dimanche, décembre 16, 2012

Accidents de chasse





Ils ne massacrent pas que la faune

Dimanche 9 janvier 2011, vers 16 h 30, Francis Collet conduit son fourgon sur l'autoroute A31, en Côte-d'Or. Il rentre avec les quatre autres membres de son groupe de rock, Ashtones, après avoir donné un concert à Marseille. Alors que la camionnette longe un bois, en bord d'autoroute, il reçoit une balle en pleine tête. Plus jamais il ne jouera de guitare.

Dimanche 23 décembre 2007, un jeune couple trouve un coin romantique dans la forêt d'Andelot (Haute-Marne) et s'enlace tendrement. Mais le jeune homme meurt foudroyé d'une balle dans la tête. Une balle destinée à un renard, qui met un terme tragique à une belle histoire d'amour.

Le dimanche 26 octobre 2008, Fabio Butali s'adonne à son loisir préféré, le VTT, sur la commune de Lagorce en Ardèche. Mais il ne termine pas sa randonnée. Un chasseur participait à une battue au sanglier à proximité... La vie de Fabio s'arrête net, une balle dans le dos. Il a vingt-quatre ans. Dans cette même commune, quelques années plus tôt, un autre accident de chasse mortel avait eu lieu. Dans le même temps, nos députés légifèrent à nouveau sur la chasse. Et abandonnent aux chasseurs les règles de sécurités de la chasse...

Ce ne sont que quelques exemples. Chaque année en France, la chasse provoque plusieurs dizaines d'accidents, dont un nombre bien trop élevé s'avère être mortel (sans compter les meurtres dus à la possession d'une arme de chasse, dont les faits-divers regorgent). La chasse est un loisir exclusif qui ne laisse pas de place aux autres usagers de la nature. Cette source d'insécurité permanente se pratique avec des armes à feu puissantes, capables d'atteindre plusieurs centaines de mètres, voire deux kilomètres pour certaines carabines, dans des espaces ouverts à tous. Les instances de la chasse ont tendance à minimiser ces chiffres, de crainte de se faire de la mauvaise publicité.

Les chasseurs à l'origine de tels accidents ne sont que très légèrement sanctionnés par la justice, démunie de textes réglementaires. On assiste parfois à des situations totalement scandaleuses, tel ce danger public qui tua un de ses compagnons de chasse le 25 novembre 2006 à Besse-sur-Issole dans le Var. L'auteur du coup de feu mortel n'en n'était pas à son premier homicide. En 1985, le récidiviste avait tué de trois coups de chevrotine un adolescent de quatorze ans. Âgé de quarante et un ans à l'époque, ce chasseur n'avait alors été condamné qu'à dix-huit mois de prison avec sursis et cinq années de retrait du permis de chasser...

Les chasseurs représentent seulement 1,9 % de la population, mais ils s'approprient la nature tous les jours de la semaine pendant plus de six mois de l'année, au détriment des 98 % restants. Ce n'est pas seulement une activité dangereuse pour ses pratiquants, elle l'est également pour les simples usagers de la nature : promeneurs, vététistes, cavaliers, cueilleurs de champignons, naturalistes, kayakistes... Certains parlementaires ne trouvent pas cela normal, tel Jean-Louis Léonard, député de Charente-Maritime qui s'exprimait sur le sujet lors du débat de la loi sur les affaires rurales en septembre 2004 : « Nous rencontrons sur nos territoires [de chasse] des gens, des promeneurs et ramasseurs de champignons, qui n'ont rien à y faire ! » Comment voulez-vous ensuite que les porteurs de fusil ne se sentent pas chez eux partout ?

Les mesures existantes (signalisation, gilets fluorescents), toujours pas obligatoires dans tous les départements, ne sont destinées qu'aux chasseurs, et ne suffisent pas à leur garantir une sécurité fiable. Pire, il n'y a toujours aucune véritable mesure pour celle des non-chasseurs qui souhaitent, eux aussi, profiter de la nature.

