mercredi, novembre 30, 2011

Le traité contre les superstitions d'Agobard






Tout au long du Moyen Âge, des récits évoquent des contacts avec des créatures vivant «entre les anges et les hommes». L'un des textes les plus célèbres est celui d'Agobard, archevêque de Lyon, dans la première moitié du IXe siècle.

Ce texte, cependant, n'est pas fait pour accréditer de telles histoires. Au contraire, le Liber contra insulsam vulgi opinionem (le Livre contre les stupides préjugés du peuple) est destiné à lutter contre ce que l'archevêque estimait être les superstitions de son siècle. C'est dans la partie intitulée De grandine et tonitruis (De la grêle et du tonnerre) qu'il s'insurge contre les histoires de «peuple des airs» qui courent parmi la population de la région. Dans le De grandine, Agobard s'attaque aux idées de ses contemporains concernant le climat. Des paysans croient alors que des phénomènes naturels, comme l'orage ou la grêle, résultent de l'action de sorciers appelés «tempestaires» (tempestarii) qui sont en relation avec des êtres originaires d'un pays mystérieux situé entre la terre et le ciel, la «Magonie». Ils passeraient avec eux des pactes qui conduiraient les «Magonians», voyageant sur des navires (naves) aériens, à déclencher des intempéries désastreuses pour les cultures. Les deux parties se partageraient alors les fruits touchés et les animaux foudroyés ou noyés. Pour se prémunir contre de tels méfaits, les paysans ne connaissent qu'un remède : ils plantent dans les champs de grands mats chargés de formules magiques. L'empereur Charlemagne interdit, dans ces Capitulaires, une pratique si « superstitieuse », l'archevêque Agobard s'inscrit dans le même combat.

Or, l'archevêque de Lyon a de bonnes raisons de connaître ces croyances : on lui a amené un jour trois hommes et une femme que la foule accusait d'appartenir à la race des voyageurs aériens et qu'elle voulait lyncher. Agobard finit par démontrer aux Lyonnais leur erreur et sauva la vie des prisonniers. Selon une autre version, qui ne résulte pas du témoignage d'Agobard, les quatre « aériens » auraient bel et bien été tués puis jetés dans le Rhône après avoir été attachés à des planches.

Les êtres du ciel

De même, dans nombre de textes anciens, païens ou chrétiens, apparaissent des êtres qui, quoique supérieurs aux hommes, ne sont pas d'essence divine puisqu'ils sont mortels comme eux. Ils sont dotés d'une grande science et savent se déplacer dans le ciel, d'eux-mêmes ou sur des «vaisseaux». Dans l'Antiquité, un Plutarque croit à l'existence de tels êtres : pourquoi la nature n'aurait-elle rien prévu pour remplir le vide qui existe entre les mortels et les divins immortels ? Plus tard, au XVIe siècle, un autre auteur, Montfaucon de Villars, dans ses Entretiens sur les sciences secrètes, relate une anecdote qu'il fait remonter aux premiers temps de l'ère carolingienne : les créatures intermédiaires, que lui-même appelle Sylphes, ont décidé un jour de se montrer à visage découvert et sont descendus sur la Terre dans leurs vaisseaux aériens pour prouver qu'ils étaient innocents des crimes qu'on leur attribuait. Expérience inutile, apparemment, puisque des capitulaires de Charlemagne puis de Louis le Pieux fixent que seront imputées des amendes à tout homme et toute femme disant venir du ciel et qui sera capturé. Pour convaincre les Terriens, et de leur existence et de leurs bonnes intentions, les Sylphes auraient alors enlevé certains d'entre eux et leur auraient montré les beautés de leur pays d'origine. Puis ils les auraient reconduits indemnes sur la Terre. Mais les voyageurs involontaires auraient été pris à leur tour pour des sorciers ou des créatures diaboliques : arrêtés, torturés, ils auraient finalement été exécutés. 


L'épisode de Lyon se situe dans ce contexte. Les êtres aériens, par la suite, semblent faire preuve de plus de prudence. Les observations les concernant se font moins nombreuses, mais elles émanent parfois de personnages de haut rang : ainsi le roi Charles le Chauve raconte avoir un jour été entraîné par une créature d'aune blancheur éclatante» et munie d'aune arme jetant un lueur extraordinaire, comme celle d'une comète» (Paris, manuscrit de la Bibliothèque nationale). Rares sont ceux qui, à l'instar du sceptique Agobard, ne croient simplement pas que de telles créatures puissent exister. Les arguments de l'archevêque de Lyon sont d'ailleurs eux-mêmes bien étonnants pour un esprit moderne : l'impossibilité du phénomène résulte, pour l'auteur chrétien, d'arguments purement métaphysiques — la puissance de tels êtres amoindrirait celle de Dieu.


L'ancre du vaisseau des nuées


Plusieurs textes du haut Moyen Âge (un Speculum regale — Miroir des rois — contant les exploits des héros légendaires irlandais, le Konungs Skuggsia norvégien de 950, l'Historia brittonum du Gallois Nennius de 826, ou le Mirabilia irlandais) contiennent la relation d'un incident très proche de celui que raconte l'archevêque Agobard.

Un jour de fête, une ancre attachée à un vaisseau des nuées tombe du ciel et se coince en rencontrant un obstacle. Un des êtres aériens descend alors «en nageant» dans les airs et tente en vain de décrocher l'ancre. Il échappe de peu à la population accourue et s'envole vers le vaisseau. La corde est coupée, et celui-ci s'éloigne. Si les versions diffèrent dans les détails secondaires, toutes racontent néanmoins à peu près la même séquence d'événements. Encore au début du XIIIe siècle, l'Anglais Gervaise de Tilbury, dans son Otia imperiala (les Divertissements pour l'empereur), signale une apparition similaire, qui se serait produite peu de temps auparavant. Cette fois, le «plongeur» aérien aurait eu moins de chance et serait mort dans l'aventure. Ces récits apparaîtraient comme d'archaïques légendes si un incident similaire, à quelques détails près, à ceux qui y sont rapportés ne s'était produit à l'époque contemporaine. Le 26 avril 1897, un énigmatique vaisseau aérien apparaît à Merkel, au Texas. Son ancre tombe accidentellement et reste engagée sur le sol; un «plongeur» descend pour libérer le vaisseau... L'histoire fait la «une» des journaux du pays. Or, il est bien difficile d'imaginer que des paysans texans aient été influencés par la lecture de Gervaise de Tilbury ou par celle des textes des IX et XIe siècles...

Le texte d'Agobard :

« Nous avons vu et entendu beaucoup de gens fous et assez insensés pour croire et affirmer qu'il existe une certaine région, qu'ils appellent la Magonie, d'où sortent des vaisseaux qui voguent sur les nuages; ces vaisseaux ( Disent-ils ) emportent dans cette région les fruits tombés à cause de la grêle et détruits par la tempête, après que le prix du blé et des fruits a été payé aux tempestaires par les navigateurs aériens qui les ont recus. Nous avons même vu plusieurs de ces fous qui, croyant à la réalité de choses si absurdes, exhibèrent devant la foule quatre personnes enchaînées, trois hommes et une femmes qui, prétendaient-ils, étaient tombées de ces vaisseaux. Après les avoir gardées quelques jours en captivité, ils les avaient amenées devant moi, suivies par la foule, afin qu'elles soient lapidées. Après de longues palabres , la vérité ayant fini par prévaloir, ceux qui les avaient montrées au peuple se retrouvèrent, comme le dit le prophète, dans le même état de confusion qu'un voleur capturé. »


Liber contra insulsam vulgi opinionem

Agobard 

Agobard est né vers 779, près de Narbonne. Arrivé à Lyon à 20 ans, il y est ordonné prêtre en 804. Nommé coadjuteur de Leidrade, bibliothécaire de Charlemagne, en 808, il le remplace en 814 à la tête de l'archevêché de Lyon.

