dimanche, août 30, 2009

Le Père Verlinde

Le bouddhisme tibétain, c’est un peu de sagesse de Siddhârtha Gautama et beaucoup de démonologie.

Le développement du bouddhisme tibétain est étrange. Des universitaires traduisent et commentent des textes inquiétants comme la biographie secrète du cinquième dalaï-lama contenue dans « Le Manuscrit d’Or ». Le texte révèle la passion du pontife tibétain pour la magie. Des cérémonies macabres exigent des ingrédients répugnants. Selon le cycle du rD-rje gro-lod gnam-lcags ‘bar-ba, l’encens est remplacé par la chair humaine brûlante (sha-chen-gyi bdug-spos), les lampes sont alimentées par de la graisse humaine fondue (tshil-chen-gyi mae-me), le sang remplace l’eau rituelle, les fleurs sont substituées par des yeux… Une peau humaine (g.yang-gzhi) et un crâne sont utilisés par les magiciens tantriques qui suivent les instructions données par le Zur Chos-dbying rang-grol. L’initiation à la déesse gSang- sgrub, un aspect particulier de dPal-dan lhamo (1), demande une tête humaine fraîchement coupée.

La barbarie qui émaille la spiritualité du cinquième dalaï-lama n’émeut personne. Elle passe totalement inaperçue, noyée dans le courant d’éloges et d’émerveillement inconditionnels qui transporte le bouddhisme tantrique au cœur des nations modernes. De nombreux artistes et des intellectuels succombent à la fascination du lamaïsme magique et… sanguinaire. Mais qui veut voir les coupes crâniennes remplies de sang représentées sur presque tous les tangkas ? Les tantras les plus obscènes et les moins ragoûtants sont traduits et qualifiés de révélations merveilleuses.

L’attrait du lamaïsme s’expliquerait-il par des influences occultes ? Nombre d’Occidentaux sont fascinés par les pouvoirs surnaturels, les fameux siddhis qui apparaissent en corollaires de l’évolution spirituelle. Malgré les avertissements traditionnels, des adeptes du lamaïsme entretiennent l’espoir secret de maîtriser des forces qui permettent de lire dans les pensées, de prévoir l’avenir, d’opérer des matérialisations, de rendre des objets invisibles, de pénétrer dans des corps étrangers et de pratiquer la lévitation. Pantañjali évoque ces pouvoirs surnaturels dans son « Yoga-soutra ».

Le Père Joseph-Marie Verlinde, pratiquant du yoga et de la méditation transcendantale, était parvenu à la maîtrise de quelques siddhis mineurs. Il témoigne :

"Lorsque j’ai rencontré la méditation transcendantale, j’avais abandonné toute pratique religieuse. J’étais alors chercheur en chimie nucléaire et j’ai décidé de suivre mon gourou en Inde où j’ai passé de longs séjours dans son ashram des Himalayas. À la suite d’une expérience spirituelle forte, j’ai redécouvert Jésus et suis revenu en Europe.

Dès mon retour, j’ai fait la connaissance d’un radiesthésiste très impressionné par les facultés de médium que j’avais acquises à travers la pratique des techniques orientales de méditation qui développent la médiumnité. Rien d’étonnant à ce que je manie le pendule avec dextérité ! On m’a donc convaincu d’utiliser ce « don » au service du Seigneur pour aider et soigner les gens. Je continuais à aller à la messe tous les jours, à communier, à prier le chapelet. J’aimais le Seigneur et je voulais le suivre de tout mon cœur. Très vite, on a découvert que j’avais également un don de guérison par magnétisme. Les personnes me demandaient de poser la main sur elles ; elles sentaient un fluide et cela leur faisait du bien…

J’ai compris par la suite le caractère occulte de toutes ces pratiques : il s’agit bien de la gestion, de la maîtrise et du travail de forces obscures. En un coup d’œil, je voyais ce qui n’allait pas chez la personne. C’était tout simplement de la voyance. J’ai très vite abandonné le pendule qui m’était devenu inutile. Il n’est qu’un « support » qui amplifie et visualise les intuitions perçues dans l’état de fusion médiumnique avec l’objet (la personne) exploré(e). Les écoles ésotériques citent la radiesthésie comme une forme de voyance.

Un des dangers de ces techniques réside dans le fait qu’elles induisent un lien entre le patient et le praticien. Je me suis rendu compte qu’on pouvait aller très loin dans ce domaine. Avec un minimum de concentration, je parvenais à pénétrer les pensées de la personne rencontrée. L’effet provoqué peut être très important: quel profond manque de respect de la personne! On fait irruption dans son intimité et on peut exercer sur elle un véritable pouvoir.
Bientôt, j’ai compris qu’existaient des états fusionnels spirituels. J’ai été pris malgré moi par des symptômes étranges qui s’apparentaient à des phénomènes de spiritisme; des « entités spirituelles » me sollicitaient intérieurement et m’invitaient à un dialogue !

Comme scientifique, j’ai interrogé de nombreuses personnes qui travaillaient dans ce domaine. Beaucoup m’ont avoué travailler avec les esprits en reconnaissant qu’ils créaient des liens très difficiles à rompre! Autrement dit, on crée des liens par magnétisme, parfois même sans s’en apercevoir et sans aucune possibilité réelle de maîtrise. Or, je le dis avec force, Dieu nous a créés libres. Tout ce qui aliène notre liberté à quelque niveau que ce soit - physique, psychique et a fortiori spirituel - n’est pas conforme à son dessein d’amour Mon expérience m’a montré que les conséquences des pratiques occultes sont graves. Elles induisent des traumatismes plus ou moins importants au niveau physique, psychique ou spirituel.

