un
ans à l'époque, ce chasseur n'avait alors été condamné qu'à
dix-huit mois de prison avec sursis et cinq années de retrait du
permis de chasser...
Les chasseurs représentent seulement
1,9 % de la population, mais ils s'approprient la nature tous les
jours de la semaine pendant plus de six mois de l'année, au
détriment des 98 % restants. Ce n'est pas seulement une activité
dangereuse pour ses pratiquants, elle l'est également pour les
simples usagers de la nature : promeneurs, vététistes, cavaliers,
cueilleurs de champignons, naturalistes, kayakistes... Certains
parlementaires ne trouvent pas cela normal, tel Jean-Louis Léonard,
député de Charente-Maritime qui s'exprimait sur le sujet lors du
débat de la loi sur les affaires rurales en septembre 2004 : « Nous
rencontrons sur nos territoires [de chasse] des gens, des promeneurs
et ramasseurs de champignons, qui n'ont rien à y faire ! » Comment
voulez-vous ensuite que les porteurs de fusil ne se sentent pas chez
eux partout ?
Les mesures existantes (signalisation,
gilets fluorescents), toujours pas obligatoires dans tous les
départements, ne sont destinées qu'aux chasseurs, et ne suffisent
pas à leur garantir une sécurité fiable. Pire, il n'y a toujours
aucune véritable mesure pour celle des non-chasseurs qui souhaitent,
eux aussi, profiter de la nature.
Les pouvoirs publics ont fait des
efforts sur la sécurité routière et le respect du droit, et cela
contraste étrangement avec le laxisme accordé aux chasseurs. En
2000, la loi chasse imposait un jour de non-chasse : le mercredi. Ce
ne fut pas au goût du lobby qui, en 2003, obtint de Roselyne
Bachelot qu'elle supprime cette mesure. Le comble : la fixation d'un
ou plusieurs jours de non-chasse dépend de l'appréciation du préfet
de chaque département, qui ne peut y recourir que pour des motifs de
protection... du gibier ! Les autres usagers de la nature n'ont
absolument aucun droit de cité législatif ou réglementaire face à
la chasse.
Aucune loi ni règlement n'encadre le
problème de l'insécurité lié à la chasse. La loi chasse 2000
avait prévu qu'un décret ministériel soit pris pour préciser ces
indispensables mesures. Il ne fut jamais pris. La loi chasse
Poniatowski a, elle, supprimé purement et simplement cet article de
loi. La sécurité liée à la chasse est laissée à la libre
appréciation des fédérations départementales de chasse. Un peu
comme si la sécurité routière était laissée aux automobile-clubs
ou aux routiers. Et de façon départementale, en plus. Engendrant
encore plus de confusions dans un dossier qui n'en manque déjà pas.
Au printemps 2011, j'ai abordé ce
sujet très important avec Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de
l'Écologie. Elle est tout à fait consciente de cette situation
complètement surréaliste. Dans sa circulaire aux préfets du 18
février 2011 relative au renouvellement des schémas départementaux
de gestion cynégétique, elle indique: « Depuis que la loi du 31
décembre 2008 a abrogé l'article L. 424-16 du code de
l'environnement, qui prévoyait qu'un décret en Conseil d'État
précise les règles de sécurité applicables en action de chasse,
les mesures de sécurité relatives à la chasse sont essentiellement
celles prévues par les schémas départementaux de gestion
cynégétique. [qui sont rédigé par les fédérations
départementales des chasseurs et seulement validé par les préfets]
S'agissant d'une question intéressant l'ordre public, vous veillerez
à ce que le dispositif prévu dans le schéma soit suffisant pour
réduire le risque résiduel à un niveau très bas. » C'est là
tout ce que les lois pro-chasse votées par les députés sous
influence permettent à une ministre de faire sur un point de
sécurité publique !
Les associations locales de chasseurs
peuvent ensuite déci-der de limiter les jours de chasse sur leur
territoire, à leur libre appréciation. Cela entraîne une disparité
au sein des départements, voire au sein des communes lorsque
celles-ci regroupent plusieurs sociétés de chasse. Imaginez alors
la complexité, pour un randonneur, un cavalier ou un vététiste
lambda, en recherche de jour de non-chasse, lorsque son itinéraire
parcourt plusieurs communes.
Pour exemple, en Drôme il y a : 361
ACCA, 460 chasses privées et une centaine de baux domaniaux. Soit
quelque 921 cas possibles ! De plus, pendant d'éventuels « jours de
non-chasse », certaines chasses peuvent néanmoins être autorisées
(battues administratives par exemple). Dans une pareille situation,
même l'administration départementale est incapable de fournir une
liste ou une carte des jours sans chasse sur le département de sa
responsabilité !
