mercredi, octobre 20, 2010

La continence


Devenir des « êtres terriblement divins »

Parmi les enseignants spirituels exigeant la continence sexuelle, Samaël Aun Weor (1917 - 1977) était l’un des plus déterminés. Il affirmait : « L’énergie sexuelle est l’énergie créatrice du Troisième Logos ; lorsque nous faisons retourner l’énergie du Troisième Logos vers l’intérieur et vers le haut, nous devenons des créateurs dans les mondes supérieurs. Lorsque nous faisons retourner l’énergie du Troisième Logos vers l’intérieur et vers le haut, nous nous transformons en Dieux ineffables, en des êtres terriblement divins (1). Tout le secret, la seul clé, c’est d’opérer la connexion sexuelle sans jamais répandre notre sperme (semen), jamais de toute notre vie. » […] « Il ne faut pas répandre son sperme, ni à l’intérieur de la matrice, ni en dehors d’elle. Le désir refréné transmute la liqueur séminale en très subtiles vapeurs séminales qui, à leur tour, se convertissent en énergies solaires et lunaires, positives et négatives. Ces énergies électromagnétiques s’élèvent par deux fins cordons ganglionnaires qui s’enroulent autour de la moelle épinière ; ces énergies montent jusqu’au Calice ; ce Calice, c’est le cerveau. »

La faucheuse ne se laisse pas dompter

Samaël Aun Weor soutenait que la montée des vapeurs séminales jusqu’au cerveau permet de vivre plus longtemps et de vaincre la mort. Mais le gourou, qui se prétendait omniscient, ignorait son triste destin. En effet, Samaël Aun Weor trépassa prématurément à l’âge de soixante ans. Quelle ironie du sort quand on compare la vie du gourou à celle du maréchal Louis François Armand de Vignerot du Plessis, duc de Richelieu (1696 –1788). Cet aristocrate libertin n'a jamais bridé sa libido durant les 92 années de son existence. Une longévité étonnante à cette époque où les médecins étaient plus redoutables que les maladies. Le duc se remaria à l’âge de 84 ans.

Des métaphores incomprises

Les gourous qui enseignent des techniques ésotériques de transmutation de l’énergie sexuelle sont généralement lecteurs de traités anciens comme « Le Livre de la Cour Jaune ». Or ces traités ne sont pas d’un accès facile. Patrick Carré écrit dans son introduction au fameux traité taoïste « Le Livre de la Cour Jaune » : « Notons, ou répétons, ici que le mot « essence (séminale) », si fréquent dans la « Cour Jaune », a presque toujours le sens de « plaisir sexuel » et non celui, plus médical, de sperme. Car la plaisanterie est connue : s’il suffisait de ne pas éjaculer pour réaliser le Tao, tous les eunuques seraient des immortels. Les Anciens croyaient que l’homme éjaculait la matière même du cerveau ; on comprend alors qu’ils aient chéri la techniques consistant à « renverser l’essence pour réparer le cerveau ». Il n’est là que métaphore cependant. »

(1) Devenir « des êtres terriblement divins », cette expression évoque-t-elle une idéologie inquiétante de nature luciférienne ?

Le Livre de la Cour jaune.
Classique taoïste des IVe-Ve siècles

Présentation de l'éditeur

Quelle est donc cette "cour" bizarrement "jaune" qui a donné son nom à un art aussi ambitieux? La cour est cet espace vide qui s'étend entre les bâtiments disposés sur ses quatre côtés; on y descend généralement par une volée de marches: la cour est un humble vide. Quant à sa couleur, le jaune, c'est la couleur symbolique de l'élément terre, lequel se trouve au centre des quatre autres éléments primordiaux. La Cour Jaune désigne donc un vide central, le vide central de toute chose. Le centre de la chose, son essence, est vacuité: en devenir perpétuel, elle participe du non-être; diluée en métamorphoses incessantes et éphémères, elle éprouve l'absence d'obstacles qu'évoque le mot "vide". Une fois traversée la Cour Jaune, l'instant de vie, de présence, de connaissance se transfigure en unité inqualifiable:"La vacuité est si paisible: simplicité au centre de l'espace." La Cour Jaune est faite pour être traversée et retraversée. Le vide central qu'elle désigne trace dans le corps un chemin libre, une semblance de "canal central" sans paroi, ni dedans, ni dehors, dans lequel le corps entier doit s'engouffrer s'il veut retrouver sa substance réelle. S'y engouffrer en s'élevant comme une flamme et en descendant comme une chute d'eau. La Cour Jaune est la voie du feu et de l'eau. En ce sens, elle commence dans le ventre, un peu plus bas que le nombril, au lieu dit "principe des passes", et "grimpe à des hauteurs vertigineuses" (LE 2, 2-3), jusqu'au sommet du crâne. Ce n'est qu'une voie et, pour connaître les paysages qu'elle traverse et le sublime endroit où elle conduit, il s'impose de la parcourir en entier, d'en devenir un habitué, un expert et un maître, puis de l'oublier.

Quatrième de couverture

« Il y avait si longtemps que je voulais traduire le Livre de la Cour Jaune en français... Amateur de poésie chinoise et d'errance taoïste, j'ai d'abord vu dans la Cour Jaune un poème cryptique à la gloire du corps humain où les dieux et les Immortels, les guerriers du feu et les filles de jade circulaient comme en leur mythique Capitale de Jade, quelque part au-delà de l'espace et du temps. J'ignorais que, entre la religion extérieure et l'innommable Voie, les taoïstes cultivaient un monde visionnaire ancré dans le corps et ses organes, dont les merveilles jaillissaient d'un acte parfait combinant le "renversement", qui est l'une des qualités essentielles de l'Inconcevable, et l'un des instants centraux, sinon le plus central, de l'existence humaine: le plaisir génésique, appelé "essence séminale". » Patrick Carré


Un choc des cultures au cœur de l'Amérique

En 1987, le professeur de journalisme Stephen Bloom, un libéral typique, a voulu explorer ses racines juives en rejoignant la communauté Hab...