Les pouvoirs publics ont fait des efforts sur la sécurité routière et le respect du droit, et cela contraste étrangement avec le laxisme accordé aux chasseurs. En 2000, la loi chasse imposait un jour de non-chasse : le mercredi. Ce ne fut pas au goût du lobby qui, en 2003, obtint de Roselyne Bachelot qu'elle supprime cette mesure. Le comble : la fixation d'un ou plusieurs jours de non-chasse dépend de l'appréciation du préfet de chaque département, qui ne peut y recourir que pour des motifs de protection... du gibier ! Les autres usagers de la nature n'ont absolument aucun droit de cité législatif ou réglementaire face à la chasse.

Aucune loi ni règlement n'encadre le problème de l'insécurité lié à la chasse. La loi chasse 2000 avait prévu qu'un décret ministériel soit pris pour préciser ces indispensables mesures. Il ne fut jamais pris. La loi chasse Poniatowski a, elle, supprimé purement et simplement cet article de loi. La sécurité liée à la chasse est laissée à la libre appréciation des fédérations départementales de chasse. Un peu comme si la sécurité routière était laissée aux automobile-clubs ou aux routiers. Et de façon départementale, en plus. Engendrant encore plus de confusions dans un dossier qui n'en manque déjà pas.

Au printemps 2011, j'ai abordé ce sujet très important avec Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'Écologie. Elle est tout à fait consciente de cette situation complètement surréaliste. Dans sa circulaire aux préfets du 18 février 2011 relative au renouvellement des schémas départementaux de gestion cynégétique, elle indique: « Depuis que la loi du 31 décembre 2008 a abrogé l'article L. 424-16 du code de l'environnement, qui prévoyait qu'un décret en Conseil d'État précise les règles de sécurité applicables en action de chasse, les mesures de sécurité relatives à la chasse sont essentiellement celles prévues par les schémas départementaux de gestion cynégétique. [qui sont rédigé par les fédérations départementales des chasseurs et seulement validé par les préfets] S'agissant d'une question intéressant l'ordre public, vous veillerez à ce que le dispositif prévu dans le schéma soit suffisant pour réduire le risque résiduel à un niveau très bas. » C'est là tout ce que les lois pro-chasse votées par les députés sous influence permettent à une ministre de faire sur un point de sécurité publique !

Les associations locales de chasseurs peuvent ensuite déci-der de limiter les jours de chasse sur leur territoire, à leur libre appréciation. Cela entraîne une disparité au sein des départements, voire au sein des communes lorsque celles-ci regroupent plusieurs sociétés de chasse. Imaginez alors la complexité, pour un randonneur, un cavalier ou un vététiste lambda, en recherche de jour de non-chasse, lorsque son itinéraire parcourt plusieurs communes.

Pour exemple, en Drôme il y a : 361 ACCA, 460 chasses privées et une centaine de baux domaniaux. Soit quelque 921 cas possibles ! De plus, pendant d'éventuels « jours de non-chasse », certaines chasses peuvent néanmoins être autorisées (battues administratives par exemple). Dans une pareille situation, même l'administration départementale est incapable de fournir une liste ou une carte des jours sans chasse sur le département de sa responsabilité !

Les accidents ont lieu majoritairement le dimanche, jour traditionnellement réservé à de nombreux loisirs de plein air, individuels ou familiaux. La marche à pied, la randonnée équestre ou le VTT n'ont jamais eu autant d'adeptes, sans compter la forte croissance du tourisme « vert ». Or, on compte aujourd'hui environ cinq millions de randonneurs en France qui pratiquent la marche au moins une fois par semaine. Si l'on compte aussi les promeneurs du dimanche, on estime que le nombre des marcheurs s'élève à environ quinze millions. Un chiffre qui place la randonnée pédestre au premier rang des pratiques sportives nationales.

De plus en plus d'associations rejoignent l'ASPAS, qui mène ce combat depuis longtemps, pour demander que dans le cadre de la sécurité des non-chasseurs, la loi soit modifiée et que soit instauré au minimum le dimanche sans chasse. C'est aujourd'hui la seule mesure susceptible de garantir la sécurité et la tranquillité de tous les citoyens qui fréquentent la nature. La seule mesure qui fera décroître de façon importante le nombre d'accidents de chasse. L'arrêt de la chasse le dimanche a fait l'objet d'une pétition portée par l'ASPAS. Signée par plus de 250 000 personnes, elle a été remise à Jean-Louis Borloo, alors ministre de l'Écologie en février 2010. Mais depuis, rien n'a changé. Une nouvelle loi a été votée en 2011, et une fois encore, ce sujet a été très soigneusement évité.

