mercredi, novembre 23, 2011

J'irai revoir mon Harmonie




« Adepte de la pensée sauvage, révolutionnaire brut et total, mettant en question jusqu'à la morale et les valeurs civilisées, Charles Fourier est un utopiste qui prétend rompre avec l'utopie. Celle-ci, estime-t-il, entendait brimer les passions et les désirs, les ramener sous le joug exclusif de la raison, alors qu'il importe, au contraire, de les laisser s'épanouir afin de les utiliser pour le plus grand bien de la société. »
Frédéric Rouvillois


« Dès le début du XIX’ siècle, entre 1808 et 1835, un original de génie bouleversait toutes les notions morales admises de son temps et traçait les linéaments d’une révolution sexuelle, si percutante et si audacieuse que, d'un coup d'aile, il se portait au-delà des plus avancés des défricheurs d’aujourd'hui, et qu’en comparaison, les Freud, les Wilhelm Reich, les Kinsey font presque figure de timides. »
Daniel Guérin

Pour Charles Fourier, la clé de l'harmonie c'est l'utilisation des passions. Il écrit :

"Étudions les moyens de développer et non pas réprimer les passions. Trois mille ans ont été sottement perdus à des essais de théories répressives : il est temps de faire volte-face en politique sociale. [...] La raison humaine, au lieu de critiquer ces puissances invincibles qu'on nomme passions, aurait fait plus sagement d’en étudier les lois dans la synthèse de l'attraction.

Les détracteurs des passions, les philosophes et prêtres, n'ont imaginé des institutions que pour comprimer les passions d’autrui et satisfaire les leurs. Dieu spécula en sens contraire. Toutes ses institutions ou coutumes, qu’établira le code passionnel, ont pour but d'assurer à chaque passion un essor isolé ; puis à toutes un essor collectif. Il veut qu’après s’être satisfaites chacune séparément elles se satisfassent combinément, qu'elles imitent nos sybarites qui passent des plaisirs particuliers du ménage aux plaisirs collectifs de la société ; qu’elles présentent dans leur jeu les alternatives du concert musical, où l’on voit l’orchestre passer des solos aux tuttis, puis des tuttis aux solos, et entremêler ces alternats par des concerts partiels, comme des morceaux de duos, trios, quatuors, etc., où les voix et instruments figurent successivement en combinaisons variées. Telle est la marche que doivent suivre les passions dans leurs développements d’Harmonie (X, vol. n, 191-192).

Tant que l'essor de nos passions est contraire au bien de nos concitoyens, il n’existe point d’unité naturelle entre eux et nous ; l’accord n’est que forcé. Il faut donc découvrir un ordre de choses où chaque individu, en se livrant à ses passions, puisse coopérer au bien de tous et de leur propre aveu. La Civilisation étant inhabile à produire pareil effet, il faut découvrir une société d’ordre supérieur (XII, 143).

Je ferai usage d'un levier tout à fait inconnu, et dont on ne peut pas juger les propriétés avant que je ne les aie expliquées. La série passionnelle opère comme le laboureur qui, d’un ramas d'immondices va tirer des germes de richesse ; les détriments, les boues, les ordures et matières immondes qui ne serviraient qu’à souiller et infecter nos maisons, deviennent pour lui des sources de fortune. Il en est de même des immondices passionnelles dont la politique ne sait faire aucun emploi. Nous allons, grâce à ce levier transformer en matériaux précieux tous ces levains de fureurs sociales [...]. L’humanité a tardé quatre mille ans à inventer l'étrier et la soupente, que tout bon simple pouvait découvrir et qui furent inconnus d'Athènes et de Rome ; doit-on s'étonner qu’un calcul immense, comme celui des séries passionnelles ait échappé aux sciences modernes qui ne l'ont même pas cherché et n’en ont pas soupçonné l'existence ? (III, 30-31)

Ma théorie se borne à utiliser les passions réprouvées telles que la nature les donne, et sans y rien changer. C’est là tout, le grimoire, tout le secret du calcul de l'attraction passionnée (V, 157)."

Charles Fourier, Vers la liberté en amour, textes choisis et présentés par Daniel Guérin.


Vers la liberté en amour


Á l'orée du XIXe siècle, un original de génie déclarait la guerre aux moralistes. Après un réquisitoire contre les mœurs qu'avait observées sa vue perçante, stigmatisant, à la manière de Juvénal, le mariage, le cocuage, la famille, l'oppression de la femme, les frustrations de la vieillesse, l'hypocrisie d'interdits partout violés en secret, Fourier ouvrait la voie à la révolution sexuelle.

Le grand «utopiste» (mais était-ce de l'utopie ?) annonçait la venue d'une société heureuse où l'amour, sous toutes ses formes et à tous les âges, serait libre, où marcheraient de front plaisir et travail, où les passions, cessant d'être réprimées, ne tourneraient plus en névroses et contribueraient, chacune à sa manière, au bonheur de tous, où l'orgie ne serait plus débauche mais lien social.



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