vendredi, octobre 15, 2010

Spiritualité & problème social


Les événements du XXe siècle proclament la faillite des systèmes sociaux, économiques, politiques et religieux. D’innombrables économistes, sociologues, moralistes de toutes tendances s’évertuent à trouver des remèdes, des plans, mais le malaise mondial ne fait qu’empirer. Les réunions internationales multiplient leurs assises dans une inefficacité qui nous ferait sourire si elle n’était pas dramatique. A l’heure où les désastres de la super-pollution et les bombes atomiques basées sur l’antimatière menacent la totalité de la planète, il est d’une urgente nécessité d’établir les bases plus saines d’une civilisation nouvelle.

Vingt siècles de culture occidentale ont abouti à une civilisation où l’égoïsme et l’argent règnent en maître. Si l’homme moderne dispose d’avions supersoniques, de postes de télévision, de radar, de cerveaux électroniques, etc., il possède également les armes de sa propre destruction. Certes, diront certains, les structures juridiques ont évolué depuis deux mille ans, le progrès technique s’est poursuivi au rythme d’une ascension vertigineuse. L’une des causes fondamentales du drame actuel réside peut-être là. Il existe une disparité considérable entre l’évolution technique et l’évolution morale. L’homme moderne, nous disait un philosophe hollandais, n’est qu’un barbare raffiné.

Par « être barbare » nous entendons tout homme en qui les processus d’avidité du moi et toutes les violences qui en découlent sont dans la plénitude de leur expression.

Telles sont les qualités essentielles qui sont actives dans l’homme moyen. Or l’individu est l’élément constitutif du monde.

Toutes nos structures sociales, religieuses, morales sont basées sur la réalité du moi dont elles encouragent l’expression dans tous les domaines. Tel est le drame fondamental de la civilisation judéo-chrétienne.

Considérant dès le point de départ, la réalité absolue du « moi » il était inévitable que celui-ci s’affirme avec les caractères de violence et de cruauté dont nous subissons toutes les conséquences dans les drames actuels, tels les guerres continuelles, les crimes contre la Nature, les génocides, la super-pollution.

En opposition radicale à ce qui précède, la notion de base essentielle du bouddhisme est l’impermanence du « moi » et de toutes choses.

Dans une telle perspective, il était inévitable que les civilisations bouddhiques témoignent de ce caractère hautement pacifique affranchi de la plupart des querelles intestines qu’ont connu et que connaissent encore les peuples actuels. La notion fondamentale de l’impermanence du « moi » achemine l’homme vers une attitude de détachement, tant de lui-même que des biens extérieurs. L’avidité, l’âpreté au gain, la violence, l’esprit de conquête et de domination sont totalement exclus des peuples ayant vécu sous l’influence du bouddhisme entre le cinquième et le deuxième siècle avant notre ère. De plus, la notion de l’impermanence du « moi » limité a pour contre-partie immédiate celle d’une unité fondamentale de la nature, au regard de laquelle les distinctions, les séparations entre les êtres et les choses revêtent un caractère d’importance secondaire. Cette vision d’unité se traduit par un respect infini de la vie dans toutes ses formes, qu’elles soient animales ou humaines. Elle est à la base d’une bienveillance, d’une clarté authentique et d’une mansuétude de tous les instants.

Il est évident que dès l’instant où l’individu se rend compte de l’impermanence de son « moi » et de toutes choses, il tend vers un mode de vie affranchi de l’avidité et des innombrables revendications dont se trouve encombré l’esprit des hommes modernes. L’histoire nous a démontré de façon éloquente ce que peut réaliser une civilisation vraiment pacifique parce que non fondée sur « moi ». Nul ne peut réfuter le caractère hautement social du bouddhisme (1). Il est la seule religion qui n’ait pas engendré la guerre. Car si l’avidité et l’égoïsme désertent le cœur de l’homme en tant qu’individu, ces tendances négatives disparaissent également dans les actes des collectivités constituant la somme de ces individus.

Rarement l’histoire connut un témoignage aussi émouvant que celui que nous offre l’empereur bouddhiste Ashoka. Pendant les trente-sept années de son règne il sut prouver que les valeurs spirituelles les plus dépouillées peuvent servir de levier de commande à toute action politique. L’empereur se mêlait à la foule et interrogeait tous les êtres sans distinction de croyance, de condition sociale. Il s’informait de leurs souffrances, de leurs besoins, de leurs aspirations. Il aida ses sujets, non seulement par son or, mais par la diffusion continuelle qu’il fit lui-même des enseignements du Bouddha. Il constitua un corps de fonctionnaires auxquels il enseigna la signification réelle de leur rôle. Par ceci, il leur précisa qu’ils ne devaient pas se considérer uniquement comme des fonctionnaires mais comme des instructeurs du peuple qui, par le prestige de leur propre exemple vécu, donnaient aux enseignements du bouddhisme leur pleine valeur.

