vendredi, novembre 09, 2012

Prendre aux pauvres pour donner aux riches




Dans Le Capital, le dernier film de Costa-Gavras, un homme propulsé à la tête d'une banque, Marc Tourneuil (joué par Gad Elmaleh), déclare :

« Nous allons continuer de prendre aux pauvres pour donner aux riches. »

Cette petite phrase résume toute la perversité du système oligarchique.

Les oligarchies impérialistes

J'ai appris une chose et je sais en mourant
Qu'elle vaut pour chacun :
Vos bons sentiments, que signifient-ils
Si rien n'en paraît au dehors ?
Et votre savoir, qu'en est-il,
S'il reste sans conséquences ? [...]

Je vous le dis :
Souciez-vous, en quittant ce monde,
Non d'avoir été bons, cela ne suffit pas,
Mais de quitter un monde bon !
BERTOLT BRECHT
Sainte Jeanne des abattoirs


« Une oligarchie étroite qui n'a jamais connu son Vichy, qui n'a donc jamais été démasquée, règne depuis plus de cent cinquante ans sur un État et un peuple dont la législation, le système idéologique et les bureaucraties électorales sont étroitement adaptés à ses besoins. Grâce à un système bancaire extraordinairement hypertrophié, grâce aussi à ces institutions admirables que sont le secret bancaire et le compte à numéro, l'oligarchie suisse fonctionne comme le receleur indispensable du système capitaliste mondial. Avec son butin quotidien, elle finance ses propres aventures étrangères : ses sociétés multinationales contrôlent aujourd'hui, de l'Indonésie à l'Afrique du Sud, du Brésil au Guatemala, des régions et des populations entières. Le bilan commercial de la Suisse avec les pays de la misère est — fait unique pour un État industriel d'Europe — constamment excédentaire. Au sein du système impérialiste mondial, les seigneurs de la banque de Genève et de Zurich exercent de nombreuses autres fonctions ils contribuent à l'étouffement du Chili populaire en réduisant, puis en coupant les lignes de crédit internationales. Ils « stabilisent » puis renforcent les dictatures racistes d'Afrique du Sud, de Rhodésie, les régimes totalitaires de Bolivie et d'Indonésie. Mais leur victoire la plus éclatante, les seigneurs de la banque helvétique la remportent au niveau de la lutte de classe idéologique : par leur appareil de propagande internationale hors pair, par leur corruption de larges secteurs de la classe politique autochtone, les seigneurs de la banque répandent l'idée d'une identité complète entre leur stratégie de pillage et de recel et les intérêts nationaux de l'État et du peuple suisses. Produisant constamment un discours de neutralité et de paix, le visage à demi masqué par le drapeau de la Croix-Rouge, les seigneurs de la banque, ces monstres froids, se font passer, auprès des peuples du dehors comme de leurs sujets autochtones, pour des philanthropes, riches certes, mais pacifiques et pieux. [...]

La planète où nous vivons est un charnier. Ce charnier, les oligarchies impérialistes s'appliquent à le remplir jour après jour de victimes nouvelles. Je connais de près l'une de ces oligarchies, celle qui opère à partir de la Suisse. Je veux dire sa praxis. Et du même coup je veux faire voir la dépendance que cette oligarchie instaure pour la Suisse en tant que nation, en tant que peuple, à l'égard de l'impérialisme. Aucun doute : l'impérialisme, stade suprême du capitalisme, est aujourd'hui en « crise ». Mais cette « crise » est une crise de restructuration, d'adaptation, non une agonie. [...]