Participant activement aux affaires politiques de son temps, il soutient l'action d'unification de Louis le Pieux en 817. Mais il passe dans le camp adverse, celui de Lothaire, en 833, lorsque l'empereur est accusé d'avoir renié ses engagements. Il est déposé par Louis le Pieux en 835 puis retrouve son poste en 837. Il meurt à Saintes en 840. Bien que jamais canonisé, il est vénéré comme un saint, sous le nom de saint Aguebaud, dans la région lyonnaise.

Homme intelligent et cultivé, il est l'auteur de 22 livres. Ce sont des textes extrêmement divers : des recueils de poèmes, des pamphlets politiques et le traité contre les superstitions.


Source : Les grandes énigmes



Les grandes énigmes 

Direction éditoriale : Jacques Marseille 







Illustration :
http://sevaart.com/paintings/paintings-Pages/Image9.html





mardi, novembre 29, 2011

La pyramide de Khéops



Des sept merveilles du monde antique, Khéops, la Grande Pyramide, est la seule qui subsiste aujourd'hui. Depuis la plus haute antiquité, la grande pyramide étonne et les auteurs se succèdent pour tenter d'expliquer la raison d'être de l'impressionnant monument.

Interprétations antiques et médiévales

« Pour Aristote, elle a été érigée pour manifester la puissance royale. Pour l'historien latin Ammien Marcellin, elle fut une gigantesque bibliothèque : ses chambres intérieures étaient destinées à contenir les archives des sages. Pour le chroniqueur et voyageur du XIIe siècle Benjamin de Tudèle, c'est un fantastique grenier à blé que Joseph a fait construire pour entasser des réserves en prévision des sept années de vaches maigres. »

Dès le XIXe siècle

« Ésotéristes et farfelus s'opposent aux explications, trop prosaïques à leur goût, des archéologues : la grande pyramide ne peut être qu'une balise émergée pour que l'arche de Noé retrouve son chemin, ou un observatoire contenant les grandes équations de l'Univers ». Le sarcophage de granite rouge trouvé dans la chambre du roi ne serait autre que l'Arche d'alliance de Moïse. Les partisans de la théorie de la Terre creuse, quant à eux, voient parfois dans la grande pyramide une porte d'accès à un univers intérieur... »

De nos jours

« Des médiums prétendent que la grande pyramide émet une intense force magnétique : ils concluent avec une apparente logique que les blocs de pierre furent soulevés par des extraterrestres grâce à une puissance antigravitationnelle. L'objectif de ces êtres aurait été de cacher un réacteur nucléaire. Le sceptique n'a qu'a fouiller sous les sables du plateau de Gizeh : il retrouvera les restes d'un vaisseau spatial... Enfin, le sphinx, symbole d'une race supérieure venue de l'espace, aurait été construit en même temps que la grande pyramide par des Atlantes descendant d'extraterrestres ayant échappé à l'engloutissement de leur continent ! »
(Les grandes énigmes, ouvrage collectif.)

Beaucoup de radiesthésistes ont tenté de scruter le mystère de la Pyramide avec la baguette et le pendule ; et certains ont établi, dans ce but, des réductions de la Grande Pyramide. C'est le cas d'Alfred Bovis, inventeur du premier modèle de couveuse 
à œufs qui utilise l’air chaud. Bovis eut l'idée de reproduire la Pyramide de Khéops à l'échelle de 1/1000, en lui donnant la même orientation... Il eut l'idée de placer un morceau de viande au tiers de la hauteur, à l'emplacement de la Chambre du Roi... A sa grande stupéfaction, la viande se momifia en peu de temps.

La forme de la Grande Pyramide a-t-elle un pouvoir sur la matière ? Des personnes réalisent des maquettes et font des tests de momification de la nourriture et, d'autres, d'après la photographie ci-dessous, espèrent peut-être se libérer du mental en desséchant leur cerveau.


Alfred Bovis inventeur de la couveuse à œufs et de l'"incubateur" cérébral.



Annie Hasch, dans son livre Le pouvoir des pyramides, écrit :

« En 1930, un scientifique français nommé Bovis participe à une campagne d’étude sur le site de Khéops. Il constate tout de suite l’effrayante humidité qui règne à l’intérieur du monument, ce qui ne manque jamais de surprendre lorsque l’on baigne dans la touffeur du désert de Gizeh. Dans les couloirs domine une odeur pestilentielle provenant de rats en décomposition. Comment sont-ils entrés là (couloir secret jusqu’au Nil ???) et surtout pourquoi n’en sont-ils pas ressortis ? Mais Bovis s’étonne bien plus de l’absence d’odeur dans la chambre dite « du Roi », pourtant parsemée de rats morts. En y regardant de plus près, il s’aperçoit que non seulement les rats ne pourrissent pas, mais qu’ils semblent totalement desséchés. Homme de science, il bannit d’office toute explication mystico-ésotérique. Il emporte quelques cadavres pour autopsie : ils sont absolument momifiés. Les jours suivants, il tente une expérience. Il dispose, dans la chambre royale, des morceaux de viande fraîche, donc matière morte, détachée de toutes terminaisons nerveuses. La viande ne pourrit pas. Elle se dessèche. Vu le taux d’humidité, contraire à tout procédé de momification, il pense être en présence d’un phénomène des plus étranges. Intrigué, il a l’idée géniale de prendre du recul, de visualiser, dirait-on aujourd’hui, la pyramide dans l’espace. Faisant totalement abstraction du lieu et de la température, il ne pense qu’à étudier la forme. De retour en France, il construit dans son laboratoire une petite pyramide dans le rapport de Kheops et l’installe en orientant ses faces. Il introduit au tiers de sa hauteur (lieu de la Chambre du Roi) un petit morceau de viande. Ce dernier va se momifier, tandis que le morceau, resté à l’extérieur, juste à côté de la pyramide, pourrit. Il va renouveler l’expérience plusieurs fois sans jamais obtenir un autre résultat, et sans pour autant comprendre le comment de cette momification. »

Les auteurs de livres traitant de spiritualisme ont souvent beaucoup d'imagination. Mais Michel Moine, qui a connu personnellement le « scientifique français », nous apprend qu'Alfred BOVIS (1871-1947) était quincaillier de son état et n’a jamais franchi la méditerranée


C'est dans le livre de l’abbé Th. Moreux, la Science Mystérieuse des Pharaons, édité en 1923, que Bovis a puisé les données qui lui ont permis de réaliser des maquettes de la pyramide de khéops. « Voilà comment Alfred BOVIS a bien découvert à Nice, dans les années 30, le principe et les effets de la pyramide. 