Les accidents ont lieu majoritairement
le dimanche, jour traditionnellement réservé à de nombreux loisirs
de plein air, individuels ou familiaux. La marche à pied, la
randonnée équestre ou le VTT n'ont jamais eu autant d'adeptes, sans
compter la forte croissance du tourisme « vert ». Or, on compte
aujourd'hui environ cinq millions de randonneurs en France qui
pratiquent la marche au moins une fois par semaine. Si l'on compte
aussi les promeneurs du dimanche, on estime que le nombre des
marcheurs s'élève à environ quinze millions. Un chiffre qui place
la randonnée pédestre au premier rang des pratiques sportives
nationales.
De plus en plus d'associations
rejoignent l'ASPAS, qui mène ce combat depuis longtemps, pour
demander que dans le cadre de la sécurité des non-chasseurs, la loi
soit modifiée et que soit instauré au minimum le dimanche sans
chasse. C'est aujourd'hui la seule mesure susceptible de garantir la
sécurité et la tranquillité de tous les citoyens qui fréquentent
la nature. La seule mesure qui fera décroître de façon importante
le nombre d'accidents de chasse. L'arrêt de la chasse le dimanche a
fait l'objet d'une pétition portée par l'ASPAS. Signée par plus de
250 000 personnes, elle a été remise à Jean-Louis Borloo, alors
ministre de l'Écologie en février 2010. Mais depuis, rien n'a
changé. Une nouvelle loi a été votée en 2011, et une fois encore,
ce sujet a été très soigneusement évité.
Combien faudra-t-il de morts et de
blessés pour qu'enfin la France s'aligne sur ce qui se fait dans les
autres pays européens? L'exception cynégétique française doit
prendre fin, pas uniquement pour la préservation de la faune
sauvage, mais également dans le cadre du respect de nos libertés
individuelles.
Le grand bêtisier des chasseurs
coûte très cher
Les tirs en direction de personnes ou
d'habitations sont légion. Tel cet habitant de
Saint-Bonnet-de-Rochefort (Allier) qui regardait tranquillement la
télévision, en ce 1er novembre 2009, jours de la Toussaint. Une
balle de chasse passe à quelques centimètres de sa tête et va se
ficher dans un mur du salon !
Le coup de fusil a été tiré par un
chasseur participant à une battue au sanglier à plus d'un kilomètre
de là. Poursuivi pour « mise en danger d'autrui par une violation
manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité
ou de prudence »son avocat déclarera : « Il faut l'intention,
argumente Me Deschamps, pour sa défense: la volonté de mal tirer en
sachant qu'en tirant mal il expose autrui à une blessure. Il y avait
une butte en face de lui et il ne voyait pas la maison. Il aurait dû
savoir que sa balle aboutirait 1 200 mètres plus loin ? [...] Dans
cette affaire, l'accusation a réagi de manière épidermique. Il
fallait rassurer le public ! II y a eu des saisies en veux-tu en
voilà, on a dépêché l'identité judiciaire. On a cherché même
s'il n'y a eu aucune infraction de chasse. Il n'y a pas eu
d'imprudence : c'est un hasard des plus purs ». Le procureur
demandera: « Saviez-vous qu'il y avait des habitations à cet
endroit ? Oui, vous le saviez. Vous avez pris un risque et les
chasseurs qui étaient avec vous ont aussi pris un risque. » Il est
finalement requis une amende de 1 500 euros, cinq ans de mise à
l'épreuve, la suspension du permis de chasser pour six mois et la
confiscation de l'arme.
Le 30 janvier 2011, l'ancien président
de l'ACCA de Laurac-en-Vivarais participe à une battue. Lorsque le
sanglier traverse un chemin, il tire. Un peu vite. La balle fracasse
la baie vitrée de la maison toute proche. Aux gendarmes venus mener
l'enquête il déclare : « C'est à ce moment-là que j'ai tiré et
occulté la maison. » La maison en question se trouvait à 110
mètres du tireur.
Le 4 octobre 2007, c'est un jeune
étudiant de Carmejane qui a eu très chaud dans sa résidence
étudiante : « Si le jeune homme avait été assis à son plan de
travail, devant la fenêtre, il aurait été touché. Peut-être tué
! » Tous ceux qui se sont rendus dans le studio qu'Adrien Peyron
occupe au N° 8 de la résidence d'étudiants du Chaffaut sont
unanimes : le jeune homme, un étudiant de 20 ans sans problème, a
vraiment eu de la chance. Celle notamment d'être absent au moment où
la balle d'un fusil de chasse - vraisemblablement de calibre 12 - a
perforé le volet, traversé la fenêtre à double vitrage, avant de
ricocher sur un mur et de s'encastrer dans une cloison en
placoplâtre.
