dimanche, juillet 26, 2009

Le Libre-Esprit des taoïstes aux rastas


L’hermétisme d’Israël, qui a vraisemblablement pris naissance dans les temples de la vieille Egypte, nous familiarise avec la doctrine kabbaliste et les secrets de la merkabah (1). Ne nous faisons pas trop d’illusions, les véritables dépositaires de ces secrets sont peu nombreux. En effet, la décomposition des traditions spirituelles se confirme chaque jour d’avantage. Des religieux ne se contentent plus d’être les complices des puissants, ils s’acoquinent aussi avec le milieu du crime organisé. La presse avait révélé que des rabbins, des politiciens et la mafia du New Jersey sont impliqués dans un réseau de trafic d’organes, d’extorsion de fonds et de blanchiment d’argent...

Les personnes soumises aux hiérarchies religieuses ou aux gourous ne saisissent pas le sens de la véritable spiritualité. Elles se complaisent dans une sorte d’euphorie qui leur fait ignorer les déviations, les mensonges et les contradictions d’une grande partie du spiritualisme contemporain..

Les autorités spirituelles ont délaissé la recherche de l’Ultime pour s’enrichir et manipuler les populations. Mais en s’écartant des églises officielles ou des sectes officieuses, il est possible de renouer avec d’antiques traditions mystiques.

En Occident, ces traditions furent impitoyablement persécutée par l’Inquisition. Le Mouvement du Libre-Esprit (2) était trop libertaire pour échapper à la haine des prélats catholiques. Pourtant le christianisme et le judaïsme n’ignoraient pas une sorte d’anarchisme sacré. Un sacerdoce spontané, nommé « naziréat » chez les Hébreux, permettait aux hommes et aux femmes de se séparer de la société pour se vouer à la quête de l’Absolu. Contrairement aux renonçants, les naziréens développaient toute la puissance de la vitalité de l’existence et de la spiritualité. Cette vitalité sacrée était représentée par l’abondante chevelure des naziréens. Samson était consacré au naziréat. L’apostolat non-conformiste du Christ dénonçant les marchands du temple et l'hypocrisie des maîtres de la loi, rappelle la simplicité et la pureté du naziréat. Jésus dit « le nazaréen » serait en fait « naziréen ».

Tout au long de l’histoire du christianisme, les autorités religieuses persécutaient inlassablement tous ceux qui tentaient d’incarner l’ancien naziréat. Au début du 20ème siècle le déclin de la chrétienté est irréversible, le mouvement rastafari se dit alors inspiré par le mode de vie des naziréens. Les rastas n’ont pas de chef, ne boivent pas d’alcool et sont végétariens. Mais ils consomment de la marijuana (la « ganja ») croyant pouvoir atteindre ainsi l’Ultime.

L’Islam, la troisième grande religion monothéiste, a aussi ses libertaires mystiques, ce sont le plus souvent des soufis. Les malâmatîya, les hâksâr, les qualandar, les majdhûb se définissaient comme des hommes affranchis du ciel et de la terre.

En Orient, la philosophie taoïste est ouvertement libertaire.

« Dans une société étatique, comme l’était la société chinoise, le taoïsme ne pouvait être qu’une doctrine individuelle, réservée à une élite qui se retirait souvent loin du monde, pour vivre dans des montagnes ou des forêts profondes.

Le modèle du taoïste véritable est l’immortel. Or, comme le dit Isabelle Robinet : « L’immortel est un rebelle qui ne s’élève pas contre les lois de la société ni contre les discours des maîtres, mais qui s’en délivre hors de la société ou dans une société sans maîtres, comme celle de Lao Tseu. »

Finalement, le taoïste est très proche de « l’anarque » dont parle Ernst Jünger. Pour l’anarque, tout pouvoir en tant que tel est mauvais en soi. Mais attaquer le pouvoir comme le font les anarchistes, c’est se lier à lui, dépendre de lui. Alors que « l’anarque » est un solitaire. Il se contente d’un regard détaché. Il est un contemplateur qui assiste, lucide, aux jeux du pouvoir sans s’en mêler.

Lorsque le taoïsme devint une religion d’état (ce qui est une contradiction dans les termes), notamment au 5ème siècle, grâce à la protection dont il jouissait de la part de l’empereur du Nord, Tai Wou Wei (424-452), ce fut un taoïsme dégradé, une religion populaire, institutionnelle, emplie de pratiques rituelles, de fêtes, de rites expiatoires, d’incantations. Les prêtres pratiquaient le commerce des charmes, des amulettes, des talismans, l’exorcisme des malades, la divination. […]

La religion est d’ailleurs considérée par Lao Tseu comme l’ultime dégradation conséquente à l’oubli du Tao. « Après la perte de la voie vient la vertu. Après la perte de la vertu vient l’amour. Après la perte de l’amour vient la justice. Après la perte de la justice viennent les rites », écrit-il (3). Et il ajoute que le « rite est la source du désordre »…

En fait les vrais taoïstes ont toujours été peu nombreux.

C’était souvent des êtres non conformistes, des poètes, des artistes en constante rébellion contre les convenances et la morale confucéenne.» (4)

(1) Les " new-agers " se sont entichés d’un concept de l’antique tradition ésotérique concernant le véhicule de lumière nommé " merkabah "… LIRE LA SUITE : http://bouddhanar-8.blogspot.com/2008/05/corps-de-gloire-merkabah-embryon-de.html


(2) Le Libre-Esprit désigne la simplicité intérieure. L’esprit libéré de ses illusions peut s’ouvrir à la Voie (Tao ou l’Ultime). Maître Eckart incite à « se libérer de Dieu même ».

(3) Lao Tseu, « Tao-Te-King ».

(4) Erik Sablé, « Sagesse libertaire taoïste ».








samedi, juillet 18, 2009

Les larmes du Bouddha

Le mercantilisme occidental a fait du bouddhisme un produit assez lucratif. Des opportunistes savent réaliser de petits et de grands profits grâce à la mode du bouddhisme magique du Tibet ou du zen transmis par un alcoolique japonais. Des livres prétendent enseigner l’art du bonheur en deux cents pages. Des universitaires publient des traductions de textes secrétissimes et deviennent des propagateurs de pratiques religieuses aliénantes. L’Occident bouddhiste se prosterne devant des magiciens et se soumettent (samaya) à des margoulins. Les bouddhistes occidentaux ont pris l’habitude d’offrir des festins (tsoks) aux entités du lamaïsme, ils soudoient régulièrement les démons gardiens de la doctrine avec du saucisson, des chips, du Coca-Cola…

D'un autre côté, depuis quelques années, les internautes francophones perçoivent les échos d’une contestation qui remet radicalement en question l’imaginaire bouddhique de l’Occident.