A. Bovis était un autodidacte. [...] Il avait dû abandonner ses études dès l’âge de 16 ans pour s’occuper du commerce familial (quincaillerie). Jeune il se destinait à la médecine, mais les circonstances de la vie en décidèrent autrement. Il se passionne pour l’aviation, l’apiculture, l’élevage des volailles. Il invente le premier modèle de couveuse qui utilise l’air chaud. Il crée un nouvel hygromètre pour mesurer l’humidité à l’intérieur des élevages. Il met au point l’ovimètre pour tester la fraîcheur des œufs. L’aviculture amène le jeune Alfred Bovis à la radiesthésie. Il cherche un appareil ou un procédé qui lui permette de déceler le sexe des œufs mis en couveuse. »

Source : Guide de géobiologie, Michel Moine et Jean louis Degaudenzi.


Pyramid Meditation

dimanche, novembre 27, 2011

Arnaques religieuses





Une amusante gravure, parue dans le Magician Annual de Londres en 1907 et représentant un homme de l'âge de pierre, entouré de spectateurs ébahis ou hilares, qui extrait une grenouille d'une sorte de chapeau préalablement montré vide, a la valeur d'un symbole. Elle exprime que l'art de réaliser des prodiges et de tromper ses semblables est aussi vieux que le monde.

Effectivement, les plus anciens textes et même des objets préhistoriques, des dessins ornant des grottes habitées par l'homme des cavernes nous apprennent l'existence, dès les premiers temps de l'humanité, de sorciers, de magiciens et de devins parfois plus ou moins équivoques.

Dans la IIe Épître de Saint Paul à Timothée, il est parlé de Jammès et de Mambrès, les magiciens du Pharaon, qui furent chargés d'opposer leurs prodiges à ceux de Moïse. Ces faiseurs de miracles n'étaient que des illusionnistes qui avaient pour mission officielle d'en imposer au peuple par leurs prestiges et de contribuer ainsi à assurer l'autorité de leur maître.

Au IIe siècle, le philosophe pythagoricien Celse écrit sur les magiciens un livre intitulé Contre les Magiciens qui n'a pu être retrouvé, mais qui est mentionné par Lucien dans Alexandre ou le faux prophète. D'après l'écrivain grec, Celse dévoilerait certains agissements frauduleux des mages. 


A la même époque, un auteur anonyme, qui était probablement Origène, décrit les trucs des anciens oracles dans un document appelé Philosophoumena.

« Le tonnerre, lit-on dans cet ouvrage, s'imite de plusieurs manières. Un grand nombre de pierres qui roulent en descendant sur des planches de bois et tombent ensuite sur des plaques d'airain produisent un bruit semblable au tonnerre. En entourant d'une petite corde une planche légère, semblable à celles dont les foulons se servent pour presser les vêtements, et en tirant avec brusquerie la corde, on produit un mouvement de rotation de la planchette et cette rotation produit le bruit du tonnerre...

« Je ne veux point non plus passer sous silence la lécanomancie, qui est une des fourberies des mages. Ils préparent une chambre close et en peignent le plafond en azur; ils y apportent et y suspendent quelques tentures bleues et placent au milieu de la chambre un bassin plein d'eau qui, réfléchissant le bleu du plafond, paraît donner l'image du ciel. Il existe dans le plancher une ouverture cachée sur laquelle on place le bassin qui est de pierre, mais dont le fond est de verre. Au-dessous du bassin est une chambre secrète dans laquelle se réunissent les compères qui, ayant pris la figure des dieux et des démons que le mage veut faire apparaître, en jouent le rôle. En les voyant, la dupe, frappée de stupeur par la fourberie des mages, accorde créance à tout ce que ceux-ci lui disent ensuite.

« Pour faire apparaître un démon en flammes, on dessine sur le mur la figure que l'on veut. On enduit ensuite secrètement ce dessin de naphte laconique et d'asphalte de Zacynthe; ensuite, feignant d'opérer l'évocation, on approche le flambeau du mur; l'enduit prend feu et brûle...

« Voici maintenant de quelle manière les mages font parler une tête posée à terre. Ils prennent une vessie de bœuf, l'enduisent de cire d’Étrurie et de plâtre préparé à cet effet. La vessie étant ainsi enveloppée présente l'apparence d'une tête qui, à tous, paraît parler. On fait arriver dans cette tête la trachée-artère d'une grue ou de quelque autre oiseau à long col et c'est par ce moyen qu'un compère caché dit ce qu'il veut. Lorsqu'on désire que la tête s'évanouisse, on l'entoure d'un cercle de charbons ; alors, elle paraît se transformer en fumée et, la cire fondant par la chaleur, il semble que la tête devient invisible. »

L'écrivain latin Apulée du IIe siècle raconte qu'au cours de son initiation aux mystères d'Isis « il vit le Soleil briller à minuit », mais, il est douteux que l'original auteur de l’Âne d'Or ait été vraiment dupe des fantasmagories préparées par les prêtres d'Isis et d'Osiris. Au reste, voici, d'après Philosophoumena, comment les mages faisaient apparaître la Lune au plafond d'une salle et probablement aussi le Soleil.

« Après avoir établi au centre du plafond un miroir, ils placent au milieu du plancher un bassin plein d'eau, puis ils disposent dans la chambre, à une certaine hauteur au-dessus du sol, une lampe donnant de la lumière diffuse et d'une forme telle que, par la réflexion sur l'eau du bassin, elle semble, dans le miroir, être la Lune elle-même. Le plus souvent, on suspend au plafond un tambour que l'on entoure de quelque étoffe, de telle manière qu'un compère le tienne caché jusqu'au moment où, grâce à cette lampe posée derrière, il apparaît. A un signal donné, le compère retire une partie de l'enveloppe de manière à donner au tambour précisément l'apparence de la Lune à ce moment. On peut également enduire, dans le même but, une partie de la membrane translucide du tambour avec du cinabre et de la gomme...

« Ils simulent les étoiles avec des écailles d'aloses ou des lampyres reliés avec de l'eau gommée et fixés çà et là sur le plafond. » 


Un évêque du IVe siècle, Théodoret, commentateur de la Bible, rapporte que, d'après les rabbins, « le motif de l'effroi que la pythonisse consultée par Saül éprouva ou feignit éprouver, c'est que l'ombre de Samuel parut dans l'attitude d'un homme qui se tient debout, tandis que, jusque-là, les ombres des morts n'étaient apparues que renversées ». Cette intéressante remarque semble indiquer que, dans les conditions habituelles, les « ombres des morts » étaient des sortes de projections lumineuses obtenues par le procédé de la chambre noire munie d'une petite ouverture.

Les œuvres de Héron d'Alexandrie contiennent également des révélations sur les pratiques des prêtres égyptiens ou hébraïques. Celles-ci sont minutieusement étudiées par le jésuite allemand Kircher du début du XVIIe siècle dans Œdipüs Ægyptiacus , ouvrage visiblement inspiré des écrits de l'auteur égyptien précité. Notons incidemment que Kircher chercha à reproduire certaines expériences dont il eut la description, ce qui le conduisit à inventer la lanterne « magique » laquelle passa, à l'époque du savant physicien, pour un instrument diabolique. C'est ce qu'exprime Loret dans ce plaisant quatrain : 


Enfin, voyant cette magie
Agir avec tant d'énergie,
Certes, je fis, à plusieurs fois,
Quantité de signes de croix.