Combien faudra-t-il de morts et de blessés pour qu'enfin la France s'aligne sur ce qui se fait dans les autres pays européens? L'exception cynégétique française doit prendre fin, pas uniquement pour la préservation de la faune sauvage, mais également dans le cadre du respect de nos libertés individuelles.



Le grand bêtisier des chasseurs coûte très cher

Les tirs en direction de personnes ou d'habitations sont légion. Tel cet habitant de Saint-Bonnet-de-Rochefort (Allier) qui regardait tranquillement la télévision, en ce 1er novembre 2009, jours de la Toussaint. Une balle de chasse passe à quelques centimètres de sa tête et va se ficher dans un mur du salon !

Le coup de fusil a été tiré par un chasseur participant à une battue au sanglier à plus d'un kilomètre de là. Poursuivi pour « mise en danger d'autrui par une violation manifestement délibérée d'une obligation particulière de sécurité ou de prudence »son avocat déclarera : « Il faut l'intention, argumente Me Deschamps, pour sa défense: la volonté de mal tirer en sachant qu'en tirant mal il expose autrui à une blessure. Il y avait une butte en face de lui et il ne voyait pas la maison. Il aurait dû savoir que sa balle aboutirait 1 200 mètres plus loin ? [...] Dans cette affaire, l'accusation a réagi de manière épidermique. Il fallait rassurer le public ! II y a eu des saisies en veux-tu en voilà, on a dépêché l'identité judiciaire. On a cherché même s'il n'y a eu aucune infraction de chasse. Il n'y a pas eu d'imprudence : c'est un hasard des plus purs ». Le procureur demandera: « Saviez-vous qu'il y avait des habitations à cet endroit ? Oui, vous le saviez. Vous avez pris un risque et les chasseurs qui étaient avec vous ont aussi pris un risque. » Il est finalement requis une amende de 1 500 euros, cinq ans de mise à l'épreuve, la suspension du permis de chasser pour six mois et la confiscation de l'arme.

Le 30 janvier 2011, l'ancien président de l'ACCA de Laurac-en-Vivarais participe à une battue. Lorsque le sanglier traverse un chemin, il tire. Un peu vite. La balle fracasse la baie vitrée de la maison toute proche. Aux gendarmes venus mener l'enquête il déclare : « C'est à ce moment-là que j'ai tiré et occulté la maison. » La maison en question se trouvait à 110 mètres du tireur.

Le 4 octobre 2007, c'est un jeune étudiant de Carmejane qui a eu très chaud dans sa résidence étudiante : « Si le jeune homme avait été assis à son plan de travail, devant la fenêtre, il aurait été touché. Peut-être tué ! » Tous ceux qui se sont rendus dans le studio qu'Adrien Peyron occupe au N° 8 de la résidence d'étudiants du Chaffaut sont unanimes : le jeune homme, un étudiant de 20 ans sans problème, a vraiment eu de la chance. Celle notamment d'être absent au moment où la balle d'un fusil de chasse - vraisemblablement de calibre 12 - a perforé le volet, traversé la fenêtre à double vitrage, avant de ricocher sur un mur et de s'encastrer dans une cloison en placoplâtre.

Beaucoup de chance également pour cette famille de Mane (Ariège). Le couple et leurs enfants prennent leur petit-déjeuner lorsqu'une balle perfore la fenêtre d'un trou de 4 cm de diamètre avant de se loger de l'autre côté de la maison. Elle traverse la cuisine, le couloir et une chambre avant de se ficher dans le mur, où les gendarmes la retrouveront. Au passage elle ricoche sur le réfrigérateur et éclate une porte. Andrée Galland, la mère de famille, déclare à La Dépêche: « Mes enfants sont encore sous le choc. La balle aurait pu tuer l'un d'entre nous. On était quatre dans la cuisine. Nous avons appelé la gendarmerie. Mon époux qui se trouvait à côté de la porte de la cuisine a été touché par le bois. Il n'a pas été blessé mais on a évité une catastrophe. Il y a une paire d'arbres qui cache la maison. Mais le chasseur a tiré en direction de l'habitation. Pourtant, ici tout le monde sait que le quartier est habité. Dans cette zone il n'y a pas de gros gibier mais des faisans. Il se peut qu'il en ait délogé un et qu'il ait tiré. »

