Jean
Seignalet est l'auteur de « L'alimentation ou la troisième
médecine ». Ce livre montre comment l'alimentation moderne
exerce ses effets néfastes. Il préconise le retour à une nutrition
de type ancestral, la seule qui conviendrait à l'homme. Et, en
accord avec les idées de Claude-Guy Burger, le gourou pédophile de
l'instinctothérapie, le Dr jean Seignalet conseille la consommation
de viandes crues. Mais ce prétendu régime ancestral est-il fidèle
à l'alimentation originelle de l'homme
qui « présente les caractères morphologiques, anatomiques et
physiologiques d'un primate fruito-végétarien » ?
Le
régime de Jean Seignalet :
« Mon
but est de proposer un régime apportant 95 % des avantages de la
méthode BURGER, écrit Seignalet, mais aussi aisé à pratiquer que
la méthode KOUSMINE ou la méthode FRADIN. Ce régime sera désigné
indifféremment comme de type originel, de type ancestral ou
hypotoxique.
Les
principaux fondements en sont les suivants :
1)
Exclusion des céréales, à l'exception du riz et du
sarrasin.
2)
Exclusion des laits animaux et de leurs dérivés.
3)
Consommation de beaucoup de produits crus.
4)
Utilisation d'huiles vierges, obtenues par première pression
à froid.
5)
Préférence chaque fois que possible pour les produits biologiques.
ANALYSE
ALIMENT PAR ALIMENT
Les céréales On regroupe sous ce terme plusieurs catégories de
plantes :
Le
blé est dangereux, en raison de la structure de ses protéines
et du fait qu'il est toujours cuit. Il faut donc supprimer le pain,
les croissants, les gâteaux, les pizzas, les biscuits, les
biscottes, les galettes de blé, la farine de blé, les pâtes et les
semoules. Le pain complet est pire encore que le pain classique,
car il est plus cuit et plus riche en molécules de Maillard.
Le
maïs est dangereux pour les mêmes raisons que le blé. Il faut
donc supprimer les corn flakes, le pop corn, les grains de mais doux
et la farine de maïs.
L'orge,
le seigle et l'avoine font partie de la famille du blé et sont aussi
abolis.
Le
riz est resté semblable à sa forme sauvage préhistorique.
L'expérience clinique montre qu'il est rarement nocif. Aussi
est-il autorisé, aussi bien le riz blanc que le riz complet.
Sur
les céréales africaines (mil, millet, sorgho), je n'ai pas
d'opinion.
Le
sarrasin est fort bien toléré par les patients et est donc
largement autorisé. Le sésame est probablement très bon aussi,
mais mon expérience est moins étendue que pour le sarrasin.
Le
kamut n'est pas un blé ancestral, car il a doublé ses chromosomes.
Il est donc à exclure.
L'épeautre
n'est tolérable que sous forme de petit épeautre authentique cru.
Il faut se méfier du pain d'épeautre car, lorsqu'il a cuit à
300 °C, il est aussi dangereux que le pain de blé.
En
somme, les céréales modernes, mutées, cuites, incomplètes,
vieillies sont à proscrire. Les céréales anciennes, sauvages,
crues ou cuites au-dessous de 110 °C. complètes, rapidement
consommées peuvent être bénéfiques, au moins chez certains
individus.
Les
laits animaux
Le
lait de vache présente de nombreux inconvénients pour l'homme.
Il est donc interdit, ainsi que ses dérivés : beurre, fromages,
crème, glaces, yaourt. Certains de mes malades ont essayé de
remplacer le lait de vache par un autre lait animal et n'en ont tiré
aucun profit. Il faut proscrire les laits animaux, quel que
soit leur origine : chèvre, brebis, jument, etc.
Contrairement
à une croyance très répandue, la suppression des produits
laitiers n'entraîne pas une carence en calcium, et ceci pour
deux raisons :
-
Les laits animaux, surtout le lait de vache, sont certes fort riches
en calcium, mais seule une petite fraction de celui-ci est absorbé
par l'intestin grêle humain. L'immense majorité du calcium est
précipitée sous forme de phosphate de calcium insoluble et éliminé
dans les selles. Ce phénomène est bienvenu, car les quantités de
calcium contenu dans le lait de vache sont beaucoup trop fortes pour
les besoins de l'homme.
-
Le calcium est très abondant dans le sol et sera donc fourni en
quantité largement suffisante par les légumes, les légumineuses,
les crudités et les fruits.
Les
viandes
Je
les considère comme mauvaises quand elles sont cuites et
comme bonnes quand elles sont crues. Mais certains individus
sont totalement incapables, en raison le plus souvent d'un obstacle
psychique, de manger leur viande crue. On tolérera pour eux une
cuisson la plus brève et la moins forte
possible. Comme je le disais plus haut, il faut, dans une viande non
biologique, préférer
le maigre au gras,
souvent bourré de déchets lipophiles.
Les
viandes doivent être de qualité
irréprochable,
achetées chez un commerçant de confiance. Le bœuf, le veau, le
mouton, le cheval seront privilégiés, car assez faciles à absorber
crus, soit tels quels, soit sous forme de tartare ou de carpaccio.
