dimanche, novembre 27, 2011

Arnaques religieuses





Une amusante gravure, parue dans le Magician Annual de Londres en 1907 et représentant un homme de l'âge de pierre, entouré de spectateurs ébahis ou hilares, qui extrait une grenouille d'une sorte de chapeau préalablement montré vide, a la valeur d'un symbole. Elle exprime que l'art de réaliser des prodiges et de tromper ses semblables est aussi vieux que le monde.

Effectivement, les plus anciens textes et même des objets préhistoriques, des dessins ornant des grottes habitées par l'homme des cavernes nous apprennent l'existence, dès les premiers temps de l'humanité, de sorciers, de magiciens et de devins parfois plus ou moins équivoques.

Dans la IIe Épître de Saint Paul à Timothée, il est parlé de Jammès et de Mambrès, les magiciens du Pharaon, qui furent chargés d'opposer leurs prodiges à ceux de Moïse. Ces faiseurs de miracles n'étaient que des illusionnistes qui avaient pour mission officielle d'en imposer au peuple par leurs prestiges et de contribuer ainsi à assurer l'autorité de leur maître.

Au IIe siècle, le philosophe pythagoricien Celse écrit sur les magiciens un livre intitulé Contre les Magiciens qui n'a pu être retrouvé, mais qui est mentionné par Lucien dans Alexandre ou le faux prophète. D'après l'écrivain grec, Celse dévoilerait certains agissements frauduleux des mages. 


A la même époque, un auteur anonyme, qui était probablement Origène, décrit les trucs des anciens oracles dans un document appelé Philosophoumena.

« Le tonnerre, lit-on dans cet ouvrage, s'imite de plusieurs manières. Un grand nombre de pierres qui roulent en descendant sur des planches de bois et tombent ensuite sur des plaques d'airain produisent un bruit semblable au tonnerre. En entourant d'une petite corde une planche légère, semblable à celles dont les foulons se servent pour presser les vêtements, et en tirant avec brusquerie la corde, on produit un mouvement de rotation de la planchette et cette rotation produit le bruit du tonnerre...

« Je ne veux point non plus passer sous silence la lécanomancie, qui est une des fourberies des mages. Ils préparent une chambre close et en peignent le plafond en azur; ils y apportent et y suspendent quelques tentures bleues et placent au milieu de la chambre un bassin plein d'eau qui, réfléchissant le bleu du plafond, paraît donner l'image du ciel. Il existe dans le plancher une ouverture cachée sur laquelle on place le bassin qui est de pierre, mais dont le fond est de verre. Au-dessous du bassin est une chambre secrète dans laquelle se réunissent les compères qui, ayant pris la figure des dieux et des démons que le mage veut faire apparaître, en jouent le rôle. En les voyant, la dupe, frappée de stupeur par la fourberie des mages, accorde créance à tout ce que ceux-ci lui disent ensuite.

« Pour faire apparaître un démon en flammes, on dessine sur le mur la figure que l'on veut. On enduit ensuite secrètement ce dessin de naphte laconique et d'asphalte de Zacynthe; ensuite, feignant d'opérer l'évocation, on approche le flambeau du mur; l'enduit prend feu et brûle...

« Voici maintenant de quelle manière les mages font parler une tête posée à terre. Ils prennent une vessie de bœuf, l'enduisent de cire d’Étrurie et de plâtre préparé à cet effet. La vessie étant ainsi enveloppée présente l'apparence d'une tête qui, à tous, paraît parler. On fait arriver dans cette tête la trachée-artère d'une grue ou de quelque autre oiseau à long col et c'est par ce moyen qu'un compère caché dit ce qu'il veut. Lorsqu'on désire que la tête s'évanouisse, on l'entoure d'un cercle de charbons ; alors, elle paraît se transformer en fumée et, la cire fondant par la chaleur, il semble que la tête devient invisible. »

L'écrivain latin Apulée du IIe siècle raconte qu'au cours de son initiation aux mystères d'Isis « il vit le Soleil briller à minuit », mais, il est douteux que l'original auteur de l’Âne d'Or ait été vraiment dupe des fantasmagories préparées par les prêtres d'Isis et d'Osiris. Au reste, voici, d'après Philosophoumena, comment les mages faisaient apparaître la Lune au plafond d'une salle et probablement aussi le Soleil.

« Après avoir établi au centre du plafond un miroir, ils placent au milieu du plancher un bassin plein d'eau, puis ils disposent dans la chambre, à une certaine hauteur au-dessus du sol, une lampe donnant de la lumière diffuse et d'une forme telle que, par la réflexion sur l'eau du bassin, elle semble, dans le miroir, être la Lune elle-même. Le plus souvent, on suspend au plafond un tambour que l'on entoure de quelque étoffe, de telle manière qu'un compère le tienne caché jusqu'au moment où, grâce à cette lampe posée derrière, il apparaît. A un signal donné, le compère retire une partie de l'enveloppe de manière à donner au tambour précisément l'apparence de la Lune à ce moment. On peut également enduire, dans le même but, une partie de la membrane translucide du tambour avec du cinabre et de la gomme...