Le président de la société de chasse venu « réconforter » la famille déclarera : « Il est possible que le chasseur se soit trompé de cartouche. Il devait se situer à 200-250 mètres de la maison au moins et comptait sans doute tirer avec du plomb. » Ce qui est loin d'être réconfortant...

Les animaux domestiques sont également souvent les victimes d'accidents de chasse. Parfois à proximité des habitations, comme ce qui est arrivé dans la commune d'Attignat-Oncin en Savoie. Le 24 septembre 2008, à onze heures, alors que Lisa, charmante petite fille de douze ans allait donner à manger à son cochon et arrivait à proximité de son enclos, un coup de feu retentit et le porc s'effondra. Le chasseur déclarera « avoir vu descendre une masse et avoir tiré », mais sans visibilité. Il n'avait pas remarqué le grillage de l'enclos situé derrière une haie. Le tireur était bien au-delà des 150 mètres de distance de sécurité en place dans les communes à ACCA. La maman de la jeune fille déclarera : « J'ai cru que c'était sur ma fille qu'on avait tiré. Deux détonations en direction de la maison, je l'avais envoyée porter la pâtée et elle avait tardé un peu... Sinon, elle aurait été, elle aussi, dans l'enclos. C'est tragique, un mercredi ! On n'ose plus rien faire, ni aller aux champignons, ni se promener. Dimanche prochain, on s'en va prendre l'air, les enfants n'osent plus sortir de la maison. »
La chasse à courre a aussi son lot de débordement. Tel ce cerf qui sera abattu sous les yeux de six patients et de leurs soignants dans le parc de l'hôpital psychiatrique de Prémontré (Aisne) en lisière de forêt de St Gobain. Traqué par les chasseurs et leur meute de chiens, le cerf est sorti de la forêt est a trouvé refuge, pour peu de temps, dans le parc de cet hôpital. Cela n'a pas été du goût des veneurs, qui ont tout de même tenu à tuer l'animal qui leur échappait. C'est au fusil, et devant les usagers de l'hôpital que sa mise à mort a été sommée.

Le personnel de l'hôpital n'a pas de mots assez durs pour dénoncer cet abus de pouvoir cynégétique, alors qu'ils avaient interdit aux chasseurs de tuer cet animal sur le domaine de l'hôpital. Extrait du Courrier Picard du 7 janvier 2010: « Nous étions avec nos patients », se souvient Servane Chatelain, éducatrice stagiaire, arrivée depuis lundi à Prémontré. Elle était dehors, sur le chemin qui borde la forêt avec six patients et son collègue éducateur. Ce dernier « voulait me montrer où les patients travaillaient », en précisant que ce travail consiste à s'occuper et à soigner des animaux. « Nous avons entendu des chiens aboyer. Nous avons attendu puis vu le cerf descendre sur le talus et les chiens lui courir après. »

Tout cela se déroule sur le domaine de l'hôpital, selon Jean-Marc Oliviero, qui montre les piquets délimitant le domaine de l'ONF et celui de l'hôpital. Après les animaux, des cavaliers sont arrivés. S'ensuit une confrontation entre les soignants, qui demandent aux cavaliers de laisser l'animal en paix et les chasseurs qui souhaitent en finir. Le tout dans « un climat de tension », selon les deux soignants.

« Je n'ai pu qu'entendre le coup de fusil car il fallait s'occuper des patients », continue la jeune femme. Son collègue parle d'une diversion des chasseurs pour que l'un d'eux puisse abattre l'animal, toujours sur le talus et donc sur le domaine hospitalier. Le cervidé s'écroulera finalement au pied de la laiterie. « Celui qui a tiré était sur la route à côté des appartements thérapeutiques », conclut la jeune femme.