D'après Kircher, les prêtres employaient au mieux leurs connaissances physiques, chimiques et naturelles pour frapper l'imagination de leurs ouailles et de leurs adeptes. Leurs temples étaient truqués de fond en comble. Ils utilisaient des émanations naturelles, des parfums, des jeux de lumière, des dispositifs mécaniques, des caveaux sonores, le téléphone acoustique, des plaques métalliques avec lesquelles ils simulaient le tonnerre. Enfin, ils avaient aussi très probablement recours à la ventriloquie pour faire « parler » leurs dieux de pierre ou de bronze.

A Eleusis, dans un temple dédié à Cérès, lorsque le feu de l'autel s'allumait, les portes du sanctuaire s'ouvraient. Elles se fermaient d'elles-mêmes à la fin du sacrifice. En même temps, on entendait un son de trompettes ou un bruit de tonnerre. Kircher, d'après Héron d'Alexandrie, explique ces prodiges par la mise en jeu de mécanismes assez compliqués qu'il décrit dans tous leurs détails.

De même, dans un temple consacré à Minerve, un dragon faisait entendre des sifflements aigus. En certains temples, la statue de la déesse Cybèle fournissait du lait chaque fois qu'on allumait les lampes de l'autel. C'était l'air chaud, produit par les lampes, qui faisait monter le liquide dans des tubes, jusqu'aux seins de la statue.

En d'autres temples, l'eau était changée en vin, l'encens était liquéfié (Horace, Sermonum, liber I, sat. V).

Bien entendu, le public considérait tous ces faux prodiges comme des phénomènes surnaturels.

Enfin, A. Rich rapporte, dans son Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, que beaucoup de temples anciens possédaient des chambres (adytum) connues seulement des prêtres et qui servaient à la production de leurs prestiges. L'auteur a pu visiter l'une de ces chambres, parfaitement conservée, dans les ruines du temple d'Alba, sur le lac de Fucino. L'adytum était aménagé sous l'absis, c'est-à-dire sous la grande niche semi-circulaire qui, ordinairement, abritait la statue du dieu. Il est un fait remarquable, qui prouve sans réplique la destination de l'adytum, c'est qu'on trouve, creusés dans les murs, un grand nombre de tubes ou de conduits qui font communiquer le réduit avec l'intérieur du temple ; ces tuyaux acoustiques permettaient à une voix de se faire entendre de la cella (corps principal du temple) pendant que la personne qui parlait restait cachée. De plus, lorsque la statue du dieu était de grandes dimensions, elle présentait très souvent une cavité en relation avec l'adytum ou avec des couloirs secrets ; les prêtres pouvaient ainsi pénétrer dans la statue pour y rendre leurs oracles.

Si l'Antiquité égyptienne et romaine eurent leurs faux mages, au Moyen Age et pendant la Renaissance, alchimistes, sorciers et illuminés ne se firent pas faute, non plus, d'utiliser les ressources de l'illusionnisme pour tirer des foules naïves et crédules quelque avantage matériel. Le fait paraît nettement à la lecture des histoires d'alchimie, de sorcellerie et de magie de l'époque.

Vers 1550, Nostradamus fit apparaître devant Catherine de Médicis une théorie d'anciens monarques et un groupe de jésuites qui devaient abolir la monarchie et gouverner eux-mêmes.

Le physicien Robertson (1763-1837) donna plus tard l'explication du phénomène : une glace inclinée reflétait les personnages placés dans une pièce voisine. 


Sous Louis XV et Louis XVI, Cagliostro, l'un des plus grands magiciens que l'on ait connus, était vraisemblablement, en même temps qu'un homme remarquable à maints égards, un charlatan prodigieusement habile et un maître ventriloque. Il semble avoir utilisé les glaces sans tain, avant nos illusionnistes modernes, dans la production de spectres évanescents. 


Enfin, de nos jours, sorciers noirs ou jaunes, fakirs de l'Inde sont essentiellement des prestidigitateurs. La lecture d'ouvrages tels que ceux de Jacolliot, d'Ossendowski, de Paul Brunton, qui, cependant, estiment authentiquement paranormaux les phénomènes qu'ils décrivent, ne laisse aucun doute dans l'esprit de tout lecteur initié à la prestidigitation : la plupart des faits extraordinaires relatés dans ces livres, et attribués au médiumnisme ou au fakirisme, appartiennent au domaine de l'illusionnisme.

Étant donné cette fréquence de l'imposture, en tout temps et en tout lieu, on peut se demander si ce ne sont pas des prodiges artificiels qui donnèrent parfois naissance au paranormal vrai.

On peut penser, en effet, que certains sujets prédisposés, frappés et émerveillés par les phénomènes présentés par les prêtres ou par les sorciers, cherchèrent à les reproduire, mais, n'en connaissant pas le mécanisme et croyant de plus qu'ils étaient dus à des forces ou à des intelligences extra-humaines : esprits, demi-dieux ou dieux, furent conduits à les réaliser spontanément sans l'usage d'artifices et sans se douter d'ailleurs qu'ils en étaient les propres auteurs. 


Évidemment, l'opinion contraire est plus vraisemblable : ce serait plutôt le désir d'imiter le paranormal qui aurait conduit l'imposteur soit à la prestidigitation, soit à la fausse médiumnité. Les arguments en faveur de cette thèse, sur laquelle il nous semble inutile d'insister parce que généralement adoptée, ne manquent pas.

N'empêche que certains faits actuels semblent confirmer le premier point de vue. Ainsi, le médium Éva C. (dont il sera question plus loin), qui n'était surtout qu'une adroite simulatrice, a vraisemblablement produit spontanément des phénomènes authentiquement méta-psychiques à la fin de sa carrière médiumnique. Elle fut probablement prise, à un moment donné, à son propre jeu, crut en ses pouvoirs, d'où l'irruption du paranormal dans sa production truquée.

De même, il n'est pas rare que les prestidigitateurs acquièrent des facultés réellement paranormales, ce qui les étonne profondément. Ainsi, dans son ouvrage Mes Secrets d'Illusionniste, le grand prestidigitateur anglais David Devant écrit : « Je suis désolé, mais je ne peux pas reconnaître l'impossibilité absolue de la télépathie sans truc, et il est bien certain que ma sœur, qui me secondait, a souvent compris ce que je voulais, sans que j'aie recours à notre code. »

Le magicien américain Houdini a présumé avoir été également servi plus d'une fois par des facultés psychiques qui l'aidaient à réussir certains de ses « miracles ». 


Howard Thurston, un autre illusionniste américain, a, d'après Harry Price (Light, décembre 1923), publiquement certifié que des forces invisibles viennent parfois l'aider. Un jour, écrit en substance Harry Price, Howard Thurston montrait au public une pseudo-séance spirite et il reconnut, après la séance, que des effets stupéfiants, inexplicables, avaient été produits, et tels qu'on pouvait y discerner l'intervention d'une force intelligente invisible.

Cumberland, lui-même, qui était anti-psychiste, a dit qu'il lui arrivait d'apprendre, tout à coup, quel était l'objet à découvrir et où il était caché, avant même de toucher à l'agent.

