mercredi, septembre 08, 2010

L’épochè



Nos pensées deviennent des nuisances quand elles bourdonnent inlassablement et génèrent de nombreux jugements.

Il n’est pas souhaitable de recourir à des techniques méditatives pour calmer ou euphoriser son esprit. Une méthode de maîtrise de l’esprit ou de modification de la conscience est toujours dans le champ de la pensée. Nous pouvons parvenir à l’absence de trouble et à l’état d’équilibre naturellement sans lutter contre les pensées et sans utiliser d’artifices mentaux.




Pyrrhon : la suspension du jugement (l’épochè)

Par Emmanuel Pougeoise

« Né à Elis en 365 av. J.-C., Pyrrhon fut peintre avant de devenir philosophe. Il avait comme ami Anaxarque l’Abdéritain qui, fort probablement, le renseigna sur la pensée de Démocrite. Le phénoménisme (il n’y a pour l’homme que du phénomène et par conséquent nous ne pouvons nous prononcer sur rien, car dans la manifestation du sensible, rien n’est fixe) de Pyrrhon trouve là, sans doute, son origine. Anaxarque et lui suivirent Alexandre le Grand en Inde, où Pyrrhon côtoya des sages qui lui firent une grande impression. Certains situeront là « la source de sa très haute philosophie », qui faisait de lui un sage à l’épreuve de tout, « ne cherchant à éviter et ne se gardant de quoi que ce soit, supportant tout ». Le but de cette philosophie, c’était la quiétude et l’absence de trouble. Il avait donc adopté un mode de vie assez proche de celui des ascètes hindous.

Sans pourtant aller jusqu’au renoncement à tout, il cultiva un réel détachement à l’égard des affaires humaines et de la vie sensible, car rien ne l’affectait, aucune passion ne le tourmentait plus, et plus aucune opinion ne naissait en lui. Pyrrhon cultivait l’indifférence à l’égard des passions, car cette indifférence conduisait à l’ataraxie – a-taraxis : absence de trouble -, l’état d’équilibre dans lequel l’âme se trouve quand, avec les passions, ont disparu les tourments dont elles étaient la cause.

Mais gardons-nous de croire que Pyrrhon s’en soit pris aux représentations sensibles. Il ne doutait pas que la sensation fût telle qu’elle se présentait aux sens hors du jugement, et ne cherchait point à ruiner la sensation. En effet, son scepticisme ne se portait pas à l’encontre des données des sens ou des représentations qui en découlent et s’impriment nécessairement en nous, mais uniquement à l’encontre du jugement. Nous ne pouvons pas ne pas ne pas sentir les choses, mais en revanche nous pouvons nous garder d’opiner au sujet de nos représentations sensibles.

Et c’est bien de l’opinion que veut se débarrasser le sceptique, car l’opinion est une interprétation de la réalité qui s'érige toujours en vérité : or le sceptique, qui est un phénoméniste, ne voit rien de stable dans le réel et, par conséquent, il lui semble vain et illusoire de porter un quelconque jugement sur les choses. Ainsi refuse-t-il après coup de ramener le réel à ses représentations. Il se contentent d’accepter ses représentations, puisqu’il ne peut faire qu’elles ne soient pas, et ne se hasarde pas à les fonder en raison, encore moins à en faire des critères de connaissance. Enoncer l’état de sa sensibilité, oui, mais en veillant à ne pas « y ajouter son avis et en se gardant bien de préciser quoi que ce soit touchant la nature des réalités extérieures ».

C’est bien la raison qui nous abuse, puisque non seulement elle interprète les données des sens, mais à partir d’elles, elle se constitue une image fixe du monde qu’elle utilise pour réinterpréter le réel. Pyrrhon ne nie pas que la représentation en elle-même soit réelle, mais il conteste la validité du jugement d’attribution, qui nous fait dire que l’objet, qui est la cause de la représentation, est conforme à cette image, et sera toujours réellement tel que nous nous le représentons.

Ce qu’il convient donc de faire, c’est de suspendre son jugement. Cette attitude seule peut épargner aux hommes la peine du désenchantement. Pyrrhon vivait donc ainsi, sans faire de calcul, sans préjuger de rien, sans attendre ni espérer, suivant la vie comme elle le menait, sans chercher à dire en quoi elle consiste ni non plus en quoi elle ne consiste pas. Selon lui, les choses étaient égales et indifférentes hors de notre jugement. Aussi a-t-il pensé que c’est l’homme qui attribue aux choses leurs qualités, car telles elles apparaissent à l’un, différentes elles sont pour un autre.

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