Selon
l'enseignement de certains lamas tibétains, les migrations des peuples s'expliquent par la loi du karma.
Gyatrul
Rinpoché, un lama de haut rang, rappelle la notion de karma en
ces termes : « La relation entre les actes et leurs effets, est
appelée loi du karma, le résultat de la non-vertu est la souffrance
et celui de la vertu, le bonheur ».
Ainsi,
suivant cet enseignement un peu simpliste, les peuples ne peuvent
échapper à la loi du karma. Gyatrul Rinpoché ajoute :
« Si
les Tibétains n'avaient pas commis dans leurs vies passées
certaines actions pernicieuses, ils n'auraient pas eu à éprouver
les souffrances que leur inflige à présent le gouvernement chinois.
Sans la non-vertu, il ne saurait y avoir de souffrance subséquente.
Il en est de même pour les Amérindiens : lorsque ces immigrants
blancs sans foi ni loi débarquèrent d'Angleterre, de France, etc.,
pour les déposséder et commettre contre eux toutes sortes
d'atrocités, n'auraient-ils commis des actions négatives dans leurs
vies passées que ces Amérindiens non plus n'auraient pas eu à
éprouver la souffrance qui leur a été infligée par ces immigrants
venus d'Europe. » (La
clé du sens profond du Livre des morts tibétain)
La
dette karmique des Européens à l'égard de beaucoup de peuples est
importante, notamment à cause de l'impérialisme colonial. Par
exemple, d'après l'historien Marc Ferro, l'évolution démographique
de l'Afrique coloniale a été marquée par un recul de 150 millions
à 95 millions de personnes entre 1860 et la fin du XIXe siècle.
De
la traite négrière aux horreurs perpétrées par les colons
européens, il existerait une dette karmique effrayante. Le temps du
paiement du passif colonial est-il arrivé ?
Ce
qui est certain, l'arrivée de millions d'immigrés en Europe
modifiera considérablement le niveau de vie des Européens, comme l'a
annoncé Jacques Attali :
«
L’Afrique de demain ne ressemblera pas à l’Occident
d’aujourd’hui ; c’est bien plutôt l’Occident de demain qui
ressemblera à l’Afrique d’aujourd’hui. »
Gyatrul
Rinpoché, un lama de la lignée Peyul de l'école Nyingma, décida
d'enseigner
le sens profond du « Livre des morts tibétain » de
Padmasambhava à un groupe composé
à la fois de bouddhistes et de non-bouddhistes au centre bouddhiste
d'Orgyen Dorje Den à San Francisco (Californie).
Gyatrul
Rinpoché, né en 1925 dans la région du Gyalrong dans le Tibet
oriental, « fut reconnu très jeune par Jamyang Khyentsé
Tchokyi Lodro comme l'incarnation de Sampa
Kiinkhyap, un méditant de la lignée Peyul qui passa sa vie en
retraite avant de dispenser moult transmissions de pouvoirs et
enseignements à une foule de disciples depuis sa retraite. [...]
Après avoir fuit le Tibet pour l'exil en Inde en 1959,
Gyatrul Rinpoché
poursuivit son entraînement spirituel et soutint la communauté
tibétaine en Inde de diverses manières jusqu'en 1972, date à
laquelle Sa Sainteté le Dalaï-lama l'envoya offrir sa direction
spirituelle aux Tibétains installés au Canada. Depuis lors, il n'a
cessé d'enseigner dans toute l'Amérique du Nord, établissant des
centres bouddhistes dans l'Oregon, en Californie, au Nouveau-Mexique
et au Mexique... »
B.
Alan Wallace