Enfin, dans le domaine de la métapsychique physique, un illusionniste français favorablement connu, M. Dizien, a déclaré : « Étant jeune, j'ai fait lever une table, sans contact et sans truc. »

Bien sûr, le truquage est toujours à la base des expériences des prestidigitateurs et ce n'est que d'une manière très sporadique et aléatoire que le phénomène psychique peut se superposer à leurs exercices, mais il n'en demeure pas moins que le fait de produire un grand nombre de fois un phénomène truqué finit, semble-t-il, par solliciter chez l'individu des facultés psychologiques ou des forces physiologiques susceptibles de réaliser le prodige par l'effet de leur propre vertu. Cette sorte de transposition des phénomènes doit avoir lieu d'autant plus facilement que le prestidigitateur présente ses tours avec plus de conviction.

Toutefois, n'oublions jamais que les phénomènes méta-psychiques, et particulièrement ceux d'ordre physique, ne sont pas reproductibles à volonté.

Robert Tocquet, Les pouvoirs secrets de l'homme.



La lévitation



Les pouvoirs secrets de l'homme dévoilés





samedi, novembre 26, 2011

Impostures égyptiennes & syndrome égyptomaniaque




Le vendredi 11 novembre 2011, les autorités égyptiennes décident de fermer la pyramide de Kheops. 


Plusieurs milliers d'illuminés sont venus en Égypte afin de participer à une « cérémonie pour la protection de la Terre » qui doit se dérouler dans la Grande Pyramide. A l'occasion de ce jour extraordinaire (le jour des trois 11, 11/11/ 2011), la fondation polonaise Dar Swiatowida a mobilisé une armée d'initiés pour créer un bouclier de protection entre le cosmos et la Terre. La présence parmi ces experts de l'ésotérisme de plus d'un millier de Juifs désireux de planter une étoile de David au sommet de la Grande Pyramide explique peut-être la décision des autorités égyptiennes. 


Ce qui se passe sous le voile d'Isis est secret

L'Égypte est la terre sacrée des initiés de tous les pays. En 1889, dans son livre « Les grands initiés », Édouard Schuré ne jure que d'après la tradition ésotérique de l'Égypte antique : 


"Depuis l’époque aryenne, à travers la période troublée qui suivit les temps védiques jusqu’à la conquête persane et à l'époque alexandrine, c'est-à-dire pendant un laps de plus de cinq mille ans, l’Égypte fut la forteresse des pures et hautes doctrines, dont l'ensemble constitue la science des principes et qu’on pourrait appeler l'orthodoxie ésotérique de l'antiquité. Cinquante dynasties purent se succéder et le Nil charrier ses alluvions sur des cités entières, l’invasion phénicienne put inonder le pays et en être expulsée : au milieu, des flux et des reflux de l’histoire, sous l'idolâtrie apparente de son polythéisme extérieur, l’Égypte garda le vieux fonds de sa théologie occulte et son organisation sacerdotale. Elle résista aux siècles comme la pyramide de Gizeh à demi enfouie sous les sables, mais intacte. Grâce à cette immobilité de sphinx gardant son secret, à cette résistance de granit, l’Égypte devint l'axe autour duquel évolua la pensée religieuse de l'humanité en passant d'Asie en Europe. La Judée, la Grèce, l’Étrurie, autant d’âmes de vie qui formèrent des civilisations diverses. Mais, où puisèrent-elles leurs idées mères, sinon dans la réserve organique de la vieille Égypte ? Moïse et Orphée créèrent deux religions opposées et prodigieuses, l'une par son âpre monothéisme, l'autre par son polythéisme éblouissant. Mais dans quel moule se forma leur génie ? Où l’un trouva-t-il la force, l'énergie, l'audace de refondre, un peuple à demi sauvage, comme l'airain dans une fournaise, et l'autre la magie de faire parler les dieux, comme une lyre accordée, à l'âme de ses barbares charmés ? dans les temples d’Osiris, dans l'antique Thébah, que les initiés appelaient la cité du soleil ou l'Arche solaire – parce qu’elle contenait, la synthèse de la science divine et tous les secrets de l'initiation." 


La franc-maçonnerie égyptienne

La prétendue science ésotérique égyptienne est au cœur de nombreuses sociétés secrètes. Un initié de salon, plus escroc que sage, l'aventurier Joseph Balsamo, connu sous le nom de Cagliostro, créa la première loge maçonnique égyptienne en 1784, la Loge de la Sagesse Triomphante. Mais la carrière de Cagliostro fut brisée par l'escroquerie connue sous le nom de l'affaire du collier de la reine. Cagliostro fut embastillé et expulsé de France.

Dans son livre « L'égyptomanie, une imposture », Roger Caratini s'en prend à l'égyptomanie, « ce produit inattendu mais inévitable de la civilisation de consommation, qui, depuis une trentaine d'années, a fait de l'Égypte une proie bien juteuse ».

Édouard Schuré, qui prétendait que les pharaons étaient des sages grâce à l'influence des prêtres initiés, n'avait que mépris pour Sumer et Babylone. « Babylone, métropole du despotisme », disait-il. Toutefois, les écrits des initiés (Schuré était théosophe et anthroposophe) comportent de regrettables inversions de la réalité :

Autocratie égyptienne et royauté parlementaire sumérienne

« Les anciens Égyptiens, qui, au milieu du IIIe millénaire avant notre ère, étaient – avec les Sumériens et les Akkadiens de Mésopotamie – les seuls peuples du monde à connaître l'écriture, n'ont jamais eu aucune loi écrite, ni a fortiori aucune constitution qui puisse limiter ou freiner le bon plaisir délirant des pharaons, alors qu'Ur-Nammu (2111-2094), le roi sumérien de la vieille cité chaldéenne d'Ur, a promulgué le premier code écrit de l'histoire deux cent cinquante ans avant le fameux code d'Hammourabi.

Les pharaons étaient des monarques qui n'avaient de comptes à rendre à personne, et le caractère simpliste de leurs institutions ne prévoyait aucune voie de recours en cas de crise. À ce sujet, il nous semble bon de citer ici l'exemple des anciennes cités sumériennes, qui, trois mille ans avant notre ère, à l'époque où, en Égypte, les premiers signes hiéroglyphiques faisaient timidement leur apparition sur quelques objets rituels, possédaient déjà, comme l'ont montré les sumérologues et en particulier S.N. Kramer, des institutions parlementaires évoluées.

Nous faisons allusion à un poème écrit en babylonien, connu sous le nom d’Épopée de Gilgamesh, contant, à la manière d'une épopée, le déroulement d'un conflit qui serait né aux alentours de l'an 3000 av. J.-C. entre deux cités-États du pays de Sumer, Uruk et Kish, qui se disputaient l'hégémonie comme le feront, plus tard, Athènes et Sparte à propos du Péloponnèse. Le roi de Kish, qui, dans le poème, est nommé Agga, soucieux de maintenir la prédominance de sa cité sur les autres États du pays de Sumer, envoie aux habitants d'Uruk des messagers, porteurs d'un ultimatum les menaçant de porter la guerre chez eux s'ils ne se soumettent pas à son autorité. Avant de leur répondre, le roi d'Uruk, Gilgamesh, consulte l'« Assemblée des Anciens » de la cité, autrement dit son Sénat, et l'exhorte à ignorer l'ultimatum de Kish et à prendre les armes pour défendre leur patrie ; mais les Anciens repoussent la proposition du roi : ils préfèrent se soumettre pour éviter la guerre. Déçu, mais respectueux des lois de son royaume, Gilgamesh se rend alors devant Assemblée des combattants de la ville », lui expose sa thèse, et cette Assemblée, moins timorée que le Sénat, se déclare contre la soumission et pour la guerre contre Kish.