La violence des attaques du couple Trimonti contre les grands initiés de Kalachakra et leur hiérophante suprême, le dalaï-lama lui-même, fit rapidement s’effondrer le mythe du bouddhisme pacifique. La charge était imparable, les Trimondi connaissent parfaitement les arcanes les plus occultes du lamaïsme. http://www.iivs.de/~iivs01311/francais/Part-II-10.htm

http://www.iivs.de/~iivs01311/francais/articles.fr..htm

De son côté, Christian Pose témoigne de son expérience monastique tout en dénonçant le cynisme de la diaspora tibétaine, celle des riches hiérarques corrompus. http://linked222.free.fr/cp/ChristianPose.html


Les travaux de l’anthropologue Marc Bosche sont dénués d’agressivité, mais le constat est sans appel : "Notre hypothèse est que le néo bouddhisme est en réalité une industrie, régie par des lois économiques plutôt que morales ou spirituelles, mettant en œuvre une technologie de l’assujettissement des personnes au travers d’un système de moyens subtils, issus d’une antique expérience religieuse. Cet assujettissement passerait par des effets spéciaux agréables rendant les adeptes dépendants de sensations psychosomatiques souveraines, obtenues au contact de ces groupes, de leurs figures d’autorité et de leurs mises en scène spirituelles." http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/wsb3911575201/1.html


Des auteurs font état de la rencontre du bouddhisme et du totalitarisme :

- Brian Victoria, « Le zen en guerre », Seuil 1997 :
- le couple Trimondi, « L’ombre du Dalaï-lama, sexualité, magie et politique dans le bouddhisme tibétain », Düsseldorf, 1999, et « Hitler, Buddha, Krishna, Eine unheilige Allianz vom dritten Reich bis heute, Ueberreuter, 2002 ;
- Elisabeth Martens « Histoire du Bouddhisme tibétain, La compassion des Puissants », l’Harmattan, 2007 ;
- Etc.

Ces auteurs dénoncent la mascarade d’un bouddhisme politique. Mais leurs pertinentes observations et les conclusions qui les accompagnent malmènent l’authentique spiritualité libératrice. Ils jettent le bébé avec l’eau du bain en quelque sorte.

Le besoin de spiritualité est naturel à condition de l’assouvir sans dépendre de doctrine manipulatrices et de prétendus maîtres. A bien y regarder, les institutions religieuses et le spiritualisme en vogue sont des éteignoirs de nos velléités de libération. Les desseins des religions s’opposent à la réalisation intérieure qui transforme le mouton en lion. La papauté était impitoyable envers les gnostiques parce que ces libertaires de l’Absolu n’acceptaient pas la soumission et la résignation enseignées par l’Eglise complice des puissants et des exploiteurs. Au 7ème siècle, les gnostiques Messaliens (ou Euchites) irritaient l’évêque chrétien Timothée. Il écrit : « L’été, la nuit venue, ils dorment en plein air, hommes et femmes, dans une totale promiscuité, sans que cela tire, d’après eux conséquence. Ils peuvent goûter aux mets les plus savoureux et mener la vie la plus luxurieuse ou la plus débauchée car pour eux, tout cela n’a pas la moindre conséquence. » « Mais ce qui choque le plus ce brave évêque, ajoute Jacques Lacarrière, c’est l’attitude délibérément insoumise de ces vagabonds, leur insolent refus de travailler et leur évidente propension à ne vouloir rien faire : « Ils entendent manger et ne jamais travailler pour cela. Ils mangent donc à leur faim et boivent à leur soif à n’importe quelle heure du jour, sans se soucier d’aucune prescription sur les jeûnes et passent leur temps à ne rien faire et à dormir. » (1)

Prétextant nous conduire à l’Eveil, le bouddhisme régente aussi notre existence. Son moralisme, ses dogmes et ses méthodes annihilent en réalité notre sens inné de la véritable spiritualité. Les Chinois, grâce en partie à l’antique sagesse taoïste, rectifièrent brillamment les erreurs du bouddhisme en matière de pratiques méditatives. L’attitude peu conventionnelle de Hui-neng (le 6ème patriarche du Ch’an) envers la méditation (Dhyana) est illustrée par l’histoire suivante relatée par l’un de ses disciples :

En la onzième année de Kai-yuan (723 de notre ère), il y avait à T’an-chou un maître Ch’an connu sous le nom de Chih-huang, qui avait étudié auprès de Jen, le grand maître. Il était revenu ensuite au monastère de Lu-shan, à Chang-sha, où il se consacrait à la pratique de la méditation (tso-ch'an = dhyana), et il entrait souvent en Samadhi (ting). Sa réputation s’étendait très loin.

Il y avait à cette époque un autre maître Ch’an du nom de Tai-yung. Il vint à Ts’ao-ch’i et étudia pendant trente ans sous la direction du grand maître (Hui-neng). Le maître avait l’habitude de lui dire : « Vous êtes en mesure de faire un missionnaire ». Enfin Yung dit adieu à son maître et retourna dans le Nord. Passant au cours de son voyage par la retraite de Huang. Yung rendit visite à celui-ci et lui demanda respectueusement : « Votre Révérence entre, paraît-il, souvent en Samadhi. A ce moment, faut-il comprendre que votre conscience continue à fonctionner ou bien vous êtes dans un état d’inconscience ? Si votre conscience continue à fonctionner, tous les êtres sensibles, doués de conscience , peuvent entrer en Samadhi comme vous. Si au contraire vous êtes dans un état d’inconscience, les plantes et les rochers peuvent entrer en Samadhi ».

Huang répondit : « Lorsque j’entre en Samadhi, je ne suis conscient ni d’une condition ni de l’autre ».

Yung dit : « Si vous n’êtes conscient ni d’une condition ni de l’autre, c’est là demeurer en un éternel Samadhi, et il ne saurait être question d’y entrer ni d’en sortir ».

Huang ne répondit rien. Il demanda : « Vous dites de venir de chez Hui-neng, le grand maître. Quelle instruction avez-vous reçu de lui ? »

Yung répondit : « Selon son enseignement, la non-tranquilisation, (ting-Samadhi), la non-perturbation, la non-station assise (tso), la non-méditation (ch’an) – voilà le Dhyana du Tathagata. Les cinq Skandhas ne sont pas des réalités ; les six objets des sens sont par nature vides. « Cela » n’est ni calme ni illuminant ; ce n’est ni réel ni vide ; cela ne réside pas dans la voie moyenne ; c’est ne-pas-faire, c’est ne-produire-aucun-effet, et pourtant cela joue avec la plus entière liberté : la nature-de-Bouddha englobe tout ».

