mercredi, août 31, 2022

La plante qui fait les yeux émerveillés





L'extrême religiosité des Indiens d'Amérique — de la frontière canadienne au Guatemala — les a conduits à sacraliser les plantes et, parmi celles-ci, à déifier un cactus : le peyotl.

Par les étranges manifestations visuelles, les successions d'images fantastiques qui semblent « libérer » l'esprit de l'homme et le conduire dans un monde que l'on pourrait confondre avec le ciel, le peyotl s'identifia rapidement, pour les Indiens, à une entité divine et bientôt s'associa au rite solaire. Rien d'étonnant quand on connaît les étroites relations qui existent, malgré les distances, entre les Indiens d'Amérique du Nord et ceux d'Amérique centrale et leurs théogonies communes. Aux croyances qu'ils partagent — comme les Tarahumaras, habitants des hautes terres mexicaines, et, entre autres tribus, les Hopis. les Algonquins, les Apaches, les Sioux, etc., d'Amérique du Nord —, s'ajoute chez eux, confusément sans doute, cette perception d'une très lointaine origine ethnique commune à eux tous :

« Des quatre tribus mexicaines, écrit A. Rouhier, Huichols, Coras, Tepehuanes et Tarahumaras — parlant la langue nahuatl ou aztèque, ayant conservé du peyotl un souvenir vivace et célébrant pour lui d'importantes cérémonies religieuses —, les trois premières semblent avoir une commune origine. Elles paraissent avoir été du nombre de celles qui, après avoir émigré d'une contrée lointaine et fabuleuse, errèrent longtemps à travers les arides steppes des tierras frias et vinrent, sous la conduite d'un grand chef qui leur donna des lois, former l'immense et florissant empire du Nayarit. »

Chez les anciens Mexicains, selon le Père Barnadino de Sahagun, au XVe siècle, les Chichimèques faisaient une importante consommation du peyotl. En revanche, le Dr Cardenas, à la même époque, déclarait que ce cactus privait de tout jugement le misérable qui en faisait usage, et lui faisait connaître des démons, des fantômes, « toutes choses qui étaient les marques de la ruse de Satan ». Mais le peyotl était et est encore utilisé comme agent préservatif et curatif de toutes les maladies. Infusé, il devient aussi une liqueur reconstituante. Céleste ou démoniaque, curatif ou délirant, on comprend que le peyotl soit entouré depuis toujours d'une aura de scandale et de mystère.

Michel Hérubel


Une étude extrêmement complète sur le peyotl, ce bouton de cactus aux vertus onirogènes. L’auteur étudie l’origine géographique et botanique du peyotl, son culte au Mexique, ainsi que la chimie, la pharmacologie et les possibilités thérapeutiques.

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BONUS


"En Bolivie orientale, les chamans du Tanaca utilisent l'ayahuasca (yagé) pour atteindre la transe, et le tabac comme arme magique contre les mauvais esprits. Dans le nord du Pérou, le tabac liquéfié est encore un ingrédient essentiel de la médecine populaire, conjointement avec le cactus hallucinogène San Pedro. Même dans une société aussi totalement adonnée à une seule plante psychédélique comme l'est celle des Huicholes avec le peyotl, le tabac joue un rôle crucial, non seulement dans la guérison chamanique, mais encore dans les rites peyotiques. Dans les Codex, on reconnait les prêtres aztèques à ce qu'ils ont avec eux un petit sac à tabac. Aujourd'hui encore, la blague à tabac est l'insigne du chercheur de peyotl, et elle est traitée avec le plus grand respect durant toute la pérégrination."

Johannes Wilbert, "Le tabac et l'extase chamanique chez les Indiens Warao du Venezuela". PDF gratuit ICI.


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