vendredi, mars 17, 2023

Une vision d'Hildegarde de Bingen




Cette vision de la religieuse Hildegard de Bingen (1098-1179) évoque-t-elle la métaphysique hindoue ?

Dans "Le Livre des œuvres divines", Hildegarde de Bingen décrit une figure qui présente des similitudes avec Prakriti, l’énergie suprême, l’ordonnatrice universelle de la vie  en Inde. 

Prakriti est le pouvoir créateur de Dieu (Purusha), l’Absolu, de la philosophie Sânkhya. Plus exactement, la polarisation de Brahma permet de passer du non manifesté au manifesté grâce au Purusha (principe passif, conscience pure, non différenciée,) et à Prakriti (principe actif, nature primordiale qui donne naissance à tout ce qui existe dans le cosmos manifesté).

Hildegarde de Bingen a écrit plusieurs livres, "Scivias seu Visionnes", "Liber divinorum operum", "Liber vitae meritorum hominis", etc. 

« "Le Livre des œuvres divines" (Liber divinorum operum), écrit Régine Pernoud, s’ouvre sur une image somptueuse qui a été récemment reproduite à plusieurs reprises, celle d’un personnage debout, possédant trois têtes et quatre ailes peintes dans des teintes d’écarlate. Cette image s’accompagne d’un commentaire qu’il est essentiel de citer pour introduire l’œuvre et aussi pénétrer l’ensemble des visions qu’elle développe :

"Je contemplai alors dans le secret de Dieu, au cœur des espace aériens du Midi ; une merveilleuse figure. Elle avait apparence humaine. La beauté, la clarté de son visage étaient telles que regarder le soleil eût été plus facile que regarder ce visage. Un large cercle d’or ceignait la tête. Dans ce cercle un deuxième visage, celui d’un vieillard, dominait le premier ; son menton, sa barbe frôlaient le sommet du crâne. De chaque côté du cou de la première figure se détachait une aile. Ces ailes s’élevaient et se rejoignaient au-dessus du cercle d’or. La partie extrême de la courbure de l’aile droite portait une tête d’aigle ; de ses yeux de feu rayonnait comme en un miroir la splendeur angélique. La partie correspondante de l’aile gauche portait une tête d’homme qui brillait comme étincellent les étoiles. Les deux visages étaient tournés en direction de l’est. De chaque épaule de la figure, une aile descendait jusqu’aux genoux. Un vêtement qui avait l’éclat du soleil la recouvrait. Dans les mains elle portait un agneau qui brillait comme une journée débordante de lumière. Du pied, elle terrassait un monstre à l’aspect effroyable, vireux et noir, et un serpent. Le serpent serrait dans sa mâchoire l’oreille droite du monstre, et sa queue allait jusqu’à ses pieds, du côté gauche de la figure.

La figure parla en ces termes : « C’est moi l’énergie suprême, l’énergie ignée. C’est moi qui ai enflammé chaque étincelle de vie. Rien de mortel en moi ne fuse. 

De toute réalité je décide. Mes ailes supérieures enrobent le cercle terrestre ; dans la sagesse, je suis l’ordonnatrice universelle. Vie ignée de l’essentialité : puisque que Dieu est intelligent, comment pouvait-il ne pas œuvrer ? Par l’homme, il assure l’épanouissement de toutes ses œuvres. 

L’homme, en effet, Il le créa à Son image et à sa ressemblance ; en lui Il inscrivit, avec fermeté et mesure, la totalité des créatures. De toute éternité, la création de cette œuvre – la création de l’homme – était prévue en son conseil. Une fois ladite œuvre achevée, il remit donc entre les mains de l’homme l’intégralité de la création, afin que l’homme pût agir avec elle de la même manière que Dieu avait façonné Son œuvre, l’homme. Ainsi donc, je suis serviteur et soutien.

Par moi en effet toute vie s’enflamme. Sans origine, sans terme, je suis cette vie qui identique persiste, éternelle. Cette vie, c’est Dieu. Elle est perpétuel mouvement, perpétuelle opération, et son unité se montre en une triple énergie. L’éternité, c’est le Père ; le Verbe, c’est le Fils ; le souffle qui relie les deux, c’est l’Esprit saint. Dieu l’a représenté dans l’homme : l’homme en effet a un corps, une âme et une intelligence. Mes flammes dominent la beauté des campagnes : la terre est la matière grâce à laquelle l’homme façonna l’homme. Si je pénètre les eaux de ma lumière, c’est que l’âme pénètre le corps tout entier, comme l’eau par son flux pénètre la terre entière. Si je dis que je suis ardeur dans le soleil et dans la lune, c’est une allusion à l’intelligence : les étoiles ne sont-elles pas les innombrables paroles de l’intelligence ? Et si mon souffle, invisible vie, protecteur universel, éveille l’univers à la vie, il s’agit d’un symbole : l’air et le vent en effet maintiennent tout ce qui pousse et tout ce qui mûrit, et rien ne s’écarte des données de sa nature. »



"Vision - Aus dem Leben der Hildegard von Bingen" est un film réalisé par Margarethe von Trotta avec Barbara Sukowa, Heino Ferch.


"Abbesse, prophétesse, mystique, cette femme d’exception était déjà reconnue et célébrée en son temps ; elle correspondait d’ailleurs avec de grands personnages tels l’empereur Frédéric Barberousse ou Bernard de Clairvaux. Dès l’enfance elle fait part de ses "visions" qu’elle rapportera plus tard dans son "Liber Scivias", ouvrage dans lequel elle "révèle" les secrets de l’univers que Dieu lui a transmis. Visionnaire, mais pas seulement ; elle fit également consigner par écrit ses connaissances "scientifiques" dans des traités de médecine et de sciences naturelles.

"Cette moniale-poétesse était donc également compositrice ; elle laisse plus de 70 compositions musicales (Antiennes, Répons, Séquences, Hymnes) sur des textes dont elle est également l’auteur ainsi qu’un drame liturgique complet « Ordo Virtutum ». Hildegard possédait assurément une voix exceptionnelle : ses chants, composés pour son usage personnel, ont une tessiture bien plus étendue que les compositions habituelles du Moyen-Age. Pour Hildegard, la musique est enracinée dans l’âme, qui sont toutes deux nées de l’harmonie céleste et les textes qu’elle nous transmet sont d’une fabuleuse richesse imaginative et symbolique."


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