mardi, juin 12, 2012

Krishnamurti ou la révolution du réel


Krishnamurti souhaitait une transformation totale de l'homme entraînant une révision de toutes ses valeurs morales, religieuses et sociales.

Krishnamurti naquit dans le petit village de Madanapalle, Présidence de Madras (Inde du sud) le 11 mai 1895.

Son nom de famille est Jiddu. Il s'appelle Krishnamurti en vertu d'une coutume de l'Inde méridionale qui veut que le huitième enfant, s'il est un garçon, porte ce nom en l'honneur de Krishna, incarnation divine, qui était lui-même un huitième enfant.

L'enfance de Krishnamurti fut douloureuse. Sa mère était une fervente adoratrice de Krishna. Elle lui enseigna la pitié et l'entoura de tendresse. Elle mourut prématurément lorsque Krishnamurti atteignit sa cinquième année.

Il fut dès lors soumis à l'autorité d'un père extrêmement dur et brutal. Celui-ci, à la tête d'une famille de neuf enfants, perdit la situation qu'il occupait au ministère des finances et tomba dans une grande misère. D'une nature très irritable, sa violence et sa colère ne firent que s'accroître au cours de ces circonstances malheureuses. Les enfants reçurent plus de coups que de nourriture. La sensibilité du jeune Krishnamurti en fût profondément affectée. Ainsi que l'écrit Ludovic Réhault « son enfance fut plutôt celle d'un paria alors qu'il appartenait à la caste aristocratique des brahmanes.

Vers 1906-1907, Krishnamurti jouait avec son jeune frère Nityananda sur les plages du Golfe de Bengale près de la rivière Adyar. M. Van Manen, bibliothécaire au Quartier Général de la Société Théosophique fut alors frappé par le rayonnement des deux enfants.

Il fit part de sa rencontre aux deux chefs du mouvement théosophique, Mme Annie Besant et Charles Leadbeater. Mis en présence des deux jeunes enfants, Charles Leadbeater déclarait percevoir en Krishnamurti un potentiel de richesses spirituelles exceptionnelles.

Le père de Krishnamurti fut consulté et c'est avec son consentement que les deux enfants devinrent les pupilles de Mme Annie Besant.

Les leaders du mouvement théosophique, Mme Annie Besant et Charles Leadbeater étaient en contact avec un groupe de Sages indiens ayant atteint un grand degré d'éveil intérieur. Ceux-ci avaient annoncé aux chefs théosophiques la venue imminente d'un nouvel instructeur spirituel.

Dès l'âge de seize ans Krishnamurti se rendit en Europe avec son jeune frère Nityananda. Ils résidèrent aux environs de Paris, puis en Angleterre.

En 1922, Krishnamurti se rend en Californie. On espérait que le climat favoriserait la santé très précaire de son frère. En dépit de tous les soins donnés, et de cures en Suisse, Nityananda mourut en 1925.

Ce fut une grande souffrance pour Krishnamurti et le point de départ d'une transformation spirituelle fondamentale. Il écrira plus tard :

« Il est mort, j'ai pleuré dans la solitude. Partout où j'allais, j'entendais sa voix et son rire heureux. Je cherchais son visage sur tous les passants et demandais partout si l'on
avait vu mon frère. Mais personne ne put me réconforter. J'ai prié, j'ai adoré, mais les dieux restaient silencieux. »

La douleur éprouvée par la mort de son frère le plongea dans une crise intérieure d'une grande acuité dont les conséquences furent décisives.

Krishnamurti douta de tout. Il mit à néant toutes les valeurs soigneusement enseignées par ses maîtres théosophes ; ce fut l'écroulement de ses croyances, de ses idoles. Nityananda était pour lui le point d'appui sur lequel se cristallisaient les derniers vestiges de son passé : l'Inde, la famille, l'enfance. C'est alors, que mourant complètement à lui-même, à toutes les associations psychologiques sur lesquelles s'était bâtie « l'entité Krishnamurti », il fut irrésistiblement conduit au seuil de cette mutation psychologique et spirituelle que certains appellent l'Éveil intérieur. Ainsi que l'écrit René Fouéré dans son excellente étude sur Krishnamurti :

« Cette crise, apparemment insoluble, va pourtant se dénouer d'elle-même, de façon soudaine et surprenante. Un phénomène aussi curieux que rare, sur lequel Krishnamurti reviendra souvent dans son enseignement ultérieur, mais dont il aura été d'abord lui-même le sujet ébloui, va surgir imprévisiblement. »

« Parvenue à un paroxysme de dépouillement et d'acuité, l'immense douleur, la douleur désespérée de Krishnamurti va se résoudre d'elle-même, faisant place à une suprême extase. »

« Du plus profond des ténèbres où se débat Krishnamurti, une lueur fulgurante jaillit qui, d'un coup, va illuminer à jamais son être intérieur. »

Il est évident qu'une expérience d'une telle acuité bouleversa de fond en combleson climat psychologique et son sens des valeurs. Ses pensées, ses émotions, sa sensibilité subirent une métamorphose considérable qui devait entraîner un ensemble d'actes inattendus surprenant son entourage. Il s'agissait d'une véritable révolution intérieure devant se matérialiser par des bouleversements extérieurs très importants.