« Ils simulent les étoiles avec des écailles d'aloses ou des lampyres reliés avec de l'eau gommée et fixés çà et là sur le plafond. » 


Un évêque du IVe siècle, Théodoret, commentateur de la Bible, rapporte que, d'après les rabbins, « le motif de l'effroi que la pythonisse consultée par Saül éprouva ou feignit éprouver, c'est que l'ombre de Samuel parut dans l'attitude d'un homme qui se tient debout, tandis que, jusque-là, les ombres des morts n'étaient apparues que renversées ». Cette intéressante remarque semble indiquer que, dans les conditions habituelles, les « ombres des morts » étaient des sortes de projections lumineuses obtenues par le procédé de la chambre noire munie d'une petite ouverture.

Les œuvres de Héron d'Alexandrie contiennent également des révélations sur les pratiques des prêtres égyptiens ou hébraïques. Celles-ci sont minutieusement étudiées par le jésuite allemand Kircher du début du XVIIe siècle dans Œdipüs Ægyptiacus , ouvrage visiblement inspiré des écrits de l'auteur égyptien précité. Notons incidemment que Kircher chercha à reproduire certaines expériences dont il eut la description, ce qui le conduisit à inventer la lanterne « magique » laquelle passa, à l'époque du savant physicien, pour un instrument diabolique. C'est ce qu'exprime Loret dans ce plaisant quatrain : 


Enfin, voyant cette magie
Agir avec tant d'énergie,
Certes, je fis, à plusieurs fois,
Quantité de signes de croix.

D'après Kircher, les prêtres employaient au mieux leurs connaissances physiques, chimiques et naturelles pour frapper l'imagination de leurs ouailles et de leurs adeptes. Leurs temples étaient truqués de fond en comble. Ils utilisaient des émanations naturelles, des parfums, des jeux de lumière, des dispositifs mécaniques, des caveaux sonores, le téléphone acoustique, des plaques métalliques avec lesquelles ils simulaient le tonnerre. Enfin, ils avaient aussi très probablement recours à la ventriloquie pour faire « parler » leurs dieux de pierre ou de bronze.

A Eleusis, dans un temple dédié à Cérès, lorsque le feu de l'autel s'allumait, les portes du sanctuaire s'ouvraient. Elles se fermaient d'elles-mêmes à la fin du sacrifice. En même temps, on entendait un son de trompettes ou un bruit de tonnerre. Kircher, d'après Héron d'Alexandrie, explique ces prodiges par la mise en jeu de mécanismes assez compliqués qu'il décrit dans tous leurs détails.

De même, dans un temple consacré à Minerve, un dragon faisait entendre des sifflements aigus. En certains temples, la statue de la déesse Cybèle fournissait du lait chaque fois qu'on allumait les lampes de l'autel. C'était l'air chaud, produit par les lampes, qui faisait monter le liquide dans des tubes, jusqu'aux seins de la statue.

En d'autres temples, l'eau était changée en vin, l'encens était liquéfié (Horace, Sermonum, liber I, sat. V).

Bien entendu, le public considérait tous ces faux prodiges comme des phénomènes surnaturels.

Enfin, A. Rich rapporte, dans son Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, que beaucoup de temples anciens possédaient des chambres (adytum) connues seulement des prêtres et qui servaient à la production de leurs prestiges. L'auteur a pu visiter l'une de ces chambres, parfaitement conservée, dans les ruines du temple d'Alba, sur le lac de Fucino. L'adytum était aménagé sous l'absis, c'est-à-dire sous la grande niche semi-circulaire qui, ordinairement, abritait la statue du dieu. Il est un fait remarquable, qui prouve sans réplique la destination de l'adytum, c'est qu'on trouve, creusés dans les murs, un grand nombre de tubes ou de conduits qui font communiquer le réduit avec l'intérieur du temple ; ces tuyaux acoustiques permettaient à une voix de se faire entendre de la cella (corps principal du temple) pendant que la personne qui parlait restait cachée. De plus, lorsque la statue du dieu était de grandes dimensions, elle présentait très souvent une cavité en relation avec l'adytum ou avec des couloirs secrets ; les prêtres pouvaient ainsi pénétrer dans la statue pour y rendre leurs oracles.

Si l'Antiquité égyptienne et romaine eurent leurs faux mages, au Moyen Age et pendant la Renaissance, alchimistes, sorciers et illuminés ne se firent pas faute, non plus, d'utiliser les ressources de l'illusionnisme pour tirer des foules naïves et crédules quelque avantage matériel. Le fait paraît nettement à la lecture des histoires d'alchimie, de sorcellerie et de magie de l'époque.

Vers 1550, Nostradamus fit apparaître devant Catherine de Médicis une théorie d'anciens monarques et un groupe de jésuites qui devaient abolir la monarchie et gouverner eux-mêmes.