Certains prétendent que ces phénomènes paranormaux seraient simplement liés à la gestion de canaux d’énergies naturelles qui sont à notre disposition ou à des interactions fusionnelles avec des énergies cosmiques. Ces personnes ne manquent pas de souligner que ces énergies ont été créées par Dieu et que, selon la Bible, toute la création est bonne - elles se gardant bien de faire mention de la chute des anges et du péché origine (cf. Gn 3,1-24 et Rm 5,19). Or, ces faits changent tout ! Si la nature, en tant que telle, n’est pas mauvaise, il n’en demeure pas moins qu’elle gît désormais « sous le joug de l’ennemi » (cf. Rm 8, 20). En d’autres termes, même si ces énergies naturelles ne sont pas mauvaises en elles-mêmes, elles peuvent être manipulées par des entités spirituelles qu’il vaut mieux ne pas fréquenter.

Permettez-moi une comparaison entre un médium et un appareil de radio captant la bande d’ondes FM. Rappelons que le principe de la fréquence modulée consiste en une onde porteuse, de grande longueur d’onde, à laquelle on superpose une petite onde qui véhicule l’information. Lorsque vous ouvrez votre appareil radio sur la longueur d’onde FM, vous captez en même temps la grande onde et la petite qui lui a été superposée. De même, lorsqu’un médium croit s’ouvrir aux énergies naturelles (= l’onde porteuse), il court le risque de se voir visité également par des entités spirituelles (= onde portée) qui sont actives au niveau de celles-ci. Ce risque est plus qu’une hypothèse théorique : j’en ai moi-même constaté toute la réalité dans ma propre vie !

J’ai expérimenté, en particulier, que les bonnes intentions ou la pratique religieuse ne mettent pas à l’abri du danger. Notre foi n’est pas de la magie. Lorsque les esprits ont commencé à solliciter mes facultés psychiques voire physiques, j’ai été complètement démonté. Je ne comprends pas comment des gens peuvent être fiers de vivre de telles expériences. J’avoue que j’avais peur et que je me posais beaucoup de questions. Tout s’est déclenché lorsqu’un jour, au cours d’une eucharistie, au moment de l’élévation, j’ai entendu ces mêmes entités soi-disant esprits bienveillants guérisseurs - crier des paroles blasphématoires contre le Seigneur ! J'étais écrasé de confusion.

Je suis allé voir le prêtre après l’eucharistie. « Mon fils, ce n’est pas étonnant, m’a-t-il dit. Je suis l’exorciste du diocèse! » Certes, je n’étais pas « possédé » puisque je menais une authentique vie théologale, mais j’étais lié par ces pratiques contradictoires avec ma foi. Aussi ai-je dû me soumettre à une série de prières de délivrance pour que le Seigneur me libère de ces liens que j’avais contractés avec les esprits du monde occulte. Finalement, j’ai été totalement délivré par la puissance du Sang et du Nom de Jésus. Mais j’étais délabré physiquement et psychologiquement, un long chemin de guérison a été nécessaire pour reprendre pied totalement… Mais le Seigneur a achevé en moi avec patience ce qu’il avait commencé. Je ne cesse de rendre grâce à Dieu qui m’a sorti du tombeau. J'étais mort et il m’a redonné la vie. Oui, Il m’a vraiment ressuscité !"

Cahiers du Renouveau, Il est Vivant, n° 125, juin 1996.



Le Père Joseph-Marie Verlinde anime le site « Final âge » :






(1) Paldèn lhamo est la protectrice du dalaï-lama

mercredi, août 26, 2009

Réincarnation & politique

En raison d’enjeux politiques et financiers importants, la reconnaissance officielle de la réincarnation d’un hiérarque du lamaïsme ne peut exclure les intrigues. Ce sujet, brièvement évoqué dans le précédent post, est développé dans un article qui dénonce le complot du régent Réting, maître du Tibet durant les années 1930, pour écarter le véritable tulkou du 13ème Dalaï-lama qui serait né dans la famille d’un rival politique, le ministre Langdoun. Le texte émane d’une organisation de bouddhistes adeptes du culte de Shougdèn, la Western Shugden Society, considérée comme hérétique par le Dalaï-lama. A cause de l’intolérance du prélat tibétain, les sectateurs de ce culte sont victimes d’un ostracisme qui génère toujours autant de haine et de violence. Nous sommes loin de la sagesse du bouddhisme himalayen que la propagande lamaïste et les maîtres d’œuvre du nouveau spiritualisme mondial veulent nous faire gober. http://www.westernshugdensociety.org/

Lama Réting : Comment il a choisi le faux Dalaï-lama


Lama Réting était un lama tibétain du monatère de Réting. Il était aussi l’un des lamas les plus importants du monastère de Séra djé.

Après la mort du 13ème Dalaï-lama en 1933, Lama Réting devint le régent du Tibet. Quelques années plus tard, un membre de la famille du 13ème Dalaï-lama, un ministre important du gouvernement, appelé Langdoun, dit à Lama Réting et aux autres ministres que le fils d’un membre de sa famille était la réincarnation du 13ème Dalaï-lama, et il fournit des preuves évidentes. 

Lama Réting et Langdoun n’entretenaient pas de bonnes relations. Réting refusa les affirmations de Langdoun, comme quoi le fils d’un membre de sa famille était la réincarnation du 13ème Dalaï-lama. La majorité des ministres soutenaient Langdoun. Réting devint ainsi très inquiet pour sa position parce que, si le fils de la famille de Langdoun était reconnu comme étant la réincarnation du 13ème Dalaï-lama, il perdrait bientôt sa position et son propre pouvoir. 

