lundi, novembre 19, 2012

Israël, État paria




« Un document supposé être confidentiel, élaboré par le Centre de recherche politique du ministère israélien des Affaires étrangères, a fait l'objet de fuites, en octobre 2004. Son contenu était explosif et remettait profondément en cause la poursuite de l'occupation des territoires palestiniens ou d'une partie d'entre eux en comptant sur le soutien américain.

D'après le rapport en question, cette stratégie conduit Israël dans une impasse. Les auteurs estiment, en effet, que l'État hébreu pourrait à terme entrer en confrontation avec l'Union européenne et devenir un véritable « État paria », comme le fut l'Afrique du Sud de l'Apartheid si le conflit avec les Palestiniens n'est pas résolu de façon satisfaisante et juste. Les analystes du ministère israélien appuyaient leur raisonnement sur l'hypothèse d'une montée en puissance, dans le concert international, de l'Europe alors que, simultanément, les États-Unis verraient leur influence internationale décroître. Acceptons-en l'augure. Si les vingt-sept pays membres de l'Union dépassent leurs divisions internes, et parlent d'une seule voix, leur influence globale pourrait s'accroître considérablement et se proportionner à leur puissance économique.

Les spécialistes israéliens en question ont paradoxalement une conscience plus fine et avisée des capacités d'intervention de l'Union européenne que de nombreux responsables européens eux-mêmes. Jusqu'ici, l'Europe s'est divisée sur les sujets de politique étrangère, comme, par exemple, la guerre d'Irak. Les chercheurs du ministère israélien des Affaires étrangères prédisent que, si elle fait entendre sa voix de façon plus accordée, elle pourra sans doute demander à Israël un plus grand respect des conventions internationales et limiter sa liberté d'action dans le conflit avec les Palestiniens.

Israël pourrait également payer le prix d'une compétition plus serrée entre les États-Unis et l'Union européenne. Si cette dernière et Israël ont des relations profondes et étroites dans le domaine du commerce et de la recherche scientifique, elles ont des opinions très différentes concernant les Palestiniens. Jusqu'ici, Israël a réussi à tenir l'Europe en dehors du volet stratégique et a préféré construire une alliance unique avec les États-Unis. Mais mettre tous ses œufs dans le panier américain pourrait conduire à son isolement. L'Europe ne peut plus être seulement considérée, au Proche-Orient et ailleurs, comme un grand marché avec lequel on fait des affaires. Et, même si l'Europe est le principal partenaire commercial d'Israël (40 % des importations d'Israël viennent de l'Union européenne, qui absorbe 30 % de ses exportations), les pays de l'Union n'accepteront plus longtemps d'être cantonnés dans un rôle de soutien financier ou technique. Ils ont un rôle à jouer dans la stabilisation du Proche-Orient et veulent le jouer. »

Pascal Boniface, Vers la 4e guerre mondiale.


Quelques années après la fuite de 2004, la crise financière et économique a terrassé l'Europe. L'Union européenne ne risque pas de s'opposer à l'État hébreu qui poursuit en toute impunité sa guerre contre la population de Gaza.



Vers la 4e guerre mondiale


En 2005, Pascal Boniface s'interrogeait sur cette 4e Guerre mondiale. Véritable guerre à mort contre le terrorisme planétaire que les néoconservateurs américains entendaient mener, au nom du monde civilisé, réuni sous leur bannière. 

Quatre ans après, le recadrage proposé par Pascal Boniface a montré toute sa pertinence et justifie qu'on s'y intéresse à nouveau dans cette édition mise à jour. 

Le Proche-Orient est plus dangereux et instable que jamais. Le fossé entre le monde occidental et le monde musulman s'est creusé. 
L'avenir de la sécurité internationale se joue toujours dans le conflit israélo-palestinien, dans cette zone devenue l'épicentre d'un éventuel choc des civilisations. Or rien n'est inéluctable. Il est encore temps d'arrêter l'engrenage qui menace de conduire le monde à la ruine. 

Un temps, l'élection de Barack Obama a redonné espoir au monde entier. Mais le nouveau président américain pourra-t-il résister au choc de la guerre de Gaza et réussir là où tous ses prédécesseurs ont échoué ?





Pascal BONIFACE est directeur de l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris, iris-france.org) et enseignant à l'institut d'études européennes (Université Paris 8).



La guerre contre l’Islam est-elle une phase de la guerre ultime : la Guerre contre le Christ ?

La doctrine de la « démocratie libérale et des droits de l’homme » est une crypto-religion, une forme extrême, hérétique de judaïsme christ...