Krishnamurti renonça soudainement au caractère spécial et un peu trop « messianique » de la mission spirituelle que ses éducateurs espéraient lui voir remplir. Est ce à dire qu'il renonça totalement à cette mission elle-même ?

Certes non. Mais il la poursuivit de façon magistrale dans un sens assez différent de celui qu'avaient prévu ses éducateurs théosophes dont la sincérité et le dévouement ne font d'ailleurs aucun doute.

Au-delà des apparences timides et frêles du jeune Krishnamurti, sommeillait la puissance d'un dynamisme spirituel dont l'éclosion ne tardera pas à briser toutes les barrières, tous les cadres, toutes les traditions, toutes les autorités. Une telle attitude était adoptée non par plaisir de détruire mais parce qu'une sève spirituelle impétueuse bouillonnait en ce puissant athlète de l'esprit. Son acuité et sa profondeur de perception se traduisaient par un intense désir de liberté, de création authentique, de refus de toute autorité.

Krishnamurti souhaitait une transformation totale de l'homme entraînant une
révision de toutes ses valeurs morales, religieuses et sociales.

Dès lors, le langage de Krishnamurti changea brusquement. Il devint plus vif, plus incisif, plus révolutionnaire.

« Il nous faut tout mettre en doute, dit-il, afin que du paroxysme du doute, naisse la certitude. »

Ainsi que l'exprimait René Fouéré dans sa remarquable étude sur « Krishnamurti, l'homme et sa pensée. » (p. 9.)

« Krishnamurti n'avait dit jusque-là que de vagues généralités. Maintenant, il déclare qu'il est l'Instructeur du Monde (...). Quoi qu'il en soit, cette nouvelle provoque un déchaînement d'enthousiasme (...). A Trichinopoly, le plancher de son wagon disparaît sous les jasmins et les roses. On lui fait présent d'un château historique entouré d'un domaine de 5 000 acres. Tout cet encens qui monte vers lui ne parvient pas à l'étourdir. Il reste tout à fait lucide et d'une simplicité déconcertante. Cependant de nouvelles difficultés vont surgir. Non seulement les chefs théosophes avaient annoncé la venue de l'Instructeur du Monde, mais encore, si l'on peut dire, ils en avaient réglé d'avance tout le cérémonial (...). Krishnamurti allait-il endosser les vêtements rituels confectionnés pour lui ? Allait-il en particulier prendre en mains ces organismes constitués exprès pour le servir, je veux parler de la « Court Masonry » et de l'Église Catholique Libérale, dont le rituel, calqué sur celui de l'Église romaine, avait été soigneusement expurgé de toute trace de la haine ou de la colère divines ? Allait-il consentir à monter sur les autels préparés pour lui ? Question angoissante pour ses adorateurs. (…)

« Finalement l'orage pressenti éclate : Krishnamurti rejette en bloc et les organisations et les cérémonies qui s'y accomplissent. (...) Sans hésiter il s'engage dans la voie difficile et annonce, dans un remarquable discours, la dissolution de l'Ordre de l'Étoile. »

Cette prise de position historique s'accomplit au Camp International d'Ommen (Hollande) l'été 1929 :

« J'ai dit, et je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit, que vous ne pouvez pas approcher la Vérité par un sentier, une religion, un rituel quels qu'ils soient, ni par une cérémonie nouvelle ou ancienne. Beaucoup parmi vous ont délaissé les vieilles formes pour en adopter de nouvelles dans l'espoir de trouver la Vérité.

« La Vérité est un pays sans chemins que l'on ne peut atteindre par aucune route, quelle qu'elle soit : aucune religion, aucune secte. Tel est mon point de vue et je le maintiens d'une façon absolue et inconditionnelle. »

Les conséquences de cette très énergique déclaration ne se firent pas attendre. Krishnamurti se désolidarisa de l'Église Catholique Libérale, de la Société Théosophique et demanda la dissolution pure et simple de l'Ordre de l'Étoile d'Orient.

Entre 1929 et 1938, veille de la seconde guerre mondiale, Krishnamurti donnait de nombreuses conférences, en Hollande, en Angleterre, en Italie, en Norvège, en Amérique du Nord et du Sud, en Australie, en Inde.

Réfugié en Californie de 1939 à 1945 durant la guerre, il reprit ses conférences dès 1944. La période de 1939 à 1944 fut extérieurement la moins active tandis qu'intérieurement Krishnamurti s'orientait vers l'élaboration d'une nouvelle technique d'expression. Le fond restait identique mais la forme tendait à se renouveler et à s'affranchir surtout de l'atmosphère de querelles et contestations, qui, de 1929 à 1938 émanaient de certains milieux théosophiques.