Beaucoup de chance également pour
cette famille de Mane (Ariège). Le couple et leurs enfants prennent
leur petit-déjeuner lorsqu'une balle perfore la fenêtre d'un trou
de 4 cm de diamètre avant de se loger de l'autre côté de la
maison. Elle traverse la cuisine, le couloir et une chambre avant de
se ficher dans le mur, où les gendarmes la retrouveront. Au passage
elle ricoche sur le réfrigérateur et éclate une porte. Andrée
Galland, la mère de famille, déclare à La Dépêche: « Mes
enfants sont encore sous le choc. La balle aurait pu tuer l'un
d'entre nous. On était quatre dans la cuisine. Nous avons appelé la
gendarmerie. Mon époux qui se trouvait à côté de la porte de la
cuisine a été touché par le bois. Il n'a pas été blessé mais on
a évité une catastrophe. Il y a une paire d'arbres qui cache la
maison. Mais le chasseur a tiré en direction de l'habitation.
Pourtant, ici tout le monde sait que le quartier est habité. Dans
cette zone il n'y a pas de gros gibier mais des faisans. Il se peut
qu'il en ait délogé un et qu'il ait tiré. »
Le président de la société de chasse
venu « réconforter » la famille déclarera : « Il est possible
que le chasseur se soit trompé de cartouche. Il devait se situer à
200-250 mètres de la maison au moins et comptait sans doute tirer
avec du plomb. » Ce qui est loin d'être réconfortant...
Les animaux domestiques sont également
souvent les victimes d'accidents de chasse. Parfois à proximité des
habitations, comme ce qui est arrivé dans la commune
d'Attignat-Oncin en Savoie. Le 24 septembre 2008, à onze heures,
alors que Lisa, charmante petite fille de douze ans allait donner à
manger à son cochon et arrivait à proximité de son enclos, un coup
de feu retentit et le porc s'effondra. Le chasseur déclarera «
avoir vu descendre une masse et avoir tiré », mais sans visibilité.
Il n'avait pas remarqué le grillage de l'enclos situé derrière une
haie. Le tireur était bien au-delà des 150 mètres de distance de
sécurité en place dans les communes à ACCA. La maman de la jeune
fille déclarera : « J'ai cru que c'était sur ma fille qu'on avait
tiré. Deux détonations en direction de la maison, je l'avais
envoyée porter la pâtée et elle avait tardé un peu... Sinon, elle
aurait été, elle aussi, dans l'enclos. C'est tragique, un mercredi
! On n'ose plus rien faire, ni aller aux champignons, ni se promener.
Dimanche prochain, on s'en va prendre l'air, les enfants n'osent plus
sortir de la maison. »
La chasse à courre a aussi son lot de
débordement. Tel ce cerf qui sera abattu sous les yeux de six
patients et de leurs soignants dans le parc de l'hôpital
psychiatrique de Prémontré (Aisne) en lisière de forêt de St
Gobain. Traqué par les chasseurs et leur meute de chiens, le cerf
est sorti de la forêt est a trouvé refuge, pour peu de temps, dans
le parc de cet hôpital. Cela n'a pas été du goût des veneurs, qui
ont tout de même tenu à tuer l'animal qui leur échappait. C'est au
fusil, et devant les usagers de l'hôpital que sa mise à mort a été
sommée.
Le personnel de l'hôpital n'a pas de
mots assez durs pour dénoncer cet abus de pouvoir cynégétique,
alors qu'ils avaient interdit aux chasseurs de tuer cet animal sur le
domaine de l'hôpital. Extrait du Courrier Picard du 7
janvier 2010: « Nous étions avec nos patients », se souvient
Servane Chatelain, éducatrice stagiaire, arrivée depuis lundi à
Prémontré. Elle était dehors, sur le chemin qui borde la forêt
avec six patients et son collègue éducateur. Ce dernier « voulait
me montrer où les patients travaillaient », en précisant que ce
travail consiste à s'occuper et à soigner des animaux. « Nous
avons entendu des chiens aboyer. Nous avons attendu puis vu le cerf
descendre sur le talus et les chiens lui courir après. »
Tout cela se déroule sur le domaine de
l'hôpital, selon Jean-Marc Oliviero, qui montre les piquets
délimitant le domaine de l'ONF et celui de l'hôpital. Après les
animaux, des cavaliers sont arrivés. S'ensuit une confrontation
entre les soignants, qui demandent aux cavaliers de laisser l'animal
en paix et les chasseurs qui souhaitent en finir. Le tout dans « un
climat de tension », selon les deux soignants.