« J'ai fait un rapport à la direction », renchérit Jean-Marc Oliviero. « J'étais en colère », affirme pour sa part Jean-Luc Cousinat, directeur adjoint de l'établissement de santé qui a voulu porter plainte à la gendarmerie. Aujourd'hui, il doit recevoir le veneur, responsable de cette mise à mort. « Je ne vais pas me laisser intimider. Il faut s'arrêter à temps. Nos patients sont des gens fragilisés, qui sont beaucoup dans l'affectif », insiste-t-il. S'il attend des excuses, il exige surtout que cela ne se reproduise plus ».

On ne compte plus le nombre de chasses à courre qui finissent au cœur des villages. Et, plus exceptionnellement certes, à l'intérieur de maison d'habitation comme ce qui est arrivé à Larroque (Tarn) où un cerf a été abattu dans la cuisine, en présence de la famille.

Le 3 novembre 2007, alors qu'elle venait de finir de manger, une famille résidant tout près de la forêt de Grésigne vit un cerf arriver sur la propriété familiale. Il était pourchassé par une meute d'une quarantaine de chiens et un cortège de veneurs en goguette. Le cerf pris de panique rentra dans la maison en fracassant la baie vitrée. Suivi par la meute de chiens et... le maître d'équipage. Les propriétaires des lieux raconteront comment la famille a vécu cela au journal La Dépêche du 4 novembre 2007: « Une scène d'horreur. Nous savions que c'était une chasse à courre. Ce n'est pas la première fois que cela arrive ici », raconte Pierre, très ému. « Cela faisait plusieurs minutes que les aboiements se rapprochaient, jusqu'à ce que le cerf soit autour de la maison. Les enfants étaient effrayés. Nous ne savions pas quoi faire, c'était la panique complète. Puis le cerf est rentré, et tous les chiens avec lui. On est sortis, les enfants n'étaient plus là. C'était une scène d'horreur [...] Dehors, deux membres de la chasse à courre en question attendent en costume traditionnel, le cor autour du cou, et le cheval à côté. Jacques, un des deux chasseurs, membre de l'association qui organisait l'événement, explique que "les suiveurs étaient venus rattraper les chiens, mais cela ne se fait pas en claquant des doigts. D'habitude nous essayons de ne pas sortir de la forêt". Patricia s'est approchée. Énervée, elle leur lance cette question : "Que faisiez-vous ici, avec 40 chiens, sur notre propriété ?" "- Il s'est passé quelque chose qui n'aurait pas dû arriver, c'est catastrophique", répond Jacques. "On ne devrait pas vous laisser chasser, vous jouez avec un boulet de canon que vous ne maîtrisez pas", lui rétorque-t-elle.

"Déposez-vous une plainte ?", demande un gendarme à Patricia. "Oui, pour violation de propriété privée et pour mise en danger volontaire de la vie d'autrui", lui répond-elle. Cette plainte ne sera pas la première dans ce secteur. Par deux fois déjà, des événements similaires se sont produits. Mais les plaintes sont restées sans suite, au grand dam de la population. Une responsable de l'amicale de chasse de Larroque, présente sur place, explique que "la chasse à courre sur ce secteur doit suivre un protocole très sévère. Il n'est jamais respecté", précise-t-elle. "C'est la deuxième fois que cela nous arrive. À chaque fois, c'est plus grave. Jusqu'où faudra-t-il aller pour agir ?", s'interroge Patricia. »

La plainte fut déposée. Mais le parquet d'Albi, ne retenait que l'infraction de « chasse sur terrain d'autrui ». Mieux que d'habitude, car ce n'était pas la première plainte déposée contre cet équipage, mais toutes avaient été classées sans suite pour « absence d'infraction ». Mais cela ne pouvait satisfaire la famille victime de cette mise à mort scandaleuse. Elle avait demandé, par le biais de son avocat, que les veneurs soient poursuivis pour « mise en danger de la vie d'autrui ». Le « piqueur » fut condamné à 1 000 euros d'amende et deux ans de suspension de son permis de chasser. Mais l'équipage fit appel. Mais pas seulement : ils ont fait un recours au tribunal administratif contre l'arrêté préfectoral du 21 décembre 2007, qui leur interdit désormais de sortir de la forêt sur les communes de Puycelsi, Laroque et Penne.

