lundi, octobre 08, 2012

La rédemption d'un gourou



Patrick Vigneau


La joie d'être soi avec Ramana Maharshi

Marc-Alain Descamps, prophète du Transpersonnel, une bâtardise spiritualiste née aux USA en 1969 au sein de la psychologie humaniste, écrit :

« Le Transpersonnel est d'abord un mot nouveau pour désigner tout un ensemble de choses cachées depuis la fondation du monde et les renouveler par là, en la mettant à la disposition de tous, sans exclusive. […]

Le délire grandiloquent de Descamps lui fait dire : « Le Tranpersonnel est la chance de notre temps. Il est le fondement de la grande mutation qui s'ouvre avec le troisième millénaire et l'âge du Verseau. […] « Apparenté aux mouvements Science et Conscience, le Nouvel Âge, le Troisième Millénaire, le mouvement Transpersonnel constitue pour l'humanité une seconde Renaissance. »

A une époque où les sectes pullulent, Patrick Vigneau, lui-aussi adepte de la spiritualité frelatée du Transpersonnel et du Nouvel Âge, est le fondateur d'un institut de sophrologie transpersonnelle. Son allure de gourou newageux, vendeur d'une soupe mystico-sophrologique aux malheureux égarés dans le labyrinthe du spiritualisme contemporain, n'inspire pas forcément confiance à tout le monde.

Patrick Vigneau, qui sait compter (il était professeur de maths), a-t-il constaté que le Transpersonnel fait moins recette ? Quoi qu'il en soit, dans son dernier livre, La joie d'être soi avec Ramana Maharishi, il rappelle le message de grandes figures de la pensée spirituelle de l'Inde : Nisargadatta, Krishnamurti, Ramana Maharshi. Vigneau écrit à propos de ce dernier :

« Son expérience libératrice est communément présentée comme un exemple moderne de l'Advaïta Vedanta traditionnel. Cependant l'originalité du Maharshi le distingue sur deux points. Le Vedânta classique attache le plus grand prix à l'autorité fondatrice des Vedas, et à l'enseignement du gourou. Or l'expérience qui est à la source de la spiritualité de Ramana, fut soudaine et spontanée. Elle ne doit rien, à l'étude, à la culture, à l'intervention d'un maître. Par ailleurs Ramana a toujours souligné sa préférence pour une méthode simple, directe, désencombrée. […]

« Ramana Maharshi (1879-1950), jeune, rappelle Patrick Vigneau, il aimait le jeu, les sports et ne témoignait aucun intérêt spécial pour la religion ou la philosophie. A seize ans, alors qu'il se trouvait seul dans sa chambre, il fut saisi par une grande terreur de mourir. Il questionna avec une intensité extrême ce que signifiait pour lui d'être mort. Il s'allongea à même le sol : qu'est-ce qui se passe quand on est mort ? Le corps meurt, les pensées aussi... Que reste-t-il alors ? La réponse absolue le saisit et ne le quitta plus. Il connut alors une extase consciente où il toucha aux véritables sources du moi, à l'essence même de l'être qu'il appelait le Soi.

Voici ce qu'il en a dit à différentes occasions :

« Environ six semaines avant mon départ définitif de Madura, il se produisit dans ma vie un grand changement. Ce changement fut soudain. J'étais seul dans une des pièces du premier étage, dans la maison de mon oncle. Je n'avais été malade que rarement, et ce jour-là ma santé était excellente ; mais je fus pris soudain d'une violente peur de la mort. Rien dans mon état ne la justifiait, et je n'essayai pas d'en découvrir la raison ; je me contentai de l'éprouver. Je me disais : « Je vais mourir », et je me demandais que faire. Il ne me vint pas à l'esprit de consulter un médecin, ou l'un de mes amis. Je sentais qu'il me fallait résoudre moi-même le problème, et sur le champ. »

« Le choc causé par la peur de la mort forçait mes pensées à l'observation intérieure, et je me répétais mentalement, sans réellement formuler des paroles : « Maintenant que la mort est là, que signifie-t-elle ? Qu'est-ce que c'est que mourir ? C'est ce corps-là qui meurt ! » Et aussitôt je dramatisais le fait de la mort. J'étais couché, les membres raides comme si j'étais mort réellement.