Ashoka fit construire de nombreux amphithéâtres où les masses recevaient l’instruction. il veillait attentivement aux prix de vente des marchandises pour éviter les abus et les profits illicites. Aucune classe privilégiée n’existait. L’empereur donnait lui-même l’exemple constant d’une existence toute faite de simplicité et de service, dont le faste était absent. Respectant pleinement la vie sous toutes ses formes, il interdit la chasse et les combats d’animaux. Il s’attacha spécialement à développer la vie de famille dans une atmosphère de paix.

Sur le plan économique, les problèmes étaient très simples : les conquêtes militaires n’existant plus, les impôts étaient légers et leur montant était dévolu aux progrès de la vie sociale, de l’instruction, de la médecine, à la construction d’hôpitaux ; aux arts. Ceux-ci connurent sous le règne d’Ashoka un essor extraordinaire puissamment influencé par les échanges avec la Grèce.

La plupart des historiens s’accordent à considérer que sous le règne de ce merveilleux empereur, l’Inde connut une gloire sans égale.

Partout, le long des routes, des puits et des réservoirs s’offraient aux voyageurs. Dans les plus modestes villages comme dans les villes la joie régnait. Les crimes, les vols étaient exceptionnels. Il semble que l’empereur ait voulu que se réalise une sorte de paradis sur terre. Les rapports humains étaient empreints de bienveillance, de fraternité et de douceur. L’exploitation étaient inexistante et le travail était une joie. La richesse intérieure qui brillait dans les cœurs délivrait tous les hommes de l’envie, des ambitions démesurées, de l’intrigue et de la violence. Les œuvres architecturales connurent un essor considérable. Les anciennes grottes se transformaient en sanctuaires dont les décors font encore l’admiration du monde entier. Plus de 80 000 édifices de tous genres furent construits.

Pour que son œuvre prodigieuse de régénération sociale puisse se continuer dans le cours des siècles, l’empereur Ashoka fit élever dans tout son empire des piliers et de grandes colonnes sur lesquels furent gravés ses principaux édits.

Robert Linssen


(1) Le cycle du bouddhisme se situe entre 5ème et le 1er siècle avant J.C. Lors de son apogée en Inde, entre le 3 et 2ème siècle avant J.-C., il réalisa la période la plus merveilleuse et plus exceptionnelle de l’histoire. (L’auteur exclu clairement le lamaïsme, cette monstruosité politico-religieuse.)



Les édits de l'empereur Asoka

ASOKA (Ashoka), le petit-fils de Chandragupta, était un des premiers rois de l'époque bouddhiste. On le connaît par ses décrets écrits sur des roches et des piliers partout dans l'Inde. Il fit construire plus de 84.000 stupas (monuments commémoratifs) à travers le monde.

Dans sa jeunesse, on a connu Asoka comme Canda Asoka, Asoka féroce, en raison de sa nature agressive. Après avoir rencontré un moine bouddhiste il est devenu végétarien et a préconisé les plus hautes valeurs morales pour ses sujets. Il a promu la tolérance vers toutes les religions qu'il a soutenues financièrement.

Il a aussi établi beaucoup d hôpitaux pour les gens et les animaux et conféré de nombreux cadeaux pour la Communauté bouddhique convoquant un Conseil de Sangha à Pâtaliputra. Après ce Concile, il a décidé d étendre ses missions vers d'autres pays voisins.

Il a envoyé son fils et sa fille à Ceylan, et leur visite est célébrée au Sri Lanka par des jours fériés encore à notre époque. De ses 13èmes rapports de Décret de Roche sur le Bouddhisme, il a essayé de les étendre aux royaumes d'Antiochus II Roi de la Syrie, à Ptolémée Roi de l'Egypte, à Antigonos de la Macédoine, à la Grèce du Nord et au Nord de l'Afrique. Sous Asoka, presque tout le Continent indien a été unifié pour la première fois dans l histoire.

Le Dharma a signifié pour Asoka, la Loi sacrée : le Canon Bouddhique. Il a modifié beaucoup l'aspect social de son pays par une prise de conscience écologique, une observance de préceptes moraux et une renonciation définitive à la guerre.

Biographie de l'auteur

Le Vénérable Chandaratana Parawahera est né en 1954 au Sri Lanka où il a pris les vœux de novice à l âge de dix ans. En 1986 il obtient une maîtrise d Histoire à l Université de Paris VIII en présentant une thèse qui deviendra ce présent ouvrage. En 1989 il crée le Centre Bouddhique International au Bourget où il réside actuellement. Ce lieu se veut un centre d'étude et de pratique de l'enseignement du Bouddha dans sa forme originelle et sans altération.

L'art de gouverner d'Ashoka :


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Des CRS, au service d’une classe corrompue, n’hésitent pas à blesser des enfants :


Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...