vendredi, juin 25, 2010

Le Losar pourrave d’Alexandra David-Neel


Je n’aime ni le spectacle de ces gueuletons barbares, ni celui des cérémonies rituelles renforcées de tambourinades assourdissantes…

[…] Toute la semaine dernière a été remplie par des réjouissances à l’occasion du Nouvel An tibétain […] (Lo-sar). Réjouissances très primitives qui se réduisent à d’interminables mangeailles et beuveries en plein air. Les villageois festoyaient en bas dans l’agora de Lachen, l’espace où les hommes discutent les affaires du village. Les lamas se réjouissaient plus haut, à flanc de montagne, sur le terre-plein de la Gömpa. Des deux côtés c’était le même spectacle de marmite bouillonnantes en plein air et de gens assis par terre, partageant avec leurs doigts des mets peu appétissants à un spectateur occidental. Les jeunes novices lamas se sont, dans l’intervalle des services, livrés à des sports naïfs, courses sur un pied, etc. Ils ont même dansé à la corde, comme les petites filles de chez nous, mais avec beaucoup moins d’art qu’elles. Je n’ai pas remarqué de lama ivre dans notre monastère, quoique les bambous contenant la bière nationale aient largement circulé. Peut-être ma présence a-telle modéré un peu l’ardeur des buveurs, je ne sais, mais je présume qu’en maintes Gömpas il n’en aura pas été de même. Le maharaja est mort, cela s’est senti tout de suite. Les réformes qu’il avait cherché à introduire sont mortes avec lui et surtout, en première ligne, l’interdiction qu’il avait édictée d’apporter des boissons fermentées dans les Gömpas. Ici, je suis un peu comme un reproche vivant à tous ces rustres lamas. Je ne bois ni bière ni vin et ne mange pas de viande. Ils savent très bien que je représente la règle qu’eux, ils enfreignent. Ils me respectent fort pour cela, mais trouvent que ce chemin est trop escarpé pour eux. Ou plutôt ils ne pensent rien du tout, je suis un être d’une autre espèce et ils ne songent même pas à établir la plus légère comparaison entre mes actes et les leurs.

Comme je n’aime ni le spectacle de ces gueuletons barbares, ni celui des cérémonies rituelles renforcées de tambourinades assourdissantes, j’ai fui dans la montagne tous ces jours-ci.

Alexandra David-Neel, « Journal de voyage », tome 1 : 11 août 1904 - 26 décembre 1917.


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