« Je n'ai pu qu'entendre le coup de
fusil car il fallait s'occuper des patients », continue la jeune
femme. Son collègue parle d'une diversion des chasseurs pour que
l'un d'eux puisse abattre l'animal, toujours sur le talus et donc sur
le domaine hospitalier. Le cervidé s'écroulera finalement au pied
de la laiterie. « Celui qui a tiré était sur la route à côté
des appartements thérapeutiques », conclut la jeune femme.
« J'ai fait un rapport à la direction
», renchérit Jean-Marc Oliviero. « J'étais en colère », affirme
pour sa part Jean-Luc Cousinat, directeur adjoint de l'établissement
de santé qui a voulu porter plainte à la gendarmerie. Aujourd'hui,
il doit recevoir le veneur, responsable de cette mise à mort. « Je
ne vais pas me laisser intimider. Il faut s'arrêter à temps. Nos
patients sont des gens fragilisés, qui sont beaucoup dans l'affectif
», insiste-t-il. S'il attend des excuses, il exige surtout que cela
ne se reproduise plus ».
On ne compte plus le nombre de chasses
à courre qui finissent au cœur des villages. Et, plus
exceptionnellement certes, à l'intérieur de maison d'habitation
comme ce qui est arrivé à Larroque (Tarn) où un cerf a été
abattu dans la cuisine, en présence de la famille.
Le 3 novembre 2007, alors qu'elle
venait de finir de manger, une famille résidant tout près de la
forêt de Grésigne vit un cerf arriver sur la propriété familiale.
Il était pourchassé par une meute d'une quarantaine de chiens et un
cortège de veneurs en goguette. Le cerf pris de panique rentra dans
la maison en fracassant la baie vitrée. Suivi par la meute de chiens
et... le maître d'équipage. Les propriétaires des lieux
raconteront comment la famille a vécu cela au journal La Dépêche
du 4 novembre 2007: « Une scène d'horreur. Nous savions que c'était
une chasse à courre. Ce n'est pas la première fois que cela arrive
ici », raconte Pierre, très ému. « Cela faisait plusieurs minutes
que les aboiements se rapprochaient, jusqu'à ce que le cerf soit
autour de la maison. Les enfants étaient effrayés. Nous ne savions
pas quoi faire, c'était la panique complète. Puis le cerf est
rentré, et tous les chiens avec lui. On est sortis, les enfants
n'étaient plus là. C'était une scène d'horreur [...] Dehors, deux
membres de la chasse à courre en question attendent en costume
traditionnel, le cor autour du cou, et le cheval à côté. Jacques,
un des deux chasseurs, membre de l'association qui organisait
l'événement, explique que "les suiveurs étaient venus
rattraper les chiens, mais cela ne se fait pas en claquant des
doigts. D'habitude nous essayons de ne pas sortir de la forêt".
Patricia s'est approchée. Énervée, elle leur lance cette question
: "Que faisiez-vous ici, avec 40 chiens, sur notre propriété
?" "- Il s'est passé quelque chose qui n'aurait pas dû
arriver, c'est catastrophique", répond Jacques. "On ne
devrait pas vous laisser chasser, vous jouez avec un boulet de canon
que vous ne maîtrisez pas", lui rétorque-t-elle.
"Déposez-vous une plainte ?",
demande un gendarme à Patricia. "Oui, pour violation de
propriété privée et pour mise en danger volontaire de la vie
d'autrui", lui répond-elle. Cette plainte ne sera pas la
première dans ce secteur. Par deux fois déjà, des événements
similaires se sont produits. Mais les plaintes sont restées sans
suite, au grand dam de la population. Une responsable de l'amicale de
chasse de Larroque, présente sur place, explique que "la chasse
à courre sur ce secteur doit suivre un protocole très sévère. Il
n'est jamais respecté", précise-t-elle. "C'est la
deuxième fois que cela nous arrive. À chaque fois, c'est plus
grave. Jusqu'où faudra-t-il aller pour agir ?", s'interroge
Patricia. »
La plainte fut déposée. Mais le
parquet d'Albi, ne retenait que l'infraction de « chasse sur terrain
d'autrui ». Mieux que d'habitude, car ce n'était pas la première
plainte déposée contre cet équipage, mais toutes avaient été
classées sans suite pour « absence d'infraction ». Mais cela ne
pouvait satisfaire la famille victime de cette mise à mort
scandaleuse. Elle avait demandé, par le biais de son avocat, que les
veneurs soient poursuivis pour « mise en danger de la vie d'autrui
». Le « piqueur » fut condamné à 1 000 euros d'amende et deux
ans de suspension de son permis de chasser. Mais l'équipage fit
appel. Mais pas seulement : ils ont fait un recours au tribunal
administratif contre l'arrêté préfectoral du 21 décembre 2007,
qui leur interdit désormais de sortir de la forêt sur les communes
de Puycelsi, Laroque et Penne.