Voici le passage du poème qui relate la première « bataille parlementaire » de l'histoire, comme il n'en exista jamais en Égypte. Même si le poème babylonien est une fable, il n'en reste pas moins que le décor politique de cette fable n'a pas été inventé pour la circonstance et nous présente les institutions sumériennes comme une monarchie parlementaire : le destin de l'État n'y dépend pas des caprices ou des ukases d'un quelconque pharaon.

« Les envoyés d'Agga, fils d'Enmebaraggesi,
Quittèrent Kish pour se rendre auprès de Gilgamesh, à Uruk.
Le seigneur Gilgamesh devant les Anciens de sa ville
Porta l'affaire, et demanda conseil :

"Ne nous soumettons pas à la maison de Kish, leur dit-il, Frappons-la de nos armes !"
L'Assemblée réunie des Anciens de sa ville
Répondit à Gilgamesh : "Soumettons-nous à la maison de Kish,
Ne la frappons pas de nos armes !"

Une seconde fois Gilgamesh, le seigneur de Kullah [nom d'un quartier d'Uruk],
Devant les combattants de sa ville
Porta l'affaire et demanda conseil :

"Ne vous soumettez pas à la maison de Kish, leur dit-il, Frappons-la de nos armes."
L'Assemblée réunie des combattants de la ville
Répondit à Gilgamesh : "Ne vous soumettez pas à la maison de Kish !
Frappons-la de nos armes !" 

Lors Gilgamesh, le seigneur de Kullah,
À cet avis des combattants de la ville,
Son cœur se réjouit et son âme s'éclaire. » (Trad. selon S.N. Kramer.)

Il est clair que ce passage du poème, aussi concis soit-il, nous décrit l'État d'Uruk comme doté de deux « chambres » parlementaires, dont la composition est différente : un Sénat sans doute conservateur, partisan de la paix, et une Chambre des combattants plus ardente. […]

Syndrome égyptomaniaque

« Les symptômes de l'égyptomanie sont généralement anodins et, de prime abord, ils peuvent passer inaperçus de l'entourage du sujet qui en souffre. Pour les déceler, il suffit au thérapeute qui examine un patient soupçonné d'être atteint de ce mal de prononcer une courte phrase dans laquelle il glisse l'un des trois mots suivants : «Égypte », « pharaon » ou « hiéroglyphes » et de laisser parler le malade dont le discours, en apparence raisonné, présente des caractères qui permettent de poser sans hésitation aucune le diagnostic de syndrome égyptomaniaque, dont les quatre signes pathognomoniques sont les suivants :

— l'admiration irraisonnée et illimitée de tout ce qui se rapporte à l'Égypte ancienne ;

— la croyance forcenée en l'existence d'une « histoire » de l'Égypte ancienne qui se serait déroulée, antérieurement à celle de toutes les autres nations, dans des cadres (institutions, systèmes de gouvernement, législation, guerres et traités) et avec des moyens (princes, ministres, fonctionnaires, généraux et soldats) analogues à ceux des grands peuples historiques connus, tels les Grecs ou les Romains ;

— l'affirmation péremptoire et gratuite de l'existence, chez les anciens Égyptiens, d'un savoir scientifique étendu ;

— l'affirmation tout aussi péremptoire que les prêtres de l'ancienne Égypte possédaient en outre un savoir caché relatif à la destinée des humains après la mort, réservé aux seuls initiés.

Les plus enragés des égyptomaniaques en concluent – sans rien prouver, car le propre d'un syndrome délirant est de refuser implicitement toute réalité et toute rationalisation – qu'il a existé une culture égyptienne antique exceptionnelle qui aurait été le point de départ de tous les éléments des civilisations de l'Europe méditerranéenne, y compris même du monothéisme judéo-chrétien. »

Roger Caratini, L'égyptomanie, une imposture.



L'égyptomanie, une imposture 

Reprenant point par point la réalité de ce qui est connu de l'histoire des dynasties pharaoniques et de la culture de l’Égypte ancienne, l'auteur s'attache à montrer que la littérature et le tourisme de masse ont inventé depuis deux siècles une Égypte mythologique qui n'a que peu à voir avec celle des véritables égyptologues. Si on peut affirmer, en effet, qu'il y a plus de cinq mille ans s'est installé dans la vallée du Nil un peuple d'agriculteurs-pasteurs doté d'une étonnante stabilité qui a duré 2000 ans environ, rien en revanche ne permet de justifier de l'invention d'une véritable écriture (à l'inverse de ce qui s'est passé à Sumer, en Mésopotamie) ni de l'existence d'une science mathématique, d'une astrologie, d'une astronomie ni d'une médecine égyptiennes sans même parler du pseudo-mystère des pyramides. Dans un style incisif et en se fondant sur une documentation solide, Roger Caratini fait voler en éclat l’Égypte de pacotille qui mobilise pages de revues et librairies.





Projekt Cheops :
http://www.projekt-cheops.com/plain.aspx?languageId=23&menuId=101&sectionId=407&cmd=

Dessin :
http://alain-prunier.com/blog/index.php?post/2011/11/11/Pyramide-11-11-2011

vendredi, novembre 25, 2011

La guerre populaire en Inde




En Occident, les indignés subissent matraquage et gazage avec stoïcisme, la résistance non-violente oblige. Mais au pays de Gandhi, les paysans victimes des multinationales ne croient plus aux manifestations pacifiques où l'on pratique Ahimsa, la non-violence prêchée par les bouddhistes, les jaïns...

En Inde, terre de spiritualité, une armée de prolétaires athées s'oppose à la plus grande « démocratie » du monde. L'armée populaire, fondée par des paysans maoïstes, lutte contre le pouvoir capitaliste de Delhi qui dépouille les villageois de ressources naturelles enviées par les multinationales.

En Inde, les paysans endoctrinés par les prêtres étaient résignés quand on les spoliait. "C'est votre karma !" leur disait-on. A la fin des années 60, un vent venu de Chine maoïste balaya les superstitions et les dogmes religieux qui font si bien le jeu des exploiteurs.

La rébellion indienne s'est répandue dans 20 des 29 États de l'Inde, en particulier le long d'un « corridor rouge » couvrant le Jharkhand, le Bengale occidental, l'Orissa, le Bihar, le Chhattisgarh, l'Andhra pradesh.

Les médias n'évoquent jamais la lutte armée du peuple
indien contre le capitalisme, cela pourrait donner des idées aux populations occidentales qui subissent la crise et la rigueur pendant que les riches continuent à s'enrichir sans modération.




Kishenji a été assassiné par l’État indien

Le 23 Novembre 2011, Kishenji, porte-parole du Parti Communiste-maoïste Indien, a été assassiné dans le cadre de l'opération Green Hunt, véritable terrorisme d’État ! Kishenji était connu pour apparaître dans les médias de dos, le fusil en bandoulière.
http://drapeaurouge.over-blog.com/article-notre-camarade-kishenji-a-ete-assassine-par-l-etat-indien-90003718.html




jeudi, novembre 24, 2011

Les sociétés secrètes contemporaines





Au musée d'art contemporain de Bordeaux, l'exposition organisée par la Schirn Kunsthalle de Francfort en collaboration avec le CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux s'intitule « Sociétés secrètes, savoir, oser, vouloir et garder le silence ».


