mardi, octobre 25, 2011

Comment explique-t-on l'impression de déjà-vécu ?





Pour expliquer la sensation de déjà-vu ou de déjà-vécu, il faut d’abord comprendre la façon dont sont stockés les souvenirs dans notre cerveau. Ce stockage se réalise de façon très diffuse dans différentes aires cérébrales, la scène mémorisée étant en quelque sorte décomposée selon les différentes modalités sensorielles et émotives qui entrent en jeu. Par exemple, un concert donné par un guitariste peut être mémorisé sous forme verbale, tout d’abord - on est capable ensuite de le raconter -, mais aussi sous forme visuelle, auditive et également émotionnelle.

Des années plus tard, le concert aura pu être oublié, et pourtant, l'ensemble de cette scène pourra resurgir en percevant uniquement l'une des informations sensorielles : un enregistrement du même morceau, par exemple, mais aussi un état émotionnel similaire à celui du concert. De plus - et c'est à ce moment que l'impression de déjà-vécu est la plus troublante -, la fraction de souvenir peut faire appel à un tout autre souvenir, qui possédait un point commun, auditif, visuel ou émotif, avec le premier. Une partie de l'environnement du sujet est en quelque sorte en train de leurrer son cerveau, qui, en « croyant » avoir perçu un élément connu, fait remonter, à travers la réactivation de tout le réseau de neurones responsable du stockage de ce souvenir, l'ensemble d'une scène.

Enfin, la scène que l'on croit avoir déjà vécue peut également être le rêve d'une nuit précédente qui surgit à la conscience à l'occasion d'un événement présentant une familiarité avec le souvenir onirique.

Dans la majorité des cas, ces impressions de déjà-vécu correspondent à des souvenirs fortement liés à l'affectif. Il arrive ainsi qu'un souvenir douloureux, chargé émotionnellement, et dont l'évocation entraine trop de souffrances pour le sujet, soit « masqué » par un « faux souvenir », fabriqué inconsciemment, et destiné à interdire l'accès au premier.

Dans ce cas, il peut arriver qu'un élément de l’environnement évoquant, le souvenir-écran fasse remonter, de façon irrésistible, le souvenir refoulé.

Cette sensation de déjà-vécu est dans la plupart des cas un phénomène banal, pouvant toucher des gens tout à fait sains. Mais elle peut être également la conséquence d’une pathologie cérébrale, plus précisément d’une forme particulière, dite temporale, de l’épilepsie. Dans la situation pathologique de la crise d’épilepsie, le sentiment de déjà-vécu est ressenti lorsque les décharges électriques neuronales touchent la zone temporale du cerveau, dont on sait qu’elle est fortement impliquée dans les processus, de mémorisation et d’émotion.

Les personnes peuvent avoir, au cours de la phase initiale de la crise (l’aura), le sentiment d’être en train de vivre une scène à laquelle elles ont déjà été confrontées. On peut penser que les décharges neuronales ont réactivé des réseaux de neurones associés au souvenir qui resurgit.

Serge BAKCHINE, neurologue, chef du service de neurologie, hôpital Maison blanche, Reims.





Dessin :

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