Entendant cela, Huang en réalisa instantanément la signification et il soupira : « Ces trente années que j’ai passées assis pour rien ! » (2)



(1) Jacques Lacarrière, « Les gnostiques ».
(2) Dans le Pieh-chuan.

vendredi, juillet 17, 2009

Un grain de folie


Dans des temples peinturlurés aux couleur d’un bouddhisme carnavalesque, les grenouilles de mandala soupirent de bonheur en entendant le froufrou d’une robe de lama. Elles coassent en cœur un charabia tibétain en guise de liturgie. Dans un tel décor et avec de tels acteurs, le bouddhisme occidental pourrait être plus joyeux, comme autrefois quand les gags de P’ou-houa et de Lin-tsi amusaient le sangha :

« P’ou-houa et Lin-tsi avaient été invités à un repas qu’ils jugeaient maigre. Le lendemain ils furent invités de nouveau à un repas qu’ils jugeaient également peu satisfaisant. Alors Lin-tsi demanda : « Ce qu’on nous offre aujourd’hui, comment est-ce comparé à hier ? » Pou-houa renversa d’un coup de pied l’escabeau à manger. Le maître (Lin-tsi) dit « Ca va, grossier personnage ! » Pou-houa dit : « Espèce d’aveugle ! Parle-t-on dans la loi bouddhique de grossièreté et de finesse ? » Le maître alors tira la langue. » (1)

Un jour Milarepa était assis face à un interlocuteur en exhibant librement son pénis. Son interlocuteur lui fit remarquer qu’il se conduisait comme un fou. Milarepa rétorqua :

« Les gens disent : « Milarepa n’est-il pas fou ? »
A mon tour je pense qu’il en est ainsi.
Ecoutez maintenant ma folie :
Père et fils sont fous,
De même la Transmission (du dharma).
Mon arrière-grand-père, le brillant sage Tilopa, lui aussi était fou,
De même mon ancêtre Nâropa le grand érudit.
Fou aussi mon ancêtre Marpa le traducteur.
Fou par conséquent Milarepa. » (2)

L’idée de la folie du sage est connue du bouddhisme Théravada. Dans un recueil de stances les moines des premiers temps parlent de leurs expériences :

« Le sage devrait prendre soin de paraître comme un imbécile ou un fou…
Que celui qui a des yeux soit comme aveugle, qui a des oreilles, comme sourd, qui a la connaissance comme fou… » (3)

Carl Keller écrit :

« L’une des démarches philosophiques fondamentales du bouddhisme mahâyâniste consiste à démontrer qu’aucun système philosophique n’est cohérent et qu’il n’est pas possible de se fier à la raison dite logique. Par conséquent, il n’est pas surprenant que certains de ses représentants ne récusent nullement le reproche de folie puisque, du point de vue de la raison logique habituée à établir le sens et la cohérence des choses, la pratique bouddhiste est effectivement déviante. » (4)



(1) « Entretiens de Lin-tsi ».
(2) « The Hundred Thousands Songs of Milarepa ».
(3) « Theragâthâ ».
(4) « Approche de la mystique dans les religions occidentales et orientales ».
Illustration : Daniel Coble.



***


Le « péril jaune » fait encore recette. Que se passe-t-il dans le Xinjiang ?
par Domenico Losurdo.


Une fois de plus la presse occidentale aborde la Chine qu’elle connaît mal au travers du prisme idéologique de la Guerre froide. Ainsi le conflit ethnico-social entre ouigours et hans donne lieu à une récitation sur l’oppression du « régime » de Pékin. Domenico Losurdo démonte ce préjugé. LIRE LA SUITE : http://www.voltairenet.org/article161018.html


Xinjiang : "Ce n’est pas une manifestation pacifique", selon des Russes.

MOSCOU, 15 juillet (Xinhua). Des magazines et journaux russe ont publié ces derniers jours des récits ou des articles sur les émeutes du 5 juillet à Urumqi, capitale de la région autonome ouïgoure du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), émeutes qui ont fait 192 morts et plus de 1.000 blessés selon le dernier bilan officiel établi mercredi.
Elena Pinko, une enseignante de 23 ans, a raconté dimanche au journal Komsomol Pravda ce qu'elle avait constaté. "Je me rappelle très bien ce qui s'est passé (l'autre jour)", a-t-elle dit.
"Le 5 juillet était un dimanche... Nous sommes sortis pour visiter un parc, faire des achats puis boire un café. Tout est dans le calme comme d'habitude", a rappelé Elena Pinko.
"Quand nous étions prêts à rentrer à la maison avant le déjeuner, nous avons croisé un ami qui a fait l'objet d'une attaque. Il nous a confié que la voiture qui le transportait a été détourné par une foule d'émeutiers, et qu'il avait désespéremment vu un passant battu à mort", a révélé la jeune femme.
Pour sa part, Alina Brazhnik, une étudiante russe, a affirmé lundi dans une interview au journal Izvestia, qu'Urumqi était une bonne ville, où les enseignes de tous les bureaux administratifs et la plupart des magasins sont écrites en langues des Han et des Ouïgours à la fois.
"Les étudiants des Han et des Ouïgours ont des contacts normaux, il n'y a pas de problèmes", a-t-elle indiqué.
Dans la soirée du 5 juillet, elle a révélé avoir constaté, à travers la fenêtre de son appartement, des scènes de terreur où un groupe d'émeutiers traquaient et attaquaient dans la rue tous ceux qui portaient un appareil-photo.
"Ce n'est pas une manifestation pacifique, sans aucun doute", a souligné Alina Brazhnik.
Pour Dmitry Vinogradov, journaliste russe ayant visité à plusieurs reprises la région autonome ouïgoure du Xinjiang, a affirmé que tous les groupes ethniques y vivaient en harmonie.
Dans un article paru dans l'hebdomadaire Russky Reporter, M. Vinogradov a salué la manière dont le gouvernement chinois traite ses ethnies minoritaires.
"Par exemple, Beijing n'applique pas la politique du planning familial aux minorités", a indiqué M. Vinnogradov.
Pour améliorer les conditions de vie de la population du Xinjiang, le gouvernement central chinois a alloué des fonds colossaux pour développer la vaste étendue de l'ouest.
Les habitants de tous les groupes ethniques vivent dans l'harmonie, a noté M. Vinogradov. "A Urumqi, les jeunes femmes des Han se sentent à l'aise lorsqu'elles achètent des habits dans les marchés gérés par les Ouïgours", a-t-il rappelé.
Source : http://www.cctv.com/program/journal/20090716/103306.shtml


mardi, juillet 14, 2009

Asie centrale


Si l’on connaît assez bien les enjeux géopolitiques et économiques de la domination de l’Asie centrale, la géographie sacrée de cette région ne focalise pas l’attention des médias. En revanche, des "initiés noirs" s’intéressent aux emplacements des civilisations oubliées du désert de Gobi, du pays des « Sept Fleuves », situé vers l’Altaï, origine probable de la culture sumérienne et de la chinoise, et des centres reliés à Shambhala, au nord du fleuve Sita, identifié par les chercheurs occidentaux comme le Tarim, dans le Xinjiang.

