samedi, novembre 19, 2011

Le Démon et mademoiselle Prym





Bernard Werber s'est transformé en « channel » occasionnel en écrivant en écriture automatique une partie de son livre « Les Thanatonautes » (Bernard Werber, la philosophie-fiction ou leNouveau Nouvel Age ?) Des prophètes du Nouvel Age seraient des « channels », c'est-à-dire des médiums, des intermédiaires, choisis par des maîtres ascensionnés, des dieux, des archanges, des extraterrestres... Ces prophètes ne craignent pas d'être trompés par des Asura, des anti-dieux, des démons qui personnalisent les forces négatives dans toutes les traditions religieuses.

Dans « Le Démon et mademoiselle Prym », Paulo Coelho évoque le combat d'Ahriman et des démons contre Ormuzd. Selon la mythologie de l'ancienne Perse, la race humaine fut créée afin de lutter avec Ormuzd contre Ahriman et ses cohortes infernales.

Dans une note introductive, Paulo Coelho écrit :

« La première histoire à propos de la Division naît dans, l’ancienne Perse : le dieu du temps, après avoir créé l’univers, prend conscience de l’harmonie qui l'entoure mais sent qu’il manque quelque chose d’important - une compagnie avec laquelle jouir de toute cette beauté.

Durant mille ans, il prie afin d’avoir un fils. L’histoire ne dit pas qui il implore, étant donné qu’il est tout-puissant, seigneur unique et suprême. Néanmoins il prie et finit par concevoir.

A l’instant même où il perçoit qu’il a obtenu ce qu’il souhaitait, le dieu du temps regrette d’avoir voulu un fils, conscient que l’équilibre des choses est très fragile. Mais il est trop tard. A force de supplications, il obtient cependant que le fils qu’il porte dans son ventre se scinde en deux.

La légende raconte que, de même que de la prière du dieu du temps naît le Bien (Ormuzd), de son repentir naît le Mal (Ahriman) – frères jumeaux.

Préoccupé, il fait en sorte qu’Ormuzd sorte le premier de son ventre, pour maîtriser son frère et éviter qu’Ahriman ne provoque des dégâts dans l’univers. Toutefois, comme le Mal est rusé et habile, il parvient à repousser Ormuzd au moment de l’accouchement et il voit le premier la lumière des étoiles.

Dépité, le dieu du temps décide de fournir des alliés à Ormuzd : il fait naître la race humaine qui luttera avec lui pour dominer Ahriman et empêcher que celui-ci ne s’empare de tout.

Dans la légende persane, la race humaine naît comme l’alliée du Bien et, selon la tradition, elle finira par vaincre. Une autre histoire de la Division, cependant, surgit des siècles et des siècles plus tard, cette fois avec une version opposée : l’homme comme instrument du Mal.

Je pense que la majorité de mes lecteurs sait de quoi je parle : un homme et une femme vivent dans le jardin du paradis, savourant toutes les délices qu’on puisse imaginer. Une seule chose leur est interdite – le couple ne peut pas connaître ce que signifient Bien et Mal. Le Seigneur tout-puissant dit (Genèse, 2, 17): « De l’arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas.»

Et un beau jour surgit le serpent qui leur garantit que cette connaissance est plus importante que le paradis et qu’ils doivent l'acquérir. La femme refuse, en disant que Dieu l’a menacée de mort, mais le serpent l'assure que rien de tel ne lui arrivera, bien au contraire : le jour où leurs yeux s’ouvriront, ils seront comme des dieux qui connaissent le bien et le mal. Convaincue, Ève mange le fruit défendu et en donne un morceau à Adam. A partir de ce moment, l'équilibre originel du paradis est rompu et le couple est chassé et maudit. Mais Dieu alors prononce une phrase énigmatique : « Voilà que l'homme est devenu comme l’un de nous, pour connaître le bien et le mal ! »

Dans ce cas également (comme dans celui du dieu du temps qui prie pour demander quelque chose alors qu’il est le seigneur absolu), la Bible n’explique pas à qui Dieu s’adresse, ni – s’il est unique – pourquoi il dit « l’un de nous ».

Quoi qu’il en soit, depuis ses origines la race humaine est condamnée à se mouvoir dans l’éternelle Division entre les deux opposés. Et nous nous retrouvons ici et maintenant avec les mêmes doutes que nos ancêtres. Ce livre a pour objectif d’aborder ce thème en utilisant, à certains moments de son intrigue, des légendes qui l'illustrent.

