lundi, septembre 03, 2012

Poltergeist & expérimentateurs invisibles




Ce phénomène, qu'en langage technique on appelle poltergeist, existe indiscutablement : des coups sont frappés, des objets se mettent à se promener, le tout en présence des caméras de télévision, des journalistes et des spécialistes de parapsychologie. On a même vu un cas où une bouteille d'eau de Javel après s'être cassée verticalement en l'air, au-dessus de la tête d'un distingué spécialiste en parapsychologie, s'est ouverte, s'est renversée et l'a arrosé. Ce qui fait penser qu'il y a des expérimentateurs malicieux.

On a constaté que le phénomène se produit le plus souvent en présence d'un jeune garçon ou d'une jeune fille à l'âge de la puberté. Sans qu'il y ait jamais, semble-t-il, responsabilité consciente de la part de ce sujet.

Les poltergeist ont fait l'objet d'un grand nombre de théories démentes, la plus étonnante étant celle d'un psychanalyste qui prétend qu'ils sont des fantômes, non pas d'une personnalité, mais d'un complexe. Selon lui, un complexe peut avoir une existence tellement forte dans la personnalité qu'il survit à la mort du corps physique. Pauvre Freud !

L'hypothèse d'un expérimentateur ou d'un groupe d'expérimentateurs qui produirait ces phénomènes pour enregistrer les réactions, me paraît considérablement plus plausible. Nous agissons nous-mêmes ainsi dans nos études expérimentales sur les animaux.

Autant l'existence des fantômes est discutable, autant celle des poltergeist est bien établie. Remarquons qu'ils sont toujours inoffensifs et n'ont absolument jamais fait de mal à personne. A une exception près cependant, en 1966. La télévision anglaise cherchait à transmettre des images de poltergeist dans une vieille maison à plusieurs étages et une caméra fut brusquement poussée par des mains invisibles — le fait fut enregistré et transmis par une autre caméra — et précipitée trois étages plus bas. Elle manqua de peu un des journalistes de la télévision qui aurait fort bien pu être tué. Le cas est unique, et s'il s'agissait d'un complexe, c'était un complexe anti-télévision fortement développé.

A ces détails près, les poltergeist ressemblent assez à ces expériences faites sur les animaux de laboratoire qui n'ont pas assez d'intelligence ou d'imagination pour détecter l'expérimentateur. C'est ce qui m'incline à les ranger dans la même catégorie que les hommes verts. A cette différence cependant, que s'il n'existe qu'un seul cas bien établi d'enfant vert, les poltergeist se manifestent plus fréquemment, à tel point que l'on peut estimer à dix mille le nombre des cas parfaitement établis.

Ils mériteraient une étude sérieuse, faite avec des instruments de mesure sensibles à toutes sortes de champs ou de radiations. Peut-être arriverait-on ainsi à détecter les expérimentateurs. Et je pense que les techniques modernes sont très largement suffisantes, de même que la technique de Pasteur l'était pour repérer les microbes.

Mais je pense qu'il faudrait un chercheur possédant une mentalité assez spéciale, juste assez paranoïaque mais pas trop. Car l'idée que nous sommes observés par des êtres que nous ne voyons pas et que nous sommes manipulés par des forces inconnues est une idée typiquement paranoïaque. Poussée trop loin, elle pourrait conduire à l'asile. Mais par contre, si on ne la possède pas, il est impossible de faire des montages expérimentaux qui permettraient de détecter si nous sommes observés ou manipulés. C'est un équilibre délicat, sur le fil du rasoir.

Il n'est évidemment pas possible de provoquer l'existence d'un tel observateur, mais il faut remarquer que bien des scientifiques étaient des excentriques et un jour viendra bien où un excentrique s'obstinera à mettre en évidence l'existence des expérimentateurs. Peut-être est-ce déjà arrivé et s'agissait-il de gens assez prudents et assez soucieux d'éviter l'internement pour ne rien publier. L'opinion générale changera certainement à cet égard comme elle a changé à propos des microbes. Semmelweiss a été persécuté, Pasteur combattu, mais les microbiologistes modernes reçoivent le Prix Nobel. Sans doute, le premier chercheur qui fournira les preuves visant à démontrer que nous sommes observés se fera enfermer. Le second aura des ennuis, mais ses successeurs créeront peut-être une science nouvelle, qui paraîtra aux générations futures aussi naturelle que la microbiologie. [...] Il est intéressant de se demander quelles pourraient être les conséquences d'une découverte de ce genre. Si nous sommes observés, il faut montrer aux observateurs que nous sommes des êtres intelligents.

Car il est probable qu'ils ne le savent pas et il faut bien se rendre compte que ce n'est pas notre conduite, nos migrations pendant les week-ends ou pendant l'été, nos guerres, nos camps de concentration, etc., qui peuvent le leur démontrer.

Un observateur extérieur — Même si les observateurs qui font des expériences sur nous sont beaucoup plus intelligents que nous, il n'en reste pas moins vrai qu'ils sont extérieurs — peut très bien croire que nos activités sont uniquement dues à des réflexes conditionnés multiples comme celles des abeilles des termites et des fourmis. C'est ce que Maurois signalait déjà il y a près d'un demi-siècle dans Fragments d'une histoire universelle. Les remarques de Maurois restent parfaitement pertinentes en 1970. Des observateurs et des manipulateurs même beaucoup plus intelligents que nous risqueraient de ne rien comprendre à nos activités.

Comment donner l'impression que nous sommes intelligents ? Les fourmis ont des instruments et cultivent des jardins. Les abeilles connaissent la géométrie et pourtant, à tort ou à raison, la plupart des observateurs s'accordent sur le fait qu'elles ne sont pas intelligentes.

Pour des êtres qui allument et éteignent les étoiles, nos instruments primitifs ne donnent peut-être pas l'idée d'êtres intelligents, surtout si nous nous en servons comme à Auschwitz ou à Hiroshima. Teilhard de Chardin envisageait des instruments capables, même à grande distance, de déceler l'intelligence. C'est une belle idée, mais des êtres qui n'ont pas de tels instruments à leur disposition et qui emploient l'observation et l'expérimentation n'ont sans doute pas eu jusqu'à présent la preuve de notre intelligence.

Note sur l'étouffement. Denis de Rougemont a écrit que la plus grande ruse du diable était de nous faire croire qu'il n'existait pas. Il en va de même pour ces êtres hypothétiques que j'appelle ici tantôt les Intelligences, tantôt les Expérimentateurs. Après chaque expérience, ils doivent remettre le système à zéro pour pouvoir recommencer. Il en est ainsi d'ailleurs dans toute recherche scientifique, par exemple en physique et en chimie : il faut éliminer l'électricité statique et la magnétisation laissées par l'expérience précédente, laver la vaisselle utilisée pendant une expérience chimique, etc. Les Expérimentateurs doivent donc après chaque manipulation de notre milieu, nous donner une explication satisfaisante pour nous faire croire qu'il ne s'est rien produit. C'est ce que Charles Fort appelait « l'étouffement systématique ».

Jacques Bergier



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