Les influences spirituelles utilisent des supports pour agir dans notre monde. « Si ces influences spirituelles, écrit Guénon, dans un chapitre consacré aux résidus psychiques, se retirent par la suite, pour une raison quelconque, leurs anciens « supports » corporels, lieux ou objets (et, quand il s’agit de lieux, leur situation est naturellement en rapport avec la « géographie sacrée »), n’en demeureront pas moins chargés d’éléments psychiques, et qui seront même d’autant plus forts et plus persistants qu’ils auront servi d’intermédiaires et d’instruments à une action plus puissante. On pourrait logiquement conclure de là que le cas où il s’agit de centres traditionnels et initiatiques importants, éteints depuis un temps plus ou moins long, est en somme celui qui présente les plus grands dangers à cet égard, soit que de simples imprudents provoquent des réactions violentes des « conglomérats » psychiques qui y subsistent, soit surtout que des « magiciens noirs », pour employer l’expression couramment admise, s’emparent de ceux-ci pour les manœuvrer à leur gré et en obtenir des effets conformes à leurs desseins. » […]

« Une autre considération qui a encore son importance est celle-ci : si l’« adversaire » a avantage à s’emparer des lieux qui furent le siège d’anciens centres spirituels, toutes les fois qu’il le peut, ce n’est pas uniquement à cause des influences psychiques qui y sont accumulées et qui se trouvent en quelque sorte « disponibles » ; c’est aussi en raison même de la situation particulière de ces lieux, car il est bien entendu qu’ils ne furent point choisis arbitrairement pour le rôle qui leur fut assigné à une époque ou à une autre et par rapport à telle ou telle forme traditionnelle. La « géographie sacrée », dont la connaissance détermine un tel choix, est, comme toute autre science traditionnelle d’ordre contingent, susceptible d’être détournée de son usage légitime et appliquée « à rebours » : si un point est « privilégié » pour servir à l’émission et à la direction des influences psychiques quand celles-ci sont le véhicule d’une action spirituelle, il ne le sera pas moins quand ces mêmes influences psychiques seront utilisées d’une tout autre manière et pour des fins contraire à toute spiritualité. » (1)

Des loges gouvernent l’empire anglo-américain, ce n’est pas un secret. Mais l’on ignore que la « contre-initiation » contrôle désormais la plupart des obédiences occidentales. Une franc-maçonnerie, corrompue par les ambitions politiques, l’ivresse du standing social et un élitisme inversé, est entre les griffes de la « contre-initiation ». C’est donc un ésotérisme politique infernal qui inspire les desseins planétaires de l’empire.

En Afghanistan, l’Otan réunit les forces d’une coalition importante (42 pays sont contributeurs). Cette armée se trouve à quelques centaines de kilomètres du bassin du Tarim. Si l’on ne tient pas compte de la date (les prophéties s’accommodent mal des dates), la présence d’une coalition militaire dans une aire géographique rattachée au royaume de Shambhala rappelle la présentation du premier chapitre du « Tantra de Kalachakra » traduit par Sofia Stril-Rever :

« Les prophéties du Tantra de Kalachakra, au livre 1, Livre du Monde, annoncent que trente-deux rois, y compris Suchandra, régneront successivement, cent années chacun, sur le trône de Shambhala. Durant cette période de 3200 ans, les destinées du monde iront en s’assombrissant. L’humanité s’enfoncera dans le matérialisme idéologique et l’ignorance, jusqu’en 2424. A cette date, une superpuissance, dirigée par des incarnations d’êtres démoniaques, fédérera plusieurs pays, à l’issue d’une guerre mondiale de plusieurs années.

« Le chef de la coalition des Etats victorieux, connaissant l’existence du royaume de Shambhala, sera tenté de le faire passer sous sa domination. Une nouvelle guerre éclatera alors. Elle ne sera pas limitée à notre planète puisque des forces non terrestres interviendront dans les combats. Les massacres et les destructions dépasseront en horreur tout ce que nous avons connu jusqu’à présent . » (2)

Il est utile de rappeler que le Dalaï-lama délivre les initiations de Kalachakra associées au royaume de Shambhala. « D’après une vision du lama tibétain Kamtrul Rinpoche, le Dalaï-lama lui-même réincarné conduira, en chef courroucé (Rudra Chakrin), les armées bouddhistes dans la bataille du Shambhala afin de prendre le pouvoir sur “tout le Mal de l’univers” (3). Beaucoup de personnes croient que les initiés de Kalachakra combattront l’empire du mal. En réalité, le lamaïsme présente de graves anomalies (scandales, implication dans des services secrets, persécution religieuse, cacophonie des deux karmapas…) qui indiquent que cette voie, au terme d’une décadence de plusieurs siècles, est désormais noyautée par la « contre-initiation » (3) et sert les desseins de l'empire malfaisant.

La dégénérescence d’une civilisation traditionnelle est envisagée par René Guénon en ces termes :

« (Ce cas) celui d’une civilisation traditionnelle qui se survit pour ainsi dire à elle-même, en ce sens que sa dégénérescence a été poussée à tel point que l’« esprit » aura fini par s’en retirer totalement ; certaines connaissances, qui n’ont en elles-mêmes rien de « spirituel » et relèvent que de l’ordre des applications contingentes, pourront encore continuer à se transmettre, surtout les plus inférieures d’entre elles, naturellement, elles seront dès lors susceptibles de toutes les déviations, car elles aussi ne représentent plus que des « résidus » d’une autre sorte, la doctrine pure ayant disparu. Dans un pareil cas de « survivance », les influences psychiques antérieurement mises en œuvre par les représentants de la tradition pourront encore être « captées », même à l’insu de leurs continuateurs apparents, mais désormais illégitimes et dépourvus de toute véritable autorité ; ceux qui s’en serviront réellement à travers eux auront ainsi l’avantage d’avoir à leur disposition, comme instruments inconscients de l'action qu'ils veulent exercer, non plus seulement des objets dits « inanimés », mais aussi des hommes vivants qui servent également de « supports » à ces influences, et dont l’existence actuelle confère naturellement à celles-ci une bien plus grande vitalité. » (4)

Le déclin du lamaïsme a été dénoncé par le célèbre hiérarque tibétain Chögyam Trungpa (1939 – 1987), maître de Fabrice Midal. Auteur du livre « La pratique de l’éveil de Tilopa à Trungpa », Midal dit de son maître :

« Il chercha à réformer un bouddhisme qui avait dégénéré. De ce point de vue, il considérait l’implantation du bouddhisme en Occident comme une chance qui lui permettrait de subsister. Malgré le respect et l’amour profond qu’il avait pour son pays et la tristesse de le voir détruit, il ne gardait aucune nostalgie pour le Tibet de son enfance, n’hésitant pas à affirmer que « plus personne ne pratiquait réellement, c’était une grosse arnaque. Pas étonnant que les communistes aient décidé de prendre le pouvoir, ils avaient raison de ce point de vue […] En fait, je pense que la destruction du royaume du Tibet a été une grande chance pour le bouddhisme (5). »

Chögyam Trungpa ne parvint pas à réformer le lamaïsme car, comme d’autres hiérarques tibétains, ses ailes furent brûlées par les feux de l’argent, du sexe et l’alcool. Des maîtres du Vajrayana sont incapables d’échapper aux pièges d’un adversaire particulièrement puissant en Occident.

