Les
polluants sont des poisons. Quand les exploitants agricoles et les
responsables de l'industrie agroalimentaire seront-ils jugés et
condamnés pour empoisonnement ?
Les
profiteurs du système (banques, multinationales...) trembleront-ils
quand internet se structurera en véritable agora numérique ?
Une vox populi, renouant avec
le bon sens, pourra-t-elle résister aux décisions de ceux
qui imposent aux populations un mode de vie suicidaire afin
d'augmenter les dividendes d'actionnaires insatiables ?
Il y a
urgence : « des
affections cardiovasculaires à la stérilité masculine en passant
par le diabète, l'asthme... nombre de maux dont nous souffrons ne
sont plus d'origine naturelle mais artificielle, fabriqués en
quelque sorte par l'homme. A
court terme, c'est la survie de l'espèce humaine qui pourrait être
mise en cause. »
(Ces maladies créées par
l'homme)
Selon le
Professeur Dominique Belpomme, « il y a trois façons
d'envisager la fin de l'espèce humaine. La première est sa
disparition spontanée, que celle-ci soit génétiquement
programmée ou qu'elle soit liée à une cause environnementale,
telle que l'épuisement des ressources planétaires. Ce type de
disparition est attendu. Il s'inscrit dans les lois de l'Évolution
naturelle. Dans ce cas, il est certain que l'espèce humaine
disparaîtra un jour, dans de nombreuses années, mais sans qu'on
puisse prédire quand, comment et pourquoi. La deuxième possibilité
est sa disparition accidentelle. Celle-ci est toujours naturelle et
liée à l'environnement, mais elle n'est pas attendue. Elle
s'apparenterait à celle des dinosaures. La cause pourrait en être,
par exemple, une météorite géante entrant en collision avec la
Terre. Un tel événement, qui peut être prévisible, n'est pas
biologiquement programmé. L'homme n'en serait pas responsable. Une
troisième possibilité est la disparition prématurée de l'espèce
humaine, provoquée par l'homme. Il en serait pleinement responsable.
Soit l'homme sera parvenu à modifier si profondément son
environnement qu'il l'aura rendu invivable —l'augmentation de
température de la planète par effet de serre en est l'exemple le
plus évident —, soit il aura provoqué prématurément sa propre
mort, en induisant de nouvelles maladies, non contrôlables par la
médecine. Dans les deux cas, la disparition de l'homme serait
purement artificielle. C'est ce troisième type de disparition
potentielle que j'envisage, car c'est celui qui est devenu le plus
probable. En effet, jusqu'à maintenant on pouvait considérer que
les maladies que l'homme avait à traiter étaient d'origine purement
naturelle. Celles-ci étaient causées par des bactéries, des virus
ou des parasites existant spontanément dans la nature. Notre
médecine a pu enrayer la plupart d'entre elles, grâce aux progrès
spectaculaires qu'elle a accomplis. La situation a changé. C'est
nous qui fabriquons nos maladies. Celles-ci ne sont, en effet, plus
naturelles comme jadis, mais artificielles, car elles sont liées à
notre civilisation, ou plus exactement à la pollution
environnementale que nous induisons. »
Dominique
Belpomme envisage un certains nombre de reformes qui pourraient
« rompre le cercle infernal généré et qui consiste à
fabriquer artificiellement de nouvelles maladies ». « Mais,
précise-t-il, ces réformes constituent en réalité une véritable
révolution conceptuelle. Elles remettent en cause les nombreux
préjugés actuels, en s'opposant parfois radicalement à certains
lobbies économiques ou industriels et même à ce qui est considéré
comme le fonctionnement normal de nos institutions. Car notre société
est en crise, une crise multiforme. Elle se traduit par la perte des
valeurs morales, le non-respect du droit, l'inadéquation de notre
système sanitaire, social, économique et financier aux problèmes
posés. C'est ce que pensent nombre de nos concitoyens, en
particulier les jeunes, dont beaucoup se sentent désespérés, sans
projet, sans espoir, sans avenir, et dont certains ne trouvent,
malheureusement, une solution que dans la drogue ou la violence.
Cette
crise est considérée comme essentiellement économique et
financière, alors qu'elle est en réalité idéologique, morale et
comportementale. Parler de crise de la santé et de déficit de la
Sécurité sociale, c'est ne voir que la partie émergée de
l'iceberg, car la crise concerne la façon dont nous entrevoyons le
progrès, l'organisation de notre société et le développement de
notre civilisation. C'est pourquoi il est nécessaire d'aller plus
loin. Répondre à la crise de santé proprement dite par une
démarche technocratique ou financière, en limitant la consommation
des soins, est voué à l'échec. Les dépenses de santé ne peuvent
que croître car nous sommes dans un système de libre entreprise non
régulé. C'est donc un problème structurel lié à notre système
économique.
Notre
société est malade. Elle est devenue schizophrène. La
schizophrénie est caractérisée par un dédoublement de la
personnalité et une rupture avec la réalité. C'est exactement la
façon dont se comporte notre société. Le dédoublement de
comportement est la base de son fonctionnement. D'un côté, elle
sait ce qu'il faut faire, et de l'autre, elle occulte la situation en
raison d'intérêts financiers. Ce dédoublement la conduit à se
déconnecter de l'environnement, à ne plus tenir compte de la
réalité. Refusant de voir celle-ci en face, elle se condamne à
sombrer et à disparaître. »
Dominique
Belpomme, Ces maladies créées par l'homme.
de Dominique Belpomme
Depuis la seconde guerre mondiale, le nombre de décès provoqués par le cancer a doublé en France 150 000 par an ! Le tabac, premier accusé, n'en explique que 30 000. Les autres sont essentiellement liés à la dégradation de notre environnement. Le cancer est devenu une " maladie de civilisation ". Ce phénomène s'observe dans l'ensemble des pays industrialisés. " On soigne les malades atteints du cancer, constate le professeur Dominique Belpomme, président de l'Association française pour la recherche thérapeutique anti-cancéreuse (Artac), et non l'environnement qui est lui-même malade. " Des affections cardiovasculaires à la stérilité masculine en passant par le diabète, l'asthme... nombre des maux dont nous souffrons ne sont plus d'origine naturelle mais artificielle, fabriqués en quelque sorte par l'homme. A court terme, c'est la survie de l'espèce humaine qui pourrait être mise en cause