J'éprouve une certaine méfiance envers l'agneau et le porc, souvent
nourris de façon très artificielle. Il en est de même pour les
volailles et le lapin, de surcroît peu appétissants à l'état cru.
Les
gibiers sont malaisés à ingurgiter crus. À titre exceptionnel sera
permis un gibier peu cuit, saignant, comme par exemple le lièvre ou
le sanglier. Les abats posent le même problème. À titre
exceptionnel, on pourra admettre le foie ou les rognons saignants ou
bleus.
Les
charcuteries
Sont autorisées les charcuteries crues : jambon cru, saucisson, saucisse, chorizo, salami. Il faut sélectionner des produits de qualité, faisant augurer une nourriture plus soignée des porcs. Sont exclues les charcuteries cuites : jambon cuit, pâté, rillette, boudin, andouillette, etc. La seule exception est constituée par les foies gras, car la graisse d'oie et la graisse de canard ont la réputation justifiée d'être plutôt bonnes pour la santé. C'est dans le Gers qu'on compte le plus de femmes centenaires.
Les
œufs
Comme la viande, l’œuf est nocif quand il est cuit, valable quand il est cru. L'idéal est de se procurer des œufs biologiques. Le blanc, uniquement formé d'albumine et peu ragoûtant, peut être écarté, alors que le jaune sera gobé. Pour les sujets qui ne souhaitent pas manger d’œufs crus, les préparer à la coque à température peu élevée.
Les
poissons
Le poisson cuit est moins redoutable que la viande cuite. Cependant, mieux vaut opter pour le poisson cru. Sans préparation, celui-ci est peu appétissant, mais il peut devenir succulent lorsqu'il est accommodé à la Japonaise ou à la Tahitienne. Une recette simple consiste à faire mariner de fines tranches de poisson, du saumon par exemple, dans du jus de citron additionné d'un peu d'huile d'olive et aromatisé par de fortes quantités de coriandre, d'aneth et de basilic. Ce plat est conservable une semaine au réfrigérateur. Bien entendu, le poisson doit être très frais, acheté chez un commerçant fiable.
Bien qu'il soit illusoire d'espérer trouver des poissons non pollués par l'industrie humaine, on choisira ceux qui se rapprochent le plus du critère originel : poissons de mer plutôt que de rivière, poissons sauvages plutôt que d'élevage.
Les
autres produits de mer
Les crustacés, les mollusques et les coquillages sont permis. Les coquillages crus (huître, moule, palourde, etc...) sont même conseillés.
Les
légumes verts
Ils sont tous autorisés : asperge, artichaut, aubergine, betterave, champignons, chou, courgette, fenouil, épinard, haricot vert, navet, poireau, salsifis et légumes exotiques. Trop durs pour être consommés crus, ils sont cuits à la vapeur à l'aide d'une cocotte minute ou mieux encore à l'étouffée ou à la vapeur douce.
Les
légumes secs ou légumineuses
Rentrent dans cette catégorie : pois, haricot blanc ou rouge, lentilles, pois chiche, fève, pomme de terre, quinoa, tapioca et soja. Ils sont autorisés, après cuisson analogue à celle des légumes verts. Le lait de soja et les yaourts de soja sont de bons substituts du lait de vache et des yaourts classiques.
Les
crudités
On usera largement des aliments appartenant à ce groupe : carotte, céleri, champignons, concombre, cresson, endive, mâche, melon, poivron, radis, salades vertes, tomate.
Les
fruits frais
Il est fait grandement appel à ces fruits : abricot, ananas, banane, cerise, fraise, framboise, mandarine, orange, pamplemousse, pêche, poire, pomme, prune, raisin, fruits exotiques, pour ne citer que les principaux. La châtaigne, qui est consommée cuite, et la farine de châtaigne sont également admises.
Les
fruits secs ou conservés
Ils sont largement représentés dans le régime : datte, figue, amande, arachide, noisette, noix, olive. Ils doivent être mangés crus. Ainsi l'arachide grillée sera écartée au profit de l'arachide crue.
Aliments
divers
Le chocolat, qui est cuit et contient du sucre raffiné, est à limiter. On choisira du chocolat noir, biologique contenant du sucre complet. Les confitures qui sont cuites et bourrées de sucre blanc sont à proscrire. Le sucre blanc doit être écarté au profit du sucre complet, beaucoup plus riche en potassium, en magnésium, en calcium, en phosphore, en fer et en vitamines (DENJEAN 1989).
Les
huiles
- Olive qui apporte des acides gras monoinsaturés.
- Noix, soja et colza.
- Onagre et bourrache.
Mais
d'autres huiles sont intéressantes, pourvu qu'elles soient
vierges et extraites par première pression à froid. C'est la
technique habituelle pour l'huile d'olive. Pour les autres huiles, il
faut s'adresser à des magasins spécialisés dans les denrées
biologiques. Le label vierge signifie que l'huile a été extraite de
la plante uniquement par des procédés physiques ou mécaniques et
n'a été soumise à aucun traitement chimique.
