vendredi, novembre 06, 2015

Le danger des techniques méditatives




par Marc Bosche


Les techniques du tantrisme bouddhique explorent la libération de l’émotion dans sa nature profonde à l’aide de techniques de visualisations, mais aussi de récitation et de contemplation. Mais si l’émotion spirituelle peut ainsi être libérée et devenir une expérience de sagesse, les mêmes outils de visualisations peuvent aussi l’utiliser pour tenter de rendre efficientes ses émotions ou de manipuler celles des autres.

Par exemple se visualiser comme un protecteur courroucé du panthéon tantrique donne une sorte d’impression d’imperturbabilité. Le lama peut s’en servir face à un disciple agité pour ne pas se laisser entraîner par les émotions conflictuelles de ce dernier et pour ainsi mieux l’accompagner sans se laisser envahir par les perturbations qui agitent l’esprit du disciple. C’est un usage acceptable. Mais la même visualisation de soi comme un protecteur courroucé peut être utilisé de manières très différentes : en imposer aux autres, tenter de les dominer, voire imaginer lacérer l’autre à coups de hachoir, puisque cette visualisation comporte le maniement d’un tel attribut !

On le voit les pires visualisations sont possibles, et nul doute que depuis des siècles tout ou presque a déjà été essayé... Et seule l’éthique, l’éducation et l’expérience de celui qui pratique ces méthodes feront la différence. Mais ceci n’est qu’un modeste exemple destiné à suggérer que, vidée de son éthique, de son expérience et de son éducation, la pratique du tantrisme bouddhique sans ses meilleurs yogis peut être le support de nombreux dérapages néo bouddhistes.

Les pervers et les visualisations méditatives du tantrisme bouddhique 

Quelle population serait directement concernée ? Ces questions concernent surtout peut-être les personnes qui ont beaucoup donné à ces pratiques des protecteurs courroucés, celles qui ont coupé sous leurs pieds l'herbe de leurs relations humaines antérieures suite à de longues retraites closes en groupe, qui ont renoncé à une sexualité assumée dans le cadre de vœux de chasteté prolongés, qui n’ont plus accès au monde du travail, et dont les projets personnels en société se sont délités au fil des ans dans l’environnement par exemple d’une lamaserie. C'est à dire qu’il n’y a qu’une très petite population concernée, elle pourrait par exemple être constituée en particulier de ces personnes qui se retrouvent comme coupées du monde dans lequel elles vivent à l'issue de 7 années de retraites closes, avec comme seul bagage résiduel ces auto visualisations.

Ces 7 années de retraite collective sont composées en réalité de deux retraites successives de trois années et trois mois. La première des retraites collective comporte l’étude et la pratique quotidienne (pendant une heure et quart par jour) du rituel des protecteurs courroucés. Cette pratique de Mahakala sera approfondie en deuxième retraite où le protecteur Mahakala deviendra en réalité la divinité tutélaire des yogis pour une année de pratique intensive, quatre sessions de trois heures par jour. De même il faut rappeler ici que la question posée ne concerne parmi eux qu'une minorité de ces tantrikas offerts aux auto visualisations de protecteurs courroucés.

Et peut-être un très faible pourcentage de personnalités ayant des tendances de violence perverse tente vraiment de devenir des prédateurs indétectables de l'image subtile et de l'énergie des autres au travers de ces pratiques. Nous avons vu que le taux de prévalence de ces désordres serait d’environ 3% dans la population en général. Sur une population cumulée au fil des ans de cent drouplas issus de la deuxième retraite, seulement quelques-uns tout au plus pourraient alors être sujets à ces troubles du comportement.

Quel serait alors le mode opératoire de ces déviances comportementales ?

En voici une esquisse hypothétique : au lieu de commettre des crimes, des abus ou des viols, ils s'assoient dans leur chambre de yogi, et visualisent ces passages à l'acte sur les autres avec une extrême intensité et un détail méticuleux en se mettant en scène de manière dynamique avec la forme et les attributs du Dharmapala courroucé.