Pour résoudre ce problème et assurer sa position, Réting fit des plans avec un ami très proche, Lama Ketsang, un autre lama du monastère de Séra djé. Ils prirent trois décisions : 

1 - la réincarnation du Dalaï-lama doit être choisie dans une place très éloignée, dans la région de l’Amdo Koumboum, près de la frontière chinoise ; 

2 - Réting devrait aller près du lac sacré de la déité Shridévi, prétendre avoir eu des visions des lettres AH KA MA dans l’eau du lac et mettre cela ensuite noir sur blanc, par écrit. Les lettres AH KA MA indiqueraient que la réincarnation du 13ème Dalaï-lama apparaîtrait dans l’Amdo (AH), Koumboum (KA) pays natal de la réincarnation (MA) ; 

3 - après cette deuxième préparation, Ketsang irait dans l’Amdo Koumboum et choisirait un garçon qui conviendrait pour être la réincarnation du 13ème Dalaï-lama. 

Ils mirent ensuite leur plan à exécution. Lorsque Ketsang et ses deux assistants arrivèrent dans l’Amdo Koumboum, ils commencèrent immédiatement à chercher un garçon qui conviendrait. 

Un jour, Ketsang rencontra un vieux moine du monastère de Koumboum à qui il expliqua qu’il était à la recherche d’un garçon qui conviendrait pour être reconnu en tant que réincarnation du 13ème Dalaï-lama. Il demanda au moine s’il pouvait faire une recommandation et le vieux moine répondit que dans cette région il y avait une famille du village de Taktsèr qui avait un fils très intelligent et qu’il pourrait lui présenter, si Ketsang était intéressé. 

Le vieux moine était en fait un membre de cette famille du village de Taktsèr et il proposa donc de guider Ketsang vers sa propre famille ! Taktsèr était un village musulman. Deux jours plus tard, Ketsang rendit visite à cette famille avec le vieux moine qui montra le garçon à Ketsang : « C’est le garçon que je vous recommandais. » Ketsang montra à l’enfant de nombreux objets différents qui avaient appartenu au 13ème Dalaï-lama, mais en réalité le garçon ne manifesta aucun plaisir en voyant ces objets, et ceci même lorsque Ketsang donna un objet au garçon, en disant « C’est à vous », le garçon le jeta immédiatement. 

Ketsang trouva cependant que le garçon était très charmant et pensa qu’il serait suffisamment bien. Par la suite, Ketsang a menti au sujet des résultats de cet examen (comme cela a été expliqué en détail dans L’Océan de la vérité expliquée). 

Quelques jours plus tard, Ketsang rendit à nouveau visite à la famille et dit aux parents du garçon : « Nous sommes les représentants du gouvernement tibétain et, si vous êtes d’accord, nous voulons faire reconnaître que votre fils est la réincarnation du 13ème Dalaï-lama. » Les parents acceptèrent avec joie. Après avoir fait ces préparations, Réting informa les ministres du gouvernement tibétain puis annonça publiquement que lui-même et Lama Ketsang avaient trouvé la réincarnation indubitable du 13ème Dalaï-lama. En disant cela, il mentit publiquement. Les ministres du gouvernement tibétain furent mécontents d’avoir à accepter une réincarnation du 13ème Dalaï-lama venant d’une culture religieuse non bouddhiste. 

Toutefois, certains monastères soutenaient Réting et en particulier l’abbé du monastère de Séra Djé menaça avec force les ministres, en disant que, s’ils n’acceptaient pas la réincarnation choisie par Réting, il y aurait une guerre civile. Réting avait également un grand pouvoir politique, et finalement les ministres ont dû accepter tout ce qu’il disait, sans avoir le choix. Le garçon reçut le nom de Lhamo Dhonedoup et afin de recevoir la permission que Lhamo Dhonedoup ne fasse plus partie de la communauté musulmane, Réting demanda au gouvernement tibétain de donner 400 000 pièces en argent au dirigeant musulman de Taktsèr, appelé Ma Pou-fang. De cette manière, le garçon musulman, Lhamo Dhonedoup, fut finalement emmené à Lhasa, avec ceux qui étaient venus le chercher, sa propre famille et un grand nombre de marchants musulmans. 

Réting organisa une grande cérémonie de bienvenue pour l’arrivée du garçon à Lhassa. Plus tard, le moment fut venu pour Lhamo Dhonedoup de recevoir les vœux d’ordination. Il aurait dû les recevoir du régent lui-même, mais Réting ne se sentait pas confiant pour accorder les vœux d’ordination, car il avait lui-même un sérieux problème de discipline morale. De nombreuses personnes savaient qu’il avait une relation sexuelle avec la femme de son frère et il effectuait de nombreuses autres actions incorrectes pour un moine. À cause de cela il fit la requête à son propre enseignant, Taktra Rinpotché, alors âgé, de prendre la position de régent pendant trois ans afin qu’il enseigne le mode de vie bouddhiste à Lhamo Dhonedoup et lui accorde ensuite les vœux de l’ordination. Taktra accepta cette requête. Lorsque Taktra devint le régent, il essaya de prendre soin du garçon et de lui donner des enseignements. Mais il remarqua que Lhamo Dhonedoup était très différent des garçons tibétains. Quand Taktra lui enseignait comment pratiquer le mode de vie bouddhiste, le garçon n’acceptait jamais et il ne manifestait aucun intérêt pour la pratique spirituelle. Il était souvent en colère et parlait souvent violemment à Taktra lui-même. Taktra était très déçu et dit un jour à ses proches disciples : « Ce garçon, Lhamo Dhonedoup, n’a aucune bonne empreinte du mode vie bouddhiste. Je suis inquiet pour notre pays et pour ce qui va se passer à l’avenir. » 