Le lamaïsme et Shambhala :
http://bouddhanar.blogspot.com/2008/12/les-secrets-du-lamasme.html




(1) René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».
(2) « Tantra de kalachakra », traduction de Sofia Stril-Rever.
(3) http://bouddhanar-2.blogspot.com/2009/07/la-contre-initiation-les-textes-de-rene.html

(4) René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».
(5) Chögyam Trungpa Rinpoché, « The Embodiment of all the Siddhas », séminaire ayant eu lieu à Karmé Chöling, septembre 1975 (non publié).

dimanche, juillet 12, 2009

Lamaïsme et « contre-initiation »


Tant que faire se peut, il est souhaitable de respecter toutes les croyances religieuses.

Le bouddhisme tibétain, qui est au confluent de pratiques archaïques, de plusieurs courants ésotériques et philosophiques ainsi que d’une idéologie politique, peut-il être considéré comme une croyance uniquement préoccupée de l’éveil spirituel de l'humanité ?

Le bouddhisme tibétain avait séduit des auteurs de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle au regard de l’idée de l’unicité des traditions authentiques. Les doctrines du Mahayana, codifiées au 2ème siècle de notre ère au Cachemire, véhiculent des éléments empruntés au shivaïsme qui serait enraciné dans la Tradition primordiale. Plus tard, vers le milieu du premier millénaire, ces éléments reprennent une nouvelle vigueur dans le Vajrayana.

En théorie, le bouddhisme tibétain se présente comme une école de Libération réunissant plusieurs voies graduelles et directes, non-dualistes (Madhyamaka, Mahamoudra, Dzogchen). Mais dans la réalité, le Tibet était soumis à une impitoyable dictature religieuse. Des hiérarques du Vajrayana étaient plus soucieux de pouvoir temporel que de libération spirituelle. Le Tibet était sous la férule de religieux insensibles aux souffrances du peuple réduit à la misère et au servage (plus de 90 % de la population). Les belles théories du Vajrayana étaient mises à mal par les rivalités incessantes entre les différentes écoles et les complots internes de prétendus initiés et de hiérarques avides de pouvoir.

Le renversement des influences spirituelles est probablement à l’origine de nombreuses anomalies qui marquaient le despotisme des lamas. Ces anomalies se retrouvent dans la diaspora tibétaine où un véritable centre, capable d’harmoniser et de concilier les diverses tendances du lamaïsme, fait défaut.

Les Occidentaux constatent la dysharmonie qui règne entre les partisans des deux karmapa. La proscription du culte de Dorjé Shougden illustre la vieille intolérance des prélats tibétains. Une vidéo montre que le dalaï-lama est particulièrement intraitable à l’égard des fidèles de cette pratique considérés comme des hérétiques :





Le comportement scandaleux de certains lamas a été dénoncé en 1994, par le Gyalwang Drukpa lui-même. Le hiérarque répond à la question de Thierry Truillet de la Revue 'Sangha' :

Comment voyez-vous le bouddhisme en Europe en l'an 2000 ?

« Je ne sais pas ! Des améliorations devraient survenir, surtout un perfectionnement intérieur très profond des pratiquants. Mais cela dépend totalement de l'environnement et surtout des maîtres, des lamas résidant en Occident, ceux qui sont venus du Bouthan, du Tibet, de l'Inde, ceux qui prétendent être réellement des maîtres. Aucune importance s'ils sont qualifiés où non, ils sont ici pour être lama. Ils ont à accomplir les actions justes, montrer le vrai chemin, dire les paroles justes, sans aucune altération. J'ai écouté des enregistrements de certains enseignements qui sont de simples lectures de livres. Ils ne tiennent pas vraiment compte de ce que les pratiquants occidentaux ont besoin. Imaginons, par exemple, que je suis un médecin, que vous êtes malade et que je ne tiens pas compte de votre maladie, ni de ses symptômes, mais que je vous donne simplement de bons médicaments très coûteux. Quel que soit ce que vous avez, je vous dit de les consommer et de suivre mes prescriptions. Ce n'est pas suffisant, bien que je sois un médecin compétent et que je vous prescrive de bons médicaments. Ce n'est pas une bonne chose parce que je ne tiens pas compte de ce dont vous avez besoin. Je fais mon travail, mais incomplètement. Certains maîtres agissent ainsi. De plus, certains maîtres dont j'ai entendu les enregistrements ou dont j'ai lu les livres font encore pire : ils donnent de mauvais conseils et enseignent avec une volonté de manipulation afin de s'assurer une réputation ... lucrative. Ils programment de grandes initiations, proposent des activités alléchantes et font beaucoup de publicité afin d'obtenir de l'argent, d'être célèbres, d'acquérir du pouvoir. Tout cela est très superficiel et très négatif. Les meilleurs sont ceux qui donnent de bons médicaments. Si vous êtes un bon étudiant, un bon patient, vous devez vérifier, avec les indications des médicaments, ceux dont vous avez réellement besoin. Les pires sont ceux qui cherchent à manipuler, ils vous détruisent et vous privent de toute votre énergie simplement par amour propre. Les Européens ont vraiment besoin de maîtres authentiques. Bien sûr, il y en a beaucoup. Malheureusement, des Occidentaux, mais aussi des Orientaux, je ne sais pas pourquoi, se sont engagés dans une mauvaise direction. Montrer un mauvais chemin incite beaucoup de gens à s'y engager. C'est un comportement que je ne comprends pas et c'est vraiment dommage. Peut-être est-ce le signe de notre époque sombre. On peut le vérifier aux USA. Montrer le chemin authentique n'attire personne mais se mettre en valeur ou exagérer un peu, essayer de manipuler, font se précipiter les foules. »


Les scandales, les rivalités et les conflits observés dans le lamaïsme révèlent une dissolution qui est la marque de la « contre-initiation ».

La collusion du lamaïsme « contre-initiatique » avec l’empire « contre-traditionnel » anglo-américain est lourd de menaces pour la civilisation chinoise, la plus ancienne dépositaire de la Tradition primordiale, et aussi pour l’Islam, dernier détenteur de cette Tradition grâce à ses confréries soufis. Ce qui se passe actuellement en Asie centrale indique qu’une phase importante d’un plan impérialiste et aussi « contre-traditionnel » est en cours.

L’Europe est indéniablement soumise à l’empire anglo-américain. Les médias européens participent d’une seule voix à une colossale désinformation. Heureusement, quelques sites proposent un autre son de cloche.

Le site Tibetdoc a mis en ligne un article intitulé « La province du Xinjiang et l’Asie centrale » http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article132

mercredi, juillet 08, 2009

La crise au Xinjiang



La pensée libertaire de Tchouang-tseu n’a pas beaucoup d’affinités avec le matérialisme dialectique mâtiné de capitalisme du parti communiste chinois. Dans des circonstances normales, l’éventualité de la répartition de la Chine ne serait qu’un aléa de l’histoire et ne susciterait pas la réaction des adeptes du libre esprit ou de la libre pensée spiritualiste.

