mardi, mai 25, 2010

Le Saint Empire Euro Germanique


La fin d’une civilisation ou le crépuscule du Kali Yuga s'accompagne de profonds dysfonctionnements du pouvoir temporel et de l’autorité spirituelle. Chacun peut constater que les passions et l’avidité des puissants et des prélats se répandent et contaminent les populations qui n’ont plus de repaires moraux.

Partout, la recherche du lucre est devenue une obsession. D’ailleurs, la cupidité est considérée comme un signe de la fin des temps. « Suivant al-Barzanjî, cela surviendra quand les hommes qui, par souci d’honnêteté, accepteront de rester pauvres, se verront quasiment contraints, y compris par leurs propres familles, de s’enrichir par des moyens malhonnêtes, d’où la nécessité de la fuite. » Selon un autre hadîth : « Viendra un temps où l’homme de religion ne pourra la préserver qu’en fuyant de montagne en montagne ou d’une cachette à l’autre, tel le renard qui fuit pour préserver ses petits. »

La fuite semble inévitable devant la fin de la démocratie et l’avènement d’un pouvoir malfaisant « qui serait, précise René Guénon dès 1945, comme la contrepartie, mais aussi par là même la contrefaçon, d’une conception traditionnelle telle que celle du « Saint-Empire »…

Le complot contre l’euro a donné le leadership aux allemands qui imposent désormais aux pays européens une nouvelle culture de stabilité (Stabilitätkultur) prétextant sauver l’euro. Par « nouvelle », il faut entendre « allemande » comme l’a dit la chancelière Angela Merkel devant le Bundestag : « Notre culture de stabilité a plus que fait ses preuves. […] Les règles ne doivent pas s’orienter sur les plus faibles, mais sur les plus forts. » Ce leadership allemand et son idéologie de la puissance fait dire à Jean Quatremer, envoyé spécial à Berlin du journal Libération : « Merkel rêve du saint empire euro germanique ».

Coïncidence, pratiquement au même moment, le film primé au festival de cannes 2010 « Oncle Boonmee », du Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, est assez emblématique du spiritualisme mâtiné de surnaturel qui sera imposé par le nouveau féodalisme au sommet duquel siégera le monarque universel, le Chakravartî (littéralement « celui qui fait tourner la roue » du Dharma). Or, toujours selon René Guénon, ce Chakravartî sera « un Chakravartî à rebours » qui imposera sa « contre-tradition », c’est-à-dire une impitoyable tyrannie accompagnée d’un spiritualisme frelaté.

« Ce règne de la « contre-tradition » est en effet, très exactement, ce qui est désigné comme le « règne de l’Antéchrist » : celui-ci, quelque idée qu’on s’en fasse d’ailleurs, est en tout cas ce qui concentrera et synthétisera en soi, pour cette œuvre finale, toutes les puissances de la « contre-initiation », qu’on le conçoive comme un individu ou comme une collectivité ; ce peut même, en un certain sens, être à la fois l’un et l’autre, car il devra y avoir une collectivité qui sera comme l’« extériorisation » de l’organisation « contre-initiatique » elle-même apparaissant enfin au jour, et aussi un personnage qui, placé à la tête de cette collectivité, sera l’expression la plus complète et comme l’« incarnation » même de ce qu’elle représentera, ne serait-ce qu’à titre de « support de toutes les influences maléfiques que, après les avoir concentrées en lui-même, il devra projeter sur le monde. Ce sera évidemment un « imposteur » (c’est le sens du mot dajjâl par lequel on le désigne habituellement en arabe), puisque son règne ne sera pas autre chose que la « grande parodie » par excellence, l’imitation caricaturale et « satanique » de tout ce qui est vraiment traditionnel et spirituel ; mais pourtant il sera fait de telle sorte, si l’on peut dire, qu’il lui serait véritablement impossible de ne pas jouer ce rôle. Ce ne sera certes plus le « règne de la quantité », qui n’était en somme que l’aboutissement de l’« anti-tradition » ; ce sera au contraire, sous le prétexte d’une fausse « restauration spirituelle », une sorte de réintroduction de la qualité en toutes choses, mais d’une qualité prise au rebours de sa valeur légitime et normale ; après l’« égalitarisme » de nos jours, il y aura de nouveau une hiérarchie affirmée visiblement, mais une hiérarchie inversée, c’est-à-dire proprement une « contre-hiérarchie », dont le sommet sera occupé par l’être qui, en réalité, touchera de plus près que tout autre au fond même des « abîmes infernaux ».

René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps »


Le plan dirigé contre l’Esprit

La lutte pour la supériorité et les spéculations continuelles dans le monde des affaires créera une société démoralisée, égoïste et sans cœu...