mardi, février 07, 2012

La rue





Dans les mouvements de lutte contre les sectes, des activistes rêvent de détruire la spiritualité au nom d'un laïcisme particulièrement étroit. Ces fanatiques ne veulent pas admettre que le bouddhisme social, notamment en Orient, permet de concilier la spiritualité et l’action altruiste.

Dans le BIHAR, un des États les plus pauvres de l'Inde, un vieux moine engagé dans le bouddhisme social rêvait de scolariser les enfants pauvres. Mais sans argent son projet avait peu de chance d’aboutir. Toutefois, il disposait d’un petit lopin de terre. Le moine eut l’idée de planter des fleurs, beaucoup de fleurs. Quelques mois plus tard, il donnait ses premiers cours d’alphabétisation à un petit groupe d’enfants émerveillés de se trouver au milieu d’un palais floral. L’initiative fut appréciée par des donateurs, avec leur argent le moine finança un bâtiment parfaitement intégré à l’environnement. Aujourd’hui, cette petite école, proche de Bodhgaya, est probablement l’école la plus fleurie du monde. Le moine thaïlandais Bouddhasa Bhikkhou était engagé dans le bouddhisme social. A Taïwan, une nonne est très active dans l'humanitaire. Au Sri Lanka, Japon, Corée, etc., les communautés monastiques ne sont pas indifférentes aux problèmes sociaux.

En Occident, des pauvres ont besoin de l'engagement social des bouddhistes qui disposent de nombreux centres d'hébergement. Qu'attendent les bouddhistes occidentaux pour accueillir des SDF ?


Qu'attendent les moines bouddhistes pour rejoindre les éducateurs de rue ?

« Dans notre quartier, dès l'âge de onze, douze ans, les gars commencent à foutre le camp dans la rue. Les gars, pas les filles. Sur dix délinquants, il y a sept gars pour trois filles : celles-ci ont moins de liberté.

Si ça ne colle pas à la maison, si le père est mort, s'il y a divorce ou séparation, si le père ne s'occupe pas de son gosse en rentrant du boulot (quand il a deux heures de transport pour aller boulonner et autant pour revenir, lorsqu'il arrive chez lui il est complètement « à la masse », il ne peut rien écouter), alors le gosse, sachant qu'il n'est pas attendu, qu'il n'est pas désiré, il fout le camp. Il descend dans la rue. Et, comme par hasard, aux mêmes heures, il rencontre tous les mecs comme lui qui foutent le camp de chez eux... Ce n'est pas au niveau de la richesse/pauvreté que se situe la délinquance des jeunes. On la trouve là où n'existent pas les qualités de vie nécessaires pour faire exister un enfant. Et cela consiste d'abord dans la capacité d'écoute des parents. Dans une famille « normale », quand un môme n'est pas rentré à la maison un quart d'heure après la sortie de l'école, la mère s'affole, elle commence à penser à Police-secours... Le môme arrive, réclame son chocolat, la mère l'accueille, etc. Tout est changé !

Pour les mômes de la rue, il n'y a rien de tout cela. L'un d'eux me disait : « Chez moi, y a qu'un frigo à moitié vide... » Attention ! Cette constatation n'est pas un jugement de valeur porté sur des familles souvent sous-prolétaires, écrasées, exploitées. D'ailleurs, les gars, finalement, ne jugent pas leurs parents; ils n'acceptent d'en parler qu'au bout de très longtemps et, par respect, je ne les interroge jamais là-dessus. [...]

Ils ont quitté l'école à partir de douze ans. De toute évidence, l'école n'est pas faite pour des mecs comme eux. Alors ils traînent dans les bars flippers, machines à sous, cigarettes, alcool... Il y a énormément d'alcoolisme chez les jeunes de la rue. En principe, les boissons alcoolisées sont interdites aux mineurs non accompagnés. Mais elles sont moins chères que les autres et puis il y a souvent connivence entre la police et les patrons de bars ou les garçons, qui sont parfois des indicateurs... Alors on ferme les yeux sur les débits de boissons ouverts jusqu'à trois heures du matin à des mômes de quatorze, quinze ans ! On peut dire qu'on les pousse ainsi à l'alcoolisme et à la délinquance. Parce que beaucoup d'actes de délinquance sont issus de l'alcool : ils boivent ensemble, discutent, préparent un coup, et sous l'influence de l'alcool, ils ne mesurent pas les risques et les dangers. D'ailleurs, ils sont souvent pris à cause du bruit qu'ils font et des propos qu'ils tiennent avant ou après un coup.

Jeannot était là, devant moi, menottes aux mains. A peine seize ans, blond aux yeux bleus, des parents bretons qui émigrèrent à Paris il y a vingt ans. Il a été pris dans la nuit, en flagrant délit de vol, après avoir mis à sac douze voitures et un appartement, avec un inconnu de trente ans rencontré quelques heures plus tôt dans un bar du XIXe... Un voyou de plus à enfermer !

Enfermé, Jeannot l'est depuis quinze ans et demi. Depuis le jour de sa naissance, dans les douze mètres carrés qu'il a partagés avec son père et sa mère, dans ce taudis sans air ni lumière (la fenêtre donne sur un mur situé à un mètre). Comme Jeannot étouffe dans cette bauge où se croiser devient vite insupportable, il est sorti très jeune dans la me. Seuls les bars du quartier lui ont semblé accueillants : il a commencé à boire un « demi », puis des milliers d'autres, depuis l'âge de treize ans et demi. Sous la fameuse affiche réglementant les débits de boissons, il boit ainsi dix, quinze, vingt demis par jour. Je l'ai ramassé combien de fois, ivre mort, sur un des trottoirs du coin, ou la nuit devant ma porte, jus-qu'à laquelle il s'était traîné quand, enfin, ferment les bistrots. Il me disait : « Un demi, c'est moins cher qu'un Vichy-menthe ou qu'un Orangina ! Et puis j'en ai marre de cette piaule dégueulasse, j'en ai marre de voir mon vieux soûl tous les soirs... Quand je suis bien parti, j'oublie tout... »

Face à cet assassinat conscient de jeunes adolescents, grâce au fric qui permet tout, à cause de tous ceux qui ferment les yeux au lieu de les ouvrir, je ne trouve aucun mot pour dire la COLERE et le DESESPOIR qui m'ont saisi devant ces deux mains enchaînées... »

Guy Gilbert, Un prêtre chez les loubards.



Mallaury Nataf (l'actrice des série AB) devenu SDF ! 








La secrétaire d’État à la Santé, Nora Berra, recommande aux sans-abris d'éviter de sortir de chez eux. 

Pour en savoir plus : 

Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...