Le feuilleton juridique ne s'arrêtera sans doute pas là, car la famille victime de cette chasse entend porter cette affaire au pénal. La chambre d'instruction de la cour d'appel ayant donné raison aux plaignants dans leur volonté de poursuivre ces chasseurs pour « mise en danger de la vie d'autrui » et « omission de porter secours ».

Électricité de France (EDF) et Réseau de transport d'électricité (RTE) dépensent chaque année des fortunes pour réparer leurs câbles électriques endommagés par les plombs de chasse. Certains chasseurs n'hésitant pas à tirer sur les oiseaux qui sont posés sur ces câbles ! Tant pis pour les usagers, tant pis pour les gestionnaires des infrastructures électriques.

Tel ce Nemrod de Vire (Manche) qui, tirant sur des corbeaux, atteignit une ligne haute tension, et priva ainsi 1 244 habitants d'électricité. Il paraît qu'il n'aurait pas atteint un seul corbeau... Il est vrai que ce chasseur n'était pas vraiment doué, il a ensuite abattu une vache, alors qu'il s'entraînait au tir en visant des bouteilles...

C'est également deux chasseurs maladroits qui furent responsables du retard d'une trentaine de TGV Atlantique. Alors qu'ils chassaient sur la commune de Saint-Martin-de-Bréthencourt (Yvelines) l'un d'eux a sectionné une caténaire, coupant du coup la circulation des TGV. « D'après les premiers éléments de l'enquête, il ne s'agirait pas d'un acte de malveillance, mais seulement d'"un incident de chasse". Germain et Mathieu, inscrits à la société de chasse locale, étaient en train de tirer sur du gibier dimanche après-midi. Leur responsabilité civile sera engagée. Les deux amis avaient abattu deux chevreuils. L'un d'eux en a visé un troisième, mais a atteint la ligne SNCF située en contrebas. Des douilles de 7,64 des munitions pour gros gibier ont été retrouvées à proximité. L'incident serait survenu vers 15 heures, horaire correspondant avec les premières chutes de tension sur la ligne constatées par un technicien de la SNCF qui a donné l'alerte.

Pierre Athanaze, Le livre noir de la chasse.

Le livre noir de la chasse
Massacres & abus de pouvoir

Le mépris des lois, les exactions et les brutalités des chasseurs en France sont légion. Sur tout le territoire, ils laissent des cadavres d'animaux éventrés, sans souci des épidémies, partout ils dressent des pièges non sélectifs dans lesquels agonisent des espèces protégées, des chiens, des chats...

En France, 25 millions d'oiseaux et près de 5 millions de mammifères sont tués chaque année. C'est le pays où l'on chasse le plus grand nombre d'espèces dont beaucoup sont en mauvais état de conservation et protégées dans les pays voisins.

Cet ouvrage révèle le vrai visage du lobby de la chasse en France : son organisation antidémocratique, son manque de transparence, son financement inéquitable, l'appui de l'écrasante majorité des politiques, leurs mensonges face aux protecteurs de la nature, les lois faites sur mesure, l'inertie face aux accidents mortels, l'incitation par les ministres au prosélytisme de la chasse dans les écoles : tout y est décrypté.

En s'appuyant sur des faits réels et des documents officiels, l'auteur dresse un réquisitoire sans concession pour que chacun de nous prenne conscience de ce véritable scandale au profit d'une minorité méprisant l'environnement, la nature et la société.



Pierre Athanaze, forestier de métier, a suivi un long parcours de bénévole dans le monde des associations de protection de la nature. Il a été membre du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage (CNCFS) et administrateur de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) pendant 10 ans. Il connaît parfaitement ce dossier dont il suit les évolutions législatives et réglementaires depuis les dernières décennies. Il a beaucoup lutté contre les abus de la chasse et les tolérances accordées par les pouvoirs publics à cette pratique.

Révélations d'un lama dissident

Le lama tibétain Kelsang Gyatso (1931-2022) était un enseignant important parmi les guélougpa restés fidèles à des pratiques proscrites ...