Taktra désigna deux autres enseignants pour le garçon, Ling Rinpotché et Tridjang Rinpotché. Plus tard, Taktra reçut de nouvelles informations qui montraient clairement que Réting avait une relation sexuelle avec une femme et qu’il effectuait de nombreuses autres activités incorrectes. Il devint encore plus déçu. D’une manière générale, au début, de nombreux ministres du gouvernement, et Langdoun lui-même, avaient compris que Réting avait menti lorsqu’il affirmait avoir reçu une vision des trois lettres AH KA et MA dans le lac sacré de la déité Shridévi (ce qui aurait indiqué que la mère de la réincarnation du 13ème Dalaï-lama vivait dans la région de Koumboum). Ils l’avaient compris parce qu’un des assistants de Réting dit un jour à un ami que Réting avait menti. Cette information passa ensuite aux ministres du gouvernement. Lorsque la période de régence fut presque terminée pour Taktra, le gouvernement Kashag (ou cabinet des ministres) reçu de nombreux rapports venant de différentes personnes disant que Réting et Ketsang avaient choisi une fausse réincarnation du 13ème Dalaï-lama. Pour cette raison et d’autres encore le gouvernement envoya des soldats au monastère de Réting pour arrêter Réting et le faire venir à Lhassa. 

Alors qu’il était en prison, Réting fut emmené un jour sous bonne garde dans la salle de réunion du Kashag. Le premier ministre demanda à Réting de dire la vérité au sujet de sa vision des lettres AH KA et MA sur l’eau du lac sacré de la déité Shridévi. Très effrayé, Réting admit alors qu’il avait menti, et il fit une confession complète. Il mourut peu de temps après en prison. Certains disent qu’il fut exécuté par ordre du gouvernement tibétain. 

Le gouvernement annonça alors publiquement que toute personne qui avait reçu une position spéciale sur ordre Réting, Lhamo Dhonedoup y compris, perdrait sa position. 

À ce moment-là, il y avait cependant trois choses qui se produisaient au Tibet : 

(1) les Tibétains avaient de plus en plus peur que l’armée chinoise arrive bientôt à Lhassa, 

(2) de nombreuses personnes deviendraient très mécontentes en comprenant que Lhamo Dhonedoup devra quitter sa position, et 

(3) Lhamo Dhonedoup avait apparemment commencé à améliorer ses qualifications grâce aux soins spéciaux et aux enseignements de Tridjang Rinpotché et de Ling Rinpotché. 

Pour ces trois raisons, Taktra Rinpotché, Tridjang Rinpotché et Ling Rinpotché firent des requêtes pressantes au gouvernement, lui demandant de remettre à plus tard le retrait de Lhamo Dhonedroup de sa position de Dalaï-lama. Grâce à l’aide de Taktra, les souhaits de Tridjang Rinpotché et de Ling Rinpotché ont été exaucés. 

Peu de temps après, lama Taktra Rinpotché, alors âgé, mourut et l’armée chinoise entra à Lhassa. Le gouvernement tibétain perdit alors son rôle, et finalement en 1959 Lhamo Dhonedoup, ou Tenzin Gyatso, s’est enfui en Inde.

En Inde, ce faux Dalaï-lama créa le gouvernement en exil par lui-même. Ce gouvernement en exil a caché toutes les vraies informations au sujet du Tibet et, pendant quarante ans, il n’a fait connaître que de fausses informations en exagérant les qualités de ce faux Dalaï-lama partout dans le monde. En réalité, ils mentent. Leur politique de mélange de religion avec la politique est la cause d’un endommagement sérieux de la réputation du bouddhisme en général.

Nous pouvons voir que toutes les bonnes circonstances de la vie de Lhamo Dhonedoup proviennent de la bonté suprême de ses deux enseignants, Ling Rinpotché et Tridjang Rinpotché, et pourtant comment a-t-il rendu leur bonté ? Dans L’Océan de vérité expliquée, il est dit : « Plus tard à Dharamsala, en Inde, Ling Rinpotché mourut d’une crise cardiaque parce que le Dalaï-lama refusait sa requête lui demandant de cesser d’encourager les guélougpas à pratiquer la tradition nyingma. Et Tridjang Rinpotché mourut d’une crise cardiaque parce que le Dalaï-lama refusait sa requête lui demandant de cesser d’interdire la pratique de Dordjé Shougdèn. »


Source : http://shugdensociety.wordpress.com/2008/10/02/how-the-14th-dalai-lama-was-chosen/



Photographie : le 5ème Résing, Thupten Jampel Tishey Gyantsen (1911 –1947), accusé de conspiration et de tentative d’assassinat contre un autre régent, Taktra Rinpoché, il fut enfermé dans la prison de Sharchen Chog à Lhassa où il est

vendredi, août 21, 2009

Les états posthumes


Le père François Brune étudie depuis des années un grand nombre de témoignages de survie de l’âme. Il pense que « la vision bouddhiste de l’au-delà ne tient pas devant les faits (1) ».

Les bouddhistes d’obédience lamaïste acceptent les idées contenues dans le Bardo Thödol ou Livre tibétain des morts. Selon ce texte, le défunt ne séjourne pas plus de 49 jours dans l’au-delà, le Sidpaï Bardo des Tibétains. Les lamas prétendent que le principe conscient prend renaissance dans le monde humain ou dans un autre monde au terme de sept semaines (7 x 7 jours). Cette période est généralement démentie par les témoignages examinés par François Brune. Mais c’est surtout la doctrine bouddhique du non-soi (anatta) qui est contestée par les explorateurs occidentaux de l’au-delà.