Le physicien Robertson (1763-1837) donna plus tard l'explication du phénomène : une glace inclinée reflétait les personnages placés dans une pièce voisine. 


Sous Louis XV et Louis XVI, Cagliostro, l'un des plus grands magiciens que l'on ait connus, était vraisemblablement, en même temps qu'un homme remarquable à maints égards, un charlatan prodigieusement habile et un maître ventriloque. Il semble avoir utilisé les glaces sans tain, avant nos illusionnistes modernes, dans la production de spectres évanescents. 


Enfin, de nos jours, sorciers noirs ou jaunes, fakirs de l'Inde sont essentiellement des prestidigitateurs. La lecture d'ouvrages tels que ceux de Jacolliot, d'Ossendowski, de Paul Brunton, qui, cependant, estiment authentiquement paranormaux les phénomènes qu'ils décrivent, ne laisse aucun doute dans l'esprit de tout lecteur initié à la prestidigitation : la plupart des faits extraordinaires relatés dans ces livres, et attribués au médiumnisme ou au fakirisme, appartiennent au domaine de l'illusionnisme.

Étant donné cette fréquence de l'imposture, en tout temps et en tout lieu, on peut se demander si ce ne sont pas des prodiges artificiels qui donnèrent parfois naissance au paranormal vrai.

On peut penser, en effet, que certains sujets prédisposés, frappés et émerveillés par les phénomènes présentés par les prêtres ou par les sorciers, cherchèrent à les reproduire, mais, n'en connaissant pas le mécanisme et croyant de plus qu'ils étaient dus à des forces ou à des intelligences extra-humaines : esprits, demi-dieux ou dieux, furent conduits à les réaliser spontanément sans l'usage d'artifices et sans se douter d'ailleurs qu'ils en étaient les propres auteurs. 


Évidemment, l'opinion contraire est plus vraisemblable : ce serait plutôt le désir d'imiter le paranormal qui aurait conduit l'imposteur soit à la prestidigitation, soit à la fausse médiumnité. Les arguments en faveur de cette thèse, sur laquelle il nous semble inutile d'insister parce que généralement adoptée, ne manquent pas.

N'empêche que certains faits actuels semblent confirmer le premier point de vue. Ainsi, le médium Éva C. (dont il sera question plus loin), qui n'était surtout qu'une adroite simulatrice, a vraisemblablement produit spontanément des phénomènes authentiquement méta-psychiques à la fin de sa carrière médiumnique. Elle fut probablement prise, à un moment donné, à son propre jeu, crut en ses pouvoirs, d'où l'irruption du paranormal dans sa production truquée.

De même, il n'est pas rare que les prestidigitateurs acquièrent des facultés réellement paranormales, ce qui les étonne profondément. Ainsi, dans son ouvrage Mes Secrets d'Illusionniste, le grand prestidigitateur anglais David Devant écrit : « Je suis désolé, mais je ne peux pas reconnaître l'impossibilité absolue de la télépathie sans truc, et il est bien certain que ma sœur, qui me secondait, a souvent compris ce que je voulais, sans que j'aie recours à notre code. »

Le magicien américain Houdini a présumé avoir été également servi plus d'une fois par des facultés psychiques qui l'aidaient à réussir certains de ses « miracles ». 


Howard Thurston, un autre illusionniste américain, a, d'après Harry Price (Light, décembre 1923), publiquement certifié que des forces invisibles viennent parfois l'aider. Un jour, écrit en substance Harry Price, Howard Thurston montrait au public une pseudo-séance spirite et il reconnut, après la séance, que des effets stupéfiants, inexplicables, avaient été produits, et tels qu'on pouvait y discerner l'intervention d'une force intelligente invisible.

Cumberland, lui-même, qui était anti-psychiste, a dit qu'il lui arrivait d'apprendre, tout à coup, quel était l'objet à découvrir et où il était caché, avant même de toucher à l'agent.

Enfin, dans le domaine de la métapsychique physique, un illusionniste français favorablement connu, M. Dizien, a déclaré : « Étant jeune, j'ai fait lever une table, sans contact et sans truc. »

Bien sûr, le truquage est toujours à la base des expériences des prestidigitateurs et ce n'est que d'une manière très sporadique et aléatoire que le phénomène psychique peut se superposer à leurs exercices, mais il n'en demeure pas moins que le fait de produire un grand nombre de fois un phénomène truqué finit, semble-t-il, par solliciter chez l'individu des facultés psychologiques ou des forces physiologiques susceptibles de réaliser le prodige par l'effet de leur propre vertu. Cette sorte de transposition des phénomènes doit avoir lieu d'autant plus facilement que le prestidigitateur présente ses tours avec plus de conviction.

Toutefois, n'oublions jamais que les phénomènes méta-psychiques, et particulièrement ceux d'ordre physique, ne sont pas reproductibles à volonté.

Robert Tocquet, Les pouvoirs secrets de l'homme.



La lévitation



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