J'imitais la situation d'un cadavre pour donner à mon enquête une réalité plus grande. Je retenais ma respiration, et serrais les lèvres pour qu'aucun son ne put s'en échapper, pour m'empêcher de prononcer le mot «je », ou tout autre mot. « Bon ! Me disais-je, ce corps est mort. On l'emportera complètement rigide au lieu de sa sépulture, où on le brûlera et le réduira en cendres. Mais suis-je mort par cette mort de mon corps ? Mon corps est-il « moi » ? Il est silencieux et inerte, mais je sens la pleine force de ma personnalité, et j'entends même la voix du « moi » au fond de mon être. Je suis donc un esprit qui transcende le corps. Le corps meurt, mais l'esprit, transcendant le corps, ne peut être touché par la mort. Ce qui veut dire que je suis un esprit immortel.»

« Ces pensées n'étaient pas obscures et ternes. Elles jaillissaient en moi telles d'éclatantes vérités, que je percevais directement sans que mes activités cérébrales fussent en jeu. Le « moi » était donc quelque chose de très réel, la seule chose réelle dans mon état présent, et toute [activité consciente de mon corps se concentrait sur ce « moi ». Depuis cet instant, la puissance fascinante de ce « moi » se plaça au cœur même de toute mon attention.

« La crainte de la mort avait disparu, et pour toujours. L'absorption dans le « moi » se poursuivit sans interruption. D'autres pensées passaient et disparaissaient, pareilles à diverses notes de musique, mais le « moi » demeurait comme la note fondamentale, sous-jacente à toutes les autres notes, et se confondant avec elles. »

Cette expérience mystique le transforma complètement, poursuit Vigneau. Toute peur ou désir pour quoi que ce soit disparurent. Il réalisa le Soi et connaissait dès lors la distinction essentielle entre le corps mortel et la conscience immortelle.

Il rechercha alors la solitude afin de se consacrer à la méditation. Détaché des soucis du monde, il se rendit à Arunachala. Où se dresse une petite montagne (855 m d'altitude) qui domine la plaine. On la tient pour sacrée.

Ramana se retira durant 7 années, dans une grotte de la colline, toujours absorbé dans la méditation. Il vécut ainsi en ermite, dans un long silence, sans jamais tenter de convaincre personne ni vouloir enseigner quoi que ce soit. Un petit groupe de disciples se forma autour de lui. Ils construisirent un ashram. Sa réputation grandit dans tout le pays. Les dévots reconnurent en lui un Jivan Mukta, un libéré vivant ayant atteint le but dont parlent les écritures sacrées. Il devint, sans l'avoir voulu ni refusé, le maître de milliers de disciples qui virent en lui l'un des plus grands sages de l'Inde.
Vers la fin de sa vie (1950) il était mondialement connu. Sa méthode est connue sous le nom de Atma-Vichara : recherche du Soi, ou investigation de Soi.

Selon Ramana Maharshi le corps physique auquel nous nous identifions est sans importance. Ce qui ne signifie pas qu'il faille le négliger, mais selon lui c'est le Soi, la pure conscience, qui mérite notre plus grande attention.

Et ce qui émanait de lui prouvait que ses paroles n'étaient pas juste une affaire purement discursive. Ce qui frappait ses auditeurs c'était surtout sa présence et la sérénité qui s'en dégageait.

Contrairement à beaucoup d'enseignants traditionnels de l'époque, Ramana ne poussait pas ses visiteurs à quitter leurs activités ou leur famille pour se consacrer entièrement à la sadhana. Il leur disait que quels que soient leurs choix, tôt ou tard, les gens connaîtraient la réalité.

Sa méthode avait de quoi surprendre : à toutes les questions qu'on lui posait, il répondait par d'autres questions. A la manière de Socrate, il obligeait le disciple à découvrir la Vérité au plus profond de son être et non pas à l'extérieur :

« Personne ne saurait vous donner la Connaissance, elle est un trésor caché dans votre propre cœur », disait-il.

Comment faire donc pour trouver ce Soi, qui n'est pas le moi ?

Par l'enquête incessante : « Qui suis-je ? » nous répète le sage.

Le soi est silence, imperceptible par les sens et inconcevable par l'intellect. Ce n'est pas un ressenti, ce n'est pas une idée. C'est autre chose. On pourrait en parler comme une présence absolue d'être qui demeure immuable.

Tandis que tout change dans l'univers, le Soi ne meurt pas ne naît pas, ne change pas. Et il demeure en chacun de nous. »

Patrick Vigneau,
son blog.



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