Jacques
Breyer, auteur de "Terre-Omega", fréquentait les
dignitaires de l'Ordre Martiniste. Avant la seconde guerre mondiale,
il existait un Ordre Martiniste Synarchique. Pour l'historienne Annie
Lacroix-Riz, les
synarques représentaient les intérêts de groupes financiers et
d'organismes patronaux qui souhaitaient l'instauration d'un régime
fasciste après la défaite de 1940 (défaite militaire ou complot ?).
Jacques
Breyer était au centre d'une résurgence de l'Ordre du Temple
et il connaissait bien Luc Jouret et Joseph di Mambro, les fondateurs de
l'Ordre du Temple solaire. Dans "Terre-Omega, clés
initiatiques pour survivre à l'Apocalypse", il présente la
pensée ésotérique du courant spiritualiste occidental.
Dans le
numéro 8 de la revue "Question de", dirigée par Louis Pauwels qui était proche de la "nouvelle droite", G.
Lachaud écrit :
"Ce livre
est déroutant. Cela tient à la nature même de son propos : car
l'intellect seul ne pourra jamais parvenir à une connaissance, aussi
fragmentaire soit-elle, de l'Absolu. L'auteur doit donc jouer de ruse
pour éveiller la conscience du lecteur, dans ce combat que chacun
mène contre lui-même pour atteindre ce qu'il y a d'impérissable en
lui et lui faire connaître la réalité de l'Esprit. Le refus de
toute concession, un vocabulaire et une langue spécifiques
s'imposent donc (de même que chaque discipline s'exprime dans une
langue qui lui est propre), afin de pouvoir transmettre avec le
maximum de précision une pensée dont la nature profonde diffère du
commun. Ainsi trouvera-t-on dans Terre-Omega des termes
empruntés notamment à l'alchimie traditionnelle, mais qui recevront
ici un sens bien précis.
La
pensée de Jacques Breyer est dense et ne se laisse pas aisément
cerner. Cette densité tient, d'une part, à ce que le langage
hermétique possède plusieurs sens à la fois, mais elle vient aussi
de ce qu'expose Terre-Omega : car sa lecture fait assez vite
comprendre qu'entre tous les plans de la Création existent d'intimes
liens, et chaque palier renvoie à l'autre par ses affinités
naturelles : on retrouve ici la notion traditionnelle de
correspondance, gouvernée par la polyvalence des symboles et
qui a pour conséquence pratique les multiples résonances qui
peuvent exister dans la nature.
Lorsqu'on
veut remonter au « Chiffre des choses », on doit disposer d'un
scalpel adapté à la finesse de ce que l'on veut cerner : pour
l'auteur, la base logique de la métaphysique est la géométrie. «
Penser en géomètre », c'est dépouiller toute méditation jusqu'à
ce qu'elle soit réduite au point, au trait, au plan et au volume,
hors de tout symbolisme ; c'est approcher une loi universelle par sa
structure interne ; c'est peut-être donc là une façon d'accéder à
la « simplicité en esprit », de quitter les vêtements dont
s'habille notre pensée usuelle et qui dissimulent la réalité.
Cette démarche géométrique, qui soustend notamment l'architecture
des temples celtiques et égyptiens, n'a que peu à voir avec le
reflet que nous en a laissé Euclide, qui a figé dans un formalisme
glacé ce qui, avant lui, était l'expression de forces vitales. Les
notions de l'« Horizontale » (ce qui obéit au principe d'inertie)
et de la « Verticale » (ce qui pousse au surpassement vers la
transcendance) sont, à cet égard, fondamentales pour décrire le «
subtil univers des rouages », tout comme les principes du Soufre et
du Mercure, qui s'allient et se rencontrent dans le « Soufre
mercuriel », pour définir trois plans fondamentaux : Corps, Ame,
Esprit ; formel, animique, causal ; Astrologie, Cabale, Alchimie,
etc., la Cabale étant ici entendue comme le dialogue avec les
courants spirituels dont nous sommes entourés.
Dans le
chapitre I sont tout d'abord repris, notamment à travers la
tradition chrétienne, les grands problèmes philosophiques et
religieux :la question de la survie, qui évoque le problème du
devenir ultime de l'Homme ; la question de la réincarnation,
suspecte à l'Occidental, mais que l'on peut néanmoins retrouver
dans les Écritures ; la question du libre arbitre et du
déterminisme, qui composent entre eux, à l'instar de la pensée et
de l'action, un damier où chacun vient agir dans le domaine de
l'autre. Le chapitre II de Terre-Omega, « l'Arcane », est le
cœur de ce livre. C'est là que l'auteur, employant un mode lyrique
destiné à ouvrir le lecteur à une dimension autre, décrit sa
vision de la Création, depuis le Principe, ou première création,
jusqu'à la Relativité, ou seconde création, dont nous sommes un
point. Puis le jeu se complique : les Géométries gouvernantes des
énergies de la Vie engendreront les quatre Éléments, dont l'ultime
dispersion provoquera ensuite un regroupement ascensionnel, à
travers les trois règnes de la nature, pour culminer dans l'Homme.
La connaissance de ces lignes de force, ordonnées du haut vers le
bas, puis du bas vers le haut, conduit naturellement à définir les
relations entre l'Homme et les diverses influences qui le traversent
; elle peut déboucher sur l'expérience occulte, l'«opératif »,
dont des attendus pratiques sont donnés au chercheur.
Succédant
à la thèse proprement dite, le troisième chapitre, intitulé «
les Clefs », en tire les conséquences. On voit tout d'abord comment
la divinité, dans l'Homme, agit soudainement comme une boule de feu
surgissant des ténèbres ; puis, ensuite, comment peut être
développée cette puissance supérieure de l'être humain, tout au
long du réseau d'énergies qu'est la kundalini, décrite ici au
moyen des vingt-deux figures du tarot.
Ainsi la
lecture de Terre-Omega est-elle une initiation qui confrontera
le lecteur aux problèmes essentiels, un guide sur le sentier qu'il
parcourt. Il lui mettra en main des clefs pour se libérer de ce qui
l'enchaîne, pour rendre positif ce qui, en lui ou autour de lui, est
négatif ou seulement endormi ; ce livre de « haute science » lui
fera percer à jour les secrets de la vie."