Les derniers hommes libres, ceux qui échappent par miracle à l’apathie généralisée, sont concernés par les risques d’éclatement de la Chine pour plusieurs raisons :
- Ces hommes sont généralement d’authentiques spiritualistes attentifs aux agissements de groupuscules politico-religieux manipulés par la « contre-initiation ».
- L’Asie centrale n’est pas une région ordinaire, son contrôle par les forces de l’empire anglo-américain aboutira rapidement au triomphe mondial de la « contre-initiation ».
- L’empire anglo-américain œuvre au règne absolu de la « contre-initiation ». La « contre-initiation » est derrière la nouvelle religiosité des groupes évangéliques aux islamistes, en passant par la mouvance hétéroclite du Nouvel Age, du faux bouddhisme, de l’ésotérisme mercantile, de l’hindouisme bidon, etc.

La City de Londres, qui est le Saint-Siège de la finance mondiale, et son bras armé (l’OTAN) représentent l’ultime oppression que doit affronter l’humanité. Nous ne devons pas nous tromper d’ennemis. N’acceptons pas la propagande qui dénigre la civilisation chinoise et la culture musulmane.


Xinjiang, Asie centrale, Iran… opération chaos avant le prochain krach.
D’après différents comptes rendus, les émeutes du Xinjiang semblent revêtir d’étranges similitudes avec les émeutes tibétaines de mars 2008.
http://www.solidariteetprogres.org/article5581.html

Le président chinois, Hu Jintao, arrivé en Italie pour participer au sommet du G8, a décidé de repartir pour Pékin à cause des événements de la province du Xinjiang.
L’article de Jean-Paul Desimpelaere, « Xinjiang et Tibet : du pareil au même » permet de mieux comprendre les véritables raisons de la nouvelle crise qui secoue la Chine.

LIRE L’ARTICLE de Jean-Paul Desimpeleare :
http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article129


Photo : http://www.nytimes.com/

mardi, juillet 07, 2009

Les fissures de la Grande Muraille


Quelque loin qu’ait pu être poussée la « solidification » du monde sensible, elle ne peut jamais être telle que celui-ci soit réellement un « système clos » comme le croient les matérialistes ; elle a d’ailleurs des limites imposées par la nature même des choses, et plus elle approche de ces limites, plus l’état qu’elle représente est instable ; en fait, comme nous l’avons vu, le point correspondant à ce maximum de « solidité » est déjà dépassé, et cette apparence de « système clos » ne peut maintenant que devenir de plus en plus illusoire et inadéquate à la réalité. Ainsi avons-nous parlé de « fissures » par lesquelles s’introduisent déjà et s’introduiront de plus en plus certaines forces destructives ; suivant le symbolisme traditionnel, ces « fissures » se produisent dans la « Grande Muraille » qui entoure ce monde et le protège contre l’intrusion des influences maléfiques du domaine subtil inférieur (1). Pour bien comprendre ce symbolisme sous tous ses aspects, il importe d’ailleurs de remarquer qu’une muraille constitue à la fois une protection et une limitation ; en un certain sens, elle a donc, pourrait-on dire, des avantages et des inconvénients ; mais, en tant qu’elle est essentiellement destinée à assurer une défense contre les attaques venant d’en bas, les avantages l’emportent incomparablement, et mieux vaut en somme, pour ce qui se trouve contenu dans cette enceinte, être limité de ce côté inférieur que d’être incessamment exposé aux ravages de l’ennemi, sinon même à une destruction plus ou moins complète. Du reste, en reste, en réalité, une muraille n’est pas fermée par le haut et, par conséquent, n’empêche pas la communication avec les domaines supérieurs, et ceci correspond à l'état normal des choses ; à l’époque moderne, c’est la « coquille » sans issue construite par le matérialisme qui a fermé cette communication. Or, comme nous l’avons dit, la « descente » n’étant pas encore achevée, cette « coquille » ne peut que subsister intacte par le haut, c’est-à-dire du côté où précisément le monde n’a pas besoin de protection et ne peut au contraire que recevoir des influences bénéfiques ; les « fissures » ne se produisent que par le bas, donc dans la véritable muraille protectrice elle-même, et les forces inférieures qui s’introduisent par là rencontrent d’autant moins de résistance que, dans ces conditions, aucune puissance d’ordre supérieur ne peut parvenir pour s’y opposer efficacement ; le monde se trouve donc livré sans défense à toutes les attaques de ses ennemis, et d’autant plus que, du fait même de la mentalité actuelle, il ignore complètement les dangers dont il est menacé.

Dans la tradition islamique, ces « fissures » sont celles par lesquelles pénétreront, aux approches de la fin du cycle, les hordes dévastatrices de Gog et Magog (2), qui font d’ailleurs des efforts incessants pour envahir notre monde ; ces « entités », qui représentent les influences inférieures dont il s’agit, et qui sont considérées comme menant actuellement une existence « souterraine », sont décrites à la fois comme des géants et comme des nains, ce qui, suivant ce que nous avons vu plus haut, les identifie, tout au moins sous un certain rapport, aux « gardiens des trésors cachés » et aux forgerons du « feu souterrain », qui ont aussi, rappelons-le, un aspect extrêmement maléfique ; au fond, c’est bien toujours du même ordre d’influences subtiles « infra-corporelles » qu’il s’agit en tout cela (3). A vrai dire, les tentatives de ces « entités » pour s’insinuer dans le monde corporel et humain sont loin d’être une chose nouvelle, et elles remontent tout au moins jusque vers les débuts du Kali-Yuga, c’est-à-dire bien au-delà des temps de l’antiquité « classique » auxquels se limite l’horizon des historiens profanes. A ce sujet, la tradition chinoise rapporte, en termes symboliques, que « Niu-koua (sœur et épouse de Fo-hi, et qui est dite avoir régné conjointement avec lui) fondit des pierres de cinq couleurs (4) pour réparer une déchirure qu’un géant avait faite dans le ciel » (apparemment, quoique ceci ne soit pas expliqué clairement, en un point situé sur l’horizon terrestre) (4) ; et ceci se réfère à une époque qui, précisément, n’est postérieure que de quelques siècles au commencement du Kali-Yuga.