En réalité, le lamaïsme et d’autres écoles bouddhistes ont revu la doctrine de l’inexistence d’un Soi. Ils pouvaient difficilement la concilier avec le karma et la réincarnation. Les révisionnistes les plus critiqués par les bouddhistes orthodoxes sont les Sammitîya ou Pudgalavâdin, « Tenants de la croyance en un individu », un Pudgala (individu permanent) qui serait une réalité évidente, ni identique aux Skandha (2) ni différente d’eux. Par ce moyen les Pudgalavâdin tentèrent de contourner le problème de la rétribution des actes (karma). « A travers les siècles, écrit Edward Conze, l’orthodoxie ne s’est jamais lassée d’accumuler argument sur argument pour réfuter cette acceptation d’un Soi par les Pudgalavâdin. Mais plus on essaie avec ténacité et persistance d’extraire quelque chose de son esprit ou d’un système de pensée, plus cette chose y pénètre sûrement. Les orthodoxes, à la fin, furent forcés d’admettre la notion d’un ego permanent, non pas ouvertement, mais sous divers déguisements, caché dans des concepts particulièrement obscurs et abstrus, comme le « continuum de vie subconscient » (bhavânga) des Théravâdin, l’«existence continuée d’une Conscience très subtile » des Sautrântika, la « Conscience-radicale des Mahâsanghika, etc. La « Conscience-de-réserve des Yogâcârin est conçue dans le même esprit. (3) »

Le lamaïsme en créant l’institution des tülkous, qui permet de garantir la continuité politique et spirituelle des institutions monastiques, accorde aux chefs religieux le droit de renaissance consciente. Les facultés mémorielles du jeune tülkou ne doivent pas être altérées afin de pouvoir identifier des objets, personnes, parents de sa précédente incarnation. Bien entendu, la reconnaissance d’un tülkou n’est pas dénuée d’arrières pensées et de cabales qui visent à assurer la suprématie d’un clan ou d’une famille. Ainsi, la réincarnation d’un maître peut semer la zizanie dans une secte. Au Sikkim et à Delhi, les Indiens assistèrent à des pugilats mémorables entre lamas tibétains partisans des deux candidats à la succession du 16ème Karmapa (4). Le 14ème dalaï-lama est par la suite parvenu à calmer les esprits des deux camps en déclarant : « une double réincarnation est possible » (5).

Les différents courants du bouddhisme n’expriment pas une compréhension particulièrement claire des états posthumes. Pour les uns, le Soi n’existe pas ; sa survie est donc impossible en tant qu’individualité. Au terme de la vie, les éléments qui composaient la personnalité se désagrègent. Dans ce cas, la rétribution des actes (karma), une autre doctrine fondamentale du bouddhisme, devient contestable. « Ici, écrit Walpola Rahula, une question se pose naturellement : s’il n’y a pas d’Atman, ou Soi, qui reçoit le résultat du karma (des actions) ? Personne ne peut répondre à cette question mieux que le Bouddha lui-même. Lorsqu’un bhikkhu lui pose cette question, le Bouddha dit : « Je vous ai enseigné, ô bhikkhu, à voir la conditionnalité partout et en toute chose (6) ». Cette réponse ne devait pas satisfaire les bouddhistes qui ne se lassaient pas de spéculer sur l’existence d’un principe transmigrant qui peut parfois, selon le dalaï-lama, renaître dans plusieurs corps.

Les expériences de mort imminente (EMI) ne sont pas méprisées par les spiritualistes soucieux d’aborder la question des états posthumes.
Le Dr Jean Jacques Charbonier a écrit plusieurs livres sur les NDE (EMI). Il parle de l’expérience de mort imminente de Pamela Reynolds :

http://www.omegatv.tv/video/1755342351/sensdelavie/mortetau-dela/mort-imminente--l-exemple-de-Pamela-Reynolds-.php

La biographie du Dr Charbonier
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Charbonier

Son site :
http://jean-jacques.charbonier.fr/

Autre étude :
La mort transfigurée, recherches sur les expériences vécues aux approches de la mort.
http://pagesperso-orange.fr/iands-france.org/Lamortransfig/indexMT.html#plan

Contrairement au bouddhisme, la tradition hermétique occidentale a plusieurs points communs avec les expériences de mort imminente étudiées par les scientifiques.

« Quand survient l’arrêt du cœur, le moi traverse un évanouissement, celui-ci précédé d’un phénomène cinématographique : il revit toute son existence, mais en fonction d’une autre dimension du temps, car le film est instantané, quoique complet ! Au bout de quelques jours, l’évanouissement cesse : le moi s’est fondu dans le double (7) – première métamorphose. C’est comme une nouvelle naissance. Mais, en s’élargissant, le conscient brise le moi et, par conséquent toute attache avec l’ombre (8). Celle-ci, déboussolée, errera puis déclinera, avant de se dissoudre. Cette première métamorphose sous-entend évidemment un changement de dimension : la communication avec l’ancien contexte de vie quotidienne n’est plus possible. Toutefois, il arrive que le mort se manifeste par son double dans les rêves des proches, en sommeil très profond, quand ceux-ci rôdent aux frontières de ce plan parallèle des doubles. Mais ils auront du mal à enregistrer au réveil la confrontation. L’ombre, elle, se manifestera par des bruits divers (coups d’ongle sur une vitre, meubles qui craquent), si elle dispose encore des ressources dynamiques du double éthérique ; la décomposition rapide de cette entité para-physique mettra fin à toute manifestation. Au moment de l’agonie, quand le moi est déjà entre deux états, il peut percevoir son double qui va l’absorber ; en général, il le prend alors pour une entité étrangère à lui, tout en ressentant un lien ; il croit donc être confronté avec un parent décédé ou un ange… Une voyante particulièrement douée décrivit le spectacle de la mort, tel que ses antennes le lui faisaient percevoir : du corps expirant, se dégageait en se soulevant (comme un couvercle) une forme diaphane, très raide, qui brusquement se retrouva debout au pied du cadavre : le double ; en même temps, une entité sombre, tortueuse, se dégageait du même corps, mais comme rampante disparaissant par la gauche.