« L’humanité a toujours été fascinée par les sociétés secrètes, avec leurs rites clandestins, leur savoir occulte et leur cercle exclusif de membres. Leurs caractéristiques vont de la fraternité inoffensive à la puissante association aux objectifs financiers et politiques tout sauf altruistes. Tout particulièrement en temps de crise, les sociétés secrètes proposent des valeurs de substitution aux grands systèmes politiques, sociaux et technologiques dominants.

C’est cet ensemble d’obsession, d’illusion, d’impénétrabilité et d’énergie subversive propre aux sociétés secrètes qui depuis la nuit des temps a fasciné, effrayé, qui a nourri des théories du complot mais qui, également, est toujours tombé à point nommé pour proposer une alternative occulte aux systèmes de valeurs plus conventionnels, tout particulièrement dans les moments de crises économiques, politiques et technologiques. L’exposition montre comment des sociétés secrètes, avec leurs rituels d’initiation, leur langage formel spécifique et leur cercle d’initiés renvoient à certains mécanismes de l’art contemporain et comment à contrario, les artistes touchent à ces rites et à ces symboles sur un mode qui est aussi surprenant que varié.

Une centaine d’œuvres, peintures, photographies, sculptures, films et installations sont présentés. L’exposition réunit le travail de plus de cinquante artistes, parmi lesquels Dan Attoe, Jean-Luc Blanc, Armin Boehm, Steven Claydon, Enrico David, Brice Dellsperger, Gretchen Faust, Julian Göthe, Uwe Henneken, Benedikt Hipp, Jenny Holzer, Rashid Johnson, Terence Koh, Donghee Koo, Elad Lassry, Gabriel Lester, Goshka Macuga, Duncan Marquiss, David Noonan, Markus Schinwald, Carl Michael von Hausswolff, Ulla von Brandenburg. » Source : http://www.officiel-galeries-musees.com/article/societes-secretes-savoir-oser-vouloir-garder-le-silence

Cette exposition répand l'idée que des sociétés secrètes détiennent un savoir supérieur réservé à une élite d'initiés lumineux. Il n'y a rien de plus trompeur. En effet, dans les sociétés secrètes actuelles et dans l'ensemble du spiritualisme contemporain, un redoutable courant, que René Guénon désignait sous le terme « contre-initiation », aurait inversé les valeurs traditionnelles. Aux influences spirituelles se substituent des influences d'un caractère tout opposé, appartenant aux plus basses régions du domaine subtil.

Le portrait officiel de George Bush (ci-dessus), initié de la société secrète « Skull and bones », représente sans doute l'inversion initiatique entrevue par un artiste.



Véronique Jannot et la manipulation spiritualiste





Dans sa biographie intitulée « Trouver le chemin », chemin qui conduit au bouddhisme tantrique tibétain, l'actrice Véronique Jannot relate sa rencontre avec le sulfureux gourou Sogyal :

« Pour moi, ce maître était dans une autre sphère. Il ne m'était même pas venu à l'esprit que je puisse le rencontrer et encore moins avoir le bonheur de l'écouter. J'étais aux anges... »

Le dalaï-lama est lui aussi caressé dans le sens du poil :

« J'ai aussi eu la chance d'écouter le dalaï-lama à plusieurs reprises. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le simple fait de le regarder procure déjà du bonheur tant il est l’incarnation de ce qu'il enseigne. Je suis bouleversée par l'humilité profonde de cet homme, sa fraîcheur, sa spontanéité. C'est une éminence religieuse, un chef d’État, le représentant de tout un peuple, mais quand il vient s'asseoir sur le trône rituel - comme le veut la coutume au cours de ses voyages en France et à l'étranger -, il précise en souriant que ce trône fait simplement partie du décor. Il pourrait aussi bien être assis sur une chaise : pour lui, l'important est d'être parmi nous. »

Mais le dalaï-lama, qui serait « quelqu'un de très avant-gardiste, politiquement révolutionnaire avec des idées démocratiques très poussées » (cette phrase est dans le livre de Véronique Jannot), n'a jamais renoncé à s'assoir sur un trône doré pour enseigner ou discourir.

La seconde partie de la biographie de Véronique Jannot fait la promotion du lamaïsme et, parce qu'on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre, elle ne mentionne jamais les inquiétantes pratiques de l'ésotérisme tantrique des sectes rouges et jaunes du Vajrayana tibétain.

Véronique Jannot, totalement acquise au bouddhisme himalayen, a été rapidement invitée chez les hiérarques tibétains installés en Inde et au Népal. Elle a séjourné dans la maison du gourou Sogyal et a rencontré les principaux maîtres qui sont les figures de proue du marché spirituel occidental.

Véronique Jannot a certainement fait la connaissance d'Orgyen Tobgyal, c'est l'un des plus importants prélats du Vajrayana et un ami intime du gourou de l'actrice, le gros rinpoché Sogyal.

A Bir, dans l'Himachal Pradesh, un état du nord de l'Inde, Orgyen Tobgyal réside dans un temple ou plus exactement dans un faux temple car derrière une façade religieuse se dissimule un vrai palace.

En Inde, j'avais sympathisé avec un chanteur tibétain installé aux USA. L'artiste disait très bien connaître Orgyen Tobgyal et il se mit dans la tête l'idée de me présenter à son ami le grand lama. Quelques jours plus tard, n'osant pas dire au chanteur que les gourous ne me passionnent pas vraiment, je me suis retrouvé à Bir avec l'artiste tibétain qui nous a rapidement introduit dans le palace d'Orgyen Tobgyal absent ce jour là. Toutefois, son intendant, un moine impressionné par la notoriété du chanteur, nous a offert des boissons et nous a fait visiter la demeure de son seigneur et maître. Le luxe qui s'étale dans la demeure d'Orgyen Tobgyal est l'un des scandales que les propagandistes du lamaïsme dissimulent aux naïfs à qui l'on donne une image tronquée du bouddhisme tibétain; un bouddhisme fait de sagesse, de compassion, de simplicité, de renoncement...

Avec la participation de célébrités comme Véronique Jannot, des lamas soit-disant très sages et très détachés vivent dans un luxe révoltant grâce à un spiritualisme mercantile et un charity-business éhonté.