Les
condiments
Ils sont
tous autorisés : sel, poivre, vinaigre, citron, oignon, ail,
moutarde, persil, câpre, cornichon, curry, plantes aromatiques. La
quantité de sel doit être limitée, les Français en absorbant
quatre fois trop. Le sel blanc raffiné sera écarté au profit du
sel complet, beaucoup plus riche en certains minéraux.
Les
boissons
Il faut
exclure les boissons riches en sucre blanc (sodas, jus de fruits du
commerce) et la bière qui est assimilable à une céréale, car elle
contient des protéines de l'orge. Les autres boissons sont
permises :
L'eau
du robinet et des eaux minérales diverses fournissent d'utiles
minéraux et oligoéléments.
Le
café et le thé sont tolérés en quantité raisonnable. Certes
ils contiennent des molécules torréfiées et excitantes, mais les
quantités ingérées de substances nocives sont petites. Certains
sujets aiment beaucoup le café ou le thé, et ceci les aide à mieux
supporter les impératifs du régime.
La
chicorée est encouragée en vertu de ses propriétés
cholérétiques et dépuratives.
Les
boissons alcoolisées autres que la bière sont autorisées à dose
modérée. Ma position sur ce sujet s'appuie sur plusieurs
arguments :
I)
L'alcool est une molécule simple qui ne peut entraîner ni
une réponse auto-immune, ni un encrassage, ni une élimination
difficile.
2) Les
boissons alcoolisées préparées à partir de céréales ne
contiennent pourtant aucune protéine céréalière,
lorsqu'elles sont obtenues par distillation. Ainsi la distillation de
l'orge aboutit au whisky qui ne recueille que les arômes, alors que
la fermentation de l'orge aboutit à la bière qui garde les
protéines.
3)
L'alcool a un effet antiagrégant sur les plaquettes et fluidifie
le sang, ce qui protège contre les maladies cardiovasculaires.
Il a été récemment démontré que le vin, surtout le vin rouge,
contient une quantité non négligeable d'acide acétylsalicylique,
anticoagulant modéré très utilisé dans la prévention et le
traitement des accidents vasculaires.
4) Le
vin est un piégeur de radicaux libres, action qui n'est pas due à
l'alcool, mais aux flavonoïdes.
Les Français ont moins souvent des accidents cardiovasculaires que la plupart des Européens, bien qu'ils mangent autant de corps gras. Ce phénomène, appelé « paradoxe français », est attribué à la consommation d'huile d'olive et de vin (RENAUD et DE LORGERIL 1992). »
Les Français ont moins souvent des accidents cardiovasculaires que la plupart des Européens, bien qu'ils mangent autant de corps gras. Ce phénomène, appelé « paradoxe français », est attribué à la consommation d'huile d'olive et de vin (RENAUD et DE LORGERIL 1992). »
L'alimentation
ou la troisième médecine
Henri
JOYEUX, Professeur de cancérologie et de chirurgie digestive de la
Faculté de Médecine de Montpellier, est l'auteur de la préface. Il
écrit :
« Jean
Seignalet démontre avec la logique du bon sens et au fil de
chapitres très bien structurés que l'alimentation peut être la
meilleure ou la pire des choses.
Le
lecteur pressé se reportera à la fin de chaque rubrique ou chapitre
à un résumé très clair intitulé « Les points importants ». Les
illustrations très détaillées qui accompagnent et aèrent le texte
sont bienvenues et très démonstratives.
Tous
les étudiants, tous les médecins qui aiment leur métier, tous les
malades qui veulent comprendre la ou les causes de leurs maux auront
ce livre et pourront s'y référer pour mieux soigner ou se soigner,
mieux prévenir simplement par une alimentation saine qui consiste à
« manger mieux et meilleur ».
Les
rhumatologues, gastro-entérologues, nutritionnistes, immunologistes,
allergologues, dermatologues.., cancérologues et même ceux qui
s'occupent du Sida ne sont pas si éloignés qu'ils le pensent. Ne
soignent-ils pas souvent le même patient ? C'est la nutrition qui
fait l'unité du corps humain cohérent Tous les conseils
nutritionnels vont dans le même sens.
Le
jour où les responsables des grands organismes de recherche, INSERM,
CNRS, INRA... comprendront l'importance de mettre en priorité les
recherches en nutrition, ils feront faire des bonds en avant énormes
à la médecine, rejoignant Hippocrate qui voyait juste 500 ans avant
Jésus-Christ « Que ton aliment soit ton médicament », et la
Sécurité Sociale se portera mieux.
Si
l'on veut éviter l'essoufflement de la recherche fondamentale, si
l'on veut donner du tonus aux chercheurs qui veulent être plus
proches des préoccupations des humains qui souffrent, il faut
étudier autant la nutrition des cellules saines ou malades que celle
de l'organisme tout entier. »
Note :
Une
des sources des travaux de Seignalet, l'instinctothérapie, qui est
souvent présentée comme une médecine miracle par ses sectateurs,
n'a pas empêché le décès en 1994 de la propre épouse de
Claude-Guy
Burger. Elle était atteinte
d'un cancer. Le 13 juillet 2003, Jean Seignalet fut emporté par une
pancréatite. Il n'avait que 66 ans.