Après l’absorption par le double, de durée indéterminée, sans doute variable, se produira une seconde métamorphose. La conscience sera absorbée par un autre état d’existence, plus proche de l’esprit abstrait, et le double périclitera, se désagrégeant. L’essence de l’être n’est bien sûr ni dans le moi, ni dans le double, l’ombre et le double éthérique, autant d’entités qu’elle baigne simplement comme ferait un rayon. Et la seule immortalité est dans ce rayon spirituel qui se retire peu à peu, de métamorphose en métamorphose. Cette conception de la mort, hautement philosophique et naturelle, s’oppose à celle du spiritisme qui confond le moi avec l’esprit abstrait. »

Ces lignes sont extraites du livre de Jean Louis Bernard « Les archives de l’insolite », éditions du Dauphin. L’auteur ajoute quelques considérations sur l’ombre :

« Reflet obscur du double et du moi durant la vie, l’ombre joue encore un rôle après le décès parce que solidaire du cadavre. Elle se décomposera à peu près en même temps que lui. Le moi, entre-temps, s’est fondu dans le double et évolue en fonction surréelle, lointaine par rapport au quotidien. Déboussolée, déséquilibrée par manque de contrepoids (le moi), l’ombre n’est plus alors qu’un satellite partant à la dérive et sombrant dans la folie, celle-ci forme dynamique de la mort. Elle s’accrochera désespérément au corps et aux lieux familiers du défunt – par instinct de lutte contre sa propre décomposition, son sort naturel pourtant, et hantera parents ou amis, afin de prélever sur eux de la vitalité (par osmose), en vue de cette lutte contre le néant. Les médiums du spiritisme incorporent volontiers des ombres mortes, les prenant pour le défunt lui-même (9). Il est vrai que, fréquemment, quand le moi n’a pas réussi encore son absorption dans le double, il reste « collé » à l’ombre durant quelques jours, voire quelques semaines. L’ombre morte est donc une ombre coupée de l’être profond et de toute spiritualité, par manque de relais vers l’esprit (au vrai sens). Les éléments du psychisme concret, issus du moi, s’éteindront sur elle : elle sera comme le domestique s’emparant des habits hors d’usage de son maître ! »


(1) François Brune, « L’homme doit-il être sauvé », éditions Petite Renaissance.

(2) Les Skandha sont les cinq groupes ou « agrégats » composant la « personnalité » (la corporéité, la perception, la conscience, le concept ou l’action, la connaissance). Le processus de la mort est pour les bouddhistes une désagrégation des cinq Skandha.

(3) Edward Conze, « Le bouddhisme dans son essence et ses développements », Petite Bibliothèque Payot.

(4) Ursula Gauthier, « Du rififi chez les lamas, Le Nouvel Observateur : http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p1865/dossier/a47423-du_rififi_chez_les_lamas.html

(5) Tibetdoc http://www.tibetdoc.eu/spip/spip.php?article126

(6) Walpola Rahula, « L’enseignement du Bouddha », éditions du Seuil.

(7) « Le double du moi, dit aussi moi des profondeurs, quoique distinct de l’âme et de l’esprit. C’est le ka des Egyptiens. » J. L. Bernard

(8) « En égyptien l’ombre est nommée « shout » (comparer à l’allemand « shatten »). L’ombre s’explique en fonction du double (ka) dont elle est le contrepoids : une prise de terre ; elle se relie au tellurisme, force souterraine du globe ; le double se relie, lui au magnétisme, force aérienne. » J. L. Bernard

(9) Jean Louis Bernard a écrit son livre au début des années soixante-dix, bien avant la mode des « channels » et des étranges entités qui les utilisent.


Esotérisme politique

Les Slaves (et leurs alliés orientaux) finiront-ils par mettre un terme à la domination anglo-saxonne ? Un guerrier initié, guidé par le génie (1) du légendaire Ram gallo-celtique, vaincra-t-il l’empire pervers dont le noyau pourri se trouve à la City de Londres ? « Le prochain Ram serait russe ! », écrit Jean Louis Bernard, un spécialiste de l’ésotérisme.

Eva, journaliste indépendante, fait un carton sur Internet avec plus de 300 000 lecteurs. Elle dénonce régulièrement la mafia politico-financière qui dirige l’empire anglo-américain. Son article sur la préparation d’une attaque de l’OTAN contre la Russie n’augure rien de bon pour l’humanité :
http://r-sistons.over-blog.com/article-34715910.html

(1) Un génie est une entité de nature divine qui téléguide un être exceptionnel dans sa destinée.

Le soufi méconnu

René Guénon était un véritable soufi. Il avait quitté la France en 1930 et vivait humblement son expérience intérieure au Caire où il décéda en 1951. Son adhésion à l’Islam ésotérique dérange toujours les esprits chagrins.