Ces divinités himalayennes sont pourvues généralement d'armes tranchantes, de couperets ou de poignards, mais aussi de longues griffes et de dents immenses. Ces attributs au lieu de rester des images symboliques, vides de réalité, de métaphores de la compassion comme pour la majorité des yogis deviennent pour le violent pervers des armes visualisées et à destination tournées vers les victimes qui sont simplement visualisées.

Flamboyants de colère, ou de noire passion, les protecteurs courroucés tiennent un bol rempli de chair ou de sang, et arborent fièrement autour du cou des têtes humaines fraîchement tranchées. Pour la majorité des yogis cela symbolise la transmutation des agrégats au cours de la méditation, mais pour le violent pervers cela peut être le substrat d’un scénario de victimisation d’un tiers, victimisation avec des atteintes visualisées à l’intégrité de son corps et de sa vie.

Ce type de pratique ne tentera personne qui a des tendances équilibrées, c'est-à-dire la majorité des pratiquants qui sont très conscients de ce type de dérapages. Mais ce type de jeu de rôle macabre peut éventuellement devenir une véritable addiction pour les rares personnalités violentes dont le lien affectif et social est perverti. […]

Discuter de ce thème des auto visualisations de protecteurs courroucés est sensible et parfois tabou dans les communautés du tantrisme bouddhique. Il pose en effet les questions sur le tantrisme à leur extrême. C'est ce qu'on appelle en sociologie la méthode des incidents critiques : on regarde ce qui ne va pas dans une organisation pour la comprendre et l'analyser. Et effectivement cela ne veut pas dire que rien ne va, ou que tout va mal.

Existe-t-il des visualisations indiscrètes voire intrusives ?

De la même manière que les parents ne prendront pas le risque d'exposer leur enfant à un pédophile, même s'il y a moins d'une chance sur cent de faire cette triste rencontre au bord d’une route, le principe de prudence les incitera à éviter de prendre le moindre risque avec des groupes tantriques aux effectifs parfois importants réunis dans un même lieu.

Car si cinquante, cent personnes ou davantage habitent là, ou sont réunies pour un évènement exceptionnel, les probabilités de croiser le chemin d'un violent pervers augmentent pour devenir significatives. Et le pervers narcissique, en manque d'affection et doté de tendances internalisées par sa pratique tantrique ciblera de préférence les sujets jeunes, à l'aspect agréable, au contact facile, à l'énergie disponible, c'est à dire plus probablement des enfants, des adolescents, des jeunes gens ou des jeunes filles.

Ces personnes naïves répondront volontiers au sourire qui leur est adressé, croyant à l'apparence vertueuse que confère une robe qui évoque le lamaïsme, ou le prestige de quelque école initiatique, sans se douter qu'elles deviendront les jouets non consentants, bien involontaires, de la pratique tantrique unilatérale de leur discret prédateur le soir-même dans la solitude de sa chambre. Le tantrika en mal de satisfactions se visualisera par exemple en yabyum (union sexuelle) avec la personne rencontrée pourtant si innocemment, quand il ne la soumettra pas à ses caprices de psychopathe ou de pervers accomplis sous la forme d'images en mouvement courroucées et violentes avec la visualisation explicite des coups de couperets, de griffes, de dents ou de lance. Ces images dynamiques adoptent le protecteur courroucé comme avatar pour déculpabiliser leur auteur au sein de la pratique bouddhiste, lever les inhibitions, et donner au yogi violent libre cours à ses fantasmes retenus dans sa vie de renoncement et d’ascèse.

Les 7 années de pratique en ermitage collectif donneraient, paraît-il, à ce type d'auto visualisations une plus grande clarté et une précision accrue, l'esprit s'étant longuement entraîné à ces exercices.


Pour en savoir plus: 
https://sites.google.com/site/articlesmarcbosche/protecteurscourrouc%C3%A9s



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