Survivre
à l'effondrement économique
Michel
Drac, essayiste, responsable
des éditions Scriptoblog,
ancien
membre du bureau national d’Égalité & Réconciliation, prédit
l'effondrement de notre société :
« La
crise commencée en 2008 avec l'implosion de la bulle des subprimes
n'est pas une crise ordinaire. Intuitivement, tous les observateurs
l'ont compris. Quelque chose s'est déréglé dans notre monde,
quelque chose qui gisait tout au fond de notre manière de vivre,
de notre manière de produire, de notre manière de consommer - et
même de notre manière de penser.
Ce
quelque chose qui vient de rompre, c'est notre foi dans le
messianisme millénariste du Progrès.
Depuis
trois siècles, l'homme occidental s'était fait à l'idée qu'il
n'avait pas besoin de Dieu, puisqu'il était son propre sauveur.
L'humanité était le Messie de l'humanité : voilà ce que
proclamait la religion nouvelle. Une religion entrée dans le monde
catholique sur la pointe des pieds, avec Descartes. Une religion,
aussi, qui avait fini par se substituer, partout, à l'antique
croyance.
On
rit parfois du Djoutché, cette assez ridicule idéologie
nord-coréenne dont l'unique article est que l'homme peut transformer
la nature indéfiniment. On a tort : sous des formes bien sûr plus
sophistiquées, tous les systèmes contemporains sont appuyés sur ce postulat
de toute-puissance humaine. La Chine a brisé la maison de Confucius
et s'est convertie avec frénésie à la religion de la croissance.
L'Inde éternelle, même l'Inde, s'est mise à
penser l'avenir sous la forme d'une
courbe ascendante.
Toute
l'humanité, progressivement, est entrée dans la communion naïve
d'une nouvelle religion, bien moins rationnelle qu'elle ne le semble
: la techno-science pour accomplir les miracles, la banque pour
servir de temple à l'idole monétaire. Ultime idéologie,
victorieuse sur les cadavres du jacobinisme, du libéralisme .
classique, de la social-démocratie, du
communisme et du fascisme, le néolibéralisme monétariste
conduisait l'humanité au Millénium, vers le Paradis terrestre,
depuis longtemps perdu, et bientôt retrouvé.
Fausse
promesse. Attention : piège. On aurait dû se méfier. Depuis
quelques décennies, la façade du temple progressiste commençait à
se fissurer...
Dès
les années 70, de mauvais coucheurs avertissent : on ne peut pas
développer un projet de croissance indéfinie dans un monde fini. On
balaye leurs arguments : ils ne prennent pas en compte les
perspectives scientifiques.
Dans
les années 80, l'effondrement de l'URSS, faisant suite à la
catastrophe de Tchernobyl, donne à réfléchir à tous ceux qui le
veulent bien : ainsi, les très grands systèmes sur-intégrés
logistiquement peuvent imploser d'un seul coup, une fois un certain seuil
de fragilité dépassé? Là encore, on refuse de tirer les leçons
de l'événement : on préfère mettre l'implosion sur le dos de
l'idéologie communiste, sans poser la question du principe de
concentration et d'intégration, en lui-même.
Dans
les années 90, l'Occident s'enivre
de son triomphe. Ce sont les années folles de la bulle Internet. Peu
importe que le monde matériel humain soit fini : le capitalisme
envahira des univers virtuels qu'il fabrique lui-même. Mais le rêve
s'achève brutalement, quand le «
modèle »
introuvable de la «
nouvelle économie »
révèle sa nature profonde : un mirage,
une illusion. S'il y eut une chute vertigineuse au tournant du
millénaire, ce ne fut pas celle des tours jumelles, mais bien
l'effondrement des espérances placées dans le virtualisme, porte de
sortie des contradictions internes de plus en plus insurmontables
d'un système capitaliste rendu fou par la confusion permanente entre
la carte monétaire et le territoire économique.
On
décida, une fois de plus, de ne rien voir, de ne rien savoir. Pour
maintenir coûte que coûte l'illusion que l'utopie millénariste
pouvait construire le sens de l'histoire, les oligarchies financières
mirent le système économique sous perfusion, shootant littéralement
l'économie des États-Unis avec de la dette, encore et encore. Ce
fut une
entreprise absurde, et qui en outre dénonçait toute l'absurdité de
la machine sémantique produite par le monétarisme néolibéral
parvenu à maturité...
Cette
absurdité ne pouvait avoir qu'un temps. À l'automne 2008, ce temps
prit fin.
Un
grand frisson parcourut l'échine de l'animal aux cent mille
têtes - les classes dirigeantes et supérieures. En
catastrophe, on réinjecta du dollar dans le système, comme autant
de signe qui ne recouvrait rien, mais qui permettrait encore,
pour quelques années peut-être,
de faire tourner la machine sémantique, coûte que coûte.
Ultimes
manœuvres dilatoires, qui ne changeront, au final, rien ou presque :
c'en est fait de l'illusion. Peu importe qu'on maintienne
artificiellement les indices boursiers en ramenant à zéro les taux
d'intérêt. Casser le thermomètre n'a jamais fait tomber la fièvre.
La
seule rationalité économique n'est pas capable de fonder le sens de
l'histoire. La techno-science ne peut pas tout. On ne peut pas
conduire un projet de développement infini sur une planète finie.