Tantôt classé parmi les Orientalistes tantôt parmi les philosophes, parfois décrié et bien souvent incompris, René Guénon fut l’un des derniers grands pèlerins de l’Orient, non pas entendu dans son sens géographique, mais comme le lieu des connaissances spirituelles immuables transcendant tout déterminisme historico-social. Au travers de ses nombreux travaux de recherche consacrés aux spiritualités hindoue, chrétienne et musulmane, il s’efforça toute sa vie de revivifier un héritage oublié et d’éveiller les consciences à l’existence d’une tradition au sens vrai menant à une redécouverte d’un fond commun unissant l’Orient et l’Occident…Lire la suite dans « La revue de Téhéran »
http://www.teheran.ir/spip.php?article248

« Le porteur de savoir », ce site, signalé par un lecteur, est consacré au soufisme :
http://leporteurdesavoir.fr/textes/biographie_chadhili.htm

lundi, août 03, 2009

Réflexions sur la sagesse et la révolte

Par Georges Vallin

Il y a une ambiguïté fondamentale de la révolte. […] La sagesse orientale nous met en présence d’une forme de négation dont il nous faut dégager certaines implications. Le sage refuse ici l’adhésion à l’ordre au nom d’une adhésion à l’Unité dont l’ordre n’est qu’un reflet ou un symbole. Cette adhésion à l’unité est corrélative de l’adhésion à la négativité qui apparaîtra comme la suite nécessaire de cette unité. Au-delà de la puissance créatrice et conservatrice (à quoi se réduit le Dieu de notre monothéisme judéo-chrétien), le sage discerne au niveau même de l’Universel ou du divin une puissance destructrice ou transformatrice : « Dieu », en tant qu’il se manifeste se « nie » ou se « sacrifie » en un sens lui-même, et toute « manifestation » apparaît comme devant être nécessairement niée à son tour pour que s’exprime la rigoureuse infinité de l’Absolu : la manifestation n’est qu’un reflet essentiellement identique à son principe ; la destruction apparaît alors comme l’instrument métaphysique de retour à l’Unité. Tel est le sens profond de la mythologie du « Dieu méchant » qui fait souffrir et qui détruit le héros tragique innocent : le « destin » apparemment aveugle, implacable et cruel, n’est ici qu’une expression de cette puissance du négatif qui ramène la détermination séparative à son essence véritable, par-delà l’oubli et l’affirmation de soi dans lesquels elle avait tendance à s’enfermer.

Sans doute cette négation peut-elle revêtir des aspects différents : le Védanta a montré que Maya, puissance de manifestation de et d’attraction vers l’Unité, pouvait apparaître aussi comme puissance de l’éloignement et d’obnubilation : l’égoïsme et la volonté de puissance, par lesquels l’individu tend à se poser illusoirement dans sa réalité autonome et séparée, apparaissent comme une conséquence naturelle et lointaine de la négation originelle qui est posée au cœur même de l’Absolu.

Cela signifie que, selon l’optique métaphysique de la sagesse orientale, la négation qui est corrélative de l’affirmation de l’individualité et qui s’exprime au plus haut point dans la révolte satanique, apparaît comme enveloppée dans la négation métaphysique par laquelle s’exprime la réalité de l’Unité infinie de l’être. Le révolté par excellence, ou Satan, c’est-à-dire le mouvement de négation qui tend à se poser comme séparé, comme substantiel, ne saurait s’opposer réellement à l’Unité, à l’Un ou au Soi.

Son acte de révolte exprime encore à sa manière l’unité de l’être. C’est ce que n’avait pas compris le Zeus stoïcien campé par Sartre dans « Les Mouches », lorsqu’il accule Oreste le révolté à dire qu’il est sa liberté. L’apparente négation d’exclusion, par laquelle le révolté par excellence s’oppose à l’Etre, concerne en réalité les formes limitées de l’Etre et des valeurs auxquelles son expérience le confronte, et dont la violence rageuse et destructrice de sa négation ne fait que dévoiler la fondamentale précarité et le caractère finalement illusoire. La révolte satanique, qui apparaît comme le noyau de toutes les autres formes de révolte ou d’anti-sagesse, peut apparaître secrètement apparentée avec le sommet de la sagesse dont elle exprime, sans le vouloir et comme en y étant contrainte (d’où l’étonnante profondeur de la formule sartrienne selon laquelle l’homme est condamné à être libre), mais comme en creux et sous une forme peut-être plus caricaturale que symbolique, le détachement à l’égard des apparences et des fausses harmonies empiriques.

Mais, le révolté qui s’insurge contre toute forme d’ordre, et partant, contre la Justice même ou la Nature, n’est pas fondamentalement « injuste » aux yeux du sage : d’abord, sa négation violente qui exclut toutes les formes d’ordre, en tant qu’elles semblent une aliénation de sa puissance de vouloir, est une expression et comme un instrument de la négation d’intégration qui est au cœur de la sagesse (le sage nie l’ordre apparent, mais pour l’inclure ou l’intégrer à son essence, c’est-à-dire à l’unité). Ensuite, cette négation n’est point gratuite, mais consécutive à un vide qui tend à s’exprimer. Le révolté ne se révolte que parce qu’à tort ou à raison il se sent opprimé, limité, aliéné. Il y a comme une justice élémentaire dans l’injustice apparemment foncière de son mauvais vouloir radical.

Aussi, la révolte, même satanique ou prométhéenne, apparaît-elle ambiguë : la révolte contre les dieux apparaît comme « injuste » et « méchante » dans la mesure où l’on s’arrête à l’aspect « positif » et « bénéfique » de ces « dieux », mais non plus en tant qu’on décèle dans leur affirmation de soi comme une forme d’orgueil ou de volonté de puissance pharisienne et propriétaire.

