mardi, janvier 10, 2012

Les beaux jours de la mouvance néo-spiritualiste





Pendant que les nouvelles spiritualités étayent habilement leurs doctrines grâce aux découvertes scientifiques du troisième millénaire, comme le neutrino qui se déplace plus vite que la lumière et alimente des spéculations mystiques sur la matière, les organisations de lutte contre les sectes évoquent dans l'esprit de beaucoup de personnes le laïcisme, le matérialisme obtus et des idées surannées de la fin du XIXe siècle.

Dans notre société tout se vend, même les gens doivent apprendre à se vendre pour exercer une activité salariée et vivre dignement. La marchandisation, la rentabilité, les profits sont le résultat d'une doctrine politico-économique qui écrase les individus. Or les gens désirent être pris en considération, ils ont besoin d'être reconnus. Ils peuvent parfois obtenir cette reconnaissance dans la mouvance spiritualiste moderne dont les méthodes répondent à leurs attentes, notamment dans le domaine du développement personnel.

De plus, face à la crise économique, des groupes religieux offrent un lieu où se pratique la solidarité. Ces groupes permettent aussi aux délaissés, aux frustrés, d'exprimer une protestation contre les injustices sociales.

L'accroissement de la pauvreté, l'ébranlement des bases morales de la société, une angoisse collective expliquent l'essor de certain mouvements spiritualistes qui recrute en mettant en exergue :

- l'attention accordée au nouvel adhérent qui découvre qu'il est important ;

- les avantages de rejoindre une communauté fraternelle et solidaire en temps de crise économique ;

- le culte émotif, partagé et personnalisé ;

- Une doctrine spirituelle qui donne accès aux « secrets des dieux »...

Jean Vernette écrit : « On doit noter aussi le succès des poussées nouvelles autour de l'Orient (centre de Zen et Yoga, monastères bouddhistes spécialement tibétains, techniques de méditation comme la Méditation transcendantale). Mais nous ne sommes pas ici dans le domaine précis des sectes. […]

Les groupes liés à l'ésotérisme et à l'occultisme représentent un maquis en fort développement qui défie la classification :

les groupes : Théosophie, Fraternité blanche universelle, Graal, Nouvelle Acropole, Arcane, Rose-Croix, Ordres pseudo-templiers.

Les pratiques : acquisitions des "pouvoirs", rites d'initiation, astrologie, spiritisme, etc.

Les croyances : tradition primordiale comme lieu de Révélation, la conscience comme voie de salut, la réincarnation, l'avènement prochain d'une religion cosmique (dont ils représentent les prodromes).

La multiplication de ces propositions semble répondre, entre autres :

à un besoin religieux né de la peur de l'avenir et de l'inquiétude sur l'au-delà (22 % des occidentaux croient à la réincarnation, beaucoup s'intéressent à la "vie après la vie", aux "expériences proches de la mort" et à la communication avec l'autre rive) ;

à un besoin de sécurité affective et spirituelle qui se satisfait de l'acquisition d'un savoir initiatique transmis du passé et procurant un salut individuel fondé sur la connaissance ;

à un goût pour l'irrationnel, l'insolite, le mystère (de la parapsychologie devenue religion de remplacement aux groupes religieux autour des extra-terrestres) ;

à la recherche d'une sagesse plus que d'une religion. Beaucoup désirent être des "spirituels" ("en recherche") plus que des "religieux" (membres d'une religion constituée).

Ces surgissements révèlent aussi un analphabétisme religieux grandissant, joint à une boulimie primaire de chaleur humaine et de spirituel à tout prix. »


Dessin :
Tardi, Adèle Blanc-sec, le démon de la tour Eiffel.

Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...