mardi, avril 30, 2013

L'éducation



La contre-révolution conservatrice (de Thatcher, Reagan et consorts) a instauré un nouveau féodalisme que Jean Ziegler appelle « l'ordre cannibale du monde ».

Krishnamurti aurait certainement dénoncé cette effroyable régression de l'humanité, mais il décéda avant le grand cataclysme social des années 1990 qui suivit la chute du mur de Berlin et déchaîna l'hydre capitaliste.

L'argent roi s'accompagne de l'endoctrinement des populations et du retour du religieux. La docilité des nouveaux serfs est assurée par les médias qui répandent la pensée unique. Les enfants ne sont pas épargnés, ils sont soumis au conditionnement religieux et scolaire (le 29 avril 2013, François Hollande a franchi une étape de plus dans la dégradation de la société en décidant de faire inculquer la cupidité entrepreneuriale aux enfants dès la sixième).

L'éducation

Pour comprendre le sens de la vie, de ses conflits et de ses douleurs, il nous faut penser indépendamment de toute autorité, y compris celle des religions organisées. Mais si, dans notre désir d'aider l'enfant, nous plaçons devant lui des exemples impressionnants, nous n'éveillons en lui que la peur, l'imitation et différentes formes de superstitions.

Les personnes de tendance religieuse essayent d'imposer à leurs enfants les espoirs et les craintes qu'elles ont reçus de leurs propres parents ; et les personnes antireligieuses sont également désireuses d'influencer leurs enfants et de leur faire accepter leur façon particulière de penser. Nous voulons tous que nos enfants adoptent notre forme de culte et qu'ils prennent à cœur les idéologies que nous avons choisies. Il est si facile de s'embourber dans des images et des formulaires, inventés par nous-mêmes ou par d'autres ! C'est pourquoi il est nécessaire d'être toujours attentif et en éveil.

Ce que nous appelons religion n'est que croyance organisée, avec accompagnement de dogmes, de rituels, de mystères et de superstitions. Chaque religion a ses livres sacrés, ses médiateurs, ses prêtres et ses façons de menacer et de dominer. Nous avons, pour la plupart, été conditionnés en fonction de tout cela, et c'est ce que l'on appelle une éducation religieuse. Mais ce conditionnement dresse l'homme contre l'homme et engendre l'antagonisme, à la fois parmi les croyants et contre les autres appartenances. Bien que toutes les religions affirment rendre un culte à Dieu et proclament que nous devons nous aimer les uns les autres, elles instillent la peur, se servant de leurs doctrines basées sur la récompense et le châtiment. Et leurs dogmes rivaux perpétuent les suspicions et les luttes.

Dogmes, mystères, rituels : rien de tout cela ne conduit à une vie spirituelle. L'éducation religieuse, dans le vrai sens de ce mot, consiste à encourager l'individu à comprendre les rapports qu'il entretient avec ses semblables, avec les objets, avec la nature. Il n'y a pas d'existence sans relations ; et sans la connaissance de soi, toutes les relations, personnelles et collectives, sont des causes de conflits et de douleurs. Certes, il est impossible d'expliquer pleinement tout cela à l'enfant ; mais si l'éducateur et les parents saisissent profondément tout ce que comportent les relations humaines, ils pourront, par leur attitude, leur comportement et leur langage, faire comprendre à l'enfant, sans trop de mots et d'explications, ce qu'est une vie spirituelle.

Notre prétendue culture religieuse décourage l'interrogation et le doute, et pourtant ce n'est qu'en examinant le sens et la portée des valeurs que la société et la religion ont établies autour de nous que nous commençons à découvrir le vrai. La fonction de l'éducateur est d'être profondément conscient de ses propres pensées et de ses sentiments ; il peut ainsi abandonner les valeurs qui lui ont donné la sécurité et le réconfort, et aider les autres à prendre conscience d'eux-mêmes et à connaître leurs aspirations et leurs craintes.

C'est pendant la période de croissance qu'il faut veiller à empêcher les déformations. Et si nous, qui sommes plus âgés, avons assez d'entendement, nous pouvons aider les jeunes à s'affranchir des entraves que la société leur impose, ainsi que des obstacles qu'ils projettent au-devant d'eux-mêmes. Si les jeunes n'ont pas l'esprit et le cœur façonnés par des préconceptions religieuses et des préjugés, ils demeurent libres de découvrir, par la connaissance d'eux-mêmes, ce qui est au-dessus et au-delà d'eux-mêmes.

La vraie religion n'est pas un ensemble de croyances et de rituels, d'espérances et de craintes. Et si nous permettons à l'enfant de grandir sans ces influences gênantes, alors, peut-être, en mûrissant, commencera-t-il à s'enquérir de la nature de la réalité, de Dieu. Voilà pourquoi, en élevant l'enfant, il est nécessaire d'avoir une grande pénétration d'esprit.

La plupart des personnes qui ont une tendance à être religieuses parlent de Dieu et de l'immortalité, ne croient pas profondément à la liberté individuelle et à l'intégration. La vraie religion est pourtant la culture de la liberté dans la recherche de la vérité. Il ne peut pas y avoir de compromis avec la liberté. Pour l'individu, une liberté partielle n'est pas une liberté du tout. Un conditionnement, de quelque sorte qu'il soit, politique ou religieux, n'est pas la liberté et n'apportera jamais la paix.

La vraie religion n'est pas une forme de conditionnement. C'est un état de tranquillité en lequel est la réalité, Dieu. Mais cet état créatif ne peut entrer en existence que lorsqu'il y a connaissance de soi et liberté. La liberté engendre la vertu, et sans vertu il n'y a pas de tranquillité. L'esprit immobile n'est pas un esprit conditionné, il n'est pas discipliné ou entraîné à être immobile. L'immobilité ne survient que lorsque l'esprit comprend son propre processus, qui est le processus du moi.

Les religions organisées sont les pensées congelées des hommes, avec lesquelles ils construisent des temples et des églises. Elles sont devenues la consolation des timorés et l'opium de ceux qui sont dans la détresse. Mais Dieu, mais la vérité, est bien au-delà de la pensée et des sollicitations émotionnelles. Les parents et les éducateurs, qui découvrent et réalisent le processus psychologique de la peur et de la souffrance, devraient pouvoir aider les jeunes à observer et à comprendre leurs propres conflits et leurs épreuves.

Si nous, qui sommes plus âgés, pouvions aider les enfants, au fur et à mesure qu'ils grandissent, à penser clairement et sans passion, à aimer et à ne pas provoquer d'animosité, qu'y aurait-il de plus à faire ? Mais si nous nous sautons constamment à la gorge, si nous sommes incapables d'instaurer l'ordre et la paix dans le monde en nous changeant nous-mêmes profondément, quelle est la valeur des livres sacrés et des mythes des diverses religions ?

Krishnamurti, De l'éducation.


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