Prométhée peut sembler, au nom même de la sagesse, avoir raison de contester l’ordre de Zeus, dans la mesure où cet ordre est corrélatif d’une négation d’exclusion qui emprisonne l’homme dans des limites dont il peut légitimement chercher à s’évader, en raison de cette puissance de négation qu’il porte en lui et qui s’identifie avec sa liberté. Zeus peut apparaître légitimement puni par l’acte de révolte de Prométhée qui, par son larcin, devient l’instaurateur d’un nouvel ordre et de la civilisation, de même qu’Adam, par le péché, inaugure, par son refus de l’innocence pré-réflexive, le temps de l’histoire. Le châtiment de Prométhée apparaît d’abord comme une juste punition de sa révolte contre Dieu, mais plus profondément, ainsi que l’a bien vu S. Weil, comme une figure de la passion du Christ, ou du Juste crucifié, c’est-à-dire, comme une figure de retour métaphysique à l’unité, par-delà toute évaluation simplement éthique.

Ceci nous éclaire sur la justification de la révolte en général : elle peut toujours apparaître comme la contre-partie nécessaire et légitime de l’affirmation d’un ordre contingent qui voudrait échapper à toute contestation. Peut-être « Dieu » lui-même avait-il comme « besoin » de se voir rappelé à… l’ordre par la révolte de Satan. La divinité « essentielle » de Dieu exige pour ainsi dire cette négation ou ce dépassement des limites ultimes dans lesquels la conscience pharisienne, pour se justifier, éprouve le besoin d’enfermer le divin ou l’être en général (cf. la confusion entre l’être et l’étant que dénonce Heidegger).

Et la sagesse de Maître Eckkart qui « prie Dieu de le délivrer de Dieu » se heurte naturellement au pharisaïsme de l’Eglise triomphante auquel s’attaquait également Ivan Karamazoff dans l’admirable récit du « Grand inquisiteur ». Alors même que la révolte apparaît « égoïste », centrée sur l’individuel, le pouvoir de contestation qu’elle met en jeu apparaît comme un frein ou une menace salutaire à l’égard du pouvoir qui prend en charge la conservation de l’ordre, quel qu’il soit (divin ou humain, monarchique ou démocratique, socialiste ou libéral).

A plus forte raison lorsqu’elle s’adosse plus ou moins implicitement à une norme universelle, au nom de laquelle elle conteste la précaire légitimité des pouvoirs établis, telle Antigone qui, au nom des lois non écrites, se révolte contre l’ordre que Créon se croit obligé de faire régner sur Thèbes.

Et sans doute, en un sens, toute révolte peut-elle apparaître absurde et illégitime aux yeux de la sagesse, dans la mesure où elle est liée à l’affirmation de l’individu, consécutive à l’ignorance qui nous maintient en étant d’obnubilation, (et non en tant que l’affirmation de l’individu est corrélative d’une négation légitime de l’ordre qui prétend se refermer sur soi ou se prolonger indéfiniment, à contre courant de l’histoire ou de la justice).

La sagesse traditionnelle de l’Orient, dans un premier moment, est tentée de condamner sans appel l’humanisme prométhéen de l’homme moderne fondé sur une révolte contre Dieu et la « tradition ». mais elle sait aussi, dans un mouvement ultérieur et plus essentiel, comprendre la nécessité de cette révolte (ou de ce que Camus appelle la révolte historique).

Il arrive un moment où l’homme se sent comme vide devant Dieu, parce que Dieu lui-même avait déjà subi une mutilation préalable (cf. le Dieu seulement créateur et moral, destitué de ses dimensions métaphysiques et de sa fonction « destructrice », auquel s’est peut-être légitimement attaquée la révolte athéiste de Nietzche). Dieu devient alors l’Autre qui m’aliène et la révolte répond à une nécessité intérieure en ce sens que l’homme ne peut pas se sentir aliéné par un Dieu qui devient de plus en plus exclusivement transcendant ; sa révolte apparaît alors comme une tentative d’échapper à cette aliénation. Mais cette révolte qui débouche progressivement sur le vide d’une subjectivité de plus en plus délestée d’être et même d’avoir, amènera peut-être l’homme, par-delà la négation des valeurs et de toutes les formes d’ordre auxquelles sa moderne aventure le confronte, à retrouver ce sens de l’Unité qui se profile inéluctablement derrière toutes les formes et au terme de ses révoltes les plus extrêmes.

L’extrême révolte apparaît ainsi justifiée par l’extrême sagesse dont elle prépare involontairement la voie et dont elle illustre la leçon sur l’être et l’unité.



Georges Vallin, « Lumière du non-dualisme », Presses universitaires de Nancy.

Des deux ouvrages essentiels que Georges Vallin publia en 1958 ("La perspective métaphysique", 2ème édition Dervy-Livres, 1977) et en 1959 ("Etre et individualité", P.U.F.), le premier jette les bases d’une nouvelle manière de philosopher en Occident, tandis que le second en produit une application à un problème particulier, celui de l’anthropologie de l’homme moderne. Cette nouvelle manière de philosopher consiste à sortir brutalement du cadre des habitudes spéculatives de la tradition européenne – qui remonte à la révolte anti-platonicienne d’Aristote – et à « repenser » cette tradition à la lumière de la métaphysique orientale, principalement celle du Vedanta shankarien.

Biographie :
http://jean.borella.neuf.fr/georges_vallin.htm



illustration : Jean Delville, Prométhée. Réalisée en 1907, cette œuvre symboliste est exposée au sein de la Bibliothèque des Sciences Humaines de l'Université Libre de Bruxelles. Elle illustre la victoire de la Lumière de la Raison sur l'obscurantisme dogmatique, rappelant par là même le principe fondateur de l'Université: le Libre Examen.

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