Un an avant la parution du livre de Véronique Jannot, le témoignage d'une internaute aurait pu éviter à l'actrice de s'impliquer dans l'une des plus grandes manipulations du spiritualisme contemporain :

"Je ne souhaite pas faire hurler tous les bouddhistes du monde, car on ne peut pas généraliser une situation, d’une part, et parce que j’ai beaucoup de respect pour le peuple tibétain et sa philosophie que je pratique en ion libre ; tout comme je respecte sa sainteté le Dalaï Lama et son combat, et je sais qu’avec cet article je ne vais pas me faire que des copains ! Mais voilà, je suis une femme qui croit ce qu’elle voit et j’ai vu ce que je raconte ici même...
Mon premier choc lors de ce dernier voyage au Népal en 2000 fut de croiser des moines dans tous les endroits huppés de la ville de Kathmandou : restaurants chics, cafés pour européens, boulangeries allemandes, magasins de fringues de sports à la mode et burgers machins chouettes. Drôles d’endroits pour côtoyer des religieux censés pratiquer l’austérité ! Mais bon, on leur pardonne parce qu’ils sont réfugiés et que leur peuple a subi les pires traitements. Mais moi je plains ceux qui sont restés là bas et qui ne peuvent pas échapper à la dictature chinoise. Pour une fois je ne voyageais pas à pieds et ne dormais pas dans des grottes parce que j’avais de la famille en visite, il m’était donc donné de fréquenter les hôtels un peu chicos et les restos trois étoiles pour ménager mes invités et j’en croisais partout, des moines !
Dans les rues, on se faisait klaxonner par de grosses bagnoles reluisantes pleines de moines avec des grosses lunettes noires et chaussés de super baskets branchées.
Devant les restos ou les enfants mendiants népalais cherchaient la pitance, se prenant des coups de pieds lorsqu’ils demandaient des morceaux de croissants ou des bonbons qui dépassaient des poches des moinillons grassouillets et hautains se goinfrant de confiseries payées aves de gros billets. Là c’était trop pour moi, il y avait quelque chose qui clochait, qui ne tournait pas dans le sens des stupas ! Je ruminais en mangeant mes momos à la cantine des pauvres, regardant tourner les pèlerins autour du grand monument, entouré de riches magasins tibétains de tankas, fausses antiquités, restaurants luxueux. D’où venait le fric pour construire et entretenir de tels édifices quand on sait que ces gens ont quitté le Tibet sans le sou.
Dans le quartier de Bodanath dont il est question, vivaient mes frères népalais Babou, Furpa et Vijay. Leur quartier était une banlieue sans cesse en construction, avec des terrains vagues boueux ou des gamins jouaient au foot pieds nus, seuls les moinillons portaient chaussettes et baskets de sport. Quelques années auparavant, je venais à travers champs de Katmandou jusqu’à la stupa. Aujourd’hui, il faut traverser une grande artère polluée et poussiéreuse encerclée de taxis nauséabonds. Ne perdons pas de vue que dans le présent, la vallée de Katmandou est noire de pollution et qu’on ne voit plus la chaîne himalayenne des terrasses de la ville.
A Bodha, il y avait de belles maisons ornées et richement décorées, appartenant toutes à des tibétains. Celles des népalais étaient plutôt grises et mal finies, faute de moyens, avec des toits en cours de finitions, des bouts de ferraills dépassaient de tous côtés et les fenêtres n’avaient que la moitié des carreaux. Les monastères étaient entourés de barbelés électrifiés et gardés par des chiens de race européens, les moines craignaient- ils donc les attaques des pauvres de la rue ?! Je nai pas voulu m’approcher de l’entrée, craignant d’y trouver une caméra ou un interphone.
Il régnait ici une ambiance tirée au couteau entre les deux ethnies habitant les lieux. J’interrogeai mes amis pour en savoir plus et Babou me raconta que dans son village natal, lieu de pèlerinage bien connu, un pauvre moine en haillons était venu réclamer à son père, le chef du village, un bout de terrain pour y méditer en paix. Le vieux lui offrit un petit pré, plein de compassion pour l’ascète qui semblait en pleine détresse. Quelques temps plus tard, le moine délimita le terrain, puis l’on vit un défilé d’ouvriers et de porteurs venant entamer un chantier et les villageois virent se construire un luxueux monastère près de chez eux qui devint un hôtel pour pèlerins, coupant ainsi les vivres aux habitants ne vivant que du faible passage touristique. Trop tard, la fourberie était faite et l’on vit aussi la femme et les enfants du religieux soi disant ascète s’installer dans la riche demeure construite sur la confiance d’un vieux chef de village. C’était aussi arrivé dans d’autres endroits à d’autre personnes...
Je retournais autour de la grande stupa en tâchant de me réconcilier avec tout le monde, car la colère me fait toujours mal aux os. Tout cela me rendait un peu amère. Et plus moyen de boire un petit Chy à deux roupies sur cette place ! Que des restaurants en haut des immeubles avec vue sur le monument. il y avait forcément beaucoup de mendiants car beaucoup de passage et de nombreux commerces. Mais les pèlerins tibétains faisaient glisser leurs billets dans des boites à donations, pour les moines réfugiés et ce qui me laissa rêveuse, c’est que ces boites dégorgeant de fric étaient transparentes. J’ai pensé que ça représentait beaucoup de bonbons tous ces billets ! Mais que cet étalage semblait indécent !
Vraiment, quelque chose ne tournait pas rond ici, nom d’un moulin à prières... Pourtant les cercles étaient partout autour de moi... Mandalas, moulins, mouvement de la foule tournant autour de la stupa.
Il y a des aliments que notre organisme se refuse à digérer parce que trop fort, trop salé ou trop amer. Cette soupe là avait un petit peu de tout. Je ne pouvais pas haïr les tibétains, j’avais trop de respect pour leur philosophie mais je devais admettre cette vérité indéniable : l’habit ne fait pas le moine ! Mais c’était là tout un rêve qui s’achevait, l’intégrité pure avait définitivement disparu de la planète. Mon dernier espoir tombait juste à l’eau.
Je fis quelques tours de stupa moi aussi à cette tombée du jour au milieu des tibétains civils comme pour conjurer le sort, pour garder espoir et amour et ne pas tomber dans la haine facile. Ce mouvement avait vraiment une énergie spéciale, un truc qui nous faisait décoller du sol et se sourire les uns aux autres. Je n’ai jamais aimé généraliser, dans mon esprit, tout reste relatif.
Il me revint en mémoire que c’était le nouvel an tibétain et que non loin d’ici on pouvait admirer les danses gracieuses folkloriques que j’allais voir, ravalant mes rancœurs. Mais je n’étais que de passage en ces lieux c’était facile pour moi. Je pouvais quitter les lieux de suite pour ne plus y revenir et fermer ma conscience.
Mais je ne pouvais m ’empêcher de penser aux locaux dépouillés par leurs confrères accueillis d’un pays envahi, la porte leur avait été ouverte, trop grande sans doute ! Je n’étais pas dans la peau d’une mendiante népalaise devant supporter le spectacle quotidien des faux vrais moines me narguant dans leurs grosses bagnoles, m’éclaboussant au passage, sirotant ma boisson gazeuse détestée et mâchant des chewing-gums à la menthe. Je n’étais pas non plus dans celle du balayeur au service de la riche patronne d’hôtel tibétaine. Je n’étais qu’une blanche avec sa vision de blanche, malgré quelques années dans la jungle, je restais quelqu’un qui avait le choix, sauf celui d’occulter. Cette facilité était partie de moi avec les eaux des moussons de la forêt indienne et dans de telles circonstances, elle me manquait terriblement !...Mais pour beaucoup, il sera facile de ne pas se souvenir et de ne même pas avoir vu. La corruption n’aura pas touché que nos gros abbés bedonnants.
Cependant, en ce nouvel an là bas, sur le toit de monde, et charmée par la grâce des danses des villageoises aux vêtements faits de mille couleurs, j’avais une pensée pour que la paix perdure dans la chaîne encore paisible des Himalayas..."


Trouver le chemin

Révélations d'un lama dissident

Le lama tibétain Kelsang Gyatso (1931-2022) était un enseignant important parmi les guélougpa restés fidèles à des pratiques proscrites ...