jeudi, juin 18, 2020

Le type humain dominant

(Durée 1:16
D'après le Lingä Purânä : "Ce sont les plus bas instincts qui stimulent les hommes du Kali Yugä. Ils choisissent de préférence les idées fausses. Ils n'hésitent pas à persécuter les sages. L'envie les tourmente. La négligence, la maladie, la faim, la peur se répandent. [...] Les hommes seront sans morale, irritables et sectaires. Dans l'âge de Kali se répandent de fausses doctrines et des écrits trompeurs."


Durant le cycle actuel, le type humain dominant est le "pashu". 

Le pashu, l'être « lié », hylique (sthûla, grossier, « matériel ») n'adore que son pasha, son lien, dont il fait son « dieu ». Il est soumis à Mâyâ, le principe de séparation du sujet et de l'objet. Dans le topique de la corde et du serpent, où le serpent est pris pour la corde. Mâyâ est le « serpent », et Brahman, la corde. Dans cet exemple, il n'y a que la « corde », que l'on ne « perçoit » pas, car seul le serpent est perçu. La corde a-t-elle créé le serpent ? Nullement. Le serpent a-t-il une « certaine existence » ? Aucunement. Le serpent, c'est « l'univers », « connu », c'est-à-dire créé, par « identification » et « division ». L'univers, qui n'a pas la moindre existence, est pris pour Brahman, qui n'est pas la cause de l'univers — la causalité, qui est une perception erronée, surimposée, ne commence qu'avec Mâyâ — cause ne précédant pas son effet, ne lui étant pas concomitante, ni, bien sûr, postérieure. Cause qui ne devient cause que lorsque l'effet est produit — causée donc en tant que cause par son effet. Les religions et les philosophies ne sont que « sous le soleil de Mâyâ ».

C'est ainsi que le pashu ne s'intéresse nullement à la « vérité » (satya, Brahman) — il ne s'intéresse qu'à la surimposition, l'imposture, et la foule attend incessamment le grand imposteur, celui qui feindra d'avoir assez d'autorité pour imposer l'illusion comme vérité définitive — la foule, gobeuse d'illusion (moha), est cependant toujours sceptique — ce n'est pas assez — et déçue par son propre scepticisme — d'où les mesures antipyrrhonniennes qui sont prises jusque dans les prétoires...

Le « monde » ainsi, n'est qu'un « discours », qu'un « faire ». Le « monde » s'édifie par le faire, qui est le discours de la perception erronée. C'est le Ne-Pas-Faire qui « détruit » le « monde », qui le « dissipe » — faisant entendre le « rugissement de la vacuité » (shûnyatâ simhanâda), la « non-naissance » (ajatâ) dont les « dualistes » ont peur. L'être n'est que surimposition, et les perceptions de l'état de veille (jagrat), de l'état de rêve (svapna, taijasa), les perceptions « extérieures » et « intérieures », ne sont que « surimpositions » — c'est ainsi que Lin Tsi dit qu'il n'y a rien à chercher à l'extérieur ni à l'intérieur.

Le pashu est le bhogin — bhoga signifie « jouissance » et aussi « effort » ; il est celui qui ne « sacrifie pas », qui n'abolit pas le combustible dans le feu du yajña de la gnose. Ne-pas-faire peut se traduire aussi par abhoga, non-effort, non-attachement. Le pashu « construit » son monde par l'effort et l'identification à autre que lui-même — que ce soit son individualité ou sa non-individualité — par la « jouissance », la « manducation » — bhuj signifie « manger », « jouir de », « expérimenter » — le pashu, le bhogin, est l'« expérimentateur », le « faiseur », le tueur de Brahman, pour la grande gloire de l'illusoire Mâyâ. Le pashu est le karmin, l'idiot qui tisse son karma, qui est son «univers», qui est son linceul.

Bernard Dubant



Bernard Dubant alias Lucien Renart (1945-2006), auteur catholique traditionaliste intéressé par l’œuvre de René Guénon (1886-1951). Il participa à l’éphémère Narthex (1974-1978), publication de l’Association pour l’étude et la défense de la culture traditionnelle.

Ce fut vers la fin des années 1980 que s’opéra chez Bernard Dubant le grand changement qui devait le conduire des rangs catholiques traditionalistes à l’engouement pour le chamanisme des Indiens d’Amérique et à la défense des "religions naturelles".

Il est mort des suites d'une crise cardiaque.

Cette figure marginale et originale serait tombée dans l’oubli le plus complet sans l’hommage posthume et en même temps lucide que lui rend Philippe Baillet dans "Pour la contre-révolution blanche". (Babelio)




Chacun est un éveillé qui s’ignore

Le buffle représente notre nature propre, la nature de l’éveil,  la nature de Buddha, l’Ainsité (et la vacuité) Le Chemin de l’Eveil Le dres...