Tout au long du Moyen Âge, des récits évoquent des contacts avec des créatures vivant «entre les anges et les hommes». L'un des textes les plus célèbres est celui d'Agobard, archevêque de Lyon, dans la première moitié du IXe siècle.
Les êtres du ciel
L'épisode de Lyon se situe dans ce contexte. Les êtres aériens, par la suite, semblent faire preuve de plus de prudence. Les observations les concernant se font moins nombreuses, mais elles émanent parfois de personnages de haut rang : ainsi le roi Charles le Chauve raconte avoir un jour été entraîné par une créature d'aune blancheur éclatante» et munie d'aune arme jetant un lueur extraordinaire, comme celle d'une comète» (Paris, manuscrit de la Bibliothèque nationale). Rares sont ceux qui, à l'instar du sceptique Agobard, ne croient simplement pas que de telles créatures puissent exister. Les arguments de l'archevêque de Lyon sont d'ailleurs eux-mêmes bien étonnants pour un esprit moderne : l'impossibilité du phénomène résulte, pour l'auteur chrétien, d'arguments purement métaphysiques — la puissance de tels êtres amoindrirait celle de Dieu.
L'ancre du vaisseau des nuées
Un jour de fête, une ancre attachée à un vaisseau des nuées tombe du ciel et se coince en rencontrant un obstacle. Un des êtres aériens descend alors «en nageant» dans les airs et tente en vain de décrocher l'ancre. Il échappe de peu à la population accourue et s'envole vers le vaisseau. La corde est coupée, et celui-ci s'éloigne. Si les versions diffèrent dans les détails secondaires, toutes racontent néanmoins à peu près la même séquence d'événements. Encore au début du XIIIe siècle, l'Anglais Gervaise de Tilbury, dans son Otia imperiala (les Divertissements pour l'empereur), signale une apparition similaire, qui se serait produite peu de temps auparavant. Cette fois, le «plongeur» aérien aurait eu moins de chance et serait mort dans l'aventure. Ces récits apparaîtraient comme d'archaïques légendes si un incident similaire, à quelques détails près, à ceux qui y sont rapportés ne s'était produit à l'époque contemporaine. Le 26 avril 1897, un énigmatique vaisseau aérien apparaît à Merkel, au Texas. Son ancre tombe accidentellement et reste engagée sur le sol; un «plongeur» descend pour libérer le vaisseau... L'histoire fait la «une» des journaux du pays. Or, il est bien difficile d'imaginer que des paysans texans aient été influencés par la lecture de Gervaise de Tilbury ou par celle des textes des IX et XIe siècles...
Le texte d'Agobard :
« Nous avons vu et entendu beaucoup de gens fous et assez insensés pour croire et affirmer qu'il existe une certaine région, qu'ils appellent la Magonie, d'où sortent des vaisseaux qui voguent sur les nuages; ces vaisseaux ( Disent-ils ) emportent dans cette région les fruits tombés à cause de la grêle et détruits par la tempête, après que le prix du blé et des fruits a été payé aux tempestaires par les navigateurs aériens qui les ont recus. Nous avons même vu plusieurs de ces fous qui, croyant à la réalité de choses si absurdes, exhibèrent devant la foule quatre personnes enchaînées, trois hommes et une femmes qui, prétendaient-ils, étaient tombées de ces vaisseaux. Après les avoir gardées quelques jours en captivité, ils les avaient amenées devant moi, suivies par la foule, afin qu'elles soient lapidées. Après de longues palabres , la vérité ayant fini par prévaloir, ceux qui les avaient montrées au peuple se retrouvèrent, comme le dit le prophète, dans le même état de confusion qu'un voleur capturé. »
Liber contra insulsam vulgi opinionem
Agobard
Agobard est né vers 779, près de Narbonne. Arrivé à Lyon à 20 ans, il y est ordonné prêtre en 804. Nommé coadjuteur de Leidrade, bibliothécaire de Charlemagne, en 808, il le remplace en 814 à la tête de l'archevêché de Lyon.
Participant activement aux affaires politiques de son temps, il soutient l'action d'unification de Louis le Pieux en 817. Mais il passe dans le camp adverse, celui de Lothaire, en 833, lorsque l'empereur est accusé d'avoir renié ses engagements. Il est déposé par Louis le Pieux en 835 puis retrouve son poste en 837. Il meurt à Saintes en 840. Bien que jamais canonisé, il est vénéré comme un saint, sous le nom de saint Aguebaud, dans la région lyonnaise.
Homme intelligent et cultivé, il est l'auteur de 22 livres. Ce sont des textes extrêmement divers : des recueils de poèmes, des pamphlets politiques et le traité contre les superstitions.
Source : Les grandes énigmes.
Les grandes énigmes
Direction éditoriale : Jacques Marseille
Illustration :
http://sevaart.com/paintings/paintings-Pages/Image9.html