Qu'est-ce que l'impérialisme ? Assis sous les voûtes sombres de la « Predigerkirche » (Église des prédicateurs), transformée en bibliothèque municipale, à Zurich en 1916, Lénine a tenté de répondre à cette question : le système capitaliste se nourrit de l'accumulation ininterrompue de capitaux, de l'accélération et de l'intensification de la production, du pillage des ressources disponibles de la nature, du savoir rapidement cumulatif en matière de gestion, de technologie et de science. Un jour, ce système entre dans ce que Lénine appelle le stade « hégémonique ». Ce jour est arrivé en Suisse, en France comme dans d'autres pays de l'Europe industrialisée, aux États-Unis, au Japon. L'accumulation capitaliste concentre entre les mains de quelques-uns des richesses colossales. La concurrence entre groupes capitalistes rivaux tend à disparaître. Les monopoles naissent. Ce sont des groupes de capitalistes qui dominent un ou plusieurs secteurs économiques précis et qui y dictent leur loi. Or, les monopoles ont une tendance naturelle à l'expansion. La maximalisation du profit, la croissance continue sont leur règle. Les monopoles conquièrent le monde. Partout ils font reculer les modes de production pré-capitalistes. Ils raflent des marchés sur les cinq continents, occupent les régions productrices de matières premières et détruisent — avec les modes de production non capitalistes — des univers entiers de civilisation. Bref : ils font un monde à leur image.

Max Horkheimer dit : « Désormais, toute histoire est histoire de marchandise. » Quelle marchandise devient sujet de l'histoire ? Le capital financier. Il est composé par le capital industriel et le capital bancaire. Entre les mains de ceux qui le possèdent, il devient une arme d'une terrifiante efficacité. Le petit groupe d'hommes qui, dans chaque pays capitaliste-hégémonique du centre, possède, utilise, met en œuvre la stratégie du capital financier s'appelle l'oligarchie.

Deux questions préalables se posent. La première : existe-t-il une spécificité de l'impérialisme secondaire par rapport à l'impérialisme premier ? Ou l'impérialisme secondaire n'est-il qu'un impérialisme sous tutelle, totalement dépendant, bref, un simple relais de transmission dans la hiérarchie mondiale du mépris et du profit ? A cette question les fondateurs de la sociologie de l'impérialisme ont répondu d'une façon uniforme et claire : Pas de spécificité qui tienne ! L'impérialisme secondaire est un impérialisme tout à fait ordinaire qui ne se distingue en rien d'un hypothétique impérialisme premier. Or, depuis la publication de leurs analyses, le paysage social de la planète a subi nombre de mutations importantes. La question se pose dans des termes nouveaux. Elle exige un nouvel examen. Deuxième question préalable : l'impérialisme est le stade ultime du développement capitaliste. Il est le capitalisme, il en véhicule la rationalité la plus intime, la visée la plus visible, le projet le plus meurtrier. Il ne disparaîtra qu'avec le système capitaliste lui-même. »

Jean Ziegler, Une Suisse au-dessus de tout soupçon, 1976.


Assommons les pauvres







L'Opéra de quat'sous de Bertolt Brecht


L'Opéra de quat'sous (Die Dreigroschenoper) est une comédie musicale de Bertolt Brecht et Kurt Weill. Il s'agit de la lutte de pouvoir et de concurrence entre deux « hommes d'affaires » : Jonathan Jeremiah Peachum, et un dangereux criminel, Macheath dit « Mackie-le-Surineur » (Mackie Messer). 

"M'sieur Mackie croque son prochain"


Les dents longues, redoutables
Le requin tue sans merci
Le surin au fond d'la poche
Sans reproche, c'est Mackie

Sur les bords de la Tamise
Le sang coule dans la nuit
On périt les poches vides
Poches pleines, quelqu'un fuit

Jenny Trowler agonise
Un couteau entre les seins
Sur les rives dans l'eau grise
M'sieur Mackie s'en lave les mains

Et la veuve d'âge tendre
Que l'on viole dans son lit
Que l'on vole sans attendre
Le gentleman, c'est Mackie

L'incendie sur la ville
Le feu brille, la mort vient
On s'étonne, on questionne
Oui mais Mackie ne sait rien

Le sang coule des mâchoires
Au repas du grand requin
Mains gantées et nappe blanche
M'sieur Mackie croque son prochain...


La guerre contre l’Islam est-elle une phase de la guerre ultime : la Guerre contre le Christ ?

La doctrine de la « démocratie libérale et des droits de l’homme » est une crypto-religion, une forme extrême, hérétique de judaïsme christ...