Seulement, si le Kali-Yuga tout entier est proprement une période d’obscuration, ce qui rendait dès lors possibles de telles « fissures », cette obscuration est bien loin d’avoir atteint tout de suite le degré que l’on peut constater dans ses dernières phases, et c’est pourquoi ces « fissures » pouvaient alors être réparées avec une relative facilité ; il n’en fallait d’ailleurs pas moins exercer pour cela une constante vigilance, ce qui rentrait naturellement dans les attributions des centres spirituels des différentes traditions. Il vint ensuite une époque où, par suite de l’excessive « solidification » du monde, ces mêmes « fissures » furent beaucoup moins à redouter, du moins temporairement ; cette époque correspond à la première partie des Temps modernes, c’est-à-dire à ce qu’on peut définir comme la période spécialement mécaniste et matérialiste, où le « système clos » dont nous avons parlé était le plus près d’être réalisé, autant du moins que la choses est possible en fait. Maintenant (6), c’est-à-dire en ce qui concerne la période que nous pouvons désigner comme la seconde partie des Temps modernes, et qui est déjà commencée, les conditions, par rapport à celles de toutes les époques antérieures, sont assurément bien changées : non seulement les « fissures » peuvent de nouveau se produire de plus en plus largement, et présenter un caractère bien plus grave que jamais en raison du chemin descendant qui a été parcouru dans l’intervalle, mais les possibilités de réparation ne sont plus les mêmes qu’autrefois ; en effet, l’action des centres spirituels s’est fermée de plus en plus, parce que les influences supérieures qu’ils transmettent normalement à notre monde ne peuvent plus se manifester à l’extérieur, étant arrêtées par cette « coquille » impénétrable dont nous parlions tout à l’heure ; où donc, dans un semblable état de l’ensemble humain et cosmique tout à la fois, pourrait-on bien trouver une défense tant soit peu efficace contre les « hordes de Gog et Magog » ?

Ce n’est pas tout encore : ce que nous venons de dire ne représente an quelque sorte que le côté négatif des difficultés croissantes que rencontre toute opposition à l’intrusion de ces influences maléfiques, et l’on peut y joindre aussi cette espèce d’inertie qui est due à l’ignorance générale de ces choses et aux « survivances » de la mentalité matérialiste et de l’attitude correspondante, ce qui peut persister d’autant plus longtemps que cette attitude est devenue pour ainsi dire instinctive chez les moderne et s’est incorporée à leur nature même. Bien entendu, bon nombre de « spiritualistes » et même de « traditionalistes », ou de ceux qui s’intitulent ainsi, sont, en fait, tout aussi matérialistes que les autres sous ce rapport, car ce qui rend la situation encore plus irrémédiable, c’est que ceux qui voudraient le plus sincèrement combattre l’esprit moderne en sont eux-mêmes presque tous affectés à leur insu, si bien que tous leurs efforts sont par là condamnés à demeurer sans aucun résultat appréciable ; ce sont là, en effet, des choses où la bonne volonté est loin d’être suffisante, et où il faut aussi, et même avant tout, une connaissance effective ; mais c’est précisément cette connaissance que l’influence de l’esprit moderne et de ses limitations rend tout à fait impossible, même chez ceux qui pourraient avoir à cet égard certaines capacités intellectuelles s’ils se trouvaient dans des conditions plus normales.

Mais, outre tous ces éléments négatifs, les difficultés dont nous parlons ont aussi un côté que l’on peut dire positif, et qui est représenté par tout ce qui, dans notre monde même, favorise activement l’intervention des influences subtiles inférieures, que ce soit d’ailleurs consciemment ou inconsciemment. Il y aurait lieu d’envisager ici, tout d’abord, le rôle en quelque sorte « déterminant » des agents mêmes de la déviation moderne tout entière, puisque cette intervention constitue proprement une nouvelle phase plus « avancée » de cette déviation, et répond exactement à la suite même du « plan » suivant lequel elle s’est effectuée ; c’est donc évidemment de ce côté qu’il faudrait chercher les auxiliaires conscients de ces forces maléfiques, quoique, là encore, il puisse y avoir dans cette conscience bien des degrés différents. Quant aux autres auxiliaires, c’est-à-dire à tous ceux qui agissent de bonne foi et qui, ignorant la véritable nature de ces forces (grâce précisément encore à cette influence de l’esprit moderne que nous venons de signaler), ne jouent en somme qu’un simple rôle de dupes, ce qui ne les empêche pas d’être souvent d’autant plus actifs qu’ils sont plus sincères et plus aveuglés, ils sont déjà presque innombrables et peuvent se ranger en de multiples catégories, depuis les naïfs adhérents des organisations « néo-spiritualistes » de tout genre jusqu’aux philosophes « intuitionnistes », en passant par les savants « métapsychistes » et les psychologues des plus récentes écoles. Nous n’y insisterons d’ailleurs pas d’avantage en ce moment, car ce serait anticiper sur ce que nous aurons à dire un peu plus loin ; il nous faut encore, avant cela, donner quelques exemples de la façon dont certaines « fissures » peuvent se produire effectivement, ainsi que des « supports » que les influences subtiles ou psychiques d’ordre inférieur (car domaine subtil et domaine psychique sont pour nous, au fond, des termes synonymes) peuvent trouver dans le milieu cosmique lui-même pour exercer leur action et se répandre dans le monde humain.

René Guénon, « Le règne de la quantité et les signes des temps ».


(1) Dans le symbolisme de la tradition hindoue, cette « Grande Muraille » est la montagne circulaire Lokâloka, qui sépare le « cosmos » (loka) des « ténèbres extérieures » (aloka) ; il est d’ailleurs bien entendu que ceci est susceptible de s’appliquer analogiquement à des domaines plus ou moins étendus dans l’ensemble de la manifestation cosmique, d’où l’application particulière qui en est faite, dans ce que nous disons ici, par rapport au seul monde corporel.
(2) Dans la tradition hindoue, ce sont les démons Koka et Vokoka, dont les noms sont évidemment similaires.
(3) Le symbolisme du « monde souterrain » est double, lui aussi, et il a également un sens supérieur, comme le montre notamment certaines considérations que nous avons exposées dans « Le Roi du Monde » ; mais ici il ne s’agit naturellement que de son sens inférieur, et même, peut-on dire, littéralement « infernal ».
(4) Ces cinq couleurs sont le blanc, le noir, le bleu, le rouge et le jaune qui, dans la tradition extrême-orientale, correspondent aux cinq éléments, ainsi qu’aux quatre points cardinaux et au centre.
(5) Il est dit aussi au « Niu-koua coupa les quatre pieds de la tortue pour y poser les quatre extrémités du monde », afin de stabiliser la terre ; si l’on se reporte à ce que nous avons dit plus haut des correspondances analogiques respectives de Fo-hi et de Niu-koua, on peut se rendre compte que, d’après tout cela, la fonction d’assurer la stabilité et la « solidité » du monde appartient au côté substantiel de la manifestation, ce qui s’accorde exactement avec tout ce que nous avons exposé ici à cet égard.
(6) Ce texte a été publié pour la première fois en 1945 (note de Bouddhanar
).