Avec Le Démon et Mademoiselle Prym, je conclus la trilogie « Et le septième jour... », dont font partie Sur le bord de la rivière Piedra, je me suis assise et j'ai pleuré (1995) et Veronika décide de mourir (2000). Ces trois livres évoquent ce qui arrive en une semaine à des personnes ordinaires, soudain confrontées à l'amour, à la mort et au pouvoir. J’ai toujours cru que les profonds changements, tant chez l'être humain que dans la société, s’opèrent dans des laps de temps très courts. C’est au moment où nous nous y attendons le moins que la vie nous propose un défi destiné à tester notre courage et notre volonté de changement ; alors, il est inutile de feindre que rien n’arrive ou de se défiler en disant que nous ne sommes pas encore prêts.

Le défi n’attend pas. La vie ne regarde pas en arrière. Une semaine, c’est une fraction de temps plus que suffisante pour savoir si nous acceptons ou non notre destin. »

Buenos Aires, août 2000

Extrait :

Depuis lors, la présence du démon était devenue de plus en plus assidue. Il partageait sa vie et savoir qu’il s’était totalement emparé de son âme ne lui causait ni plaisir ni tristesse.

A mesure qu’ il se familiarisait avec le démon, il s’efforçait d’en savoir davantage sur l'origine du Mal, mais aucune de ses questions ne recevait de réponse précise :

« Il est vain d’essayer de découvrir pourquoi j’existe. Si vous voulez une explication, vous pouvez vous dire que je suis la façon que Dieu a trouvée de Se punir pour avoir décidé, dans un moment de distraction, de créer l'univers. »

Puisque le démon ne parlait guère de lui-même, l’homme se mit à chercher toutes les informations relatives à l'enfer. Il découvrit que, dans la plupart des religions, existait un « lieu de châtiment » où allait l'âme immortelle après avoir commis certains crimes contre la société (tout semblait être une question de société, non d'individu). Selon une croyance, une fois loin du corps, l’esprit franchissait une rivière, affrontait un chien, entrait par une porte qui se refermait derrière lui à jamais. L'usage étant d’ensevelir les cadavres, ce lieu de tourments était décrit comme un antre obscur situé à l'intérieur de la terre, où brûlait un feu perpétuel – les volcans en étaient la preuve – et c’est ainsi que l’imagination humaine avait inventé les flammes qui torturaient les pécheurs.

L’homme trouva une des plus intéressantes descriptions de la damnation dans un livre arabe où il était écrit que, une fois exhalée du corps, l'âme devait cheminer sur un pont effilé comme la lame d’un rasoir, avec à sa droite le paradis et à sa gauche une série de cercles qui conduisaient à l'obscurité interne de la Terre. Avant d’emprunter le pont (le livre ne disait pas où il conduisait), chacun tenait ses vertus dans la main droite et ses péchés dans la gauche – le déséquilibre le faisait tomber du côté où ses actes l’avaient entraîné.

Le christianisme parlait d’un lieu où s'entendait une rumeur de gémissements et de grincements de dents. Le judaïsme se référait à une caverne intérieure ne pouvant recevoir qu’un nombre déterminé d’âmes – un jour l’enfer serait comble et le monde finirait. L’islam évoquait un feu où nous serions tous consumés, « à moins que Dieu ne désire le contraire ». Pour les hindous, l’enfer ne serait jamais qu’un lieu de tourments éternels, puisqu’ils croyaient que l’âme se réincarnait au bout d’un certain temps afin de racheter ses péchés au même endroit où elle les avait commis, c’est-à-dire en ce monde. Toutefois, ils dénombraient vingt et un lieux d’expiation, dans un espace qu’ils avaient l’habitude d’appeler les « terres inférieures ».

Les bouddhistes, de leur côté, faisaient des distinctions parmi les différents types de punition que l’âme pouvait subir : huit enfers de feu et huit de glace, sans compter un royaume où le damné ne sentait ni froid ni chaleur, mais souffrait d’une faim et d’une soif sans fin.

Cependant, rien ne pouvait se comparer à la prodigieuse variété d’enfers qu’avaient conçue les Chinois. A la différence de ce qui se passait dans les autres religions – qui situaient l’enfer à l'intérieur de la Terre –, les âmes des pécheurs allaient à une montagne appelée Petite Enceinte de Fer, elle-même entourée par une autre, la Grande Enceinte. Entre les deux existaient huit grands enfers superposés, chacun d’eux contrôlant seize petits enfers qui, à leur tour, contrôlaient dix millions d’enfers sous-jacents. Par ailleurs, les Chinois expliquaient que les démons étaient formés par les âmes de ceux qui avaient déjà purgé leur peine. Du reste, ils étaient les seuls à expliquer de façon convaincante l'origine des démons : ils étaient méchants parce qu’ils avaient souffert de la méchanceté dans leur propre chair et qu’ils voulaient maintenant l'inoculer aux autres, selon un cycle de vengeance éternel.


Le Démon et mademoiselle Prym





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