samedi, septembre 14, 2013

L'occultisme dans la politique


A la fin du règne de François Mitterrand, Gérard de Sède, probablement excédé par la passion pour l'occultisme du chef de l'Etat, dénonce les sociétés occultes « dont l'influence politique est parfois considérable ». Et Gérard de Sède précise :

« L'activité de ces sectes pourrait se résumer en une formule : « Changer l'individu afin que la société, elle, ne change pas. » C'est pourquoi le changement qu'elles opèrent sur la personnalité de leurs adeptes consiste à transformer ceux-ci en êtres dépendants, passifs et obnubilés, c'est-à-dire en non-citoyens.

C'est pourquoi, avec leur philosophie de supermarché, les gourous de notre époque n'ont rien de commun avec les grands occultistes de la Renaissance et du XVIIe siècle, tels que Pomponazzi, Jérôme Cardan, Guillaume Postel, Campanella et autres. Ceux-ci étaient tous des humanistes, souvent des savants et des créateurs désintéressés d'utopies qui voulaient parfois naïvement, changer le monde et instaurer une société idéale. De plus, loin de vendre du surnaturel de pacotille et du mystère d'escamoteurs, ils cherchaient dans ce qu'ils appelaient la magie naturelle, c'est-à-dire dans la nature elle-même, l'explication des énigmes que celle-ci nous pose. L'homme était pour eux le centre de tout ou, comme le disait Paracelse, le noyau du monde qui le nourrit, tout comme l'arbre nourrit le noyau de son fruit. Et, ajoutait Pomponazzi, puisqu'il a en lui toutes les puissances du monde, c'est en lui seul, dans la puissance de son imagination qu'il faut chercher l'explication des faits qu'on a coutume d'appeler miraculeux. Est-il besoin de souligner qu'il ne reste rien de cette conception grandiose chez les modernes industriels qui écoulent leurs stocks de mystique ?

Voir la main des sociétés secrètes derrière tous les grands événements historiques, une telle conception policière de l'histoire, sous son apparence machiavélique, est en réalité fort naïve ; ceux qui la professent avec des airs entendus de gens « bien informés » sont en réalité les dupes d'un schéma simplificateur et passe-partout.

Il ne faut pas pour autant négliger ce que certaines idéologies et certaines constructions politiques doivent à l'influence diffuse et parfois posthume de ces sociétés. Un seul exemple anecdotique mais amusant : le drapeau de l'Union européenne, bleu frappé d'un cercle d'étoiles d'or, est comme l'a confié naguère son créateur dans une revue catholique intégriste, la reproduction de la « médaille miraculeuse » de la voyante de la rue du Bac (Catherine Labouré, sœur de la Charité au couvent parisien de la rue du Bac, canonisée par Pie XII en 1947).

Il n'est pas rare non plus que des occultistes n'ayant, du moins que l'on sache, aucune société secrète derrière eux pour les y avoir introduits, entrent dans la carrière politique. En Argentine par exemple, dans les années soixante-dix, ce fut Lopez Rega, le mage de l'éphémère présidente Isabel Peron, promu non sans humour noir ministre du Bien-Être social, qui organisa les sinistres escadrons de la mort sous le triumvirat des généraux.

Plus récemment, en Roumanie, le metteur en scène du faux charnier de Timisoara, du « procès » et de l'exécution de Nicolae Ceausescu et de son épouse fut l'occultiste Geliu Voïcan, auteur de plusieurs ouvrages ésotériques, qui se définit un jour lui-même comme « moitié mage moitié gangster. »

En France, sur un registre heureusement beaucoup plus plaisant on vit, voici quelque trente ans, le conseiller du Premier ministre pour les affaires de renseignement, personnage d'origine russe apparenté au médecin du tsar, participer à des séances nocturnes d'alchimie au château d'Arginy, dans le gai Beaujolais, sous la protection de CRS. [...]

Que dire […] quand on voit , au début de l993, le ministre de la Culture, alors Jack Lang, faire entreprendre à Blois la construction d'un Centre national des arts de la magie ?

Répétons-le : dans des sociétés - les nôtres - qui sanctifient les pseudo-lois de l'économie aux dépens du bonheur et même des besoins vitaux du plus grand nombre, le plus grand nombre, constatant sans comprendre pourquoi, que la Terre tourne décidément à l'envers, tourne en rond, telles les mouches captives derrière une vitre, sans trouver une issue, un accès à l'air libre qui pourtant, même hors de portée, existe.

Comme l'écrit Ignacio Ramonet : « Devant tant de bouleversements incompréhensibles et tant de menaces, de nombreux citoyens croient assister à une éclipse de la raison et sont eux-mêmes tentés par la fuite dans une image du monde irrationnelle. On ne peut s'étonner dès lors que tant de gens se tournent vers les paradis artificiels, les parasciences et les pratiques occultistes. »

Fort bien dit. Mais quand des hommes d'État responsables flirtent eux-mêmes avec l'irrationnel, on peut craindre que revienne le temps où des peuples entiers se laissaient conduire à l'abîme par des gourous politiques, tels les aveugles peints par Jérôme Bosch. »


François Mitterrand et les sociétés secrètes


L'occultisme dans la politique
de Pythagore à nos jours

« Notre propos est de recenser les moments de l'Histoire et les épisodes politiques les plus marquants dans lesquels le rôle majeur a été joué par des groupes ou des individus se réclamant de telle ou telle finalité cachée qui présiderait aux destinées de l'espèce humaine, d'une nation, d'une communauté, ou même tout simplement d'une dynastie.

Ces moments et ces épisodes sont bien plus nombreux qu'on ne le croit communément. Comme le soulignait à juste titre René Guénon : « Les dessous politiques ou politico-religieux de l'occultisme et des organisations qui s'y rattachent de près ou de loin sont certainement plus dignes d'attention que tout l'appareil fantasmagorique dont il a jugé bon de s'entourer pour mieux les dissimuler aux profanes. »





La guerre contre l’Islam est-elle une phase de la guerre ultime : la Guerre contre le Christ ?

La doctrine de la « démocratie libérale et des droits de l’homme » est une crypto-religion, une forme extrême, hérétique de judaïsme christ...