L'homme ne peut pas avoir tout ce qu'il
veut. Il doit vouloir ce qu'il peut.
Retour
à la limitation.
L'humanité
ne sera pas son propre Messie : la religion humaniste est un échec.
L'animal
aux cent mille têtes se comporte réellement comme une bête - et,
en particulier, il est aussi dangereux qu'une bête blessée,
lorsqu'il sent que son heure est proche. Renvoyés à l'échec
du système de croyance qui servait
d'habitation idéologique à leur domination,
les puissants et leurs kapos vont à
présent, pour sauver leur pouvoir,
s'efforcer de maintenir la fiction messianique en la restreignant
progressivement à eux-mêmes.
D'un côté, une humanité supérieure, qui se voudra son propre
Messie - pour elle-même et pour elle seule. Et de l'autre côté,
une humanité inférieure, renvoyée dans les ténèbres symboliques
de l'absence de pensée, c'est-à-dire de l'inexistence du sens - au
vrai, dans la négation pure et simple de son statut de sujet
autonome, dans l'interdiction même de définir un espace mental
d'indétermination à l'égard
de ses contraintes. Une humanité
à qui l'on
aura ôté la peau de l'esprit.
Tel
sera le schéma génératif des prochaines décennies. L'avenir est
sinistre, autant le savoir : la religion humaniste va se transformer
en idéologie antihumaine.
Ce
retournement, qui fera la Bête par ceux-là qui voulaient faire
l'Ange, a commencé progressivement dès les années 1970. Mais les
années 2010 vont marquer une accélération très sensible dans ce
processus. Et la vie, en conséquence, sera très difficile, bientôt,
pour beaucoup d'entre nous.
Dans
ce contexte, l'enjeu de la lutte, pour les hommes véritables, sera
bien souvent de survivre. Juste cela : survivre.
Rejoindre
les rangs des dominants fous n'est pas une option : on y gagne
peut-être l'illusion enivrante d'une supériorité apparente, et à
coup sûr des conditions de vie plus décentes ; mais on y perd son
âme.
Se
résigner à végéter dans la masse des dominés est à peine moins
déprimant. Au sein de cette masse opprimée et appauvrie, la
violence sera de règle. Nos contemporains ont trop profondément
intégré les logiques perverses de la société de consommation pour
se convertir,
du jour au lendemain, à une simplicité volontaire salvatrice.
La
survie se jouera presque certainement à l'écart, dans des refuges
qu'il faudra savoir aménager et défendre. Survie matérielle, bien
sûr. Mais survie psychologique et spirituelle aussi.
Nous
n'avons certes pas là un idéal exaltant. Seulement voilà, c'est
ainsi : à ce stade, résister à la machine inhumaine qui est en
train de se mettre en branle, ce sera, souvent, être capable de nous
soustraire à sa vue, et d'abord savoir nous passer d'elle.
Un
combat modeste, mais
certainement pas médiocre.
Car
un jour, quand cette machine aura épuisé les possibilités de son
élan initial, elle vacillera et tombera. Il suffira alors d'être
là, nombreux, soudés, pour reprendre ensemble le contrôle de notre
terre, après avoir défendu âprement nos quelques territoires de
repli. C'est
pour être là, à ce moment décisif, qu'en attendant nous devons survivre.
Alors
pas de honte : bâtissons nos refuges ! Souvenons-nous qu'un
résistant gagne, s'il tient une heure de plus que son adversaire :
organisons-nous pour tenir.
Et
donc, mon ami...
On
m'efface ce sourire crispé et triste. On lève les yeux, qu'on a si
longtemps baissés. On regarde droit devant soi, le regard à
l'horizon. On redresse la tête.
Voilà.
Ta
vie a un sens : survivre une heure de plus que la machine.
Passe
le mot : camarade, nos enfants
comptent sur toi. »
Michel
Drac, Avant-propos de Survivre
à l'effondrement économique.
Survivre
à l'effondrement économique
de Piero San Giorgio
Les
problèmes auxquels le monde doit faire face dans les 10 prochaines
années sont considérables :
surpopulation,
pénurie de pétrole et de matières premières, dérèglements
climatiques, baisse de la production de nourriture, tarissement de l'eau potable, mondialisation débridée, dettes colossales...
La
convergence de ceux-ci aura comme probable conséquence un
effondrement économique qui ne laissera personne indemne, riche ou
pauvre. Comment se préparer ? Comment survivre à ces prochaines
années de grands changements qui seront à la fois soudains, rapides
et violents ? Etes-vous prêts ? Avez-vous accès à de l'eau potable
si rien ne sort de votre robinet et si les supermarchés sont vides ?
Et dans ce cas, comment allez vous défendre votre famille de votre
voisin affamé, du gang de racailles local ou d'un état devenu
mafieux et totalitaire ? Comment allez-vous protéger votre fortune
dans un monde où la finance n'existe plus ? Vous croyez que ces
questions sont absurdes ? Tentez votre chance alors ! Au moins, les
lecteurs de ce livre auront à leur disposition les plans, les outils
et les solutions, basées sur des exemples pratiques et sur
l'expérience de ceux qui l'ont déjà fait, pour survivre et
commencer à se préparer progressivement...