Dès 1947, Krishnamurti reprenait ses grandes tournées de conférences dans le monde entier, les Indes, l'Europe, les Amériques. Son ouvrage First and Last freedom préfacé par le célèbre écrivain anglais Aldous Huxley donna soudain à sa pensée un rayonnement considérable. De mars à mai 1950 il séjournait à Paris où il donnait de nombreuses conférences dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne ainsi qu'à l'Institut Pasteur.

Il quittait Paris par la voie des airs, fin mai 1950 pour prendre la parole à New-York et Washington.

Entre 1951 et 1955, Krishnamurti donna des cycles de conférences tant en Angleterre, qu'en Inde, en Amérique, en Hollande.

En mai et juin 1956, il se rendit à Bruxelles et prit la parole pour la première fois en Belgique dans la grande salle du Palais des Beaux-arts, en la présence de la Reine Elisabeth de Belgique qui s'intéressait depuis 1928 à l'ensemble de son œuvre.

De 1961 à 1970, en plus de ses conférences en Inde et en Amérique, Krishnamurti prit la parole chaque été à Saanen en Suisse au cours de nombreuses conférences et de discussions traduites en plusieurs langues.

Il est, depuis une dizaine d'années, invité de plus en plus fréquemment par de nombreuses universités. Les étudiants et la jeunesse en général sont de plus en plus attirés par la façon nouvelle et non traditionnelle d'envisager les problèmes fondamentaux de l'existence humaine tels : la connaissance de soi, la peur, l'amour, le sexe, la religion véritable.

Krishnamurti s'adresse à tous, sans distinction aucune. Il accorde cependant une certaine préférence à la jeunesse pour son absence de conditionnement.

Il ne se contente pas d'énoncer un enseignement qui, de prime abord peut paraître abstrait et aride. Etant l'incarnation vivante du message qu'il nous présente, il veille à ce que certaines réalisations pratiques prennent corps dans la matérialité des faits.

Citons, parmi elles, les écoles nouvelles dont Krishnamurti est l'inspirateur, un peu partout dans le monde. Après les essais d'une école nouvelle en Californie, dès 1945, avec la collaboration d'Aldous Huxley et Charles Morgan dans la « Happy Valley School » d'Ojai, Krishnamurti a pris une part active dans le développement de deux écoles nouvelles en Inde : celle de la Rishi Valley, non loin de Madanapalle son village natal, et l'autre près de Rajgat.

En 1969, la « Krishnamurti Foundation » achetait un domaine à Brockwood près de Bramdean (Hampshire) afin de fonder la première école nouvelle en Angleterre. Cette école s'inspire des méthodes d'éducation exposées dans les œuvres de Krishnamurti consacrées aux problèmes pédagogiques.

Des réunions internationales ont lieu plusieurs fois par an dans le domaine de Brockwood.

Robert Linssen



Très précocement attiré, et presque au même degré, par la religion et la science, René Fouéré, né dans un milieu de tradition catholique, s'intéressa si fortement à sa foi natale qu'on put croire qu'il deviendrait un prêtre.

En lui faisant découvrir certains aspects de la pensée orientale, la rencontre de théosophes le jeta dans une grave crise intérieure qui devait le conduire à une attitude de libre recherche et à une adhésion profonde aux thèmes essentiels de l'enseignement de Krishnamurti, enseignement qui a fait pendant plus de trente ans la matière de ses réflexions.

Ecrites en toute liberté, avec un constant souci de lucidité et de clarté, d'équité et de mesure, les pages qu'il nous propose n'ont aucun caractère dogmatique.

Toujours attentif à ne pas séparer la vie spirituelle de cette vie quotidienne qui est si importante et qu'on qualifie si étourdiment de banale, se refusant à faire de l'individu une
abstraction psychologique solitaire et désincarnée, affranchie des réalités physiques et sociales dont elle a surgi, étrangère à la vision scientifique et technicienne du monde,
échappant aux nécessités de l'action, l'auteur s'est efforcé de faire prendre au lecteur une conscience claire, précise et aiguë de cette plaie psychologique, mal étudiée et mal connue, qui est à l'origine des pires tourments de l'humanité et qui résiste depuis des millénaires à tous les remèdes illusoires par lesquels on s'est évertué à la guérir.

L'objet essentiel de l'auteur a été, non de répéter les propos de Krishnamurti, mais de comprendre à leur lumière les mécanismes profonds de la conscience humaine, de mettre à nu la source cachée des aberrations et des déchirements auxquels elle est en proie, et qui ne cessent d'engendrer, chez les individus, toutes les affres, toutes les violences du désarroi et, dans la société, un désordre cruel, millénaire et sanglant.


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