mardi, mai 24, 2011

Somnambulisme et Médiumnité.


 Le Défi du magnétisme 

&
Le Choc des sciences psychiques 


Dans cet ouvrage, Bertrand Méheust se livre à un immense travail d'exhumation sur le somnambulisme. Partant de la chronique d'un événement qui eut une portée considérable sur les conceptions philosophiques et psychologiques du XIXe siècle, il retrace la bataille des idées - aujourd'hui oubliée - qui en résulta et ses retombées dans la culture du XXe siècle, avec le surréalisme et le freudisme. Tout débute en 1784 lorsque le marquis de Puiségur, utilisant les passes magnétiques mises au point par Anton Mesmer, plonge un jeune paysan dans un état de conscience inconnu : il manifeste une activité mentale intense, prévoit le déroulement de sa maladie et semble lire les pensées de son maître. Le marquis baptise cet état « somnambulisme magnétique ». Il le reproduit sur d'autres patients et publie ses observations. Son mémoire fait aussitôt surgir le même phénomène partout dans la France aristocratique et éclairée, puis en Europe et dans le Nouveau Monde. 


La polémique qui éclate alors s'explique par la hauteur des enjeux : certains faits de « lucidité » revendiqués par les magnétiseurs contredisent la conception de l'homme comme conscience close, élaborée par la philosophie des Lumières. Faut-il alors inventer de nouvelles procédures pour authentifier ces faits, comme le proposent Puiségur et les savants qui, à sa suite, défendent le magnétisme, quitte à remettre en cause certains présupposés de la psychologie occidentale ? Faut-il rejeter ces expériences dans les ténèbres de l'erreur et de la superstition, comme s'emploiera à le faire l'Académie de médecine entre 1826 et 1842 ? 

Plus tard, tandis que Charcot et ses disciples cherchent à réduire le somnambulisme aux vues de la science positive, le magnétisme connaîtra, entre 1875 et 1935, un nouvel essor sous le nom de « sciences psychiques » dans les milieux universitaires anglo-saxons, puis en France. Certains philosophes (William James, Charles Richet) et des médecins proposent une approche scientifique de ces phénomènes médiumniques et avancent des hypothèses explicatives. Ces expériences et ces débats trouveront un écho dans la pensée d'Henri Bergson, d'André Breton, de Wilhelm Reich, de Sigmund Freud et de Sándor Ferenczi... La reconstitution minutieuse de B. Méheust montre cependant que, loin d'être une « préhistoire de la psychanalyse », le magnétisme était porteur d'une conception alternative de l'homme et de l'inconscient.

Magali Molinié

Source : http://www.scienceshumaines.com/_accueil


Somnambulisme et Médiumnité 



 Le Défi du magnétisme, commentaire d'un lecteur :

Ce volume est le premier des 2 gros volumes consacrés par Bertrand Méheust à l'histoire du somnambulisme (1er nom de l'hypnose) et aux phénomènes de la médiumnité (pour une bonne partie les perceptions extrasensorielles associées à l'hypnose). 

Lecteur curieux et bien informé en matière de psychologie et d'histoire des sciences humaines je croyais qu'il suffisait de connaître quelques noms allant de Mesmer à Freud pour se faire une idée suffisante de l'hypnose avant les découvertes freudiennes. 

Je dois dire que ce livre m'a fait découvrir que je ne savais rien mais vraiment rien sur le sujet et que le XIXe S et le début du XXe siècle a été un foisonnement inouï de recherches, de découvertes et de controverses féroces autour du somnambulisme et de l'hypnose en particulier en France.

L'auteur montre que le somnambulisme était essentiellement un système médical permettant de guérir les maladies organiques (et très accessoirement psychiques) par l'état de lucidité dans lequel était plongé le sujet, qui de plus accédait à des ressources inexplicables sur la nature de sa maladie et à une vision prophétique de la manière de la soigner. Les somnanbulistes activaient une sorte de supersubjectivité du patient dans l'état somnanbulique, la lucidité, et ils se sont rendus compte très vite qu'elle était liée à des facultés extrasensorielles ce qui a ouvert tout un champ de recherches complémentaires à l'aspect curatif du somnabulisme proprement dit.

Plus étonnant encore le refoulement incroyable dont toutes ces recherches ont fait l'objet et qui explique probablement aussi que le travail exceptionnel de Méheust n'ait pas reçu l'accueil qu'il méritait.

Déjà un auteur comme Janet à la fin du XIXe ne nous livre qu'une version très expurgée du somnanmbulisme et on comprend enfin grâce à Méheust les innombrables allusions au somnanbulisme dont sont parsemés un ouvrage comme "l'automatisme psychologique". On se rend compte aussi comment des travaux beaucoup plus récents comme l'hypnose ericksonnienne ne développent qu'une toute petite partie de l'héritage du somnambulisme.

Après avoir lu l'ouvrage on ne peut manquer de voir dans ce grand refoulement l'origine de cet aspect mutilé et unidimensionnel qu'a tout particulièrement la conception de l'homme dans la culture française en particulier médicale et ce militantisme scientiste borné et pontifiant si souvent mis en avant par tant de revues et de mandarins de la science académique. C'est que la lutte pour refouler le somnanbulisme et tous ces avatars a été longue violente et souvent indécise.


Illustration : Séance de traitement magnétique. E. Sibley, A Key to magic and occult sciences, v. 1800.

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