Le feuilleton juridique ne s'arrêtera
sans doute pas là, car la famille victime de cette chasse entend
porter cette affaire au pénal. La chambre d'instruction de la cour
d'appel ayant donné raison aux plaignants dans leur volonté de
poursuivre ces chasseurs pour « mise en danger de la vie d'autrui »
et « omission de porter secours ».
Électricité de France (EDF) et Réseau
de transport d'électricité (RTE) dépensent chaque année des
fortunes pour réparer leurs câbles électriques endommagés par les
plombs de chasse. Certains chasseurs n'hésitant pas à tirer sur les
oiseaux qui sont posés sur ces câbles ! Tant pis pour les usagers,
tant pis pour les gestionnaires des infrastructures électriques.
Tel ce Nemrod de Vire (Manche) qui,
tirant sur des corbeaux, atteignit une ligne haute tension, et priva
ainsi 1 244 habitants d'électricité. Il paraît qu'il n'aurait pas
atteint un seul corbeau... Il est vrai que ce chasseur n'était pas
vraiment doué, il a ensuite abattu une vache, alors qu'il
s'entraînait au tir en visant des bouteilles...
C'est également deux chasseurs
maladroits qui furent responsables du retard d'une trentaine de TGV
Atlantique. Alors qu'ils chassaient sur la commune de
Saint-Martin-de-Bréthencourt (Yvelines) l'un d'eux a sectionné une
caténaire, coupant du coup la circulation des TGV. « D'après les
premiers éléments de l'enquête, il ne s'agirait pas d'un acte de
malveillance, mais seulement d'"un incident de chasse".
Germain et Mathieu, inscrits à la société de chasse locale,
étaient en train de tirer sur du gibier dimanche après-midi. Leur
responsabilité civile sera engagée. Les deux amis avaient abattu
deux chevreuils. L'un d'eux en a visé un troisième, mais a atteint
la ligne SNCF située en contrebas. Des douilles de 7,64 des
munitions pour gros gibier ont été retrouvées à proximité.
L'incident serait survenu vers 15 heures, horaire correspondant avec
les premières chutes de tension sur la ligne constatées par un
technicien de la SNCF qui a donné l'alerte.
Pierre Athanaze, Le livre noir de la
chasse.
Le livre noir de la
chasse
Massacres & abus de
pouvoir
Le
mépris des lois, les exactions et les brutalités des chasseurs en
France sont légion.
Sur tout le territoire, ils laissent des cadavres d'animaux éventrés,
sans souci des épidémies, partout ils dressent des pièges non
sélectifs dans lesquels agonisent des espèces protégées, des
chiens, des chats...
En
France, 25 millions d'oiseaux et près de 5 millions de mammifères
sont tués chaque année.
C'est le pays où l'on chasse le plus grand nombre d'espèces dont
beaucoup sont en mauvais état de conservation et protégées dans
les pays voisins.
Cet
ouvrage révèle le vrai visage du lobby de la chasse en France :
son organisation antidémocratique, son manque de transparence, son
financement inéquitable, l'appui de l'écrasante majorité des
politiques, leurs mensonges face aux protecteurs de la nature, les
lois faites sur mesure, l'inertie face aux accidents mortels,
l'incitation par les ministres au prosélytisme de la chasse dans les
écoles : tout y est décrypté.
En
s'appuyant sur des faits réels et des documents officiels,
l'auteur dresse un réquisitoire sans concession pour que chacun de
nous prenne conscience de ce véritable scandale au profit d'une
minorité méprisant l'environnement, la nature et la société.
Pierre
Athanaze, forestier de métier, a suivi un long parcours de bénévole
dans le monde des associations de protection de la nature. Il a été
membre du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage
(CNCFS) et administrateur de l'Office national de la chasse et de la
faune sauvage (ONCFS) pendant 10 ans. Il connaît parfaitement ce
dossier dont il suit les évolutions législatives et réglementaires
depuis les dernières décennies. Il a beaucoup lutté contre les
abus de la chasse et les tolérances accordées par les pouvoirs
publics à cette pratique.