vendredi, avril 15, 2016

Shenphen Dawa, le dzogchen et la sorcellerie


Dzogchen et Ch'an

L’érudition de Sakya Pandita (1182 – 1251) embrassait toutes les sciences religieuses et profanes de son temps. Ce savant identifiait le dzogchen et le mahamoudra au ch’an chinois. Le dzogchen a souvent été qualifié de « méthode chinoise » ou de « dzogchen à la chinoise ».

Un autre grand érudit tibétain Padma Karpo (1527-1592), reconnu comme omniscient (kun-m khyen), rapporte dans sa Chronique que des textes (termas) du dzogchen et du mahamoudra sont en réalité des écrits d'un bouddhiste chinois, un maître ch’an nommé Ha-shang Mahayana, qui furent redécouverts par les tertöns nyingmapa et kagyupa. Un tertön est une personne qui le moment venu redécouvre et interprète un terma, un texte caché. Malheureusement, les interprétations tibétaines du ch’an sont calamiteuses.


Dzogchen et sorcellerie

Peuple imprégné d’occultisme, les Tibétains ont altéré la pureté du ch’an. La 
« sublime méthode » chinoise, devenue le dzogchen, a été escamotée par un ésotérisme élitiste qui sombre souvent dans la sorcellerie. Par exemple, dans le texte dzogchen du « Cycle Profondissime » du Chiti yoga (sPyi-ti), attribué à Padmasambhava, se trouve une recette de préparation de pilules de nectar :

Padmasambhava dit :

« Tu mélangeras de ma semence, du sang des règles de Yéshé Tsogyel, de la semence de huit Vidhyadharas et de huit Mahâsiddhas, des cheveux, du sang écoulé du nez et de l’amrita. La base de la préparation sera de la chair d’un brahmane aux oreilles en forme de conque. » (Traduction de Jean-Luc Achard.)

L’exhortation à manger de la chair de brahmane se retrouve dans les rituels de sectes de sorciers lubriques et cannibales d’Inde. La religion tibétaine est imprégnée de shivaïsme tantrique. Elle a été profondément influencée par les Kapalikas (les porteurs de crânes) et la secte des Kalamukhas (les têtes noires) qui se nourrissaient de mets répugnants.

Les sectateurs du dzogchen utilisent la sorcellerie pour punir ceux qui divulguent leurs « secrets secrétissimes ». Ils mandatent les dharmapalas, des démons asservis armés de rasoirs acérés, afin de mettre à mort leurs ennemis.

Le peu avenant gourou Shenphen Dawa, fils de Düdjom rinpoché (1903 – 1987) a carrément dit : « Ne serait-ce que de parler du dzogchen, c’est en quelque sorte précipiter sa propre mort ». (Source : le bulletin n° 7 – Urgyen Samyé Chöling – Dordogne.) Shenphen Dawa, hiérarque de la secte Nyingma, use de la menace de mort comme un méchant sorcier.

L’antipathique et boiteux gourou tibétain Shenphen Dawa est tellement influencé par la sorcellerie et la démonologie qu’il mérite qu'on lui rappelle une vieille croyance de l’Eglise catholique sur l'origine occulte de certains défauts physiques. En effet, jusqu’au Concile de Vatican II, la prêtrise était interdite aux boiteux. Le prélat tibétain ne serait pas qualifié pour accéder au sacerdoce car son infirmité, aux yeux de l'ancien clergé chrétien, est l’une des marques du diabolisme.

Selon Jean-Louis Bernard, « le tellurisme, peut-être canalisé par l’organisme humain et s’y élever, en prenant pour axe le nerf sciatique, puis le dos. En cas d’échec, le sorcier risque l’ankylose définitive du nerf sciatique, des déviations osseuses du pied ou de la hanche, et même l’hémiplégie. Les sorciers de village sont parfois boiteux : des sorciers manqués, donc des diaboliques ».






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