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Au printemps 2007, Marc Bosche avait communiqué à Bouddhanar un texte intitulé « Même si la nuit a été bien noire… Sept échos du tantra sont revenus à mon oreille » qui, dans un style plus moderne que celui de René Guénon, évoque les infiltrations des forces négatives :
http://bouddhanar-1.blogspot.com/2007/04/mme-si-la-nuit-t-bien-noire.html


Plus d’un an après la disparition de Marc Bosche, décédé à l’âge de 48 ans, des commentaires signés « No » donnent une suite inattendue à la rubrique « Regards croisés ».
Les travaux de l’anthropologue Marc Bosche ont égratigné l’image du néo-bouddhisme http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/wsb3911575201/1.html le ressentiment qui en découle est compréhensible.

Monsieur No aurait connu Marc Bosche au centre de bouddhisme Dhagpo Kundreul Ling, situé en Auvergne… LIRE LA SUITE http://bouddhanar-4.blogspot.com/2009/07/marc-bosche-dhagpo-kundreul-ling-plus.html


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Xinjiang, Asie centrale, Iran… opération chaos avant le prochain krach.
D’après différents comptes rendus, les émeutes du Xinjiang semblent revêtir d’étranges similitudes avec les émeutes tibétaines de mars 2008.
http://www.solidariteetprogres.org/article5581.html



Le président chinois, Hu Jintao, arrivé en Italie pour participer au sommet du G8, a décidé de repartir pour Pékin à cause des événements de la province du Xinjiang.
L’article de Jean-Paul Desimpelaere, « Xinjiang et Tibet : du pareil au même » permet de mieux comprendre les véritables raisons de la nouvelle crise qui secoue la Chine.

LIRE L’ARTICLE de Jean-Paul Desimpeleare :
http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article129


samedi, juillet 04, 2009

Bouddhisme tibétain et "walk-in"

Des personnes prétendent que leur corps est habité par une autre âme. Selon elles, l’esprit peut quitter (walk-out) prématurément le corps physique afin qu’une entité y entre (walk-in).

Un "walk-in" affirme : "Je suis Noah Shoran, plus connu sous le nom de Noah, je suis un homme et j'ai 60 ans, et je suis un authentique "walk-in" de Véga…".
Un autre dit : "Je suis un "walk-in". La première âme de mon corps a fait walk-out. Je sais qui je suis et pour quelle raison j'ai fait walk-in…". (source : http://kosmic.centerblog.net/3383647-OUVERTURE-DU-BLOG-ouverture-de-la-porte-des-Etoiles-pour-un-voyage-infini-vers-le-cosmos-omniverse
)
S’agit-il de troubles de la personnalité ou de véritables cas de possession ?

Le spiritualisme moderne a promu hâtivement le lamaïsme au rang d’une science de l’esprit. Des lamas tibétains se font fixer des électrodes sur leur crâne tondu. D’après les électroencéphalogrammes des moines, on prétend que la méditation est excellente pour la santé du corps et de l’esprit. Les déclarations de scientifiques convertis au lamaïsme incitent à pratiquer la méditation en méprisant les risques encourus.

La principale méditation enseignée par les maîtres du Vajrayana, le bouddhisme magique du Tibet, est une visualisation élaborée. Cette pratique méditative vise à la totale identification avec la déité personnelle (Yidam) de l’adepte du Vajrayana. "Le Yidam, écrit John Blofeld (1), est généralement choisi de manière à correspondre aux souhaits ou au tempérament du disciple. Par exemple, le choix tombe parfois sur une déité terrible tel le bleu Yamantaka à tête de taureau et aux bras multiples, qui dans une mer de flammes danse sur des cadavres prostrés. […]
Le Yidam est en même temps considéré comme une entité réelle – le Protecteur, le Bien-aimé, et cependant une création mentale de l’adepte, une personnification des forces abstraites de sagesse et compassion, et donc un synonyme de la vacuité de l’Ultime Source. C’est un tour de prestidigitation psychologique et la meilleure preuve de sa valeur est l’attitude et la conduite de ceux qui le font. Il ne serait pas surprenant de voir des psychiatres blâmer en lui un chemin menant directement à l’insanité ; les Tibétains, qui vénèrent presque tous un Yidam, sont pourtant dans l’ensemble un peuple éminemment sain et dépourvu des tensions et des complexes qui font tant de ravages parmi les peuples du monde moderne."

Blofeld a bien conscience des critiques que soulève la visualisation tantrique lorsqu’il évoque un "chemin menant directement à l’insanité", mais il a recours au mythe de la population de sages du Tibet , "peuple éminemment sain" selon lui, pour justifier de la valeur des pratiques lamaïstes. De nos jours, nous connaissons mieux la société tibétaine et la véritable mentalité qui régnait au Tibet. L’affirmation de Blofeld n’est pas crédible. Le récit de voyage du professeur Tucci, pourtant l’ami dévoué des lamas, ne plaide pas en faveur de l’épanouissement de l’ensemble de la population tibétaine :

http://bouddhanar-7.blogspot.com/2007/10/tucci-au-tibet.html
Des écrits de voyageurs objectifs ne manquent pas pour démentir la déclaration de Blofeld.

La méditation du Yidam, l’identification à une déité tantrique, peut-elle favoriser l’entrée (walk-in) dans le corps du méditant d’une entité qui n’est pas une simple création mentale ? Les lamas considèrent que toutes sortes d’entités nous entourent. Dans le petit monastère de Nechung, l’oracle en transe est possédé par une entité qui délivre des prédictions très prisées par les dignitaires tibétains de Dharamsala .

Un reportage montre la transe de l’oracle de Nechung. (Au début, une petite prophétesse hindoue, Sambhavi, prédit le retour du dalaï-lama au Tibet en 2012.)



source :
http://www.france24.com/fr/20090529-tibet-reporters-jeunesse-oracle-bouddhisme-dalai-lama-chine-religion


Le contexte cultuel des tibétains, les méditations et les visualisations tantriques sont propices aux phénomènes de "walk-in" ou de possession. Mais ce ne sont certainement pas des esprits évolués qui prennent possession des corps des méditants.

Depuis plusieurs siècles, depuis que les hiérarques tibétains se sont entichés de politique et ont asservi le peuple, le lamaïsme véhicule des influences psychiques ambiguës. L'importation en Occident de pratiques magiques décadentes n’est pas sans danger.


Les personnes qui se réclament du lamaïsme sont sous l’emprise d’une doctrine qui porte atteinte à leur identité et à leur liberté. Elles sont assujetties au gourou par de nombreux serments (samaya). Elles se livrent à des pratiques addictives (2) et croient volontiers qu’une déité ou qu'un maître invisible peut prendre le contrôle de leur vie et de leur corps. Tout cela est très éloigné du message libérateur du Bouddha.



(1) John Blofeld «Le bouddhisme tantrique du Tibet», éditions du Seuil.
(2) Le bouddhisme peut-il se révéler addictif et créer de nouvelles dépendances ? http://pagesperso-orange.fr/marc-bosche/wsb3911575201/9.html


Photo : sirensongs.blogspot.com


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Révélations d'un lama dissident

Le lama tibétain Kelsang Gyatso (1931-2022) était un enseignant important parmi les guélougpa restés fidèles à des pratiques proscrites ...